TENUE △ Comme Rukia me l'avait si gentiment conseillé, je me suis pointé dans un restaurant du coin pour supplier le patron de m'embaucher. C'est la première fois que je fais ce genre de truc, j'ai dû chercher des bonnes excuses pour faire croire que je pouvais être utile et aider sans contraintes. Au bout d'un quart d'heure, l'homme m'a accordé une journée d'essaie mais que si je n'étais pas à la hauteur, il n'hésiterait pas à me faire sortir de son restaurant par la peau des fesses. En l'occurrence, c'est mieux que rien. J'ai eu le temps de me préparer mentalement, enfermé chez Dakota pendant qu'il bossait. Le jour J, je me suis levé super tôt pour me laver et m'habiller, portant une tenue simple et classe. De toute façon, ils me donneront de quoi me vêtir à l'image de leur enseigne. Avec tout le boucan que j'ai fait, Dakota a été réveillé et je l'ai pressé de m'accompagner. « C'est mon premier essaie! Je dois être à l'heure! » M'excitais-je comme une puce, plus motivé que jamais. Ce matin-là, je n'ai rien mangé à cause du trac, j'ai juste attendu que Dako soit prêt pour quitter son appartement. Il allait déjà vers les escaliers, mais ça prendrait trop de temps à descendre. Passant devant l'ascenseur, j'appuie sur le bouton pour qu'il monte à notre étage et choppe le bras de mon partenaire avant qu'il ne disparaisse dans la cage d'escalier. Je n'ai jamais saisi pourquoi il ne prenait jamais l'ascenseur, mais ce n'est pas le moment de faire son sportif. J'ai une heure à régler! Le temps qu'il comprenne ce qu'il se passe, j'ai déjà appuyé sur le bouton du rez-de-chaussée, les portes se fermant sur nous tandis que mes mains tiennent toujours son bras. « Je t'accompagne à ta voiture. » Puisque je ne pourrais pas aller plus loin. Le restaurant est à deux ou trois minutes de chez lui, je ne suis vraiment pas parti bien loin pour trouver un poste. J'en oublie presque que j'ai traîné Dakota de force dans la cabine en métal qui descend lentement, très lentement.

TENUE △ De bon matin fallait que Raylai se décide à retourner la maison, enfin c’est une expression pour dire que ce petit con fait un boucan monstre, heureusement pour lui que j’étais déjà réveillé dans le lit quand il s’est levé parce que sinon je crois que je l’aurais tué et me serais levé bien plus agacé et énervé que maintenant. Il semble tout excité par son premier jour de boulot, ça reste un gamin après tout. Je soupire en m’étirant dans mon lit faisant exprès de trainer et de prendre mon temps, s’il veut qu’on descende ensemble il doit attendre que je me prépare, mais il est pressé et de toute façon j’ai des choses à faire à la compagnie ce matin donc ça tombe bien. Me levant je prends une de mes tenues pour l’enfiler, après m’être laver la figure et coiffer, on peut y aller. Je me fiche du petit déjeuner, prenant simplement une bouteille d’eau. Quittant l’appartement je commence à prendre le chemin des marches comme toujours, hors de question que je le suive dans l’ascenseur, je l’ai peut-être fait une fois a l’hôpital, mais la taille des cages est différente, je n’ai jamais pris celui de mon immeuble. Sauf qu’avant de la réalité s'est enfoiré de sale gosse m’a déjà tiré entre ses murs de métal, pour une fois il m’a piégé en beauté, je n’ai rien vu venir et avant que je ne puisse en sortir les portes sont déjà fermées. En réalité c’est grâce à mon caractère que j’arrive à gérer cette phobie, car je ne me sens pas bien dans les espaces clos, je n’aime pas fermer les portes, ce sentiment d’étouffement que j’ai ressenti par le passé a tendance à réapparaitre et c’est seulement avec la force de mon mental que j’arrive à le cacher.  Sauf que là il m’a tellement pris au dépourvu que je n’ai pas eu le temps de me préparer à cette situation, sentant déjà l'angoisse montée. Je ne l’écoute, ne le regarde pas, fermant les yeux en me tenant droit contre l’un des murs, essayant de penser à autre chose, espérant qu’il aille plus vite que je puisse sortir, cette sensation d’être en apnée, de ne pas pouvoir respirer est désagréable. « On aurait été plus vite à pied... » Essayant de détourner l’attention sur Raylai, mais c’est peine perdu, je me sens oppressé, suffoqué. Personne ne doit me voir faible, même lui, je ne peux pas le laisser comprendre mon état, j’ai ma fierté.

TENUE △ C'est un jour important pour moi et Dakota prend son temps à traîner dans le lit. Je suis sûr qu'il fait cela pour m'embêter, mais ça ne fonctionnera pas. S'il ne se dépêche pas, je m'en vais sans lui. Bon évidement, il est prêt avant que je m’exécute et nous pouvons quitter l'appartement, même sans avoir manger au préalable. Et tant mieux, c'est inconsciemment une bonne chose. Voyant qu'il se dirige déjà vers les escaliers, je le rattrape en vitesse pour le tirer à l'intérieur de l'ascenseur avec moi, en toute innocence. Je ne comprends pas pourquoi il s'entête à descendre les marches quand il dispose d'un moyen moins fatiguant. Le temps qu'il réalise quoi que ce soit, j'ai déjà appuyé sur le bouton et les portes se referment rapidement sous nos yeux. à première vue, ça ne me paraît pas étrange d'être dans cette cabine avec lui, regardant les numéros défiler sur le petit cadran au dessus des boutons. Mon attention se détourne des chiffres pour se poser sur lui, d'abord dans l'indifférence, puis dans l'incompréhension. Pourquoi il ferme les yeux et se colle au mur ? Les sourcils froncés, je regarde chaque recoin de la pièce mais ne voit rien de perturbant. « Qu'est-ce que tu racontes ? ça va plus vite avec l'ascenseur. » Il est sérieux là ? ça fatigue de le faire à pied. L'information ne monte pas de suite à mon cerveau et je ne me rend pas compte qu'il est phobique. « Tu verras qu'on m'est moins de temps. » Dis-je naturellement, détournant mon regard à nouveau sur le cadran numérique. « Regarde comme ça va vite. » Juste quand je dis ça, une légère secousse stop l'appareil, la lumière s'éteignant brusquement, ainsi que les numéros des étages qui s'affichaient sur le cadran. Je dois porter la poisse, ce n'est pas possible autrement de finir bloqué entre deux étages en plus. « J'espère que le bouton d'urgence fonctionne. » Marmonnais-je, agressant légèrement celui-ci dans le vide. Non, pas de courant. Y a juste pas de courant dans l'immeuble. « Putain! Je vais être à la bourre pour mon premier jour ! Quel est le con qui a fait sauté les plombs ? » Et si c'est dû à de l'orage, bah merde la foudre! Pourtant il faisait beau y a deux secondes, impossible que ce soit ça. Alors y a vraiment un con qui a fait sauter le courant par un moyen ou un autre.

TENUE △ Ce gosse m’aura tout fait, sérieusement il aurait pu comprendre par lui-même que je n’aimais pas les ascenseurs, mais non il en fait qu’à sa tête et me tire à l’intérieur sans que je n’ai le temps de réagir... C’est bien la première fois d’ailleurs que je n’ai pas mon mot à dire. Je reste contre le mur les yeux fermés en espérant simplement que ça aille vite et que les potes s’ouvrent pour que je puisse en sortir, là je prends sur moi. C’est petit et il fait chaud, l’impression que petit à petit l’air me manque, mais je ne laisse rien afficher parce que j’ai toujours réussi à me contrôler, c’est aussi ma force. J’ai envie de tuer Raylai, avec sa bonne humeur et ses belles paroles, plus vite, plus vite, c’est vite dit. Cette secousse ne me dit rien qui aille... Et je grogne devant la merveilleuse idée de Raylai, j’aime pas ça. Honnêtement qu’il fasse ce qu’il veuille avec les boutons ou le reste, je veux juste sortir de là et vite, sans pour autant qu’il me voit faiblir... Je lui lance un regard noir quand il parle de son boulot, je m'en bas les couilles de son histoire... À cause de cet entretien il m’a emmené avec lui et trainer dans cette cage, alors il peut se le mettre où je pense. Je respire et soupire, puis d’un air blasé je glisse contre le mur pour rabattre mes jambes et mes genoux contre mon torse, c’est du passé, tout est passé, je ne devrais plus être touché par tout ça... Malheureusement même moi j’ai une faiblesse, une phobie qu’il m’est difficile de chasser, surmonter pour une petite durée oui, mais un sablier se vide et a la dernière pincée de sel je risque d’exposer des choses que je ne veux en aucun cas dévoiler. « Quel est le con qui nous a fait prendre ce truc. » Rétorquais-je agacé. « Fait chié... »

TENUE △ Comment aurais-je pu deviner que Dakota craignait les ascenseurs ? Il ne parle pas vraiment de lui, donc c'est difficile pour moi de savoir une telle chose. Faut croire que je suis aveugle aussi, parce que je n'ai vu que du feu, sans comprendre pourquoi il n'a jamais mit les pieds dans l'ascenseur de son bâtiment, parce qu'il l'a déjà prit en allant à l'hôpital. De mon point de vue, ce n'est qu'un caprice de sa part, même si Dako est loin d'être quelqu'un de capricieux. Enfin bref, tout ça pour dire que je n'ai pas capté les signaux et que du coup, nous sommes enfermés dans une boite de conserve... Qui tombe subitement en panne, si ce n'est pas merveilleux. Et moi qui râle sur mes touts petits malheurs, pensant déjà louper mon premier jour d'essaie et devoir encore chercher un nouveau boulot. Puis à côté de moi, tu as un Dakota droit comme un i qui ne prononce pas un mot, pas même quand la cabine s'arrête et que les lumières déclinent. Heureusement, j'ai une lampe sur mon portable mais sans courant, je ne peux rien faire. C'est seulement en me tournant vers mon bourreau que je le vois assis au sol, à moitié replié sur lui-même. Il me critique, en plus. « C'est moi que tu traite de con ? » Demandais-je, légèrement offusqué. Non mais je n'ai rien fait pour mérité d'être traité ainsi ! Pourquoi il s'en prend à moi ? Je tape du pied, me souciant peu que cela fasse bouger la petite pièce. « Désolé d'être un con. » Non, je ne suis pas du tout désolé, c'est ironique. N'empêche, je ne comprends pas pourquoi il me parle de cette manière. « Pourquoi tu t'énerves, d'abord ? ça ne risque pas de tomber. » Ce n'est pas comme si je voulais le rassurer ou quoi, c'est loin d'être le cas. Appuyant à nouveau sur le bouton d'appel, celui ne fonctionne toujours pas. Je regarde mon téléphone, voyant qu'il me reste suffisamment de réseau pour appeler quelqu'un. « Tu connais un numéro d'urgence ? Je peux appeler. » Qui, je l'ignore. Je ne sais pas non plus ce que pourra cette personne pour nous. à moins de rétablir le courant, mais ce n'est pas dit que les plombs ont simplement sautés, sinon ils seraient déjà remit.

TENUE △ Il m’énerve, je regrette à cet instant précis de l’avoir pris chez moi, honnêtement. Il a beau ne pas savoir, c’était son problème s’il était pressé il n’avait aucun cas besoin de m’emmener avec lui dans cette cage de fer, rien que de penser que je suis bloqué à l’intérieur me donne mal à la tête, je rejette la panique en me recroquevillant sur moi-même au sol, espérant voir les portes s’ouvrir avant de ne plus contenir ce malaise qui est ma plus grande faiblesse. Respirer devient difficile, comme si mes poumons étaient compressés dans ma poitrine, je ne peux que rejeter la faute sur ce gamin qui ne pense qu’à son nouveau boulot, quel con. Oui, les escaliers ont toujours été un moyen sur et fiable d’arriver à destination, là on en a pour combien de temps ? Des sueurs froides goutent sous quelques mèches de mes cheveux. « la ferme. » Soufflais-je, lançant un regard noir quand il tape du pied et parle de tomber, je me fiche de ses excuses, ses paroles, j’ai juste besoin de sortir avant de mourir étouffé par sa faute. Les secondes passent et me semblent être des minutes, les minutes des heures, je me sens mal, mes bras enroulés autour de mes genoux et ma tête cachée dedans les yeux fermés et la respiration qui jongle entre rapide et lente, selon mon degré de contrôle qui commence à dégringoler. « Appel qui tu veux... » serrant mes doigts dans mon jean, je revois les scènes de mon enfance, enfermés dans cette pièce froide et sans lumière, je tremble et transpire, sur le point de me mettre à hurler de me faire sortir de là, je pourrais me détruire les mains sur ces plaques de fer pour qu’on me laisse respirer, l’air semble disparaitre, ça devient lourd et pesant, je ne vais pas tenir longtemps.

TENUE △ Dakota me rejette toute la faute dessus, que ce soit pour être entré dans cet ascenseur ou pour la panne de courant qui a tout coupé. Genre, comme si je pouvais faire ça par la pensée. Franchement, dans quel intérêt ? Je suis toujours en retard et plus les minutes s'écoulent, plus je risque de louper ma première journée d'essaie. Autant rester là pour toujours, si c'est ça. à croire que le karma est contre moi. Dakota est toujours au sol, en boule dans son coin et je suis vraiment, mais vraiment débile de ne pas comprendre directement son problème. à la place, je m'agace contre lui, ne trouvant pas cool qu'il me parle encore mal alors que je suis nullement coupable. Quoi que je fasse, il s'énerve. Je souffle, me tournant dos à lui pour retenter ma chance avec les boutons, mais rien. Il me reste mon portable qui, heureusement, capte encore. Qui dois-je appeler ? Je ne connais pas les numéros d'urgences et mon aîné s'est décidé à ne pas me mener la tâche facile. Booon, je vais me débrouiller seul. Composant le numéro du livreur de sushi d'à-côté, j'attends que quelqu'un décroche pour parler. « Oui, bonjour ? Je voulais savoir si vous avez du courant ? Non ? Oh, d'accord. Merci. » Et je raccroche, oubliant ce pour quoi je voulais l'appeler au départ... Quand ça me revient, je fixe mon portable et me tape le front. Je peux toujours le rappeler, ça ne fait rien. Pourtant mon regard est de suite attiré par la personne recroquevillé et suffoquant à moitié derrière moi. « Dakota ? ça va ? » Bizarre, normalement il m'aurait disputé avec véhémence ou corrigé d'une manière ou d'une autre, mais là c'est à peine s'il bouge. « Ne me dis pas que tu as peur d'une panne de courant ? » Non pas de la panne, idiot. Du coup, je m'acharne sur le bouton d'urgence, sans réponse. « On peut passer par le haut ? Si les portes sont juste à notre niveau, ça pourrait le faire. Tu fais bien du parcours, non ? » Je l'ai déjà vu sauter d'un toit, qu'il ne me dise pas le contraire. Le seul problème, c'est qu'il est incapable de faire un mouvement. « Oh, si tu as peur du noir, j'ai une lampe. » Fis-je en utilisant l'application sur mon portable pour éclairer davantage la pièce sombre. Au moins, je peux voir son état et ce n'est pas superbe à voir...

TENUE △ Je lui rejette la faute dessus parce que c’est sa faute justement ! De base je lui ai dit que je le ferais bosser chez moi, mais il a voulu trouver un boulot, ensuite pour cette journée d’essais s’il ne m’avait pas trainé dans l’ascenseur, en fait... il est la cause de tous mes problèmes et il n’arrive même pas à le comprendre. Et cela ne date pas d’aujourd’hui, je l’ai pris pour cible au début, rien ne présager que j’autoriserai qui que ce soit à vivre avec moi, rien ne présager que je me contenterai de lui pour satisfaire ma libido et encore moins que je pourrais risquer ma vie pour ce putain de sale gosse... Pourtant tout est arrivé et à présent je suis emprisonné dans cet engrenage ne pouvant m’en libérer, car même si je le faisais je ne suis pas certain de ne pas le chercher, c’est à ce point que je me suis pris à mon piège, devenant la victime de mon propre coup. Mais là, recroquevillé au sol tout ça me semble inutile et futile, mes pensées sont loin d’écouter les mots de Raylai, perdu dans ce passé que je garde secret, je n’ai peur de rien, je peux sauter dans le vide sans problème, je peux me faire tirer dessus et poignarder, je peux être dans le noir ou jeuner des jours, mais être enfermé ça ne passe pas. Sans air, sans fenêtre, sans rien pour me laisser respirer je suffoque dans l’obscurité, n’écoutant rien de ce qui se trame autour, sinon j’aurais déjà reproché son idiotie à Raylai. Même mon prénom sortant de sa bouche me semble lointain, essayant de garder mon calme, mais j’ai beau sembler surhumain et intouchable, je ne suis pas sans failles au risque de surprendre et la mienne se développe à cet instant même, devant surement les yeux incompréhensifs de Raylai, mais j’en sais rien vu que je ne le regarde pas. Je ne sais pas ce qu’il raconte, incapable de faire le moindre mouvement, la lumière éclaire la pièce et je me sens étouffer, chopant mon débardeur pour tenter de m’envoyer de l’air, frappant ma poitrine, chopant mon cou, je peine à me redresser, restant au sol en frappant contre les murs de fer, je vais mourir si ça continue.

TENUE △ Ce serait un miracle que je sache être la cause de tout ses problèmes. Je ne pense pas faire si mal pour lui apporter autant de soucis, mais s'il le disait aussi... Je pourrais essayer de le changer, au moins de faire un effort pour ne pas l'entraver à ce point-là, puis qu'est-ce que j'en sais qu'il est claustrophobe. Je n'ai pas fait d'étude de médecine et je traîne encore moins sur des sites où se plaignent les gens. Puis, je suis trop occupé à me plaindre moi-même pour remarquer que Dakota va mal. Ma journée d'essaie semble beaucoup plus me préoccuper que le reste, râlant un peu contre tout le monde en espérant un miracle soudain. C'est seulement en lâchant la bride et en lançant un regard à Dakota que je percute son état. Pas besoin d'être docteur pour savoir qu'un truc cloche. Ce démon n'a jamais été en position de faiblesse, ni même recroquevillé dans le coin d'une pièce à broyer du noir. ça m'inquiète, bien plus que louper ma journée. A-t-il peur du noir ? C'est vrai qu'il fait super sombre dans cette boite de métal, mais je remédie à cela en allumant la lampe de mon portable, ainsi je peux mieux le voir. ça ressemble à une crise, mais je ne sais de quoi. « Hey hey ! Calme-toi ! » Déposant mon portable sur le sol, je viens m'accroupir face à lui et attraper ses bras pour les maintenir, qu'il n'aille pas se blesser. « ça va aller ... ça va repartir... » Même si je le dis, il y a tellement peu de conviction dans ma voix que je ne parviens même pas à me croire sur parole. Mes mains glissent vers les siennes et je les maintiens entre mes doigts, restant collé à lui pour ne pas qu'il bouge ou se tape encore contre le mur. J'ignore ce qu'il faut faire dans ce genre de moment. « Dako, je suis là. » Dis-je  en cherchant son regard, que j'ai du mal à voir. Bloquant ses bras avec mes jambes, assis à califourchon sur lui, je peux libérer mes mains et saisir son visage, plaquant mon front contre le sien en respirant lentement.

TENUE △ Ce n’est pas comme si j’allais me confier à lui, je ne me confis à personne et cela n’est pas nouveau. Raylai est un poison dans ma vie, mais je sais qu’aucun antidote n’existe pour m’en soigner et je dois vivre avec. Il peut soit me rendre plus humain, soit me tuer, mais dans tous les cas j’ai beau me plaindre, l’engueuler, je ne lui ai plus demandé de s’en aller. Je pourrais, tous les jours passé et à venir je pourrais encore lui demander de partir, mais le vide qu’il laisserait serait surement plus difficile à combler que les agacements quotidiens. Bien sûr dans cette cage tout ça est bien insignifiant, je me sens seul, comme un enfant prisonnier de ses murs, sans air, mis là comme un animal a l’abattoir. Combien de temps vais-je survivre ou garder mon calme ? Je l’ignore, je transpire, recroquevillé sur moi-même, caché dans le noir, manquant d’oxygène, je suis piégé comme un rat. Commençant à perdre patience je frappe contre le mur me fichant bien de me détruire les mains, je veux juste brisé cette paroi pour me libérer et survivre à cet enfermement imposé. Raylai retient mes bras, je n’ai même pas la force de le repousser, pestant contre cette faiblesse que je ne peux contrôler. Je suis en train d’étouffer et rien n’annonce une sortie rapide. Même les paroles du plus jeune qui arrive à peine à m’atteindre semblent être fausses, je n’ai pas envie qu’il me rassure, je suis bien placé pour savoir que je ne peux compter sur personne. J’essaie de récupérer mes mains, mais Rayai les maintient et je m’agite de plus en plus. Me calmant doucement quand il s’assit sur moi et me force à le regarder, sentant sa respiration, je tente de me calquer dessus, paniquant toujours, mais je ne suis pas faible, je ne peux pas me laisser aller... Serrant les dents, me mordant la lèvre à sang pour tenter de penser à autre chose, je serre les poings bloqués par les jambes du plus jeune, je réussis à m’en libérer un bras pour venir l’agripper. « Je dois sortir de là... » Soufflais-je doucement. Si je n’arrivais pas à me maitriser un minimum je serais déjà en sang à frapper tout ce qui m’entoure en hurlant.

TENUE △ Je pourrais moi-même décidé de partir, si jamais ma présence devient de plus en plus nuisible pour lui, mais à ce moment-là, je prendrais moi-même l'initiative de le faire. Pour l'instant, je n'ai aucune envie de fuir, ni de l'abandonner, surtout pas après tout ce que j'ai pu lui dire jusqu'à présent. J'ai des sentiments pour lui qui ne peuvent être effacé facilement, peut-être que je ne pourrais jamais réellement les oublier, qu'importe ce qu'il se passe plus tard. Ce sont ses sentiments qui me permettent de tenir, de voir au-delà de mes soucis et qui me tiennent debout. Alors le voir en si piteux état m'inquiète de plus en plus. Il n'est pas le Dakota sadique et tyrannique que je côtoie tous les jours, mais plutôt un Dakota qui va mal, un Dakota faible qui ne parvient pas à me repousser. Il s'agite, peste, tente de se défaire de mes mains qui le retiennent mais je ne lâche pas, me sentant plus fort que lui pour une fois. Je ne comprends pas de suite son affolement, sa soudaine colère mais je me doute qu'un truc ne va pas et qu'il a besoin d'être rassuré... Sauf que le timbre de ma voix n'aide pas et je frappe mentalement de ne l'aider davantage. Ni une ni deux, je m'assois sur lui et bloque ses bras le long de son corps à l'aide de mes jambes, le maintenant au mieux immobile pour éviter qu'il se détruise les mains contre les parois. Je dois trouver une solution, et vite. Sa main me saisit et je grimace sous sa poigne, faisant doucement le lien entre ses paroles et son comportement. « Tu es claustrophobe ? » Je connais ce mot pour l'avoir entendu à plusieurs reprises dans ma vie, mais je n'ai jamais vraiment eu à faire avec un claustrophobe ... En l'examinant bien, je vois sa lèvre abîmée par ses dents. Il va me tuer, mais tant pis. Rapidement, je dépose juste mes lèvres contre les siennes, pour détourner son esprit sans l'empêcher de respirer pour autant. Le courant doit revenir, sinon j'ai peur qu'il fasse quelque chose de regrettable.

TENUE △ Rien ne laisse présager que je puisse le laisser s’en aller, pour l’instant ce n’est ni au programme ni prévu dans l’avenir, qui sait ce qui peut arriver demain, déjà faudrait-il qu’il y ait un demain... J’étouffe complètement et c’est de pire en pire avec les minutes qui passent. Je me perds dans mes pensées, m’enfonce dans mes ténèbres, si Raylai ne me maintenant pas je serais déjà tombé là où il n’aurait pas pu me trouver. Les seuls souvenirs qui me hantent sont ceux de cette prison, ces murs, cette froideur. Je ressens chaque sensation identique dans cet ascenseur, complètement démuni de mes forces, j’ai réussi à garder le change, à ne pas montrer ma faiblesse, mais le temps joue contre moi et c’est ma limite qui m’a lâché, montrant cet état inhabituel et lamentable. Effrayé, je ne pense qu’à sortir de là, quitte à me briser les doigts, les mains, les jambes, mais le plus jeune m’en empêche et me « calme » a sa façon. J’y trouve pourtant un certain réconfort par sa présence, me raccrochant à lui comme à une bouée, je dois sortir de là avant que cela soit irréversible. Sa question tombe et ça me paraît tellement évident que je ne prends pas la peine de répondre, je n’ai aucune envie de l’avouer à voix haute, il y a des limites, j’ai beau être vulnérable j’ai encore un peu l’esprit clair. Je me suis mordu les lèvres à sang pour garder le contrôle, Raylai profite de ce moment pour poser les siennes dessus, me surprenant par son geste soudain si j'en était capable je lui ferai regretter son geste, mais ce n'est pas le cas et puis qui aurait à l’idée d’embrasser quelqu’un dans cette situation ? Je le juge un instant silencieux, il m’a tout de même permis de reprendre davantage le dessus sur mon état, respirent doucement, en restant agrippé à lui. Mais ni les lumières ni les portes de la cage ne s’ouvrent et le temps passent... Je me relève difficilement en frappant contre le métal, essayant d’écarter les portes, mais je n'ai aucune énergie... « De l’air putain... » Soufflais-je en agrippant le tissu sur ma poitrine. Tombant au sol, ça devient critique là, ma respiration s’emballe... Je n’ai plus la force de frapper même avec le pied, totalement épuisé.

TENUE △ Bien que son état empire de minute en minute, je n'ai pas pensé une seule fois qu'il soit pitoyable et ridicule, au contraire je m'inquiète beaucoup pour lui qu'importe ce qu'on pourrait penser. Il va mal, c'est de plus en plus visible et je n'ai aucun moyen de l'aider, à part en le maintenant dans cette réalité qui l’oppresse et lui fait perdre pied. Je ne fais pas ça pour le blesser davantage, mais pour éviter que sa crise empire et qu'il soit incontrôlable. Tant qu'il est conscient, je peux le gérer, faire en sorte qu'il ne pète pas définitivement sa durite, parce qu'une fois le point de non-retour atteint, je peux dire adieu à mes chances. ça devient un peu plus catastrophique au fil des secondes, tandis que je réfléchis à une solution pour nous sortir de là. Si le courant ne revient pas, va falloir de débrouiller seul. Grimper par la trappe ? C'est dangereux, et si l'appareil se remet en marche ? Je réfléchis, encore et toujours. Jusqu'à comprendre qu'il est claustrophobe, mais que je n'ai toujours aucune solution à ce problème. C'est évident, il n'est pas bien dans cet endroit et c'est entièrement ma faute. Si je l'aurai su plus tôt, jamais je ne l'aurai enfermé là-dedans... Si seulement il communiquait davantage, si seulement il s'ouvrait à moi plutôt qu'être si mystérieux et fermé. Pour l'instant, je ne peux pas l'accuser et je n'ai non plus le temps de me reprocher l'erreur, l'embrassant rapidement pour dissiper au mieux son trouble. ça fonctionne un temps, seulement un temps. Les yeux dans les yeux, je comprends vite que cela ne l'aidera pas et qu'il faudra trouver une réponse rapide. L'effet du baiser s'estompe à une allure paniquante, ramenant le Dakota affolé à la surface. « Je vais passer par la trappe et ouvrir les portes. » Dis-je avec conviction, comme si c'était ma mission. L'ascenseur est bloqué entre deux étages, si je grimpe là-haut, je pourrais ouvrir les battants et avoir la place pour passer. Heureusement, le plafond n'est pas trop haut et je peux atteindre la trappe de service sur la pointe des pieds. Je n'aurai qu'à sauter pour saisir le bord et me hisser sur le dessus de la cabine, rien de plus simple ! De toute façon, je ne peux pas laisser Dakota dans cet état et ça empirera forcément si le courant ne revient pas d'une minute à l'autre. Je ne peux pas prendre le risque d'attendre et de perdre mes chances, c'est ça ou rien. Grimper par cette trappe ou regarder Dakota suffoquer comme un poisson hors de son bocal.

TENUE △ Je n’aime pas ce sentiment de devoir compter sur quelqu’un, d’être dépendant, je me suis toujours débrouillé seul. Toujours. Je n’attends rien de personne et aujourd’hui à cause d’un acte idiot je me retrouve totalement démunie de mes talents habituels, perdant force et patience dans cet endroit qui aspire tout mon air et me laisse suffoquer sans pitié. Raylai peut voir une partie de moi que jamais je n’ai laissé quiconque voir, cette vulnérabilité unique qui pourrait me couter cher et malgré tout il est le seul capable de me garder conscient dans cette situation. Je suis claustrophobe. Bien qu’assez fort pour gérer les enfermements rapides, là je finisse par ne contrôle plus rien, paniquant et m’échouant au sol, étouffant à un rythme bien trop rapide. Je ferme les yeux essayant de me calmer, de me reprendre, mais c’est déjà trop tard, si je ne sors pas de là je ne réponds plus de rien et Raylai le sait surement aussi bien que moi en voyant mon état. Passer par la trappe ? J’ouvre les paupières pour regarder dans sa direction. C’est risqué et je suis certain qu’il en a conscience le premier, tendant le bras difficilement vers lui pour le retenir et le tirer d’un geste rapide pour le ramener contre moi. M’agrippant à lui, sa volonté me permet encore de me battre et je ne le laisserai pas faire. « Reste là... » Je respire à grande inspiration, la tête posée sur son épaule, je dois retrouver un rythme plus calme. « Reste là... » Répétais-je en refermant davantage l’étreinte, j’ai l’air d’un gosse apeuré, mais c’est cette image du passé qui m’a rendu effrayé des lieux clos, à cet instant je suis cet enfant qu’on a accusé et enfermé dans le noir complet comme un animal. Je ne vais pas mourir, je me bats et je suis Dakota, si je pouvais mourir ainsi ça serait dramatique, je peux tenir, je dois tenir. Par chance c’est après quelques minutes qui m’ont paru une éternité que la lumière revient et l’ascenseur se remet en marche, les secondes avant qu’il ne s’arrête et que les portes s’ouvre furent encore pires dans l’attente, mais sortant dehors dans un mouvement désordonné, zigzagant à cause de la situation, je suis trempé de sueur et toussant appuyé contre les escaliers, je laisse mes poumons se remplir d’air... Totalement épuisé.

TENUE △ évidement que je sais à quel point c'est dangereux de passer par une trappe de service quand on ne sait pas si le courant va revenir ou non. Je pourrais me faire couper en deux au moment de passer les portes, ou m'écraser contre le plafond si jamais ça monte, mais à ce moment-là, je pourrais toujours revenir dans la cabine. Ma détermination va au-delà de ma peur, je ne crains pas de monter sur cette boîte en métal, ni d'ouvrir des portes à la seule force de mes bras pour me hisser à l'extérieur et chercher de l'aide ensuite. Quand ça concerne Dakota, je n'ai plus peur de rien. Je pourrais affronter une horde de chat s'il me le demandait et si ça en vaut vraiment la peine. Prêt à agir, je sens sa poigne saisir mon vêtement et me ramener vers lui, perdant légèrement de mon équilibre. Je manque de chuter contre lui, me rattrapant de justesse, le coeur battant. Il m'a surprit avec son geste. Tournant ma tête dans sa direction, je l'observe en silence tandis qu'il me dit de rester là... Dans la cabine, avec lui. L'information met un temps à monter à mon cerveau, ça me paraît si bizarre à entendre, mais il le répète et là, ça ne fait plus aucun doute. C'est la première fois qu'il me serre volontairement contre lui, sans être brusque ou violent, juste une étreinte. Incapable de faire le moindre mouvement, je reste planté à ma place, les bras le long de mon corps et les yeux rivés vers la paroi face à moi. Je me pince les lèvres, tout en essayant de respirer normalement. ça peut toujours l'aider à se calmer, en attendant que la machine reparte. Ce qu'elle fait bien assez vite, mais toujours trop tard à mon goût. Dakota me lâche quand l'ascenseur arrive en bas, sortant précipitamment mais avec maladresse de la petite pièce, cherchant sûrement à reprendre de l'air. Sortant à mon tour de la cabine, je le regarde en silence. C'est de ma faute s'il est dans cet état... Mais maintenant je sais. « Je suis désolé. » Dis-je d'une voix basse, lentement mais clairement. Je ne savais pas, je n'ai jamais fait le rapprochement avec son comportement et une possible phobie... Je suis vraiment stupide. « Sortons dans la cour arrière pour prendre l'air. » Tant pis pour ma journée d'essaie, je trouverai un autre boulot plus tard.

TENUE △ Je ne sais pas ce qui me faisait le plus peur à ce moment-là et c’est vraiment perturbant. Je n’arrivais pas à bouger, pas à faire le moindre pas enfermé et pourtant quand il a parlé de passer par la trappe, sachant le danger pour un débutant je me suis senti immédiatement concerné, je l’ai juste attrapé pour qu’il reste à mes côtés et le réalisé est vraiment étrange. Je n’ai jamais voulu personne avec moi, je me fiche bien que les gens crèves ou se mette volontairement en danger, mais faut croire que je ne peux pas voir Raylai se lancer dans ce genre d’action sans réagir. Mon corps a simplement bougé pour le ramener contre moi, le serrant dans une étreinte inhabituelle pendant plusieurs minutes, j’ai vraiment l’impression que je vais mourir, mais entendre la respiration du plus jeune me permet d’une certaine façon de rester calme. Quand les portes s’ouvrent je sors comme je peux manquant de m’écrouler sous le manque de force, mais je suis sorti de cette cage et je me sens déjà mieux, bien que je sois trempé de sueur et totalement épuisé. Je lève le regard vers Raylai quand il s’excuse et soupire sans répondre, je ne parle pas de moi et même si c’est sa faute pour m’avoir guidé et forcer à prendre l’ascenseur, je ne lui ai jamais dit que j’étais claustrophobe, d’ailleurs je ne l’ai jamais dit à personne... Forcément. Je me redresse pour prendre le chemin de la cour arrière comme il venait de le proposer, j’aurais pu refuser et juste rentrer chez moi, mais j’ai vraiment besoin d’air, là je ne peux pas mentir. Il n’y a personne, je l’installe contre le mur en me laissant glisser le dos contre, les yeux fermés, je reste juste comme ça en respirant librement. « Oublie ce que tu as vu. » Cette faiblesse, cette vulnérabilité, il ferait mieux de tout oublier.

TENUE △ Ce n'est pas commun comme réaction, c'est même la première fois que Dakota me prend volontairement dans ses bras et m'éloigne du danger. Je savais dans quoi je m'embarquais en voulant passer par la trappe et j'étais prêt à le faire pour l'aider, mais il m'a retenu et empêché d'aller plus loin. Je ne peux que rester à ma place, surpris et à moitié choqué d'être dans ses bras. Il n'y a rien à faire de plus qu'attendre, attendre que l'ascenseur reparte, que le courant revienne ou qu'une force divine nous épargne. La machine reprenant sa descente et les portes ouvertes quelques seconde plus tard, Dakota quitte la cabine sans attendre, transpirant toujours à grosse goutte. Franchement, je m'en fiche de savoir qu'il est claustrophobe, qu'il a une faiblesse ou quoi, mais je m'en veux de l'avoir embarqué là-dedans sans réfléchir, sans rien voir. Qu'il se rassure, je ne vais pas me moquer, ni lui rire au nez comme un glandu. Je sais ce que ça fait d'avoir peur d'un truc, j'ai toujours détesté les chats et la solitude, même si je le montre très mal. Sans un mot, je le suis vers la cour arrière, ne sachant quoi dire de toute façon. Oublier ? Pourquoi ? A-t-il honte ? Je soupire à mon tour, m'accroupissant face à lui. « Je ne dirais rien, à personne, pas même à toi. » 'Fin, je n'en parlerais pas. Juste, je me méfierai à l'avenir de ne pas commettre à nouveau cette faute. « Mais tu n'as pas besoin de me cacher ce genre de chose, je ne vais pas me moquer ou le dévoiler. ça m'éviterait tout simplement de faire un bêtise, encore. » C'est tout, je veux juste savoir ce que je ne dois pas faire ou ce que je peux faire. « Rentrons ... En prenant les escaliers. » Ouais, pas deux fois la même connerie, non merci. Je me redresse et lui tends ma main, l'incitant à la prendre pour remonter à l'appartement.  

TENUE △ Normalement je suis assez calme pou maitrisé mes émotions qu’on se demande même si j’en ai réellement, mais là je n’ai pas su les canaliser, c’est le genre de moment que je crains par-dessus tout, montrer mes faiblesses ou laisser quelqu’un me voir dans cette vulnérabilité qu’on ne croirait incapable d’afficher. Je suis dakota, dur de voir le démon ranger ses crocs pour devenir inoffensif. Une chose est sûre, Raylai doit oublier ce qu’il a vu et ne plus en parler, je n’ai aucune envie de devoir faire face à mon passé devant lui. Dehors je profite de l’air pour respirer, remplir mes poumons et ne plus me sentir oppressé et étouffé. Voilà le plus s’accroupir devant moi je le fixe sans un mot, l’écoutant parler comme s’il s’adressait à un gosse. « Ce dont j’ai besoin ou non je suis le seul à décider. » Il n’a pas à me dire ça, si ne le révèle pas c’est qu’il y a une raison. Cette claustrophobie est né avec un passage de ma vie que j’aimerais être capable d’oublier, y penser ne fait qu’accentuée haine et rancœur, s’il savait qu’est-ce que ça changerait. Regardant sa main tendue vers moi je redresse le regard jusqu’au sien avant de soupirer et de l’attraper, qu’il en profite, aujourd’hui je veux bien baisser les armes et le laisser s’imposer. « Tu n’as pas oublié ton entretien ? » Il me faisait chier dans la cage avec son retard et tout le tralala. « Je suis un grand garçon, je peux rentrer seul. » S’il veut y aller c’est à lui de voir, je ne vais pas l’en empêcher, même si je tiens sa main encore une fois redressé, je finis par la lâcher pour me diriger vers l’entrée du bâtiment pour prendre les escaliers, essuyant les goutes de sueur encore présente sur mon visage. « Une douche s’impose. » Dis-je pour moi-même, mais s’il ne va pas bosser je pourrais l’emmener avec moi, qui sait.

TENUE △ Cette épreuve m'a prouvé que même le pire des démons a un coeur pour ressentir autant d'émotion. Je n'aurai jamais cru que Dakota puisse éprouver de la peur, de la crainte, du stresse ou même de l'angoisse. à le voir si sadique, droit et mauvais, j'ai fini par croire qu'il n'était pas humain, mais apparemment non. Ce n'est pas une mauvaise chose pour moi, parce qu'à présent je sais qu'il n'est pas intouchable et qu'il a des faiblesses, comme tout le monde. évidement, il n'a aucune envie de savoir le fond de ma pensée, alors je garde mon jugement pour moi et ferais en sorte de ne pas recommencer la même erreur. Difficile d'oublier, il doit s'en douter. Ce n'est pas pour autant que je vais l'embêter, le questionner ou le tester. Il est claustrophobe, très bien. ça se termine là, qu'il ne se braque pas seulement parce que j'ai vu cette facette de lui. Quand je viens vers lui, c'est pour le rassurer. Qu'il ne croit pas que je vais me moquer ou agir à nouveau comme un inconscient, en même temps je voudrais en savoir davantage sur lui plutôt que le découvrir par inadvertance. évidement, Dako me recale et je soupire, habitué à l'entendre me parler comme ça. Ma main tendue vers lui, je l'aide à se relever. « Ce n'est pas comme si je voulais vraiment faire ce boulot. » Avouais-je finalement, haussant les épaules. Un grand garçon ? Je souris, faisant genre de rien. Sa main lâche la mienne et je le regarde partir vers la porte, soufflant. Qu'est-ce qu'il est difficile comme garçon, c'est fou. Je le laisse prendre de l'avance avant de le suivre dans les escaliers, à quelques marches de lui. Je m'en fiche de cet entretient, je trouverai bien autre chose. Toujours silencieux, je rejoins l'appartement avec lui mais ne dis toujours rien, même à l'intérieur. Le temps qu'il aille prendre sa douche, je vais m'asseoir dans son canapé, m'allongeant dessus avec le bras dans le vide. Son chien est dans la pièce, avec un signe de la main, je l'appelle pour qu'il vienne vers moi et que je le caresse. Au départ, il me faisait vraiment peur mais maintenant je l'aime bien. Je peux lui grattouiller la tête avec mes doigts, frotter doucement ses oreilles et tapoter son épaule.  

TENUE △ C’est justement ce genre de chose que je ne voulais pas montrer, le fait que j’ai peur de quelque chose me rend humain et cette humanité je la hais, elle me rappelle ce que j’étais où ce que j’aurais pu devenir si les choses avaient été différentes par le passé, mais je suis fier de ce que je suis devenu. Même si je suis le plus grand des enfoirés, je ne regrette jamais ce que je fais, pourtant le simple fait que Raylai est vu ce côté de ma personnalité me déplaît, je n’ose imaginer ce qui peut se passer dans sa tête, ce qu’il peut penser ou même s’il est capable de juger ou utiliser ça contre moi, tout est possible et je ne supporte pas l’idée qu’un autre puisse découvrir mon point faible, mon unique point faible. En tout cas le plus jeune est assez compatissant et je préfère lui rappeler que je n’ai pas besoin de ses paroles réconfortantes ou autres, je suis assez grand pour agir et penser comme je le désir. Rentrant dans l’immeuble je pense à rapidement prendre une douche, cette sueur collée à ma peau me déplaît fortement et j’ai besoin de me rafraichir les idées. Le silence domine entre nous subitement pendant qu’on monte jusqu’à l’appartement, une fois à l’intérieur je le laisse faire ce qu’il souhaite tandis que je me rends dans ma chambre pour prendre des affaires propres et me diriger vers la douche, jetant un coup d’œil au plus jeune sur le canapé avec Devil. Appuyé contre le mur, le chien semble avoir adopté la présence de Raylai, depuis que je l’ai il n’a jamais vu personne d’autre dans cette maison alors forcément ça doit lui faire du bien. J’avais dans l’idée d’emmener Raylai avec moi pour me « changer » les idées sur ce qu’il venait de se passer, mais finalement je renonce en allant à la douche tout seul, tout ça finira bien par se tasser, bien que ça me dérange d’y repenser, soupirant une fois allongé dans l’eau.