Sayōnara

feat. rainata ♥

TENUE ••• La saison de l’été. Beaucoup de mes amis étaient partis en vacances, mais je n’avais pas le cœur à profiter cette année, chaque jour je faisais le chemin jusqu’à l’hôpital pour y rester la journée, parler avec Noa, la regarder dormir, simplement profiter d’elle comme Raijû me l’a conseillé. Mon père vient après le travail, les plus jeunes sont interdits de rentrer ici, mais ils font des dessins et écrivent des lettres pour ma sœur. Elle a toujours se sourire à la fois rempli de gratitude et de tristesse. Elle a beau tenter de le cacher j’arrive de mieux en mieux à voir au travers de ses expressions maintenant. Je suis celui qui est le plus proche d’elle et je resterais jusqu’à la fin, tenant sa main, la rassurant, essayant d’agir comme un grand frère digne pour ne pas regretter d’avoir été absent.

Aujourd’hui ma cadette semblait fatiguée, lorsque je suis arrivé elle dormait et avait subi de nombreux examens, elle était toujours branchée aux machines, avait des fils partout, sachant qu’elle ne pouvait pas survivre à sa maladie j’ai demandé à ce qu’ils la laissent sortir, qu’elle puisse profiter, prendre l’air et voir sa famille réunie, prendre un dernier repas avec nous. Les médecins ont refusé en nous expliquant que sans les produits qu’ils lui injectent elle ferait un arrêt cardiaque et ce serait comme la condamnée. J’avoue m’être senti frustré, attendre de mourir dans cette chambre c’est surement le plus horrible, heureusement je n’ai pas parlé de mes projets à Noa, la déception aurait été trop grande en apprenant qu’elle n’avait pas le droit. Je préférais lui donner de l’espoir. Parler d’un futur qui certes ne verrait pas le jour dans cette vie, mais dans la prochaine je suis sûr que je serais encore son grand frère et que cette fois nous aurons du temps... Beaucoup de temps. Ses yeux s’ouvrent doucement alors qu’elle prononce doucement mon prénom, comme un murmure avec ce sourire ravi, elle était toujours ainsi quand elle me voyait à ses côtés. Caressant ses mèches tendrement, je lui attrape la main avec l’autre, restant silencieux en l’observant simplement. Doucement elle me souffle. « Je t’aime nichan » gardant mon esquisse je ne tarde pas à répondre que moi aussi, je l’aime plus que tout. Demandant comment elle va, Noa n’a pas répondu, se contentant de sourire faiblement. « Fatiguée ? » Elle hoche la tête lentement en fermant ses yeux. Je viens déposer mes lèvres sur son front et reprends ma place sans pour autant la lâcher.

Une heure, peut-être deux sont passés quand la machine se met à sonner, s’allumant pour alerter les médecins, le cœur de Noa lâche. La barre est horizontale, aucune courbe, rien ne s’affiche. « Noa ? Noa !? » Je panique rapidement, ne sachant pas quoi faire, les larmes me montent, la peur, les tremblements, je ne veux pas la lâcher, mais quand les gens déboulent dans la chambre, il me pousse et me demande de sortir, forcé de la lâcher, je ne veux pas. Cette chaleur s’en va, peu importe ce qu’ils font, elle s’en va... Et je suis impuissant, regardant les machines puis ma petite sœur, les bips qui me montent à la tête, les voix des docteurs, je deviens fou, ma vu devient flou, poussé à sortir par les infirmières je me retrouve dehors, dans le couloir. Seul et perdu. Sans trop réfléchis, je tremble tellement que sortir mon téléphone me semble une lourde épreuve, j’aurais dû appeler mon père... Pourtant c’est Raijû que j’appelle, j’ai besoin de lui, c’est le seul capable de m’empêcher de tomber et j’ai vraiment l’impression que je suis à deux doigts de trébucher. Ma voix ne sort pas, seuls mes sanglots peuvent s’entendre, je n’arrive pas à parler, je n’y arrive pas... J’ai tellement peur. Parce qu’au fond je sais ce que les médecins vont me dire et je ne suis pas prêt.

Mon angoisse grimpe quand la porte s’ouvre. Un par un ils sortent, silencieux. Je crois que je n’ai pas entendu les mots du médecin quand il m’a dit « je suis désolé. » mes yeux larmoyant sont fixés sur les machines éteintes de la chambre et ma petite sœur débranchés. Paralysé devant cette vision, je mets du temps à réaliser, restant dans le déni. J’ai beau le savoir, je ne veux pas l’accepter. Pourtant quoi que je fasse et quoique je pense ça ne changera pas le fait que Noa s’en est allée.

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TENUE ••• L'été amène de nouveaux clients à mon salon, quelques touristes en quête de souvenir marquant avant de repartir dans leurs pays, des jeunes qui se sentent l'âme libre et créative, des adultes qui assument, des tas de gens qui ne demande rien à personne et se fiche d'être dessiné à vie. Mon chiffre d'affaire a doublé avec la saison, fermant la boutique plus tard, restant ouvert à des heures déraisonable pour faire plaisir à tout le monde. Quelques jeunes bourrés viennent à mon salon, mais j'ai dû les refuser un à un, pour éviter les bêtises sous l'effet de l'alcool. Aujourd'hui, je suis encore débordé par des idées de tatouage à ne pas en finir. Il y a un couple dans la pièce, observant mes oeuvres accrochés aux murs. Des tas de feuille sont épinglés, des bouts de papier, des croquis, des dessins terminés. Pas besoin de peinture ou de tapisserie, je sais comment décorer les parois de mon salon. Le temps qu'ils s'émerveillent sur les cadres, je termine une autre esquisse pour un client qui devrait se faire faire tatouer la semaine prochaine. Un bateau fendant l'eau, positionné de face comme s'il venait sur nous. Les vagues se brisent sous la coque qui pourfend la surface, donnant l'impression d'un tsunami. Il me faut encore le colorier une fois les traits finis. C'est beaucoup de boulot, et la raison de mon emploi du temps chargé.

Mon téléphone sonne juste quand le couple s'en va, après avoir fait le tour et félicité mon talent. Certains viennent juste pour regarder, sans vouloir se faire marquer. Lâchant mon feutre, je rapproche le portable de mon visage. « Hinata ? » C'est le nom affiché sur mon écran mais je n'entends pas sa voix... Juste des sanglots. Je n'ai pas vraiment besoin qu'il me le dise avec des mots, suffit d'entendre la panique, l'angoisse, le désarroi et la tristesse dans ses pleures pour comprendre qu'il s'est passé quelque chose de grave à l'hôpital. « J'arrive. » Fis-je au bout de quelques minutes à l'écouter pleurer, raccrochant pour ranger mon portable dans ma poche. Je choppe mon porte-feuille et mes clés, puis je file. Le salon fermé, je laisse un simple mot sur la porte pour prévenir de la fermeture pour la journée, peut-être plus. Prenant ma Jeep, j'ai dû griller un feu ou deux sur la route, coupé à priorité à plusieurs intersections et manqué de renverser un piéton. Rien de grave, personne n'a été blessé et j'ai pu arriver à l'hôpital à la vitesse du son.

Sortant du véhicule garée de travers sur le parking de l'hôpital, je pense quand même à le fermer à clé avant de monter les étages vers la chambre de ma demi-soeur. à bout de souffle, je ralentis en m'approchant de plus en plus... Qu'est-ce que je vais voir derrière ce battant ? Je n'entends aucun bruit dans le couloir. La main sur la poignée, je ne prends pas la peine de taper et l'ouvre au ralentis, faisant face à ce silence désarmant. Hinata est dans la pièce... Noa aussi. Aucune machine ne fonctionne, il n'y a plus ce bip stressant mais familier qui donnait encore l'espoir de la voir sourire. Rien de plus qu'un corps sans vie allongé sur ce lit aux draps trop propre, trop blanc. « Hina... » Soufflais-je, incroyablement triste. Mon coeur s'est serré si fort à la vision de ma jeune soeur dans cet état que les larmes me sont montés aux yeux. C'est rare de me voir pleurer, mais impossible de rester insensible à cette image dévastatrice.

Me rapprochant de mon demi-frère, je le tire vers moi et l'enlace avec puissance, les paupières closes. ça fait mal. Il doit souffrir encore plus que moi. Son sang, sa petite soeur, son trésor ... Quelques larmes m'échappent, malgré mes yeux fermés. Je reste ainsi une bonne minute, avant d'ouvrir mes paupières et de défaire mon étreinte étouffante, pour regarder Hinata. Il autant pleuré que la fois où il a apprit pour la maladie de Noa, plus encore. Franchement, je n'ai aucun mot pour le consoler, pas maintenant. C'est trop tôt, trop récent, trop douloureux. Et des excuses ne changeront rien.

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Sayōnara

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TENUE ••• Une sensation de froid et de vide s’empare de moi sans que je ne puisse rien faire, la vue de ma sœur sans vie me transporte dans cet univers glacial et isolé, noir et sans fin. Je me sens perdu, anéanti, comme si on venait de m’arracher une moitié de mon cœur sans aucune pitié, j’avais beau être préparé et savoir qu’elle partira... Je n’ai jamais réussi à m’y préparer au fond ni à l’accepter. Les larmes remplissent mes yeux malgré que je sois tétanisé devant cette vision, paralysé face à cette réalité. Je n’arrive pas à penser ou agir, je ne sais pas ce que je suis censé faire, je n’arrive pas à réfléchir et c’est à ce moment-là que je peux entendre une voix familière. Je n’ai aucune réaction, je sais juste qu’il est là, mais mes yeux sont restés planté sur le lit de Noa, sur son visage endormi et surement de plus en plus froid, j’ai envie de ressentir sa chaleur, de l’entendre encore me parler, elle vient à peine de me quitter qu’elle me manque terriblement. Comment vais-je survivre sans elle ? Je... Mon corps est tiré contre celui de mon ainé me retrouvant entre ses bras, la force de l’étreinte m’oblige à faire face à la réalité sentant peu à peu mes barrières se briser, quand nos regards se croisent je sens mes larmes monter d’un coup et exploser littéralement sans aucune retenue, me laissant tomber au sol dans une douleur insoutenable. Noa est morte... Le simple fait de le penser me donne la sensation de suffoquer et d’être brisé. J’ai mal, je suis incapable de m’arrêter et les sanglots définissent ce que je ressens, ma peine est immense et j’ignore comment je vais me relever, toutes ses belles paroles, tout ce que j’ai pu dire, ça semble loin aujourd’hui et je me retrouve démuni de force, faible et seul.

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TENUE ••• C'est impossible de se préparer à la mort d'un proche, ni d'une tierce personne. Autant qu'il est difficile de l'accepter ou d'accepter la maladie qui la ronge. J'ai beau savoir que Noa n'avait aucune chance de passer l'été ou de finir le mois, je ne voulais pas croire que ce soit si rapide. Pourtant, je savais qu'il m'appellerait tôt ou tard pour me dire que c'est fini, et malgré ça, j'ai toujours du mal à le réaliser. Être préparer et s'y attendre, sont deux choses différentes. Parce que comme mon demi-frère, je ne suis pas prêt à regarder son corps sans vie et me dire qu'elle n'ouvrira plus les yeux. Sans perdre de temps, j'ai fermé boutique et roulé à fond sur la route, pour arriver au plus tôt à l'hôpital. Je n'ai pas pris la peine de bien me garer, de toute façon j'ai autre chose à penser qu'à deux lignes blanches. Comme, savoir comment je vais retrouver Hinata. C'est compliqué à imaginer, parce qu'il peut réagir de plusieurs façons. Néanmoins, c'est interdit et les yeux rivés sur Noa que je le vois en premier, telle une statue sans vie. On dirait un tableau où le temps s'est arrêté, où plus rien ne bouge. M'approchant de mon jeune frère, je n'attends pas une seconde de plus pour le serrer dans mes bras. Quand il tombe, je tombe avec lui au sol, sans le lâcher. ça me fait mal au coeur de l'entendre pleurer, sentant mes larmes couler en silence sur mes joues. Je dois rester fort pour lui, mais je ne peux pas retenir toute mes émotions. Il n'y a pas besoin de mot, juste d'attention et de tendresse. Une caresse dans les cheveux, une main perdue dans son dos, ma présence. « Je suis là. » Répétais-je, comme les fois dernières. Je suis toujours là pour lui. Pour le moment, je le laisse vider son sac, trouver un terrain stable, avant de pouvoir le relever. « Nous sommes tous là pour toi, Hina. »

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TENUE ••• Est-ce qu’il y a un moyen de se remettre de ça ? Je pensais que je la reverrais demain et après-demain, la voir fatiguée était surement un signe, mais je ne voulais pas le voir et juste la laisser dormir, la regarder paisiblement se reposer. Mon cœur me fait mal comme si ont tenté de me l’arracher, je suis figé et totalement déboussolé, j’ai cette sensation que mon monde s’effondre soudainement alors que je souhaite m’endormir et ne pas me réveiller de ce cauchemar que je dois affronter. J’ai peur, je ne sais pas quoi faire et les bras de Raijû sont comme un déclencheur, sentir sa peine me ramène justement à cette fatalité, quoi que je pense ou que je souhaite la vérité est que rien ne pourra changer et que Noa ne me sera jamais ramenée, elle m’a déjà quitté. En prenant doucement conscience de ça je m’effondre, m’écroule littéralement, laissant exploser ma tristesse, mes larmes coulent à flots comme jamais auparavant, je suis en miettes. J’ai du mal à respirer, crachant ma détresse à qui veut l’entendre, je plante mes doigts dans le vêtement de mon demi-frère n’ayant que lui a qui me raccrocher, ses mots me rappelle que je ne suis pas seul et pourtant ça ne m’apaise pas, c’est trop tôt, je ne peux pas. Ça fait tellement mal, j’aimerais mourir avec elle pour ne pas ressentir cette souffrance, pourquoi il a fallu que ça arrive ? Je hais ce monde et toute cette injustice. Les émotions, les sanglots, mes forces me quittent avec et ne sachant pas combien je suis resté ainsi, c’est par épuisement que petit à petit je me calme. « Faut... les prévenir. » Mon père, sa mère, la famille. Je n’ai pas... Je n’y arriverais pas seul. Le regard vide je le laisse se diriger vers la pièce qui semblait si chaleureuse il y a quelques heures et qui me paraissent si froides maintenant. Me redressant en titubant un peu, je m’approche du lit sans un mot, regardant ma petite sœur endormie. D’un geste hésitant je rapproche ma main de son visage et à son contact je peux sentir le froid de sa peau sur les doigts. Laissant de nouvelles larmes couler en me penchant sur elle pour l’enlacer comme si ma chaleur pouvait me la ramener et la réchauffer...

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MACFLY

SAYŌNARA

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TENUE ••• Je me mentirai si je disais que je comprends la peine et la détresse de mon demi-frère. ça me rend triste de voir Noa dans cet état, de savoir qu'elle n'ouvrira plus jamais les yeux ou qu'on ne la recroisera plus à la maison, à l'école, dans la rue ou n'importe où dans le monde. C'est fini. Pourtant, je la connais depuis moins longtemps que Hinata. Je ne l'ai pas vu naître, je ne l'ai pas vu grandir, ni évoluer, ni devenir une jeune femme sérieuse et pétillante. La seule chose que j'ai pu voir chez Noa, c'est le résultat final. Sa grande gentillesse, ses sourires sincères, sa dévotion pour sa famille, ses heures à s'amuser et s'occuper des plus jeunes. Je regrette sa maladie et son départ, mais mon coeur ne se serre pas autant que celui de son frère, avec qui elle partage ce lien de sang. Hinata s'écroule comme un château de carte, il tombe en morceau et m'échappe doucement, de seconde en seconde. Je crains de ne pas pouvoir le maintenir debout, pas de suite. Les minutes se sont écoulés, peut-être presque une heure. Je n'ai pas regardé l'heure pour savoir, mais Hinata a pleuré jusqu'à vider ses forces. Les prévenir ? Examinant mon cadet, j'hoche doucement la tête et le relâche. « Je m'en charge. » Je suis sûrement plus en état que lui pour téléphoner à nos parents. Prenant mon portable dans ma poche, je laisse Hinata retourner vers Noa et m'éloigne d'eux. Pour ne pas les déranger et surtout pour ne pas qu'il m'entende parler avec les adultes, je quitte un instant la pièce et me réfugie dans le couloir. Son père décroche au bout de deux tonalités, si au début il m'a répondu de manière chaleureuse et enthousiasme, le ton de sa voix a rapidement faibli quand j'ai prononcé le nom de sa fille. Mon côté bourru aide parfois, même si je m'en veux de l'annoncer comme ça, sans le préparer avant. C'est Noa, elle est parti.

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TENUE ••• Je ne voulais pas la laisser partir, je ne voulais simplement pas lui dire au revoir. Nos derniers mots échangés témoigné simplement de l’amour d’un frère et d’une sœur. Son « je t’aime » résonner encore dans ma tête pendant que les cris de douleur et les larmes coulent à flots. Je suis anéanti, détruit, comme si on m’avait tué de l’intérieur et je ne sais pas encore si j’arriverais à me reconstruire, en attendant je sais que cette peine ne va pas disparaitre et que ma petite sœur qui me manque déjà va laisser un grand vide autant chez nous que dans mon cœur. Raijû m’a souvent prouvé qu’il était assez fort et m’a souvent permis de me remettre debout quand je lâche ou hésité. Aujourd’hui c’est encore auprès de lui que j’ai craqué, mon demi-frère est surement le seul devant lequel je baisse autant mes barrières et devient transparent face à la souffrance. Une fois que j’arrive à me « calmer » un peu je lui fais part de cette chose évidente, prévenir les autres est important, seulement je n’ai pas la force de parler, de leur dire, d’entendre la voix de mon père... J’ai perdu ma petite sœur, mais lui a perdu sa fille, ça risque d’être dur à la maison pendant un moment. Raijû s’en occupe et je profite de cet instant pour rester avec Noa, la prendre dans mes bras et rester près d’elle autant que je le peux, j’ai peur de la voir disparaitre, ne plus voir son visage, ne plus la toucher. Mes larmes coulent sur son corps sans vie, gardant sa main dans la mienne, je ne peux pas lui dire au revoir. Je ne supporte pas cette souffrance qui me consume et me rend faible, je voudrais la regarder en me disant que son combat est terminé, qu’elle ne souffrira plus désormais et qu’elle a rejoint les anges, sauf que je ne suis pas capable d’être aussi... Je suis égoïste. Je voulais la garder avec moi, mais ce qu’on souhaite ne se produit pas toujours et vouloir ou espérer ne ramènera pas son âme ici. Sentant la présence de mon demi-frère dans la pièce, sans bouger, sans la quitter je prends difficilement la parole au milieu de sanglots. « Qu’est-ce que je dois faire ? » Je ne sais pas... Je suis perdu.

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SAYŌNARA

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TENUE ••• Il n'y a rien qui remplace un être cher, cette place restera éternellement vide dans le coeur de Hinata, pourtant je peux faire en sorte d'alléger ce poids et de le rendre supportable. Avec le temps, les blessures guérissent. Je ne dis pas qu'il se sentira mieux un jour, ni qu'il parviendra à oublier la perte de sa soeur, parce que c'est impossible. Je veux simplement qu'il sache vivre avec et qu'il garde la tête droite pour Noa. Pour le moment il est détruit et je ne peux rien faire de plus qu'être à ses côtés et le soutenir, avec douceur et compréhension. Noa vient à peine de partir, c'est récent, normal qu'il souffre au point de tomber en morceau. Quand il parle de la famille, je m'éloigne de lui histoire de parler franchement avec mon beau-père. à me voir, on se doute que je ne suis pas tendre, que je ne prends pas les gens avec des pincettes, mais je tente au mieux d'être doux dans mes paroles et d'annoncer la nouvelle avec le plus de délicatesse dont je fais preuve. Mon père laisse passer un temps, un long silence qui me fait douter de ma manière de parler, mais je l'entends simplement étouffer un sanglot et se reprendre. La nouvelle l'a secoué, je le sens dans sa voix quand il m'annonce qu'il va venir. Seul ou avec ma mère, je l'ignore. En tout cas, il n'a pas parlé d'eux. Raccrochant mon portable, je le range et reviens vers Hinata, lui disant à travers un regard que c'est fait. Son père est au courant. Qu'est-ce qu'il doit faire ? Je réfléchis, usant du même silence que son père au téléphone. « Pleurer la personne perdue est sûrement la première étape de ce long voyage ? » ça peut paraître débile, mais je cherche vraiment à découper l'événement en plusieurs morceaux. « Après, faudra faire doucement ton deuil et accepter. » à m'entendre, ça peut sembler facile, mais ce n'est pas le cas. « Tu dois être fort, parce que même si Noa n'est plus là, la vie continue pour nous, pour toi. » Soufflais-je, me rapprochant finalement de lui. « Noa continue de te regarder de là-haut. » C'est ce que je crois moi, qu'il faut continuer pour ceux qui ne peuvent plus.

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Sayōnara

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TENUE ••• Ceux qui ont perdu un être cher peuvent comprendre, les autres ne feront qu’imaginer la douleur. J’ai déjà perdu ma mère, je n’étais qu’un enfant, seulement j’étais capable de ressentir la peine, de comprendre qu’elle ne reviendrait pas. Ce qui m’a fait tenir le coup c’est ma petite sœur, elle était seule, ignorante et si jeune. Maintenant c’est cette innocence que je vois s’en aller à son tour me laissant derrière. J’ai beau hurler, pleurer, en vouloir au monde entier au fond je suis simplement brisé et dans l’incapacité de gérer mes émotions. Je ne sais pas quoi faire, j’ai confié la tâche de prévenir mon père à mon demi-frère en étant incapable, mais je suis totalement perdu. Une fois Raijû de retour, je ne peux que le questionner, ignorant la réponse, je ne veux pas affronter la réalité et en même temps ai-je le choix ? Mon cœur me fait mal, ma tête est un brouillard complet, je me retrouve là devant le corps sans vie de ma petite sœur sans avoir aucune idée de ce que je dois faire maintenant. Le silence pèse dans la pièce, mes yeux rivés sur Noa, ma vision est floue à cause des larmes, pinçant mes lèvres pour ne pas m’effondrer de nouveau, c’est dur. Pleurer. Accepter. Faire mon deuil. J’ai déjà saisi la première étape, pour le reste j’ignore encore comment faire. Je sais ça, être fort... Je sais, pourtant ce n’est pas facile à mettre en pratique. Je me raccroche à cette idée qu’elle continue de nous voir, de vivre quelque part, j’ignore si c’est juste un espoir ou une réalité, mais si je ne pense pas ainsi je ne pourrais pas me relever. Encore tremblant j’agrippe mon demi-frère par le poignet, si je dois m’en sortir je ne pourrais pas le faire seul... Noa le savait. « Aide moi... » Dis-je simplement en sanglotant, je vais vivre. Pour qu’un jour je puisse la rejoindre avec le sourire sans regret, je vais vivre parce que c’est ce qu’elle souhaitait. Seulement, malgré mon caractère je ne suis pas fort face à ce genre d’épreuve et celui qui me soutient depuis le début et me pousse en avant c’est Raijû. Je ne suis pas capable d’accepter encore la mort de ma sœur, mais si je dois le faire j’ai besoin de soutien et je ne vois que lui pour ça.

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MACFLY

SAYŌNARA

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TENUE ••• Je ne souffre pas autant que mon demi-frère dans cette histoire. Noa était aussi ma soeur, même sans partager le même sang, mais c'était un membre de ma famille... Or, sa disparition n'a pas un impact aussi puissant qu'avec Hinata. C'est bien pour cette raison que je suis celui qui prévient son père, sachant parfaitement que je ne m'effondrerait pas au téléphone comme pourrait le faire l'autre garçon, détruit par le départ de sa petite soeur. Mon beau père ne montre rien à travers le combiné, bien que je sentes sa voix trembler après mon aveux. Il raccroche en promettant de venir dès que possible, me laissant son fils durant ce temps. Ce n'est pas un fardeau de veiller sur Hinata, au contraire, je veux être là pour lui. Revenant dans la chambre, sa question me désarçonne, mais je dois bien dire quelque chose. Détailler les événements n'est sûrement pas la meilleure réponse au monde, mais que suis-je censé répondre ? Ce n'est pas à moi de le faire, même si c'est dure de perdre ma demi-soeur, je sais que je vivrais quand même. Sauf que ce n'est pas le cas d'Hinata qui risque de s'écrouler sans ma présence. J'aimerai vraiment trouver une solution miracle, mais elle n'existe pas. Quand il attrape mon poignet, je dépose mes yeux sur ses doigts, étonné. L'aider ? Comment ? J'ai beaucoup plus de mal à le voir comme ça, qu'accepter la mort de Noa. « Je ne peux pas te mentir et te dire que ça ira mieux... » Avouais-je, tirant une chaise vers le lit pour m'asseoir à côté de lui. « Je vais t'aider, avec le temps tu penseras à elle avec le sourire. » Avec le temps seulement. Défaisant son étreinte autour de mon poignet, je récupère sa main et la loge entre mes doigts. « Ton père va venir. » Pas de suite, mais bientôt. Il sera aussi là pour lui, et je serais là pour eux. « Nous sommes une famille, va falloir se serrer les coudes. » Dis-je, serrant doucement sa main. Ce n'est que la début de ce calvaire, mais je suppose que ça ira mieux d'ici quelques mois ou quelques années.

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Sayōnara

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TENUE ••• De toute façon la souffrance va être mon allié pendant un certain temps, j’ignore à quel moment je serais capable de vivre sans, un jour surement que j’arriverais à vivre avec ce manque, cette absence, mais ce jour est loin d’être arrivé et pour l’instant je dois encore passer par le stade où j’accepte cette fatalité, sa mort. Je pourrais surement vivre en faisant semblant, sourire en laissant croire que je vais bien, mais ce ne seront que des façades, pour le moment j’en ai ni l’envie, ni le courage. Je compte un peu trop sur Raijû, le laissant gérer la situation, prévenir la famille, puis demander son aide... J’ignore si je semble trop gourmand en faisant cette demande, mais je sais une chose, c’est que sans son aide, son soutien, je n’y arriverais pas. Mon demi-frère que je haïssais il y a quelques temps a pris la place de pilier pour moi, un solide et puissant mur sur lequel me raccrocher pour ne pas tomber. Certes, à cet instant je touche le fond, mais en m’agrippant à lui je fais le premier pas, je montre que malgré ma tristesse et mon état je suis prêt à me battre malgré tout, dans cette douleur j’accepte de vivre, dans cette peine je crois que Noa n’est pas loin de moi. Assis côte à côte je le regarde les larmes aux yeux, mais j’aimerais être capable de déjà le faire, sourire en pensant à ma petite sœur, seulement c’est loin d’être le cas, revoir son visage ne fait que créer de nouveaux sanglots, le temps est le remède, mais de combien de temps vais-je avoir besoin ? Je me doutais bien que mon père viendrait, c’est normal. Il doit parler avec les médecines aussi pour tout ce qui administratif, je n’ai pas le cœur à m’occuper de telle chose. Serrant les doigts de Raijû plus fort j’acquise d’un geste de la tête. Il va falloir se serrer les coudes en effet. En tout cas ce jour sera marqué dans le calendrier comme le pire de toute ma vie... Perdre un être aimé reste gravé à jamais, même dans plusieurs années ça ne risque pas de changer.

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MACFLY