La jalousie ne permet jamais de voir les choses telles qu'elles sont. Les jaloux voient le réel à travers un miroir déformant qui grossit les détails insignifiants, transforme les nains en géants et les soupçons en vérité.

TENUE ✦ C’est le weekend, comme chaque fin de semaine je rentre chez moi et m’isole dans mon espace vital pour bosser, de toute façon je n’ai même pas besoin de fermer à clefs, personne ici ne viendra à l’improviste me rendre visite, peut-être les chats agiles ouvrant les portes, mais sinon c’est en solitaire que les heures s’écoulent. Il est encore tôt, j’ai décidé de sortir faire un tour pour acheter de quoi manger, les fêtes approchent et la plupart des employés ont été mis en congé pour qu’ils profitent de leurs familles, eux au moins ils ont ce privilège. La voiture de mon père semble présente ce qui veut dire qu’il traine encore dans un de ses laboratoires installé dans la demeure, un soupire et je m’éloigne, sautillant vers l’épicerie, il fait froid bordel, j’aime pas le froid, je déteste ça ! Brr et bien sûr j'ai pas mis de doudoune, quel idiot je me retrouve à frotter mes mains sur mes bras essayant de m’allumer comme un silex contre une pierre, mais sans effet malheureusement... Alors voilà, une fois dans le commerce je trace dans les rayons qui m’intéressent le plus, oh et si je prenais une pizza pour ce soir ? J’hésite, mais faudrait que je rentre commander, je ne suis pas fan des surgelés. Une musique passe à la radio et je commence à la fredonner en bougeant la tête, j’aime bien cette chanson ! Remplissant mon petit panier, un peu trop d’ailleurs, c’est après une bonne demi-heure que je fais la queue aux caisses, ne tenant pas en place je bouge, un pied, l’autre, j’ai les vers aux fesses je sais.

Quand c’est mon tour je vide tout en allant de l’autre côté et automatiquement je balance un chiffre avec les décimaux derrières, elle me regarde et je l’invite à continuer, jusqu’à arrivée au total, elle comprend et je souris fier de moi, lui donnant la somme exacte sortit tout droit de mon porte-monnaie -bah ouai pas celui du voisin quoi-.

De retour chez moi j’ai l’impression que l’ambiance est différente, posant les sachets dans la cuisine, il semblerait que mon père se trouve dans le salon, je m’approche rempli de curiosité avant de voir qu’il rit et discute avec quelqu’un, cherchant son interlocuteur du regard je grimace automatiquement en l’apercevant... « Qu’est-ce qu'il fait là ? » Les mots sont dits sans aucun ton particulier, juste cette pointe au cœur qui refait surface et le regard indifférent de mon géniteur qui change d’expression en me voyant, ça me blase tellement... « Il est venu dîner avec nous. » Sans blague? Faut en plus qu'il vienne chez moi et qu'il rit avec mon père sous mes yeux, d'ailleurs ce dernier ne met aucune chaleur dans ses mots, je baisse la tête agacé, lançant un regard explicite au géant assis plus loin.

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TENUE ✦ C’est bientôt Noël. Je pense que comme d’habitude, j’irai le passer avec ma mère, son copain, la mère de Berry et Berry. Noël est une fête en famille après tout. Mais c’est aussi une occasion de rendre visite à des amis proches. Et même si Kirigaya-san ne m’avait pas invité à manger chez lui, je serai tout de même passer pour lui souhaiter de bonnes fêtes. Si je suis à Royal, c’est bien grâce à lui. Il dit qu’il me doit la vie, mais c’est moi qui lui dois mon futur. Avoir Royal inscrit dans mon dossier est une information capitale pour mon futur. Bien que ce n’est pas pour cette raison que j’ai accepté son aide. Ma mère voulait à tout prix que j’aille rejoindre Berry dans cette prestigieuse université.

Je consulte l’heure une dernière fois avant de sortir de chez moi. C’est bon, je serai dans les temps. Même si nos maisons étaient à Minato, le voisinage est bien différent. C’est fou comment dans un même quartier les rues peuvent changer à ce point. Il y a une ligne bien distincte entre les riches et les « pauvres ». Pour ma part, cette délimitation n’est que superficielle et cela ne voulait rien dire. Au bout d’une bonne vingtaine minutes de marche, j’arrive devant la demeure des Kirigaya. Je sonne à la porte et c’est le chef de famille qui m’accueille avec un grand sourire. Je fais de même avant de le saluer comme il se doit. Il m’invite à rentrer. Puis on se pose naturellement au salon. Cela fait depuis quelques mois que je ne l’ai pas vu. On ne se voit pas si souvent mais on garde toujours cette bonne entente entre nous. En fait, je le considère comme mon oncle. Il est toujours intéressé par ce que je lui raconte, et ce, même si ce n’est pas bien intéressant. A force de parler et de rire, je failli oublier de donner les cadeaux. Ma mère a tricoté des écharpes pour Kirigaya-san et son fils, une noire et une verte foncée. Ce n’était pas grand chose, mais au moins ce sera utile pour se protéger contre ce froid. « Ma mère a fait cela pour vous.  » Je sors l’écharpe noire qui n’avait rien à envier avec les écharpes des grandes marques. Et ce n’est pas parce que c’est ma mère que je pense ça. Kirigaya-san semble apprécier le geste car il affiche un grand sourire. Je l’enroule autour de son cou jusqu’à lui cacher la moitié du visage. J’éclate de rire et il fait de même.

Avec toute cette agitation, je n’entends pas le bruit de la porte s’ouvrir. Ce n’est qu’en entendant la voix de Shion que je me rends compte de sa présence. Je lui souris malgré son « mécontentement » de me voir. Je ne suis pas aveugle, je sais que ma présence n’a pas l’air de le réjouir tant que ça. Je n’en connais pas les raisons mais je m’y suis fait. C’est dommage car je pense qu’on a tout pour s’entendre. « Shion ! Tu arrives au bon timing !  » Je me lève du canapé pour se rapprocher de lui. Je lui tends le sac contenant l’écharpe. « C’est pour toi !  » J’espère que ça plaira autant que son père.

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TENUE ✦ À la période de Noël c’est toujours extrêmement animé dans les quartiers, encore on ne vit pas à Shibuya là-bas avec le marché de Noël, les boutiques à la chaine, les décorations principales y sont exposées comme le grand arbre dominant la grande place, c’est comme ça chaque année et tout le monde s’y rend pour partager cette « magie » qui n’existe qu’une fois par an. Moi, pendant ce temps je traine dans les rues frigorifié par ce froid que je déteste temps, si seulement la température pouvait se faire plus agréable j’apprécierai aussi cette période, mais non. Là je n’ai qu’une envie c’est de rentrer chez moi posé tous ses sacs, me commander une bonne pizza, prendre des canettes avec moi et m’installer devant le chauffage dans ma chambre comme un vieux entouré par sa couverture en ne laissant que la tête sortir, voilà. Ça c’est le meilleur plan du monde ! Et en même temps j’écouterai de la musique pour me détendre et trouver l’inspiration de mes prochaines chansons, c’est parfait, je suis donc rentré le cœur léger et motivé, mais bien vite toutes ses bonnes émotions sont retombé comme dans un jeu de yoyo... Pourquoi faut-il que je le croise chez moi ? Pourquoi je dois voir se rire sur le visage de mon père et sur celui qu’il aurait surement préféré avoir comme fils, pourquoi je me sens de trop dans ce tableau alors que je suis chez moi ? Si je n’étais pas en colère je chialerais surement des nerfs, toutes ses années et rien n’a changé, est-ce que j’y trouverai un jour ma place ? Je me le demande encore...

Questionnant mon père sur sa présence ici, j’apprends bien vite que mon plan tombe à l’eau, ma pizza s’est envolé vers d'autres cieux et je vais devoir me coltiner le frère de substitution pour la soirée, génial, joyeux Noël. Je soupire, le genre de souffle qui en dis long sur la joie que je ressens et l’ironie qui s’en accompagne forcément. Pourquoi il est content comme ça, genre il me parle comme si j’étais son pote, j’arrive au bon timing ? Haha...ha. Je n’ai même pas envie de rire en fait, mes yeux se posant sur le sac qu’il me tend et sur les mots qu’il prononce. Un cadeau ? Il est sérieux ? Je vois mon père avec cette écharpe autour du cou et je me doute que celle-ci est la mienne, mais je n’en veux pas. En fait si, mais je suis de mauvaise foi, si je l’accepte il marque des points, bon sang je suis un gamin parfois, et d’un geste rapide je repousse sa main tenant le cadeau. « Garde-le. » Je ne croise même pas son regard en tournant les talons dans la cuisine pour ranger les courses. « Shion, soit plus gentil tu veux ! Excuse toi. » Je rêve là ? La tête dans le frigo, je me calme, posant ma bouteille de jus de carotte au frais sans la lâcher pour autant des mains...

J’inspire et secoue mes cheveux d’agacement, avant de claquer la porte du congélateur et revenir me poser devant le géant, obligé de hausser le menton pour le regarder dans les yeux. Ma main venant attraper le sac qu’il tient. « Désolé. Merci. » Plus simple, plus froid tu meurs. Mon père devra se contenter de ça, je ne peux pas faire plus, j’ai ma fierté merde.

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TENUE ✦ J’aime beaucoup Noël. C’est magique, c’est joyeux, c’est amusant. S’il neigeait, ce serait encore mieux ! Je veux faire des batailles de boules de neiges, construire des bonhommes de neiges, plonger dans la neige et réaliser un ange. L’hiver est une saison vraiment amusante. Sans oublier toutes les animations que la ville propose, entre les marchés de Noël, le bal de fin d’année organisé par Royal, des tours de manèges, des stands de jeu, on ne risquait pas de s’ennuyer ! Bref, tout ça pour dire que j’adore cette période de l’année. Je m’en fiche qu’il fasse froid, et honnêtement, je bouge trop pour ressentir le froid. Cependant, j’accélère tout de même le rythme pour ne pas arriver en retard. Lorsqu’on est invité à un repas, la moindre des choses est d’arriver à l’heure. En effet, Kirigaya-san m’a gentiment invité à manger avec lui. Comme ça fait longtemps qu’on ne s’était pas vu, il voulait prendre de mes nouvelles. Sa proposition tombait à pic car je voulais aussi passer chez lui pour offrir les écharpes que ma mère a fait pour lui et son fils. L’idée venait de moi, mais je n’avais pas trouvé ce qu’il me fallait aux marchés de Noël. Puis ma mère s’est proposée de tricoter les écharpes.

Je suis content de voir que le cadeau plait à Kirigaya-san. Il ne manque plus que l’avis de Shion. J’aimerai devenir son ami. On a le même âge, on partage la même université, on est tous les deux en science, et puis je m’entends bien avec son père. Je ne vois pas pourquoi il n’a pas l’air de m’apprécier. Mais je resterai amical avec lui. Qui sait ? Peut être qu’il changera d’avis au bout d’un certain temps ? C’est pour ça que je ne dois pas abandonner. Si je suis « méchant » avec lui, son comportement avec moi ne pourra jamais changer. Et en parlant de Shion, le voilà qui arrive. Je vais pouvoir connaitre son avis. Je quitte ma place pour aller lui donner le cadeau. Il me repousse. Il en veut pas ? Je souris, un peu gêné par la situation. Puis il me laisse en plan. Je ne lui en veux pas, il doit avoir ses raisons de ne pas vouloir le cadeau - que je ne comprends pas. Mais Kirigaya-san prend « ma défense ». Ça m’embarrasse encore un peu plus. On ne sait jamais où se mettre quand un parent reprend son enfant, là ça me fait la même chose. Je sens cette tension entre le fils et le père. Comme il m’est rare d’être en compagnie avec les deux en même temps, je ne l’avais jamais remarqué.

Il finit par revenir vers moi pour prendre son du. J’ai l’habitude de baisser légèrement la tête lorsque je regarde la personne en face. Avec ma taille, c’est difficile de trouver quelqu’un de plus grand que moi. «  De rien. J’espère que tu vas aimer cette couleur.  » C’est moi qui ai décidé des couleurs. Le vert foncé va bien avec cette période de l’année. J’ai pris ça sur un coup de tête donc j’espère que ça ne va pas le déranger de porter cette couleur - si un jour il va la mettre. «  Jirô, tu m’excuses, je règle quelques petites choses et je reviens. Vous pouvez vous mettre à table si vous voulez.  » Sur ces mots, Kirigaya-san quitte le salon, nous laissant seuls. «  Je me demande ce qu’on va manger !  » dis-je à l’attention de Shion. Tant pis s’il me considère pas encore comme son ami, mais ça ne m’empêche pas d’être amical avec lui. C’est dans ma nature de l’être.

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TENUE ✦ Forcément comment pourrait-il seulement penser ou imaginer ce qui se trame sous les apparences de cette famille ? Ma relation avec mon père est identique au néant, j’ai grandi seul en devant m’appuyer sur le personnel de la maison ou quelques oncles et tantes qui passé parfois, mais cette solitude n’a jamais été pesante car c’est ce qui m’a permis de me créer cette vie, cette couverture, cette seconde peau que personne ne connaît en tant que moz et ça m’a surement sauvé sinon je serai tombé bien bas, trainant dans les rues la nuit à faire toutes sortes de conneries inimaginables et personne pour m’arrêter ou me gronder. Je n’ai jamais connu ma mère, mais je pense qu’elle devait vraiment être à part et unique pour qu’un homme y reste entièrement attaché, je suis pourtant le fils de cette femme qu’il a tant aimé, mais il n’arrive même pas à m’adresser la parole sans que ce ne soit par intérêt, aucun sourire, aucun rire partagé, aucun regard chaleureux ou bienfaisant, quand je suis malade je n’ai pas cette présence à mes côtés pour me chuchoter « ça va aller » non, je n’ai rien de tout ça, mais je ne m’en plains pas.

Quand je vois qu’il fait ça avec un autre gars, je tremble de rage, de jalousie, je me fiche que ce ne soit pas sa faute si mon père s’est attaché à lui ou qu’il ne peut pas aller contre cette relation qui les lie tous les deux, mais moi dans tout ça ? C’est comme être la chandelle d’un couple d’amoureux ou la troisième roue du carrosse, cette chose qui même si elle disparaît personne ne le remarquera. Je me fiche de son écharpe, pourquoi m’offrir un cadeau au juste ? Nous ne sommes rien l’un pour l’autre, j’aimerais pouvoir avoir la faculté de le faire disparaitre d’un claquement de doigt, malheureusement Joséphine ne vit pas au Japon, alors bon je peux pas lui demander de m’apprendre ses tours de magie incroyablement utile... Tant pis, je prends sur moi, ou pas en fait vu que je refuse de prendre le présent qu’il me tend, disparaissant dans l’encadrement de la porte pour me retrouver en deux pas dans la cuisine où je me fais gronder par mon père pour mon comportement... Là il est fort pour me parler, je suis blasé, fatigué, agacé, énervé, frustré, bref j’ai bien envie de taper dans tout ce que je peux trouver, mais je me calme, le frigo ouvert cachant mon visage dans la portière je finis par la claquer et venir prendre son cadeau en le regardant, balançant deux mots simples, mais clair. J’entrouvre le sac par curiosité, verte ? C’est ma couleur préférée... Mais je ne vais pas lui dire, il marquerait encore des points, aah c’est rageant...

Mon père parle à Jiro et je soupire encore... Moi je pus forcément. Grinçant des dents, je m’éloigne de l’autre garçon, qu’est-ce que j’en sais moi ce qu’on va manger, il n'avait qu’à demander à mon formidable papa. Continuant de ranger les affaires... « Je me serais contenté d’une pizza si tu t’étais pas tapé l’incruste. » Grommelais-je dans ma barbe. Avant que mon père se décide à revenir on a du temps, quand monsieur s’en va à ses occupations il ne voit pas le temps passer, enfin vu l’invité ça pourrait être l’exception à la règle. Passant de l’autre côté je me retrouve de nouveau face à Jiro et levant encore le regard je balance sans tact. « Sérieux, ta mangé de la soupe toute ta vie ma parole. » Il n’est pas si grand, mais il est plus grand que moi et ça suffit à le charrier dessus, droite, gauche, droite, putain on ne va pas jouer à ce jeu-là longtemps, je veux juste passé.

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TENUE ✦ Malgré la bonne relation que j’entretiens avec Kirigaya-san, il ne me parle pratiquement jamais de son fils. En fait, j’ai découvert l’existence de Shion bien après avoir rencontré Kirigaya-san. J’ai été même très surpris qu’il ne m’en a pas fait part plus tôt. C’est toujours moi qui vais demander les renseignements le concernant. Mais à chaque fois que j’évoque le sujet, Kirigaya-san change d’expression, alors je ne vais pas chercher à savoir davantage. Je ne veux pas faire de conclusion hâtive, mais je sens que leur relation n’est pas aussi bonne qu’elle se doit de l’être. Je ne suis peut être pas aussi futé que Berry, mais j’ai tout de même un peu de jugeote. Ils n’ont pas l’air d’avoir une relation père/fils « normale ». Je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais c’est dommage de voir un père qui ne s’entend pas avec son fils ou inversement. Après tout, Kirigaya-san n’est pas n’importe qui, je le considère comme étant un proche à moi, un oncle. Il n’y a pas de mal à ce que je souhaite rétablir ou établir le lien entre mon oncle et son fils.

Si je considère Kirigaya-san comme étant mon oncle, cela va de soi que je vois Shion comme un « cousin », et surtout, comme étant un ami. Je sais que ce n’est pas encore réciproque, mais je ne perds pas espoir. Faire le premier pas n’a jamais été un soucis pour moi. Je veux simplement lui faire comprendre que je ne suis pas contre l’idée de devenir son ami. Je ne veux pas l’ignorer. Et c’est selon cette intention que je lui offre le cadeau. Cadeau qu’il refuse. Sincèrement, j’avais déjà envisagé cette possibilité, mais se faire recaler en vrai, comme ça, est assez embarrassant. Bien évidement, je ne le prends pas mal. Il en faut beaucoup plus pour m’énerver. Sauf que le comportement de Shion n’a pas plu à son père et il le gronde. Cette fois ci, je suis gêné d’avoir du insister à ça. Je ne veux pas que Kirigaya-san se mette en colère contre Shion à cause de moi, et encore moins que Shion croit que son père est de mon côté. Je ne veux pas qu’il ait une raison de plus pour ne pas m’apprécier. Surtout que je sens qu’il est en colère, ce qui est assez facile à deviner vu le claquement de la porte du frigo. Il revient vers moi pour prendre le sac dans ma main. J’essaie de ne pas me montrer gêné et continue à sourire. Je le vois jeter un petit coup d’oeil au contenu. Je suis curieux de savoir s’il aime ou pas. Cette couleur m’a fait penser au vert des sapins, donc j’ai trouvé que ça allait plutôt bien avec cette saison. Malheureusement, Shion ne me donne pas son avis. Mais comme il a pas dit qu’il n’aimait pas cette couleur, je vais prendre sa réponse comme étant positive. Et cette pensée me plait.

Kirigaya-san me demande de l’excuser avant de poursuivre ses occupations. Je suis du regard Shion en attendant ma réponse. Je l’entendais murmurer des mots, et malgré le silence autour de nous, je ne réussis qu’à entendre le début de sa phrase. En fait c’est surtout le mot « pizza » que j’ai entendu.  «   Pizza ? Toi aussi tu aimes les pizzas ?  » Je souris tout fier, comme si c’était moi qui avais inventé ce plat. Franchement, si je pouvais en manger à chaque repas, je le ferai sans limite ! «   C’est laquelle ta préférée ?  » Je ne le lache toujours pas du regard. Je suis agréablement surpris d’avoir trouvé un potentiel compagnon de pizza. Je ris face à sa remarque sur ma taille. Il n’est pas le premier à me le dire. Berry me charriait et me charrie toujours sur notre différence de taille. Le seul avantage qu’il a trouvé par rapport à ça, c’est qu’il peut toujours monter sur mon dos. Je me décale vers ma gauche pour le laisser passer, mais il bouge en même temps vers sa droite. Je me décale de nouveau de l’autre coté mais il fait de même, nous retrouvant à nouveau face à face. J’essaie une autre tentative mais toujours le même résultat. Je ris avant de l’empecher de bouger en lui maintenant par les épaules et je m’écarte à droite pour le laisser passer. «   Qu’est ce que tu veux faire ? Connaissant ton père, il va mettre un peu de temps avant de revenir.  » J’aimerai bien profiter de ce temps pour faire plus connaissance avec Shion. C’est rare que je puisse « l’attraper » lorsque je suis chez lui.

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TENUE ✦ La première fois que j’ai rencontré Jiro il ne savait même pas qui j’étais, alors que je savais déjà tout ce qu’il avait pu faire pour mon père, bien sûr j’étais au fond reconnaissant qu’il ait soutenu et aider, voir sauver mon géniteur, mais si seulement ça n’avait pas pris une plus grosse ampleur je ne l’aurai pas autant détesté... Il m’agace, son sourire m’énerve, sa façon de vouloir faire copain/copain me saoule, je ne comprends pas, qu’est-ce qu’il y gagnerait à être mon ami ? Mon père l’adore, il lui sourit, rit, parle avec lui alors que je n’ai droit qu’à des regards distants et froids, des mots balancés sans aucune chaleur dans la voix, notre relation a toujours été ainsi, aussi loin que je m’en souvienne... Je suis ce vilain petit canard dans son existence, si le choix à l’hôpital avait été donné à mon père je ne serais pas ici aujourd’hui, peut-être que si ma mère avait pu survivre à ma place il aurait sourit plus qu’aujourd’hui, je ne suis qu’un point noir dans sa vie, s'il pouvait m’effacer avec une gomme comme on efface la trace d’un crayon je suis certain qu’il le ferait, mais loin de moi l’idée de détester mon père... Si c’était le cas je ne ferais pas tout pour m’en rapprocher, inconsciemment ou consciemment quelle importance, c’est mon père et ça me blesse simplement de voir que quoique je puisse faire il ne me remarque pas, ne me regarde pas, prends jusqu’à la défense de ce gars en face de moi, que dois-je faire pour gagner son amour ou même son estime ? Suis-je si détestable à ses yeux ? J’aimerais pouvoir lire ses pensées pour en trouver les réponses, mais c’est impossible et je ne peux que faire des suppositions et imaginer ce qu’il ressent.

Au final j’ai pris le cadeau qu’il m’a apporté, la couleur est parfaite et si je n’étais pas aussi fier et borné je m’empresserai surement de lui dire ô combien il a géré, mais je ne peux pas briser mes barrières face à lui, je ne veux pas le laisser gagner, bien qu’au fond je suis le seul à « jouer ». Je marmonne mon envie de pizza qui s’est envolé, mais ça ne semble pas avoir échappé à Jiro qui s’empresse de me faire part de son amour pour cette nourriture lui aussi, il est sérieux ? « Oh, t’aime ça ? » Je me rends compte que j’ai parlé normalement et je me racle la gorge en regardant ailleurs, putain les pizzas qui ont raison de moi, je suis trop faible... « Toutes. » plissant le nez, je souffle. « Sauf les anchois et les poivrons... » Genre je lui réponds vraiment, sérieux je me frappe mentalement, me reprenant je reviens à la charge lui faisant part du fait qu’il est quand même grand... On a le même âge, mais il me dépasse d’une bonne dizaine de centimètres, ce n'est pas énorme, mais je dois quand même lever le menton pour le regarder dans les yeux, c’est chiante putain. Voilà qu’en plus j’arrive pas à passer parce qu’on a une connexion des pas synchronisés... Génial, vraiment. Il me stop, ses mains sur mes épaules, je louche dessus automatiquement avant de finalement passé en lui jetant quand même un regard en biais. « C’est bien, tu le connais. » Lui aussi savait comment était mon père et ça m’énerve de me rendre compte ou plutôt d’imaginé qu’il puisse en savoir plus que moi, ça me rend malade. Retournant dans le salon je m’assois sur le canapé sans un mot, voyant se pointer un de mes chats grimpant sur mes genoux pour s’y coucher, faisant ses griffes sur mes cuisses. « Gr...tcht! » Rouspétais-je contre lui, ça fait mal merde ! Soupirant, c’est bien ma veine, je me retrouve dans une pièce seul avec ce... gars. Et je fais quoi ? J’ai juste envie de m’isoler dans ma chambre, mais je vois venir les reproches de mon père si je le laisse seul, alors je prends sur moi et je lui tiens gentiment compagnie...

Vu le temps que mon paternel risque de mettre, je devrai vraiment commander les pizzas ou préparer le repas... Sinon je crois que mon estomac va mourir avant l’heure.

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TENUE ✦ J’ai beau à réfléchir, je ne vois pas pourquoi Shion semble me détester. Je ne pense pas l’avoir déjà offensé, alors je ne comprends pourquoi on n’arrive pas à devenir de bons amis. Pourtant, je suis sur qu’on a tout pour s’entendre. Bon, j’avoue que je ne sais pas grands choses sur lui. Mais déjà, je devine qu’il adore les animaux. A chaque fois que je viens ici, j’ai l’impression de visiter une animalerie tellement il y a d’animaux dans cette maison. Je me souviens qu’un employé avait avoué que Shion récupérait pratiquement tous les animaux errants qu’il trouvait. Une telle personne ne peut pas être si « méchante » qu’elle ne le parait. Je suis persuadé qu’il est une bonne personne même s’il est froid avec moi. C’est peut être cette curiosité qui fait que je ne veux pas l’ignorer et le laisse tranquille. J’aimerai apprendre à le connaitre davantage, même s’il va me trouver lourd pendant un moment.

Je suis content qu’il finit par accepter mon cadeau. C’est déjà ça de gagner, même si sans l’intervention de Kirigaya-san, j’aurai sans doute du la porter moi même. Je n’entends que vaguement ce qu’il marmonne, je ne suis sur que d’une seule chose, c’est qu’il avait évoqué les pizzas. Et selon moi, la seule façon d’évoquer les pizza c’est lorsqu’on dit qu’on aime ça. Je mets ça dans un coin de ma tête, Shion raffole tout comme moi des pizzas. D’ailleurs, le fait d’avoir évoqué ce plat le rend moins froid que d’habitude. Est ce que j’avais trouvé le pont qui permettrait de nous rapprocher ? Je souris bêtement après avoir remarqué cela. «   Oui ! J’adore ça ! La prochaine fois, je te montrerai ma pizzeria préféré si tu veux. Là bas, ils servent les meilleurs pizzas que je n’ai jamais mangé !   » Rien que le fait de parler de pizza, ça me donne l’eau à la bouche. Je lui demande quelles sont les mets préférés, juste par simple curiosité. Je ris intérieurement devant sa réponse. Tout comme moi, le gout lui importe peu pour une pizza. Je suis d’accord avec lui, du moment que c’est une pizza, elle sera automatiquement bonne. Mon sourire s’agrandit lorsqu’il précise ses préférences. «   D’ac ! Pas d’anchois, ni de poivrons !   » Je le mets aussi dans un petit coin de ma tête comme si c’était une information importante. En soi, c’en était une si je voulais devenir ami avec Shion. Connaitre ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas est la base dans une amitié. Ça me permettrait aussi d’essayer de deviner les raisons pour lesquelles il ne m’aime pas. Ce n’est pas à cause de ma taille n’est ce pas ? Est ce qu’on pouvait détesté quelqu’un parce qu’il était plus grand que lui ? Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de rencontrer des gens plus grands que moi donc je ne peux pas m’avancer. Peut être que je devrais demander à Berry ? Je sais qu’il n’aime pas qu’on évoque sa taille mais ce n’est pas autant qu’il va détester les grands non ? Bizarrement, je sens que je vais me faire frapper si je tiens à demander l’avis de mon meilleur ami. Personnellement, je me fiche de devoir baisser légèrement la tête pour parler aux autres. Je comprends l’intention de Shion de vouloir passer, mais à cause de ça, je le bloque plusieurs fois de suite. Ça me fait sourire, finalement, on a une bonne synchronisation dans nos mouvements. Je le regarde passer avant d’hausser les épaules. C’est sur qu’avec le temps, j’ai appris à connaitre le père de Shion. Et j’aurai pu profiter de cet période pour en apprendre plus sur lui, si je l’avais connu plus tôt. Je trouve ça dommage d’avoir perdu ce temps. Mais maintenant que je sais, je ne vais pas commettre la même erreur.

Je le suis dans le salon, et je m’assois sur le fauteuil en face de lui. «   Il s’appelle comment ?   » Je désigne l’animal qui s’est couché sur lui. Un autre chat apparait de nulle part. «   Et lui ?   » Un troisième apparait. «   Et lui ?   » J’aimerai bien les caresser, mais ils n’ont pas l’air de vouloir venir vers moi.

«   Tu ne sais vraiment pas ce qu’on mange ? C’est bizarre parce que je n’ai pas trouvé ce qu’on est sensé manger dans la cuisine.  » Je pense que comme la plupart des employés sont absents, Kirigaya-san comptait se mettre aux fourneaux s’il n’avait pas du s’absenter précipitamment. Je souris malicieusement. «   Tu sais cuisiner ?   »  Un bon repas fait par le fils, ça peut rajouter des points non ?

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La jalousie ne permet jamais de voir les choses telles qu'elles sont. Les jaloux voient le réel à travers un miroir déformant qui grossit les détails insignifiants, transforme les nains en géants et les soupçons en vérité.

TENUE ✦ Qui au fond aime ressentir ce genre de sentiment, envier quelqu’un, le jalouser pour quelque chose qu’on n'a pas ? Si c’était un objet je ne serais pas comme ça, je m’en ficherai bien de ne pas le posséder, mais pour mon plus grand malheur c’est de mon père qu’il s’agit, d’amour paternel après lequel je cours depuis toujours sans avoir eu une once d’évolution alors que ce gars a réussi à tout obtenir en quelques heures, quelques jours, je vois là une injustice et je n’en comprends pas le sens. Qu’ai-je fait pour mériter ça ? Ai-je souhaité la mort de ma mère ? N’aurais-je pas voulu avoir une famille complète et heureuse d’après lui ? Mon père est égoïste, imbu de lui-même, il est prêt à afficher des sentiments affectifs pour un gosse de mon âge, mais moi dans tout ça je dois juste observer le cœur serrer et me taire parce que quoique je dise j’aurais tort et il ne me remarquera pas, ne me verra pas, ne m’aimera pas. Têtu, borné, je n’abandonne pas, mais quand je le vois prendre la défense de ce gars face à moi ça pourrait m’empêcher de vouloir me rattacher à cette ambition, ce rêve, ce besoin d’un jour renoué... Non, simplement nouer des liens.

Seul avec Jiro dans la cuisine après le départ de mon père, j’ai certes accepté son cadeau et même si je ne le dis pas je l’apprécie, mais je ne m’attendais pas à ce que les pizzas soient mon ennemi dans cette conversation, elles me font baisser ma garde, discuter normalement, avouant que j’adore ça ! Mais je me sens con... Pourquoi je lui réponds ? Même aux questions qui suivent je continue de lui dire mes préférences et ... aah, ça m’énerve. En plus il me propose d’aller dans une pizzeria avec lui, oye pourquoi ça tourne comme ça là ? Heyheyhey tout doux... « D’accord. » HEIN !? D’où je suis d’accord ? Non, mais non putain je me frappe mentalement c’est bon, je suis mort là ! Je veux haïr les pizzas, laissez-moi mourir sous la sauce tomate, non plus sérieusement je me suis laissé emporter et je n’arrive même pas à revenir sur mes paroles plutôt curieux de goûter aux « meilleures » pizzas d’après lui et juger selon celle que je mange d’habitude. Un soupire, je capitule pour cette fois avant que ma route ne soit barrée par notre synchronisation agaçante.

Je finis par passer avec son aide, forcément on aurait pu jouer à ce jeu longtemps sinon, pourquoi faut-il que mes pas s’accorde parfaitement aux siens, je souffle l’air de rien devant mes pensées qui s’entasse sous les questions et les agacements répétitifs, m’écroulant sur le canapé avant de me faire rejoindre par un de mes chats, Jiro en face de moi me questionne sur les prénoms et j’hésite un peu. « Minou ? Miaou ? chat ? Viens là ? » Je le regarde sérieusement. « J’en sais rien je les appelle n’importe comment, ils viennent quand même de toute façon. » À quoi bon donner des noms quand ils s’en fichent eux-mêmes ! Puis merde, pourquoi je réponds encore ? Je me frotte la tête, me maudissant de ne pas être plus « méchant » mais même si je suis jaloux de lui au point de me montrer distant, froid et piquant je ne suis pas « méchant » justement.

« ... Aucune idée. » Je me lève faisant partir mon chat, il n’y a pas de cuisiner présent en plus aujourd’hui, mais mon père ne cuisine jamais alors je vois pas pourquoi il a invité Jiro si c’est pour en plus être abonné absent toute la soirée, il me met dans l’embarras cet abruti de scientifique qui me sert de père, enfin techniquement biologiquement surtout, la science tout ça vous voyez. « Ouai... Pourquoi tu comptes à ce que je me mette derrière les fourneaux ? » Non parce que si c’est ça autant qu’il le dise clairement. Puis qu’est-ce que je ferai ? Il sait cuisiner lui ? Non attend, cuisiner ensemble ? Putain dans quoi je me lance encore, cette soirée va me rendre chèvre. Un soupire plus soutenu et je quitte de nouveau le salon pour la cuisine, qu’il me suive ou non c’est son problème, je m’en fiche. Ouvrant le frigo je cherche quelque chose, mais quoi ? Je ne sais pas moi-même. « Tu veux manger quoi ? » J’aurais peut-être dû demander ça autrement, là ça fait vraiment trop gentil, bon sang pitié on peut rembobiner la bande que j’aille me coucher dès que je suis arrivé ? Non ? Fais chier.

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La jalousie ne permet jamais de voir les choses telles qu'elles sont. Les jaloux voient le réel à travers un miroir déformant qui grossit les détails insignifiants, transforme les nains en géants et les soupçons en vérité.

TENUE ✦ La jalousie est un sentiment qui m’est inconnu. Ma mère a toujours fait en sorte que je me sente bien. Je n’ai pas de père mais c’est elle qui a joué le rôle paternel en plus de la figure maternelle. C’est grâce à ça que je n’ai jamais rien envier aux autres qui ont eu une famille complète. Je ne sais pas si c’est à cause de ma situation que Kirigaya-san est devenu affectif mais disons que d’avoir partager une situation peu commune, ça aide à nouer des liens. C’est durant cette période que j’ai su qu’il avait eu une femme. Il m’a dit qu’elle a été la personne qu’il a le plus aimé au monde. Il ne m’a jamais dit qu’elle était décédée mais je l’ai facilement deviné. Il m’a parlé de beaucoup de choses, mais jamais de Shion. J’ignore les raisons de son silence, mais c’est assez surprenant. Mais comme Kirigaya-san est si gentil avec moi, je suis persuadé qu’il l’était aussi avec Shion. Car pour moi, il n’y a aucun parent qui n’aime pas son enfant, et qu’aucun enfant déteste ses parents. C’est juste la façon de la montrer qui peut être différente d’une personne à une autre.

Les pizzas sont le remède contre tout, je le savais. En plus d’être divinement délicieuses, elles rapprochent les gens. Finalement, les pubs ne sont pas toutes mensongères. Personne ne peut résister à la puissance des pizzas. Tout masque finit par tomber et même le plus gros des méchants craquerait pour une part de ce plat. Alors il est évident que Shion fasse de même puisqu’il n’est en aucun cas « méchant ». Je réussi à avoir une conversation normale avec lui, et ça m’enchante beaucoup. En plus il accepte de venir manger dans ma pizzeria préféré ! Mon sourire s’agrandit. Je suis trop content qu’il accepte si spontanément. Il verra, je vais lui montrer toutes les bonnes pizzerias du coin ainsi que ma préférée. Il a pas idée à quel point cette idée me fait plaisir. Après tout, c’est une des premières fois, si ce n’est la première fois qu’on arrive à discuter normalement. Je crois que je n’ai jamais autant vénérer les pizzas de ma vie. Certes pour certains ce n’était pas grand chose, mais pour moi, je voyais ça comme un premier mais immense pas en avant. En parlant de pas, les nôtres sont plutôt bien synchronisés. Sans mentir, ça m’amuse et je sens qu’on en aurait eu pour longtemps si je n’avais pas décidé d’agir.

Je le suis jusqu’au salon et me place face à lui. Je ne suis pas le seul à le suivre car une horde de chat arrive. La réponse de Shion me fait rire. C’est rare qu’on ne nomme pas ses animaux. «  Ça doit être parce qu’ils t’aiment bien.  » Car j’ai beau à appeler par tous les noms qui me viennent à l’esprit, jamais un animal ne viendra spontanément à moi. Quelqu’un aimé par les animaux ne peut pas être si froid qu’il le laisse apparaitre. La preuve, il finit toujours par répondre à mes questions.

Alors lui non plus il n’a pas idée de ce qu’on va manger. Mes yeux le suivent dans son mouvement. Qu’est ce qu’il compte faire ? On va me prendre pour un invité ingrat mais c’est rare que Kirigaya-san m’invite sans rien préparer. Mais d’un côté, ça peut être marrant si on devait s’occuper de nous préparer à manger. J’esquisse un sourire. Alors lui aussi il compte préparer le repas qu’on allait manger ? D’ailleurs, je suis plutôt rassuré qu’il sache cuisiner. A vrai dire, je ne suis pas doué en cuisine. Si on ne devait compter que sur moi, je risquerai de nous empoisonner. Cependant, je suis empli de bonnes volonté à aider Shion s’il compte cuisiner. Il se dirige de nouveau vers la cuisine et à nouveau, je vais le suivre. Je reste un peu en retrait. Shion fouille dans son frigo à la recherche d’ingrédients. Et à ma grande surprise, il me demande ce que je souhaite manger. Waou ! Je ne veux pas afficher mon immense joie pour ne pas l’embarrasser et qu’il regrette ensuite sa question, mais je suis content. J’aurai bien dit pizza mais je doute que Kirigaya-san apprécierait. «  Curry ! Et omelette repliée ! » S’il savait faire ces plats ce serait génial ! Ce sont mes plats japonais préférés. «  Tu sais faire ?  » demandai-je avec beaucoup d’entrain et avec une certaine curiosité.

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TENUE ✦ Pour être jaloux il faut avoir une raison, je pense que si mon père avait fait attention à moi dès le début j’aurais accepté, remercier et peut-être même considéré Jiro comme un frère, un allié. Mais l’absence d’amour, de sourire ou de regard affectif n’a pas aidé et a créé cette boule de nerf, ce sentiment inconfortable que je ne peux arrêter et qui continue de grandir, je ne sais pas comment faire pour la stopper, le jalousant un peu plus chaque instant qu’il passe aux côtés de mon père. Je me comporte comme un gamin avec lui, le détestant, le haïssant, le fuyant, l’évitant, refusant jusqu’à ses sourires et son amitié, mais il ne semble pas vouloir lâcher et revient me parler encore et encore avec surement l’espoir que je baisse les armes, chose qui se passe à cause de... Pizza. Ces choses-là seront la cause de la fin du monde, ou peut-être seulement du mien ? Mais parler de cette nourriture si délicieuse a de lourdes conséquences sur ma mauvaise foi, répondant à chacune de ses questions et pire que tout... acceptant de le suivre jusqu’à sa pizzéria préférées, bon Dieu qu’est-ce qui me passe par la tête ? Je m’insulte silencieusement de triple andouilles avant de soupirer prêt à me taper la tête contre le premier mur que je verrais, mais au lieu de ça je joue à synchroniser mes pas aux siens, pourquoi faut-il que je ne sois sur la même longueur d'onde que cet abruti ? Mais bon, ça se termine grâce à son intervention sinon on y aurait passé la journée et mes nerfs avec.

Les chats sont un peu collants avec moi, je les ramène dans cette maison dès que j’en trouve des abandonnés, c’est plus fort que moi et ils se sont surement attaché à moi avec ça, les animaux ne sont pas idiots. Mais je ne leur donne pas de noms, à quoi bon ? Ils viennent peu importe comment je les appelle. « Surement. » Au moins eux ils m'aiment... Et c’est vrai... je réponds toujours à ses paroles, pourquoi ? Je ne peux pas juste me taire et faire genre qu’il n’existe pas ? Non, bien sûr. Quel intérêt. Bon et sinon on mange quoi ? En effet c’est une bonne question, mon père s’est barré, il ne cuisine jamais, pas d’employés pour s’en occupé et nous on poirote comme des cons me forçant à « converser », quelle soirée. Fouillant dans le frigo après être revenu dans la cuisine, j’ai la bonne idée de demander à Jiro ce qu’il veut manger, depuis quand je m’occupe de ce qu’il veut d’ailleurs ? Aidez moi, je vais y perdre mes cheveux... la chauve attitude me guette. Misère. Curry ? Omelette ? La prochaine fois je lui donne le numéro de la pizzéria, ça sera plus rapide. Mais non, j’ai juste à dire que je ne sais pas faire et ça réglera tous mes problèmes ! « Oui. » Quoi oui ? Non, putain j’ai dis non, mon cerveau me troll, c’est mon ennemi, je ne vais pas m’en sortir si même lui se met à contrer mes pensées... Un lourd soupir, j’ai envie de m’écrouler et de disparaitre.

« Va pour du curry... » Soufflais-je doucement résigné, mais pas pour autant décidé à devenir son pote ! La faim parle, c’est tout. Sortant les plats qu’il me faut ainsi que les ingrédients, je lui demande le dos tourné sans prendre la peine de lui faire face. « Tu comptes me regarder faire ou salir tes mains ? » Non parce que si c’est juste pour me regarder je préfère qu’il dégage dans la pièce d’à côté...

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TENUE ✦ Bien qu’à la base je sois venu pour passer du temps avec Kirigaya-san, je ne suis pas néanmoins mécontent qu’il ait du s’éclipser, laissant Shion avec moi. Car grâce à ces minutes passées ensembles, je sens déjà que le masque de Shion tombe petit à petit. Il se montre de moins en moins froid avec moi. J’avoue que sans l’aide des pizzas, je n’aurai pas accompli ce premier pas aussi « facilement ». En fait, c’est avant tout parce que nous partageons cette « passion » commune qu’il a pu « baisser sa garde ». Je suis persuadé qu’on finira par bien s’entendre, et le fait qu’il aime les pizzas est une preuve significative. Entre pizza buddies, on ne peut pas se détester non ? Et puis, il aura beau à faire semblant d’être une personne distante, sa vraie nature finira pas se dévoiler. On ne peut se mentir à soi même.

L’attitude qu’a les animaux avec Shion me prouve à nouveau qu’il ne peut pas être si vilain que ça. Ces bêtes sont beaucoup plus perspicaces que les humains. Ils ressentent tout de suite l’amabilité d’une personne. C’est tout de même intriguant que Shion ne nomme pas ses chats. C’est la première fois que je vois quelqu’un faire ça. D’un côté, ce n’est pas si bête de sa part, car du moment que les animaux viennent à lui, peu importe l’appellation. Il me répond une nouvelle fois et ça me fait sourire. Je pense que je pourrai bientôt avoir une conversation complète avec lui. En fait, depuis le début, il ne m’a jamais ignoré. J’ai toujours eu droit à des mots ou à de courtes phrases en guise de réponse. Ça signifie que je ne suis pas si insupportable que ça non ? Cette pensée me suffit pour ne pas relâcher mes efforts. Je lui demande ensuite ce qu’on allait manger, car je ne vois pas les employés, habituellement présents, préparer le repas. D’ailleurs, je pense que Shion se pose la même question puisqu’il va vérifier ce qu’il a dans son frigo. Je le suis naturellement jusqu’à la cuisine et attends le verdict. M’attendant à une réponse du type « on mange ça. », il me pose la question de se que je souhaite manger, comme en parfait hôte, ou en bon ami. Avant qu’il ne regrette de m’avoir demander mon avis, je lui fais part de ce que je souhaite manger. Curry et omelette ! Et quelle chance qu’il sache cuisiner ces plats ! « Waouh ! » Mes yeux s’écarquillent pour montrer toute mon admiration. Ça veut dire qu’il va cuisiner du curry ?!

Sa phrase me répond. «  Yes !  » Shion va faire du curry ! Je vais manger du curry ! Je chantonne ces paroles dans ma tête. Je l’observe sortir les ingrédients, sous l’oeil intéressé. Je m’en remet toujours pas. Je vais pouvoir manger du curry fait par Shion ! «  Ah désolé ! J’arrive !  » Je me dépêche de me laver efficacement les mains avant de me mettre à côté de lui. «  Je dois faire quoi ?  » Je n’ai pas envie qu’il me chasse de la cuisine, alors je ne dis pas encore à quel point je suis nul. Qui sait, peut être que je vais avoir une illumination et que je ne créerai pas de catastrophe !

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TENUE ✦ Mon père invite et moi je me coltine l’invité, tout est si logique dans cette famille, mais bon, maintenant que j’ai commencé à parler avec lui je suis bien obligé d’avouer que je ne peux pas le « virer » ou le mettre de côté comme une merde... Je pourrais, mais je ne peux pas, pourquoi est-ce que je suis si compliqué et surtout si contradictoire entre ma façon de penser et ma façon d’agir que j’ai juste envie de me frapper moi-même. Désespéré, sérieux, cette situation est frustrante. J’ai beau me dire que je le déteste et être jaloux de lui quoi qu'il dise, quoi qu'il demande, mes lèvres s’articulent pour lui répondre, certes je ne suis pas très enthousiaste dans le ton employé, je ne fais pas non plus de longue phrase bien construite ou très amicale, mais je réponds... Toujours, encore et encore, je continue de répondre, me maudissant d’être si... Arrrg, bref. Il est temps de s’occuper du repas, pas vraiment le choix si on souhaite manger quelque chose, mon père ne va pas revenir avant un bon moment et plus encore s'il se perd dans ses expériences et je n’irais pas le chercher de toute façon, alors autant que je me prépare à passer la soirée avec Jiro.

Curry... Omelette. Pourquoi j’ai demandé ce qu’il voulait manger déjà ? J’en sais rien putain, mais je l’ai fait et je suis encore plus piégé quand mon cerveau me troll, refusant catégoriquement de suivre mes pensées pour laisser échapper la vérité, pourquoi je sais cuisiner ? Pourquoi je suis con ? Je devrais arrêter de me prendre la tête sinon je vais finir par exploser... Quand on n'a pas de mère, qu’un père s’en fiche et que les employés ont des jours de congé on apprend à se débrouiller, c’est pourquoi je sais être autonome depuis bien des années maintenant, cuisine, ménage, ma chambre je m’en occupe tout seul, mes secrets y sont enfermés, mon studio aussi, ma vie est à la fois ordonnée et désordonnée. Maintenant que je me suis engagé à lui faire du curry je ne vais pas revenir dessus, il semble si heureux, pourquoi il est toujours si content d'ailleurs, j'ai l'impression que quoique je dise il ne sera jamais vexé... Je le soupçonne d’avoir une case en moins ce n'est pas possible autrement.

Je sors les ingrédients, viande, pomme de terre, poireau, carottes, Riz, pâtes de curry... Tout est sur la table, les plats aussi, mais il compte m’aider ou bien me regarder parce que je n’ai aucune envie de bosser en le sentant me fixer. Je le regarde sans me douter qu’il a des mains gauches en cuisine... Lui montrant les carottes. « Tu peux les éplucher. » Un soupire plus tard je m’occupe de couper la viande, c’est un peu le centre de tout et la cuisson est un peu plus long aussi, alors débutons par là. « Il y a les patates aussi à faire quand tu as fini. » Autant noter la liste, bien que je risque de vite me rendre compte que ça ne va pas être facile.

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TENUE ✦ Je pense que j’ai beaucoup de chance aujourd’hui. Je ne suis pas une fusée en maths, mais je sais que la probabilité que Kirigaya-san m’invite le jour où ses employés ne sont pas là, puis que Shion rentre pendant qu’on discute et qu’il nous laisse pour faire ses expériences, est faible.Tout est fait en sorte que je passe un peu de temps avec Shion. En plus, les circonstances amène à ce qu’on doit nous même préparer notre repas. A vrai dire, si Shion ne sait pas cuisiner je pense qu’on aurait fini par acheter des plats à emporter pour ne pas intoxiquer son père. Car je ne sais pas cuisiner. J’ai beau à aimer la nourriture, je n’arrive pas à préparer de bons plats. La seule chose que je sais faire c’est de mettre de l’eau chaude pour les nouilles instantanées. Et encore, je rate souvent le timing et du coup elles deviennent trop molles et dégoutantes. Je suis devenu trop dépendant de ma mère. Elle a l’habitude de me préparer de bons plats et je n’ai pas besoin de rentrer dans la cuisine si ce n’est que pour la nettoyer. Je pense que je mourrai en premier si j’étais sur une ile déserte, juste parce que je risque de manger trop d’aliments trop grillés ou justement pas assez.

Shion me demande ce que je souhaite manger. Ça sonne comme s’il a des connaissances en cuisine. Je tente ma chance en disant que du Curry et/ou omelette seraient parfait, puis je lui demande s’il sait faire. La chance me sourit toujours autant, car Shion m’avoue spontanément qu’il sait faire. Youpi ! Je suis aux anges ! Rien qu’un bon curry pour nous réchauffer en ce temps froid ! Il m’en faut peu pour être heureux. Comme le dit si bien la chanson du livre de la jungle, il faut savoir se satisfaire du nécessaire. Et puis je suis curieux de gouter à la cuisine de Shion. Et sans m’en rendre compte, je suis resté immobile, à l’observer sortir le nécessaire pour la préparer.

Ce n’est que lorsqu’il me fait la remarque que je me rends compte de mon impolitesse. Je secoue légèrement la tête ! J’ai perdu toute mes bonnes manières juste à cause de mon enthousiasme ! Je me ressaisis et me met à côté de Shion. Franchement, cette situation m’amuse beaucoup. Rien qu’un bon travail d’équipe pour créer une amitié ! J’espère qu’il ne va pas remarqué mon manque de savoir faire puisque j’ai réellement deux mains droites en cuisine, étant gaucher. Je ne perds pas espoir et me montre confiant. Il me montre les carottes. «  Yes sir !   » Mais comment on épluche une carotte ? Je voulais lui demander mais il semble être occupé avec la viande. Je fais la moue pour réfléchir, je n’ai pas envie de le déranger avec ça. Il me confie aussi les patates à faire. «  Ok !   » Mais tout d’abord mission carotte ! Bon, ça ne doit pas être si difficile que ça. J’ai vu dans les films comment on épluchait les pommes, ça doit être pareil non ? Je jette un coup d’oeil autour de moi et prend le premier couteau sous la main, sans me soucier réellement de la taille de l’objet. Mais en y réfléchissant bien, ce long couteau me semble approprié puisqu’une carotte est grande. D’après mes souvenirs, ils font des tours avec le couteau en largeur. Ok ! C’est parti ! Non, je n’ai pas peur de la lame qui dépasse largement de la carotte.

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TENUE ✦ Que ce soit un coup foireux du destin ou quoique ce soit d’autre, le fait que je doive passer la soirée seul avec ce gars-là ne m’enchante pas, il n’est pas difficile de comprendre que je ne l’apprécie pas ou plutôt que je me montre distant avec lui, ça aussi il a dû le remarquer, mais le fait de devoir partager une activité ensemble m’oblige à lui parler, déjà que je me suis montré bavard répondant à chacune de ses questions ou de ses paroles, voilà que je suis derrière les fourneaux pour lui préparer du curry... Depuis quand je n’ai pas cuisiné pour quelqu’un ? En fait je crois que c’est la première fois que je fais à manger à un d’autre que moi, habituellement les employés s’en chargent quand on a du monde... Je suis bien obligé de baisser les armes pour ce soir, ce qui ne veut pas dire que je vais devenir son ami ! Je le déteste toujours... Il m’énerve, son sourire m’énerve, sa voix m’énerve, sa gentillesse m’énerve, sa taille m’énerve ! Tout en lui m’énerve, même son regard ! Raah, tout me fait grandement chier chez ce mec ! Mais je n’arrive pas à lui mentir et résultat... je suis là, à couper la viande en morceau lui demandant de s’occuper des légumes, carottes, pommes de terre, il doit mettre la main à la pâte aussi, sinon je vais le virer à coup de pied au cul de cette pièce ! Je ne me doute pas une seconde qu’il est... nul.

Non, je ne le regarde même pas, faisant ce que je dois faire, le plus long est de cuire la viande, alors je dois me dépêcher de la mettre sur le feu, lui faisant « confiance », mais quand je me retourne pour prendre un ustensile, j’écarquille les yeux sur sa façon de tenir le couteau et surtout quel couteau... Automatiquement je m’approche de lui en chopant son poignet le stoppant net. « Oye ! Qu’est-ce que tu fous là ? » Je le fixe sérieusement, avant de lui prendre le couteau des mains. « Ne me dis pas que tu ne sais pas éplucher des légumes ? Tu veux perdre un doigt abruti ! » Gueulais-je et encore je suis gentil. Un lourd soupire, je me calme en prenant un autre couteau adapté et en lui montrant comment on fait agilement, en deux minutes la moitié des carottes sont épluchées... « Tu es vraiment inutile, tu n'as jamais cuisinée de ta vie ? Je pensais que tu étais pauvre, ah... ta mère s’occupe de tout je parie. » Ça pourrait sonner comme un reproche accusateur, mais pour le coup c’est simplement une constatation, si j’avais ma mère, surement que moi aussi je ne saurais pas cuisiner.

« Ramène tes fesses ici, je vais te montrer, si tu te blesses c’est ton problème. » Je montre mes mouvements au ralenti, de la tenue du couteau a celle de la carotte, glissant de haut en bas pour virer la peau, lui tendant les deux pour qu’il les prenne en main. « Essaye, il reste encore les patates dépêches-toi et si tu y arrive pas, sors de là. » Revenant vérifier la viande pour qu'elle ne brule pas pendant que je m’occupe de l’autre idiot, elle semble encore avoir besoin de cuisson avant d’y mettre les légumes, j’ai l’impression que je vais devoir accélérer le mouvement en l’aidant de ce côté, sinon on n’y arrivera jamais.

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TENUE ✦ Atelier cuisine ! Si ce n’est pas drôle ça ! Je n’ai aucune compétence en cuisine mais je suis sur qu’on s’amusera bien. Et puis, c’est plus fun quand on fait des choses qu’on n’a pas l’habitude de faire. J’ai toujours laissé ma mère préparer mes repas. Lorsque j’étais plus jeune, pour moi, c’était « normal » qu’elle me prépare à manger. Elle me disait toujours que la cuisine était un endroit dangereux pour un enfant d’entrer dans la cuisine, alors je n’y allais jamais. Mais si je la laisse occuper des repas, c’était moi qui gérais le ménage. Bon, le rangement c’était aussi elle, sauf pour ma chambre où c’était Berry. Quand j’ai atteint l’âge où ma mère ne me considérait plus comme un enfant, j’ai essayé d’apprendre à cuisiner avec elle. Je ne me souviens plus parfaitement de ce qu’on a fait mais ma mère m’a vivement déconseillé de refaire l’expérience. Je crois que je l’ai traumatisé avec ça. Pourtant je n’ai aucun souvenir d’un quelconque incident. Je pense qu’elle a eu trop peur pour moi. Depuis cette fois, j’ai retenté plusieurs fois de cuisiner et à part créer des catastrophes culinaires, je n’ai eu aucun incident. Mais là, ça doit faire depuis un petit moment que je ne me suis pas mis derrière les fourneaux.

Mais comme l’occasion se présente, je ne vais pas la rater. Surtout que ce serait vraiment dommage puisque Shion fait l’effort de cuisiner. Et même si ça n’en avait pas l’air, il m’a proposé de l’aider. Je joue le joue en lui demandant ce qu’il faut faire. Eplucher les carottes et les patates ça ne doit pas être si compliqué que ça. Je ne dois pas décevoir Shion que me fait confiance ! C’est donc avec beaucoup de motivation que j’attrape le grand couteau pour commencer à « éplucher » la carotte. Je ne me pose pas de question quant à la lame de couteau qui est vers moi, ni à mon pouce qui est dans le même plan que la lame. Ce ne sont que des détails pas important. Pour réussir en cuisine, il ne faut pas avoir peur ! Mais ce n’est vraiment pas facile d’enlever la peau, j’ai l’impression qu’après mon passage, j’enlève plus la carotte que la peau… Tellement « concentré » à ma tache, je ne vois pas Shion s’approcher. Ce n’est que lorsqu’il m’attrape le poignet que je remarque sa proximité. Qu’est ce que je fous ? « J’épluche la carotte. Pourquoi ?  » avouai naturellement. Ce n’est pas ce qu’il m’a demandé de faire ? Il me prend le couteau des mains. Je le regarde, incompréhensif. Je fais comment pour éplucher maintenant ? Il me cri dessus mais je souris bêtement à la place. Il a cramé que je ne savais pas éplucher des légumes. Shion change de couteau et épluche en moins deux plusieurs carottes. Il est rapide ! Rien à voir avec ma technique. J’affiche un sourire embarrassé, il a raison. Ma mère a beau à me dire que je suis le fils parfait, je ne peux pas l’aider en cuisine. « Ça se voit tant que ça ? » demandai je avant de lâcher des rires.

Je hoche la tête avant de m’approcher de lui. Bien sur que ce serait mon problème si je me blesse. Je n’avait nullement l’intention d’accuser Shion de quoi que ce soit. Il me montre lentement les mouvements à faire. De haut en bas. J’attrape le couteau et la carotte. Non, je ne sortirai pas de la cuisine ! Je mets la carotte dans la paume de ma main droite, et avec ma main gauche je glisse le couteau le long de la carotte, comme Shion me l’a montré. Je suis pas aussi rapide que lui mais je m’en sors déjà mieux qu’avant. Comme Shion a déjà épluché la moitié des carottes, je passe « rapidement » aux pommes de terres. La forme est différentes mais le principe est le même. Légume dans la paume et toujours les mouvements de haut en bas. Comparé à la carotte, éplucher une patate est plus lent à cause de leur forme ovale. Au bout d’une minute je finis ma première patate ! Je suis tout content héhé ! Mais je ne dois pas me reposer sur mes lauriers. Je continue ma tache tranquillement, ne sachant pas du tout qu’il fallait faire attention au temps. J'attends qu'il se tourne vers moi. «  Alors ? Je suis un bon élève ?  »

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La jalousie ne permet jamais de voir les choses telles qu'elles sont. Les jaloux voient le réel à travers un miroir déformant qui grossit les détails insignifiants, transforme les nains en géants et les soupçons en vérité.

TENUE ✦ Je savais que faire la cuisine ensemble allait sembler étrange, mais lorsque mes yeux se posent sur lui avec ce long couteau bien trop gros pour éplucher une pauvre carotte, j’avoue avoir réellement pris peur... Il m’a fait flipper, mais je ne lui dirait pas, je me fiche qu’il se blesse... Enfin même si je le déteste c’est faux, je n’ai aucune envie de le voir perdre un doigt, mais il me désespère sérieusement ! Il ne sait pas couper une carotte, pourquoi il ne le dit pas ? Il veut prouver quoi en faisant ça, bon sang il me saoule, ce mec est un véritable boulet. « Pauvre idiot... » Je n’ai pas d’autre mot, je finis par lui montrer comment faire avec un couteau déjà plus adapté, je pourrais tout faire tout seul plus vite que lui, mais je n’ai pas l’intention de bosser en solitaire sur ce repas, il a voulu m’aider qu’il le fasse bien non de Dieu. « Pire que ça... » Je ne mâche pas mes mots, mais en tout cas c’est une évidence totale, il a sa mère comment lui en vouloir pour ça, le pire c’est que je ne suis en aucun cas « jaloux » de cette maman, je suis même content pour lui, la seule raison qui me pousse à le haïr c’est seulement mon père, uniquement mon père... Et ok, un peu son caractère de joyeux loufoque, il me fait penser à simplet dans blanche neige ! C’est affreux.

Je suis gentil, je lui montre comment faire, lui rappelant que s’il se blesse c’est son problème ! S'il veut il peut sortir, mais bizarrement j’ai la sensation qu’il ne le fera pas, alors je lui laisse sa chance, espérant qu’il a bien suivi la leçon et qu’il sache reproduire un minimum ce qu’on lui apprend sinon je vais exploser je vous jure. Je retourne à ma viande le laissant faire non sans jeter des coups d’œil vers lui par précaution, j’ai beau dire je ne suis pas rassuré... Et déjà prêt à bondir en cas de souci, bon sang c’est frustrant. Il a terminé les carottes, mais la viande est bientôt prête et les patates ne sont même pas encore faites, je viens chercher les carottes pour les couper en carré dans la poêle, mettant le feu au plus bas avant d’attraper les patates, l’aidant à les éplucher rapidement et rajoutant les terminer après les avoir rincés dans la poêle a leurs tours. « Super, bravo, mais tu vois faut bouger ses fesses sinon ça va cramer. » Finalement on a réussi à tout mettre, je remonte le feu après avoir mis les autres ingrédients, il faut préparer le riz dans la marmite, je le verse et fais comme d’habitude, plus que la cuisson et tout devraient être ok, la sauce commence à sentir d’ici, une bonne odeur qui laisse présager que ce n’est pas aussi raté que ce qu’on aurait pu imaginer durant la préparation. « Bon, faut qu’on mette la table. » Je sors les couverts et tout ce qu’il faut, jetant un regard explicite à Jiro... « Tu as déjà mis une table... hein ? » Sait-on jamais, je préfère demander, aussi ironique que ça puisse paraître.

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TENUE ✦ Je n’ai pas caché intentionnellement le fait que je ne savais pas cuisiner. Comme il me l’a pas vraiment demandé si je savais cuisiner, j’ai tenté le coup. Ce n’était pas pour de la frime mais je ne veux pas le laisser travailler seul. Et si je disais que je ne savais pas faire, il m’aurait surement virer de la cuisine. Finalement, ce n’est pas vraiment intentionnellement que j’ai caché ce « détail ». Je commence à éplucher tranquillement mes carottes. Je n’ai pas conscience du danger potentiel, d’ailleurs je n’ai jamais eu un instinct de survie très développé. C’est la raison pour laquelle j’ai foncé droit dans les ravisseurs de Kirigaya-san avant même d’appeler la police. Shion m’enlève le couteau des mains et me traite d’idiot. La seule réponse que j’ai eu est de sourire bêtement. Ce n’est pas le premier à utiliser ce mot pour me décrire. Berry me le dit souvent aussi. Je ne le prends jamais mal, car c’est en partie la vérité. Ça a du bon à ne pas être trop intelligent, ni de savoir tout faire, on apprend de nouvelles choses plus facilement. Comme éplucher les carottes par exemple.    J’observe Shion faire ce que je devais faire. Il a prit un couteau plus petit et en moins de quelques minutes, il a déjà épluché la moitié des légumes. «  Héhé » Ma mère est la personne la plus importante pour moi. C’est une femme forte qui se tue au travail mais qui arrive tout aussi bien à gérer sa famille. Je fais tout pour alléger ses tâches ménagères mais la cuisine est vraiment mon talon d’Achille. Je n’y arrive pas. La seule solution que j’ai trouvé est de rester plus souvent au dortoir.

Mais grâce à Shion, je pourrai peut être l’aider à éplucher les légumes ! Il me montre gentiment comment il faut faire en ralentissant ses mouvements pour que je comprenne. Ce n’est pas si difficile que ça quand on comprends. Shion me laisse gérer les carottes. Je ne sais pas ce qu’il fait mais ça a l’air d’être beaucoup plus compliqué que d’éplucher des légumes. Mais comme s’il me surveillait depuis le début, il récupère les carottes au moment où je les ai terminé. Shion découpe rapidement les légumes en carré. Ça a l’air drôle. Je me reconcentre à nouveau sur mes patates. Je crois que je suis trop lent car Shion arrive pour m’aider. Le temps que je mets pour faire une pomme de terre, lui, il l’utilise pour en faire 3. Donc avec lui, tout va beaucoup plus vite et les patates sont prête à être cuisinées. «  Cramer ? Ok j’accélère mon rythme !  » Hors de question de cramer le curry ! Moi j’ai l’habitude de préparer des plats pas bons, mais je ne peux pas laisser Shion ainsi que son père manger ça. Je coopère de mon mieux avec Shion même si c’était ce que je faisais depuis le début. En fait, il ne m’a plus vraiment mis en contact avec la nourriture, je ne faisais que passer les ustensiles qu’il avait besoin. Ça ne me gênait pas, tout médecin a besoin de son infirmier ! L’odeur du curry parfumait la cuisine. Une bonne odeur qui ouvre l’appétit. En tout cas, à en juger par l’apparence, c’était une réussite. Je ris. «  Oui ! Laisse moi faire !  » Je prends les couverts, verres, serviettes et sors de la cuisine. Sur la table, j’installe esthétiquement tout ce que j’ai sorti. Il ne manque plus que l’assiette de curry pour que ce soit parfait. Je rejoins Shion dans la cuisine où je constate à nouveau la délicieuse odeur. «  Ça sent trop bon ! C’est prêt dans combien de temps ?  » Je m’approche inconsciemment de la marmite de sauce. «  Je peux gouter ?  » Rien qu’une petite cuillère fera l’affaire. Cette bonne odeur est juste trop tentante.

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TENUE ✦ Je ne peux pas deviner quand quelqu’un est nul, je ne vais pas demander à tout le monde « Hey tu sais cuisiner ? » enfin logiquement il m’a demandé si je savais faire du curry, je n’allais pas lui rendre la question alors que je trouve déjà être assez bavard avec cet idiot. Je vous jure utiliser un couteau cinq fois plus gros qu’une carotte, c’est pire que se mettre la corde au cou, qu’il se coupe directement les mains tant qu’il y est comme ça on en parle plus. C’est quoi ce « héhé » ? Je le fixe un instant avant de soupirer, bon sang, qu’est-ce que j’ai fais au juste pour me retrouver à lui montrer comment éplucher des légumes ? Enfin au moins il pourra peut-être s’améliorer pour la prochaine fois... Enfin, pas avec moi ! Pitié. Je continue de m’occuper de ma viande et de la cuisson, lui rappelant qu’on n'a pas le temps de s’endormir sur nos lauriers s’il veut que ce soit bon, j’ai déjà pu mettre les carottes dans la poêle, mais les patates sont encore au stade de l’épluchure, donc je m’y met aussi, l’aidant et terminant rapidement. Maintenant que tout est en train de cuire il n’y a plus qu’à attendre que cela soit prêt, je propose de mettre la table, mais par précaution et sureté je préfère demander s’il sait s’en occuper, sait-on jamais comme je disais, s’il casse tout je le tue et lui met de gros, d’énorme coup de pied au cul je vous assure. Mais il me dit de le laisser faire, je ne suis pas très serein, mais ok. Je le laisse s’en occuper continuant de surveiller que le curry cuit bien, l’odeur remplissant très vite la cuisine, ça semble bon.

Jiro revient et je remarque qu’il n’a rien cassé, cool. Dans combien de temps, je le regarde puis repose mes yeux sur la marmite. « Encore un quart d’heure. » Par là, il faut laisser mijoter assez de temps pour que la sauce devienne un peu épaisse avec le curry. Je tourne, tourne pour que ça ne colle pas, a la question du plus grand je soupire et attrape une cuillère que je plonge dans la sauce la ramenant aux lèvres de Jiro. « Souffle avant... ou brule-toi je m’en fiche... » Je fais le dur, mais je fais quand même attention à lui, je me blase moi-même avec mes contradictions. J’espère pour lui que c’est bon, je recommence pas de toute façon ! Lui reprenant la cuillère je goute à mon tour par curiosité, savoir si c’est vraiment bon ou non, vu le bordel pour couper les légumes, j’ai des doutes. Mais ça semble plutôt réussi... Cependant, si mon père se pointe pas dans les dix minutes je doute qu’il mange avec nous, il est vraiment culotté celui-là des fois.

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TENUE ✦ J’ai profité du fait que Shion ne connaissait pas mon incompétence en cuisine pour pouvoir continuer à rester dans la cuisine. Je n’avais pas envie de l’attendre dans le salon à ne rien faire et de gâcher cette opportunité. Et comme il avait l’air occupé avec sa viande, je ne voulais pas non plus le déranger au risque de me faire jarter de la cuisine. Abandonner maintenant c’est comme si je n’avais fais rien fais, surtout que je n’ai nullement l’intention d’abandonner. Je n’avais pas remarqué qu’il existait plusieurs types de couteau. Pour moi, du moment qu’il avait une lame et que ça coupe, c’était un couteau. Je n’ai pas pensé que s’il existait plusieurs formes, c’est qu’il devait avoir une raison. Et même si je l’avais remarqué, je déduirais facilement que la taille du couteau dépend de celle de la main de l’utilisateur. Comme j’avais de grandes mains, ça ne me choquait pas d’utiliser le grand couteau. Par contre, Shion n’était pas du même avis. Je crois que je l’ai fait peur avec mon couteau, ou du moins, je l’ai surpris. Ce n’était pas dans mes intentions de vouloir le surprendre mais c’est drôle de voir une autre expression de celle qu’il a d’habitude. C’est comme si il se « trahissait » et se montrait de plus en plus vrai avec moi. Shion m’aide même à finir les patates. Bon, c’est parce qu’il ne veut pas rater le curry, mais ce n’est pas l’importance. Car il aurait simplement pu me virer de la cuisine et le laisser seul mais il ne l’a pas fait. Je doute que je me serai laisser faire de toute façon.

Shion me laisse m’occuper de la table. Je ne suis peut être pas doué, mais je ne suis pas maladroit au risque de casser les biens de Shion. Heureusement d’ailleurs, sinon je me serai fait virer de mon boulot depuis un bon moment. Et surtout, Shion risquerait d’encore plus me détester si je fais des bêtises. Pour le moment, je m’en sors plutôt bien. Enfin bon, je ne veux pas parler trop tôt non plus. «   Un quart d’heure ?! Tu crois que ton père aura fini ? » Car il ne faut pas oublier Kirigaya-san ! Je pense qu’il sera ravi de gouter au plat qu’a préparé Shion. Mais ça veut aussi dire que pendant quinze minutes, je vais devoir regarder Shion tourner le curry sans avoir le droit de gouter ? Alors que l’odeur me picote délicieusement mon nez ? C’est une torture ! Je demande néanmoins de gouter la sauce et Shion accepte puisque je le vois ramener la cuillère à mes lèvres. Je baisse un peu la tête pour lui faciliter le mouvement. Je m’apprêtais à me jeter sur la sauce et à me bruler la langue au passage mais heureusement Shion m’averti à temps. Je souris, il est vraiment sympa ! J’applique son conseil, celui de souffler pas celui de se bruler, bien évidemment, avant de gouter la sauce. Ça reste encore chaud mais c’est supportable. «   C’est bon !  » On avait réussi ! Mais quelle idée de vouloir gouter un petit peu car ça me donne encore plus faim. «   Je peux avoir une autre cuillère ?  » J’ai totalement oublié qu’on allait manger dans quinze minutes, je fais juste mon gros gamin à en réclamer toujours plus.

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TENUE ✦ Au moins maintenant je sais qu’il ne faudra pas que je me fis à lui si... par je ne sais quelle malchance nous finissons par cuisiner de nouveau ensemble, j’espère que cela n’arrivera pas, je ne compte pas tout lui apprendre et faire face à un suicidaire qui ne réfléchit pas avant de manier les « choses » dangereuses, je vous assure, j’ai eu l’impression de surveiller un enfant alors qu’il s’attelait à découper les carottes, ce n’est pas amusant. Normalement j’aurais simplement dû le laisser et tant pis s’il se coupe, se blesse ou autres, mais c’est plus fort que moi je suis obligé de réagir et croyez-moi, cette partie de moi ne m’a jamais autant agacé qu’à cet instant. En tout cas la viande cuit tranquillement, les légumes sont ajoutés, le curry est en pleines cuissons, il ne reste plus qu’à patienter un peu... Un quart d’heure ça passe plus vite qu’on ne le croit, je tourne toujours ma marmite, il me manque plus que le petit tablier et j’aurais l’image parfaite de la femme au foyer, omg, merci pour cette image, il vaut mieux la censurer. Mon père... Je soupire. « Aucune idée. » C’est balancer froidement, mais sincèrement là, je n'ai aucune envie de parler de mon paternel avec lui, d’ailleurs s’il pouvait ne pas remonter ça m’arrangerait, bien que je ne veuille pas rester avec cet idiot... manger avec les deux ensemble, j’en suis déjà agacé.

Il veut gouter, je lui donne une cuillère, le voyant s’abaisser et encore une fois je le préviens pour pas qu’il se brule me donnant des gifles mentalement, bon sang, je n'ai pas eu de mère et pourtant j’agis comme tel, c’est frustrant. Bon il trouve ça bon, c’est déjà ça, la cuisson n’est même pas encore terminée, il a juste eu droit au premier avant-gout du plat final, je goute aussi pour essayer de voir s’il ne manque rien et on dirait bien que tout est ok, parfait. « Rêve. » Je balance en lui jetant un regard sévère. « Tu n'es pas possible comme mec, prends à boire dans le frigo et pose la bouteille sur la table, y a les sauces aussi et le pain, occupes-toi et patiente... sale gosse. » Soufflais-je, j’ai soif d’avoir trop parler maintenant, c’est sa faute ça ! Je vais mettre une encre noire sur le calendrier à la date d’aujourd’hui, ça me parait bien.

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TENUE ✦ Je pourrai fièrement dire à ma mère que j’ai appris à éplucher les légumes ! Bon, ce n’est pas réellement utile dans un CV, et il n’y a pas vraiment de quoi être fier, mais pour moi c’est une nouvelle expérience. Et j’aime expérimenter de nouvelles choses. Je ne suis pas quelqu’un de curieux mais je ne dis jamais non lorsqu’il y a une occasion pour s’amuser. Je suis comme un gamin dont le seul but est de profiter de la vie et de se défouler sans se soucier des conséquences. Il m’arrive parfois d’être mature, mais ça n’arrive que lorsque ça concerne d’autres personnes. Là je suis obligé de penser pour eux avant de le faire pour moi. Mais la plupart du temps, je suis aussi énergétique et insoutenable qu’un enfant. Shion, à côté de moi parait plus calme et plus mature. Je ne sais pas s’il est réellement comme ça ou si c’est à cause de moi qu’il agit ainsi. Mais il a beau prétendre me détester, il me surveille tout de même. Et ça, ça me suffit à croire qu’il a un bon fond et de ne pas abandonner l’idée de devenir son ami. Je suis trop têtu pour renoncer. C’est en mettant la table que je pense au père de Shion. Peut être que je devrais aller le chercher ? Mais je sais qu’il a horreur qu’on le dérange pendant ses expérimentations. En plus, ça doit être assez urgent puisqu’il nous a laissé seuls. Je retourne dans la cuisine et je fais part de mes pensées à Shion. Ce dernier me répond froidement. J’ai l’impression de retourner à la case départ. Je compris à ce moment là que tout comme Kirigaya-san n’aimait pas qu’on parle de Shion, Shion n’aimait pas évoquer son père. J’ai envie que tout s’arrange entre eux, mais ça ne se fera pas du jour au lendemain.

Même si j’ai « participé » à la préparation du plat, je préfère demander si je peux gouter. Je suis tout content parce qu’il ne refuse pas et amène la cuillère jusqu’à mes lèvres. Je relève les yeux au moment où il m’avertie de la chaleur de la sauce. Un sourire se dessine sur mon visage avant que je ne souffle sur la cuillère. Je suis content que le gout soit si bon malgré le fait que j’ai participé à la préparation. Et cette cuillère ne me semble pas suffisant. J’ai réellement faim maintenant. Je tente ma chance en demandant une deuxième cuillère. Mais la réponse est on ne peut plus claire. Je fais la moue, mine déçue. «   Rohhhh…   » Je m’approche du frigo et l’ouvre. Il y a plusieurs boissons et surtout beaucoup de bouteilles remplis d’un jus orange foncé. L’étiquette montre qu’il s’agit de jus de carotte. Je n’ai jamais gouté, mais ça doit être bon s’il y en a pleins. Je sors la bouteille de jus de carotte et la pose sur la surface à côté, le temps que je prenne les sauces. Quoi ? Les sauces ? Quelles sauces ? «   Tu mets de la sauces dans ton curry ?   » Personnellement, la sauce du curry me suffit amplement, mais bon, il existe des gens qui ont des habitudes culinaires particulières. Peut être que c’était le cas pour Shion ? «   Tu prends quoi ? Ketchup ? Mayo’ ? Moutarde ? Soja ? Wasabi ?   » Il aura peut être l’impression que je me moque de lui, que nenni, je veux simplement connaitre ses gouts. Je suis réellement un sale gosse comme il le dit si bien, pourtant on a le même âge. C’est une des rares informations que j’ai su tiré de Kirigaya-san. Cependant, comme je suis né en début d’année, je suis quasiment sur que je suis plus âgé que lui. Je lui demanderai tiens.

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TENUE ✦ Dès que mon père entre dans le sujet je ne peux pas m’empêcher de paraître froid, je déteste même l’idée de me retrouver dans la même pièce qu’eux, si ça venait à se produire surement que je quitterai la table sans attendre sous l’agacement. Maintenant que le repas est sur la dernière ligne droite je me retrouve face à un gosse gourmand réclamant une cuillère, bizarrement je lui accorde sans broncher, mais la suite hors de question ! Il ne faut pas abuser non plus, je lui donne « ça » et il veut « ça » stop. Il peut râler il mangera bien assez tôt pour en profiter, je suis sûr que si je le laisse faire il finirait la moitié de la marmite avant la fin de la cuisson, ok j’abuse un, à peine. Je lui donne une activité pour qu’il ne voit pas le temps passer, ne suis-je pas gentil quand même ? Enfin, voilà qu’il sort le jus de carotte, cette boisson c’est ma source de jouvence, je suis un drogué, c’est trop bon. Et d’ailleurs si je n’étais pas entrain de tourner la sauce et le riz je m’en servirai bien un verre.

Je ne mets pas de sauce dans mon curry, c’était plus pour la forme, s’il en veut il se sert, de mon côté je me contente de celle déjà présente. « Je ne mets rien non plus, c’était pour toi. » Qu’est-ce que j’en sais sur ses gouts en matière culinaire après tout. On s’est pas tué à faire du curry pour le mélanger à un gout différent comme du ketchup ou du wasabi, non merci. Finalement les minutes passent et la cuisson semble terminée, je m’arrête donc, éteignant le feu, pour y déposer un couvercle dessus gardant ainsi au chaud la nourriture. Mon père n’est toujours pas monté. Tant pis. « Apporte deux assiettes. » On se sert directement là, si mon paternel se pointe il aura qu’à se servir une part, il y en a bien assez.

Mettant le riz d’un côté et la sauce de l’autre, le faisant deux fois sur deux assiettes différentes, j’attrape la mienne, laissant Jiro s’occuper de la sienne, je m’installe à la table mise par ce dernier, attrapant un morceau de pain que je coupe en deux pour manger un bout en attendant que le plat refroidisse un peu, me servant un verre de jus, j’hésite, mais je le sers aussi non sans soufflé ça serait trop bizarre sinon. Il peut manger maintenant.

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TENUE ✦ Je comprends maintenant pourquoi lorsque je suis avec Kirigaya-san, Shion n’est jamais là. Ils n’entretiennent pas une bonne relation. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre eux mais je trouve dommage qu’ils ne puissent pas s’entendre. Et même si je ne suis pas le plus intelligent des hommes, je sais qu’il faut avoir un minimum de discrétion, et ne pas poser de questions trop embarrassantes. Enfin, là j’y pense à n’en pas poser mais je ne sais pas si j’aurai ce réflexe la prochaine fois. On verra en temps venu. La maintenant, c’est mon estomac qui parle pour moi. Je veux gouter la sauce, même si elle n’est pas encore prête. La faim me rend impatient alors que je ne le suis pas d’habitude. J’en deviens insistant parce que je réclame une deuxième cuillère. Malheureusement pour mon estomac Shion refuse. Ce dernier détourne mon attention en me demandant de finir de préparer la table. Je m’exécute. En ouvrant le frigo, je choisis de sortir la bouteille de jus de carotte. Personnellement, je n’ai jamais gouté mais ça me tente bien.

«   Oh.  » Alors lui non plus il ne met pas de sauce. Du coup, je ne prends pas de sauce puisqu’aucun de nous deux en avons besoin. Ce serait dommage de changer le gout du curry en y ajoutant une autre sauce. Surtout qu’on avait bien réussi en plus ! Je ramène le pain et la bouteille sur la table à manger. Le temps que je finisse tout ça, la cuisson est finie. «   Yes sir !  » Je me tourne vers les étagères pour sortir les assiettes. Shion les remplie une à une. L’odeur du curry se mélange à celle du riz bien chaud. J’ai eu droit à un avant gout et je sais d’avance que ça va être délicieux. Shion prend son assiette et je m’occupe de la mienne. La vue d’une assiette bien remplie est toujours aussi agréable. Je le suis jusqu’au salon et m’installe en face de l’hôte. Je pense que son père ne viendra pas. C’est dommage parce qu’il m’a invité dans le but de manger ensemble, mais je comprends, son travail est plus important. Je lui ai donné mon cadeau et j’ai quand même pu parler avec lui.

Shion remplie son verre de jus et fais de même avec le mien. «   Merci.  » Je lui fais un grand sourire. «   Itadakimasu !! » Je prends ma cuillère, la plonge dans le riz et le curry avant de la mettre dans ma bouche. Mes yeux pétillent tellement c’est bon. «   C’est délicieux ! Shion tu es trop génial ! » Je reprends une deuxième bouché, sauf que celle ci est plus chaude que la première. «   ‘est ‘haud ‘ais ‘est bon !  »  Je fais mon malin à parler mais je suis en train de me bruler la langue ainsi que l’intérieur de ma bouche. Je lève la tête en l’air et ouvre la bouche. Je fais des battements avec ma main pour « refroidir » ma bouche. Ma langue s’est pris un coup mais si j’avale je risque de le sentir encore plus. Mais sinon, tout va bien.  

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TENUE ✦ Il n’est pas difficile de comprendre que mon père et moi ne sommes pas en très bons termes, le pire dans tout ça c’est que j’ai fait des efforts, je continue d’en faire continuellement, je me suis même intéressé à la science quand j’en ai eu l’âge, je suis devenue un passionné des énigmes non résolu qu’il faut élucidé, mais derrière tout ça je me suis créé une autre vie et je pense parfois que « Moz » prend le dessus sur Shion, le chanteur ou le leader de cette radio pirate c’est là que je me sens le plus vivant. Cette maison est bien trop grande pour nous, on ne fait que se croiser et des fois on ne se voit pas pendant des jours ou des semaines, en fait aussi loin que je me souvienne je n’ai jamais eu droit à des conseils, des sourires ou des surprises par mon paternel, il ne m’a jamais emmené au parc, il ne m’a jamais acheté de petit jouet pour me faire plaisir en rentrant du boulot, il n’est même jamais allé aux réunions de classe ou venu me chercher à la sortir d’école. Ma vie familiale a été un vrai fiasco et je n’ai jamais su pourquoi. Est-ce qu’il ne s’en rend pas compte ? J’ai souffert longtemps de ce manque, mais j’ai grandi ainsi et j’ai fini par y voir une habitude et une routine, ne plus y faire attention, tout était « normal » voilà tout.

Mais depuis l’arrivée de Jiro je me suis rendu compte qu’avec d'autres jeune de mon âge il peut se montrer différemment et j’ai compris. Le problème ce n’est pas que tout ça est dans son caractère ou qu’il oublie, le problème ça a toujours été moi.  Comment je peux accepter ça, c’est douloureux, quand je regarde Jiro je me demande ce qu’il a de plus que moi, je me surprends à être « gentil » avec lui, si ce n’est pas dans les mots c’est dans mes attentions, mais au fond de moi je le déteste pour avoir ce que je n’ai pas, je suis jaloux oui, mais pour une bonne raison, pas parce que je suis un sale gosse pourri gâté, l’argent ne m’a jamais changé et fait devenir hautain, je suis surement l’un des jeunes « riches » les plus banales, j’agis comme n’importe quel gars, je n’ai pas de gout de luxe, sauf lorsque j’ai des projets comme ma pièce spéciale, mais en dehors de ça je ne dépense pas sans compter en usant du nom de mon père dès qu’un problème survient, je me suis toujours débrouillé seul, ça ne changera pas maintenant.

Pour en revenir à nos moutons, le curry est prêt et nous voilà installé à la table du salon l’un en face de l’autre, sans mon père bien évidemment et heureusement. Je remplis nos verres de jus de carotte et j’attends avant de commencer manger, ce qui n’est pas le cas de cet idiot... Ok il me complimente et je souris doucement avant de râler. « Je le savais déjà ! » Mauvaise foi. Mais ça fait plaisir mine de rien, parce que c’est la première fois que quelqu’un goute un de « mes » plats, bien qu’il m’ait aidé bien sûr, mais je ne vais pas le soulever parce que voilà, je n'ai pas envie ! Et j’étais sûr qu’il allait se brûler. Je tape dans mes mains d’un faux air blasé, ou peut-être pas si faux que ça en fait. « Bravo, viens pas pleurer si tu as la peau qui part et pleine de petits boutons sur la langue pauvre idiot. » Toujours aimable. Mais ses gestes restent amusants, je hoche la tête désespérée, capitulant et me levant de table je vais dans la cuisine pour ouvrir le placard et prendre du sucre en poudre et revenir dans le salon. « Avale et mets un peu de sucre sur ta langue... si tu veux éviter les cloques et les douleurs dues à ton intelligence limitée. » Je suis méchant, un peu, mais faut passer outre et voir dessous les mots. « Tu es toujours comme ça ? » Je rirais presque, mais non je tente de rester calme, ça ruinerait mon image -tousse-.

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