Ma tête n'était plus capharnaüm douloureux. Mais, qu'avais-je donc fait la nuit dernière pour avoir l'impression qu'un camion m'avait roulé dessus? Moi qui était si prudent et si conscient de ce que je ne devais pas faire, pourquoi est-ce que j'étais incapable de me rappeler les événements d'hier soir. C'était nécessairement mauvais signe. Mais, déjà, je me trouvais dans un lit, d'après la consistance de ce que je sentais contre ma peau dans cet état de demi-sommeil réflexif. J'avais aussi le désagréable impression d'être nu. La sensation de quelque chose d'humide contre ma joue et sur mes lèvres me fait grommeler. Je remues un peu, m'enfonce dans l'oreiller un peu plus avant de me dire qu'il serait peut-être temps d'ouvrir les yeux. Ce que je fais doucement, lentement. Déjà... Je reconnais ma chambre du premier coup d’œil. En même temps... Vu la parfaite organisation des étagères, dont je connaissais même l'ordre des livres il n'y avait pas de doute. Par contre, ce que je ne comprenais pas... c'était la personne qui se trouvait dans mon lit avec moi. Personne ne finissait dans mon lit. Jamais. Je n'étais pas puceau mais... disons que ce genre de choses ne m'avaient que rarement... intéressé. Je me redressais subitement, regardait l'inconnu, l'inconnu dont le visage vint subitement faire tilt dans mon esprit. C'était un élève de l'université. J'en avais entendu parler parce qu'il était considéré comme l'élève parfait. Son nom? Omo, Omori Jumpei il me semble. Pourquoi est-ce qu'un étudiant était dans mon lit? Je gémis, mon crâne me hurle que j'ai fait une connerie. Hier soir, hier soir... Ma sœur. J'étais partie chercher ma sœur. Par je ne sais plus quel moyen, j'avais entendu dire qu'elle serait dans une boîte de nuit. Mais, elle n'avait pas l'âge et, étrangement, je m'étais précipité pour aller la chercher sans même être certains qu'elle y soit. Elle n'avait pas répondu. Elle qui passait sa vie à venir chez moi et m'embêter, pour une fois que je cherchais à la contacter. Et j'avais quitté l'hôpital sans repasser chez moi et, sans prendre mes médicaments. J'avais fait une crise. C'était certains. Je perdais rarement la mémoire dans ce genre de cas, mais cela arrivait de temps en temps. Il fallait que je garde mon calme. Que je retrouve ma coquille impassible. Je reconstruisais mon masque, mon armure et lâchait ma question:

-"Excusez moi, que c'est-il passé hier soir? Je n'en ai aucun souvenir."

Je voulais savoir, j'avais besoin de savoir. Parce que, j'aurais pu faire beaucoup de choses. Des choses violentes, dangereuses, comme inoffensives. Vu la situation, je me doutais que j'avais couché avec le garçon. Cela déjà était un soucis. J'étais un professeur et un psychiatre, une relation sexuelle avec un étudiant... c'était très risqué pour ma carrière. Et surtout, je ne voulais pas que ma bipolarité sorte au grand jour. J'avais toujours réussit à la garder en dessous du radar. C'est pour ça que j'avais besoin de savoir précisément ce qu'il s'était passer hier soir. Mon regard aperçut des vêtements sur le sol et je tiquais. Je voulais les ranger, j'avais vraiment envie de les ranger. Mais, il fallait que j'attende un peu. Mon corps à moitié cacher par les draps, je m'étais légèrement reculer. Autant pour mettre de la distance entre nous que pour le voir plus distinctement. Et dire qu'il était théoriquement un élève modèle, parfait. Sortir en boite et sans doute boire de l'alcool. Ce n'était pas vraiment l'image que l'on m'en avait renvoyé. Est-ce que Zeno était là? J'espèrais que non, sinon, je risquais d'en entendre parler pendant quelque temps. Soit par sa bouche, soit par celle de Min Ha.

-"Vous... vous devriez peut-être vous habiller."

J'étais un peu froid. Pas sec mais, il fallait absolument que je mettes une distance entre nous. Je ne pouvais pas me permettre qu'il s'imagine qu'il y ait quoi que ce soit de possible entre nous deux. Je faisais rarement des conneries mais, celle si allait sans doute être une des plus énormes de ma vie.