Un sourire peut créer une amitié. Un mot pour arrêter un conflit. Un regard peut sauver une relation. Une personne peut changer une vie. Elle n'avait jamais réellement cru à ce genre de chose, comment quelqu'un pouvait changer sa vie, si elle même ne pouvait pas le faire ? C'était totalement stupide. Et pourtant, cette journée qui semblait si ordinaire, allait probablement changer sa vie, encore fallait-il que Mei réalise ce qui allait se produire. L'activité favorite de la jeune femme c'était sans aucun doute le moment où elle créait ses vêtements, faisant des croquis pour finir par la couture c'était réellement agréable, elle en oubliait presque tout ses soucis. Dans cette activité, il y avait ce moment, ce simple moment qui pouvait semblait si anodin aux yeux de certains, mais qui était parfait aux yeux de la demoiselle. Les vacances venaient de commencer, Mei pouvait se permettre de faire l'aller-retour Tokyo-Kyoto pour aller dans sa boutique de tissu favorite Nomura Tailor. Elle savait qu'elle reviendrait sur Tokyo les mains remplis.. Trop remplis d'ailleurs cette fois-ci. Une quinzaine de rouleaux de différents tissus étaient dans les bras de la jeune femme. À la voir ainsi, on se demandait vraiment comment elle arrivait à marcher. Un poil pressé, pour pouvoir mettre à profit la fin de son après-midi et bien sûr sa soirée, elle comptait veillé jusque tard le soir, pour au moins finir un de ses prototypes. Sa vitesse de marche c'était accéléré la seconde où elle était arrivée vers Chuo, malgré tout, il y a un mot qui décrit Mei : maladroite. Avant même de pouvoir le réaliser, les rouleaux se faisaient la malle un par un. Le visage de la chinoise se décomposait à petit feu alors que son matériel roulait dans la rue de chaque coté. « Non non non ! » Trois petits mots pour faire sortir sa frustration avant de courir pour les récupérer, Mei espérait réellement qu'aucun des tissus étaient abîmés, ils n'avaient pas coûtés cher mais ils étaient plus qu'important pour son travail. Et puis il est apparu, il était là un léger sourire aux lèvres , tout en tendant les quelques rouleaux qu'elle n'avait pas réussi à récupérer. Elle l'observait les traits de son visage, elle observait son physique sans aucune réelle raison. Les yeux de Mei finirent par rencontrer les yeux de l'inconnu. Qu'est ce que s'était ? Pourquoi et comment ressentait-elle autant de choses en même temps ? La jeune femme arrivait enfin à se reprendre, secouant légèrement la tête, ses cheveux ondulés bougeait comme des vagues sur ses épaules. «  Merci de votre aide. » Son ton de voix était redevenu neutre. Elle récupéra avec difficulté les quelques rouleaux qu'il tendait, essayant de trouver la position la plus confortable pour le reste du trajet. Elle ne savait pas quoi dire, y avait il seulement quelque chose à dire. Peut-être qu'elle devrait juste partir ? Mei avait dit merci, ça suffisait au fond.

Mais une chose était sûr. Une personne peut réellement changer une vie, même si on prends un certain temps avant de s'en rendre compte.

c'est un jour qu'il ne peut décemment oublier ; les images se répètent et se superposent en boucle dans son esprit comme s'il ne pouvait les chasser : en a-t-il seulement le moindre désir ? c'est un jour où, d'un geste imprévu, ça lui est tombé dessus comme une évidence ; comme dans un film, comme dans un livre. un jour qui rythmera les six ans à venir. il quittait le campus, ce jour-là, son sac à dos maladroitement hissé sur ses épaules, les lanières inégales (bien qu'ayant fièrement atteint les vingt-et-un ans il y a peu, lui et ses deux amis se prenaient si peu au sérieux que leurs jeux favoris résidaient dans l'ennui qu'ils pouvaient procurer aux autres : tirer les lanières, lacer les chaussures entre elles, ...). Le bonheur imprimé sur les traits de son visage d'une façon presque béate, un peu risible, il élargit son sourire lorsque les cris d'euphorie écorchèrent sans douleur son oreille de par la gauche. Un groupe de lycéennes ayant fraîchement acheté leurs places pour un concert ; et à sa droite, deux garçons qui les observaient en se pensant discrets. Il aimait les vacances (-même s'il prenait  volontairement des cours le matin, il aimait les vacances). Keisuke passa ses doigts dans la frange enfantine qui barrait son front dans l'espoir de la discipliner un peu, les prunelles vissées sur l'écran de son iPhone4 (son nouvel achat, qu'il en était fier) pour consulter les horaires de bus. Il traversait les rues depuis plusieurs minutes sans encombres, mais ce fut portant lors de sa douzième partie de temple run qu'un objet inconnu percuta sa chaussure, forçant l'héritier d'entreprise à lever les yeux vers sa provenance. on dit qu'il y a des choses qui n'arrivent pas pour rien, certains appellent ça le destin. Appelle-le de la façon dont tu le désires, pour moi il portait ton nom, je l'ai lu dans ton regard. Les symptômes s'enchaînèrent : il se pensa malade un instant. Qui était-elle, que faisait-elle là, pourquoi semblait-elle dépitée, pourquoi courait-elle après ces choses qui roulaient ? D'un frisson qui n'avait pas pour cause la température, le garçon se reprit (naïvement, il avait pensé que les choses passeraient : elle était une charmante inconnue et il était un tout jeune homme en proie aux hormones dégagées par la gente féminine). Il se pencha pour ramasser un, deux, puis trois des rouleaux étranges qu'il confia à sa propriétaire dans un sourire à la fois lumineux et bancal, mal assuré, comme soudainement foudroyé par la timidité. « faites attention la prochaine fois. » Keisuke avala sa salive, regrettant immédiatement ses mots qui laissaient sous entendre qu'elle risquait de se trouver en pareille situation plus tard, comme s'il lui susurrait par un sourire à quel point elle était idiote et maladroite (était-il le seul à penser ça, ou l'avait elle aussi compris ainsi ?). Inquiet pour quelques raisons inconnues, il s'empressa de justifier ses dires, agitant les mains. « pas que vous soyez maladroite, enfin j'en sais rien, mais je voulais juste d- » son poignet percutant à nouveau les tissus, il écarquilla les yeux et ses pupilles tremblèrent lorsqu'il constata les rouleaux à nouveau sur le sol. Il grogna, geignit, se maudit, et se pencha à nouveau pour les ramasser. « je suis désolé, c'est moi qui suis maladroit. »

Elle regrettait réellement de ne pas avoir prit sa voiture pour faire le trajet jusqu'à Kyoto maintenant elle était chargée comme un âne à se promener dans les rues de Tokyo pour repartir chez elle. Mei voulait juste rentrer chez elle, s'asseoir et simplement travailler sur ses bustiers. Pourtant le destin en avait choisi autrement, elle n'avait jamais réellement cru au destin, et pourtant celui-ci était bien en marche, en cet instant, le fait d'être là les bras rempli de tissu, mais surtout qu'il soit devant elle, qu'il la regarde ainsi, c'était bien la première fois que le regard de quelqu'un sur elle ne la dérangeait pas. Elle avait couru derrière la moitié de ses rouleaux et mes derniers étaient dans les bras du jeune homme. Elle était quelque peu soulagée de voir qu'ils n'étaient pas trop abîmés ni salis. Sans vraiment dire un mot, elle le remerciait au fond d'elle. Il avait ce petit sourire qui pouvait totalement et qui avait totalement charmer la jeune femme, avec précaution elle finit par récupérer ses rouleaux, elle avaient de nouveaux les bras encombrés. Faire attention la prochaine fois ? Ses sourcils se froncèrent sans qu'elle ne s'en rende compte avant de lever les yeux au ciel. Elle était au courant de son côté lunatique et maladroit, franchement elle n'avait aucunement besoin qu'on lui rappelle ce côté de sa personnalité. Avec désinvolture elle haussa les épaules, il avait peut-être raison, elle aurait du faire plus attention, mais c'est pas sa faute si elle a deux mains gauche pour certaines choses. Il essaya de s'excuser, donc c'était juste des paroles en l'air, rien de méchant derrière ça, étrangement cela rassura Mei.
Une énième catastrophe arriva, il avait tapé avec son poignet sans le vouloir dans ses tissus et ils étaient à nouveau par terre. « Mes tissus.. » Sa voix était faible, un simple murmure facilement recouvert par chaque brise du vent. La jeune femme avait envie de pleurer, les larmes étaient proche, ses tissus devaient être dans un sacré état maintenant, étaient-ils encore utilisable ? Elle étaient en train de serrer ses rouleaux, elle les seraient tellement fortement que les jointures de ses doigts étaient en train de blanchir. Ça pouvait semblait stupide de pleurer pour des simples rouleaux de tissus, c'était de la simple fabrique, totalement rachetable, mais pour Mei c'était tout un travail, elle avait mit beaucoup de temps à les trouver, à trouver les matériaux qui semblait juste parfait pour ce qu'elle voulait faire. Elle s'humectait les lèvres du bout de la langue avant de secouer vivement la tête « J'ai fait tombé mes rouleaux de tissus en première, c'est ma faute. » Elle respira  un coup, pour essayer de calmer ses larmes, pour les empêcher de couler. « Je dois tout de même vous remercier.. De les avoir ramassés. » Ses mains étaient devenues entièrement blanche, elle n'arrivait pas à supprimer la pression qu'elle exerçait sur les rouleaux. Elle se sentait totalement idiote devant lui, elle n'osait même plus le regarder.