TENUE ღ Je suis plus terre à terre que Jiro, je peux m’inquiéter du danger quand lui ne le voit pas et j’avais raison, même si mon copain a réussi à traverser la rivière nous sommes séparés par un nouveau tremblement de terre qui agite l’eau et rend le courant bien trop fort pour traverser. J’avoue que j’ai peur, m’inquiétant pour Jiro, je n’ai pas envie qu’on reste ainsi séparé, seul je ne pense pas réussir à surmonter tout ça de la même façon qu’avec lui. « Ça va. » Dis-je rassuré qu’il n’ait rien. Je ne traverse pas ? Mais comment on va faire alors ? Je l’interroge du regard en essayant de me redresser une fois la secousse passée. « Hein !? » Revenir ici ? Je regarde l’agitation de l’eau, les pierres vont être glissantes, le courant est bien trop fort. « Attends, c’est trop dangereux ! » Certes je ne veux pas qu’on soit séparé, mais je ne veux pas le voir chuter non plus, hors de question... « Il doit y avoir un autre moyen ! » Je suis terrifié, pas à cause des évènements, mais par son intention de traverser dans cette situation. Pourtant je sais qu’il va le faire, qu’il peut le faire, mais je n'y peux rien, qui aime voir la personne qu’il aime prendre des risques et se mettre en danger ? Pas moi en tout cas... Me pinçant les lèvres presque à sang, je le regarde, voyant sa détermination, je recule en priant très fort pour qu’il arrive jusqu’à moi sans encombre. On aurait dû continuer à jouer les Tarzans c’était moins risqué...

TENUE ღ Sa voix me rassure. Il n’a rien et je suis soulagé de l’apprendre. L’un comme l’autre, on se soucie plus de l’autre que de nous même. C’est instinctif et c’est une preuve d’amour. Je regarde la rivière, le courant est agité. C’est impossible que Shion puisse traverser avec ça. Je ne veux pas que mon copain prenne ce risque. Je préfère lui dire immédiatement de ne pas venir de mon côté, que je viendrai à lui. C’est justement parce que c’est dangereux que je vais le faire. Je préfère courir ce risque que le laisser à Shion. Je suis un sportif et je suis plus adapté que lui pour ce genre d’épreuve. « Ne t’inquiète pas. Ce n’est rien.  » dis-je en essayant avec une voix confiante. Il existe surement un autre moyen mais je ne veux pas réfléchir. Pour moi le chemin le plus court et le plus rapide pour retrouver mon petit ami est de traverser la rivière. C’est « simple » et efficace. Je suis déterminé à rejoindre Shion et rien ni personne ne pourra m’y empêcher. Je ne dois pas prendre trop d’élan sinon je risque de glisser maladroitement sur les rochers mais je dois avoir assez de vitesse pour éviter de mauvaises surprises. J’inspire doucement et ferme les yeux pour faire le vide dans ma tête. J’ai souvent été maladroit mais si je me concentre, je sais que je peux y arriver. Je dois le faire pour Shion. Je refuse qu’il s’inquiète davantage pour moi. J’expire et ouvre les yeux. Je recule un peu et saute sur le premier appuie. Dans la lancée, je vais sur la deuxième puis sur la troisième. Ma technique est de ne pas perdre cet élan et d’aller le plus vite possible. En fait je n’ai pas réellement de technique, je ne me fis qu’à mon instinct car une fois sur deux je glisse sur mon appuie. Mais osef, tout se passe très rapidement et j’arrive à atteindre la rive. J’ignore comment je l’ai fait mais j’ai réussi, comme je l’avais prédit. Un sourire victorieux se dessine sur mon visage avant de prendre Shion dans mes bras et de le serrer bien fort. « Je te l’avais bien dit. Je n’ai rien.  » Ma respiration est rapide à cause de cet obstacle. Mais qu’est ce que c’est bon d’avoir Shion contre moi. Je passe mon pouce sur sa lèvre pincée et la regarde avec délicatesse. « N’abime plus tes lèvres comme ça. Je les aime intactes.   »  

TENUE ღ J’ai peur, je suis inquiet, voir mon petit ami prendre de tels risques ne m’enchante pas et j’aimerai pouvoir lui dire de continuer, d’avancer sans moi ou de vraiment trouver un autre moyen de traverser, pourtant je n’ai qu’une envie c’est de le retrouver au plus vite et ça se joue contre moi.  Ce n’est rien ? Bien sûr que si c’est quelque chose ! Si pendant qu’il traverse un nouveau séisme se d’éclanche il tombera et je suis terrifier à cette idée.  Il ne comprends pas...  Finalement je lui fais confiance en voyant qu’il est déterminé, mais ça n’empêche que je prie très fort, me mordant la lèvres a sang sous la pression, les nerfs, tout ses sentiments qui me consume en le voyant débuter son périple, pierre après pierre je sursaute, les larmes pourraient aisément me monter aux yeux mais je maitrise mon inquiétude et soupire d’un énorme soulagement lorsqu’il arrive sur la rive sain et sauf.  Je ne réfléchis plus, l’enlaçant fortement je ne me résous pas à le lâcher, cette fois je pourrais pleurer, mais parce que je suis rassuré, tellement rassuré...  « t’es complètement fou. » Dis-je simplement, il s’est mis en danger, heureusement il n’a rien, mais ça aurait pu être bien pire et je ne veux pas subir à nouveau ce genre d’épreuve. Le regardant, mon cœur battant toujours très vite, je souris légèrement a ses mots. « Fais en sorte que je n’ai plus a les abimer alors. » Venant attraper sa main, je l’enlace à la mienne, les doigts entrelacés et serrés, je cogne mon front contre son torse en soupirant. Restant ainsi un instant silencieux, le temps de calmer les émotions qui venaient de nous assaillir sans prévenir. Redressant à nouveau la tête pour le regarder. « Ça devient trop dangereux, mettons nous à l’abri. » J’ignore ce qui se passe, mais je n’avais pas envie de prendre de risques supplémentaires inutilement.  

TENUE ღ Ça aura été dur et risqué mais je suis bel et bien arrivé de l’autre côté. Je suis entier et il y a eu plus de peur que de mal. Mon premier réflexe a été de prendre Shion dans mes bras. Je le serre bien fort. On est vivant et ensemble. Il n’y a rien de plus important que ça. Je souris à son commentaire. « Oui. Fou amoureux de toi.   » Je fais l’idiot avec ce genre de commentaire (bien que ce soit vrai), mais je veux détendre Shion en le faisant rire. Nous sommes vivants et c’est le principal. Faut croire que les accidents se produisent depuis qu’on est monté dans l’avion, mais pour le moment, tout s’est bien fini. Je remarque ses lèvres, rougis à cause de la pression exercée par ses dents. J’ai mal pour lui. Je n’aime pas le voir blessé, ça me fait limite plus peur que de devoir surmonter des dangers. Je sens le petit reproche mais je le reçois avec un sourire. C’est vrai, c’est de ma faute car je lui ai fait traverser tout ça. Je baisse ma tête pour aller chercher ses lèvres avec les miennes. Je passe délicatement ma langue sur ses lèvres avant de rompre le contact. « Voilà, je t’ai guéri.  » Je souris. Nos doigts entrelacés, Shion cale sa tête contre mon torse. Je pose mes lèvres sur le haut de sa tête et j’hume son odeur de shampoing. Même après tout ce qu’on a vécu, il sent toujours aussi bon. Sentant qu’il va commencer à bouger, je libère sa tête. « Oublions le village pour le moment. Allons rejoindre le groupe.  » On sera surement plus à l’abri près de l’avion que perdus dans une forêt. Je regarde les environs. Ça ne va pas être facile de retrouver notre chemin.

TENUE ღ Ce voyage risque de nous mettre à rude épreuve, c’est déjà le cas avec ce qu’il vient de se passer, j’ai cru que mon cœur allait lâcher. Jiro est fou, mais il est revenu sain et sauf, à ses mots je ne peux pas m’empêcher de sourire. « Tu as toujours les mots qu’il faut. » Le taquinais-je en retour, il me permet de me « calmer « un peu, même si c’est dur après ça, j’étais tellement effrayé et inquiet, m’accrochant à lui comme pour prendre entièrement conscience qu’il a réussie et est bien avec moi. J’ai blessé mes lèvres en les pinçant sous l’action, il est le seul à me mettre dans cet état, s’il ne veut plus que je me fasse mal il devra être plus prudent aussi. J’accueille ses lèvres contre les miennes avec joie, fermant mes paupières, sentant sa langue passée sur ma blessure je souris en ouvrant les yeux pour le regarder. « Quel talent de guérisseur, je suis impressionné. » Me moquant un peu pour l'embêter, venant caler ma tête sur son torse, nos doigts entrelacés j’aimerais pouvoir rester ainsi plus longtemps, si proche et dans ses gestes agréables, mais le danger est toujours là. Le village ne nous apportera pas grand-chose dans cette situation, de plus il nous est inaccessible et je ne veux plus prendre de risque inutile. Gardant sa main dans la mienne, je pense qu’on peut retrouver notre chemin en allant tout droit. « Fais attention aux branches, s'il y a de nouvelles secousses, les arbres ne nous protégeront pas. » Au contraire, mais on n'a pas d’autre solution que de repasser par la forêt, on a plus qu’à prier pour qu’il n’y ait pas de nouveau tremblement entre-temps, même si j’ai peu d’espoir.

TENUE ღ Je lui tire la langue avant de lui sourire. C’était dangereux mais je suis vivant. Nous sommes de nouveau ensemble et le reste n’a plus d’importance. Je remarque ses lèvres blessées, il s’inquiète beaucoup trop et ça me fait de la peine. C’est de ma faute si ses lèvres sont abimées. Alors pour me pardonner, je dépose mes lèvres sur les siennes et les caresser avec ma langue. Lui qui a la manie d’humidifier ses lèvres avec sa langue, c’est avec la mienne que je vais l’habituer. «Tu as vu. J’aurai dû être médecin, comme Berry tiens ! » Je plaisante. Enfin, mes sorts de guérison ne marchent que sur Shion et c’est ça qui fait toute la différence. « Si tu as mal quelque part, tu n’as qu’à me le dire. » Je lui fais un clin d’œil complice. Je le dis à la rigolade mais il sait qu’il peut compter sur moi. Quel que soit sa douleur, je ferai en sorte de l’atténuer ou du moins, je souffrirai avec lui. Dans la douleur comme la joie, on sera ensemble. On reste quelques instants l’un contre l’autre. Ce moment d’apaisement nous fait du bien malgré la situation dangereuse qui se présente à nous. « Oui Chef ! » Avec moi, tout est sur un ton humoristique. Même face aux dangers, je souris et avance sans fléchir. La seule chose qui me fait réellement peur, c’est de perdre Shion. On entre dans la forêt et je me laisse guider par mon copain. Son sens de l’orientation est nettement plus développé que le mien. On marche pendant une dizaine de minutes et je crois entendre des voix. On ne doit plus être très loin de l’avion. Mais une nouvelle secousse encore plus forte que les précédentes se fait ressentir. Elle est venue d’un coup et des branches tombent soudainement des arbres. Voulant les éviter, on se précipite sur le côté. Tout se passe très vite, j’ignore réellement lequel de nous deux a perdu l’équilibre en premier mais on se retrouve à déballer allongé une pente. J’essaye de mon mieux de protéger Shion en le bloquant contre mon corps. C’est un tronc d’arbre qui nous arrête dans notre descente, tronc que je me prends assez violemment dans mon dos. Mes vêtements sont déchirés à plusieurs endroits montrant les plaies fraichement faites. Je crois que je me suis fait mal à mon bras aussi. Mais avant d’en savoir plus sur mon état, je baisse la tête pour voir Shion.

TENUE ღ Une fois qu’on sortira d’ici on pourra surement en rire de toutes ses épreuves, mais pour le moment c’est loin d’être amusant, je m’inquiète un peu plus a chaque seconde, bien que Jiro soit là et que je puisse le toucher, le regarder, j’ai peur de la suite. J’ai peur de le perdre et ça me terrifie intérieurement alors que je le vois sourire, c’est encore plus douloureux. Son baiser me fait du bien et sentir sa langue « guérir » ma blessure me fait sourire, même si je suis habitué à m’humidifier les lèvres, le fait qu’il le fasse lui-même me plaît. Le taquinant sur son talent, il prend la grosse tête monsieur. « Et lécher les lèvres de tes patients ? Non merci. » Je lui donne un coup en riant un peu, l’espace d’une minute j’ai pu m’évader de cet endroit et des problèmes autour de nous qui ne font que commencer. À ses nouvelles paroles je rougirais presque en ayant un pensé déplacé. « Pourquoi, tu iras lécher mes plaies ? » Je regrette presque de l’avoir dit à voix haute, c’est encore plus étrange, me raclant la gorge, faut qu’on bouge d’ici. Jiro me permet d’être plus « léger » même si la situation m’inquiéter et me semble quelque peu difficile et surtout dangereuse, il me donne cette impression que rien ne peut nous arriver ou que rien n'est « grave » et c’est assez incroyable qu’il puisse arriver à ça avec moi qui suis plutôt du genre à tout posé et tout analysé tel un scientifique en activité. Entrant dans la forêt c’est à peine une dizaine de minutes plus tard que tout dégénère, lorsqu’un nouveau séisme se fait sentir, je n’ai pas réellement le temps de tout comprendre, essayant d’éviter les obstacles, je me tords la cheville dans la précipitation, grimaçant, je perds l’équilibre en emportant Jiro avec moi, on se retrouve à chuter sur la pente, blottit dans les bras de mon petit ami, je prie pour que cela s’arrête et le choc à l’arrêt me fait frissonner, remarquant que le seul qui se soit pris l’impact violemment c’était lui. Croisant son regard, je me redresse faisant abstraction de ma cheville ou des quelques égratignures que je me suis faite en tombant, il m’a protégé et je suis plus inquiet de son état que du mien, même si, le fait que je ne puisse pas marcher serait un énorme problème, j’aviserais à ce moment-là. « Ça va ? Où tu as mal ? » Je montre une certaine détresse dans ma demande, effrayé de le voir souffrir, mais pourtant je reste sérieux, parce que je dois l’aider. L’aidant justement à se redresser, je veux voir son dos, me souvenant encore du choc de l’impact. Son pull est troué à plusieurs endroits, je me permets de lui soulever et le retirer pour avoir une vue sur ses blessures. Me pinçant encore les lèvres, les larmes au bord des yeux en imaginant bien a quel point il doit souffrir.  « Je n’ai rien pour désinfecter, faut qu’on retourne rapidement à l’avion. » Me tournant, je me souviens de la rivière. « Attends, bouge pas. » On n'est pas loin vu qu’on a déballé tout ce qu’on avait grimpé, je me redresse en oubliant ma cheville et retombe violemment au sol sous la douleur. Pourtant je ne m’arrête pas à ça, même si je dois ramper jusqu’à l’eau, je le fais, mouillant un bout de tissu pour essuyer les plaies de Jiro, j’ai réussi à revenir jusqu’à lui en trainant ma jambe, passant l’eau dans son dos. « Désolé... » C’est ma faute, si je n’avais pas perdu l’équilibre on ne serait pas tombé.

TENUE ღ Quittant les lèvres de Shion, je souris et m’amuse à m’imaginer médecin. Entendre le rire de Shion est rassurant et comme toujours, mon rire vient tout de suite après le sien. « Ça ne te plait pas ?  Ou tu préfères que j’aille lécher autre chose peut être ?  » Mon sourire ne me quitte pas et mon regard est plongé dans le sien. Je suis moi quel que soit les situations. Ça peut être un point fort comme un inconvénient. Heureusement, Shion est là pour faire avancer les choses et nous ramener à cette réalité. J’ai besoin de lui pour me dire quoi faire, je ne suis là que pour faire prendre conscience à Shion que c’est possible, lui donner la force d’y croire. Chacun a ses qualités qui leurs en sont propres. Chaque personne brille différemment, dans des domaines à part. Si j’arrive à rendre la situation moins grave, au final, celui qui va nous sortir de là, c’est bien lui et sa capacité à analyser. On quitte cet endroit pour rejoindre la forêt. On ne devait être qu’à quelques dizaines de mètres de notre destination mais le tremblement de terre nous fait perdre notre équilibre. On chute et déballe la pente en roulant comme des patates. Je ferme les yeux pendant toute la descente et tiens fermement Shion dans mes bras. Même si tout se passe rapidement, j’ai l’impression d’avoir roulé pendant longtemps. Ce n’est qu’en subissant un énorme coup dans le dos que tout s’arrête. Cette douleur s’intensifie et traverse mon corps. Je souffle de soulagement quand je vois Shion bouger, essayant de ne pas grimacer de douleur. « Ça va, je me suis juste pris un coup. » Je relativise puisque c’est mon fort. Mon petit copain ne devrait pas trop s’en faire. Je me retiens de gémir lorsqu’il m’aide à me redresser. Je suis sur qu’une autre personne n’aurait rien remarqué mais mon petit ami est intelligent. Il a surement senti quelque chose puisqu’il relève soudainement mon pull pour vérifier mon état. Je soupire en me laissant faire. Je ne voulais pas qu’il voit parce que je ne voulais pas voir cette expression. « Shion…  » Il ne m’écoute pas et pars tout seul. Je voulais le rattraper mais sur le moment, ça me demandait trop d’effort. Je le vois tomber d’un coup et mon cœur tombe avec. C’est long. L’attente est horrible. Je n’aime pas être séparé. Heureusement, je le vois revenir. Il s’est fait mal à la jambe et il a fait tout ce chemin. L’eau au contact de ma plaie me brûle mais je ne montre rien. Je ne veux pas inquiéter Shion. En entendant ses excuses, je lui attrape la main et me tourne pour me mettre face à lui. « C’est toi qui a engendré ce tremblement de terre ? C’est un accident Shion. Ce n’est de la faute à personne, ni de la mienne, ni de la tienne.  » Je caresse sa main avec mes doigts. « Si on suit ton raisonnement, je devrais être celui qui doit s’excuser puisque c’est moi qui ai voulu venir à Sydney.  » Pas de voyage, pas de chute. Tout ça pour dire qu’il n’a pas à se sentir coupable.  

TENUE ღ Lécher autre chose . Putain cette conversation me donne chaud au visage, depuis quand j’ai ce genre de pensées ? Tapant ses lèvres du bout des doigts. « Chut. » Sérieusement, on ferait mieux de rester prudent. Un sourire sur mes lèvres, on se met en route en ayant pour but de rejoindre l’avion, mais un tremblement me fait perdre l’équilibre en me tordant la cheville et j’emporte Jiro dans ma chute, roulant toute la pente qu’on venait de grimper jusqu’à entendre un son désagréable lorsque le dos de mon petit ami qui m’a protégé heurte le tronc violemment. Paniqué je ne perds pas une seconde pour voir à travers les mots de Jiro et soulever son pull, voyant déjà les marques sur sa peau, je ne suis pas docteur et je n’ai rien pour empêcher les plaies de s’infecter ni pour apaiser sa douleur, je me sens si inutile, totalement démunie de solutions, m’en voulant atrocement de n’avoir pu empêcher ça... Heureusement je me souviens de la rivière, ce n’est pas grand-chose, mais ça pourra au moins nettoyer ses blessures, ce qui n’est pas négligeable à mes yeux, voulant rapidement y aller j’en oublie que ma cheville s’est foulé et que je ne tiens pas debout, pourtant je m’en fiche de cette douleur-là, je n’ai que Jiro en tête et ça me donne la force d’atteindre mon objectif. Revenant vers lui avec l’eau, je rampe jusqu’à pouvoir en déverser sur ses plaies. M’excusant en me retenant de pleurer tellement je m’en veux. Lorsqu’il me fait face, je croise son regard et le fixe sans un mot, me pinçant simplement les lèvres pour ne pas craquer. Honnêtement tout ça me fait peur, je suis terrifié. Cognant doucement ma tête contre son torse, je relâche la pression, cette peur que j’ai eu en entendant ce son terrifiant, voir mon copain souffrir, avoir mal moi-même, tout ça plus les tremblement de terre plus puissant, j’ignore ce qui se passe et pourtant je sens que c’est loin d’être terminé, cette situation me donne l’impression de suffoquer, finissant simplement par laisser les larmes couler comme pour évacuer tout ce surplus d’émotion. « Je crois qu’il sera difficile de refaire Tarzan. » Honteux de pleurer alors que c’est lui qui souffre le plus, je tente de plaisanter sans pour autant redresser la tête.

TENUE ღ J’hausse un sourcil, sourire toujours sur le visage. Ce n’est pas par hasard que j’ai employé ces mots, c’était même fait exprès et j’ai plus ou moins réussi à obtenir ce que je voulais en voyant la réaction de mon petit copain. Sentant ses doigts sur mes lèvres, je rigole en silence. Il se cale contre moi et on reste ainsi pendant quelques minutes jusqu’à ce qu’on décide de retourner dans la forêt. On se rapprochait du but quand soudain, un autre séisme se fait ressentir. Tout se passe tellement vite que je ne remarque pas Shion se faire mal à la cheville, ni le fait qu’il m’emporte dans sa chute, déballant la pente qu’on venait de monter. C’est un tronc d’arbre qui nous arrête dans notre descente et même si la collision fait mal, c’est bien grâce à lui qu’on ne soit pas descendu plus bas. A part au dos, je ne sais pas quels sont les autres endroits où je me suis fait mal. Ne voulant pas l’inquiéter davantage, j’évite de trop en dire sur ma condition. Même si mon corps me fait mal, mon cœur serait apaisé si Shion n’a rien. Et puis, ce n’est pas la première fois que je dégringole une pente. Je devrai surement remercier Ichigo pour avoir « habitué » mon corps à ce genre d’accident. Je plaisante mais c’est ainsi que je vois les choses. Même si j’ai mal, ce n’est pas si grave que ça. Par contre, je n’aime pas voir cette expression sur le visage de Shion. Je n’aime pas le voir affolé, les larmes aux yeux. Je n’aime pas le voir lutter contre la douleur, le voir se ramper pour m’apporter de l’eau. Je ne veux pas le voir souffrir. J’essaye de le rassurer avec mes mots mais ça n’a pas l’air de marcher. Il cogne sa tête contre mon torse et j’attrape par la même occasion sa nuque. Il n’a pas à faire semblant d’aller bien. Je le sens trembler. « Je t’assure que je n’ai rien. Je tombe plus souvent que tu ne le crois. » Ma main quitte sa nuque et vient relever doucement son menton. Ses larmes perlent le long de son visage. J’affiche un petit sourire qui se veut réconfortant, tout en chassant les larmes avec mes doigts. « Ta cheville te fait mal ? »  

TENUE ღ Quel idiot, je me retrouve embarrassé devant mes propres pensées, mais vu la situation je préfère éviter de continuer sur ce terrain et essayer plutôt de sortir de là. Malheureusement ce n’est pas gagner lorsqu’on déballe la pente qu’on venait de grimper, finissant tous les deux dans un états déplorable. Jiro fait genre que tout va bien, mais je ne le crois pas, assurément pas ! J’ai entendu le son que ça a fait lorsqu’il a tapé contre le tronc, je vois ses marques sur sa peau, je ne peux pas croire qu’il ne souffre pas et je me sens encore plus inutile quand je remarque que je n’ai rien pour le soigner, l’aider, apaiser sa douleur, rien, rien du tout ! Je pourrais m’affoler en paniquant, désolé d’avoir chuté le premier, de mettre tordue cette putain de cheville et qu’il se soit fait mal à cause de moi, j’ai l’impression de vivre un cauchemar... Heureusement je pense à la rivière, ce n’est pas grand-chose, mais j’ai pu au moins nettoyer ses plaies, j’ai eu du mal à m’y rendre en rampant la moitié du temps ne pouvant pas marcher à cause de mon pied, mais à mes yeux ce n’est rien, je n’y pense pas, la douleur la plus imposante et au niveau de mon cœur. J’ai peur, je suis terrifié, est-ce qu’on va s’en sortir ? Est-ce qu’on va mourir ? Que se passe-t-il sur cette île ? Tant de question sans réponse et je ne sais plus quoi penser. Les larmes me montent aux yeux jusqu’à déborder et les laisser couler, exprimer mon désarroi, je suis pitoyable... « Quand tu essayes de me rassurer je me sens encore plus coupable... » couinais-je contre lui, ça ne change rien au fait qu’il ait mal, l’entendre dire « je n’ai rien » ne me font pas du bien, je préfère qu’il soit honnête avec moi, de toute façon je le sais déjà... qu’il souffre. Le regardant avec mes yeux trempés par les larmes lorsqu’il soulève mon menton, le laissant les essuyer en reniflant doucement. « Hum... » Acquiesçais-je à sa question. J’ai mal, mais c’est lui seul qui m’importe.

TENUE ღ Ce voyage a débuté d’une façon assez unique et nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Je peux tout prendre à la rigolade et voir le bon côté des choses mais je ne supporte pas ne pas pouvoir rassurer Shion. Je le sens effrayé, perdu mais je n’arrive pas à l’apaiser. Il se force à faire cet aller retour pour me nettoyer les blessures. Bien évidemment que ça me brule et que j’ai mal mais je peux le supporter. Je dois le faire pour Shion. Je ne veux pas l’inquiéter davantage et je sais qu’il s’inquiète. Je me rappelle de la fois où il s’est pincé ses lèvres juste parce que je traversais la rivière. Je n’ose pas imaginer sa réaction si je lui disais que je souffre physiquement. Mais aucune douleur physique n’est comparable à mon impuissance à réconforter mon petit copain. Il baisse la tête, mais je sais qu’il pleure. « Mais tu n’as pas à te sentir coupable. » Je suis honnête, je n’ai jamais pensé une seule fois que c’était de sa faute si on s’est retrouvé dans cette situation. Et puis même si j’ai mal, ce n’est pas si grave, du moins, de mon point de vue. « Ce n’est pas aussi mauvais que tu ne le crois. Ça fait mal mais je vais bien. » Tout est dans la tête. De mes doigts, je relève le visage de mon copain et lui essuie ses larmes. « Tu t’en souviens de ce que j’ai dit si jamais tu avais mal ? » Même dans cette situation, je suis d’humeur à plaisanter. Je reprends mon sérieux en essayant de bouger un peu. Cette douleur est désagréable mais pas insurmontable. Dans notre état, on risque de prendre pas mal de temps à remonter cette pente mais je garde confiance. Si on y va lentement, on arrivera à rejoindre les autres.   

TENUE ღ Je ne peux pas m’en empêcher, je me sens coupable de ce qu’il vient de se passer, on n'est pas du tout en sécurité ici et nous sommes tous les deux blessés, bien que je m’inquiète davantage pour les coups qu’il n'a pris que ma cheville tordue. Ça m’énerve, pleurer m’énerve, avoir peur m’énerve, cette situation m’énerve, j’aimerais simplement rentrer et pouvoir tout oublier... Malheureusement on ne peut pas et je suis encore plus effrayé, qu’est-ce qu’il va nous arriver ? « Arrête ça... » Je lève ma tête avec son aide pour le regarder, le laissant essuyer mes larmes qui pourtant continuent de couler comme un robinet qu’on n'aurait pas fermé, je ne peux pas m’en empêcher. « Tu as mal, comment ça pourrait aller... Idiot. » Les deux ne vont pas ensemble, je sais qu’il veut me rassurer, m’empêcher de m’inquiéter, seulement c’est déjà trop tard pour ça. Même s’il plaisante, je ne peux pas apaiser mon cœur ni calmer mes craintes, mais je me force à sourire dans mes sanglots parce que je ne veux pas être un poids pour lui. « Je ne m’en souviens pas. » tentais-je de plaisanter à mon tour avant de renifler et regarder la pente. Je peux à peine tenir debout et j’imagine que Jiro souffre vraiment malgré son comportement optimiste. Reposant mon regard sur lui j’essuie mes larmes jusqu’à ce qu’elles arrêtent de couler, respirant pour me reprendre, je ne dois pas renoncer parce que c’est effrayant. Rapidement je viens embrasser le brun. « Je recharge mes batteries. » Les yeux rougies, je montre cependant que même dans la peur je peux surmonter les obstacles, mais c’est seulement Jiro qui m’en donne la force et le courage. Regardant autour de nous, je cherche un bout de bois pour pouvoir stabiliser ma cheville, je dois pouvoir marcher si je la maintiens solidement.

TENUE ღ Je vois parfaitement que Shion est dépassé par les événements, c’est compréhensif. Nous sommes perdus sur une île plus ou moins déserte, tous les deux pas au top de nos formes. Mais je ne perds pas le moral pour autant. Je ne blâme pas Shion de pleurer ou d’en avoir marre puisque c’est une réaction tout à fait normale. Je suis juste plus posé et détendu que les autres. Rien n’est encore joué et nous pouvons survivre malgré notre situation. Mais d’abord, il faut que j’arrive à calmer Shion. Ce n’est pas très sain pour lui de continuer dans cet état. Je lui relève doucement la tête et lui essuie le torrent de larmes. Mon pauvre petit hamster a les yeux rouges. Je ne devrais pas en sourire mais il est toujours aussi mignon. Il me traite d’idiot pour avoir tenté de le rassurer. « Je suis avec toi, alors tout va bien. » Je lui caresse le haut de sa tête tout en le décoiffant légèrement. Mon attention se porte ensuite sur sa cheville. Il feint l’ignorant et je le regarde avec un doux regard. Si on marche doucement en faisant très attention, la pente est abordable. Je venais à peine de tourner la tête vers mon copain qu’il plaque ses lèvres contre les miennes. J’approfondis le baiser et lui caresse la joue par la même occasion. Ses lèvres sont légèrement salées à cause de ses larmes mais elles sont toujours à mon gout. Je souris. « Recharge quand tu veux. » Ça a l’air de fonctionner car je sens un Shion motivé. « Tu penses que Berry et Phoenix vont eux aussi bien ? » On doit certes sortir d’ici mais je pense quand même à eux. Je tente de me relever et la douleur s’intensifie à chaque fois que je bouge. Je prends appuie sur un tronc à proximité avant de prendre la main de Shion. J’ai beau à jouer les forts, je sais que j’aurai besoin de lui pour monter cette pente.

TENUE ღ Je suis dépassé, inquiet, effrayé, je n’ai jamais pu le cacher à Jiro quand j’avais peur comme lorsque nous étions dans cette maison hantée. Je ne suis pas courageux, je pense souvent au pire et finalement ça ne fait que me perturber davantage. Pourtant, je fais au mieux malgré tout, je tente vraiment de refouler tous ces sentiments pour l’aider, le soutenir aussi et être présent en tant que force et non pour que je sois une faiblesse qu’il tire tel un boulet à son pied. Je pleure sans pouvoir me contenir le laissant les essuyer et quand il tente de me rassurer ça ne marche pas vraiment, je sais qu’il souffre je ne peux pas rire non plus. « Idiot. » Décidément c’est vraiment un idiot, mais c’est surement pour ça que je suis tombé amoureux de lui, malgré qu’il soit têtu et insouciant. Je dois me reprendre, je ne veux pas qu’on reste ici, qu’on meurt ici, je ne veux pas continuer d’être paralysé par la peur. Au final je viens chercher les lèvres de mon copain, j’en ai besoin plus qu’il ne l’imagine. L’embrasser ou le serrer dans mes bras me donne de la force et c’est ce qu’il me faut pour me relever. « C’est noté. » Même si je le fais déjà quand je veux au final. Souriant, je me motive et attrape de quoi stabiliser ma cheville, la montée sera rude, mais on n'a pas d’autre choix. « J’espère, mais je suis sûr qu’ils vont s’en sortir. » On ne peut pas éviter les blessures, la preuve, nous-mêmes on est dans un sale état, mais je suis certain qu’on les retrouvera à l’avion. Me relevant sur ma jambe, je tente de poser ma cheville, ça fait mal, mais c’est supportable. Marchant en boitant un peu vers Jiro, j’attrape sa main et tapote mon épaule opposée. « Tu peux t’appuyer sur moi, je m’appuierais sur toi. » On ira ensemble, mais je soutiendrais mon petit ami au maximum.

TENUE ღ Je préfère voir un Shion franc avec moi et qui me montre ses peurs plutôt qu’un Shion qui se force à être fort. Ce n’est pas une honte d’avoir des peurs. Je souhaite bien entendu rassuré mon copain mais je veux surtout lui montrer qu’il n’est plus seul. Il peut partager ses frayeurs, je ne le verrai jamais comme un fardeau ou un poids. Il est ma force. C’est grâce à lui que je me sens toujours capable de me surpasser. Certes, je suis de nature à toujours garder le moral mais je le suis d’autant plus lorsque je suis avec Shion. J’ai envie de le protéger quoi qu’il arrive. Il m’embrasse et je prolonge le baiser. C’est un réconfort qui n’a pas de prix. Il n’avait pas réellement besoin de mon invitation pour recharger ses batteries mais je ne voulais pas rester silencieux non plus. Il n’y a pas de mot pour décrire le sentiment de fierté quand je vois le courage de Shion lui revenir. Il fait de son mieux et je le vois. Il a peur mais ne se laisse pas abattre. Il se relève même si ce n’est pas facile. Il est plus fort qu’il ne le pense. Je compte retrouver Berry et Phoenix lorsqu’on sera de retour à l’avion. Avec l’intelligence de mon meilleur ami, je suis sur qu’ils pourront s’en sortir. Je me mets sur mes deux jambes. Je souris lorsque Shion me prend spontanément le bras pour le mettre par-dessus son épaule. Je lui lance un regard attendri. « Yeah, lean on me and i’ll lean on you. » dis-je pour rigoler. Ensemble nous y arriverons.