J’étais rentrée tard du travail la veille, et pourtant mon énergie était à son maximum. La raison était simple : aujourd’hui Alak venait me rendre visite. Nous prenions régulièrement des nouvelles l’un de l’autre, mais, nos emplois du temps respectifs ne nous laissaient jamais assez de temps pour nous réserver à chacun une journée entière. C’était difficile, de ne pas le voir autant de fois que voulu. Je pensais que, peut-être, cet été, nous pourrions partir. J’avais largement de quoi payer de vacances, et plutôt que de refiler cet argent à mon maître chanteur, je préférai de loin le placer pour un voyage avec mon tendre ami.

Regardant l’heure affichée sur mon téléphone portable, je remarquai qu’il allait bientôt arriver. Le Thaïlandais était rarement en retard, ou alors, il prévenait toujours. Ainsi, n’ayant reçu aucun message de sa part, j’estimai qu’il ne tarderait plus trop. Je plaçai une boîte carré et plate sur la table basse de mon salon, bien en vue pour ne pas oublier de le lui donner. Un petit cadeau, récupéré quelques semaines auparavant lors d’un shooting pour une marque. Puis, j’ouvris mon frigo, pour en sortir un jus de fruits fait maison pour qu’il ne soit pas trop froid lorsqu’il arrivera. J’étais tout juste en train de sortir des verres lorsque la sonnette de mon appartement retentit. Un large sourire étira mes lèvres et je filai jusqu’à l’entrée. Un petit paquet flottait sur l’écran de mon interphone, et je ne pris guère de temps à ouvrir ma porte. Je lui saisis la main pour l’inviter à entrer, préférant éviter de m’exclamer lorsque la porte était encore ouverte… Mes voisins étaient parfois indiscrets, et mon secret n’était pas encore dévoilé. La porte refermée, le verrou tourné, je fis face à mon ami avec le plus ravissant des sourires.

« Tu m’as tellement manqué ! »

M’exclamai-je alors, le prenant dans mes bras comme nous l’avions toujours fait. Nous étions à l’aise l’un avec l’autre comme je ne le serai sans doute jamais avec personne d’autre. J’ouvris un petit placard, lui glissant une paire de chaussons réservés aux invités.

« Fais comme chez toi. »

Il n’avait pas réellement besoin que je le lui dise ; ce n’était pas sa première fois en ces lieux. Je filai jusqu’à ma petite cuisine, ouverte sur mon salon, le laissant entrer un peu plus dans l’appartement et prendre ses aises. Je terminai rapidement ce que j’avais entrepris plus tôt, à savoir, servir mon jus de fruits. Un plateau sur lequel se trouvait deux verres et une carafe colorée dans les mains, j’arrivai jusqu’au canapé. Je posais mon bagage sur la table basse, et m’assis non loin de mon ami.

« Je suis vraiment contente de te voir aujourd’hui. Comment vas-tu ? »

C’était parfois encore un peu étrange d’avoir de longues discussions parlées avec lui. Nous avions passé tant de temps à communiquer en silence. Mais, j’étais ravie de pouvoir faire résonner ma voix en sa compagnie. Je n’avais rien à cacher, et lui-même pouvait me parler à cœur ouvert sans crainte.