TENUE ★ Plusieurs jours étaient passés et on était de retour chez nous, cette petite période à la campagne m’a réellement fait du bien, je me suis senti complètement vidé de toute cette rancœur, de ce sentiment pesant sur mon cœur, je me suis juste amusé, riant de tout et profitant avec Jiro de chaque moment. Mais la réalité m’a vite rattrapé quand j’ai passé le pas de ma porte d’entrée, le calme, la solitude, aucun sourire pour m’accueillir, pour me sourire où me demander simplement si ça c’est bien passé, je n’avais qu’une présence inexistante, retrouvant les murs de cette maison où ma présence est comme éphémère. J’avais repris mes activités manuellement, remarquant le grand nombre de commentaire durant mon absence, faudrait que je bosse sur un autre album j’ai l’impression d’être vraiment inspiré après ce voyage, je pourrais même parler de grenouille ! Qu’est-ce que j’ai pu rire en me rappelant cet instant, c’était vraiment amusant, mais ça me manquer, malgré tout j’avais envie de partager encore ce genre de moment avec lui et voilà comment on a décidé de sortir ensemble, trainant en ville ici et là, mangeant des pizzas comme on en a pris l’habitude, celle-ci n’était pas des nuages avec lesquelles on a jouer, mais elles étaient bien réelles. Tout se passé super bien, j’étais toujours aussi ouvert avec lui comme lors de notre séjour, je suppose que la réalité ne m’a simplement pas encore rattrapé... Rentrant chez moi, Jiro a fait un bout de chemin avec moi, puis de bout de chemin c’est devenu tout le chemin, me raccompagnant jusqu’à la maison, j’avais l’impression d’être avec ma copine ou un truc du genre, sauf que c’était moi qui étais reconduit, j’avais des idées bizarres, j’en riais bêtement avec légèreté. « Tu aurais pu rentrer chez toi aussi, ça te fait faire un détour non ? » Quoiqu’il n'habite pas si loin il me semble, enfin je ne sais même pas où il vit réellement, je n’ai jamais mis les pieds chez lui. Mais c’était surement une erreur, devant la maison j’étais sur le point de lui parler, souhaitant le remercier et même l’inviter à entrer, mais la personne qui m’en empêcha c’était celle qui me renvoyait en pleine face les sentiments que j’avais réussi à faire disparaitre, mais qui me revenait en pleine face en le voyant sourire... Mon père s’empressa de s’approcher pour parler à Jiro. « Je ne savais pas que tu venais aujourd’hui, qu’est-ce que tu fais ici, viens entre donc j’ai bien fait de rentrer plus tôt. » Il semblait si content, il devait surement penser qu’il était là pour le voir, mais je ne put dire aucun mot en sentant cette noirceur entourée mon cœur, c’était blessant, frustrant, je ne voulais pas le détester, tout ce passé bien, pourquoi faut-il que je gâche tout... Mais c’est plus fort que moi, mon visage s’est instantanément fermé alors que je m’éloigne pour rentrer chez moi sans un mot, mon père devais se faire une joie de s’occuper de Jiro, faire comme si de rien n’était, prenant ma boisson dans le réfrigérateur, j’essayais de calmer ce sentiment hideux, je suis fatigué de me sentir bêtement abandonné, isolé.

 TENUE ★ A l’instant où le voyage s’est terminé et qu’on a du se quitter, j’avais déjà hâte de retrouver Shion. Maintenant, dès que je vois un nuage, je me remémore de notre délire, dès que je vois une pizza, je pense à lui, dès qu’on me parle de grenouille, je rigole tout seul, en repensant à nos pauvres victimes. J’ai vécu d’amusantes expériences et j’en garde de beaux souvenirs. J’avais déjà réfléchis pendant le voyage et même après tous ces jours passés, je peux affirmer que Shion me plait. N’ayant jamais été amoureux, je ne peux confirmer si c’est de l’amour avec un grand A, mais j’ai constamment envie d’être avec lui, de le faire rire. Je n’ai pas eu besoin d’y réfléchir à deux fois lorsqu’on a décidé de trainer en ville ensemble. A nouveau, j’ai passé une excellente après midi à rire et à manger. Au moment où on devait se séparer, j’ai proposé de faire le début du chemin ensemble. Habitant tous les deux à Minato, il n’y avait pas besoin de beaucoup argumenter pour que Shion accepte. Plus on marchait, plus on rigolait et moins je voulais l’abandonner pour rentrer chez moi. « Ne t’inquiète pas, j’aime bien marcher ! Et puis, vu le nombre de pizzas qu’on a mangé, un détour ne me ferait pas du mal. » Je rigole. C’est sur que ça me fait un détour mais ça vaut le coup. Je n’ai pas besoin de rentrer si tôt chez moi puisque le copain de ma mère doit y être. Ce n’est qu’en apercevant la maison de Shion que je me rende compte de la vitesse du temps passé. J’étais tellement occupé à parler avec lui que je n’ai même pas vu le temps défilé. Bon, faut croire qu’il s’agit de la fin. A ma grande surprise, Kirigaya-san est là. Je souris et le salue poliment. Je cède à son invitation et entre dans la maison. Malgré mon sourire face à mon « oncle », mes yeux suivent Shion. Il m’a l’air…bizarre. Kirigaya-san me mène jusqu’au salon, là où, je perds complètement de vue mon ami. Il m’invite à m’asseoir et s’installe sur le siège en face de moi. « Alors dis moi ? Que viens tu faire ici ? » Mon attention se dirige sur mon hôte. « Je venais de raccompagner Shion. » Il se fige pendant quelques secondes avant de me parler naturellement. On discute rapidement, mais je jette de temps en temps un coup d’oeil vers la cuisine, espérant voir Shion apparaitre. Je me mors la lèvre inférieure. « Hum… Je vais voir Shion, ça fait un petit moment qu’il est dans la cuisine. » N’attendant pas sa réponse, je lui souris et me lève de ma place. J’entre dans la cuisine. « Shion ? Ça ne va pas ? »

 TENUE ★ En très peu de temps on a réussi à se faire des souvenirs qui au quotidien peuvent resurgir tout naturellement, on s’est tapé de drôle de délire lors de ce voyage, avec la nature qui nous entoure et tout le reste, d’ailleurs ça serait bien qu’on fasse du vélo ensemble ici un jour, à deux en ville on risquerait de se faire chopper, étant donné que c’est interdit, les règles c’est chiant parfois... Mais à la campagne on pouvait tout faire, c’était vraiment cool et je me surprends à adorer réellement passer du temps avec lui, entre la haine que je pensais lui vouer et ce que je ressens en ce moment il y a un fossé énorme. Après toutes les pizzas en effet un peu de marche ne pouvait nous faire que du bien, ça me fit sourire, ne pouvant pas contester j’ai simplement accepté qu’il me raccompagne, sauf qu’au fil des minutes c’est jusqu’à la porte de ma maison qu’il m’a conduit et avant du réalisé il était trop tard, on est irrécupérable parfois. Mais j’aurais dû le remarquer et lui dire de me laisser, j’aurai du... car ainsi je n’aurais pas à me sentir ainsi quand mon père nous rejoint, je n’ai pas droit à un regard, j’entends sa voix seulement quand il parle aux autres, je suis comme invisible face à lui et je me sens laid de ressentir tellement d’émotions négatives, je me suis simplement refermé sur moi-même à cet instant, comme si j’étais rattrapé par une réalité que je ne voulais pas, mais que je devais malheureusement affronter et cela a chaque fois. À l'intérieur je préfère resté isolé, les laisser ensemble et trainer ici et là, rageant contre moi-même de cette colère et de ces douleurs que j’aimerais effacé pour de bon, cette jalousie je ne veux pas continuer à la ressentir, je ne veux pas le détester, je suis entre deux chaises sans savoir de quel côté balancé, serrant la bouteille que je tiens entre mes doigts je n’entends pas Jiro s’approcher et c’est sa voix qui me sort de mes réflexions, lui lançant un regard vide malgré moi. « Ça va. » Aucun enthousiasme, aucune chaleur, je me hais pour être ainsi, il n’a rien fait... il n’a absolument rien fait, je suis juste le plus idiot pour me laisser submerger par mes émotions. « T'occupe pas de moi. »

 TENUE ★ Tout se passait bien. Je n’avais pas trop d’inquiétude concernant notre amitié. Le plus dur était passé. Il sait maintenant comment je suis et m’apprécie en connaissance de cause. Je pense réellement que nous avons fait un immense pas en avant. Le voyage à la campagne nous a rapproché au point de continuer à nous voir même après être rentré à Tokyo. L’environnement est totalement différent, nous sommes de nouveau dans la modernité, dans le bruit. Nous ne sommes que deux personnes parmi tant d’autres. Et pourtant, je trouve que l’ambiance est resté la même que celle de la campagne. Je rigole encore de tout et de n’importe quoi avec lui, on se goinfre de pizzas sans aucune retenue, on est dans nos délires les plus enfantins. Ne voulant faire qu’un bout de chemin avec lui, je me retrouve sans trop le savoir à le raccompagner jusqu’à chez lui. En même temps, le temps passe vite lorsque je suis en sa compagnie. On n’a pas le temps de s’ennuyer. Le Shion qui est devant moi est celui de la campagne. Cela me parait évident. Le père de Shion rentre lui aussi à ce moment là. Je sais qu’ils ne s’entendent pas trop mais ça n’a rien avoir avec moi non ? Alors pourquoi Shion m’ignore complètement ? Ça me fait mal de le voir ainsi, ça me fait encore plus mal lorsqu’il ne m’adresse plus un regard. Je ne comprends rien. Même si j’apprécie beaucoup Kirigaya-san, je ne suis pas du tout intéressé par la conversation. Je veux retrouver Shion et lui demander ce qu’il a. J’attends quelques minutes pour voir s’il ressort de la cuisine mais toujours aucune trace de lui. C’était comme s’il ne voulait pas réapparaitre devant moi. S’il ne veut pas me voir, j’irai vers lui. Je quitte le salon pour le rejoindre dans la cuisine. Je dois paraitre impoli mais ce n’est plus ma priorité. Ce que je souhaite là maintenant, c’est de savoir si Shion va bien. Je le retrouve dans la cuisine. Il ne m’a pas vu et semble être dans ses pensées.  Il a l’air différent. Je lui souris faiblement avant de lui poser la question. Son attitude m’émet un pincement au coeur. «  Je ne te laisserai pas tant que tu m’auras pas dit ce que tu as.  »

 TENUE ★ Je n’étais pas du genre à être bipolaire, le changement d’attitude ou de comportement ce n’était pas moi, mais là j’étais complètement submergé par deux sentiments qui me faisaient virevolter d’une joie à une colère, une tristesse qui m’empêcher d’être aussi ouvert avec Jiro, la réalité m’a rappelé combien j’étais naïf, quoi qu'on fasse, peu importe combien on peut se rapprocher et s’entendre, cette jalousie sera toujours un frein, mon père l’aimera toujours plus qu’il ne m’aime et il aura l’attention que je recherche depuis tant d’années et rien ne pourra changer ça. Installé seul dans la cuisine j’aimerais juste disparaitre, je sais que ma façon de me comporter avec Jiro est totalement incompréhensible et qu’il va surement ne rien capter à ce qui se passe et le pire c’est que je ne peux même pas lui dire... Pourquoi faut-il que je m’attache à ce gars, je suis censé le haïr, pas m’en faire un ami et pourtant ça non plus je ne l’ai pas vu venir. Si avant j’étais juste en colère, maintenant je suis blessé parce que je me suis réellement rapproché de lui et que ça complique littéralement cette situation. Je soupire, perdu dans mes pensées, la bouteille est à moitié écrasée entre mes doigts jusqu’à l’arrivée de Jiro, il me questionne, mais je ne trouve qu’à le pousser à retourner auprès de mon père, c’est cruel, stupide, idiot, totalement... Je me mens à moi-même, j’aimerais qu’il reste, mais je ne sais quel truc con passe par ma tête pour que je le repousse, surement pour ne pas m’en prendre à lui... « Il n’y a rien. » Tellement convaincant Shion... Je m’approche et le cogne en voulant passer en force sans faire exprès cette fois, mais c’est frustrant. « Laisse-moi tranquille. » Les mots vont bientôt dépasser mes pensées, mais c’est comme si je ne contrôle plus rien, juste emporter par cette sensation désagréable qui devient encombrante.

 TENUE ★ C’est l’incompréhension totale dans ma tête. J’ai l’impression d’avoir loupé plusieurs épisodes. Je suis totalement perdu. En même pas deux secondes le comportement de Shion a changé. Son sourire a disparu, son regard vide, ce n’est plus la même personne que je parlais tout à l’heure. Pourtant, je n’ai pas l’impression d’avoir fait quelque chose de mal. Tout allait si bien. Est ce parce que je l’ai forcé à le raccompagner jusqu’au bout ? Ça ne tient pas la route puisque j’avais l’impression que ça ne le dérangeait pas. J’essaye de me souvenir du dernier mot que je lui ai dit mais bizarrement, je n’arrive plus à m’en souvenir. Son comportement m’inquiète, il y a forcément une raison derrière tout ça non ? Mon coeur se serre en voyant Shion agir ainsi. La douleur est pire que lorsqu’on me donne une part d’une délicieuse pizza et qu’on me l’arrache de la bouche sans aucune raison apparente. Je ne dis pas que Shion est une pizza mais je l’apprécie beaucoup beaucoup. Et même si le temps passé ensemble est relativement court, il m’est précieux. Je ne suis pas du genre à laisser tomber les autres quand quelque chose ne va pas. Je quitte mon oncle pour aller retrouver Shion dans la cuisine. Inquiet, je lui demande si quelque chose le dérange, même si je vois que c’est effectivement le cas. J’aimerai qu’il me dise ce qu’il a. Je suis son ami non ? Il peut me faire confiance, je ferai de mon mieux pour l’aider. Mais il me repousse m’incitant à le laisser tranquille et de rejoindre son père. Comment pourrai-je l’abandonner si je sais qu’il ne va pas bien ? Je lui tiens tête car je ne veux pas l’ignorer. Je ne peux pas. Ses mots sont l’inverse de ce qu’il pense. Il n’y a pas « rien », on ne change pas soudainement de comportement à cause de « rien ». Je ne suis certes pas très futé, mais je ne suis pas aveugle. Il me ment, me cache quelque chose. Shion veut s’enfuir et me cogne par la même occasion. Au moment où il passe, je lui attrape fermement le bras, sans pour autant lui faire mal, juste assez pour qu’il ne parte pas. « Je n’en ai pas envie.  » A chaque fois qu’il voudra reculer, moi, j’avancerai vers lui. « Shion… Qu’est ce que tu as ?  » Il m'inquiète, je voudrais pouvoir l'aider et je ne pourrais le faire qu'en sachant ce qu'il a.

 TENUE ★ Je n’ose même pas imaginé ce qui peut se passer dans la tête de Jiro face à mon comportement, jusque-là je me fichais bien de ce qu’il pouvait penser, de le blesser, de cette incompréhension face à mon rejet, mais après ce qu’on a partagé je suis surtout rempli de honte et de regret face à ces émotions qui me font le repousser encore et encore sans pourquoi donner d’explication. Comment le pourrais-je au fond ? C’est une noirceur que je ne veux montrer à personne, cette jalousie dominante je ne veux pas que quiconque voit combien je peux être moche... Je le renvoie à mon père, je lui dis simplement de me laisser tranquille, de faire comme si je n’étais pas là, ce genre de sentiment je le connais très bien, je vis avec depuis toujours, dans cette maison je suis l’incarnation de l’homme invisible, je parle avec les employés, mais ce n’est pas à eux que j’aimerais raconter mes journées, je ne connais pas mon père, ses passions, ses gouts en matière de nourriture, ses rêves, son passé, je ne sais absolument rien, si certain on l'a chance d’avoir une famille ou une personne chaleureuse moi je n’ai que du vide. Il m’attrape le bras et je me mords la lèvre inférieure, il est têtu... Pourquoi faut-il qu’il insiste, putain. « Je t’ai dit, il n’y a rien... Lâche-moi Jiro. » Je tire sur mon bras pour qu’il me le rende, mais il est tenace, je soupire, en le poussant, tendant à me détacher de son emprise, ça m’énerve, ça m’énerve ! Je râle, il aurait dû faire l’aveugle. Mon père doit être retourné dans son labo, un paf retenti quand j’arrive à « plaquer » Jiro contre le mur. « Je te déteste... Pourquoi tu ne comprends pas. » Mensonge... « Si seulement tu... » Je fixe son regard. « Tu n’aurais jamais dû venir ici. » Si on c’était arrêté avant il ne me verrait pas dans cet état, c’est frustrant.

 TENUE ★ J’aimerai tellement savoir ce que Shion a. Il aura beau me dire que tout va bien, je sais que c’est un mensonge. J’ai appris à le connaitre et le comportement qu’il adopte est tout, sauf habituel. Si je n’avais pas passé autant de temps avec lui, je pourrai peut être en douter, mais après le voyage à la campagne, je sais qu’il n’est pas comme ça. Quelque chose le tracasse et je trouverai quoi. Shion me repousse à plusieurs reprises et ça écrase mon coeur à chaque fois. Pourquoi ne veut il pas de mon aide ? Pourtant c’est évident qu’il a besoin de quelqu’un à ce moment précis. Il ne peut pas rester seul alors qu’il ne va pas bien. Je ne peux pas l’ignorer, faire comme si je n’avais rien remarqué de tout ça. D’une part parce que c’est dans ma nature d’aider les autres et de deux, parce que c’est Shion. Plus que les autres, j’aimerai lui être utile. Et je ne pourrai rien faire si je suis dans l’ignorance. Shion met fin à la conversation en voulant quitter la cuisine. Il me cogne en passant et j’en profite pour lui attraper le bras. Je l’avais prévenu, je ne laisserai pas tant que rien n’a été mis au clair. Je veux savoir et je le saurais. Tant pis s’il me déteste sur le moment mais c’est comme ça. Je ne peux tout simplement pas le laisser dans cet état, c’est impossible. « Ne me mens pas. » Je suis ferme dans la prise et ne laisse pas s’échapper par de simples mouvements de bras. « Je te laisserai une fois que tu m’auras dis ce qu’il te gêne. » Etant plus grand que lui, j’ai naturellement plus de force. Ce n’est pas difficile de lui résister. Enfin, ça c’était avant qu’il ne me « jette » contre le mur. Je ne m’y attendais pas. Je ne penserai pas qu’il serait capable de « m’attaquer » dans l’optique de se libérer. Plus que le soudain contact contre le mur, c’est un gros « boum » que je sens au niveau de mon coeur qui me fait le plus d’effet. J’étais déjà certain avant, mais là, Shion me confirme qu’il cache quelque chose qui le tracasse énormément. Ses mots résonnent dans ma tête. Je reste sans voix. « Je..Je… » Je savais qu’il pourrait me détester parce que j’insistais trop, mais entendre les mots sont une autre histoire. Cependant je n’abandonne pas, je reste déterminé à savoir ce qu’il a. « Alors explique moi pour que je comprenne. » Sa phrase a l’effet d’une bombe. C’est de ma faute ? Il est comme ça à cause de moi ? Je ne comprends toujours rien et ça me frustre. Ses mots m’affectent énormément mais je ne veux pas m’apitoyer sur mon sort. Je prends tout sur moi. Celui qui a besoin d’aide c’est Shion, je ne peux pas le laisser juste parce qu’il me rejète. « Je suis désolé… » dis-je avec une voix plus faible. « …Désolé d’être con et de ne pas comprendre ce que j’ai fait pour te mettre dans cet état là. » Tout ce que je sais, c’est que c’est de ma faute. Je me sens tellement con de rien capter. J’expire un coup avant de reprendre. « S’il te plait Shion, j’ai besoin que tu me dises qu’est ce que j’ai fais de mal. Et je te promets que ça n’arrivera plus. Ne laisse pas ça trainer au fond de toi. »

 TENUE ★ J’aimerais pouvoir me libérer de tout ça, de ce sentiment pesant, de cette colère qui risque de tout me faire perdre, je n’avais aucune crainte au début, qu’il me déteste, me trouve idiot ou méchant je m’en fichais, il a fallu qu’il soit tenace, qu’il vienne me chercher et qu’on passe ce temps ensemble, temps qui est la cause de ma frustration aujourd’hui, chaque mot qui n’avait pas son importance avant devient lourd, des mensonges, une façon de blesser comme je suis blessé, c’est puéril, gamin, idiot; mais je ne sais pas comment me défendre contre cette douleur dans mon cœur, je me demande au fond pourquoi ce pincement s’impose à moi, est-ce parce qu’il est proche de mon père ? Parce que mon père l’aime plus qu’il ne m’aimera jamais ou parce que je ne veux simplement pas perdre J... Non, ça ce n'est pas possible. Même si je suis intelligent, même si j’ai appris à être mature dans la majorité des situations ayant grandi seul, là je suis tout sauf confiant, je tremble intérieurement, je me dégoute, j’aimerais passer outre tout ça, mais c’est plus fort que moi et je perds simplement patience. Il me retient fermement, il me dit de ne pas lui mentir, mais comment lui dire, comment faire comprendre mes problèmes ? Hors de question, je préfère encore le repousser, le rejeter encore en le cognant contre le mur, je le déteste... je n’ai jamais dit pareil mensonge, bien que j’y aie cru durant longtemps, tellement longtemps, aujourd’hui c’est faux, mais je ne peux pas le dire autrement. « Pourquoi tu n'abandonnes pas ? Qu’est-ce que ça va t’apporter de savoir quoi que ce soit ? » Je le fixe, le questionnant curieux de savoir pourquoi il est si têtu, il pourrait juste me laisser, arrêter d’encaisser inutilement, pourquoi... Il s’excuse et je vois rouge. Pourquoi c’est lui qui s’excuse ! je serre l’étreinte de mes doigts qui tiennent son vêtement. « Arrête... » Soupirais-je doucement en pinçant ma lèvre inférieure, le regard vers le bas. « Qu’est-ce que tu sais de ce qui traine au fond de moi ? Tu ne me connais pas, tu ne sais rien. » Je suis froid, méchant, sans appel. « Si je te dis de ne pas remettre les pieds ici, si je te dis de ne pas voir mon père, de ne pas lui parler, de ... tu le ferais ? » Je me sens nul. « oubli... » Je lâche l’emprise pour faire un pas en arrière, je n’ai jamais autant désiré être invisible qu’à cet instant, j’ai vraiment l’impression d’être affreux.

 TENUE ★ Il me déteste. Je sais bien que sous l’excès de colère, les mots ont tendances à sortir tout seul et qu’il ne doit pas le penser réellement. Il me hait parce que je l’oblige à ne pas fuir, à faire quelque chose dont il ne veut pas, c’est une réaction normale. On me l’a déjà reproché plusieurs fois, mais jamais ces mots n’avaient eu autant d’impact sur moi. Pourtant, ce sont les mêmes mots. Même si ça ne me laisse pas de marbre, je prends tout sur moi. Si je règle son problème, il n’aura plus aucune raison de me « détester » non ? Et pour cela, je n’ai pas d’autres choix que de le pousser jusqu’à ce qu’il me dise la vérité, c’est en sachant ce qu’il a que je peux lui venir en aide. «  Parce que tu es mon ami et que je tiens à toi !  » N’est ce pas une raison suffisante pour ne pas l’ignorer ? Ça me parait tellement évident. Je ne comprends même pas pourquoi Shion me pose la question. Comment pourrais-je l’abandonner ? Faire comme si tout était normal alors que ce n’est pas le cas. C’est de ma faute qu’il a réagit comme ça ? C’est à cause de moi qu’il ne se sent pas à l’aise ? Parce que je l’ai raccompagné jusqu’à chez lui ? Je suis perdu et ça me frustre tellement. Je me sens con. J’ai besoin qu’il m’aide pour que tout s’éclaircisse, je ne peux rien faire…C’est si frustrant. Shion a raison, je ne sais rien mais est ce une raison pour ne pas creuser d’avantage ?   Juste parce que je ne sais rien que je devrais l’abandonner ? « Alors laisse moi te connaitre, en savoir plus sur toi… » Je lui souris faiblement. Je me fiche s’il est froid. J’ai réussi à l’approcher une première fois, je serai capable de le refaire une autre fois. Sa requête est étrange et je ne cache pas mon air surpris. Je fronce les sourcils sous l’incompréhension mais lui réponds tout de même. « Je ne peux pas… » lui avouai-je doucement. Il m’a beaucoup trop aidé pour l’ignorer et puis je le considère comme quelqu’un de ma famille. Mais pourquoi me parle-t-il de son père ? Qu’est ce qu’il a à faire dans l’histoire ? Non c’est trop tard pour oublier. J’avance un pas vers lui. « Pourquoi tu évoques ton père ? C'est à cause de lui que tu es comme ça ? » Leur relation n’est pas bonne, son père serait la raison de son changement d’humeur ?

 TENUE ★ J’aurai dû m’en douter en lui posant la question, je savais d’avance qu’elle était stupide et en temps normal je ne suis pas du genre à parler sans réfléchir, mais dans ces-moments-là je perds toutes notions sous le coup de l’impulsivité et de la colère, je pense que je n’ai jamais été aussi blessé par mes propres pensées, je fais une sorte de combat intérieur dont j’ignore qui en sortira vainqueur, une partie de moi se maudit face à ce comportement lâche et incompréhensif, tandis que l’autre me pouce à rejeter la faute sur Jiro, cette haine, ce manque, cette solitude, Ces choses enfouies en moi que je garde depuis longtemps et qui me pèse, j’ai pris l’habitude avec les années, ce n’est pas si dérangeant au final, juste que mes blessures s’ouvrent quand je vois mon « ami » avec mon père... Pourquoi suis-je obliger de supporter une telle vision, ai-je commis un crime pour devoir faire face à cette douleur, j’ai envie de m’isoler, de me calmer, de rester enfermé dans ma chambre avec mes chansons, ma radio, mais Jiro me retiens, il me retient encore et toujours, me poussant à dire des choses, à lui en reprocher d’autre, je ne veux pas être ainsi. S'il en savait plus, qu’est-ce que cela changerait au fond ? Personne ne connaît la noirceur que je trimballe ni même mes secrets, je ne suis pas celui qu’on croit, je vis dans deux mondes, mais j’ai besoin de ça pour être vivant car ici, dans cette maison c’est comme vivre dans une prison à porte ouverte, c’est froid, silencieux... Seul Jiro apporte la chaleur par sa présence, mais ce n’est pas seulement pour moi, c’est pour cet homme qui me tourne le dos et qui n’a même jamais porter un pourcent d’attention sur moi, sauf pour me réprimander face au brun, bien sûr. Je lui lance un indice avec mes paroles, mais l’entendre dire qu’il ne peut pas est toujours aussi dur, il aime mon père, surement autant que mon paternel tiens à lui, mais moi dans tout ça ? Je dois surement être égoïste au final ou effrayer de disparaitre. J’ai relâché toute emprise sur lui, j’ai envie de fuir, de me cacher quelque part, mais Jiro n’est pas aussi idiot qu’il le dit, il pose les bonnes questions, mais comment répondre. « Laisse tomber. » Il ne le fera pas et je le sais... « Même si c’est le cas rien ne changera n’est-ce pas ? » Après tout il continuera de venir, de faire face à cet homme et je resterai dans la pièce voisine, absent et seul. Un soupire, je prends ma tête entre mes mains en m’adossant au meuble. « Désolé... »

 TENUE ★ Même si ce que je ressens pour Shion dépasse le stade de l’amitié, il ne reste pas moins que mon ami. Je ne peux pas l’abandonner, je ne veux pas. Je persisterai autant de fois qu’il le faudra pour que je comprenne ce qui dérange Shion. Et si je tiens tant à savoir pourquoi il va mal, c’est parce que j’aimerai pouvoir l’aider, mais c’est surtout parce que je voudrai lui montrer qu’il peut me faire confiance, qu’il n’est pas tout seul. Je ne suis pas tout puissant, je n’ai ni la maturité de Shion, ni l’intelligence de Berry. Je suis parfaitement conscient de tout cela. Je ne suis pas sur à cent pour-cent que je pourrais résoudre son problème mais si je peux l’aider ne serait ce qu’un peu, je le ferai sans hésiter. Je voudrai que Shion comprenne que je suis là, avec lui. Je ne sais pas ce qu’il cache et personnellement, ça ne me dérange pas qu’il ait ses secrets mais si ça lui pèse autant dans le coeur, je voudrais le soulager de tout ça. Je ne suis pas devin, je ne peux malheureusement pas deviner ce qu’il a s’il ne me dit rien. Je sais que je deviens chiant à force, mais je n’ai pas d’autres choix. Il me parle de son père. Pourquoi ? Est ce qu’il aurait à voir avec son étrange comportement ? Je ne sais pas ce qu’il sous entend mais je lui réponds franchement.   Je suis quelqu’un de franc et de direct. Bien que je ne sache pas ce qu’il s’est passé entre les deux, je ne peux pas et ne veux pas mentir à Shion. Je ne peux pas ne pas revenir dans cette maison et ne plus parler à mon oncle. Il fait parti de mes proches, je l’aime beaucoup. Shion finit par me lâcher et recule. Je ne garde notre distance en avançant vers lui. Je me mors la lèvre inférieure. Je l’ai blessé avec ma réponse. Je suis dans l’incapacité de lui répondre. « Shion… » Je m'en veux. Il ne veut pas que je reste avec son père parce qu’il ne l’aime pas. Je suis loin de la vérité, mais c’est ainsi que je ressens la chose. Je me mets à côté de lui. « C’est rien. » Je balaye ma main dans son dos. « Tu…peux me dire ce qu’il s’est passé avec ton père ? »

 TENUE ★ Est-ce qu’il peut m’aider ? Non, je suis certain qu’il ne peut pas, parce qu’au final même sans en avoir conscience il est aussi coupable de mon état, j’aimais vraiment nos moments passés loin d’ici, à la campagne il n’y avait personne pour se mettre entre nous, mon père était absent, il n’y avait que lui et moi, que nos cœurs battant, nos rires, nos chutes, nos sourires complices, j’aurais tellement voulu au fond que cela ne s’arrête pas, mais avec sa réponse la suite des évènements et déjà écrit... Il reviendra, il ne tournera pas le dos à cet homme et à chaque fois que j’en serai témoin je le détesterai de nouveau, on ne peut pas continuer comme ça, jamais je n’aurais dû devenir son ami, jamais... Je suis embêté par mes sentiments, mon amitié et ma haine, mon envie de rester à ses côtés et celle de fuir, mental breakdown, je suis épuisé par ce combat. Il ne peut pas comprendre, en m’éloignant de lui je me résigne à abandonner, je baisse les armes, je n’ai plus rien pour me battre et même s’il ne laisse pas la distance s’installer rien ne peut changer, je m’excuse, mais de quoi au juste ? De mon comportement, de mes mots blessants ou bien de ce que je compte faire à l’avenir ? Dois-je l’ignorer totalement, oublié tous ces-moments passés ensemble et redevenir aussi froid que la glace en sa présence, me forcer à ne voir en lui qu’un ennemi plus qu’un ami ? Je ne sais plus ce que je suis censé faire pour arrêter de perdre une part de mon humanité a chaque affrontement, je ne me reconnais pas, je devrais juste tout envoyer boulé, jeter mon père, jeter les gens, jeter mes pensées, je devrais recommencer à zéro loin de tout et arrêter de devenir si lamentable pour des raisons stupides... Oui, c’est ce que je devrais faire. La question de Jiro me fait hausser les épaules. « Rien du tout. » C’est la vérité, il n’y a rien vu que je n’ai aucune histoire avec lui, je pouffe devant cette évidence. « Tu n’as jamais été invisible pas vrai ? » J’ai l’impression que c’est impossible pour lui. « Moi je le suis. » Soufflai-je le regard vide, fixant un point devant moi tout aussi absent.

 TENUE ★ Je ne peux pas promettre à Shion que je ne retournerai jamais ici, voir son père. Mon oncle ne m’a rien fait de mal. Il est gentil et prévoyant avec moi. Je ne peux pas l’ignorer juste parce que Shion me l’a demandé, et ce même si c’est lui. Pourtant je meurs d’envie de lui dire ce qu’il souhaite entendre, mais j’en suis incapable. Sans raison, je ne peux pas me plier à sa volonté qui me parait étrange. En y réfléchissant, je suis persuadé qu’il doit en exister une, je connais Shion. Il n’est pas du genre à me demander ça sur un coup de tête, mais c’est trop tard, mes paroles sont sorties et je me sens coupable de les avoir prononcées. J’ai fais de la peine à Shion. Est ce que je changerai de comportement si je savais la vérité ? Est ce que je resterai sur ma position ? Est ce que je serai déçu par mon oncle ? Je ne sais pas. Je ne peux pas prévoir ce que je ferais puisque je n’ai aucune idée de ce qu’il s’est passé entre eux. Je ne sais pas ce qu’il se trame dans la tête de mon ami mais il a l’air perdu. J’aimerai tant l’aider ou du moins le soulager. Je ne veux pas voir un Shion dans cet état, j’aimerai revoir son sourire ou rire avec lui. Il s’excuse pour rien. C’est normal d’avoir des moments où on se sent mal, c’est totalement humain. Je pensais qu’il voulait encore me fuir mais je le laisse continuer à parler. Invisible ? Je bouge ma tête de droite à gauche pour répondre. Non, je ne crois pas. Et puis, vu ma taille c’est impossible de ne pas me louper. Je ne comprends pas le rapport avec ma question. La dernière phrase de Shion m’éclaire un peu plus même si je ne semble pas être sur de moi. Shion serait invisible aux yeux de son père ? Comment est-ce possible ? Un parent n’est pas sensé ignorer son enfant ! Ma mère m’a toujours dit que ce qui est de plus précieux pour un parent, c’est son enfant. C’est insensé ! Il faut que j’en discute avec mon oncle. Ce n’est pas normal ! D’ailleurs, je ne comprends pas comment il peut être comme ça. J’ai toujours pensé que Shion devrais être heureux avec un père comme le sien, mais je me suis trompé ! Je ne peux pas rester là sans rien faire. J’essaie de me calmer, ce n’est qu’en ayant l’esprit un peu plus clair que je pense aux sentiments qu’a ressenti Shion. Je ne fais pas encore le lien que ça a avec moi, pensant juste qu’aux émotions ressentis par un enfant abandonné par son père. J’ai tellement envie de le prendre dans ses bras pour le réconforter. Je me mets devant lui et me baisse légèrement pour que je rentre dans son champ de vision et qu’il me regarde attentivement. « Tu n’es pas invisible. Je te vois moi. » Je fixe mon regard dans le sien. « Je vois te vois, toi et ta casquette. » Ma main se pose sur sa tête. « Je te vois, toi et tes petits yeux fins, toi et tes lèvres soignées... » Même s’il a la faucheuse manie de les humidifier tout le temps. Je peux continuer longtemps comme ça s'il le souhaite. Après, je ne suis pas son père, mais je veux au moins qu’il sache qu’il ne sera jamais invisible pour moi.

 TENUE ★ Je me doutais déjà que Jiro ne pourrait pas répondre à mes attentes, je me sens bête de lui avoir demandé une telle chose, de toute façon comment pourrait-il tourner le dos à mon père pour moi ? Je ris tellement c’est stupide. Je ne voulais simplement pas continuer à le détester et je me rends compte que tant qu’il entretiendra cette complicité avec celui que je devrais appeler « papa » mais qui est juste un inconnu à mes yeux je ne saurais comment me comporter avec le brun. Ami, ennemi ? Est-ce que mon comportement changera a chaque fois entre le moment où nous serons seuls et celui où je serais isolé en les voyant se sourire dans cette ambiance où je n’ai pas ma place ? Je ne sais plus quoi faire, je me retrouve perdu à balancer des paroles que je devrais taire... Pourquoi je parle de ça, le fait que je sois invisible ne devrait pas le regarder, je ne devrais rien attendre de lui, qu’est-ce que ça m’apporte de lui expliquer mon ressenti, je soupire me trouvant ridicule. Quand je le vois se mettre devant moi je lève le regard alors qu’il s’abaisse à ma hauteur, qu’est-ce qu’il fait cet idiot... Je le regarde en silence alors qu’il me dit des paroles faisant réagir mon pauvre cœur tourmenté, pourquoi... Sentant sa main sur ma tête, je passe ma langue sur mes lèvres avant de mordre l’inférieur en écoutant chacun de ses mots qui me sensibilise. « Idiot... » Soufflais-je. « Ne regarde pas mes lèvres ! » Je souris légèrement, c'est trop bizarre... « Comment je peux te détester si tu dis ce genre de chose, t’es un abruti... » Ouai c’est aimable je sais, mais c’est sa faute, il n’a pas conscience de mes blessures et pourtant sa présence que je vois comme une nuisance est aussi le remède à mes plaies, c’est totalement insensé. « Est-ce que je suis plus visible que mon père ? » C’est bête, mais j’ai besoin de savoir, inconsciemment je veux savoir.

 TENUE ★ Les paroles de Shion me permettent de comprendre un peu mieux ce qu’il ressent, bien que je suis loin de me rendre compte que je suis celui qui accentue sa douleur à chaque fois que je viens ici. J’aime beaucoup mon oncle mais je ne peux tolérer ce qu’il a fait à Shion. Je sais bien que c’est une histoire de famille, mais c’est Shion… Je ne peux pas rester là à ne rien faire, je dois en discuter avec mon oncle. Ah ! Et comme je l’appelle mon oncle, nous sommes une famille non ? J’ai parfaitement le droit de m’interposer dans leur histoire ! En réalité, même sans excuse apparente, je vais mettre mon grain de sel. Je veux juste aider Shion et cette raison justifie tout. Je ne suis pas vraiment doué pour remonter le moral des autres, mais s’il y a bien une chose que je sais faire, c’est être franc. Shion n’est pas invisible et ne le sera jamais à mes yeux. Durant la période où j’étais dans le salon avec son père et que je l’avais perdu de vue, je ne me sentais pas bien. Je m’approche de lui et fais en sorte qu’il puisse me voir tel que moi je le vois. Comment pourrais-je ne pas le voir ? Je l’ai toujours vu, et j’ai appris à le connaitre de plus en plus. J’ai repéré ses manies, par exemple celle d’humidifier ses lèvres. Je ne suis pas si observateur que ça mais quand ça le concerne, je le deviens naturellement. Son « idiot » me fait sourire car c’est bien ce qu’il a l’habitude de me dire. J’ai parlé de ses lèvres ?! Faut croire que je suis un peu trop sincère sur le coup, mais bon, je les aime bien ses lèvres. Ok, dis comme ça c’est louche mais c’est la vérité. Je rigole doucement devant sa « plainte ». «  C’est simple, ne me déteste plus. » Pour moi, cela fait référence à sa déclaration concernant mon entêtement. Sa question me surprend, je ne m’attendais pas à ça, mais ce n’est pas une question difficile. Je n’ai pas besoin de réfléchir pour connaitre la réponse. Il suffit de voir comment j’ai « ignoré » mon oncle tout à l’heure pour que la réponse apparaisse naturellement. J’ancre mon regard dans le sien et lui souris. «  Oui. »

 TENUE ★ Je suis plus sensible que d’habitude, normalement je me referme comme une huitre sur mes pensées et laisse plutôt mon impulsivité rejeter les gens ou la haine que je peux engendrer dans ce genre de moment... Sauf que forcément passer du temps avec Jiro ne m’a pas laissé indifférent, cet idiot passionné de pizza autant que moi, riant pour tout et n’importe quoi, les passages les plus fous et déjanté vécut côte à côte ne me permette pas d’être froid sans en ressentir une douleur dans la poitrine, j’aimerais ne pas avoir à choisir entre ma jalousie ou mon amitié, pouvoir être comme d’habitude, indifférent et fuyants, mais mes pas ne décolle pas de la cuisine, même si mes pensées pourraient fuir, si je souhaiterais disparaitre ou m’échappé loin de tout ça, mes pas reste planté là et lui font face m’obligeant à lui avouer quelques vérités dissimulées. Je ne pense pas qu’être ignoré par mon père soit le pire, certes j’en ai souffert, mais j’ai vécu ainsi durant toutes ses années en me faisant à l’idée que ça ne pourrais pas changer, qu’il avait ses raisons pour me détester et ne pas me laisser exister à ses côtés, mais je ne veux pas que Jiro soit à cette place... Je suis égoïste, terrifier par mon comportement lâche, lui demandant des choses impossibles et pourtant j’espère que les choses changes. Il me voit, c’est difficile à entendre de la personne que j’ai détesté ou que je devrais encore haïr, mais comment le faire quand il dit ces paroles que je souhaite tant entendre. La solitude devient vite un fardeau, on se créer ce qu’on peut pour exister, moi ce fut la radio, la musique, mais sans ça je serais vide à l’intérieur, délinquant dans l’âme... Je me sens sensible aux paroles de Jiro alors que je ne devrais pas, qu’il me voit tel que je suis ou qu’il dise ses choses « étrange » sont comme un remède ? Ne plus le détester ? Je le fixe du regard sans répondre, avant de poser cette étrange question... Pourquoi je désire une telle chose ? Être plus visible que mon père ? C’est comme attendre une déclaration, une promesse, un espoir... Je suis pendu à ses lèvres en me maudissant de paraître si étrange et faible. De quoi j’ai l’air avec mes interrogations, sérieusement je ferais mieux de m’enterrer et d’en ressortir les idées claires, tout s’embrouille, ce combat en moi-même, mon paternel, Jiro, c’est à se demander de qui je veux vraiment l’attention... C’est... ridicule... Son « oui » accélère les battements de mon cœur alors qu’un sourire inconsciemment se dessine sur mes lèvres rassurées. Que pourrais-je répondre, je suis soulagé, mais c’est encore plus anormal. Me raclant la gorge je détourne le regard en ouvrant le frigo fouillant à l’intérieur comme pour trouver une échappatoire, changer de sujet ou... que sais-je, je ne sais même pas ce que je cherche la tête au frais, putain. « Tu veux boire ? » Ouai pas mal, tout le monde aime boire... Shion, t’es con.

 TENUE ★ Le père de Shion a toujours été gentil avec moi. Il m’invite souvent chez lui pour parler de petites anecdotes qui m’arrivent, ou simplement pour passer du temps ensemble. Nous sommes vraiment proches. Je l’aime beaucoup et je le respecte énormément, un peu comme un fils devant son père. N’ayant grandis qu’avec ma mère, je me suis dis que c’est ainsi que devait être la relation père/fils. Même si notre rencontre a été assez mouvementée, je ne regrette pas de l’avoir connu. Lorsque j’ai appris l’existence de Shion, je pensais qu’il devrait être heureux d’avoir un père comme le sien. Ce n’est qu’en entendant les paroles de mon ami que je me rends compte que la vérité est autre. Même si je ne sais pas depuis combien de temps il a été invisible auprès de son père, un enfant ne devrait pas être ignoré par ses parents. Je suis quelqu’un qui accorde beaucoup d’importance aux notions telles que la famille ou l’amitié et cette révélation me surprend. Je suis déçu par mon oncle. Je ne sais pas si c’est parce que ça concerne Shion que je prends cette histoire si à coeur mais ça me révolte plus que je ne devrais l’être. J’aimerai tellement le prendre dans ses bras pour qu’il aille mieux et lui dire que, même si, son père ne prête pas attention à lui, moi je suis là.  Si je ne suis pas encore capable de faire la première proposition, je lui dis néanmoins ce que j’ai sur le coeur. Je le vois, lui et toutes ses caractéristiques. J’ignore totalement que, plus que son père, je suis la raison de son conflit mental, que je ne rends pas les choses faciles pour lui. Je ne sais pas qu’il pensait réellement à me détester. Ma réponse est donc tout aussi simple que me paraissait sa question. Shion me pose une question qui selon moi est assez étrange. Sans réellement réfléchir à la raison de sa question, je lui répond spontanément. C’est une réponse qui ne me demande pas beaucoup de réflexions. Je ne suis pas du genre à réfléchir au pourquoi et au comment, si on me demande une question, je réponds tout simplement. Je vois enfin un sourire s’afficher sur le visage de Shion. Si ma réponse concernant la promesse de ne plus venir ici ne lui avait pas plus, cette fois ci, il a l’air ravi par mon « oui ». Le voir ainsi me rassure aussi. J’ai l’impression de lui avoir été utile. Je lâche un petit rire étouffé devant la soudaine question de Shion. Je me laisse emporter par le changement de sujet, peut être parce que je sens qu’il va mieux que tout à l’heure. « Si tu me proposes à boire, je vais rester encore un petit moment alors ! » Ça sonnait comme une invitation, c’est normal que je me jette sur l’occasion. Pendant qu’il cherche sa boisson, je m’approche du frigo pour voir ce qu’il a dedans. Je lui tapote sur son dos comme si c’était un instrument de percussion. «  Un coca stp.  » Je souris joyeusement.

 TENUE ★ Mon père n’est pas méchant, il s’entend avec tous ceux qui ne sont pas moi tout simplement. Quand j’étais petit et qu’on a reçu de la visite pour certaines occasions les rires ont parfois bercé cette maison qui me semble plus souvent froide et sans vie, mais soit ont me demandé de rester à l’écart, soit j’avais des regards exprimant le fait que je n’étaient pas le bienvenu ici, la famille m’a surement vu comme une malchance, moi qui ai survécu à ma mère... Mais j’ai pu me créer une place malgré tout, me faire accepté indirectement par des oncles ou des tantes éloignés, mais mon père ferme définitivement ses portes, il ne veut pas de moi et je n’ai pas besoin de mots pour le comprendre, mais je n’ai pas pu assister impassible à cet amour partagé entre Jiro et mon géniteur, encore moins maintenant qu’il est devenu mon... ami. Mais il trouve les bons mots et me voilà bêtement entrain de fuir pour changer de sujet, je ne vois pas quoi rajouté pour l’instant, je n’ai pas envie de m’enfoncer encore plus... Autant ne pas insister proposant à boire, de toute façon j’ai déjà la tête dans le frigo alors je ne vais pas refermer bêtement, ça serait encore plus stupide. « Tss, n’en profite pas. » Je dis ça, mais je souris content malgré tout, je pense que je m’habitue à sa présence donc ça ne me dérange pas qu’il reste, tant qu’il ne va pas dans une pièce où je ne pourrais le suivre... Ironique quand on sait que c’est chez moi n’est-ce pas ? Sentant les petites tapes dans mon dos, je lui sors le coca, prenant une nouvelle bouteille de mon jus de carotte, posant deux verres sur la table, je m’assis sur la chaise en servant à boire calmement. « N’empêche, vu ton aisance pour trouver les bons mots tu dois les faire toutes tomber comme des mouches. » Je le taquine, mais je parle des filles bien évidemment, quand il m’a dit ces phrases même moi je n’ai pas pu rester insensible alors j’imagine comment ça doit marcher avec ses copines.

 TENUE ★ J’ai beau à respecter énormément le père de Shion, je n’approuve pas son comportement face à celui ci. Je ne connais pas ce qu’il s’est passé entre eux, mais aucune raison n’est valable pour ignorer complètement son fils. J’aimerai en savoir plus mais je ne veux pas faire plus de peine à mon ami. Cette révélation a du être dur pour lui mais je suis rassuré qu’il puisse en parler. On dit souvent que la première étape de guérison c’est d’en parler. Et même si j’ai poussé Shion à me le dire, je suis un peu content qu’il se confie à moi. Mes mots sortent naturellement. J’ignore s’ils sont efficaces mais je lui fais simplement part de mes pensées. J’affirme haut et fort que je vois Shion plus que son père, et même plus que tous les autres, mais comme la question n’est pas ça, je me contente d’un simple oui. Je n’ai pas conscience que ça sonnait comme une déclaration. Mais déclaration ou pas, je ne suis pas embarrassé de dire de telles paroles. Pourquoi devrais-je me sentir embarrassé par la vérité ? Shion ne devrait pas non plus être gêné d’entendre la vérité, mais le voir changer de sujet me fait sourire. Je ne rate pas l’occasion de rester un moment de plus avec lui. Et puis, s’il me propose à boire, c’est que ma présence ne le dérange pas tant que ça. Je souris, fier d’avoir gagné du temps ensemble. Je tape amicalement sur son dos tout en lui donnant ma réponse. Il nous sort les boissons et nous installe sur la table. Je m’assieds en face de lui et le remercie de son verre de coca. Buvant tranquillement dans mon verre, je ne m’attends pas aux paroles de Shion. J’avale de travers et tousse plusieurs fois. Je ne l’avais pas du tout vu venir celle là. Moi qui disais que la vérité ne me dérangeait pas, c’est bien ironique de m’étouffer à cause des mots de mon Shion. Il est vrai que je drague assez facilement - ce qui « énerve » Berry, mais je ne veux pas me faire passer pour un beau parleur. Je me force à tousser pouvoir m’expliquer le plus rapidement possible. «  Mais c’est pas ce que tu crois ! Je…Je ne disais pas ça pour te faire plaisir, je le pense réellement !  » Je suis maladroit, je n’ai plus « l’aisance des mots » tel il le décrit. Je me cherche à me justifier auprès de lui.

 TENUE ★ Je n’aurais pas pensé que Jiro soit le premier à qui je parle de ma solitude, au final je me rends compte qu’il est autant l’élément déclencheur que celui qui pourrait m’en guérir, j’ignore ce que c’est vraiment comme sentiment, peut-être une affection apaisante, je ne le vois pas comme un frère, il a beau être comme un fils aux yeux de mon père, je ne veux pas avoir à jongler le cul entre deux chaises entre la douleur et le bonheur. J’aurais pu le jeter dehors, me taire sur ses sentiments agaçant, frustrant, j’aurais pu ne rien lui dire et le laisser dans le flou creusant l’écart entre nous, l’amitié quand elle débute et fragile, un rien ne pourrait me pousser à couper les ponts, à redevenir distant et blessant, à le regarder comme s’il n’était rien de plus qu’un ennemi dérangeant. Je ne peux pas me voiler la face, ça n’arrivera pas... Ses paroles me touches, ses yeux me voient, sa présente me réconforte alors qu’elle était jusque-là agaçante, énervante, pesante. Les choses changent, lui comme moi changeons alors que je n’ai rien vu venir, quand vraiment les choses ont-elles changé pour que je souhaite son attention plus que celle de mon père ? En ai-je seulement conscience ? Je ne pense pas, c’est un ami important, mais même ça je ne le réalise pas, fuyant les moments qui peuvent être embarrassant. Prenant à boire, on se retrouve assis avec nos verres et je n’hésite pas à lui faire part d’une remarque que j’ai sur le bout de la langue, il est aisé avec les mots, il pourrait surement avoir qui il veut, beau parleur il peut toucher n’importe qui, il a réussi à me troubler et sans me vanter je ne suis pas non plus le gars le plus sensible au monde, certes je suis fragilisé par la situation et surement par lui, mais malgré tout ça montre qu’il a de l’expérience et je le taquine dessus, alors qu’il semble surpris, manquant de s’étouffer. « Haha, ne t’inquiète pas. » Je bois une gorgée de ma boisson. « Tu n’as pas besoin d’être gêné pour ça, c'est une qualité tu sais. » Lui découchant un sourire, je ne l’accuse de rien, je ne lui reproche rien, ses mots m’ont fait plaisir qu’il soit réel ou réconfortant.

 TENUE ★ Cette discussion aurait pu mal tourner s’il continuait à être têtu et à ne rien vouloir me dire. Mais en se confiant à moi, j’ai arrêté d’insister et donc, devenu moins détestable pour lui. Même si je ne m’attendais pas à une telle révélation, je ne reste pas moins déstabilisé. Peut être est ce parce que j’ai tendance à réfléchir simplement, mais mes mots viennent tout seul à l’esprit. Je veux simplement le rassurer en lui disant un fait : il n’est pas invisible. Je le vois, lui qui accélère mon coeur lorsque je suis très proche de lui, lui pour qui j’éprouve de plus en plus des sentiments. J’ai déjà été attiré par quelqu’un, mais je sens que c’est différent avec Shion, il a quelque chose de plus. Avec lui, c’est bien plus qu’une attirance. Toutes les excuses sont bonnes pour que je puisse rester avec Shion. S’il me propose à boire, je peux gagner quelques minutes en plus avec lui, c’est pourquoi j’accepte de prendre une boisson alors que je n’ai pas spécialement soif. Mais je mets spontanément, le verre à ma bouche lorsque Shion le remplit. Je n’aurai peut être pas du me précipiter dessus puisque je m’étouffe en entendant les mots de mon hôte. Je panique légèrement en me demandant ce qu’il est en train de penser à mon sujet. C’est drôle, car c’est la première fois que je me soucis de ce quelqu’un pense de moi. Même si j’arrive à draguer facilement, c’est surtout pour mon physique que les filles tombent. En vrai, c’est bien la première fois que j’arrive à toucher quelqu’un avec mes mots. Les personnes n’ont pas tendance à se confier à moi - excepté pour Berry et ma mère. Il me rassure en disant que c’est une qualité, et ma panique disparait d’un coup. Un grand sourire s’installe sur mon visage. « Maintenant que tu sais de quoi je suis capable, tu pourras toujours me parler de tes problèmes. D’accord ? » Je réfléchis deux secondes avant de rectifier ce que j’ai dis. « Non, tu dois me promettre de me dire ce qui te dérangeras à l’avenir. » Oui, je suis quelqu'un d'assez invasif.

 TENUE ★ Je suis moi-même surpris de m’être aussi facilement confié à lui, jusque-là je pensais qu’il serait la dernière à qui je parlerai de mes problèmes surtout qu’il ne faut pas oublier qu’il est en partie coupable de mon changement d’humeur et d’un autre côté il est aussi celui qui me fait sourire avec ses paroles réconfortantes, Jiro est incroyable et je commence à le réaliser un peu plus à chacune de nos rencontres... Je lui offre à boire, que ce soit pour fuir l’embarras ou pour gagner des minutes en plus avec lui ça ne change rien, j’ai juste envie de discuter et de mettre de côté mon état d’âme, mes blessures et mes doutes. Moi aussi je suis assez franc et je ne tarde pas à parler de son aisance des mots, un beau parleur qui comme une flèche va droit au cœur. J’ai l’impression que c’est moi qui l’ai touché cette fois, gêné ou surpris en tout cas il semble perdre ses moyens et tenter de se justifier, mais je ne cherchais pas à lui reprocher, certes je me dis que c’est peut-être une habitude chez lui et qu’il peut rassurer les gens sans problème, l’imaginé faire tomber toutes ses filles qui mangent ses mots me fait sourire intérieurement, j’espère ne pas avoir donné une image aussi fragile à l’instant, la honte... Lui parler de mes problème ? Je prends une gorgée de ma boisson sans réponse immédiatement, levant seulement mes iris sombres jusqu’à lui suite à sa rectification. Je pose le verre sur la table, gardant mon esquisse sur mes lippes. « Hum ? Et qu’est-ce que j’aurai en échange ? » Je joue un peu, peut-être pour ne pas dire des paroles que je pourrais ne pas tenir, je veux être franc avec lui, mais il ignore encore toute l’histoire et si je dis oui, ce serait déjà un mensonge... Je préfère tourner ça à une petite provocation, j’ignore pourquoi je m’aventure sur ce terrain-là, mais c’est comme ça, je suis mes envies ou mon instinct qui sait.

 TENUE ★ Je suis tellement troublé par la taquinerie de Shion que je ne remarque pas la comparaison qu’il s’est, lui même, faite. Je suis gêné à l’idée qu’il pense que je suis un beau parleur. C’est vrai que ça peut sonner comme une qualité, mais ça peut aussi être un défaut. Mais je suis quelqu’un qui préfère l’action aux paroles. Lorsque j’aide les personnes, c’est toujours au moyen de faits, par exemple, aider des camarades à transporter quelque chose, travailler à la place de mes collègues, dépanner un ami, guides des personnes âgées… Bref, tout ça pour dire que mes mots n’ont jamais toucher quelqu’un. On me parle facilement, mais jamais de graves problèmes. En même temps, même mon meilleur ami n’a pas voulu que je l’aide pendant qu’il en avait besoin. C’est pourquoi, lorsque j’ai remarqué que Shion avait un problème, j’ai insisté lourdement jusqu’à qu’il se confie à moi. Je ne veux plus refaire l’erreur de ma vie et laisser une personne importante prendre un mauvais chemin, ou du moins la laisser seule.  C’est pourquoi je veux lui faire promettre de me dire s’il rencontre un quelconque problème à l’avenir. Il demande une contrepartie ? «  En échange ? » J’ai finement conscience qu’il est en train de jouer, mais je suis sérieux sur le sujet. Je me pointe du doigt. « Un petit ami ? » Suis-je sérieux ? Je crois bien que oui. Mon coeur bat cent à l’heure après avoir lâché mes mots irréfléchis mais sincères. Peut être que je vais trop vite, mais j’ai toujours été une personne impulsive. Je ne suis pas du genre à tourner autour du pot et une fois que j’ai compris et confirmer ce que je ressens pour Shion, je n’ai pas envie de perdre du temps. Je suis peut être à côté de la plaque, il peut ne pas aimer les hommes, tout ça je n’en prends pas compte. Je ne demande forcément qu’il réponde à mes sentiments, mais qu’il sache, au moins, ce que je ressens pour lui, que je l’aime sincèrement.

 TENUE ★ Jiro et moi avons pas mal de points communs, du moins à base je suis comme lui, une personne franche, entreprenante, direct, je ne mâche pas mes mots et je suis même sans gêne pour tout vous dire, mais il est pire que moi, son honnêtement me trouble et a coté j’ai l’impression de me retrouve en hypersensibilité, émotif de nature je peux facilement montrer ce que je ressens sur mon visage très expressif, je contrôle beaucoup de choses, ma vie, mes secrets, ma musique, tout ce qui est « professionnel » je ne laisse rien passé, mais dans le privé c’est autre chose. Ce gars que je voulais haïr de cette jalousie qu’il a instauré en moi et aujourd’hui le gars avec qui j’aime passer du temps jusqu’à souhaiter plus d’attention qu’il n’en donne à mon père... J’ai l’impression de perdre toute logique en sa présence, mais cela ne m’empêche pas de jouer et de le provoquer un peu lorsque la situation le permet. Grâce à une invitation de dernière minute qui m’est venue sur le tas j’ai pu calmer mon état d’esprit et reprendre ma contenance en parlant naturellement avec lui, lui faisant part de sa capacité à parler aisément et au final quand il me demande de lui parler de mes problèmes, je détourne ça à mon avantage en demandant une contrepartie, donnant-donnant non ? Ce n’est pas comme ça que c’est censé marcher ? Bien que je ne sois pas réellement sérieux, au fond il fait ça pour moi, il veut m’aider et me rendre service, je serai un enfoiré de lui demander quelque chose en échange... Souriant lorsqu’il reprend mes mots je me doute qu’il n’a surement rien en tête, me levant pour aller chercher la bouteille de jus de carotte, ayant terminé mon verre, je reviens m’asseoir, sauf qu’en entendant ses mots je loupe la chaise me rattrapant à la tape de justesse, le regardant avec cet air surpris et choqué, il a dit quoi ? « Tu peux répéter ? » Je crois que j’ai mal entendu... Je rigole pour cacher encore ma surprise. « Pas mal ! Je peux pas faire mieux. » Je tourne ça à une blague de sa part, mais en même temps il n'est pas sérieux non ? Il ne peut pas... Mon cœur bas a cent à l’heure comme s’il venait de me faire une déclaration pour de vrai je me sens idiot, puis pourquoi ça me chamboule comme ça ? Ok je n’ai jamais reçu de déclaration venant d’un mec, mais... Jiro est déstabilisant, plongeant mon regard dans le sien, après que l’effet de surprise soit retombé, j’ose demander. « Tu plaisantes pas vrai ? » En fait je voulais surtout demandé s’il était sérieux, mais si ce n’était pas le cas je me sentirais encore une fois frustré de m’être mis dans cet état, ça devient le bordel cette histoire, je ne pige rien. « Tu veux encore du coca ? » Putain pourquoi je change de sujet, je suis débile, tuez-moi.