_« Tu vois, c’est beaucoup mieux comme ça, parce que quand tu modifies l’axe, tu es déséquilibré et tu loupes ta réception. »
Effectivement, la réception de mon triple axel est bien meilleure que lors de mon gala à Marseille, pour le dernier soir du Grand Prix Final qui avait lieu en France il y a à peine une semaine. C'est pourtant un saut que je maîtrise sans grande difficulté, celui que mon programme court n'a posé aucuns soucis, pourtant celui du gala était vraiment foireux, même si j'ai réussi à transformer ma réception catastrophique en pirouette assise. Si le public ne m'en a pas tenu rigueur, Brian n'a pas vraiment été du même avis et même la présence rassurante de Sandro n'a pas pu m'éviter les remontrances de mon coach. Cependant Brian est fidèle à lui-même, s'il est dur et exigeant, il n'est pas foncièrement méchant et ce premier entrainement depuis mon retour à Tokyo a été exclusivement consacré à réglé mon petit déséquilibre.
_« C'est parce que tu te précipites trop Nao, tu dois prendre le temps. C'est un gala, il n’y a pas de titre en jeu… Je ne veux pas voir ce genre d'erreur en Finlande. A bientôt un an des jeux olympiques ce genre d’erreur sur un triple ne doit plus arriver… »
Comme toujours lorsque je me fais sermonner j’écoute patiemment, sans répliquer, un peu honteux parce que dans le fond je sais parfaitement que mon coach à raison. Je suis capable de réaliser des triples sauts depuis environ six ans, ce n’est plus guère une difficulté pour moi. Les quadruples le sont et pourtant mon programme court en comporte deux et le libre, quatre. Si je suis capable de réaliser six quadruples, un triple axel devrait être une simple formalité. J’acquiesce aux dires de Brian qui malgré son ton stricte et intransigeant, darde sur moi ce regard paternel et amicale qui m’est si cher.
_« Bon allez, c’est tout pour aujourd’hui. Va te changer, je t’ai pris une réservation au spa alors profites-en, détend toi. Je te veux ici à six heures tapantes demain. »
Je ne me le fais pas dire deux fois, une dernière pirouette juste pour le plaisir et je file au vestiaire dès que j’ai enfiler mes protège-lame, sans oublier Pooh qui suit chacun de mes entraînements depuis la balustrade, fidèle compagnon de toujours. Après une rapide douche, surtout pour évacuer la sueur de l’effort physique, j’enfile un survêt dont la veste est brodée « Japan » – comme s’il y avait possibilité que je l’oublie – et quitte la patinoire en prenant soin de passer par l’entré de service. Je sais que ce n’est pas sympa pour les quelques fans qui viennent pour me voir, mais si j’aime le patin à glace, je suis loin d’aimé l’exposition médiatique que ça crée, même si j’aime beaucoup mes fans… Ceci dit, parfois j’aimerais pouvoir me balader comme tout le monde. Mais il faut croire que c’est le prix à payer quand on remporte l’or olympique.
D’une main j’ajuste mon sac en bandoulière et prends rapidement le chemin qui mène au spa, la tête encore pleine des conseils de mon entraîneur. Je me repasse en boucle la bonne position à avoir comme un film qui défilerait sous mes yeux, encore et enc… Ailleurs, je bouscule quelqu’un que je n’avais même pas remarqué, ce qui n’est pas vraiment difficile puisse que je ne faisais pas du tout attention. Désolé et confus, je vais me répandre en excuse quand mon regard tombe sur ma victime, qui me parait familière mais j’ai un peu de mal à me rappeler où je l’ai déjà croisé.
_« Hum, désolé, je ne regardais pas où j’allais… Je ne t’ai pas fait mal ? »
Je lui offre un sourire navré alors que le souvenir d’une autre bousculade – bien moins agréable – lors d’une compétition me reviens. Des souvenirs douloureux que je chasse d’un revers de main, les yeux toujours fixés sur le jeune homme.
Dernière édition par Sakakibara Naoki le Jeu 22 Déc - 0:45, édité 1 fois
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After practice... Relaxation. #Chapter_1
Naoki & Alak
TENUE - Depuis qu’il a revu son ex, Alak s’efforce de faire comme si de rien n’était. Il ne pouvait et surtout, ne voulait pas laisser le retour de Nash perturber son quotidien. Bien qu’on ne puisse pas réellement appeler cela un retour puisqu’ils se sont vus qu’une seule fois et ce, par le plus grand des hasards. Mais il n’empêche qu’après lui avoir échangé quelques mots, Alak s’était beaucoup remis en questions. Même si de base, il est un garçon peu sûr de ses décisions. La voix d’un de ses compères acrobates le tire de ses pensées. Ils étaient en train de se concerter pour une nouvelle mise en scène car un cirque ne pouvait marcher que s’il promettait régulièrement des nouveautés. Alak n’était pas le plus imaginatif de tous, mais il lui arrivait de trouver de propositions assez pertinentes. Il avait ce don à épater les autres. Cependant, il lui manquait encore de confiance en soi pour pouvoir s’affirmer et donner à voix haute ses nouvelles idées. Pendant la réunion, il se contente d’écouter et d’acquiescer les idées des autres. Les réunions entre les acrobates du Happy Virus ne se faisaient pas autour d’une table mais sur la scène. Celui qui proposait était devant tous les autres assis dans les tribunes. Mais personne ne restait à sa place bien longtemps car lorsqu’ils avaient trouvé une idée, ils essayaient de voir, immédiatement, si c’était dans la mesure du possible. L’ambiance n’était pas pesante, ils se connaissaient tous et c’était toujours des meetings réalisés dans de la bonne humeur. Ça rigolait et parlait sans jamais s’arrêter, ils avaient tous la flamme du Happy Virus. Avec les membres de sa troupe, il était impossible pour Alak de ne pas sourire.
Le meeting s’achève et Alak pouvait faire ce qu’il veut jusqu’à la représentation de ce soir. Pour ne pas changer ses bonnes vieilles habitudes, il décide de faire un petit tour à Royal. Aux yeux du Thaïlandais, cet endroit était magnifique. C’était assez bizarre de visiter une université mais pour quelqu’un qui n’avait jamais été scolarisé dans un établissement, il y avait de quoi être impressionné. Il ne se lassait jamais de se promener dans les locaux de Royal. Puisque c’était aussi impossible de savoir qu’il ne faisait pas partie des étudiants, il ne craignait jamais lors de ses balades. Le campus était tellement grand qu’il n’avait pas tout vu. Il découvrait à chaque visite de nouvelles pièces ou de bâtiments. Cette fois ci, il se perd dans le centre sportif qui pouvait rivaliser avec son cirque. Alak réussit à trouver une porte qui mène à l’extérieur et tout en regardant l’édifice de là où il venait, il marche à reculons. Ce n’est qu’au moment où il se décide de se tourner qu’il bouscule quelqu’un. Ce n’était rien de bien méchant, Alak avait assez d’équilibre pour rester sur ses deux jambes. Il se sentait maladroit et désolé, après tout, il ne regardait pas où il allait. Etrangement, c’est l’autre garçon qui s’excuse en premier. Alak réalise d’être tombé sur une personne polie et souriante. Un sourire se dessine sur les lèvres du Thaïlandais. « Non, ça va. Je suis solide. » dit il avant de rire. « Et je te dois des excuses aussi. » L’accent se fait entendre. Il n’arrivait toujours pas à se familiariser avec cette langue mais pour de petites phrases simples comme celles-ci, ça allait. A ses mots, l’acrobate se redresse et se penche pour s’excuser. On le lui avait enseigné de se comporter ainsi au Japon.
C’était tout moi ça, la maladresse personnifiée. Difficile à croire quand on me voyait effectué un quadruple lutz ou une pirouette Biellmann et pourtant en dehors de la glace ce genre de mésaventure arrivait fréquemment. Je me souviens d’ailleurs d’une chute mémorable, immortalisé par les caméras, alors que je retourner aux vestiaires. Sur le tapis prévu pour, la protection de mes lames avaient déraper et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, j’avais fini comme Bambi sur la glace, les jambes aussi tremblotantes que celle d’un nourrisson. Heureusement, plus de peur que de mal, seul mon orgueil avait été touché.
Honteux, j’espérais sincèrement ne pas lui avoir fait mal. Pour le sportif que j’étais la moindre blessure était synonyme d’ennuis, de retards dans les entraînements, de pression supplémentaire pour être prêt à temps pour la compétition suivante, parfois d’arrêt total de travail. Bref, le moins bobo était signe de privation et de travail supplémentaire aussi. Garder une forme physique parfaite était plus compliqué que d’apprendre un bouquin entier sur les traitées sino-nippons. Alors il valait mieux éviter de blesser les autres également, puisqu’on ne savait jamais vraiment sur qui on tombait. Ce jeune homme pouvait aussi bien être un étudiant en droit qu’un basketteur professionnel. Dans le premier cas, être blesser ne serait certes pas amusant mais il pourrait faire avec… Dans le second, ça poserait beaucoup plus de soucis, autant à lui qu’à moi. Mais dieux merci, ses paroles me rassurèrent directement : pas de blessure en vue. Malgré tout, je m’inclinais et présentais une fois encore mes excuses. Il fallait vraiment que je fasse plus attention. Au propre comme au figuré, parce que l’impression de l’avoir déjà vu ne me quittait pas depuis que mes iris s’étaient posées sur lui.
« Tu étudies ici ? » Si c’est le cas, il est possible que je l’ai croisé ici plusieurs fois. « Désolé si c’est étrange, mais on se connait? Ton visage me dit quelques choses. » J’étais persuadé de l’avoir déjà vu quelque part, mais où? Je me creusais la cervelle un instant, cherchant dans ma mémoire les endroit o j’aurais bien pu le voir. J’étais prêt à parier qu’on n’allait pas en cours ensemble, mais que j’avais croiser son chemin plus d’une fois. Et là, illumination !!! « Hey ! Mais… Tu ne travaillerais pas à Ota? Là où il y a le grand chapiteau… euh… C’est un cirque là, non? » Oui, il me semble que c’est là que je l’ai croisé. Je passe souvent devant le matin quand je fais mon footing et certains après-midi aussi. Je vis dans le quartier, c’est un coin plutôt tranquille et pas tellement éloigné de Shibuya, de la Royal.
TENUE - Il n’était pas particulièrement maladroit, mais Alak était très étourdi. Un rien le fascinait et il pouvait oublier son environnement quand quelque chose retient son attention. Il ne changea pas cette mauvaise habitude, même en étant un intrus dans l’établissement. Lui qui était peureux, n’avait pas songé la possibilité à se faire attraper. Il se sentait à l’aise. Il se promenait et marchait sans regarder là où il mettait ses pieds. Il était complètement adsorbé par l’architecture du campus qu’il ne se focalisait plus sur ses pas et c’est ce qui valut une petite collision avec un étudiant de Royal. En tant qu’acrobate, sa condition physique est aussi très importante. Même si, Alak n’était pas indispensable à la représentation globale et que le public ne remarquerait surement pas son absence, Alak ne se permettrait pas de se blesser. La troupe du Happy Virus était une grande famille mais il y avait tout de même de la compétition au sein des membres. Qui ne rêverait pas de devenir la star du cirque ? Celle que tout le monde garde ses yeux posés sur elle ? Même Alak voulait être le meilleur dans ce qu’il faisait. Ce n’était pas de la compétition malsaine mais plutôt un objectif à réussir. Mais ce n’était pas avec cette collision qui allait empêcher Alak de faire son numéro. A force de se cogner un peu partout et de tomber encore et encore, il avait acquis une sorte de résistance aux blessures. Le médecin de la troupe n’accordait pas les mêmes exigences que celui des sportifs professionnels où une petite blessure pouvait avoir un effet papillon. La devise de tous les membres de la troupe et surtout celle d’Alak était que tant que ce n’était pas cassé, ou qu’il pouvait encore bouger, ce n’était rien de grave. Alors, le jeune homme qui l’avait bousculé n’avait rien à craindre. Le Thaïlandais était toujours entier et en pleine forme.
Ce n’était pas la première fois que l’acrobate se faisait interpeller dans Royal. Pourtant, à chaque fois que cette question lui revenait tout le temps, il ne pouvait pas mentir et affirmer d’être un étudiant ici. Il secoua rapidement la tête de droite à gauche avec le regard baissé. « Non ? » Il devait revoir sa manière d’agir car il avait l’impression que dès qu’il se mettait à parler, cela trahissait son statut de non étudiant. Les yeux du Thaïlandais se relevèrent et observa l’étudiant. Retenir le visage des autres n’a jamais été le point fort d’Alak. Sa mémoire lui faisait souvent défaut pour ce genre de choses et il comprenait parfaitement que ça pouvait offusquer plus d’un. D’ailleurs, il prit peur d’avoir par le passé discuter avec l’étudiant et d’avoir oublié de l’avoir fait – ce qui lui arrive souvent. « Désolé, je ne te reconnais pas. » Ça le gênait toujours autant de dire cette honteuse vérité. L’expression d’Alak changea à l’évocation du cirque. Etrangement, ça le rassurait de parler de la troupe. « Oui c’est ça. Tu es déjà venu nous voir ? » Il n'avait pas du tout fait attention à comment l'étudiant avait décrit l'endroit, ses mots disaient clairement qu'il n'était pas un spectateur, mais le Thaïlandais avait sauté trop vite aux conclusions. Dire que ça lui faisait plaisir qu’une personne puisse le reconnaitre alors qu’ils étaient si nombreux.
Une moue un brin amusée traversa son visage à la réponse pas totalement certaine du jeune homme qu’il avait malencontreusement bousculé, faute de ne pas faire attention à l’endroit où il allait. Non? Il ne savait pas réellement s’il était étudiant? Peut-être l’était-il mais qu’il ne passait pas beaucoup de temps en cours ou alors il n’était pas étudiant et ça le gênait d’avouer qu’il traînait sur un campus qui n’était pas le sien, ce qui était plus probable parce que personne de sain d’esprit n’irait payer des frais de scolarité pour ne pas suivre ses études. Ce serait plutôt stupide vu le montant exorbitant de ces mêmes frais. Ceci dit, Nao n’était pas une balance et il n’allait pas le signaler au service de sécurité. S’il aimait venir se promener ici, qui était-il pour l’en empêcher? « Déstresse. Y a pas mort d’homme si t’étudie pas ici. Je dois t’avouer que je trouve le coin plutôt sympa pour se balader… Surtout de ce côté. Il a plus d’espace et de verdure avec les installations sportives. » Dans le fond, il se fondait plutôt bien dans le décor et si Naoki n’avait pas eu cette impression de l’avoir déjà vu, il n’aurait même pas pensé à poser la question. Avec son corps svelte, il aurait facilement pu passer pour un étudiant de section sport et à vrai dire, il n’en doutait pas une seconde jusqu’à ce qu’il lui indique le contraire. Mais tout ça ne réglait pas la question. Curieux, le patineur avait fini par posé la véritable question qui le taraudait, sans grand succès puisque l’inconnu était tout aussi incapable que lui de lui en dire plus. Pire même, lui n’avait même pas l’impression de le connaitre. Ce qui aurait, pour le médailler olympique qu’il était, devrait blesser son orgueil s’il n’était pas aussi heureux d’un côté, de tomber sur quelqu’un qui ignorait qui il était. C’était à la fois un vrai bonheur et un peu frustrant aussi. « Oh, non non… Ne sois pas désolé. C’est pas grave. J’ai juste une impression de déjà vu et je pensais que tu pourrais peut-être m’aider. » Il avait beau fouillé sa mémoire, plutôt bonne pourtant, mais impossible de se rappeler. Il allait abandonner quand l’image du grand chapiteau à quelques rues de son appartement s’imposa à lui. Bingo ! Ça lui revenait enfin et pour se rassurer lui-même sur sa propre santé mentale, il demanda confirmation. Ce fut toutefois à son tour d’être mal à l’aise devant l’enthousiaste du jeune homme lorsqu’il mentionna le cirque. « Hum… A mon grand regret je n’y suis pas encore allé, mais je passe souvent devant. Je vie un peu plus loin dans le quartier en fait. » Maintenant, Nao se sentait un peu stupide de lui en avoir parler. C’est idiot de dire à quelqu’un qu’on se souvient de lui parce qu’on le voit souvent sur son lieu de travail où on n’a jamais vraiment mis les pieds. Mais qui sait, ce serait peut-être l’occasion d’aller voir ce qu’ils faisaient de beau là-bas. Une sortie détente. « Tu y fais quoi ? Si c’est pas indiscret, bien sûr. »
TENUE - C’était assez gênant d’avouer qu’il n’était pas étudiant et qu’il venait juste pour le plaisir de se promener. Le directeur du campus serait surement hors de lui s’il apprenait que des personnes tierces utilisaient son illustre université comme un parc public. Le pire, c’est que le thaïlandais ne voulait pas mentir alors que personne n’était en mesure de vérifier sur le champ s’il étudiait ici. La question l’avait tellement surpris qu’il avait été pris de panique et ne put inventer un mensonge. Son hésitation en disait long sur lui et l’étudiant qui l’avait bousculé remarqua immédiatement son embarras. Comprendre le japonais était moins difficile que le parler. Alak pouvait assurément dire qu’il avait saisi le sens global des mots de l’étudiant mais il ne pouvait répondre que par un sourire. Il était un garçon souriant et sourire est ce qu’il savait faire de mieux. Cette personne avait l’air sympa et ne semblait pas vouloir dénoncer Alak. L’acrobate s’estimait chanceux et se détendit d’un coup. L’échange aurait pu finir ainsi mais l’étudiant demanda s’ils ne s’étaient pas vus auparavant. Sachant exactement de quoi il était capable, Alak préféra de nouveau lui avouer la vérité. Il avait longtemps essayé de faire comme s’il se rappelait des personnes avec qui il parlait mais ça finissait pratiquement assez « mal ». On sentait qu’il n’avait, en fait, pas de souvenirs et c’était gênant pour les concernés et ainsi que pour lui-même. Il ne voulait pas vivre une expérience de ce genre et préféra donc dire la vérité. On disait souvent qu’il avait une mémoire de poisson rouge et ce n’était pas pour rien. Le jeune inconnu était gentil et serein. Il n’avait réellement pas l’air d’en vouloir à Alak. Ce dernier passa une main dans ses cheveux. « Ce n'est pas moi qui risquerais de t'aider. Je n’ai pas une très bonne mémoire. » Il ne pourra pas compter sur le Thaïlandais, à moins qu'il ait une soudaine illumination, ce qui n'est pas impossible pour autant. Mais le jeune inconnu le devança car il évoqua le cirque. Le Thaïlandais fut impressionné par sa capacité d’observation et de re mémorisation. Il se sentait d’autant plus gêné par son propre excitation lorsqu'il apprit la vérité. Il mit sa main devant sa bouche pour cacher son embarra et commença à rigoler tout seul. « Je me suis un peu emporté. » Le ridicule n’allait pas le tuer mais c’était bien différent entre faire le pitre devant ses amis qu’un inconnu. « Qu’est ce que tu attends pour venir alors ? » dit il pour plaisanter. Le côté spontané d’Alak reprit le dessus. « Je suis acrobate. Je n’ai pas encore de numéro vedette mais un jour, ça viendra. » Son sourire paraissait confiant. En fait, il avait complètement oublié qu’il avait un inconnu devant lui. « Je m’appelle Alak. Et toi ? » Ce n’était pas parce qu’il risquait de l’oublier qu’il allait ne jamais lui demander son prénom.
Non, ce n’était pas Naoki qui allait le dénoncer. S’il aimait se balader sur le campus même sans être étudiant, le patineur n’y voyait aucun mal. Ce n’est pas comme s’il allait braquer une banque ou faire exploser le laboratoire de chimie avec une bombe artisanale. Il n’y avait pas grand risque à le laisser se promener si ça lui faisait plaisir. Puis il ne dérangeait personne à vrai dire, du moins pas lui dans tous les cas puisque qu’il avait fini son entrainement à la patinoire. La vie de sportif pouvait avoir de bons côté. Bon d’accord, il était arrivé tôt à la patinoire ce matin et il avait passé la matinée à travailler un triple axel qu’il était censé maitrisé sans problème depuis un moment puisqu’il incluait désormais six quadruple sauts dans ses programmes. Du coup, revoir du déjà vu c’était un peu ennuyant, mais il passait rarement la journée complète à la patinoire. Il avait généralement entraînement le matin, ensuite il voyait le kiné ou il allait au spa et finissait l’après-midi avec du travail au sol, soit à la salle de musculation pour son endurance. En sommes, il changeait d’endroit assez régulièrement. C’était plutôt sympa. C’est justement en se rendant au spa qu’il avait bousculé sans le vouloir, le jeune garçon qui se trouvait être quelqu’un qu’il connaissait de vue. Ceci dit, s’il en avait vraiment l’impression, le jeune inconnu ne semblait pas le connaître lui. « Ahahah…Mémoire de poisson rouge ? » Seulement trois seconde de mémoire disait-on. A peine le temps de faire le tour d’un petit bocal rond et de nouveau une mémoire vierge. « T’en fais pas, y a pas de mal. » Un sourire aux lèvres, Naoki n’était pas vexé qu’il soit incapable de l’aider. Tout le monde ne pouvait pas se souvenir de tout. Toutefois c’était assez perturbant d’avoir l’impression de le connaitre sans réussir à mettre les pièces du puzzle en place. Heureusement, les pièces s’emboitèrent d’elle-même et c’est l’image du cirque qui s’imposa à lui. Le fait qu’il s’en souvienne fit rire le thaïlandais, ce qui accentua le sourire du patineur. C’était agréable de l’entendre rire. Ça le détendait un peu alors qu’il se sentait un peu stupide de parler du cirque sans jamais y avoir mis les pieds. « Hm… Quand sont les prochaines représentations ? Je vais essayer de trouver un moment pour venir. » En fait, ça faisait déjà un moment qu’il pensait y aller, mais avec le grand prix ses entrainement avaient clairement été plus poussé et avec le voyages et tout, il n’avait pas vraiment eu le temps. Toutefois, le championnat des quatre continents n’était que dans plusieurs semaines alors il aurait plus facile pour se dégager une après-midi ou une soirée pour aller voir l’acro… « Acrobate.... Acrobate ? Tu veux dire en hauteur, dans le vide et tout ? » Impressionné, Nao le regarda de haut en bas une seconde, alors qu’il se présentait. « Enchanté, moi c’est Naoki. » Finalement, il était vraiment content de ne pas l’avoir blessé… Puis il était un peu intrigué quand même. Quoi que curieux serait un mot plus juste. Oui, il était curieux de voir ce dont il était capable. « Dis… On a un spa sur le campus. C’est là que j’allais… Tu veux venir avec ? Tu passeras facilement pour un étudiant et tu pourras m’en dire un peu plus sur ce que tu fais. Je suis curieux de savoir quel genre de numéro tu fais. »
TENUE - Le campus est un endroit où beaucoup de personnes se réunissent et à moins d’avoir les mêmes horaires et de suivre les mêmes cours, il est assez difficile de pouvoir créer de nouvelles affinités entre les étudiants. C’est même assez ironique pour un endroit aussi peuplé que Royal, qu’il n’ait pas de nouvelles rencontres tous les jours. Il est difficile d’aller voir les gens qu’on ne connait pas et d’entamer une discussion. Mais parfois, il suffit d’un petit coup de pouce pour que de nouveaux liens se créent. Dans le cas d’Alak et de cet inconnu, il aura fallu d’une belle collision pour qu’ils se mettent à parler ensemble. Le Thaïlandais ne pouvait que sourire à la comparaison du poisson rouge. Il trouvait le jeune inconnu fort sympathique. Il était souriant et compréhensif. Alak en avait connu plusieurs qui se vexaient à cause de sa mémoire. Il ne les en voulait pas car il savait que ça pouvait être frustrant de ne pas pouvoir se rappeler des détails de ce genre mais il était rassuré que l’étudiant ne le prenne pas mal. Ce dernier finit par se rappeler de lui et évoqua son cirque même s’il avoue de ne jamais avoir y été. Cette confession fit rire l’acrobate. Il avait un rire facile et parfois communicatif. Face à la nouvelle déclaration de l’étudiant, Alak mit sa main devant sa bouche, surpris par cette question. « Non vraiment ? Je dis ça pour rire. » Sa surprise fut de telle qu’il ne fit plus trop attention à sa grammaire. Ce genre de faute était fréquent chez le Thaïlandais, il avait toujours du mal à maitriser le japonais. Mais il n’allait en aucun cas forcer des gens à venir voir leur cirque. Alak fit son mieux pour décrire son rôle au sein du cirque avec un japonais cohérent. Il hocha la tête pour confirmer les paroles de l’étudiant. Dans le vide, sur un cheval, en hauteur…Il faisait toutes sortes d’acrobaties. Il faut dire que les spectateurs recherchent des numéros de plus en plus difficiles et de « simples » acrobaties au sol les impressionnaient beaucoup moins. Et plus c’était dangereux mieux ils pouvaient capter les spectateurs. C’était un véritable challenge de pouvoir garder leur attention et surtout de se créer un nouveau public. Alak ne comptait plus le nombre de chutes et de blessures qu’il s’était fait pour un numéro qui n’avait jamais pu voir le jour. Le Thaïlandais pu enfin mettre un prénom à l’étudiant. Ce dernier lui proposa même d’aller faire un tour au spa du campus ce qui étonna Alak. « Vraiment ? Ça t’intéresse ? » Il n’était non plus jamais allé à un spa. Ce genre d’endroit ne lui avait jamais effleuré l’esprit, pour lui, ça relevait du luxe. « Je veux bien t’accompagner. Mais je n’ai pas besoin de soin. » dit il en secouant ses mains. Il comptait le regarder se détendre et lui parler, ignorant totalement comment fonctionne un spa. « Et toi, tu étudies quoi ? » Alak recula un instant et plia ses yeux, comme s’il pouvait voir au travers de Naoki. « Art ? » C’était bien le style du Thaïlandais, à débiter de choses assez aléatoire, oubliant qu’il sortait du centre sportif.
Naoki sourit gentiment aux fautes de grammaire basique, mais il ne fit aucune remarque. Après tout, il était assez mal placer pour juger, lui qui malgré son séjour au canada parlait aussi mal anglais qu’une vache espagnole. Une véritable horreur dès qu’il devait répondre aux journalistes étrangers, mais on lui avait dit un jour que devant sa bouille d’ange on oubliait facilement son accent typiquement japonais et sa mauvaise maîtrise de la langue. C’était un peu parlait pour le thaïlandaise. Il était tellement agréable qu’on passait facilement outre ses petites erreurs. En réalité, il parlait même plutôt bien le japonais, mieux que Sandro ou encore son entraîneur. Heureusement pour lui, Nao comprenait mieux l’anglais qu’il ne le parlait et c’était au final assez simple de se comprendre… Puis son préparateur physique était bilingue, ce qui aidait parfois. « Oui mais j’essayerai quand même de passer. Ça fait un moment que j’y pense à vrai dire. Disons que… Tu seras une raison supplémentaire pour venir. » Oui parce que la curiosité était une autre raison et aussi le fait qu’il y avait bien longtemps qu’il n’y était plus aller. En fait, la dernière fois qu’il avait mis les pieds dans un cirque ça datait de ses dix ans… Avant que le patinage ne lui prenne tout son temps libre, quand il pouvait encore voir ses amis d’école en dehors des heures de cours. Alors il était un peu curieux de savoir à quoi ressemblait un spectacle complet. Ses souvenirs d’enfant avaient encore une impression de magie, de quelques choses d’époustouflant. En plus savoir qu’il avait face à lui un acrobate, un vrai de vrai, c’était à la fois étrange et impressionnant. D’une certaine façon ils n’étaient pas si différent, bien que Nao se contentait de garder les pieds au sol. Sans réellement y réfléchir, il proposa à Alak, puisque c’est ainsi qu’il se nommait, de l’accompagner au spa. En sportif, un massage ou un moment de détente dans un jacuzzi d’hydrothérapie pourrait lui faire du bien et il ne doutait pas un instant qu’on le prendrait pour un étudiant en sport. Avec sa carrure, personne ne douterait de son appartenance à l’université et le patineur serait en quelques sortes un laissé passer au cas où. Son coache avait pris rendez-vous pour lui mais personne ne lui en voudrait de venir accompagné. Et comme ça, il pourrait profiter de la présence du jeune homme pour rassasié sa curiosité. A la question du thaïlandais, il acquiesça vivement avec un sourire. « J’ai toujours trouvé ça impressionnant et très intéressant. » Sa mère aurait sans doute plutôt dit que c’était dangereux, et ça devait sans doute l’être… plus qu’un quadruple salchow en tous cas. Mais le danger avait parfois quelques choses d’attrayant. Puis l’acrobatie, comme le patinage, était un domaine très artistique, basé sur une maîtrise totale de son corps. « Oh, si c'est pour une raison financière… Ne t'inquiète pas. T’auras rien à débourser c’est promis. Profite, fais-toi plaisir. » Doucement il entraîna Alak avec lui vers le bâtiment réservé au spa, mais ils avaient à peine fais quelques mètres que la question sur ses études le freina. L’espace d’une seconde il faillit se demander s’il lui faisait une blague avant de se souvenir qu’il avait une mauvaise mémoire. Après il était aussi possible qu’il ne le connaisse pas du tout. Le patinage n’était pas forcément connu de tous et avoir gagné une médaille d’or aux derniers jeux olympiques d’hiver ne faisait pas de lui une Rockstar. Il était parfaitement possible qu’il n’ait jamais entendu parler de lui. Un sourire amusé étira ses lèvres alors qu’il posait un regard nouveau sur le jeune homme. « T’es pas loin. C’est bien un domaine artistique, mais dans une discipline plus sportive… Je suis patineur, en réalité. »
TENUE - C’était la même galère à chaque fois qu’il débarquait dans un nouveau pays. Le pire, c’était que la troupe restait assez longtemps pour qu’il ressente l’obligation de bien apprendre la langue du pays dans lequel il était pour ne pas se retrouver totalement perdu. Le Happy Virus était une troupe composée de membres de nationalités différentes donc il comprenait plusieurs langues mais la parler relevait d’un tout autre niveau. A chaque fois qu’il pensait maitriser une langue, il était obligé de repartir dans un nouveau pays et de recommencer à zéro. En soi, ça ne dérangeait pas Alak car malgré ses capacités d’apprentissages, il aimait découvrir de nouvelles choses. Mais il avait simplement besoin de plus de temps pour assimiler les choses. Ne pas pouvoir s’exprimer aisément a toujours été une source d’hésitation car il ne savait jamais comment les autres allaient réagir. Mais heureusement pour lui, on était la plupart du temps clément avec lui. Cet étudiant l’était aussi. Il ne fit pas de remarque à la faute d’Alak. Le Thaïlandais ne savait pas quoi y penser mais ne pouvait que sourire. Ça lui faisait bizarre qu’une personne puisse venir au cirque plus ou moins à cause de lui, en dehors de son ex et de ses amis. Il n’était certainement pas la seule raison mais ça lui faisait plaisir quand même. « Les prochains week end. » Ces derniers temps, les représentations du cirque étaient assez fréquentes à cause des fêtes et des vacances. Les spectacles qu’offrait la troupe du Happy Virus étaient ouverts pour tous, aux plus petits comme aux plus grands. Il n’y avait pas de limitation d’âge. Alak appréciait beaucoup les jeunes spectateurs car ils aimaient leurs visages si expressifs. Il suffisait de les voir la bouche grande ouverte et les yeux brillants d’admiration pour motiver davantage le thaïlandais. Il arrivait que des adultes s’émerveillent aussi facilement que les enfants et c’était tout aussi agréable de les rencontrer. Le sourire de l’acrobate s’agrandit devant l’intérêt de Naoki pour son métier et sa passion. Il arrivait facilement à mettre à l’aise l’acrobate, bien que ce ne soit pas une chose difficile non plus. Mais Naoki était amical ce qui empêcha le Thaïlandais de refuser son offre. Il remercia l’invitation en abaissant légèrement la tête. « Dans ce cas…merci. » C’était même impossible de dire non à une telle gentillesse. Alak fut doucement entrainé par l’étudiant. D’ailleurs, il ne savait pas dans quel domaine il étudiait, d’où sa question. Il lui avait pratiquement tout dit sur lui, du moins, le plus intéressant mais ne savait encore rien sur l’étudiant si ce n’est que son prénom. L’acrobate essaya d’abord de deviner. Il n’y avait aucune raison qui le poussait à proposer le domaine artistique qu’un autre, c’était une réponse aléatoire et il aurait très bien pu sortir les mathématiques. « Patineur ? » Il répéta le mot avec difficulté. C’était la première fois qu’il entendait parler de ce mot en japonais. « AAaahPatineur! » dit-il cette fois ci dans un anglais parfait. Bien qu’il trouve les sports intéressants, il ne suivait pas du tout les actualités sportives. Ou alors il avait regardé les nouvelles avec intérêt mais oubliait dans les jours qui suivent. Il ne se doutait pas qu’il se retrouvait devant un champion olympique, pourtant Royal était un endroit où regorgeait d’incroyables prodiges. « Je ne suis jamais allé à une patinoire de ma vie. Ça doit être génial de pouvoir glisser sur de la glace non ? » Finalement, les deux disciplines se ressemblaient et c’était surement pour cette raison qu’Alak était intéressé par ce sport.
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