TENUE ♬ Ça faisait plusieurs jours que je n’avais pas croisé Raijû, en fait depuis ce soir-là où il s’est occupé de moi alors que j’étais malade comme un chien, le lendemain c’est sa mère qui a pris le relais, je passais mes journées au lit, j’ai surement chopé une merde lors de mon voyage, mais c’était les risques, je les ai acceptés en signant pour ce métier et heureusement je suis vacciné donc ce n’était qu’une mauvaise passe qui à fini par se terminer sur une guérison complète. Aujourd’hui je reprends du service, j’ai obtenu du repos, ça faisait longtemps que je n’étais pas resté à la maison durant autant de jours, on m’a accordé deux semaines complète, autant dire que ça va me faire bizarre et que je risque de m’ennuyer durant cette semaine supplémentaire, mais pour ça j’ai accepté de sortir avec mes amis, ils sont content eux, ils avaient envie de profiter un peu de ma présence et ont prévu des tas de soirées, je suis plutôt heureux de voir que bien qu’absent ils sont toujours là pour moi quand je reviens au Pays. Ce soir c’est dans une sorte de boîte avec des chanteurs et rappeurs amateurs, un peu boite de nuit karaoké, habillé je les ai rejoint sur place prêt à m’amuser jusqu’au bout de la nuit, installé à une table, on commande nos boissons, beaucoup de gens sont déjà sur la piste de danse alors que les amateurs semblent se succéder sur scène, je leur tourne le dos malgré moi donc je ne peux qu’entendre leurs voix, jetant des coups d’œil de temps en temps, mais je suis plus intéressé par les conversations et les blagues qu’on échange avec mes potes, on a des tas de choses à se dire et ils me questionnent pas mal sur les endroits que j’ai vus où comme c’est d’être pilote, j’aime qu’on s’intéresse à ce que je fais, alors je réponds avec ce ton plus qu’enthousiaste me laissant quelque peu emporté dans mes explications. Puis riant je me retourne pour regarder un peu ce qui se passe, quand une tête que je connais que trop bien semblent entrer dans mon champ de vision et qu’est-ce qu’il fiche sur scène ? Je bug n’entendant même plus mes potes me parler, il me secoue et je les regarde surpris. M’excusant je montre mon « frère » du doigt pour qu’il comprenne que je suis un peu troublé, je ne m’attendais pas à ce que Raijû monte sur scène et encore moins juste ce soir où je me pointe ici, sauf s’il le fait souvent... Un truc en plus que je découvre sur lui toujours malgré moi.

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TENUE ♬ Depuis qu'il était tombé malade, je n'ai pas revu Hinata, prenant des nouvelles par ma mère qui s'en est occupé après moi. D'après elle, il reprenait du poil de la bête et trouvait ça gentil que je m'inquiète pour mon frère. Avec elle, le demi n'existence pas, c'est comme si nous étions du même sang et je me suis retenu de vomir tellement c'était immonde. J'ai ainsi repris le boulot au salon, sans me soucier de savoir s'il survivait ou non, puis ma mère a prit des jours pour s'occuper de tout le monde et moi, j'ai fuis de la maison pour travailler en paix. Ce soir encore, je prévoyais de sortir pour m'exercer avec des potes dans un club spécial où on nous autorisaient à rapper et mettre l'ambiance. J'ai quitté la maison super tôt pour traîner chez un ami, troquant ma tenue de civil pour des habits plus chic et sombre. C'est de chez lui que nous sommes parti pour rejoindre le club dont l'ambiance était déjà à son beau fixe. Nous prenons les choses en cours de route, saluant pas mal de gens avec des check différent. Une demi-heure pour dire bonjour, sans même toucher à un seul verre d'alcool. Je n'ai même pas pu m'asseoir sur une chaise, ni à une table, que j'étais déjà poussé vers la scène pour prendre mon tour. C'est toujours là que je me sens à ma place, je revis en étant face à autant de monde, le micro en main, ma casquette sur la tête et mes lunettes sur le nez. Les gens m'acclamaient en dansant, suivant le rythme de mon flow ou applaudissant sur les notes qui se jouaient en fond. C'était vraiment impression, voir synchro, mais rien ne pouvait me faire redescendre de mon petit nuage. Ma voix s'extirpait de tout les haut-parleurs, remplissant ainsi l'immense salle de mes couplets hasardeux et inventés à la seconde même où l'idée me venait. C'est bien pour cela que les gens m'apprécient ici, parce que je prépare rarement quelque chose à l'avance, je joue avec la cadence, avec la mélodie pour m'inventer un univers underground et envahir la tête des gens avec force et fracas. Puis mon tour touche à sa fin et je passe mon micro à un autre gars qui venait d'arriver sur la scène. On se donne un coup d'épaule, je l'encourage et redescend sur le plancher avec le commun des mortels. Les louanges n'en terminent pas, même quand je tente de fendre la foule pour me chercher à boire, je meurs de soif.

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TENUE ♬ Moi qui pensais faire une sortie banale entre amis je ne m’attendais pas à ce que je croise mon « frère » ici, le voir monter sur scène, sa tenue, son charisme, pour le coup j’ai gardé mes yeux rivés dessus, il m’a surpris. Pour être honnête on sait le métier l’un de l’autre, mais en dehors de ça nous ignorons tout, on se déteste sans se connaitre, ça me fait rire... Je rigole bêtement alors qu’on me demande ce que j’ai et secouant la tête, j’attrape mon verre pour le finir d’une traite. Je me lève, laissant mes potes parler, je prétexte aller chercher une autre bouteille pour suivre les pas de mon ainé, il n’a pas dû me remarquer en même temps ce n’est pas comme si j’étais monté sur la scène pour crier « je suis là ! » bon sang. Passant la foule pour arriver derrière lui, je ne dis rien, ne le touche pas, Juste je reste là un instant, pourquoi je viens le voir ? On peut juste faire nos vies sans se connaitre, il m’agace. Je devrai fermer les yeux et penser que c’est quelqu’un d’autre que j’ai vu, pourtant je suis curieux maintenant, peut-être que je m’ennuie aussi et que je veux juste faire du rentre-dedans pour retrouver cette « querelle » habituelle, mais nous sommes en soirée et pour mes amis ou surement pour les siens nous sommes frères, pas ennemis. C’est chiant, je finis par faire un pas en arrière, je n’ai pas envie de déclencher une guerre ce soir, il vaut mieux que je fasse demi-tour, mais la personne derrière moi me bloque et me pouce sur Raijû, ma tête cognant dans son dos dans un son de plainte... Merde. « Te tourne pas ! » Lui ordonnais-je. S'il ne me voit pas, on peut encore faire genre de ne pas s’être croisé ici..

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TENUE ♬ Ces soirées là sont les meilleures, l'ambiance bat son pleins, la musique étourdit et assourdit, la chaleur assomme et les cris résonnent. Je peux lire une certaine désinvolture sur le visage des gens qui s'agitent en contre bas, ma voix perçant à travers ce brouhaha, mes lèvres proches du micro tandis que je continue de rapper à en perdre le souffle. Je suis obnubilé par cette jeunesse qui se perd dans des gestes désynchronisés, en désordre, sans raison ni lien entre deux. Ils dansent, mais je dirais plutôt qu'ils gigotent sur eux-mêmes sans savoir ce qu'ils font. C'est amusant et lassant à la fois, comme si le scénario se répétait chaque soir. La musique en fond change quand je passe le micro à un autre garçon, profitant de cet instant pour m'écarter et partir de mon piédestal, de mon trône. Je redescend parmi les mortels après avoir goûté la suffisance d'être l'égal d'un dieu, surtout aux yeux des autres, mais le retour sur terre est ennuyant, lourd et si lent. Je traîne presque des pieds sur le parquet en retrouvant des amis ou des connaissances, en saluant les gens qu'ils soient connus ou pas du tout. Voilà, c'est une partie de mon existence qui se joue là, sous mes yeux, fragile et éphémère. On dirait deux mondes qui cohabite, entre le tatoueur passionné et le rappeur underground. Seul les dessins sur mes doigts sont visibles, le reste est caché sous la masse de vêtement qui me couvre. Immobile dans la foule, je discute encore avec quelqu'un quand un corps me rentre dedans et qu'une voix sur surélève dans ce bordel. Hinata ? Quelle surprise. Il me dit de ne pas me tourner mais c'est la première chose que je fais, justement quand il me l'interdit. « Hinata ? Qu'est-ce que tu fais là ? » C'est surprenant de le croiser en soirée, ou même de savoir qu'il peut participer à celles-ci. Je retire rapidement mes lunettes aux verres bleutés pour les ranger dans ma poche, gardant un oeil sur mon demi-frère. C'est étrange comme situation, à croire que le hasard pousse le destin à nous mettre sur la même route. « Tu as l'air d'aller mieux. » Constatation seulement, il me semble en meilleur forme que la dernière fois où je l'ai vu. Dans le fond, je suis content pour lui, égoïstement content.

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TENUE ♬ J’aime sortir, participer à des soirées et profiter de mes amis quand je ne suis pas dans le ciel à voler comme un oiseau en quête de liberté. Étant donné le peu de nuit que je passe ici en temps normal on opte aussi pour des bars plus tranquilles pour discuter plutôt que pour se saouler et danser jusqu’au matin, mais là j’ai du temps, encore une semaine à tuer avant de bosser, ses vacances forcées pourraient sonner comme un supplice à mes yeux, j’ai hâte de remonter dans l’avion, pas pour m’échapper... Mais parce que j’ai ce besoin d’être la tête dans les nuages régulièrement maintenant. Puis la vue de mon frère me fait totalement perdre la notion du temps, non pas dans le sens que vous pourraient le penser, mais je suis en effet surpris par sa performance et je pense que malgré la haine qu’on partage le fait de découvrir qu’au final malgré toutes ses années je ne le connaisse pas ou qu’il ne me connaît pas, me semble bizarre ce soir. Je n’ai encore pas bu assez de verre pour penser des trucs comme ça ! Mais c’est peut-être un peu frustrant et mes pas m’ont conduit à lui, alors que je m’apprête à faire demi-tour, résigner à ce qu’on ne se croise pas et qu’on ne se parle pas, faisant comme d’habitude, comme si l’autre n’existe pas. Pourtant le destin me pousse contre lui, le heurtant dans son dos pour lui sommer de ne pas se retourner ! S’il le fait je ne pourrais pas reculer. Et forcément... Mes yeux se relèvent dans les siens. « Je t’ai dit de ne pas te retourner putain. » Je râle. « T’en a d'autres comme celle-là ? Qu’est-ce que je fais en boîte à ton avis ? » Voilà pourquoi je ne voulais pas lui faire face, c’est plus fort que moi, faut que je l’agresse alors que je n'avais aucune envie de le faire... L’habitude est quelque chose de tenace et d’horrible finalement. « Hum, merci de t’en soucier. » Et là ça sonne comme un reproche, il n’a pris aucune nouvelle après cette nuit, j’ignore qu’il en a demandé à sa mère, mais soit. « Je ne savais pas que tu rapper dans ce genre d’endroit... » Un soupire et je souffle plus bas en détournant le regard. « Je ne sais rien de toute façon. » Bon sang, pourquoi ça m’agace maintenant ? Je m’en fiche au fond.

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TENUE ♬ Moi qui croyait passer une soirée tranquille avec des amis ou avec la scène, le micro à la main pour improviser des paroles qui me passent par la tête, on dirait que j'ai faux et que les choses ne se passent généralement jamais comme je le veux. La foule est étroite et dense, ça se bousculent de partout et ce coup dans mon dos ne m'aurait fait ni chaud ni froid s'il n'avait pas parlé en même temps. évidement, je fais la sourde oreille pour lui faire face, souriant franchement à son râle. « Depuis quand je fais ce que tu me dis ? » J'affiche une tête d'un mec qui fait semblant de ne pas y croire, sidéré et amusé à la fois. « Ne me prends pas pour un idiot, tu peux faire ce que tu veux dans ce genre d'endroit. » Je soupire, déjà las. Il peut venir pour danser, boire, regarder, draguer ou faire des trucs malsains qui ne m'intéressent vraiment pas. Hinata est libre de faire ce qu'il désire, mais je n'accepterais pas le pire. Je reste son aîné et son frère quoi qu'il rouspète ou proteste, ça ne changera pas notre lien pour autant. Je le regarde avec suffisance quand il me répond, à peine attentif. Je ne vais pas lui dire que je me suis déjà informé auprès de ma génitrice, il va croire que je m'inquiète pour sa santé ou quoi. « Il y a pleins de chose que tu ne sais pas sur moi. » Mais ça nous le savons très bien tous les deux, comme j'ignore des choses à son sujet. Nous nous bornons à nous enfermer dans nos mondes respectifs, interdisant à l'autre de s'aventurer trop loin. Voilà, il l'a dit. « Je pourrais en dire autant sur toi, tu ne fais que fuir de toute façon. » On dirait un règlement de compte, mais c'est l'habitude et cela est difficile à perdre. Quelqu'un tapote mon épaule et je vois une fille s'accrocher à mon bras, ses yeux rivés sur Hinata. « C'est ton frère ? Il est mignon ~ » Qu'est-ce qu'il me blase le plus... Que cette fille s'intéresse à mon demi-frère ou qu'elle soit aussi proche de moi ? Je la connais puisqu'elle traîne souvent ici et qu'on s'est déjà parlé auparavant, mais ce n'est rien de plus qu'une connaissance. Pourtant je ne fais rien, je ne la repousse pas et la laisse zieuter le blond sans broncher. Il sait se défendre ou s'arranger tout seul.

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TENUE ♬ Il marque un point, j’aurais seulement dû la fermer et m’en aller il ne se serait surement pas retourné pour un rentré dedans banal... Mais c’était plus fort que moi et maintenant je me retrouve à l’affronter du regard entourer par le bruit de la foule autour de nous, je soupire simplement, agacé par cette situation. Qu’est-ce que je pourrais faire en boîte ? Je réfléchis, je ne suis pas une personne accro aux drogues, ni même accro au sexe, je ne suis pas non plus un alcoolique, en fait je ne vois pas vraiment dans quelle merde il peut m’imaginer étant donné qu’il ne me connaît pas, mais je ne suis là que pour profiter de mes amis et danser en passant une bonne soirée, enfin... Ça c’était avant que je ne décide comme un abruti de le suivre et d’aller vers lui, je ne sais même pas pourquoi j’ai faits ça. On ne se connaît pas c’est la dure réalité, nous sommes « frères » mais trop enfermé dans notre monde de haine, on pourrait me questionner sur lui que je ne pourrais pas dire autre chose que ce que tout le monde sait déjà et pire encore... Il a même des informations que le monde sait, mais que j’ignore, c’est un peu blasant quand on y pense, juste un peu. « Fuir ? De quoi tu parles, je ne fuis pas ! » Je lui lance un regard franc, ne comprenant pas pourquoi il dit ça, alors qu’une fille s’accroche à son bras, alors c’est ce genre de gars aussi ? Je pense que je peux en apprendre encore d’autre au cours de la soirée, mes yeux se portant sur cette demoiselle le questionnant sur mon identité. « Merci, même si mignon ce n'est pas très viril. » Riant à peine, regardant mon frère. « Bon je retourne à mes occupations à plus bro’ » devant les gens on ne montre pas qu’on se déteste, c’est étrange, mais c’est comme ça on a pris l’habitude devant notre famille et nos amis de ne pas être des ennemis jurés.

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TENUE ♬ C'est surprenant de croiser Hinata dans ce genre d'endroit, lui qui paraît si ennuyeux en temps normal. Jamais je ne me serais attendu à le voir ici, dans un club avec des gens tous plus étrange les uns que les autres. Mon demi-frère m'étonne, mais ce n'est pas seulement ça... Hinata m'a rentré dedans et au lieu de faire semblant, il a ouvert bêtement sa bouche pour signaler sa présence. Qu'est-ce que je dois voir là-dedans ? Une tentative d'approche ? Ce n'est pas très malin en tout cas, s'il voulait être discret et m'éviter, c'est louper. Dès que l'on commence à parler, ça tourne mal. L'un ne connait pas l'autre et c'est limite si ça ne part pas en débat. Il peut dire ce qu'il veut, je trouverai toujours ça très étrange et loin d'être banal. Je l'accuse de fuir, mais je l'accuse de bien des choses à longueur de journée, monsieur préfère ses avions à sa famille. Je ne suis pas tellement rancunier, mais y a des jours comme ça où j'ai envie de lui en vouloir sans raison. « C'est pour ça que tu pars sans arrêt. » Rétorquais-je sans perdre mon calme et en soutenant son regard. Je ne suis pas le seul aîné de la maison, ni le seul à devoir prêter main forte, mais il n'est jamais là quand on a besoin de lui. Oui, je pourrais avoir besoin de lui de temps en temps, comme des frères. ça me tue de l'avouer, mais nous restons une famille qu'importe les batailles que l'on mènent l'un contre l'autre. Faudrait peut-être qu'on l'accepte et qu'on cesse d'être aussi stupide. Cette fille qui s’accroche à mon bras n'arrange pas tellement mon humeur mais je ne dis rien, continuant de fixer Hinata dans un silence troublant. Il discute à pein avec elle et je les regarde à tour de rôle avant qu'il ne cherche encore à partir. « Tu vois, tu fuis encore. » Je retire doucement les mains de la brune et m'excuse en disant que c'est une affaire de famille de la plus haute importance, comme si c'était réellement une affaire d'état. « Jusqu'à quand on va continuer à jouer ce petit jeu ? Il serait temps de grandir. » Ce n'est pas seulement pour lui, mais ça vaut aussi pour moi-même. Nous avons l'âge d'être en couple et d'avoir une famille, ce serait dommage de continuer à se pourrir l'existence sous prétexte qu'on a jamais voulu d'une telle vie en famille. Maintenant ce qui est fait, est fait. J'aime ceux qui composent cette petite fratrie, je l'ai accepté depuis des années et maintenant, faudrait que les choses changent avec cet idiot aussi.

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TENUE ♬ Il faut toujours que ce soit dans des moments comme ça où je le vois, quand tout aurait pu bien se passer il faut que soit idiot, peut-être en effet qu’inconsciemment je voulais lui rentrer dedans, qu’il me voit et « parler » avec lui, sinon pourquoi aurais-je dès le début choisit de quitter mes amis pour le retrouver ? Pourtant je ne sais pas pourquoi, est-ce qu’une partie de moi veut le voir comme un frère ? Ou est-ce que je suis simplement agacé qu’il n’ait pas pris de mes nouvelles ou qu’il ne soit pas venu me voir ? C’est stupide, complètement impossible, dans tous les cas il me traite de fuyard, je ne fuis pas, d’ailleurs je ne vois pas ce qu’il veut dire est-ce un réel reproche ou une constatation qu’il me fait là ? Mon métier demande toutes ses heures d’absence et il le sait très, je n’arrêterai pas de voler pour rester sur terre, ma place est dans les airs et cela je l’ai compris il y a longtemps déjà... C’est mon échappatoire, vu comme ça, c’est vrai que je « fuis » cette vie d’une certaine façon, je suppose. La fille a beau me complimenter je ne suis pas en manque ni du genre à sauter sur la première nana -aussi belle soit-elle- qui me complimente, je préfère de loin retourner à mes occupations, sauf que mon « frère » ne le voit pas ainsi, mes pas s’arrêtant à ses nouveaux mots, en quoi je fuis cette fois . « Quoi, tu veux que je passe la soirée avec toi ? » Non parce que bon, faut bien que je retourne avec mes potes et le laisse avec les siens non ? Je soupire, la musique est monté d’un cran, nous obligeant à crier pour se faire entendre. Ça me saoule, j’attrape son bras pour le tirer un peu plus loin où l’on pourra s’entendre pour le fixer et croiser les bras. « T’es sérieux là ? » Il en serait capable ? Toutes ses années on s’est détestées et pourries la vie, je ne suis pas certain d’arriver à changer ça du jour au lendemain. « Je pense que nous sommes assez grands comme ça Raijû. » C’est surement là le problème, on a grandi trop vite, pour ma part j’ai pris conscience de tellement de choses trop tôt et j’en ai perdu des années à le détester, aujourd’hui je ne sais même pas si je le déteste ou non, bien sûr ce sentiment est imposant, mais sans cette relation qu’on a instaurée, qu’est-ce qu’on vaut vraiment finalement ? C’est la seule manière qu’on a de communiqué et cela depuis le jour de notre rencontre.

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TENUE ♬ ça pourrait être un reproche, autant qu'une constatation, mais je sens une pointe d'amertume en disant qu'il est fuit à chaque fois. Son boulot le force à partir très loin durant un temps illimité et cela ne plait pas à tout le monde. Malgré nos batailles, malgré notre mauvaise entente, le voir partir à chaque fois m'agace mais je ne le dis jamais parce que ce n'est pas dans les clauses du contrat. On ne s'aime pas, c'est écrit depuis longtemps dans un livre nommé le destin. On ne peut pas se voir et ça devrait toujours être ainsi, alors pourquoi chacun de ses voyages m'énerve ? Je ne le dis pas clairement parce que ce n'est pas normal. Nous ne sommes pas fait pour s'inquiéter de l'autre, ni pour être généreux et pourtant je l'ai prouvé la dernière fois quand il était malade. Je suis resté avec lui suffisamment longtemps pour chopper sa merde mais m'assurer qu'il ne crève pas dans son lit dix minutes après mon départ. Bref, je ne suis plus le mauvais ours du départ, je deviens de plus en plus docile avec mon demi-frère et j'ai peur de perdre complètement cette guerre des clans. Cette fille n'est qu'une excuse, elle est là pour retenir la nouvelle manche qui pourrait se dérouler entre nous. Il fuit, je n'ai aucune peine à lui balancer à la figure. « Peut-être ? » Je ne peux pas dire oui, mais je n'ai pas envie de dire non. C'est incompréhensible au final, je suis autant perdu que lui. Finalement Hinata me choppe le bras pour me tirer plus loin, à l'abri des enceintes qui nous explosent les tympans. Sérieux ? Je pourrais l'être, effectivement. « Assez grand pour quoi ? Pour arrêter nos gamineries ? » Nous n'avons pas un comportement d'adulte l'un envers l'autre, nous sommes restés les mêmes gosses de l'époque, sans jamais réellement grandir. On devrait mettre les choses au clair, arrêter de se bouffer comme deux lions. « Pourquoi on continue à faire ça ? Il n'est plus question de famille ou d'être l'aîné, c'est absurde. » Je voudrais bien comprendre pourquoi on continue ce jeu de guerre depuis autant d'année, alors qu'on aurait pu jeter les armes bien plus tôt. « Explique moi pourquoi on continue à ne pas s'apprécier ? »

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TENUE ♬ Je ne sais pas pourquoi il me reproche mes départs aujourd’hui, jusque-là ça ne semblait pas le déranger, il avait plus l’air au contraire d’attendre que je me case de la maison, mais là je ne comprends pas, autant sa façon de me dire que je fuis ou bien de ne pas répondre par la négation face à ma question, comme s’il voulait vraiment qu’on passe la soirée ensemble... « Menteur. »  Il n'a aucune raison de vouloir passer du temps avec moi, l’emmenant plus loin à l’abri du son, je veux comprendre, simplement savoir, il me parle de grandeur, mais pourquoi au juste sommes-nous assez grands ? C’est le monde à l’envers, il me rend perplexe, honnêtement je suis perdu et je commence à me demander ce qui se passe ou où on va comme ça, est-ce qu’il a raison et qu’on devrait arrêter de jouer aux cons ? Une part de moi est d’accord avec ses paroles, une autre a peur de ce changement tout simplement ou en tout cas je ne sais pas où cela nous mènerai se changer notre façon de nous comporter l’un envers l’autre, de plus pourquoi ? Je ne sais pas quoi répondre, le regardant en soupirant, j’ignore totalement si j’en suis capable et le pire c’est que justement pourquoi continuer aussi ? Il m’embrouille le cerveau, je lui suis seulement rentré dedans et voilà qu’on règle nos comptes. « Peut-être parce que je ne saurais pas comment me comporter autrement avec toi ? » On a grandi en se pourrissant l’un et l’autre, est-ce qu'on pourrait s’entendre ? Cette guerre au fond qu’on se livre c’est notre lien. « Je ne sais pas, je ne te déteste pas... » Soufflais-je simplement en me frottant la tête, en fait je ne sais même plus si je le hais ou pas du coup. « Ce n’est pas vraiment que je te déteste, mais à part agir comme on l’a fait toutes ses années on n'a rien, la preuve, tu ne me connais pas, je ne te connais pas... Si on arrête c’est comme effacer totalement l’existence de l’autre, ça te va ? » La conversation a pris une tournure plus sérieuse, le pire c’est que c’est idiot ce que je dis, parce qu’au fond on a toujours cherché à « virer » l’autre de nos vies, du moins en apparence, mais est-ce vraiment le cas aujourd’hui ?

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TENUE ♬ Quelle mouche m'a piqué ? D'habitude, je m'en fiche complètement qu'il s'en aille dans son avion et qu'il délaisse la famille durant des jours. De toute manière, je sais qu'il revient à chaque fois au point de départ, puis cela devrait m'importer peu puisque nous ne nous entendons pas. Sauf que là, c'est un ras-le-bol général qui s'opère avec moi. Je suis fatigué de me répéter la même chose dans l'intention de continuer notre petite guerre qui dure depuis trop longtemps. J'ai moi-même l'âge d'avoir une famille, de partir de mon côté, mais je ne cesse de me chamailler avec mon demi-frère qui au final, n'a aucun lien de sang avec moi. Je ne tiens pas à changer ma vie sans modifier ce détail-là. Pourquoi continuer à se battre quand on ne connait même plus la raison de nos querelles ? Pense-t-il à cela ou suis-je le seul à me questionner ? Il me traite de menteur, pourtant je ne fais rien pour lui mentir. Certes, je ne suis pas franc, plutôt énigmatique et je tourne carrément autour du pot mais pour une fois, je ne montre aucun signe de haine, ni de combat. J'ai déjà déposé les armes en cherchant à discuter avec lui, en bien ou en mal. à l'écart du bruit assourdissant, nous pouvons parler un peu mieux l'un avec l'autre, comprendre pourquoi telle ou telle chose. Pourquoi on ne change pas ? Pourquoi on continue de se chamailler ? Pourquoi ne pas s'entendre ? Je suis aussi perdu que lui, même en étant le premier à lancer un reproche et une remise en question. « Moi non plus, mais ce n'est pas une raison de rester con jusqu'à la fin des temps. » Je parle pour deux, pas seulement pour lui. Je m'englobe facilement dans le « con » puisque c'est ainsi que j'agis avec lui, et inversement. C'est étrange de l'entendre dire une telle chose, qu'il ne me déteste pas. Ce n'est pas mon cas, malgré tout ce que je dis à son sujet. C'est plus une vieille habitude qui ne veut pas partir, mais que je vais devoir me séparer quand même. Effacer ? Je réfléchis quelques secondes. « Donc, tu veux jouer la carte de l'ignorance ? » Si j'ai bien compris où il voulait en venir. Je ne vais pas non plus insister, nous décidons à peine d'un nouveau compromis. « D'accord, faisons comme si l'un n'existait pas pour l'autre. Chacun de son côté, pas d'interférence, rien. » C'est mieux que se prendre la tête au moindre regard, mais va falloir continuer à faire bonne figure devant la famille.  

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TENUE ♬ Il me prend au dépourvu et finalement je ne sais pas vraiment quoi faire, quoi répondre ou comment agir, il me dit qu’on doit changer notre relation, arrêter d’être con, mais cette façon d’agir l’un envers l’autre est comme ce pont qui lie un point à un autre, je suis un point et il est le second, si on vire le pont on a plus rien. C’est stupide de penser ainsi et d’ailleurs je ne devrai même pas voir les choses de cette façon, pourtant je suppose que ce soir quelque chose à changé, depuis qu’il m'a « soigné » quelque chose à changer en fait... Mais je ne sais pas vraiment quoi, tout ce que je sais c’est qu’il me perd avec toutes ses paroles et qu’au final je ne peux que dire ce que je pensais tout bas, est-ce qu’on devrait jouer les ignorants, faire comme si l’autre n’existait pas ? Ce n’est pas ce que je veux, au fond de moi c’est pas du tout ce que je voulais dire, mais je n’arrive pas à le contredire. « Je... » Soupirant, je préfère ne pas insister non plus, bien qu’il soit tort, ce n’est là où je voulais en venir, mais finalement l’ignorance est peut-être mieux que nos guerres quotidiennes à ses yeux, alors tant pis, je vais juste me plier à sa volonté pour cette fois. « Bien, faisons ça. Commençons dès maintenant alors. » Je souris, mais pas ce sourire provoquant que j’ai l’habitude de lui lancer, je suis frustré de cette décision et un peu peiné ou peut-être agacé ? J’ignore vraiment ce que je ressens. « Je vais te laisser faire ta vie avec tes amis, je retourne avec les miens. » Je ne fuis pas, il a accepté d’être indifférent, j’ai accepté aussi, maintenant pas la peine de continuer de parler, demi-frère ou inconnu, c’est pareil au même finalement.

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