« C'est ainsi que vous pourrez extraire l'organe sans complication [...] » La leçon prit en cours, cela peut paraître effrayant, mais en réalité ceci est un professeur qui explique comment faire une transfusion d'organe en toute sécurité. Mon stylo voyage à toute vitesse sur ma feuille de cours pour noter ses instructions, y dessinant quelques schémas pour me souvenir correctement du procéder qu'il nous montre avec son rétroprojecteur. Ma feuille est rempli de gribouillis tous plus incompréhensible les uns que les autres, noté d'une écriture presque illisible sauf pour moi. ça ne ressemble à rien, mais à mes yeux cela est un chef d'oeuvre. « Vous devrez faire attention à son rythme cardiaque et être préparé à intervenir en cas d'urgence. Une erreur pourrait causer la mort du patient, ne l'oubliez pas. » Intéressant, je ne manque pas de dessiner une tête de mort façon drapeau pirate pour bien relever le côté « urgence » de la chose.

En réalité, je m'intéresse à ses études pour une dérive. Les gens présent ici veulent être médecin, chirurgien, infirmier ou que sais-je encore. Pas moi. Le truc qui fait palpiter mon coeur, c'est quand on dissèque une grenouille ou que le professeur nous ramène des organes d'animaux pour étudier dessus. Traitez moi de fou ou de psychopathe, mais plus tard, je voudrais être trafiquant d'organe. L'illégalité ne me fait pas peur, puisque je suis dealer et pourri déjà des tonnes de pauvres inconscients qui pensent faire une bonne affaire en tombant dans la drogue. Kang Jae est déjà au courant pour en avoir discuté avec lui, et même s'il trouve ça « adorable » comme but, il ne négligera sûrement pas un nouveau moyen de revenu pour le clan.

Les Bakuto ont des airs de famille pour moi. Ils sont amusants, sympa et me permettent de toujours m'occuper. Bagarre, trafique, règlement de compte, réunion, je ne peux pas me permettre de perdre du temps à côté. Pourtant, mes études occupent deux fois plus d'heure que mes visites à la planque, dans le quartier de Shibuya. Le cours d'aujourd'hui était génial, j'ai dû utiliser trois feuilles pour tout noter, ainsi qu'observer les diaporamas durant des longues minutes pour m'en souvenir un long moment. C'est grâce à cela que j'obtiens toujours des bonnes notes, pour le reste je fais un peu marcher mon cerveau et non ma mémoire.

La sonnerie retentit finalement dans la classe, annonçant la fin de journée et le début de week-end. Je pourrais rentrer chez moi ce soir, voir ma mère et passer un peu de temps avec elle autour d'une boisson chaude. Rien que d'y penser, je range rapidement mes affaires dans mon sac d'école, le balance sur mon épaule, salut les autres et file comme une flèche en dehors de la pièce. C'est toujours ainsi le vendredi, quand s'annonce la fin des cours et le début du retour en famille -quand je ne le passe pas avec le clan-. Sauf que dans ma précipitation, mon corps percute un autre élève au tournant d'un couloir, nos affaires s'éparpillant partout autour de nous. « Ah désolé, je ne regardais pas où j'allais. » Dis-je en m'accroupissant pour récupérer nos biens et les regrouper en deux piles, la mienne et la sienne.

« Wow, ça fait beaucoup de pinceau! Tu fais de la peinture ? » Les pinceaux en main, je les tends vers son propriétaire avec un sourire sympathique. à voir, j'ai allure d'un élève qui s'est oublié au réveil. La cravate défaite, les premiers boutons de ma chemise pas accrochés, la veste ouverte, un uniforme complètement sens dessus-dessous.

AVENGEDINCHAINS

Ma mère m'a déjà sermonné à plusieurs reprises que j'étais monté sur ressort donc trop rapide pour un si petit bout d'humain. Je frôlais parfois l'hyperactivité, sans être autant dynamisme pour autant. Il m'arrive de sautiller sur place en jacassant, souvent pour presser la personne ou avoir ce que je veux, et ce n'est sûrement pas la première fois que je bouscule quelqu'un dans un couloir ou ailleurs. Ce garçon-là n'est pas une exception à la règle, puisque je viens de lui rentrer dedans en éparpillant ses affaires un peu partout, ainsi que les miennes. Je n'ai pas grand chose à perdre, ni à tenir comparé à lui, et d'ailleurs ma pile d'affaire est beaucoup plus petite que la sienne. Il n'a que des pinceaux quasiment, son passe-temps ou sa passion ne m'échappe pas du coup. Je me doute qu'il aime beaucoup peindre, à moins qu'il fasse du trafique d'affaire dans l'université ? Ce serait trop cool! Mais non, je me trompe évidement. Ce garçon semble blanc comme neige à se murer dans son silence, reprenant ses affaires avec difficulté. Il galère un peu, malgré que je l'aide à tout récupérer convenablement. Encore un peu et son matériel retournait s'étaler au sol, non que ça me dérange de ranger à nouveau, loin de là. J'ai beau être un membre mafieux, je ne suis pas dégueulasse ou satyre pour autant. Je le regarde rapidement faire, ne comprenant pas de suite ce qu'il cherchait dans sa poche avant de me tendre une carte colorée. Oh, ça semble être de sa fabrication, au vu de son nom au bas de la carte. Lü Fheng Tâm. étrange, ce n'est pas du tout Japonais. Je marque bien sûr un point évident dans mon observation, ainsi qu'une réponse à mes questions. Il aime peindre, et bien plus que « bien » même.

Il ne le sait pas mais à peine ai-je vu sa carte que j'ai déjà tout enregistré sur lui. L'image est imprimée dans ma mémoire, de son nom à son parcours professionnel, en passant par la demande en gros en en gras. ça va me rester éternellement dans la tête,  jusqu'à ne pas y penser directement. « Lü Fheng Tâm, enchanté. Je suis Berry. » Je dois bien lui rendre mon prénom, même si je ne peux pas m'étaler sur mon parcours. De toute façon, il n'est pas fabuleux quand on sait qui je suis réellement derrière ce visage de poupon. Après avoir manqué d'être renversé par d'autres étudiants, je peux enfin me relever et récupérer le cahier de cours qu'il me tend, le prenant avec un large sourire et un merci peint sur le visage. Dans un premier temps, son signe me surpris à cause de la signification hostile que cela pourrait dire, puis je compris rapidement où il voulait en venir. Il ne peut pas parler. Comment je vais faire pour communiquer avec un muet ? J'en connais des choses, mais pas le silence, ni le langage des signes. Pas encore, même si je suis bon pour apprendre les trucs dans ce genre.

Pressé ? Je regarde son calepin avec un petit sourire, secouant doucement ma tête à la négative. Pas vraiment, quand j'y pense. « Non, en fait j'ai tout mon temps. » Je me presse pour rien surtout, comme d'habitude. « Je t'ai pas dérangé au moins ? » Sait-on jamais s'il a quelque chose à faire, puis il est vraiment chargé comme une bourrique, il va finir par se faire mal avec tout ça sous le bras. « Donne, je t'aide, tu vas encore tout faire tomber. » C'est un peu sans son avis que je récupère deux trois trucs qui tiennent difficilement en équilibre sous son bras, les plaçant au possible dans les poches de mon uniforme en vrac. Je m'en fiche si c'est mouillé, je trouve toujours une solution cool à mes problèmes.

« Au fait, tu cherches des modèles ? Je pourrais participer si tu veux ? J'aime bien le dessin, ce n'est pas moche. » J'aurai pu dire « c'est joli » mais je ne sais pas vraiment ce qui est joli, puis le dessin n'est pas mon kiffe, même si je peux reproduire un truc sans trop d'effort. à mes yeux, il cherche des gens pour faire la pause, je crois que je suis loin du compte mais comment pourrais-je le savoir sans le voir ? Je dois avoir la tronche d'un idiot à parler pour deux et à m'imposer sans même le connaitre. De toute façon, je m'impose toujours dans la vie des gens, parfois sans m'en rendre compte. Je sais pas, je le sens bien ce bonhomme. Il n'a pas la tête d'un Yakuza et le fait qu'il soit muet le rend sûrement docile pour moi. Une sorte d'animal tout gentil et mignon, bien que ce ne soit pas un animal. Heureusement pour lui quand on sait le sort réservé aux grenouilles dans le labo de médecine. Pas que je pourrais le disséquer, mais quand même.

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Le week-end, c'est réunion en famille à la maison Yagyu. Bien que cette famille se résume qu'à une personne déjà bien importante à mes yeux. Pour elle, je tuerai n'importe qui si cela peut lui sauver la vie. Généralement, j'ai toujours un truc à faire quand je rentre chez moi, à Minato. Que ce soit le ménage, la vaisselle, faire les courses ou prêter main forte aux voisins démunis. à leurs yeux, je suis un bon samaritain, un gosse bien élevé par sa mère célibataire et en difficulté, une perle rare comme ils disent tous. Pourtant ils ignorent que sous ce visage d'ange se cache un vrai démon. Mes sourire dissimulent la noirceur qui grouille sous ces rictus joyeux et enfantin, je les trompe comme le loup déguisé en brebis. à mon image, je serais le tigre déguisé en écureuil, mignon et adorable, mais pas moins mauvais et dangereux. Comme à chaque nouveau inconnu, ce garçon doit voir la partie visible de l'iceberg, sans se douter de la masse sombre qui se cache sous la surface. à ses yeux, je dois être amusant, dynamique et innocent. Du moins, c'est ce qu'ils pensent tous au premier coup d'oeil. On me surnomme « tagada » en rapport à ma couleur de cheveux et ma bouille ronde, cette allure de gosse et mes tenues plutôt gamine comparé à beaucoup d'autre adolescent de mon âge. Je ne serais pas surpris qu'il me trouve un surnom mignon, toujours en copié collé avec mon apparence. à la longue, j'ai pris l'habitude d'être ce que je ne suis pas, loin de l'image du Bishamon qui erre dans les rues la nuit, à la recherche de l'âme perdu à souillé de sa poudre blanche.

Si je l'ai dérangé ? Je n'espère pas, bien que cela ne m'ait jamais posé de problème d'être dérangeant, qu'importe la personne et son opinion. Heureusement je ne l'avais pas trop bousculé, il semblait même en pleine forme malgré le choc. Vu ma taille et ma corpulence, je ne risquai pas de lui casser une côte ou de le démembrer, mais c'était plus pour m'inquiéter sans raison. Par contre, j'aurai pu casser ses affaires, il a un nombre incalculable de pinceaux et de feuilles, de quoi donner le tournis. D'ailleurs, j'en récupère un peu sans demander réellement son avis, pour l'alléger de ce poids encombrant. J'ai des petits bras, mais ils sont assez robuste pour quelques ustensiles de peinture, pas de quoi casser trois pattes à un canard. Je n'aurai jamais cru qu'un grand gaillard comme lui, avec ce visage attirant, soit timide et plutôt embarrassé par un gamin comme moi. Je ne crains pas de mettre ses affaires mouillés dans les poches de mon uniforme déformé par mes soins. Après tout, je ne crains pas les pires buses de Tokyo, ce n'est pas une tif trempée qui va me faire tourner de l'oeil ou piquer une crise, loin de là. Tout dans la simplicité et le tour est joué. Si ce jeune homme, Tâm d'après sa carte, ne peut pas parler, je le fais pour lui. Apparemment, il cherche des modèles pour ses dessins et c'est bêtement que je me propose sans détour, sans hésitation. Après tout, ça pourrait m'occuper un peu pendant mon week-end ou mes heures perdues. Comme si les Bakuto, ma mère ou le café ne me prenaient pas assez de temps comme ça. Je suis une pile, j'ai besoin d'occuper mes dix doigts autant que mon cerveau.

Pas besoin de mot pour me faire comprendre de le suivre, un signe de tête et je suis déjà collé à ses baskets. Je ne vois pas grand chose avec ses affaires dans les bras, mais je parviens à le voir en relevant ma tête, suivant sa tignasse à travers les couloirs. C'est plutôt utile d'être petit quand le vis-à-vis est grand. Je peux le voir facilement en levant ma tête, et même sans ça, je peux toujours le voir. Tout en marchant, ce Tâm écrit quelque chose sur son calepin, un pinceau dans la bouche et les autres placés à des endroits qui semblent tenir le coup. Il est surprenant, même si je viens à peine de le rencontrer. Je crois que la vie elle-même est ainsi, étonnante. à peine nos noms échangés qu'il m'indique un chemin à suivre, c'est rapide. Qui voudrait prendre son temps quand nos jours sont comptés ? Nous ne sommes pas là éternellement, ce serait dommage de s'éterniser pour des broutilles. Puis, s'il cherche activement des modèles, c'est bien pour ne pas perdre plus de temps avec des futilités. Sans compter que la parole lui manque, donc une seconde raison de le suivre sans discuter. Jusqu'à entendre un bruit sec et voir le battant de porte contre la main de Tâm. Wow, c'est un ninja ou quoi ? « Wow! Comment tu as deviné qu'elle s'ouvrirait ? » Il est devin ? Ou trop habitué à se faire défoncer le museau ? Je penche pour la seconde, avec la guigne qui semble le poursuivre.

Du coup, il a lâché la moitié de ses affaires à nouveau éparpillé par terre, génial. à sa place, j'aurai protester d'une quelconque façon contre ces gorilles qui venaient de faire voler les portes. Il me connait très mal, je pourrais leur rentrer dedans avec une technique de karaté, ou les castrer avec un coup de boule bien placé. « ça t'arrive souvent ? » Je demande parce qu'il semble bien calme en ramassant à nouveau ses affaires, utilisant une nouvelle méthode pas si bête. Je vide mes poches dans son sac à présent vide, récupérant ses livres entre mes bras croisés et collés contre mon torse. Ils sont lourds mais j'ai de la force malgré ma petite taille. Quant à son désolé, je le prend avec le sourire. « Pas de soucis ~ » Ce n'est pas de sa faute non plus, pourquoi il s'excuse ? Je lance un rapide coup d'oeil vers le couloir où on filés les gars, un sourire étrange sur les lèvres. Ce même sourire qui ferait peur dans un contexte plus sombre comme avec les Bakuto. Tâm semble perdu avec son crayon, et je comprends qu'il a perdu son cahier pour écrire.

« Ah, tu as dû le lâcher en retenant la porte. » Logique, mais je tourne sur moi-même pour le chercher, le trouvant un peu plus loin. Quelques petites foulées plus tard et je récupère son précieux pour venir lui rendre, ayant laissé la pile de livre par terre pour ne pas galérer. « Tu dessines à l'école ? » Je me suis proposé, mais j'ignore où il vit ou s'il dessine ici dans un atelier à disposition. Penché au dessus des livres, je les reprend dans mes bras avec un sourire malicieux, prêt à repartir à l'aventure. Décidément, je n'en manque pas une. Kang Jae risque de me tirer les oreilles s'il apprend que je suis un inconnu, mais tant pis ~

AVENGEDINCHAINS

Les gens ont un flagrant manque de considération pour les autres, la preuve avec les biscottos du club de base-ball. Ils rigolent comme des baleines, chargent comme des taureaux, mais n'ont aucunement la délicatesse d'un cygne. Des rhinocéros, ces gars-là. Un jour, faudrait leur donner une petite leçon de vie, sans pour autant faire dans le gore. Cacher leurs affaires ou les attacher pour un frappé de balle avec eux pour cible. Que des bonnes idées, mais je ne tiens pas à faire ressortir mon côté sadique devant ce pauvre garçon à allure chétif. Il va me prendre pour un cinglé, bien que je ne sois pas saint non plus. à voir la tête de Tâm, c'est le genre de truc qui se répète souvent dans sa journée. à croire qu'il fait trop partie du paysage pour que les autres ne le remarquent ! à moins que ce soit lui qui soit trop perdu dans le décor pour faire attention au monde qui l'entour ? Je ne pourrais pas dire sans le connaître mieux, et surtout en le croisant pour la première fois. Un inconnu qui devient une connaissance n'est jamais facile à cerner, malheureusement pour moi. « Pas cool. » Fis-je avec une petite grimace, compatissant pour lui. Encore, je ne sais pas le reste de ses mésaventures, sinon j'irai poser une bougie dans une église en priant pour sa survie. Son système au point, je lui rends les affaires similaires qu'il a déjà fourré dans son sac, avant de récupérer une moitié de ses bouquins dehors. C'est moins embêtant à prendre, mine de rien. Ma pile au sol, j'en profite pour récupérer le calepin qu'il a perdu, le voyant déjà écrire dessus. à son merci, je souris franchement en montrant toute mes dents -même les canines pointues ( et non, je ne suis pas un vampire)-. En quoi ? Ah ! Mon cursus, bien sûr ~ « Je suis en médecine, seconde année. » Pour qu'il se fasse une idée de mon âge, sans avoir redoublé, ni sauté de classe. Mes cheveux roses sont, certes, remarquables, mais y a encore beaucoup de gens qui ne me connaissent pas.

Est-ce qu'il dessine à l'école, en voilà une question idiote mais intelligente à la fois. Sans ça, je ne saurais même pas qu'il pratique en dehors du bahut, comme un professionnel vivant de sa passion. Faut dire, je ne dissèque pas des grenouilles qu'à l'école non plus, ahem. Il écrit sans regarder où il met les pieds, normal qu'il se mange des portes ou qu'il tombe n'importe où. Troisième année, donc il est plus vieux que moi. Ueno ? Oh, il bosse chez lui alors ? ça ne me dérange pas de faire du trajet, ni même de visiter un nouvel endroit. « Ueno, ça marche! T'inquiète pas, j'ai tout mon temps pour te suivre ~ » Il est vraiment pro avec son « je ne mélange pas taf et école ». « Tu es pire qu'un prof', c'est marrant. » Notais-je en pouffant doucement de rire. Quoi que, certains professeurs embarquent l'école à la maison... Je voudrais pas vivre ainsi, imaginez si je trimbale ma marchandise dans ma piaule ? Ma mère risque de me détruire sur place, sans hésiter.

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Plusieurs longues minutes à le suivre dans les différentes stations de Tokyo, entre bus et métro, à travers une foule éparse qui ne cessent de fourmiller de partout. Avec ma taille, soit je parviens à me faufiler aisément entre eux, soit ils me marchent dessus sans gêne. J'ai l'habitude, à force j'ai pris la capacité d'une souris à pouvoir aller de partout. Les rues de Tokyo n'ont plus aucun secret pour moi depuis le temps que je vis ici, parmi ces gens tous différents les uns des autres. Certains sont clean, innocent, crédule ou naïf. D'autres sont l'inverse, mesquin, vile, sans scrupule et mauvais. Moi ? Je pourrais être l'un comme l'autre, je n'ai pas de place défini dans cette routine, je me perche sur plusieurs cases, parfois insatisfait de mon rôle. Le trajet se raccourcit quand nous approchons enfin d'un bâtiment que Tâm semble bien connaître, et au vu de son porte-clé bien chargé, j'en déduis qu'il vit ici. ça ne paye pas de mine, mais c'est déjà plus « modeste » que mon taudis, à Minato. Même les murs tiennent mieux ici que chez moi et je suis sûr qu'il peut avoir le chauffage h24 ou quand il le désire. Au moins, son immeuble est plutôt sécurisé avec un hall d'entré, où je passe en premier pour l'attendre devant les portes de l'ascenseur. Ma résidence ne possède ni ascenseur, ni porte de sécurité, ni hall, ni rien du tout... C'est juste une sorte de palier balcon avec l'accès autorisé à tous les cambrioleurs du coin, suffit de monter le seul escalier externe pour venir toquer chez moi. Je le suis donc jusqu'à son appartement, sifflant à la vue qu'il offre, c'est chouette n'empêche! « Dire que je vois seulement les voisins de chez moi. » Lâchais-je en rigolant bêtement. C'est vrai, j'ai une fenêtre voisine à la mienne, pas trop cool comparé à lui. Quant aux photos... ça n'a rien à voir avec le model auquel je m'attendais. « Ce n'est pas une toile ça, c'est un mec. » Bravo Berry, tu percutes vite! Bon, il a quand même des œuvres d'arts magnifiques sur des vraies toiles et... Bon sang, c'est trop génial ce truc sur son plafond! Je m'égosille presque en lorgnant vers le haut, manquant de lâcher les livres sous la surprise et la stupéfaction. « C'toi qui l'a fait ? Wow, la vache! » Je voudrais applaudir, mais j'ai les mains prises. Ce n'est pas en ordre, mais c'est pas mal quand même. Son petit mot me fait sourire et j'hoche doucement de la tête. Je dépose ses affaires avec les autres, ayant enfin les mains libres. J'accepte volontiers le verre, ça ne peut faire que du bien après ce parcours du combattant jusqu'à chez lui. « Tu dessines quoi ? Ce n'est pas toi qui a peinturluré sur ces gens ? » Je commence à me poser des questions sur son boulot, prit d'un léger doute. S'il dessine sur des corps... Il va aussi le faire sur moi ? Avec ma peau blanche et douce, ça devrait faire l'affaire. Non, non, ça ne me brusque pas plus en fait.

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C'est sans hésiter que je l'avais suivi jusqu'à chez lui, dans son fameux atelier qui, à mes yeux, était sensas'. ça sentait la peinture, c'était un peu en bordel, où que je pose mon regard, c'était un autre univers. à côté de ça, l'appartement où je vivais avec ma mère semblait minable, tellement pauvre et sans histoire. Nous vivons dans un trois pièces, sans compter le placard à balais nous servant de salle de bain. Ma mère ne veut pas déménager, trouvant cela plus pratique pour le ménage ou que sais-je encore l'excuse pour ne pas qu'on bouge dans un meilleur quartier que le notre. Depuis ma naissance, j'habite là-bas. Je m'y suis fais à la longue, marquant même les lieux avec mes dessins de môme insouciant, quand l'époque le voulait encore. Le carnet me revient entre les miens quand je parle de mes voisins et je souris en lisant ses questions. Je vis dans un taudis, voulais-je répondre mais ce serait exagéré pour des murs et un toit. « Je vis à Minato, dans un apa-to plutôt rustique. Ma mère ne veut pas partir de là, même si j'ai les moyens pour la faire bouger dans un meilleur endroit. » Des moyens illégaux, mais qui s'en préoccupe sérieusement, hein ? Il n'est pas censé savoir comment je gagne ma vie, en dehors de mon petit boulot à mi-temps dans ce café principalement tenu par des filles. Elle répète sans cesse que mon argent m'appartient, mais que je dois le conserver pour plus tard, quand je devrais avoir mon chez moi, tout ça. Grandir, ce n'est pas encore dans mes projets.

Pendant qu'il s'occupe de ses affaires, j'observe l'appartement sans discrétion, commentant un peu tout au passage. Je suis étonné de voir les photos, réalisant que ce ne sont pas des toiles justement, mais plutôt un corps peint. Une peinture fait sur un homme, aussi surprenant que cela puisse paraître. Mais quand je vois l'oeuvre sur le plafond, mes yeux en pétillent d'admiration. C'est immense, gigantesque, extra, super beau! Bref, je n'ai pas les mots pour décrire ce plaisir visuel. ça va me rester dans la rétine, mais je n'en pas déçu pour cela. Je n'ai jamais vu l'art sous cet angle, surtout. J'ai toujours pensé que la peinture se faisait sur feuille, tableau, truc du genre. Le bodypaint ne m'a pas de suite effleuré l'esprit, avant qu'il ne me montre les autres projets qu'il a fait. Mes yeux examinent chaque photo, élargissant de plus en plus mon sourire en coin. N'empêche, c'est superbe comme idée, comme passion, comme passe-temps. Je passe rapidement les clichés pour tous les voir, relevant mon regard vers Tâm pour savoir s'il était à l'origine de ces oeuvres. Je suis curieux, mais il me donne matière à m'intéresser. Impressionnant, il m'épate là. « Pourquoi je refuserai ? C'est trop génial. » Dis-je en rangeant bien les photos dans la poche plastifié, pour les lui rendre sans dommage. Je dépose la pochette dans un coin sûr, m'approchant de lui pour voir ce qu'il vient de sortir de son bordel. Une feuille ? Finance ? Je lui dois quelque chose ou l'inverse ?

« Je pensais que tu faisais ça par passion. » Ce n'est pas un reproche, mais je ne m'attendais pas à recevoir quoi que ce soit en échange de mon aide. Certains doivent se faire du fric gratuit avec lui, un peu comme moi avec le trafique de drogue. Trafique de dessin et de peinture, ça marche ? « Je ne suis pas là pour être payé, tu sais ? » ça m’embêtait de lui prendre ses sous alors que je suis venu de moi-même, par curiosité. Puis, j'ai d'autre moyen pour gagner des sous, qu'il se rassure. « Disons que c'est qu'un simple essaie ? » Gratuit, je veux dire.

« Tu as déjà une idée ? Si ça t'inspire, tu peux peindre où tu veux. » Pas prude pour deux yens, je me laisse facilement faire surtout. Docile comme un chaton, je garde mes griffes pour d'autres proies. Le temps qu'il se décide, je jette un coup d'oeil aux piles qui traînent par-ci par-là, sans trop comprendre les titres ou le reste. C'est bien un atelier, ça. Rien n'est en place, mais je suis sûr qu'il s'y retrouve facilement malgré tout. « Tu combles ma curiosité, c'est déjà pas mal. Je n'ai pas pensé que l'on pouvait peindre sur un corps, même si ça se fait sûrement depuis des décennies. » Parce que généralement, ce n'est pas des hommes qui posent dans les musées, mais plutôt des tableaux sans vie, qui peuvent prendre la poussière sans inquiétude, sans manquer de rien. ça existe, des expo pour bodypaint ?

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Je n'y comprends absolument rien en art, sauf pour me dire que c'est « trop génial » ou vraiment super beau. Il n'y a pas à dire, ça éblouit quand tu vois ce mélange de couleur et de dégrader, ces nombres lignes qui pourraient partir de nulle part pour donner vie à quelque chose d'extraordinaire. Je ne suis pas peintre, sûrement ne pourrais-je jamais l'être même avec une mémoire prévue à l'effet, mais je préfère que les autres m'étonnent sur ce sujet et me donne matière à rêver. C'est l'effet Tâm, ça. Autant, je ne le connais pas depuis bien longtemps, autant je ne connais rien de lui, mais j'apprécie son boulot, sa passion et je comprends qu'il puisse se réjouir à l'idée d'avoir un modèle sur qui s'amuser, s'exercer. C'est un travail, la raison qui le pousse à payer ses participants, mais pour moi ça pourrait être tout autre et même l'inverse. Tâm pourrait réclamer une somme à un modèle, comme un tatouage même si c'est éphémère. Après tout, il prend aussi beaucoup de son temps, use de son matériel et en plus, il rend quelque chose de sûrement magnifique, puis ça doit faire office de séance massage ou truc du genre. Pour moi, ça pourrait être un bon investissement, comme un salon de tatouage mais avec un côté léger dans le temps, juste pour décompresser en étant joli. « Tu pourrais te faire payer pour ça, au contraire. » Glissais-je subtilement avec un sourire d'enfant, comme si c'était évident. Certains profite du côté "cool" pour se faire de l'argent facile, mais je ne suis pas comme ça. Disons que je prend cela pour un essaie et si j'adore, je pourrais même lui filer des sous en échange! ça semble le surprendre, personne n'a jamais été comme moi auparavant ? Pourtant, les gens devraient être un peu plus humble et savoir que l'art se paye souvent.

« Merci pour le compliment! » Ce que j'aime ? Sans détour ? Je réfléchis rapidement en fixant le plafond d'une air pensif. Qu'est-ce que j'aime ? Je ne suis pas difficile sur ce plan là, tout me va. « Ne te moque pas mais j'aime bien la dissection, tu sais en cours de médecine ? Je trouve ça super intéressant comme sujet! Mais j'aime aussi les arts marteaux, le yoyo, l'alcool, sortir m'amuser avec des potes, les trucs roses, les fraises, les peluches, les animaux mignons et, et, et... » Ah bah non, je ne m'arrête plus là. Il voulait savoir sans détour, alors bon. Pour la zone à dessiner, je ne suis pas compliqué non plus. à dire vrai, je suis aussi pratique qu'une toile mais en humain, sans gêne ou pudeur. « Tu peux! ça ne me dérange pas et je ne crains pas non plus. » Toujours avec ce sourire angélique, attendant qu'il se décide à faire son choix. Voyant son geste et comprenant où il veut en venir, j'attrape mon propre tee-shirt pour le retirer entièrement, me mettant torse nu sans soucis. Quand on couche avec son patron ou que l'on flirte quasiment chaque soir à la recherche d'un coup, faut être pudique ou secret. M'enfin, passons ce détail pour en revenir à Tâm et sa peinture. « Tu aurais sûrement fait un ravage à cette époque ou pendant ces événements-là. » C'est sûr! J'attends quand même de voir le résultat sur moi, pour en juger davantage. Les tatouages éphémères se réduisent à une encre particulière et souvent à des petits trucs pas beaucoup travaillé, avec des pochoirs souvent... Du moins, de ce que j'ai pu voir sur le net ou en vrai.

Tâm fait ses affaires avec les bouteilles de peinture et je continue à observer la pièce, puis lui. Il m'intrigue vraiment, c'est bien la première fois que je peux observer un peintre dans son boulot, son domaine. Jusque là, je n'ai jamais connu cela et mes tatouages ne sont pas à des endroits pratiques pour regarder l'oeuvre du tatoueur. En même temps, c'est une trop longue histoire top secrète pour s'attarder dessus. Heureusement que l'emblème des Bakuro est caché sous mon boxer, sinon je devrais trouver un truc débile à expliquer pour faire croire n'importe quoi à mon nouvel ami, si puis-je le nomme ainsi. Dispo ? Je souris rapidement en me retenant de rire, amusé par sa question. « évidement! Sinon je ne serais pas là ~ » De toute façon, j'ai tout mon temps pour voir ma mère. Je pourrais passer le week-end avec elle, lui montrer mes beaux dessins si jamais ils restent jusque là, et bref! Je suis dispo, carrément! Voyant le canapé sans dossier, je m'en approche aussi sans m'installer, questionnant d'abord le jeune homme. « Je dois me mettre là ? » Demandais-je simplement en indiquant le meuble du doigt. Je pourrais rester debout aussi, mais pas sûr que je tienne des heures durant sans avoir une crampe. « Tu as une idée pour le dessin ? L'emplacement ? La taille ? » Je pose beaucoup de question mais je suis curieux de nature, puis ce sujet me donne doublement envie de l'être. Tâm est génial, autant que l'oeuvre sur son mur. Il mérite d'être connu, d'avoir son petit temple des arts pour lui tout seul, mais c'est déjà pas mal qu'il possède cet atelier pour vivre de sa passion. « Au fait, tu loges ici ? » Ce n'est que maintenant que j'y pense, n'ayant vu que du bordel jusque là, pas de quoi vivre paisiblement comme dans une maison. Ma mère serait là, je l'imagine déjà faire le ménage et trouver une place à chaque chose. Comme quoi, faudrait sûrement qu'ils ne se croisent jamais ou qu'elle ne mette pas les pieds ici.

AVENGEDINCHAINS

à la longue, j'ai oublié que ce tatouage abîmé était encore dans mon dos, entre les deux omoplates. Je n'oublie pas son origine, ni son histoire et encore moins la princesse qui a vécu un temps dans ma vie, pourtant ce dessin me sort parfois de la tête. étonnant pour un garçon qui a une mémoire photographie, bien que je n'ai pas les yeux derrière le crâne. Ce ne serait qu'une tâche dans l'oeuvre de ce Tâm, sûrement. Finalement, il n'y a rien d'étrange chez ce garçon. Il est respectueux et très poli, voir même trop des deux à la fois, mais ce n'est pas un mal. Sa passion semble lui prendre beaucoup de son temps mais cela ne m'étonne pas quand je vois tout ce bordel chez lui. Les trucs qu'il prend ne me dise rien, surtout parce que je ne connais rien à ce domaine. Je le laisse faire, attentif et curieux, ne me gênant pas trop pour ouvrir la bouche dès qu'un truc m'intrigue. Je suis du genre à m'interroger d'un rien pour en savoir davantage, Tâm devra s'y faire avec moi. Le regard posé sur lui, je l'observe entrain d'écrire jusqu'à lire son paragraphe et lâcher un petit rire. Même le bas ? Je vais finir tout nu à force ~ Ce ne serait pas un bon point pour moi, en fait. Surtout pas en sachant que l’emblème des Bakuto est tatoué sur mon aîné, caché par mon boxer. Oh ? Les chamans s'est un peu comme des exorcistes,  non ? Puis, j'adore le surnaturel! ça me botte bien ~ En plus, je n'étais pas loin de la vérité avec mes histoires de fric. « Pas de problème! Tu vas me dessiner un esprit guerrier sur le corps ? Façon Shaman King ? » Je rêve ou je viens de parler d'un manga ?  Mine de rien, le pouffe à la bonne taille pour que je puisse lire par dessus son épaule sans me pencher, c'est pratique.

« Je suis sûr, vas-y. J'ai pas cours demain et je bosse l'après-midi, c'est bon pour moi~ Tu as bien de la chance. » Ce n'est jamais calme chez moi, surtout parce que je vis dans un coin pauvre et à risque de la ville, là où personne ne voudrait mettre les pieds. En tout cas, ça ne me dérange pas de rester ici jusqu'à tard, ou même tôt le matin. Kang Jae devra trouver un autre sbire pour s'aider si jamais, nous ne sommes pas que deux après tout. Bon bah, je m'occupe de retirer mon pantalon et de le plier dans un coin avec mon haut, tandis que Tâm s'écarte un temps pour revenir placer le drap blanc autour de ma taille. ça sert à quoi ça ? Je plisse les yeux, fixant le machin immaculé sans bouger. On dirait un dieu grec! Trop la classe ~ Tâm s'amuse avec le pagne, donnant des allures majestueuses à ce truc qui me sert à moitié de tenue, façon ancien temps. Je le laisse faire, observant ses doigts glissés par-ci par-là, sans faire de bruit. C'est sûr que l'endroit est calme, on entend même pas une mouche voler. C'est reposant et agréable, surtout avec ce couché de soleil qui peint la pièce d'une douce couleur orangé et sombre.

J'ai l'impression d'être R2D2 à côté de Luke, en regardant dans le miroir. Tâm est beaucoup plus grand que moi, je me sens comme son petit frère dix ans plus jeune. Cette réflexion à part, tout est normal. Son doigt sur mon nez, je louche dessus avant de sourire pleinement. « Comment veux-tu que je regarde ? » Dis-je en fermant mes paupières, faisant comprendre que je serais aveugle à son progrès et son boulot. Rouvrant mes yeux, je regarde Tâm puis la pile de CD, choisissant 4 d'entre eux comme prévu. Je peux prendre un peu de tout, autant Japonais, Coréen, Chinois, qu'Américain, mélangeant un peu tout à la fois. Pour une fois, je suis fier d'être pâle tel un vampire, offrant ce don au jeune peintre qui vient de retirer son tee-shirt, sûrement pour ne pas le salir durant son travail. Observant ses moindres faits et gestes, j'imprime les couleurs qu'il choisit dans mon esprit, clignant des yeux comme un appareil qui photographie une scène. Relevant mon regard vers lui, je souris à ses paroles et vient m'allonger là où il propose. « Je risque de m'endormir comme ça ~ » Je plaisante en ricanant doucement, fixant le gros pinceaux qui vient se loger dans ma mémoire. Je suppose qu'il a dû voir la trace du tatouage dans mon dos, il devrait savoir que sa peinture ne risque pas de me blesser comme ce dessin effacé entre mes omoplates, ni comme celui sur mon aine.

« ça ira, je suis patient et robuste malgré ma petite taille. J'ai déjà l'impression d'être en pause, allongé comme ça. » Ou chez un psychologue ? Quoi que, je suis jamais aller chez l'un d'entre eux. Je réfléchis vite fait à ses questions, n'ayant pas souvenir d'une quelconque allergie. Je suis réellement robuste, tombant rarement malade ou n'étant quasiment jamais mal en point, sauf cas de blessure. « Aucune allergie, aucune zone sensible. Je ne crains pas non plus les chatouilles, tu peux passer ton pinceau où tu veux. » Je dis cela avec innocence, un sourire enfantin au visage. J'aime bien les gens comme lui, surprenant, mystérieux et intriguant. Sa petite surprise me fait vraiment l'effet du surprise, avec la fameuse question « qu'est-ce qu'il va bien pouvoir me faire ? ». « D'accord, je n'y manquerais pas. » Et cela rapidement, à mon avis. « Tu commences par où ? Je dois garder les bras le long de mon corps ou je dois les relever au dessus de ma tête ? » Quand je dis que ça serait rapide, je ne mens jamais. En attendant, je garde les bras contre mes flancs, ne sachant pas encore quoi en fait. Il va peindre où en premier lieu ? Je vais devoir éviter fermer les yeux, si jamais il m'écrit un petit mot.

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Ce n'est pas déplaisant de se faire manipuler comme un pantin, laissant le soin à Tâm de bouger mes bras comme il le désire, un peu à sa merci. Dans ce cas-là, je serais complètement à découvert pour une attaque surprise, mais nous ne sommes pas dans le cas où ce garçon risque de me toucher ou de me faire mal. Au contraire, je peux entièrement me relâcher et laisser son imagination voyager sur mon corps à moitié dénudé telle une toile vierge sur le point d'être peint. La musique en fond me permet de caler ma respiration dessus, lentement mais sûrement, restant immobile. Tâm n'a pas à s'en faire, éveillé ou endormi, je ne risque pas de bouger d'un brin, en position « fait le mort » comme un chien de combat bien éduqué. Il y a certains cas dans mon « métier » où je dois jouer le ninja pour ne pas me faire repérer, quitte à mêler mon souffle à l'air environnant afin de ne faire qu'un avec la nature. à ce moment-là, je me confondrais presque avec le silence, le moindre de mes membres stabilisés. Je sens le draps qui bouge, remonté sur mes mollets à présent couvert et je souris en attendant la suite. Jusqu'à présent, je n'ai jamais pu me payer une séance de massage et je n'ai jamais tenté de me faire peindre sur le corps, c'est tout nouveau.

Encore bien réveillé, je regarde ce qu'il vient de m'écrire, souriant doucement. Ouais non, ça craint si je me fais coffrer avec son dessin. Surtout que je n'ai pas le droit de trop traîner avec les flics, même si mon casier est vierge. Ils n'ont jamais eu Bishamon, encore moins le petit berry aux cheveux roses, méconnu de leurs dossiers je préfère le rester. « ça marche~ » Répondis-je simplement en refermant mes paupières, sans perdre mon sourire en coin. Patient, je sens mon ventre se creuser sous ses mains, le regardant finalement les yeux à demi-ouvert, voyant qu'il tente de m'expliquer un truc. Je pige de suite, décroisant mes bras pour étaler le baume sur mon visage, passant de partout en évitant de m'en foutre dans les globes oculaires. Tâm s'occupe du reste de mon corps, là où il va peindre et je ne dis rien en terminant ma petite partie, n'oubliant pas la mâchoire et le cou. Je me sens bizarre avec son truc, limite si je vais luire à la lumière comme une luciole. Au moins, le peintre s'applique tel un professionnel, à ne pas douter de ses compétences.

L'espace de quelques secondes, je l'observe travailler sans dire un mot, remarquant qu'il coince ma mèche de cheveux avec une pince, histoire de dégager mon visage. Cela fait, je referme encore mes yeux quand il glisse ses doigts sur mes paupières pour m'intimer de les garder ainsi, clos. Il ne faut pas me le dire deux fois, mon esprit se concentrant sur la musique qui se déroule calmement dans la pièce. Quatre chanson et je pourrais revoir à nouveau, surtout pour éviter de m'endormir comme une masse sur sa table. Son touché est agréable, même si j'ai la sensation qu'il m'étale trois tonnes de fond-teint sur la peau, la couleur différente. Pendant ce temps, je ne peux rien faire de plus que respirer sagement et monter un manège d'image dans ma tête. Je cogite en quelque sorte, revoyant la peinture de son plafond se refaire sous mes paupières, jusqu'au moindre de détail. Le décor change, et je m'amuse à repasser ses mots écrit sur son carnet dans la moindre courbe de son écriture, tout cela en parvenant à suivre ses gestes sur mon visage, sans le déranger pour autant. S'il était dans ma tête, sûrement qu'il deviendrait complètement barge. J'enregistre tellement de chose que beaucoup doivent se demander comment je fais pour ne pas saturer, mais j'ai mon secret.

Ce peintre n'a pas idée à quel point son oeuvre pourrait être une vue du futur, une sorte de boule de cristal. Ces plaies pourraient être les miennes, mais comment faire la différence entre réel et fictif ? La douleur ? L'odeur ? La sensation ? Je me sens plutôt bien avec ces coups de pinceau, frissonnant par moment avec un sourire en coin. Il s'atèle autour de moi, mais je ne peux voir ce qu'il fait réellement, prenant mon mal en patience jusqu'à l'imaginer. évidement, j'ignore la forme de son dessin, alors l'image reste complètement flou, ombragé et sans trait. Je ne peux pas faire au-delà de mes capacités, retenant simplement ce que je vois. Tant qu'il n'a pas terminé, je ne peux rien faire. D'ailleurs, j'ai bien fait attention à la musique mais même après les quatre, je n'ai pas rouvert les yeux pour le regarder. Après tout, je ne dois pas voir avant la fin, n'est-ce pas ? Je peux rester ainsi durant des heures, sans être déstabilisé, autant que l'effet du pinceau sur mes membres, imperturbables. Quand je dis que je ne suis pas chatouilleux, je ne mens pas. Les poils de l'instrument ne me font rien de spécial, mais cela me permet de suivre le mouvement sans être distrait pour autant.

Le temps ne me semble pas si long quand je m'enferme un peu trop dans ma conscience, oubliant à quel point je suis calme et serein dans ces moments-là. Sentant ses doigts se balader vers la peinture déjà fait, j'ouvre mes yeux pour l'examiner rapidement, ouvrant ma bouche sous sa demande. ça semble bon d'après son expression, mais je ne peux qu'en juger sans réellement être sûr. Sous les gestes délicats de Tâm, je me redresse en douceur pour m'asseoir sur le côté, mes muscles tirant doucement et mes os craquant sous le mouvement de mon corps. Deux heures, ça donne de quoi faire de la musique avec mon squelette. J'en profite pour balancer mes jambes dans le vide, de les dégourdir rapidement dans un soupir d'aise. Le boulot reprend et je me laisse manipuler sans broncher, m'appuyant contre le tabouret en hauteur, ma main sur la cuisse de Tâm pour qu'il puisse s'occuper de cette zone. Là je peux voir un bref aperçu de son oeuvre mais ce n'est pas mes habitudes d'aller à l'encontre de mes paroles. Du coup, je préfère observer le visage de mon camarade quand il recommence à peinturluré ma peau. En tout cas, il est rapide! Je n'ai pas de montre sous la main mais il gère niveau vitesse, je n'ai même pas pu dormir. Quand il attaque mon avant-bras, je lâche son visage des yeux pour le détourner dans la sale, me concentrant sur les piles de livre, lisant les titres de loin quitte à les imprimer dans mes rétines. Tant que je ne regarde pas son avancé, c'est bon. à la fin, je me ferais en plaisir de retracer les traits de mes pupilles curieuses.

Le mouvement sur le calepin me força à ramener mes iris vers lui, remarquant la peinture sur son visage. Un sourire se loge au coin de mes lèvres et je lis ce qu'il m'écrit pour approuver. « Un peu! Tu n'as pas un jus de fraise ou du lait à la fraise ? » Je commande, tant qu'à faire. J'adore la fraise, surtout quand on peut la boire à n'importe quelle sauce. J'ai la gorge sèche à force de respirer par le nez, mes lèvres presque soudées entre elles tellement elles sont restées closes. « Sinon ce que tu veux, ça me va aussi ~ » Je ne suis pas difficile, mais il a dû s'en rendre compte jusqu'à présent. Après tout, il n'a pas eu besoin de faire quoi que ce soit pour m'empêcher de remuer dans tout les sens ou ouvrir ma bouche toute les deux secondes. J'ai été sage, je mérite bien de boire un truc ~

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J'ai l'impression d'être une oeuvre d'art vivante, limite si j'ai peur de bouger et de ruiner un truc sur son dessin. D'ailleurs, je n'ai pas pensé au fait que boire pourrait faire baver la peinture. Tâm pense à ma place, ramenant un verre de lait fraise avec une paille. La fraise, c'est bien pour les gosses. Parfois, je me dis que je devrais grandir davantage et arrêter d'être un gamin dans l'âme. Je devrais troquer la fraise pour un truc de bonhomme comme le wisky ou la bière, mais non. Je bois de l'alcool, mais à des occasions comme des soirées ou entre potes, sinon je préfère le sucré. Quand Tâm revient, je lui offre un sourire en prenant le récipient entre les doigts, avec légèreté et attention, craignant vraiment de ruiner son boulot. Je ne suis pas craintif de base, mais là je suis à cheval sur la prudence par rapport aux efforts qu'il a fourni pour arriver à ce résultat, même si je ne vois rien pour le moment. « Fatigué l'artiste ? » Demandais-je en portant la paille entre mes lèvres pour aspirer une gorgée de ce liquide rosâtre. C'est bon, j'aime beaucoup ce goût de fraise mélangé à la texture douce du lait. La pause touche à sa fin, mais même assis sur le bouffe qu'il me propose, je garde mon verre à moitié entamé dans mes mains. J'attends simplement, fixant la baille qui roule contre le bord tandis que je m'amuse à pencher le contenant d'un côté ou de l'autre. La pointe du pinceau frôle toujours ma peau mais ça ne me fait rien de plus que des frissons, souriant doucement sous cette agréable sensation.

Les minutes continuent de défiler et je reste silencieux en attendant que Tâm finalise et termine son oeuvre. C'est plutôt long, mais j'ai la patience nécessaire pour cela. Au fil des années, ça s'apprend telle une langue ou une matière à l'école. Quand le son monotone de l'horloge externe résonne jusque là, Tâm s'occupe des derniers points pendant que je suis debout, à l'écart des pouffes. Quand je dis que c'est long, ce n'est pas une blague. Il n'oublie sûrement rien en vérifiant un peu partout, sentant encore le pinceau par-ci par-là. De quoi ai-je l'air avec cette peinture sur le corps et ce drap blanc autour de la taille ? Sans parler des bijoux qu'il me prête et que j'enfile avec un sourire amusé, sentant le point sur mes poignets et mes doigts. Un point précieux pour la fin ? Je me sens comme un modèle prêt à faire un défilé devant un publique à l’afflux du moindre détail. ça touche à sa fin, apparemment. Je pourrais enfin admirer le résultat final, sans hésitation. Bien que Tâm persiste à faire encore quelques retouches, mon regard voyageant doucement sur lui. Il est très ordonné pour un bordélique dans son genre, peut-être même maniaque ?

Quand le rideau quitte le miroir et m'offre une vue prenante sur mon corps peinturluré, je reste sans voix, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. Wow, c'est le mot. Les couleurs sont superbes, mais les traits encore plus fascinant. Je me sens... Moi. C'est effrayant de l'avouer, mais j'ai la sensation qu'il a su me définir rapidement et peindre mon existence sur mes membres. Un effet angoissant, blessé par les événements, mais qui garde une part d'humanité, d'adoration dans un coin de son être. C'est surprenant, saisissant et je me surprend à me regarder de partout, emballé par ce résultat époustouflant. Sentant l'objectif sur moi, je tourne mon regard vers Tâm en le questionnant en silence. Il attends une pose en particulière ? Je détourne quand même mon attention pour en revenir au miroir, touchant ce dernier comme si j'avais deviné le fond de sa pensée. Sauf qu'une lueur étrange s'allume dans mon regard et j'ai la nette impression de me voir sous mon vrai jour. Un enfant déchiré, à la vue de tous mais pourtant caché dans une pénombre sans nom.

« C'est vraiment super bien fait, tu es un artiste Tâm. » Commentais-je en pouffant légèrement, fier de son boulot. à plusieurs reprises, je me tourne dans un sens puis l'autre pour voir le reste du dessin, complètement emballé. J'ai l'air parfait comme ça, même si je ne pourrais pas me balader ainsi dans la rue. C'est dommage, je ne voudrais pas l'effacer si rapidement alors qu'il a quand prit de son temps. « Tu n'es jamais déçu d'en faire autant et de le voir disparaître après ? » Je suis curieux, comment prend-t-il les choses ? à sa place, je serais frustré de mettre autant du miens pour quelques heures à le voir sur la peau de l'autre. Mais peut-être qu'il n'est pas moi, et que je ne suis pas lui non plus. « Mais c'est vraiment génial. » Dis-je avec un grand sourire, heureux d'avoir été sa toile pour la soirée.

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Le résultat était époustouflant. Je n'ai jamais été peint auparavant, mais pour une première fois, je trouve ça magique. Autant de détail sur des zones aussi petite et étroite, c'est de l'art dans tout les sens du terme. Mon regard n'a pas fini de voyager sur ce reflet que me rend le miroir. J'ai la sensation d'observer un autre corps, mais en même temps je sais que celui-ci est le miens. Ce sont mes cheveux roses, ma peau blanche, mes yeux marrons et cette expression surprise mais conquis à la fois. Mon corps est un chez d'oeuvre grâce à ce jeune homme et j'en aurai jamais assez de l'observer en silence, enregistrant les contours et les traits dans ma tête, et cela pour des années sûrement. À l'avenir, je sais que ça me permettra de mettre une légende sur mon nouvel ami, comme quoi il a fait telle chose et que c'est un vrai professionnel dans le domaine. C'est ainsi que je reconnais mieux les gens, en leur assignant quelques expériences. Les yeux braqués sur le miroir, je les détourne quand je remarque tam entrain d'écrire sur une feuille, me tournant complément vers lui pour lire. Mon regard ? Je lance un coup d'oeil vers le reflet et souris à nouveau. Je ne sais pas ce qu'il voit en moi mais c'est sûrement très réussi. Je n'ai rien d'innocent avec sa peinture, s'en rend-t-il compte ? Au moins, je peux servir à quelque chose tout en prenant une pause dans mes longues journées. Ça ne me dérange pas d'être affiché et artistiquement critiqué, même s'il ne fait que me complimenter. « d'après toi et tes dessins, de quoi j'ai l'air derrière mon apparence d'enfant ? » je lui pose simplement cette question en fixant mon double dans la glace. Il a peint un corps interne qui se voit à l'oeil nu par des déchirures physiques, qu'est ce que tout cela veut-il dire ? Et les boules de poils ? J'aimerai savoir son point de vue.

« ça me fait plaisir aussi et je veux bien pour les doubles en A3. » ça me fera aussi un beau souvenir de lui et de sa séance. Faut dire que sa peinture est tellement grandiose que je pourrais la montrer à ma mère qu'elle irait l'encadrer et l'exposer sur un meuble. Elle va être fière du boulot du peintre mais aussi de son fils qui rend bien. Terminant de m'admirer dans le miroir après avoir lu le papier de tam, je m'approche à son signe du doigt pour voir les photos qu'il a prise. En plus, il est photographe, si ce n'est pas superbe ça. Une à une, je ne décroche pas mes yeux de l'écran jusqu'à qu'il termine le diapo, un sourire aux lèvres. J'ai de l'avenir dans ce boulot, n'empêche. « on dirait que tu me fais de la drague. » plaisantais-je avec le même sourire. Si ça me dérange ? Je ris légèrement en regardant mon bras. « pas du tout. Si je suis aussi beau, autant en profiter. » je lui fais un clin d'oeil, partant pour devenir la star de son projet. Personne ne va savoir qui je suis et même si certains me reconnaissent, ils ne vont pas en faire tout un plat. Après quelques secondes a regarder encore l'ordinateur, je me redresse pour laisser tam faire son boulot et m’étire discrètement. Revenant vers lui seulement quand il se remet à écrire. Manger ? J'ai déjà bu, alors pourquoi pas ? « avec plaisir, je ne dirais pas non à une pizza ~ »

Finalement, j'ai peut être plus faim que je ne voudrais le croire, écoutant mon ventre réclamer un truc à manger. « je prendrais une douche avant de partir, histoire de profiter au maximum de ton oeuvre. T'inquiète pas, la pizza me suffit comme compensation. Et les photos aussi. » je ne suis pas bien difficile, mais il l'a déjà remarqué en me peignant. De la patience, j'en ai à redistribuer, autant que mon calme et mes sourires. J'ai vécu dans la pauvreté durant des années, à présent je n'ai plus besoin de courir avec un yen. Je gagne bien ma vie, qu'importe comment. « Tu sais, c'est moi qui est voulu être ton modèle, alors je fais ça pour le plaisir et pour découvrir un peu la sensation. Je n'ai pas besoin d'argent pour m'amuser. » J'ai été fasciné, et cela, ça n'a pas un prix. Entre temps, je le laisse commander quelque chose à manger, m'autorisant à m'asseoir sur les pouffes en regardant de plus prêt mes bras, ou les parcelles de peau que je peux voir. C'est géant, je n'aurai presque pas envie de me laver avant de partir, histoire de montrer ce spectacle à ma mère. Elle serait trop surexcitée de voir un tel talent, sûrement qu'elle voudrait rencontrer Tâm ou l'inviter à manger. à cette idée, je souris doucement.

« Ma mère va sûrement t'admirer pour ton don, je vais devoir lui briser le coeur en disant que tu es trop prit pour une invitation à manger. » Je fais genre d'être sérieux et attristé, avant de relever ma tête vers lui pour sourire. Un grand et large sourire qui monte jusqu'à mes horaires, brisant un peu l'image glauque de sa peinture. « Je plaisante, mais je lui montrerais quand même les photos. » Elle s'en sera ravi, autant que j'en serais bien content. Pour le moment, je ne sais que faire à part taper la discussion avec Tâm et attendre de manger pour rentrer chez moi. Je vais devoir squatter sa douche aussi pour rincer sa toile et ne pas passer pour un fou dans la rue. Dommage, j'adore vraiment son coup de pinceau.

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Un enfant qu'il dit ? Je souris faiblement à sa réponse, lisant doucement la phrase qu'il venait de me noter. Je suis donc un enfant qui a grandit trop vite à ses yeux. « Je ne suis pas si fort que cela. » Riais-je en montrant mes bras plutôt minces. J'ai un corps d'enfant aussi, à croire que je suis le symbole de Peter Pan, celui qui ne grandit jamais. « Mais tu as peut-être raison, j'ai dû grandir trop vite. » Et j'ignore complètement si je l'ai voulu ou si j'ai été forcé. En tout cas, les photos sont réussites et je suis bien content de l'avoir autant inspiré. Finalement, je n'ai rien de « moche » à travers un objectif. Cette séance m'a ouvert l'appétit, surtout en parlant de commande. Je pense directement à des pizza, parce que je dois vraiment avoir une quatre fromages dans le crâne. évidement, j'aurai dû me douter que Tâm ne pouvait pas parler, donc que je devrais le faire à sa place. Aucun soucis! J'attrape le combiné et attends que la personne décroche à l'autre bout du fil. C'est une fille avec une voix charmante et je m'amuse un peu à la draguer, compliment son timbre de voix avant de rire et de m'excuser, prenant une pizza au fromage et une reine rose. Ce fut rapide, malgré les bégaiement de la pauvre jeune fille de l'autre côté. Mon sourire ne veut plus s'effacer tandis que je raccroche et dépose le téléphone à sa place, là où Tâm l'a prit quelques secondes plus tôt.

« Quand tu veux ~ » Répondis-je joyeusement. La première fois a été génial, les autres ne devraient pas être bien différente à mon avis. J'aime bien avoir à l'idée que je l'aide, même si je ne fais rien de très compliqué en prêtant mon corps pour un dessin. Il s'entraîne, il s'en sert pour ses expositions et moi, ça me permet de me relaxer un peu après autant de journée fatigante et longue. N'est-ce pas un point positif ? Une raison de plus pour accepter. Tâm doit en gâcher de l'argent dans les post-it, alors qu'il pourrait me parler avec un téléphone ou sa tablette de tout à l'heure. « Vraiment ? Tu serais prêt à venir chez moi et à subir son caractère de jeune femme célibataire ? Elle adore la fraise, d'ailleurs. » Ce doit être de famille ? Mais ça me fait plaisir que Tâm ne décline pas ma fausse invitation. Sait-on jamais, je pourrais l'inviter à manger chez moi, un jour. Même si ce n'est pas très grand et plutôt pauvre, ça me ferait toujours autant plaisir d'avoir un ami à qui présenter au seul être que j'affection énormément en ce monde.

Le livreur de pizza sonne à la porte et ramène le dîner, pendant que Tâm se lève pour récupérer le repas, j'attends sagement à ma place. La télécommande en main, je regarde un peu tout les boutons et me décide à mettre une chaîne documentaire au hasard, sur les animaux de la savane. C'est bien le genre d'émission qui passe tard, quand personne ne regarde ou qu'ils cherchent à s'endormir. Suite à cela, je regarde la pizza sous mes yeux, sourit à Tâm en prenant une part et en lâchant un: « Itadakimasu! » avant de croquer dedans, tout content. J'en profite pour changer de chaîne en voyant l'accouplement entre deux lions, rien d'intéressant. Au final, j'abandonne la télé pour manger tranquillement la pizza, piochant dans l'autre carton pour varier le goût et les sortes. J'aurai aussi profité d'un bon repas après la séance peinture, avant la douche.

Le repas terminé, je me frotte les mains entre elles avec un sourire, me relevant doucement pour m'excuser auprès de mon camarade. « Je vais prendre une douche ~ » Un signe de main et je vais dans sa salle de bain, sans fermer la porte à clé par manque de pudeur et parce que je n'y pense pas. ça me fait mal au coeur de devoir rincer ce si beau travail, mais je sais que Tâm a prit plusieurs photos et que cela restera gravé quelque part. Finalement convaincu par ce raisonnement, j'entre dans la cabine et ouvre l'eau, savonnant chaque parcelle de peau pour retirer la peinture, même s'il en reste dans mes cheveux rose. Tant pis, personne ne fera attention à un si petit détail sous ma frange en bazar. La douche terminée, je reviens dans la pièce précédente après avoir renfilé ma tenue, toujours ce sourire sur les lèvres. « Je vais rentrer, ma mère va s'inquiéter sinon. » Même si je pourrais appeler à la maison pour la rassurer, de toute façon, elle attendra quand même mon retour. C'est le genre de mère attentionnée, qui ferait tout pour son enfant. « Merci pour la séance, n'hésite pas à me contacter si tu as besoin. » Dis-je en prenant un post-it pour noter mon numéro avec mon prénom, le collant dans la main de Tâm que j'ai saisis deux secondes plus tôt. Comme ça, il pourra me joindre quand il voudra, que ce soit pour peindre ou pour rien.

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