TENUE ✩ Cela fait des mois, de longs mois, que je rêve de glisser sur de la neige. Tokyo n'est pas le meilleur endroit pour un garçon comme moi, quand il s'agit de sport comme le surf ou le snowboard. La ville, c'est bon pour le skate et le vélo, deux activités que je pratique dès que j'ai le temps, avec la natation. Cette sortie à la neige ne peut me faire plus rêver, surtout en compagnie de London ! Nous avons déjà tenté notre chance l'année dernière, au chalet de mes grands-parents, même si nous nous sommes plus disputés qu'autre chose à cause de mon ex-copine présente à ma fête d'anniversaire. Je me souviens être tombé malade, perdu dans une cabane dans la forêt pour échapper à une tempête de neige, suite à la fuite de London. Nous nous étions mutuellement reproché quelque chose, avant de faire table rase. Jamais je ne pourrais oublier cette période de ma vie ! Justement parce que je ne veux pas qu'elle se reproduise à nouveau. Dans cette station, il n'a aucune de mes ex, aucun problème à l'horizon, seulement lui et moi, qui s'échappe des sentiers autorisés. London doit me connaître depuis le temps, je ne suis jamais celui qui glisse sur les pistes vertes, ou celles qui sont sécurisées. C'est mal, je le sais mieux que quiconque... Surtout avec un « débutant » à mes côtés, mais je n'ai pas choisi la pire des pistes noires. Loin de là, c'est la plus courte, d'après mon point de vue. Parce qu'une piste noire est rarement expliqué en détail et c'est justement pour ça que nous, les adeptes de l'extrême, on adore ça. « Tu es prêt à me suivre ? » Demandais-je à London, mon snowboard contre mon épaule. Je n'ai rien de plus avec moi, pas de bâton, rien. Juste ma combinaison, mes chaussures, mes gants, mon bonnet, mes lunettes de protection et ma planche. Une planche louée, parce que je n'ai pas trouvé très astucieux de ramener mes bijoux.

TENUE ✩ Finalement j’ai pu faire retirer mon plâtre avant de partir, j’aurais normalement dû le garder plus longtemps, mais apparemment d’après les docteurs je récupère vite. Faut croire que mon corps est plus solide qu’il en a l’air, puis ça m’arrange parce que je n’aurais pas voulu venir au ski avec un bras handicapé ! Je suis content de pouvoir partager de ces nouveaux moments inédits avec mon petit ami, loin de notre univers habituel, pas inconnu pour autant, nous avons déjà été à la montagne ensemble l’année dernière, mais ce n’était pas vraiment les meilleurs moments avec son ex présente. Ici nous sommes seulement tous les deux et je veux profiter de ça, ce privilège, le suivant où qu’il aille même si je sais que c’est dangereux, on ne peut pas dire que je sois le plus raisonnable malgré tout. Souriant aux mots de Loukas je prends un air dédaigneux. « À ton avis ? Peut-être que c’est toi qui finiras par me suivre. » Je lui tire la langue avant de regarder la pente, je me suis renseigné un peu quand j’ai rencontré Loukas, le snowboard n’était pas mon domaine, mais je suis doué dans tous les sports il suffit que je me lance, après je sais qu’il y ait un fossé entre lui et moi, mais ça je ne vais pas l’avouer dès le début, ce ne serait pas marrant sinon. « Quand tu veux » J’étais déjà sur le point de mettre ma planche au sol et débuter la descente, mais je préfère l’attendre histoire qu’on ne se retrouve pas à prendre des chemins différents, même si dans cette situation je doute qu’on puisse réellement se perdre, sachant qu’on est légèrement hors-piste.

TENUE ✩ Les pistes noires, ça me connaît. J'ai toujours préféré les descentes dangereuses et non répertoriées, celles que l'on déconseille à la plus part des gens, même les professionnels. Je me range dans cette case, simplement parce que je glisse depuis que je suis gosse et que j'adore ça. Chez mes grands-parents, les noires sont comme des vertes pour moi, puisque je connais le terrain par coeur. Peut-être qu'il a changé depuis le temps, depuis que je ne perds mes journées à faire du snowboard. Revenir sur de la neige ravive de beaux souvenirs, ceux où je me laisse emporter par cette vitesse grisante, comme un oiseau dans le ciel. Aujourd'hui, j'invite London à connaître cette sensation de liberté, de perte totale de contrôle à la fois qu'être maître de soi. « Arrête, tu pourrais me tenter. » De le suivre et de le laisser gérer la descente par lui-même, mais je ne suis pas sadique au point de pousser mon copain sur une pente mortelle. Ma planche posée sur le sol, j'hoche mon menton à son affirmation, attendant le dernier moment pour agir. Si je « grimpe » sur ma planche, c'est pour partir aussitôt. Une fois sûre de l'avoir à mes côtés, j'abaisse mon casque sur mes yeux et saute sur ma planche, bloquant mes chaussures dans le mécanisme qui me retient au bois. En même temps que le saut, j'ai poussé mon corps dans la descente, laissant la neige filer sous l'engin dans une ligne plutôt droite, avant de commencer à zigzaguer de droite à gauche, sans trop faire d'écart. Je dois rester à l’afflux du moindre danger, arbre, roche, peu importe.

TENUE ✩ J’ai toujours aimé toucher à tout, surtout aux différentes disciplines sportives, on m’a souvent reproché d’être doué dans des domaines qui n’étaient pas le mien. Seulement je suis comme ça, j’ai peut-être l’allure du sale gosse ou un caractère de merde, ça ne change pas ce que je suis. Je souris à la réponse de mon petit ami. « Qu’est-ce qui t’empêche de succomber à la tentation ? » Je le taquine, me préparant pour la descente, je ne connais pas la piste donc on va la découvrir ensemble, si ça devient trop dangereux je pourrais me laisser tomber au sol pour freiner. Laissant à Loukas le temps de se mettre en condition puis c’est parti. Il se lance et je le suis à quelques secondes derrière, suivant son parcours mais pas trop prêt pour éviter de lui rentrer dedans, ce serait idiot qu’on se blesse de cette façon. « Fais signe si tu vois des obstacles ! » Gueulais-je en attendant un signe de sa part pour confirmer qu’il m’a entendu, à part nous il n’y a pas personne donc on devrait pouvoir communiquer même à cette vitesse, c’est tout de même cool ! Je n’ai pas d’expérience en snowboard, en tout cas pas au niveau de mon copain, mais je tente de garder le cap, c’est quand même bien raide à certains endroits, on voit pas trop ce qui se trouve devant, ça rebondi même a certains endroits, je manque de me casser la gueule sur une bosse mal engagée, mais je me rattrape en posant les mains au sol, me relançant sur ma planche, ralentissant un peu malgré tout, c’est excitant c’est sûr, mais j’ai pas l’intention de mourir ici.  

TENUE ✩ « Ta sécurité. » Répondis-je, sincèrement. Si je passe devant, c'est pour sa protection avant tout. Nous ne connaissons pas le parcours et de nous deux, je suis le plus doué en snowboard. Si jamais un accident devait arriver, je préfère être touché à sa place. Ou au mieux, éviter le pire. Prêt à partir, je m'assure que London soit préparé, ainsi que jeter un regard vers la pente qui se présente à nous. Je sais par où passer à partir de notre point de départ, mais une fois cette limite dépassé, je vais devoir assumer. Avec mes zigzags, je ralentis ma course pour ne pas filer trop vite, sachant qu'il me suit de près. Suffisamment près pour me voir et me suivre, sans me rentrer dedans. Je peux l'entendre, mais c'est un concert de brouhaha entre le vent qui siffle à mes oreilles et le bonnet par dessus. Je lui signe de la main que j'ai compris, me servant de cette dernière pour lui indiquer si jamais je vais à droite ou à gauche. Les bosses ne me posent aucun problème, je sais les gérer pour en faire mes alliés. Par contre, je dois songer à mon copain derrière moi, qui n'a pas l'habitude de ce genre de terrain. Après un énième rebond, je me tourne de sorte à glisser à l'envers, mais à voir London. ça ne doit pas durer trop longtemps, juste pour m'assurer que tout va bien, puis je me remet aussitôt droit. Il a ralentis, puisque la distance s'est légèrement creusé. J'en profite pour faire pareil, plaçant ma planche de manière à descendre beaucoup moins vite qu'au départ. « ça va ?! » Criais-je, jetant un coup d'oeil dans sa direction, en même temps que je vérifie devant moi, comme si j'étais au volant d'une voiture et qu'il ne fallait pas que je quitte la route des yeux. Les quelques arbres qui, jusque là, s'élevaient de temps à autre sur notre chemin, deviennent de plus en plus présent.  

TENUE ✩ Ma sécurité hein ? C’était normal et pourtant ça avait le don de me faire sourire. Je n’avais pas envie qu’il soit blessé non plus, mais je sais qu’il a l’habitude de ce genre de descente et je lui fais confiance, le suivant de prêt, mais pas trop, en espérant ne pas rencontrer d’obstacle sur la route. Si le début se passe bien, contraire à mon copain je ne suis pas habitué à tous ses rebonds et l’un d’eux me fait chaviré, m’obligeant à ralentir, je préfère ne pas tenter le diable en continue sans être sûr de ce que je fais ou être pleinement en possession de mes moyens. Même s je continue de glisser, la distance s’est creusée entre moi et Loukas, il l’a remarqué et a fini par faire de même en m’interrogeant. « ça va t’inquiète, tu peux continuer. » Je ne veux pas qu’il s’arrête par ma faute, je devrais pouvoir gérer sans problème, je suis têtu après tout, je ne veux pas abandonner ou ralentir la descente même si je reste sur mes gardes. Les nombreux arbres s’imposant à nous oblige une manœuvre fatigante pour les éviter, ça risque de faire mal si on s’en prends un à notre vitesse, c’est éprouvant mine de rien, surtout pour un « novice », je sors à peine d’une blessure au poignet en plus et je le ressens en forçant sur les baguettes pour me diriger. Finalement je ralentit un peu plus me laissant glisser sur la neige pour m’arrêter et me caler contre un arbre le temps de faire une pause, secouant mon bras, je ne sais pas combien on a fait de mètre ou combien il nous en reste, mais rien ne nous oblige à tout faire d’une traite si ?  

TENUE ✩ Ce genre de terrain m'est familier pour l'avoir emprunté à de nombreuses reprises, chez mes grands-parents en Australie. Même si ce n'est pas le même paysage, les mêmes arbres ou les mêmes pistes, la sensation de glisser reste la même. Je sais comment appréhender les obstacles, comment me réceptionner en cas de chute ou de faux pas, et j'aurai dû réfléchir à deux fois avant de lancer London dans ce parcours dangereux, parce qu'il ne sait pas comment réagir en fonction du problème qui se présente à lui. Maintenant c'est trop tard pour s'arrêter au beau milieu de la descente et lui faire un topo complet sur les positions à respecter, tout ça. Sauf que mon copain ralentit à vue d'oeil, creusant la distance. Je me calme à mon tour, freinant ma vitesse pour revenir vers lui ou attendre qu'il soit à bonne distance de moi. Tout va bien d'après lui, mais je ne vais pas repartir comme une flèche en sachant qu'il est derrière, et en mode réduit. évitant un arbre ou deux, je m'éloigne brusquement de London à cause des confères sur mon chemin, mais dès que je peux, je me dirige dans sa direction. London s'est arrêté, allongé au sol. Sur le coup, j'ai eu peur qu'il se soit tapé contre l'arbre où il se tient, et rapplique en deux secondes avant de m'arrêter, debout. « Tu es sûr que ça va ? Ton bras te fait mal ? » Je préfère le questionner, m'assurer qu'il ne se blesse pas à nouveau. Profitant de cette pause, je me laisse tomber sur les fesses, à côté de lui. « Je n'aurai pas dû t'emmener là directement ... » Avouais-je, contrit.

TENUE ✩ Il est certain que Loukas aura plus de facilité à se retrouver dans cette descente, pourtant ça ne m’a pas effrayé ni empêcher de m’y engager. Ce n’est pas la peur qui m’a forcé à ralentir, mais entre ma blessure récente qui joue des siennes et les bosses inconnues qui manquent de me faire chavirer et tomber brusquement j’ai préférait ne pas tenter le diable. Finalement je me suis arrêté proche d’un arbre le temps de faire une pause, ce qui a inquiéter mon petit ami, je lui ai dit de continuer, mais il est pourtant revenu jusqu’à moi. « Je t’avais dit de continuer, idiot. » Je souris, content malgré tout qu’il ne l’ait pas fait, c’est un peu le « je dis un truc mais pense le contraire » enfin bon, je regarde mon poignet. « Un peu, quand je le bouge trop en appuyant dessus ça me tire, mais je vais reprendre, je fais juste une pause. » Expliquais-je calmement, plongeant ma main dans la neige. « Je ne t’aurais pas laissé y aller sans moi. » Il n’a pas à se sentir coupable, je ne suis pas mécontent d’être venue, au contraire, je ne suis juste pas aussi pro que lui dans ce domaine. « De toute façon ça ne sert à rien de dire ça, faut tout de même qu’on descende. » Je n’abandonne jamais, il devrait le savoir.

TENUE ✩ La descente me paraît si facile que j'en oublie que London est un débutant, qu'il ne connait rien au snowboard ou aux pistes noires. Ma faute, j'aurai dû l'initier à un terrain plus plat, moins chaotique. Quand je l'ai vu s'arrêter, je n'ai pas pu tracer et l'abandonner. C'est mon copain quand même ! Je ne vais pas partir et le laisser dernière, pour l'attendre plus loin. C'est stupide. « C'est toi l'idiot. » Rétorquais-je, comme pour me défendre. Je n'ai pas besoin de son avis pour agir, je n'en fais qu'à ma tête de toute évidence. Son poignet m'inquiète, après l'accident de la dernière fois, il doit toujours être fragilisé. « Tu ne devrais pas forcer. » Si ça ne va pas, y a d'autre solution pour descendre la piste sans risque. « Je t'aurai accompagné ailleurs. » Quitte à ne pas tester cet endroit et rester dans la bonne voie. London le sait mieux que quiconque, je pense à lui avant moi. « On peut continuer à pied, nos chaussures sont faites pour ça. » Dis-je en retirant mes grosses chaussures du mécanisme de la planche, libérant mes jambes pour les dégourdir un peu. « Si ça ne va pas mieux, tu devrais consulter en rentrant. » Pour son poignet, la blessure est trop récente pour s'amuser sans faire attention.

TENUE ✩ Je n’en veux pas du tout à Loukas d’avoir voulu qu’on monte sur cette piste, au contraire. Si je n’avais pas mal à mon poignet j’aurais surement plus de maitrise, mais la raison n’est pas que là. J’ai beau être un bon sportif quand on n’est novice on se débrouille pas aussi bien que j’ai pu le faire pour une première fois, mais j’ai aussi mes limites et pour ne pas que ça devienne irréversible j’ai préféré faire une pause. Je traite Loukas d’idiot quand il revient vers moi alors que je lui ai dit de continuer, mais ce n’est que pour la forme, une habitude. « Fallait y penser avant~ » maintenant je n’ai pas d’autre choix et je ne suis pas venu ici pour faire ma chochotte, ça va aller. « Je m’en serais voulu que tu ne puisses pas glisser librement. » C’est injuste de ma part de le retenir à mon niveau, je préfère me hisser au sien ou du moins essayer. Son idée de continuer à pied me parait pas mal, on pourrait prendre notre temps ensemble et parler sans avoir à gueuler, même si je trouve ça dommage. « Tu es sûr ? » Qu’il veut descendre comme ça, après tout il devrait être impatient de remonter sur un snowboard. Je soupire et fais une boule de neige entre mes mains. « Ça va, ce n’est rien. » C’est normal que je ressente encore de la douleur ou de la gêne en forçant, mais j’arrive à le bouger et après avoir gardé le plâtre un bon moment ça fait quand même du bien d’en être libéré. Puis je n’ai aucune envie de gâcher ce séjour avec cette blessure... L’observant en silence, je lui balance ma boule dessus en riant. « Je peux au moins faire ça. » Lui lancer de la neige au visage haha.  

TENUE ✩ J'aurai dû y penser avant, je le sais bien. C'est égoïste de n'avoir songé qu'à soi, pour le plaisir de glisser à nouveau sur une planche de snowboard, dans un décor de rêve. London peine à suivre mon rythme, premièrement parce qu'il n'a pas mon niveau et deuxièmement, parce que la blessure à son poignet est trop récente. Mes coupures se sont bien refermés de mon côté, je n'ai rien à craindre d'elles. Encore une fois, nous cherchons est le plus coupable des deux, qui prive l'autre, et ainsi de suite jusqu'à ne plus savoir quoi répondre. Je m'en voudrais qu'il se fasse mal, et London se sentirait mal de me retenir loin de mes envies. C'est absurde, mais ce n'est pas la première fois que l'on joue à ce petit jeu. Si je réplique, nous en finirons jamais. Du coup, je me tais et l'observe sérieusement. London a moins de chance d'atteindre mon niveau si tôt, alors que je peux me contenir au sien sans difficulté. « Si je n'étais pas sûr, je n'te demanderai pas. » Donc ça ne me dérange pas de continuer à pied. De toute façon, je sais qu'il y a de la neige au Japon, le jour où je voudrais glisser à nouveau, je n'aurai qu'à revenir. Et d'ici là, London sera totalement guéri. Il refuse la visite à l'hôpital, m'assurant que ça va. Il ne peut pas m'empêcher de ressentir cette appréhension et cette crainte de louper un truc. Mes pensées sont rapidement dispersé par l'attaque de mon copain, surpris par la boule de neige. Je cligne des paupières, dégageant mes cils des quelques flocons. « Tu veux jouer à ça... » Fis-je, presque menaçant. Une seconde de plus et je me jette sur lui pour le plaquer dans la poudreuse, le maintenant d'une main sur son torse. « Tu vas le regretter, sale gosse. » ça n'a rien de crédible avec mon rire et mon sourire amusé, prenant une poignée de neige que j'écrase sur son visage.

TENUE ✩ Je pense pas que cette manie de déculpabiliser l’autre, se rassurer d’une certaine manière, je ne cherche pas à ce que Loukas se sente coupable parce qu’on n'a pas réfléchi avant, moi aussi j’aurais dû réaliser les risques en montant sur cette pente alors que j’étais novice. Si j’étais en pleine position de mes moyens ça n’aurait surement pas été un problème, mais avec ma main encore fragile, mon poignet blessé ça me complique un peu les choses pour gérer la descente. Il me propose de continuer à pied et je pense que c’est une bonne idée, sauf que je me sens désolé de lui imposer ça alors qu’il voulait glisser... Je ne dis rien à sa remarque, de toute façon je pense que le choix est déjà fait. Pour mon poignet ça ira, je n’ai pas besoin d’aller à l’hôpital, je pense que c’est juste encore sensible, c’est tout. Préférant lui envoyer une boule de neige dans la figure et le surprendre par la même occasion. Je lui tire la langue à sa phrase, quand il s’agit de jouer je réponds présent. Sauf que c’est moi qui m’attendais pas à ce qu’il vienne me plaquer contre la neige, riant sans retenue en essayant de bloquer ses mains, mais il réussit à m’écraser de la neige sur le visage, même si je continue de rire, manquant de m’étouffer, je souffle sur les flocons, secouant le visage pour virer le plus gros. Avec mon corps je réussis à nous faire basculer pour reprendre le dessus et être sur lui. « T’aime la neige non ? » Je le taquine, en écrasant une boule contre sa bouche. Deux gamins.

TENUE ✩ De toute façon, comme il l'a dit, nous devons terminer cette descente. Nous sommes sûrement à la moitié, peut-être même moins. Je lui conseille de finir à pied, si jamais il ne gère pas avec le snowboard ou si son poignet est trop douloureux. je comprendrais, je ne suis pas stupide au point de l'ignorer complètement. London me rassure, au possible. ça ne m'empêche pas de m'inquiéter pour lui, peu importe ce qu'il raconte. Sûrement pour décompresser, mon copain m'envoie une boule de neige dans la figure et je suis le mouvement en me jetant sur lui, le plaquant dans la poudreuse pour le barbouiller de neige. Il rit, moi aussi. ça dure quelques longues secondes avant qu'il ne reprenne le dessus et me surplombe. Si j'aime la neige ? Sans aucun doute, mais de là à la manger... Il fait exprès, et même si j'ai serré les lèvres pour ne pas avaler la moitié, le froid reste sur ma bouche. Mes mains libres, j'attrape sa nuque d'une main et l'attire à moi pour l'embrasser, partageant un baiser gelé. Qui se réchauffe bien vite malgré moi. De mes bras, je le tire toujours plus vers moi, jusqu'à l'emprisonner contre mon corps. « Je te laisserai plus faire. » Chuchotais-je contre ses lippes, un doux sourire sur le visage. Ce n'est pas le meilleur endroit pour s'amuser, mais je m'en fiche. Hors piste ou pas, ça ne me retient pas.

TENUE ✩ Au final même si on n'est pas arrivé en bas en snowboard le principal c’est qu’on y arrive non ? Pour l’instant on est loin de prendre la route, s’amusant plutôt avec la neige ! Franchement des fois j’ai juste envie d’être un gosse, de m’amuser sans penser aux restes, ni aux douleurs ni à tout ce qui pourrait me prendre la tête, nous inquiéter et nous stresser. Je veux simplement profiter de ces moments qu’a partagés ensemble et mettre tout le reste de côté, les faire disparaitre pour créer des souvenirs qu’on pourra ramener avec nous. La dernière fois que nous sommes allait à la neige chez ses grands-parents on a eu des moments complices, mais surtout une dispute et des moments où je me sentais angoissé. Aujourd’hui il n’y a rien de tout ça et à part mon poignet je vais très bien. Lui faisant bouffer la neige, il a fermé la bouche évitant de la gober, mais ses lèvres sont froides, je peux le sentir quand il me tire vers lui pour échanger un baiser, pourtant ça ne me dérange pas, qu’elles soient gelée ou chaudes ça n’a aucune espèce d’importance, de toute façon on se réchauffe mutuellement en s’embrassant. Je ne peux plus vraiment lui faire manger de la neige vu qu’il me tient contre lui, m’empêchant de bouger librement, ça me fait plus rire qu’autre chose. « Ce n’est pas la neige qui manque, je peux te la faire manger n’importe quand chéri. » Je le taquine en venant l’embrasser de nouveau, nous sommes seuls donc autant en profiter, même si au final je me fiche totalement d’être vu.

TENUE ✩ Pour ma part, j'ai laissé nos soucis à Tokyo, me disant qu'ils n'avaient rien à faire ici. Je veux m'amuser et profiter de ce séjour avec London, sans me préoccuper du reste. Sa famille, nos études, la compétition ou les entraînements. Rien de tout cela m'inquiète dans l'immédiat, j'ai l'esprit vide de mon quotidien et remplit des petites choses que nous partageons en ce moment. Comme manger de la neige après une bataille enfantine ou l'embrasser de mes lèvres gelées. Il n'est pas au bout de ses peines, s'il croit m'échapper. Je le tiens contre moi, partageant un échange unique et chaud. « Et je peux remonter sur mon snowboard, chéri. » Imitais-je, lui lançant un regard lourd de sens quant à ma possible fuite. Nos bouches se retrouvent et je le presse davantage contre moi, ma main glissant dans le col de sa veste. Avec mes gants, je ne peux pas sentir sa peau et ça me désole, retirant ainsi mes doigts de son vêtement. « Si nous continuons comme ça, la neige va fondre. » Mon humour, lui, ne fond pas par contre. C'est le genre de pause qui ne me donne pas envie de reprendre, mais juste de rester là. « Je boufferais toute la neige du monde si ça me permettait de rester à tes côtés. » Fis-je, d'une voix de lover, avec une œillade amoureuse et pleine de guimauve. Je ne suis pas rancunier, même s'il me menace avec toute la poudreuse de la station de ski.

TENUE ✩ La neige donne un sentiment différent, même si c’est froid au final c’est une ambiance que j’adore. Pouvoir nous couchait dedans, jouer avec ou même se réchauffer en s’embrassant dans les bras l’un de l’autre. J’ai l’esprit vide, profitant simplement de le taquiner et de ces instants magiques. « Tu ne me laisseras jamais derrière. » Soufflais-je contre ses lèvres avec une assurance et un ton sans failles, comme si j’en avais la certitude et c’est exactement ce que j’ai, je suis certains de mes paroles. Souriant en restant collé contre lui et prolongeant le baiser, je me sens bien et sans aucune appréhension. « Toujours aussi idiot. » Lâchais-je à sa blague sans pour autant me relever, continuant simplement de le regarder et d’écouter ses mots qui me font sourire. « C’est la plus belle déclaration que j’ai entendue » riais-je en trouvant malgré tout ses paroles réchauffante et romantique, ça a son charme et j’adore ça. « Sache plutôt que je te ferais bouffer toute la neige du monde si tu ne restes pas à mes côtés. » Sincèrement. « Je peux être très imposant. » Ironisais-je en jouant de la situation, vu que je suis carrément couché sur lui, mais c’est cette légèreté, cette complicité, tout ce qu’on partage ensemble qui me fait tomber amoureux de lui de plus en plus chaque jour. Me passer de Loukas ? Jamais. C’est impossible. Mon cœur finirait glacé jusqu’à exploser en mile morceau au moindre souffle si je venais à le perdre.

TENUE ✩ London n'est pas stupide, il sait que je ne le laisserais jamais derrière parce que j'ai un grand coeur. Et que je l'aime surtout. Jamais de la vie j'abandonnerai mon copain dans la nature, en proie au premier ours qui passe. Puis, je ne pourrais me séparer de ses lèvres de si tôt. Elles m'attirent et me retiennent dans cette position, dévorant sa bouche avec chaleur et envie. Mes blagues le font rire, c'est déjà ça. Idiot ou pas, ça ne m'importe plus désormais. Je me contente de sourire ou de rire avec lui, sans bouger. S'il ne se lève pas, je reste là. « On dirait que je n'ai pas le choix. » Déconnais-je, avec une expression soumise, mais amusée. « Je ne peux pas filer si tu restes là. » Faut qu'il le sache, il m'écrase de tout son poids. London est grand, mais ce n'est pas une plume pour autant. « C'est vrai que tu es lourd. » Je lui fais un clin d'oeil, toujours avec ce sourire débile sur les lippes. « Non mais franchement... Je gèle. » Et pour appuyer mes mots, je fais genre de frissonner en me secouant sous son corps. « Je rêve d'une pièce chauffée et d'un lit douillet. Pas toi ? » C'est du luxe quand nous sommes ainsi enfoncé dans la poudreuse.

TENUE ✩ Peut-être qu’on pourrait me reprocher d’être trop sur de moi ? Et alors ? Je pense qu’en amour on arrive à sentir ces choses-là, même si on a eu des difficultés et qu’on en aura surement encore, j’ai une confiance aveugle en Loukas et bien que parfois ma faiblesse me fasse faire n’importe quoi ou douter bêtement, je sais que notre relation n’est pas en carton, c’est du béton. Il ne m’abandonnera pas, c’est certain. Cela ne nous empêche pas de déconner, c’est notre marque de fabrique après tout. « Tu ne l’as pas. » Confirmais-je avec une assurance à toute épreuve. « Pourquoi, tu aurais essayé de partir si je ne t’écrase pas ? » Je fais exprès d’appuyer un peu plus sur mon corps pour mettre le poids, s’enfonçant tous deux dans la poudreuse, légèrement, mais assez pour sentir le froid allongé ainsi. « N’est-ce pas ? J’ai pris quelques kilos on dirait. » Me moquais-je en riant. Approuvant son commentaire. « Même avec moi tu as froid ? » Plaisantais-je en me relevant après lui avoir volé un rapide baiser, me secouant de la neige collée à mes vêtements, je fais le fier, mais il gèle c’est clair. « Maintenant que tu en as parlé. Allons nous mettre au chaud pépé. » Je lui tends la main ou plutôt mon gant pour qu’il l’attrape, on doit encore descendre la montagne pour profiter de la chaleur et de ce lit douillet.

TENUE ✩ Ce garçon est une teigne, il ne mâche pas ses mots et sait se faire comprendre. Ce n'est pas difficile d'avoir confiance avec moi, je suis si simple à vivre et en amour, je me suis découvert des qualités en or pour l'honnêteté et la fidélité. London le sait, je ne ferais rien qui puisse le blesser ou l'énerver, même si j'ai souvent été un idiot. Il ne me laisse pas le choix et j'affiche une mine résignée, lâchant un soupir de condamné. Son poids m'enfonce dans la neige et je sens la fraîcheur passer à travers les interstices des mes vêtements. Il fait froid, très froid. Mon souffle forme une fumée épaisse devant mon visage, tandis que je souris et observe mon copain. « J'ai l'impression que tu me menaces ou me met au défi d'essayer de fuir. » Plaisantais-je, avant de dire qu'il est lourd. « J'en suis ravi. » Qu'il ait prit quelques kilos, ça ne peut que lui faire du bien. « Tu n'es pas aussi gros pour me tenir chaud contre une montagne de neige. » Répondis-je, toujours sur le ton de la plaisanterie. Même si un baiser peut me réchauffer en quelques secondes, le froid revient aussitôt me mordre la peau du visage. Libre, je me redresse et choppe sa main pour me relever, remontant sur mon snowboard une fois sur mes deux jambes. « Tu te sens de glisser ou tu préfères marcher jusqu'en bas ? » Sait-on jamais s'il a changé d'avis entre temps ou s'il veut prendre le temps de retourner à l'hôtel, avant que la nuit ne tombe bien sûr.

TENUE ✩ Je ne peux pas m’empêcher de l’embêter, le taquiner, même si souvent ça n’en reste pas moins sérieux. Je ne veux pas qu’il fuie bien entendu, secouant la tête à sa remarque. « Si tu essayais tu me briserais le cœur. » Ironisais-je avec une pointe de vérité, je n’ai aucune intention de le défier de me laisser derrière, ça n’a aucun intérêt. « Genre, t’es content que je prenne des kilos ? » Je grommèle, en plus je ne pense pas avoir grossi, quoique avec ma pause forcée m’interdisant la nage, je suppose que c’est possible, même si j’ai un corps qui accepte n’importe quelle quantité de nourriture sans prendre beaucoup de gramme. « Quel dommage, faut que je me lève alors. » Je ne vais pas le laisser dans le froid, je ne suis pas aussi sadique, me redressant en lui tendant la main pour l’aider à faire de même. Il remonte sur son snowboard et je regarde, hésitant un peu à faire la même chose. Massant mon poignet, je souris et hoche la tête. « Glissons, je pense que ça ira. » On arrivera plus vite en bas et je pense que mon poignet tiendra le coup, sinon je m’arrêterai tout simplement. Me remettant en condition, j’attrape mes bâtons et l’incite à y aller le premier, je tenterais de le suivre au mieux, le principal c’est qu’on arrive en bas sain et sauf. Cette petite pause m’aura fait du bien.

TENUE ✩ « Ne me met pas au défi alors. » Je le taquine, lui faisant un clin d'oeil. Je ne compte pas l'abandonner, si filer devant comme un lâche. Quant à son poids, je fais mine d'hausser les épaules. « Je préfère te voir prendre du poids, que trop en perdre. » London n'est pas gros, il est bien pour sa taille et s'il venait à perdre des kilos, ce serait dramatique. Pour nager, il lui faut un poids idéal, et ce n'est pas en étant trop mince qu'il pourra y arriver. Ni trop gros d'ailleurs, y a un juste milieu à respecter. Sa pause ne va pas le rendre énorme non plus, un ou deux kilos ne lui fera aucun mal. Cinq non plus. « Tu te rattraperas plus tard. » Quand nous serons au chaud dans la chambre d'hôtel. Une fois debout avec son aide, je remonte aussitôt sur ma planche et l'interroge sur la descente. à pied ou en glissant, c'est à lui de décider. Ce n'est pas parce que je suis déjà sur mon snowboard qu'il doit me céder un possible caprice de sportif. « D'accord, mais dès que ça ne va pas, tu t'arrêtes. » J'aurai toujours un oeil sur lui pour me stopper à mon tour, l'attendre ou mieux encore, l'aider. S'il faut continuer à pied, je le ferais. S'il faut le porter, je le ferais. Tant qu'on rentre à l'hôtel, je ferais n'importe quoi pour que ce soit ensemble. à son signe, je passe en premier, mais garde une distance raisonnable au cas où il a un problème et qu'il faille s'arrêter brusquement. Avec une allure lente et calme, je pense qu'il pourra arriver en bas sans encombre. Puis, je suis là pour le surveiller, reprenant mes zigzags pour contrôler ma vitesse, ayant un oeil devant et un autre vers London.