TENUE ••• Placé derrière le comptoir du bar, je m'occupe de servir un verre à un autre client avec une jolie jeune femme qui n'arrête pas de sourire aux paroles de son lover. Je les observe sans vraiment faire attention, continuant de verser habilement le liquide dans les verres. Voyant mon regard se porter sur la demoiselle à la chevelure brune, l'homme me lance une réplique cinglante qui me force à le regarder. « Hey petit, qu'est-ce qu'tu regardes là ? » ça me surprend légèrement, toujours la bouteille à la main. Je dois répondre quoi à son ton froid et agressif ? Ce n'est pas la première fois, mais ce n'est pas moi qui vais lui piquer sa conquête du soir ou sa copine, j'en sais trop rien à dire vrai. « Son tatouage. » Deux mots, deux fichus mots qui me coûtèrent une insulte. Son tatouage se trouvait au niveau de sa clavicule, pile dans son décolleté. La prochaine fois, je devrais parler de ses magnifiques cheveux. L'homme s'enflamme et par réflexe, je lui jette le verre d'alcool à la figure pour le calmer mais cela donne l'effet inverse. Sa main agrippe le col de mon t-shirt et me tire par dessus le comptoir avec force. Je ne m'attendais pas du tout à cela! Surtout pas pour me retrouver plaquer contre le comptoir et recevoir un coup de poing dans le ventre. Le souffle coupé, je reprends le contrôle de mon corps en poussant le type et en lâchant une bonne droite dans son nez. Il hurle, en sang. Son doigt m'accuse mais je sais que je ne suis pas en tord, mais ça c'est avant de voir la sécurité pointer le bout de son nez et retenir le gars furieux. Je respire vite, regardant le gars aux cheveux rouges qui tente de calmer l'autre con, mais il se jette déjà sur moi après s'être libéré. Résultat, j'ai la lèvre inférieure ouverte et un bleu sous l'oeil.

Pire encore, je suis dans le bureau de mon supérieur, la mauvaise humeur se peignant sur mon visage tuméfié. « Ce n'est pas la première fois que cela vous arrive, monsieur Kwon. » Effectivement, mais ce n'est pas ma faute si on me tape dessus... Je ne réponds pas, préférant faire profil bas. Le directeur face à moi continue de parler, jusqu'à entendre le nom de mon école. Ah, il sait que j'étudie à Royal. Ce n'est pas ça le plus inquiétant, mais bien qu'il m'avoue savoir pour mon âge. « J'avais déjà des doutes sur vous, mais j'ai laissé passer puisque vous venez d'avoir la majorité. Cependant je ne peux pas laisser passer ça et risquer une enquête sur votre cas. Prenez vos affaires et rentrez chez vous. » Quelle mauvaise nouvelle, je reste bête. Il me vire ? J'entends le videur qui m'a aidé soupirer dans mon dos, sûrement déçu pour moi. Abattu, je quitte le bureau accompagné par l'autre jeune homme qui s'excuse, mais ce n'est pas de sa faute. Récupérant mes affaires, je n'ai pas grand chose à prendre puis je me dirige vers la sortie des employés, l'air vidé. Je viens de me faire virer de mon seul boulot me permettant encore de payer mes études... Qu'est-ce que je vais faire ? Dans la rue, je prend mon portable pour envoyer un message à mon copain, toujours autant fatigué et morne. Je ne sais pas quoi lui dire, à part de venir me chercher là où j'ai échoué. Je me sens tellement mal, à la limite de haïr le moindre passant qui ose m'approcher trop près.

 TENUE ••• Installé sur mon bureau le carnet de croquis ouvert j’enchaine les dessins pour passer le temps non sans regarder l’heure à la moindre occasion ou pause que je fais, j’ai hâte que Hyuk rentre à la maison, j’ai bossé toute la journée et lorsque je suis rentré lui était parti, j’aime pas ses rares jours où on ne voit presque pas parce que nos horaires se croisent alors j’attends jusqu’à ce qu’il termine pour passer du temps avec lui, me coucher en même temps que lui et non m’endormir pendant qu’il travaille sérieusement au bar. Les chiens devenus les miens par adoptions commencent à aboyer et je sors prendre l’air un instant pour m’asseoir sur les marches de la terrasse, il ne fait pas chaud et je suis seulement vêtu de mon pull, je ne devrai pas rester trop longtemps à l’extérieur il manquerait plus que je tombe malade, quoiqu’on dise bien que les idiots ne tombe jamais malade justement non ? Je souris à mes propres pensées avant de me faire coller par Nuts pour un câlin réchauffant, ils tiennent chaud c’est un avantage, mais mon portable vibre dans la poche de mon pantalon, le sortant tout souriant, jusqu’à ce que je lise les mots de mon copain, mon cœur loupe un battement sous l’inquiétude, lui répondant aussitôt, mais il ne me donne pas plus d’infos, me faisant m’imaginer des tas de choses, je ne perds pas une minuté pour partir en courant, du moins autant que je le peux, je suis limité pour une telle activité, mais je force comme un malade après avoir fermé le portail, je n’ai même pas pris de veste, me déplaçant aussi vite que je peux, râlant contre ma jambe qui m’empêche d’appuyer sur le champignon, enfin y ont des moments où je maudis vraiment mon « handicap » et ma mobilité limitée dans les déplacements rapides... Finalement après plusieurs minutes, je suis essoufflé par mes efforts quand je peux souffler en voyant Ji Hyuk assis sur des marches, m’approchant en me tenant le ventre, jusqu’à voir le sang sur sa lèvre et son œil blessé, d'autres marques moins apparentes, mais présente, je fronce les sourcils. « Qui t’a fait ça ? Tu vas bien ? Qu’est-ce qui s’est passé ? » J’enchaine, mais bon sang je m’inquiète moi... Puis qui a osé le toucher, pourquoi ? À en voir sa tête ça sent pas bon, mais je suis là maintenant.

 TENUE ••• Le regard désolé de mon patron me suit encore tandis que je déambule dans la rue, tel un zombie sans but et sans cerveau. J'ai perdu ma motivation, mon envie de faire quoi que ce soit et je me sens tomber toujours plus bas. Comment vais-je l'annoncer à Kyann ? Je sais très bien ce qu'il pense de mon boulot et je me doute que ce qui peut être une mauvaise chose pour moi sera une bonne pour lui. Malheureusement, bonne ou mauvaise, j'en avais besoin. Sans ça, je peux dire adieu à mes études et bonjour les dettes, à croire que je suis capable de trouver autre chose rapidement. Là, je me sens juste déprimé et vide de toute énergie, me posant sur des marches après avoir prévenu mon copain. J'ai besoin de lui, qu'il vienne me chercher avant que de réellement craquer. Les minutes s'écoulent et je reste toujours au même endroit, mes mains tenant mon visage et mon dos voûté vers l'avant. On dirait un pauvre gars malheureux, pourtant j'ai la chose la plus précieuse au monde qui ne va pas tarder à débarquer. D'ailleurs il arrive et je relève doucement ma tête pour croiser son regard, affichant mes quelques blessures dû à l'autre enfoiré. Il s'inquiète, je peux l'entendre dans sa voix et le voir sur son visage, ce n'est pas étonnant. Je force un sourire, l'invitant à se rapprochant de moi en tendant ma main vers lui. Quand il est suffisamment proche, j'attrape la sienne et le tire un peu plus pour l'enlacer, même si je suis assis et lui debout. « Ils m'ont virés. » Mon timbre se perd dans ses vêtements, ma tête contre lui pour cacher mon visage abîmé et les larmes qui montent aussitôt. Je voulais garder ce boulot quoi qu'il arrive ou quoi qu'on en pense, mais c'était trop demandé apparemment. « Ils ne veulent pas d'ennuie avec moi ... Comment je vais faire ? » Pleurnichais-je en le serrant davantage, me fichant pas mal de me blesser à mordillant ma lèvre.  

 TENUE ••• Quand ça concerne Ji Hyuk je pars au quart de tour, j’ai eu le temps d’imaginer des tas de choses sur le chemin, mon cœur battant d’inquiétude, son message sans indices ne m’aider pas vraiment à rester calme, j’ai déballé jusqu’à l’endroit où il bosse sans m’arrêter quitte à forcer sur ma jambe, il fait froid et pourtant je ne le ressens pas, mes pensées n’ayant pas le temps de s’arrêter à ce genre de détails. Le voyant là, assis sur ses marches d’escalier je suis toujours inquiet, m’approchant pour voir les marques sur son visage, je le questionne immédiatement alors qu’il me tire vers lui pour m’enlacer, mes bras l’entourant alors que je le surplombe par la taille, mon menton se posant sur le haut de sa tête, le serrant contre moi, j’entends ses mots, mais je ne réagis pas de suite. « chut... calme toi. » mes mains remontant dans ses cheveux pour y déposer mes lèvres tendrement, m’accroupissant à sa hauteur, posant un genou sur une marche, je le regarde, ses larmes me peinent autant qu’il ne l’est, c’est vrai que je n’aimais pas son boulot pour des tas de raisons, mais jamais je n’ai espéré qu’il se fasse viré ou qu’il soit si abattu par cette nouvelle. « Ça va aller Hyuk, on va trouver une solution, je suis là tu peux compter sur moi. » J’ai de l’argent, même si j’ai utilisé une grosse partie pour acheter notre maison, je ne le laisserai pas tomber, on est ensemble pour le meilleur comme pour pire n’est-ce pas ? « Je peux t’aider en attendant que tu trouves autre chose, peut-être que c’est l’occasion de recommencer à zéro non ? » Je remonte mes mains jusqu’à ses yeux, essayant les larmes sur ses joues. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Puis qui est le salopard qui t’a frappé ? » effleurant ses blessures apparentes.

 TENUE ••• C'est la fin de mon monde, sans ce boulot j'ai la sensation qui tombe en morceau pour ne laisser qu'un désert immense et sec, loin de l'idée du bel oasis. Mon patron a été clair, j'attire les ennuies. Kyann s'inquiète souvent par rapport aux autres clients, surtout que je me fasse draguer ou quoi, mais l'autre pense plus à la bagarre et la provocation. Dans les deux cas, je suis un nid à emmerde dans ce métier. ça me déprime, si je ne peux même pas assumer ça sans faire de vague ou sans tarauder mon petit ami ... Je sais que dans le fond, c'est une bonne chose qu'il m'ait mit à la porte mais dans un autre sens, je suis quand même peiné par la tournure des choses. Finalement Kyann arrive plutôt rapide et je l'attrape pour le tirer dans mes bras, l'étreignant à m'en péter les bras tellement je me sens mal. Je pense surtout à la maison, à mes études, au fait que je ne vais plus avoir un seul revenu pour aider ou tenir la tête hors de l'eau et me voilà à sangloter comme un bébé. Je suis nul, je pourrais penser autrement et voir le verre à moitié pleins plutôt qu'à moitié vide. Or là, il est carrément vide. J'essaye de me calmer, mais c'est dure, si dure. Ses doigts dans mes cheveux me rassure, mes lèvres me consolent et nos regards se croisent tandis que je vois flou. Il est là, c'est la chose la plus importante pour moi... Alors pourquoi suis-je si triste ? Justement, je compte trop sur lui. Mes larmes redoublent et je me noie littéralement dans mon désarroi. Je lui cause du soucis, je suis bon qu'à cela. « Je suis désolé ... » Couinais-je à travers un sanglot, malgré mes paupières closes, les gouttes salées continuent de couler à flot. Je n'en veux pas du pire, je ne veux que du meilleur. « Je ne veux p-pas te causer des problèmes... Ni dépendre entièrement de toi... » Mes yeux se sont ouvert avant de parler et je le regarde toujours avec autant de désespoir. Repartir à zéro ? Oui, mais par où ? Je ne sais même pas quoi faire, ni où aller et je m'embourbe avec mes études. ça ne me convient pas, j'ai envie d'autre chose mais là, j'ai surtout l'impression que je ne pourrais plus rien avoir. Son geste me fait soupirer, je le laisse chasser mes larmes sans parvenir à les arrêter. « Je regardais juste une cliente... » Je ne veux pas qu'il se méprenne, je regardais parce qu'elle était là, c'est tout. « Son tatouage a attiré mon attention ... Je ne pensais pas énervé l'autre gars avec elle... » Je baisse la tête, consterné par tout ça. J'ai vraiment commis une erreur pour déclencher une bagarre ? Qui a-t-il de mal à regarder un tatouage, même s'il était sur la clavicule de la jeune femme. Les hommes sont vraiment cons, surtout ceux qui abusent de la boisson.

 TENUE ••• Je savais que Ji Hyuk tenait à son boulot, mais je sais aussi qu’on peut s’organiser et arranger ça, ce n’est pas le premier à se faire virer et ni le dernier. Je suis là pour le soutenir et puis en attendant qu’il trouve quelque chose d’autre je peux m’occuper de lui, je ne le fais pas par pitié il le sait, nous sommes en couple, on vit ensemble et je l’aime plus que tout, alors il ne sera jamais un fardeau, jamais un boulet, jamais quoique ce soit s’en approchant, je n’ai pas besoin de son argent pour l’aimer, ni pour m’occuper de son quotidien, je sais qu’il veut partager ce rôle avec moi, mais ce n’est qu’une période qu’on va surmonter ensemble. « Pourquoi tu t’excuses. » Je n’aime pas le voir ainsi, il n’a pas à se sentir désolé, je ne veux pas, le voyant et l’entendant sangloter, j’ai juste envie de le rassurer et de le tenir contre moi. « Chaton, tu ne me créeras jamais aucun problème, tu en ferais autant pour moi non ? On est ensemble et je ne veux pas que tu te sentes coupable ou que tu ais peur de dépendre de moi, je suis ton petit ami, on aura des hauts et des bas, l’argent, les situations compliquées, du moment qu’on est ensemble je n’ai pas peur de les affronter tu entends ? » Je le fixe dans les yeux pour qu’il pige bien ce que je dis. « Il y a des cons partout, tu n’as rien fait de mal. » Je le reprends dans mes bras pour le laisser pleurer et se calmer, il a surement besoin d’extérioriser tout ça. « Tu voulais devenir chanteur, pourquoi tu ne changes pas de cursus et tente de partir sur ce chemin-là ? Je te soutiens Hyuk, alors ne t’inquiète pas, ce n’est pas grave ok ? »

 TENUE ••• Ce n'est pas de sa pitié que je m'inquiète, mais plutôt du fait d'être une charge en plus à porter alors qu'on a autre chose à payer. Mes études vont devenir pesante pour moi, pour nous deux. Je ne pourrais pas les payer si je ne trouve pas un nouveau boulot dans le mois, la semaine si possible. Je n'aime pas rester sans rien pendant qu'il travaille et s'acharne à ma place. Je ne peux que m'excuser platement pour ça, pour ce problème, pour mon attitude à tout foutre en l'air. Les larmes s'écoulent toujours et à flot, démontrant à quel point je suis attristé par la situation. Kyann doit s'inquiéter pour moi, il doit même détester cette image peinant que je renvoie sans m'en rendre compte. Ou peut-être que si, je vois parfaitement à quel point je le rend mal. C'est vrai, j'en ferais autant pour lui. Je ferais n'importe quoi pour son bonheur, pour son sourire, pour qu'il soit heureux jusqu'à la fin des temps. Je donnerai ma vie pour la sienne, tant qu'il va bien et ne m'oublie jamais. Penser ainsi ne m'aide pas à calmer mes pleures et je renifle à plusieurs reprises sans parvenir à cesser mes bruits et les perles salées de couler sur mes joues, inondant mon visage rougi. Pour seule réponse, j'hoche doucement de la tête, plissant mes paupières pour laisser échapper encore quelques gouttes. Il n'a pas tord, mais ne suis-je pas con aussi ? J'aurai pu simplement m'excuser auprès de l'homme et changer de place avant qu'il ne trouve un truc à redire, mais non j'ai été trop honnête. Je passe mes bras autour de sa taille quand il m'enlace à son tour, chouinant une dernière fois, le nez dans son pull. Chanteur ? Je me mouche à moitié sur son vêtement sans faire exprès, relevant la tête pour le regarder avec des yeux de chaton larmoyant. « Comment ? Je ne pourrais pas... » Le payer. Je ne veux pas qu'il débourse encore pour moi. Nous sommes un couple, mais si je peux éviter un geste inutile, je le ferais sans hésiter. Je secoue doucement ma tête et essuie mon visage avec ma manche. « Hyung... Je t'aime. » Ma voix résonne comme celle d'un enfant, faible et tremblante. Je voudrais tant arrêter la politique pour faire de l'art, mais ce n'est pas si facile. Nous sommes à la moitié de l'année, à moitié de mon changement. Je ne peux pas précipité les choses seulement par envie, je dois attention quelques mois encore. Des mois que je vais devoir payer malgré tout, sans pouvoir arrêter mon année dans mon cursus actuelle.

 TENUE ••• Je n’ai jamais pris l’argent comme un frein, je ne veux pas que Hyuk le voit comme tel aussi, même si on a des choses à payer, la maison est entièrement à nous, seules les charges sont encore à nos frais et la nourriture, les études, mais sinon on peut se serrer un peu la ceinture si besoin, il ne doit pas s’arrêter à des détails pareils, tout problème a sa solution et une fois qu’on l’a trouvé il suffit de le résoudre pas à pas. J’ai deux boulots, on peut s’en sortir et puis je sais que si vraiment on a besoin je pourrais toujours appeler mes parents, on n'est pas à la rue et même pour ses études il peut finalement en profiter pour changer de filière, je sais aussi bien que lui que ce qu’il étudie présentement ne lui plaît pas, pourquoi s’entêter à continuer alors qu’il a d'autres rêves et projets ? Ses larmes peuvent bien tremper mon haut, je souris quand ses yeux rencontrent les miens, le rassurant d’un geste de la tête. « Bien sûr que si, ne déprime pas, je te promets qu’on va y arriver. » Je suis là pour le soutenir et l’aider, il n’a pas besoin de craindre le futur ou les frais, ensemble on est plus fort c’est tout ce qu’il doit garder à l’esprit. Je rapproche mes lèvres pour venir l’embrasser à sa déclaration, mes mains encadrant son visage. « Je t’aime aussi. » C’est suffisant pour rester fort non ? Avec lui j’ai confiance, il doit en faire de même et ne pas douter. « Rentrons à la maison, je vais mettre de la classe sur son visage ok ? » Puis mine de rien il fait pas chaud dehors, ma main glissant jusqu’à la sienne pour entrelacer nos doigts et le tirer contre moi pour qu’il se lève, un sourire toujours sur mes lèvres. « Tu sais que tu m’as vraiment fait flipper avec ton message ? » Au cas où il n’aurait pas remarqué. « Ne me fait plus jamais ça. »

 TENUE ••• Kyann est rassurant, il n'hésite pas à user des mots pour chasser ma peine et me faire croire à un autre avenir que celui que j'imagine à l'instant présent. Je ne veux pas l'encombre même si nous sommes en couple et que je l'aime plus que tout. Je m'en voudrais beaucoup trop de le mettre dans les ennuies, bien qu'il ne soit pas sans rien pour le faire. Puis il a sa famille, ses parents sont sûrement là pour nous aider en cas de pépin, pas comme les miens. Ma mère, même si elle le voudrait, ne pourrait rien faire sans aller contre mon père et là, je ne tiens pas à cause du tord. Heureusement que mon petit ami est là pour me remonter le moral. Qu'est-ce que je ferais sans la chaleur de son étreinte ou la douceur de son regard ? Je m'y perds un petit moment, obnubilé par la belle couleur de ses iris. Il me promet la lune, il pourrait même me promettre de déplacer des montages et cela apaise ma conscience en vrac. « Merci Kyann... » Soufflais-je tout bas sans le lâcher, mes mains tenant son vêtement telle une bouée à la dérive. Je l'aime, dieu sait à quel point je l'aime. Nos lèvres se rencontrent à nouveau et je ferme mes paupières pour apprécier cet instant, mon visage tenu par ses grandes mains réchauffantes. Un sourire se dessine au coin de ma bouche et j'ouvre à nouveau les yeux pour me replonger dans les siens. Ah oui, mes blessures. J'ai failli oublier ce petit détail, grimaçant trois ans après. « Oui... » Sa main dans la mienne, je serre doucement mes doigts entre les siens pour être de ne pas le lâcher, puis je me relève de ma marche et me remet à sa hauteur. « Mais c'était important... » J'ai flippé aussi, qu'il se rassure. J'ai cru que j'allais tout perdre juste en étant renvoyé de mon travail. Mais sûrement que Kyann était le plus inquiet des deux, malgré mon état de panique. « Je suis désolé, hyung... » Dis-je en baissant la tête, je me sens fautif de l'avoir autant angoisser, même si je trouve ça juste! Ce n'est pas rien, je me sens vraiment stupide d'avoir été renvoyé pour ça. « J'ai imaginé tellement de chose atroce... » Des scénarios à en devenir dépressif.

 TENUE ••• Il est normal que je sois rassurant, que je sois cette épaule sur qui il puisse s’appuyer et pleurer, je ne veux pas qu’il se sente mal et je sais pourtant que tout ne peut pas être rose, jusque-là je vivais sans me demander de quoi sera fait demain, mais aujourd’hui c’est différent, lui et moi, nous, notre histoire est quelque chose que je vois sur la durée, nous vivons ensemble et on est dans cette situation où on partage tous ensemble or le fait que mon petit ami ait perdu son boulot pourrait être vu qu’a une ombre au tableau pour le « partage » mais pas pour moi, je pense qu’il y a des solutions à tout et il sait surement mieux que personne comment je suis, je préfère positiver et qu’on avance sans se lamenter sur des regrets. Je veux être là pour lui et qu’il soit là pour moi, cette perte est peut-être « importante » pour lui, mais je ne m’inquiète pas. L’enlaçant, je souris à ses remerciements avant de l’embrasser encadrant son visage gelé par la température entre mes mains. Il est temps qu’on rentre chez nous, tenant sa main solidement, mais tendrement, je ne peux que lui faire part de la peur qu’il m’a faite avec son message, il devrait se douter de combien il peut me rendre inquiet, seul lui est capable d’affoler mon cœur de cette façon dans les bons moments comme dans les moins bons. « Oublie tout ça. » Je souris en le regardant et resserrant l’étreinte pendant qu’on marche jusqu’à notre maison, d’ailleurs... « J’ai même pas fermé la porte, heureusement qu’il y a les chiens. » Je ris alors que c’est pas amusant si on replace le cadre initial, mais tout va bien. Le tirant à l’intérieur avant de fermer cette fois, je le fais s’asseoir sur une des chaises de la cuisine. « Bouge pas. » Allant chercher des glaçons dans le congélateur les enroulant dans un fin tissu pour revenir devant mon amant, collant la fraicheur sur ses blessures, sinon demain il va être tout enflé. « Ça te fait mal ? »

 TENUE ••• Il y a des jours où je voudrais être positif comme lui, me dire qu'il y a toujours une solution à quelque chose et que la vie n'est pas si noire. J'aurai voulu être positif à la mort de ma soeur, me dire qu'elle ne souffre plus ou qu'elle a eut une belle vie malgré tout. J'aurai voulur positiver quand mon meilleur ami a fuit et que je l'ai retrouvé quelques mois plus tard, bien qu'il soit repartie à Séoul pour continuer sa vie chacun de son côté. Je voudrais être comme Kyann dans ces moments-là, maintenant que j'ai perdu mon boulot, à présent que je vais devoir compter encore plus sur lui jusqu'à retrouver un poste et une revenue d'argent. Nous sommes ensemble, amoureux et en couple, mais je me sens toujours pénalisé quand je lui donne trop de soucis ou que j'abuse de sa confiance. Je voudrais aider, pas le merde à son tour dans la mouise. Je l'ai apeuré pour pas grand chose, même si ça me semblait être la fin du monde à mes yeux. Mon boulot, c'était une valeur stable pour nous, pour nos projets et là je n'ai plus rien pour m'assurer que cela continue. Kyann me dit d'oublier, mais c'est difficile. Je voudrais juste rester dans ses bras ou l'embrasser jusqu'à manquer d'air, là je pourrais tout oublier. Finalement on reprend le chemin de retour et je ne sais que faire de plus que fixer le pavé sous mes pieds. Ses mots me font sourire et je relève la tête pour le regarder un instant. « Ils sont utiles. » Ce n'est pas tant pour ça que j'ai récupéré ces chiens, mais bien parce qu'ils avaient besoin d'une famille et moi d'une compagnie. Je le suis à l'intérieur de la maison et m'installe sur une chaise de la cuisine, soufflant d'amusement à son ordre. Il croit que je vais m'en aller où, cet idiot ? J'attends patiemment qu'il revienne avec un torchon rempli de glaçon qui colle contre une blessure. Je grimace, remontant ma main pour saisir automatiquement la sienne, puis je prend la besace pour me débrouiller seul et la garder contre mon arcade défoncée. « Non ça va, j'ai même oublié que j'étais blessé. » Trois fois rien, j'ai l'habitude de me bagarrer avec Kyota. Je souris à cette pensée et descend le tissu frais contre ma joue que je presse légèrement. « Je pourrais repostuler dans le konbini où je bossais l'année dernière ? » Je cherche toujours une solution rapide pour ne pas perdre de temps et d'argent, bien que le club me doit mon salaire jusqu'à ce jour.

 TENUE ••• On a tous ses coups bas, ses peines, ses colères, sa tristesse, je ne blâmerai pas Ji Hyuk de se sentir mal pour ce qui vient d’arriver, je veux juste lui prouver que bien qu'on ne s’attendait pas à une telle situation on peut s’en sortir et que ce n’est pas si grave, le monde continue de tourner, il faut simplement pas abandonner et savoir se relever assez vite pour ne pas regretter d’avoir trainé du pied, j’ai toujours pensé ainsi, avancer encore quoique mon cœur ait été blessé, j’ai aussi connu mes douleurs je suis humain. Cependant, grâce à lui tout ça est derrière moi, je suis heureux simplement de l’avoir à mes côtés et j’aimerai qu’il me regarde et qu’il puisse simplement sourire en se disant que tout ira bien, que demain est un autre jour, l’argent c’est matériel, pas notre relation, pas notre amour, pas notre vie. Arrivé chez nous main dans la main je me souviens soudainement que je suis parti sans rien fermé et soulève que les chiens sont bien utiles en effet, un sourire échangé et je le fais s’asseoir sur l'une des chaises de la cuisine pendant que je prépare de quoi soigner ses blessures, je n’aime pas imaginé qu’il se soit pris des coups, si par le passé il aimait se battre, depuis que nous sommes ensemble il a changé, nous sommes peut-être encore jeunes, mais on a des responsabilités. Je suis le mouvement de sa main agrippant la mienne lorsque je pose le tissu froid contre sa plaie, le laissant s’en occuper, je sors deux tasses pour nous faire deux cafés histoires de nous réchauffer, tirant la chaise en face de lui, je m’y installe pour le regarder lorsqu’il parle de postuler à son ancien boulot. « Tu t’inquiètes trop Hyuk, on verra ça demain, il y a des tas d'endroits où tu peux bosser, ne te précipite pas. » Je souris en lui glissant la tasse sur la table jusqu'à son porté et boire une gorgée bien méritée dans la mienne. « Pourquoi tu essaies pas dans des endroits où tu pourrais chanter, genre le karaoké ? Tu pourrais te faire repérer qui sait. » Ça pourrait semblé être une blague, mais ça se passe souvent comme ça mine de rien, je veux juste qu’il soit heureux et fasse ce qui lui plaît, c’est ça aussi ma façon de lui montrer combien je l’aime.

 TENUE ••• C'est agréable de ce dire qu'il y a toujours quelqu'un pour me soutenir, qu'il est là qu'importe la situation ou le temps, qu'il reste fort pour moi et qui me prête de ce sentiment pour me relever. Kyann n'est pas seulement courageux, il est patient et autant amoureux que je peux l'être à son égare. Je suis bien content qu'il soit venu rapidement à mon appel et qu'il me réconforte à travers mes gros sanglots, à travers mes pensées noires et inutiles. Il sait faire la lumière dans mon esprit, il sait chasser cette zone d'ombre qui noircit ma conscience et grâce à lui, je peux le regarder avec un sourire, qu'il soit faible ou à peine visible. Nous rentrons ainsi tous les deux chez nous, mon copain me parlant de l'utilité de mes molosses -qui sont aussi les siens à présent- et du fait qu'ils gardent bien la maison quand nous oublions de la fermer. Au départ, ce n'était qu'un élément de compagnie, mais maintenant ils sont aussi une aide précieuse en tout circonstance, en plus d'être des amour de bête. Une fois à la maison, je m'installe dans la cuisine comme il semble me guider, prenant de quoi soigner mes blessures auquel cas j'avais un peu zappé ce détail à cause de la perte de mon emploi. La poche de glaçon contre mon arcade, je l'attrape pour me débrouiller seul et éviter d'encombrer sa main pour qu'il fasse autre chose en attendant. Par exemple, nous servir une tasse de café, qui pourra encore plus me remonter le moral, surtout en le buvant avec lui. En même temps, je réfléchis pour un nouveau travail, cherchant une solution rapide mais efficace, jusqu'à que Kyann prenne la parole. Il a raison, j'ai le temps de faire quoi que ce soit avant de me décider, je ne devrais pas mettre la charrue avant les bœufs. « Tu as raison, je devrais en profiter pour gérer mes études et savoir quoi faire pour l'année prochaine. » Et surtout décrocher une bourse, puisque je n'ai pas l'argent suffisant pour me payer autant. Je vais devoir bosser plus, postuler à la royal pour le cursus art et une bourse. C'est du boulot, même sans être rémunéré. Un sourire s'étire sur mon visage et je prend doucement la tasse d'une main, appuyant toujours le tissu humide et frais contre mes bleus. Ce n'est pas bête ce qu'il dit! J'hoche doucement la tête, déposant le torchon sur la table pour tenir ma tasse à deux mains. « Ou chanter dans un bar ? Mais le karaoké, c'est une bonne idée aussi. » J'ai le caractère pour accueillir les gens ou même les conseiller, bien que je ne pourrais pas réellement chanter à mon aise, puis je sais faire le ménage si jamais il faut nettoyer les lieux. « Je pourrais aussi essayer de passer des auditions ? » Après tout, c'est ça mon rêve, devenir une idole. Je pourrais tellement avoir à faire, plutôt que pleurer sur ma perte de boulot. De toute façon, fallait que je me sépare de celui-ci pour avancer plus loin.

 TENUE ••• Quoiqu’il se passe je serai toujours présent pour Hyuk, toujours sans exception. Je n’ai pas besoin de lui dire il le sait très bien, c’est devenu ma raison de vivre, mon monde, mon futur et que ce soit dans la joie ou la peine je le soutiendrai comme je sais qu’il me soutiendra, comme lors d’un échange de serment le jour du mariage je le dirais encore et encore, mais je l’aime et le chéri pour le meilleur ou pour le pire. Mon petit ami a tendance à s’inquiéter trop vite et à chercher des solutions hâtives, je préfère lui dire de ralentir et de prendre son temps, il n’a pas besoin de se décider tout de suite, il va avoir sa dernière paye de toute façon, ça lui laisse déjà le temps de se poser et de réfléchir à ce qu’il veut faire, nous savons tous les deux la voie qu’il veut emprunter, il faut juste qu’il s’en donne les moyens et de mon côté je vais le soutenir encore une fois jusqu’à l’aboutissement de son rêve, même si ça risque parfois d’être difficile encore plus s’il gagne en popularité, mais j’ai confiance, autant en lui qu’en nous et je veux qu’il tente sa chance, qu’il fasse ce qu’il aime pour ne plus avoir à le voir pleurer ainsi ou qu’il perde son chemin dans le noir, bien que je guiderai ses pas autant de fois qui le faudra, il mérite de prendre le chemin qu’il veut réellement suivre au fond de lui. Buvant une gorgée de café je parle des métiers où il aurait peut-être l’occasion de chanter et pourquoi pas de se faire repéré, il chante bien et je ne suis pas le seul à l’avoir entendu, je suis sûr qu’il a ses chances. « Quoi que tu choisisses je suis sûr que tu t’en sortiras parfaitement de toute façon, mais c’est bientôt la fin de l’année alors pense déjà à tes études, ne t’inquiète pas pour le reste ok ? » Je souris en caressant sa joue tendrement., hochant la tête pour approuver. « Fonce bébé, fais ce qui te plaît et n’ai aucun regret. » Je me penche pour lui voler un baiser, du moment qu’on est ensemble je sais que je peux tout faire, je suis sur qu’il le peut aussi. On dit que l’amour donne des ailes non ?

 TENUE ••• à bien réfléchir, ce n'est peut-être pas un mal de perdre ce travail. Si j'ai la chance de rejoindre une agence et d'être trainee, je ne pourrais pas compter sur un tel boulot. Ce serait mal vu, incommodant et de toute évidence, trop risqué. Un mal pour un bien, comme dirait les vieux. Je devrais me réjouir, ça me pousse à me surpasser et à vouloir me diriger vers ce chemin que j'ai tant voulu emprunter. D'ici quelques mois, je pourrais changer de cursus pour me diriger en Art et suivre la route de la musique, du chant et de la danse. En même temps, je pourrais faire des auditions et continuer de gravir les échelons vers mon rêve, vers mon but. Kyann n'a pas tord, tout n'est pas perdu. Finalement, je reprends du poil de la bête grâce à lui et à son soutient, grâce à ses sentiments et à sa présence. Ma tasse entre les mains, je n'ai cessé de l’observer en songeant, un fin sourire au coin des lèvres. En attendant de débuter cette aventure, je dois toujours trouver de quoi tenir jusque là, et les idées ne manquent pas réellement. Il a raison, mes études avant tout puis je penserai aux restes après. « Oui, je vais faire ça. » Je relève les yeux pour l'observer sans perdre mon esquisse, plongeant dans son regard. « Merci, je suis heureux que tu sois là. » Soufflais-je avant qu'il ne m'embrasse, fermant les paupières pour profiter de la douceur de ses lèvres contre les miennes. Cette atmosphère me donne envie de pleurer, partagé entre soulagement et joie, tristesse et peine. Je ne sais plus quoi ressentir mais je suis content qu'il soit à mes côtés. Une fois nos bouches séparées, j'ouvre à nouveau mes yeux et attends qu'il reprenne sa place pour boire une gorgée. « Je ne suis pas trop défiguré ? » Mes blessures commencent à tirer et je grimace en fronçant les sourcils, n'arrangeant rien à la douleur qui se diffuse dans mon arcade sourcilière, ni celle au coin de mes lèvres. Ce sera sûrement la dernière bagarre, la dernière que je ne déclenche pas volontairement.

 TENUE ••• Je mentirai si je disais que le fait que Ji Hyuk puisse se lancer dans une carrière d’artiste ne me fait pas appréhendé certaines choses comme notre vie privée, mais j’ai confiance en lui, en nous et je sais qu’il prendra les bonnes décisions, c’est pourquoi je n’hésite pas une seconde à le pousser sur cette voie, pour qu’il entame enfin ses projets et qu’il puisse vivre son rêve tant espéré. Nous savons tous les deux que quoiqu’il arrive je serai son premier fan, il sera toujours la seule étoile brillante à mes yeux, la seul capable d’illuminer mon cœur amoureux. En tout cas je suis content qu’il reprenne du poil de la bête et arrête de déprimer, je préfère qu’il reste positif de toute façon je suis avec lui pour l’aider à avancer, tant qu’on est ensemble rien ne devrait pouvoir nous heurter, il y a des solutions à tout il suffit de les trouver. « Je serai toujours là, tu sais bien. » Je souris en le regardant après une gorgée de café pour venir l’embrasser dans un échange amoureux et tendre, le voir pleurer ça me tue, j’aimerais qu’il garde son sourire tout le temps, même s’il me donne envie de prendre encore plus soin de lui pendant ses sanglots, il faut dire que Hyuk est adorable, j’ai tout le temps envie de prendre soin de lui ou de le prendre dans mes bras, l’embrasser ou simplement le regarder en parlant comme nous le faisons à cet instant. J’aime notre quotidien, chaque moment ensemble me remplis de joie et je suis heureux de les partager à ses côtés. Je souris face à sa question. « Ça va disparaitre d’ici quelques jours, la glace empêchera déjà les hématomes de gonfler, j’irais chercher de la pommade demain. » Je tends ma main vers lui pour attraper la sienne de libre et entrelacer simplement nos doigts. « Tu veux qu’on fasse quelque chose ? » Je ne sais pas s’il préfère prendre une douche et se reposer ou autres, quoi qu'il décide je le suivrai de toute manière vu que je l’attendais déjà durant toute la soirée.

 TENUE ••• évidement que je le sais bien, mais je n'en doute pas comme je n'en ai jamais douté. Qu'importe ce que je choisis, Kyann sera toujours là pour moi, pour m'aider, pour m'épauler, pour m'écouter, pour tant de chose que personne à part lui ne parvienne à faire. Kyann arrive même à chasser ce chagrin qui emplissait mon coeur quelques secondes plus tôt, tarissant mes larmes au travers d'un doux et chaud baiser. Je remercie le hasard de l'avoir mit sur ma route, cet instant-là dans le parc, ainsi le fait qu'il est été mon voisin pour se rapprocher doucement l'un de l'autre. Ainsi rassuré, je peux penser à autre chose que mon boulot perdu ou mes choix à avenir que ce soit sur mes études ou le reste. Kyann a raison, j'ai le temps de réfléchir à tout cela, puis j'ai un truc plus important à savoir... Est-ce que j'ai toujours deux yeux, un nez et une bouche ? J'ai dû l'oublier jusqu'à présent, mais la douleur revient pour me rappeler à l'ordre. « J'ignorais que tu étais docteur. » Plaisantais-je avec un petit rire moqueur, nos doigts s'entrelaçant. Kyann dispose de talent dont j'ignorais complètement l'existence, c'est surprenant après plus d'un an à se fréquenter. « Je ne sais pas, tu as envie de quelque chose en particulier ? » Quelle tactique révolutionnaire que retourner la question à l'envoyeur. Je souris innocemment et soulève son bras pour déposer le dos de sa main contre ma joue, m'y frottant tel un chat réclamant des câlins. « Tu te souviens de Billy the cat ? Et si nous allions le chercher ? » Quelle idée folle mais je me dis que ce chat sauvage mérite une famille et qu'il serait bien avec nous, à Shibuya.

 TENUE ••• Demain est un autre jour, bien qu’avec Hyuk je puisse entrevoir le futur et faire des projets je n’oublie pas cette vision que j’ai toujours eue, personne ne sait ce qui peut arriver, comment on va gérer une situation, dans quoi on va se lancer où ce qu’on sera dans un mois ou dix ans, nous sommes incapable de le dire avec certitude, la seule certitude que j’ai et tant pis si ça peut paraître arrogant ou trop confiant, c’est qu’il sera à mes côtés. Lee Kyann est associé à Kwon Ji Hyuk et inversement, cela pour toujours, je me fiche des probabilités comme quoi les sentiments peuvent changer et les relations se fissurer, nous savoir tous les deux qu’on est heureux ensemble et que personne ne pourra prendre cette place qu’en si peu de temps nous avons pris l’un dans la vie de l’autre, ça, je n’en doute pas. « Je ne suis pas docteur, mais j’ai appris quelques trucs quand je me suis blessé aussi. » Ce sont des soins basiques, il s’est aussi occupé de moi de cette façon quand je me suis fait frapper pour le protéger non ? C’est normal de soigner les blessures de celui qu’on aime, qu’elles soient internes ou externe. Je souris, nos doigts entrelacés, il ne semble pas avoir d’idée sur ses envies dans l’immédiat, je le laisse frotter ma main contre sa joue en le regardant tendrement. « Bien entendu ! Je voulais l’emmener avec nous quand on a déménagé, mais il n’est pas revenu à l’appart après ça et je ne l’ai pas trouvé dans la rue ou les coins habituels, ça me manque de faire la course avec ! » Je rigole, mais j’affiche quand même une expression un peu triste à l’idée que quelque chose lui soit arrivé, c’était un peu mon chat malgré tout et dire que c’était l’année dernière, j’ai l’impression que ça remonte à loin. « Tu veux y aller maintenant ? Il est tard, tu ne veux pas te reposer un peu ? » Ça ne me dérange pas du tout, au contraire, juste que je veux pas qu’il s’épuise et toutes ses émotions ont dû le secouer malgré tout. « Tu as mangé au moins ? »

 TENUE ••• Kyann me surprendra de jour en jour. C'est un amant très tendre et attentionné, mais je ne me doutais pas à ce point-là. Il est venu me chercher dès mon premier coup de fil sans rien savoir de mon état ou du pourquoi du comment, puis il m'a fait un café tout en soignant mes petits bobos. Franchement, je n'ai jamais imaginé un copain aussi parfait que lui, ça me réconforte dans mon malheur. Quoi que, je ne suis pas si à plaindre quand on voit ma vie. J'ai une maison, des études, un petit ami, des chiens, des amis. J'ai tout ce que tout le monde désire, bien qu'il me manque désormais un travail. « Quand est-ce que tu t'es blessé ? » Je ne me souviens pas de l'avoir déjà vu blessé depuis que nous sommes en cou- ah si ... Cette fois-là où il m'a protégé contre une bande de gars dans la rue. L'un d'eux l'avait tapé dans le genoux et je m'en suis toujours voulu, mais à l'époque nous ne sortions pas encore ensemble. Je n'ai aucune envie particulière dans l'instant, je me sens déjà à bout de force après avoir autant chialé sur mon sort. Peut-être qu'il a quelque chose en tête et je serais curieux de savoir quoi au juste. Mais avant ça, je parle de ce bon vieux chat qu'il nourrissait quand nous vivions encore à Shinjuku. Apparemment, il ne l'a pas recroisé depuis notre départ et à mon tour, je me sens triste pour l'animal. Ma petite moue décrit bien mon état d'esprit, je suis peiné qu'il puisse lui être arrivé quelque chose entre temps. « Je ne suis pas si fatigué... » Me défendis-je en le regardant dans les yeux, cherchant à l'amadouer avec mon regard de chaton. « Puis on pourrait manger dehors. » Marcher pourrait me changer les idées, même si nous avons déjà fait le trajet de Minato à Shibuya, à pied. Je suis d'humeur à retourner à l'extérieur, quitte à me taper la distance jusqu'à Shinjuku. « Dis-moi si tu préfère rester ici, je ne le prendrais pas mal. » Il sait qu'il peut tout me dire, mais je ne veux pas qu'il se force juste pour moi. Je pourrais comprendre s'il désire rester à la maison, au chaud, plutôt qu'aller se cailler dehors et se fatiguer à marcher durant des heures. Puis il est tard, Kyann n'a pas tord. Peut-être que regarder un film serait plus raisonnable que partir à l'aventure, sous prétexte que cela m'allégera le coeur et la conscience. « J'ai envie de Taiyaki bien chaud. »

 TENUE ••• Je ne suis tendre et attentionner qu’avec Ji Hyuk, du moins en matière de relation amoureuse, je n’ai jamais été ainsi avec personne, il est unique et c’est très bien comme ça, je veux vraiment tout donner pour lui, pour nous sans compter, sans m’imposer de limite parce que je sais que malgré le peu de temps qu’on a passé réellement ensemble nous sommes simplement fait pour être ensemble et ce n’est pas négligeable. Je n’ai aucune explication, aucune justification à donner, je l’aime plus que tout, que tous les cœurs de cette planète réunis, dès que mes yeux se posent sur lui j’ai juste le cœur qui s’affole, le désir de le protéger, de l’enlacer ou de l’embrasser, je serai toujours ainsi avec lui, parce que c’est de cette façon qu’on a construit notre relation. Je souris à sa question, il devrait se souvenir cet idiot. Je lui fais une petite pichenette pour le « réprimander » de ses souvenirs négligés avant de répondre. « Pas seulement ce jour-là, mais quand je faisais du foot ça m’arriver aussi de me blesse, je ne suis un bagarreur et je déteste la violence, mais il y a d'autres façon de se faire mal. » Malgré que sa proposition soit intéressante je me demande s’il n’est pas trop épuisé avec tout ça et je garde mon esquisse à ses paroles hochant la tête. « D’accord~ ne t’inquiète pas chaton je pense que c’est une bonne idée qu’on sorte manger et avec un peu de chance on trouvera Billy, ça serait bien. » J’ai vraiment envie de le ramener chez nous et de lui donner des tas de boîtes de thon haha. « On pourra se reposer après. » Je laisse seulement les fesses de ma chaise pour déposer mes lèvres sur son front tendrement. « Cette fois je mets une veste par contre ! » Je rigole, mais il fait froid dehors~ « On pourra en acheter sur la route, ça m’a donné envie aussi. » J’enfile une veste sur mon pull et regarde une dernière fois le visage de Hyuk. « Laisse-moi couvrir la plaie, attends. » Prenant un de ses pansements décoratif je rigole en voyant les petits dessins dessus, le collant sur l’endroit le plus « marqué » de son visage. « Voilà, t’es beau comme ça ! » Je lui tire la langue en tendant ma main. « On y v... Ah ! Attends-je prends une boîte de thon avec moi ça peut être utile ! » Pour attirer Billy qui sait, il reconnaîtra peut être l’odeur de cette marque que j’aimais lui donner il y a quelques mois seulement. Croisons les doigts.

 TENUE ••• Tant de chose se sont passés depuis notre rencontre, tellement d'événements et de situations étranges. Je me souviens de beaucoup de souvenir, autant bon que mauvais, mes nombreuses crises, tout nos câlins, nos sorties, nos disputes. Il y a tant à se rappeler, et pourtant ma mémoire me fait défaut sur le coup, avant que la lumière ne se fasse. Oui, je me souviens aussi de ce passage-là où j'ai causé bien du tord à Kyann, mais c'est aussi grâce à cela que nous nous aimons autant aujourd'hui. Sa pichenette m'extirpe une légère plainte et je viens déposer ma main contre mon front, par dessus mes sourcils froncés. Je n'avais pas pensé à l'époque où il pouvait encore jouer au foot, ni à son grave accident qui lui a coûté sa jambe. « Je l'avais remarqué. » Pour le côté bagarreur. Après tout, il a préféré être battu que de se battre, comparé à moi qui fonce souvent tête baissée. Quand je me bat avec quelqu'un, j'ai l'impression de chercher qui je suis réellement à travers mes coups, tout en essayant de me défendre et de prouver ma valeur. Il y a tant de chose qui se passe dans ma tête quand j'utilise mes poings et mon courage, cette petite flamme d'audace. « Hm, merci. » Soufflais-je doucement avec un sourire sincère collé sur le visage. Autant faire une pierre deux coups en mangeant dehors et en cherchant ce bon vieux chat. Cette époque me manque un peu, quand je surprenais Kyann entrain de nourrir les chats sauvages du quartier, surtout ce Billy. Un hochement de tête et je lui fais comprendre que ça marche. Je me sens mieux après son bisous, riant à sa remarque. « Ne tombes pas malade. » Même si jouer l'infirmier ne me dérange pas plus que ça, puis je parle de nourriture, lui donnant aussi envie par la même occasion. Bah voilà, c'est décidé! Je veux manger des taiyaki. Kyann est trop attentionné, allant jusqu'à coller un pansement ridicule à la bordure de mon sourcil, là où l'arcade est défoncé. « De quoi j'ai l'air, franchement. » ça ne m'empêche pas de sourire à nouveau, prenant sa main pour me relever de la chaise. Il pense à tout, même au thon pour le chat. Encore un rire et j'attends qu'il soit proche de moi pour lui voler un baiser, glissant ma main dans la sienne pour repartir à l'extérieur.

 TENUE ••• On évolue de jour en jour, on l’a toujours fait durant cette année passée ensemble, les mois, les semaines on a grandies à travers chaque épreuve qu’il a fallu traversé, peut-être qu’en dehors de nos hauts et nos bas qui n’était pas si flagrant sauf au début lorsque Hyuk avait peur de ce que son père pourrait dire face à notre relation, la période la plus difficile était surement cette rencontre justement, les parents. Tout aurait pu se terminer à cet instant, mais notre amour a réussi à passer au-delà des préjugés familiaux, il m’a prouvé que j’étais plus important que son nom, son héritage et même son père, les doutes n’ont plus leurs places dans notre couple, nous sommes fort et résistant, je suis peut-être attentionné avec lui, mais c’est seulement parce que j’en ai envie, je veux prendre soin de lui, je veux l’embrasser, le soigner quand il est blessé, le rassuré quand il doute, le prendre dans mes bras quand il a besoin de soutien, tellement de choses, je veux être tout à la fois à ses yeux comme il l’est aux miens, simplement parce que je l’aime. Je le regarde et je l’aime encore plus, chaque seconde je l’aime davantage, demain je l’aimerai plus qu’aujourd’hui et ainsi de suite, c’est notre évolution et la force de notre relation.

Maintenant que nous avons notre programme pour le reste de la soirée autant y aller, je dois mettre une veste, souriant aux paroles de mon amant. « Je suis résistant ! Puis si je tombe malade je compte sur toi pour prendre soin de moi. » Avant de partir je m’occupe de la blessure de Ji Hyuk collant un pansement sur le coin de son sourcil, riant un peu en le regardant dans les yeux. « T’es mignon ! » Encadrant son visage de mes mains pour l’embrasser, de toute manière je suis le seul à le regarder, il sera toujours le plus beau pour moi. N’oubliant pas le thon pour Billy, on peut partir, un dernier bisou et c’est main dans la main qu’on quitte la maison, fermant cette fois derrière nous. Les chiens sont tranquilles dans leurs niches, on les fera rentrer plus tard quand on reviendra. « On mange d’abord et on cherche Billy ensuite ? » nos estomacs en premier et vu l’heure on a le temps de se rendre à Shinjuku ensuite.

 TENUE ••• Bien avant de le rencontrer ou de l'aimer, je ne voulais pas suivre les directives de mon père mais je n'avais aucune raison de les défier à l'époque. Quand ma soeur est morte, je me suis abandonné à l'idée de mon paternel pour reprendre son flambeau et ainsi n'avoir aucune identité propre à moi-même, puis j'ai rencontré Kyann et les choses se sont enchaînés jusqu'à me libéré de toute obligation et être enfin moi-même. C'est ce garçon idiot sur les bords qui a brisé mes chaînes et ouvert la porte de cette cage dorée, mais mortelle. Je ressens toujours de la peine pour ma mère, parce que je l'aime énormément, mais je suis content d'avoir choisis lui plutôt qu'eux. Jusqu'à la fin, c'est avec Kyann que je vais rester et être heureux. Même quand je perds mon boulot ou me fait taper dessus, il est là et accours aussitôt à ma rescousse. Je me dis qu'une vie sans lui ne doit pas être une vie.

Quand il parle de veste, je ne peux m'empêcher de le sermonner pour qu'il ne soit pas malade, mais cet idiot ne perds pas le nord. Je souris tout en secouant la tête, incrédule. « Ne compte pas trop sur moi, sinon tu risques de finir gaver de médicament. » Dis-je avec un clin d'oeil. Je l'étoufferai sous une pile de couverture aussi, avec mes chiens par dessus pour lui tenir chaud. à son compliment, je rougis prestement et gonfle légèrement mes joues, rapidement dégonflées par ses mains. Son baiser rendu, je le regarde prendre sa boite de thon en souriant puis nous sortions  dans notre jardin, où les fauves sont tranquilles. « ça marche! Faut des forces avant de faire des recherches. » Je me prendrais presque pour un détective, manque seulement la cape, le chapeau, la loupe et la pipe... Tout l'uniforme quoi. Heureusement que quelques commerces sont toujours ouvert à cette heure-ci, sinon nous n'aurions aucun taiyaki.

 TENUE ••• On a encore la vie devant nous, on peut faire tellement de choses et d’ailleurs même si on donne l’impression d’avoir fait beaucoup en peu de temps ce n’est que le début, on a réussi à mettre de côté les doutes, les « problèmes » qui auraient pu entacher notre relation pour enfin se libérer et vivre sans regret, avancer sans s’arrêter, le sourire aux lèvres et confiantes, je le suis. Heureux je le suis aussi, de quoi ai-je besoin en ayant déjà Ji Hyuk près de moi ? Il suffit parfois de trouver « LA » personne pour que tout prenne un sens et par chance il m’a fallu seulement dix-neuf ans pour l’a trouvé. Pour ce qui est d’attraper froid j’imagine bien mon petit ami s’occuper de moi c’est mignon non . « Ne me drogue pas non plus, un câlin et j’irai mieux tu sais~ » Je souris alors qu’on échange un baiser, quittant finalement la maison avec ce qu’il faut sur moi pour le chat. Mais quitte à aller à Shinjuku autant prendre le temps de manger un morceau avant que les commerces ne ferment. Marchant main dans la main dans la rue, la fraicheur caresse nos visages, les étoiles brillent au-dessus de nos têtes et la lune est ronde, totalement pleine, ça me fait sourire en remarquant tout ça, plus tôt j’étais tellement obnubilé par l’envie de le rejoindre que je n’ai même pas réellement admiré le « paysage » pourtant je suis du genre à regarder partout, je suis étrange, mais les petites choses sont parfois le plus agréable. Posant mes yeux sur mon copain, je le tire contre moi pour déposer un baiser sur sa tempe tout naturellement, tout fier je vois de la lumière dans un des petits restaurants du coin, il vende des taiyaki ça tombe bien, normalement j’en prends aux commerces de rue sur leurs petits charriots, mais la nuit c’est plus compliqué, il y a encore du monde d’ailleurs à l’intérieur. « On les prend à emporter et on les mange dans le parc ou en marchant ? » C’est ce qui me parait le mieux sur le moment.

 TENUE ••• Pas besoin de le préciser pour savoir que je m'occuperais tout le temps de lui, qu'il soit malade ou en pleine santé. Je ferais toujours attention à mon petit ami, comme si c'était la prunelle de mes yeux, mon trésor, ma fortune, mon tout. évidement, je l'embête légèrement en parlant comme si j'en avais rien à faire qu'il soit grippé ou quoi, mais dans le fond c'est entièrement faux. Je serais sûrement mort d'inquiétude face à sa fièvre mais je me battrais pour qu'il aille mieux, quitte à le goinfrer de médicament et de câlin. « Hey oh, je ne suis pas le docteur mamour. » Puis un câlin n'a jamais guéri d'une maladie, il devrait le savoir mieux que quiconque, mais ça ne m'empêchera pas de le faire pour autant. Un baiser et nous quittons la maison, à la recherche du bon vieux chat mais aussi des taiyaki. Au Japon, les commerces ne ferment pas tous à des heures précises, certains veillent tard pour les gens comme nous qui aimons sortir à pas d'heure, puis il fait beau et bon. Le ciel semble dégagé malgré la luminosité éblouissante de la ville, mais ça ne cache pas la pleine lune qui miroite dans les yeux de mon amant et m'arrache un fin sourire. En même temps, Kyann dépose ses yeux sur moi et me tire à lui, m'embrassant la tempe et m'arrachant un petit rire. Je lui donne une légère tape contre le bras et tourne la tête vers la lumière d'un commerce. « Mangeons les en marchant, ça pèsera moins lourds sur l'estomac. » Plaisantais-je en me rapprochant de l'entrée, tenant toujours la main de mon petit ami. La personne qui gère l'endroit pour la soirée nous salue chaleureusement mais je ne m'occupe pas de choisir une table, ayant déjà mon idée en tête. « Tu veux autre chose à manger ? Ou à boire ? » Je pose mon regard sur Kyann, l'interrogeant aussi de mes iris sombres. Je n'ai pensé qu'au Taiyaki en sortant de la maison, mais nous pouvons prendre autre chose.