TENUE † S’il y a bien une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est de recevoir un message de la part de Nawaki. Il faut dire qu’on s’était échangé nos numéros plus part politesse qu’autre chose. Après tout, on partageait le même toit, alors c’était logique qu’on le fasse, non ? Mais jusqu’à présent, on ne pouvait pas dire qu’on s’en était réellement servi. Pour se dire quoi ? On pouvait se le dire une fois qu’il rentrait du travail, non ? Mais cette fois, il avait oublié quelque chose. Certes l’après-midi était déjà pas mal entamée, mais ça ne m’empêchait pas d’accepter d’y aller. Lui répondant, je troquais mes vêtements d’intérieur, pour les vêtements extérieurs. Un coup de brosse dans les cheveux, puis je filais dans sa chambre pour attraper ce qu’il avait oublié. Frissonnant doucement je sentis mes mains me démanger. Passant par la case salle de bains, je me lavais les mains tout en observant ce qu’il avait oublié. Ça ne paraissait pas si sale… non ? Essayant de ne pas y penser, je finis par sortir de l’appartement. Masque sur le nez, je suivais le chemin le long du mur. Depuis qu’on vivait ici, le plus loin où j’étais allée c’était… La supérette que je venais de dépasser. Je savais où était la boutique de poulet, surtout parce qu’il m’avait expliqué où elle se trouvait qu’autre chose… D’ailleurs, je me retrouvais bien rapidement devant.  Je relisais son message, avant de me tourner en direction du garage. Je pouvais le voir. Traversant la rue, je me pinçais les lèvres, avant de m’aventurer dans ce qui se trouvait être une porcherie et non un garage. Comment tout pouvait être aussi sale ? Je pouvais déjà sentir la sueur dans ma nuque. « Ne touche à rien. » voilà à quoi je pensais. Raide comme un poteau je m’avançais en cherchant Nawaki, mais ils étaient tous bleus ! Génial. Manquant d’en percuter un je reculais vivement en regardant toute la crasse qu’il avait sur lui. Je m’excusais rapidement avant de finir par trouver mon colocataire. Lui faisant signe, je m’approchais en essayant d’ignorer les regards des autres. « C’est… ça, que… tu avais oublié ? » Demandai-je en m’approchant de lui, tout en fixant sa tenue. Il était si sale, comment il faisait ? A sa place je serais déjà morte d’un arrêt cardiaque.

TENUE † J’adore les voitures, bidouiller le moteur ou toutes les petites pièces jusqu’à la carrosserie. C’est plaisant et ça occupe mes journées, je ne risque pas de m’ennuyer, du moins quand il y a du boulot parce qu’il arrive que ce soit bien trop calme pour durer plus d’une heure ou deux. Aujourd’hui c’est un bon jour. Nous sommes deux sur un ancien modèle que le propriétaire veut qu’on remette à neuf, il y a beaucoup à faire dessus et après plusieurs heures à bosser sous le capot, je me suis rendu compte que j’avais oublié des pièces dans ma chambre, un sac sur mon lit. J’en ai besoin, je voulais travailler un peu à domicile hier et j’ai complètement zappé de les reprendre. C’est pourquoi j’ai demandé cinq minutes de pause le temps d’envoyer un message à la jeune fille qui vit avec moi, Lunan. Sachant qu’elle serait surement dans cette maison que j’ai encore du mal à voir comme « chez moi » c’est juste un lieu où je réside en attendant qu’on me libère de cette double vie, cette fausse identité. Après quelques SMS échangés elle accepte de m’apporter mes affaires, ça m’arrange bien, j’aurais pu faire un aller-retour rapide, mais les minutes que je perdrais à le faire je peux bosser sur la voiture et avancer dans mon job. Je me reconcentre sur mes outils, de l’huile partout, ici la propreté ce n'est pas vraiment ça, nous sommes tous des hommes se fichant bien de se salir, de toute façon dans ce métier c’est obligé, tout ce qu’on touche nous laisse des traces sur les mains, sur le bleu de travail ou sur le visage. L’automobile est surélevée en hauteur pour que je puisse glisser dessous grace à une sorte de skate, c’est plus simple qu’en rampant au sol. Avant que je ne me mette en place, je remarque Lunan qui est arrivé, elle semble un peu désorientée, dans cet endroit ça ne doit pas être la joie avec sa phobie. « Merci, tu me sauves la vie. » J’exagère, mais c’est juste pour montrer ma reconnaissance. Mon collègue la salue, pensant surement que c’est ma copine pour avoir fait le trajet jusqu’ici aussi vite. « J’ai bientôt terminé, je t’offre le repas si tu veux avant de rentrer. » Je suis sincère, souriant, je lui montre un endroit un peu plus calme à l’entrée du garage. « Tu peux m’attendre ici si ça te dit. » Retournant bosser en m’asseyant sur la roulette, je m’allonge et glisse avec les différentes clefs dont j’aurais besoin pour travailler. Jetant quelques coups d’œil à la jeune fille pour savoir si elle est toujours là et survit à l’environnement.

TENUE † Je n’étais pas du tout alaise ici. C’est vrai que niveau propreté on repassera pour ce qui est d’un garage. Mais c’est comme ça. Nawaki travaille ici, alors je n’ai pas d’autres choix que de venir lui amener son sac, ici-même. Je n’osais même pas imaginer le nombre de microbes qu’il devait y avoir ici… Heureusement, oui, heureusement, que Nawaki était propre. Il se douchait tous les jours. Merci mon Seigneur. J’aurais pu tomber sur un homme assez dégoûtant hein… On peut dire que dans mon malheur, j’ai quand même eu de la chance. « Merci, tu me sauves la vie. » Je souriais machinalement. Il exagérait, mais c’est ce genre de petite phrase qui montrait qu’on n’avait pas besoin de grand-chose pour être heureux. « J’ai bientôt terminé, je t’offre le repas si tu veux avant de rentrer. » Passant une main dans ma nuque, j’hochais la tête. Poulet je présume ? Un sourire naquit sur mes lèvres. « Sauras-tu m’acheter autre chose que du poulet ? » Je le taquinais en riant avant de vite me stopper. En fait, j’avais l’impression qu’on nous observait. Et ça me gênait. Pas que ça soit dérangeant. Mais depuis cet incident… Je n’avais pas vraiment envie qu’on m’observe ou qu’on me regarde. J’arrivais déjà un peu à m’ouvrir avec lui, c’était déjà pas mal, qu’on m’en demande pas trop non plus. « Tu peux m’attendre ici si ça te dit. » J’hochais la tête en le laissant repartir. En fait, je l’observais. Etait-ce gênant pour lui ? J’en sais trop rien. Mais il m’intriguait un peu… N’osant pas m’asseoir sur une quelconque chaise, sûrement couverte de microbes, je restais plantée là. Tel un arbre. M’accroupissant, j’enroulais mes bras autour de mes mollets. Menton posé sur mes genoux, je fixais Nawaki travailler comme si c’était la meilleure chose à regarder. Il semblait passionné et intéressé. Je l’enviais. J’avais envie de travailler aussi. Mais je ne pouvais pas reprendre mon ancienne activité, au cas où. Il me fallait un travail qui ne nécessitait pas de quitter l’appartement. Perdue dans mes pensées, je finis par tomber au sol. Secouant la tête, je me relevais l’air de rien, n’osant pas regarder autour de moi. Me grattant la joue un peu gênée je finis par enfouir mes mains dans mes poches avant de baisser la tête. Je ne m’étais même pas aperçu que ma main avait touché de l’huile bien noire et que j’en avais mis sur mon visage…

TENUE † Trouver un garage propre . C’était impossible, enfin l’endroit en lui-même était nettoyé tous les jours, mais les voitures salissaient, les outils, l’huile, forcément au bout de quelques heures on finissait avec des tâches que ce soit sur notre uniforme ou sur les mains, les visages, bref. Cela ne m’a jamais dérangé de toute manière. Content de voir Lunan, elle a réussi à me rapporter mes affaires et est entrée ici malgré les microbes, je ne voulais pas trop parler de ça avec elle de peur qu’elle réalise son exploit et s’en aille en courant, mais cette phobie j’avais conscience que ce devait être horrible pour elle, qu’elle en ait conscience elle ou non. Si je pouvais l’aider je le ferais avec plaisir, de toute façon tant que je suis Gôenji Nawaki elle est un peu mon seul « proche » dans cette vie-là. Je l’invite à manger une fois mon boulot terminé, si bien sûr elle est partante. Riant à sa remarque, je secoue la tête. « Je te laisse choisir, ramen ? grillade ? sushi ? Je suis prêt à renoncer au poulet pour ce soir. » Lui faisait un clin d’œil, je retourne bossé en la laissant s’installer plus loin. Je devais juste faire quelques dernières réparations avant que l’un de mes collègues teste et vérifie que tout soit ok avec cette voiture. Jetant un coup d’œil vers la jeune fille qui semblait regarder dans ma direction, cela ne me gêne pas et ne me surprends pas non plus, après tout je suis le seul qu’elle connaisse ici et elle m’attend, donc ça semblait même logique. Pourtant faut croire que j’ai un bon timing, la voir tomber au sol me fit rire, c’était mignon. Le temps de détourner le regard pour me reconcentrer sur mon boulot et de le reposer sur elle, je remarque qu’elle s’est mis de l’huile sur le visage... Un nouveau rire résonne et mon patron qui bosse avec moi se penche pour me demander si je vais bien. Répondant que oui, je continue malgré tout à garder le sourire, secoue la tête, essayant de ne pas la regarder pour ne pas faire n’importe quoi et perdre ma concentration à nouveau. Au bout de quelques minutes je soupire, c’est terminé. Posant les outils au sol, je glisse pour sortir de là et regarder Lunan. Avec mon doigt je touche ma joue pour essayer de lui faire comprendre, mais apparemment ça marche pas très bien. Défaisant la fermeture de mon bleu je fais signe à Lunan que j’arrive. Le temps d’aller lever ma combinaison, la pendant dans le vestiaire pour demain, je me lave les mains avec un produit exprès, le visage aussi et me passe un coup d’eau. Prenant ma veste et troquant mes bottes de sécurité contre mes baskets, j’étais prêt pour quitter le boulot. Prenant un mouchoir mouillé, avec un peu de produit, je me rapproche de la jeune fille en lui faisant signe de se lever. « Tu devrais venir plus souvent, tu as fait ma journée. » Me moquais-je en riant à nouveau, venant essuyer sa joue avec le tissu. « C’est propre. » Dis-je avant qu’elle panique. « Tu n’avais même pas remarqué que tu t’étais sali. » Annonçais-je avant de reprendre en la regardant dans les yeux. « Peut-être que je n’aurais pas du te le dire ? » Je la taquine, mais bon, ça prouve que c’est possible et qu’elle a pu rester ainsi sans devenir folle ou sentir les microbes la bouffer, que sais-je.

TENUE † « Je te laisse choisir, ramen ? grillade ? sushi ? Je suis prêt à renoncer au poulet pour ce soir. » Au travers de mon masque que je portais sur mon visage, je ne pus m’empêcher de sourire. Je ne sais pas s’il le voyait, mais je trouvais ça drôle qu’il puisse renoncer au poulet ce soir. Il me donnait faim, rien qu’en citant tous ces plats. Je n’étais pas de nature très gourmande, bien au contraire, j’avais un appétit de moineau. Faut dire que j’étais extrêmement maigre, et dernièrement, avec tout ce qui s’était passé, je sais que j’avais perdu quelques kilos dû au stress et à tout le reste… Ce n’était pas facile comme situation… Donc forcément. « Des sushis ? Avec des brochettes ? Comme ça tu auras quand même un peu de poulet. » J’ai l’impression, d’avoir affaire à un enfant à qui le punir de poulet pourrait s’avérer grave. J’ai pas trop envie qu’on me demande pourquoi je pense ça, mais ça ne me dérange pas de voir Nawaki comme un enfant. Dans le fond, il l’était. J’étais plus âgée que lui, non ? Ou alors son âge n’était pas le vrai ? Je n’en sais rien en fait. C’est une question que je devrais lui poser. En tout cas, je l’attends, sagement. Je ne bouge pas de là où je suis. Je ne voudrais pas faire de bêtise et surtout toucher quoi que ce soit. Je l’observe, je le contemple. Certains pourraient trouver ça gênant ou embarrassant car je ne le quitte pas des yeux, mais je le trouve beau comme ça, à travailler. Il a l’air passionné, ça lui plaît et ça se voit. Je suis contente qu’au moins, un de nous deux ait trouvé de quoi gagner sa vie. Une nouvelle passion. Il se mettait même à rire maintenant. Ma tête se pencha sur le côté. Pourquoi il riait ? Je me pinçais les lèvres en attendant. Il finit par me faire signe qu’il allait se changer. Super. Je me redressais en m’étirant. Je pouvais sentir mes articulations craquer. Soupirant, je secouais la tête en voyant mes cheveux se loger devant mon visage. Nawaki lui, était déjà devant moi avec un chiffon dans les mains. « Tu devrais venir plus souvent, tu as fait ma journée. » J’arquais un sourcil, avant de me figer. Reculant d’un pas, sans pour autant bouger la tête, je papillonnais des yeux en sentant mon sang bouillir dans tout mon corps. Je ne saurais dire ou expliquer le truc, mais j’avais chaud. Très chaud. Ma respiration s’est coupée, j’étais en apnée complet. Il me touchait. Il frottait mon visage. Je… Les contacts comme ça, j’avais du mal, d’habitude je décide la première si je touche quelqu’un ou pas…. « C’est propre. Tu n’avais même pas remarqué que tu t’étais sali. » Je le regardais un peu perdu. Il est vrai que l’odeur était plus forte depuis quelques minutes, mais… Je… Sortant mes mains de mes poches, je vis une de mes mains Sali. Sans attendre, j’attrapais mon liquide antiseptique de ma poche pour m’en mettre sur les mains et les nettoyer. Ça partait assez rapidement vu le peu de quantité. Mais… J’aurais dû regarder quand je suis tombée… « Peut-être que je n’aurais pas du te le dire ? » Je relevais la tête avant de sourire un peu gêné. « Si, si, tu as bien fait. Je me sens un peu bête de ne pas l’avoir remarqué. » Les mains nettoyés, je mis du produit sur le bout de mes doigts pour venir frotter la partie de mon visage touché. C’était plus fort que moi. Rangeant le produit dans ma poche, je finis par racler ma gorge et à commencer à partir avant de me retourner vers lui. « Dis... Je… » Je pointais du doigts la ville avant de finir par chercher son regard. « Les cerisiers sont en fleurs, alors… » Petite pause. Pourquoi son collègue nous regarder ? « On pourrait manger dans le parc. »

TENUE † Pour le repas je pouvais tout de même faire un effort et lui laisser le choix, surtout que je pouvais manger du poulet dès que j’en avais envie étant donné qu’il se trouvait à côté de mon lieu de travail, c’était pratique. En tout cas j’étais assez content de la voir ici, le fait qu’elle avait fait tout ce chemin pour m’emmener mes affaires alors qu’elle a une phobie assez difficile à contrôler ça me touché un peu. « Quelle générosité. » Je souris devant sa proposition, mais ça m’allait parfaitement, je n’allais pas refuser des brochettes de poulet. « ça marche. » Confirmais-je en m’éloignant pour retourner à mon boulot, fallait avant tout que je termine. C’était une passion bien avant d’être emporté dans cette histoire, les voitures, j’avais toujours aimé ça. Par moments je me dis que si je n’avais pas eu une telle curiosité pour ses quatre roues je ne serais pas venu au Japon et ne me serait pas retrouvé pris au piège dans cette identité qui n’est pas la mienne, coincé en attendant de retrouver la mienne. La jeune fille me faisait rire dans son coin, elle s’était salie sans même le remarquer, mais je trouvais ça mignon, puis elle ne faisait pas une poussée d’urticaire parce qu’elle avait la peau sale, sauf que ça même si je lui disais je ne pense pas que cela fera disparaitre ses mauvaises manies. Après lui avoir fait signe que j’allais me changer, j’étais revenue vers elle quelques minutes plus tard avec un tissu propre entre les doigts, lui disant le fond de ma pensée avant de l’essuyer sur sa joue, je pouvais voir qu’elle n’était pas du genre tactile avec les autres, mais elle ne m’avait pas repoussé pour autant, même si je la laisse continuer lorsqu’elle réalise avec ma remarque que ses mains étaient elles aussi marquées par l’huile. « Si tu ne l’as pas remarquée c’est peut-être parce que tu n’es pas encore un cas désespéré. » Je la taquine, mais je préférais penser que cela pouvait se soigner, surtout pour elle, à mes yeux ce n’était pas une vie. La suivant de quelques pas vers l’extérieur du garage, je l’observe quand elle se retourne interloquée par ses mots, restant pendu à ses lèvres pour entendre la suite. « Si tu veux, ça ne me dérange pas. » Je suis plutôt habitué à manger dehors donc si c’est ce qu’elle souhaite je n’ai aucune objection. Croisant le regard de mon collègue qui se fait des idées sur notre relation, je lui fais signe de retourner bosser plutôt que de jouer les commères. « Allons-y. » Dis-je en prenant les devants cette fois, fallait qu’on aille déjà acheter de quoi manger avant d’aller au parc. « Tu ne sors pas souvent, ça fait du bien de prendre l’air non ? » Elle devrait le faire plus souvent.

TENUE † « Quelle générosité. Ça marche. » Parce que je savais qu’il aimait un peu trop le poulet. Je n’avais jamais rencontré une personne autant accro à cette volaille. Mais si ça lui convenait, c’est tout ce qui comptait, non ? Comme quoi, parfois, il en fallait peu pour rendre une personne heureuse. Un bout de poulet et on pouvait presque voir des étoiles dans ses yeux. C’est ce qui faisait son charme. Et je suis sûre qu’il pourrait manger du poulet à toutes les sauces. Il achète toujours le même, mais que ça soit en sauce ou bouilli, je suis sûre qu’il le mangerait avec autant de dévotion. Perdue dans mes pensées, je ne vois pas le temps passer jusqu’à ce qu’il finisse de travailler, mais en plus, je ne m’étais pas rendue compte que je m’étais salie le visage. J’étais limite au bord de la crise, mais je me contrôlais. Je ne voulais pas passer pour une folle, même si j’avais quand même du liquide aseptisant dans la poche. J’étais touchée, qu’il puisse me nettoyer. Il ne me prenait pas non plus pour une folle, enfin, si, mais… Pas tant que ça. Nawaki était tout de même super sympa. « Si tu ne l’as pas remarquée c’est peut-être parce que tu n’es pas encore un cas désespéré. » Je riais légèrement. S’il savait qu’avant j’étais esthéticienne, je crois qu’il se foutrait de moi. Mais bon, je n’allais pas le dire là, où des oreilles traînaient un peu trop… Un peu gênée, je finis par lui proposer d’aller manger dans le parc à côté. « Si tu veux, ça ne me dérange pas. » J’étais contente qu’il accepte, à dire vrai, j’avais un peu peur qu’il refuse. Il aurait pu ne pas avoir envie de manger dans un parc en public avec moi. Je ne lui en aurai pas voulu. Loin de moi cette idée. Mais j’aurais compris. Finissant par le suivre, j’enfonçais mes mains dans mes poches en suivant sa cadence. « Tu ne sors pas souvent, ça fait du bien de prendre l’air non ? » Je pinçais ma bouche. Il avait raison. Prendre l’air me faisait du bien. Ça faisait tout de même longtemps. « Oui, mine de rien, ça faisait longtemps que je n’étais pas restée dehors autant de temps. » L’air était agréable. Le bruit de la ville, des voitures, des gens, tout ça… Regardant un peu le ciel, je souriais en voyant le bleu éclatant, parsemé de quelques nuages mais surtout d’oiseaux. Le printemps était bel et bien là. « Tu connais un beau restaurant de sushis dans le coin ? » Non parce que bon, mine de rien, hormis le restaurant de poulet et la supérette, je ne connaissais rien du coin… Il fallait vraiment que je me mette à visiter le coin… A m’aérer et à sortir de l’appartement. « Je vais prendre une soupe miso aussi à emporter. Ça fait trop longtemps… » Je n’étais pas bien difficile en nourriture, j’aimais pratiquement tout en fait. S’il fallait manger du poulet tous les jours, alors je le ferais.

TENUE † Le fait que Lunan puisse se salir sans le remarquer montre qu’elle peut survivre malgré la saleté, c’est juste qu’elle fait une réelle fixation dessus et seulement quand elle le remarque apparemment. Personnellement j’aimerais qu’elle en prenne conscience sans se laisser dominer par cette phobie qui lui pourri la vie de mon point de vue, surtout dans notre situation. Nous avons déjà tellement à penser et des problèmes bien plus graves, d’où le fait que je lui fasse remarquer que ce n’est pas un cas désespéré, peut-être qu’elle peut changer. En tout cas elle a vite fait de se nettoyer ensuite et quand elle me propose d’aller manger au parc je ne vois aucun inconvénient, en fait je trouve même que c’est une bonne idée avec le temps qui est plutôt doux aujourd’hui. Autant en profiter. « Je ne pourrais pas rester enfermé, j’aurais l’impression d’étouffer, de suffoquer. » Je souris, mais c’est la vérité, j’avais vraiment besoin de sortir, de prendre l’air, même si ce n’était que quelques instants. Puis cette vie, cette nouvelle identité me donnait déjà l’impression d’être coincé dans une cage d’où je ne pouvais m’échapper, donc je compensais un peu. Je ris à sa question. « Un beau restaurant ? Tu recherches l’esthétique ou le gout ? » Je la taquine, mais j’en connaissais un qui avait les deux pas très loin. « Je mange pas beaucoup de sushi, mais ici ils sont super bons. » Montrant du doigt le lieu en question. « Et ils font de bonnes soupes aussi. » Vu qu’elle était tentée par la miso, autant faire une pierre deux coups en mangeant quelque chose de délicieux. Je marche jusqu’à l’entrée, lui tenant la porte pour l’inviter à passer la première, elle serait capable de s’essuyer les mains après avoir touché la poignée, autant lui éviter ça. « Je crois que je vais prendre un assortiment, c’est trop dur de choisir. » Puis c’était bien de gouter à tout. « Tu veux boire un truc ? » avoir si je commande des boissons aussi.

TENUE † « Je ne pourrais pas rester enfermé, j’aurais l’impression d’étouffer, de suffoquer. » Dans un sens, je pouvais le comprendre. Moi-même parfois, je trouvais que c’était un peu bizarre l’ambiance à l’appartement. C’était silencieux, pesant, et puis je tournais en rond. Il fallait vraiment que je trouve un travail pour pouvoir m’occuper l’esprit, sinon, j’allais devenir complètement folle. « Je suis toujours en vie, mais bon, je comprends. » En tout cas, j’étais contente d’être avec lui. On ne se connaissait pas vraiment, mais il était temps, je pense, de se connaitre. Pas totalement, mais puisqu’on vivait ensemble, autant s’entendre et ne pas devenir des ennemis. Ce qui pourrait malheureusement arrivé, tout le monde ne pouvait pas s’entendre après tout. « Un beau restaurant ? Tu recherches l’esthétique ou le gout ? » « Le goût, voyons. » J’avais pas envie de vomir mes tripes car j’aurais mangé des sushis avarié… Ce n’était pas le but et surtout ce n’était jamais agréable de vomir des sushis avariés… « Je mange pas beaucoup de sushi, mais ici ils sont super bons. Et ils font de bonnes soupes aussi. » Je tapais dans mes mains, de façon silencieuse. J’en avais déjà l’eau à la bouche. Je le suivais jusqu’à l’entrée, il ouvrit d’ailleurs la porte pour me faire entrer la première, je lui susurrais un « merci » assez faible, pour que lui seul l’entende. Hochant la tête en guise de bonjour à la serveuse au loin, je me mordillais un peu les lèvres en regardant et en sentant les odeurs alléchantes du restaurant. « Je crois que je vais prendre un assortiment, c’est trop dur de choisir. » Je pouffais doucement en portant ma main devant ma bouche. Moi, je regardais le menu affiché, ce qui me permettait de ne pas toucher, celui sur la table. « Tu veux boire un truc ? » « S’ils ont du thé noir, j’en prendrai bien, oui. » Dis-je en pointant du doigt le menu que je voulais. Il y avait certes beaucoup de sushis, mais je savais que ce n’était pas perdu. Nawaki, semblait manger sans fin… « Prends-toi un assortiment. Ils font même du poulet au caramel, si tu veux. » Tant qu’il était content de manger, c’est tout ce qui compte, non ?

TENUE † Cette situation me privait déjà de ma liberté, à cause de ça je ne pouvais pas voir mes parents, ma sœur, mon frère et ma copine. Au fond j’essayais de ne pas y penser en me disant qu’un jour je pourrais les revoir et leur expliquer, mais j’avais peur aussi. Personne ne pouvait prédire l’avenir et si quelque chose arrive durant mon absence . Je ne pouvais rien contrôler et j’ignorais combien de temps tout cela allait durer. Cela faisait déjà assez longtemps pour que je ne trouve plus bizarre d’être appelé « Nawaki » ça me semblait normal, comme si c’était devenu mon prénom alors que ce n’était pas ma réelle identité. Au début je ne répondais pas à ce prénom, je trouvais même étrange ce changement, j’ai réussi en pensant à tous ses acteurs qui jouent des rôles, finalement c’est facile une fois qu’on ne se pose plus de questions... Pourtant, être enfermé me rendait fou. Je ne pouvais pas vivre entre quatre murs sans respirer l’air de dehors au moins une fois dans la journée, sauf en qu’a d’exceptions, maladie ou truc du genre. Parlant restaurant, je lui présente un lieu où les plats sont délicieux, sauf que le choix est extrêmement variés et donc difficile. « On va demander. J’adore le thé moi aussi. » Ils doivent en avoir ce n'est pas rare ici. Je hoche la tête. « C’est ce que je vais faire, et prendre un poulet caramel aussi. » Je souris comme un gosse, je l’aurais mon poulet d’une certaine façon. Allant commander quand c’est notre tour, je donne mes choix, laisse Lunan dire les siens avant de payer, je l’invite après tout. Le temps où’ils préparent tout ça, je patiente en m’adossant au mur les bras croisés. « Rien que l’odeur ça donne faim. » Mais on va attendre d’être arrivé au parc pour manger, ce n’est pas très loin.

TENUE † « On va demander. J’adore le thé moi aussi. » Je tournais vaguement le regard vers lui. Il aimait le thé ? On avait donc un point en commun, ce qui était encourageant. Au vu de ma nature, assez chiante, sur les microbes, j’avais peur qu’on n’ait aucun point en commun. J’aimais le poulet hein, mais pas au point d’en faire une lubie comme lui, donc on ne pouvait pas dire qu’il en s’agissait d’un. « Super, on se fera des thé party à l’appart. » Bien sûr, c’était ironique, c’était nul comme genre d’amusement. Mais c’était pour lui montrer, que j’étais contente. Parce qu’on avait un point en commun. Le thé, c’est la vie. Même si parfois, ça m’énerve quand ça me fait aller aux toilettes plusieurs fois dans la nuit. « C’est ce que je vais faire, et prendre un poulet caramel aussi. » Je mordillais ma langue amusée. Je l’imaginais déjà, manger son poulet au caramel, et s’en mettre partout sur les lèvres. Fixant ses lèvres, je clignais des yeux un petit moment. Je n’avais pas remarqué, à quel point, il avait des lèvres très pulpeuses. C’est assez rare pour un homme, non ? Il avait de plus grosse lèvres que moi. Mais bizarrement, je ne l’imaginais pas avec des lèvres plus fines. Ça lui allait bien. Tournant rapidement la tête quand il s’agit de commander, je donne la mienne au serveur, avant d’attendre, avec Nawaki, pour qu’on soit servi. « Rien que l’odeur ça donne faim. » « Ton dernier repas date de quand ? Tu manges quand même, au travail ? » J’étais curieuse. Est-ce qu’il prenait le temps de manger ou pas ? Il fallait faire trois repas par jour. D’un coup, je me retrouvais à m’inquiéter pour lui… Déjà que le matin, je ne savais pas trop, si parfois il déjeunait… « Avec le travail que tu fais, tu as besoin de manger, alors, ne saute pas de repas. » Dis-je simplement en me décalant d’un grand pas, quand un client passa à mes côtés. Hors de question de toucher un inconnu. Me mettant à côté de Nawaki, dos au mur, sans toucher le mur, je regardais autour de moi. Plus facile pour éviter les gens.

TENUE † J’ai toujours préféré le thé au café ou autres boisson, en fait je suis réellement un mordu, mais il y avait tellement de gout et de choix, c’était parfois difficile de savoir lequel faire. Quand j’aime quelque chose on le sait généralement, un peu comme le poulet. Je ne me cache pas de mes petites préférences, surtout quand c’est au niveau de la bouffe. Des thés party ? Je ris à cette idée, le pire c’est que ça pourrait être amusant. « Pourquoi pas ? » On va se retrouver avec plein de variétés de thés différentes et gouter à tous, ce serait drôle. Enfin, on avait un point commun, c’était cool. Du coup pour la commande je savais quoi prendre entre mon assortiment de sushi et mon poulet caramel, j’allais me casser le ventre, clairement. Laissant Lunan commander ce qu’elle souhaite, on patiente dans un coin en attendant que ce soit notre tour d’être servi. Pendant ce temps j’avoue que l’odeur me donne faim, franchement j’avais la dalle. « Hier soir je crois. » Je n’ai pas mangé ce matin, en même temps j’étais en retard, j’avais même oublié mes affaires sur mon lit qu’elle m’a d’ailleurs rapporté. « Je ne mange pas quand je bosse, je suis trop concentré sur mon boulot. » Je souris, comme je le disais, quand je suis passionné on le sait. « Tu t’inquiètes pour moi ? » Je la regarde et garde mon esquisse. « Je me rattrape après le travail, tu sais, le poulet tout ça. » Je ris, mais c’est vrai que je ne pensais pas vraiment à suivre une logique de repas, je mangeais simplement quand j’avais faim et souvent ça arrivé après que je termine au garage. « Tu me trouves trop mince ? » Je plaisante, mais je ne pense pas avoir maigri depuis le changement de notre situation, ou peut-être un peu, mais je me porte bien. L’employé nous fait signe que nos commandes sont prêtes, les récupérant ayant déjà payé, je fais signe à Lunan qu’on sort, autant ne pas rester ici, surtout qu’il fait assez chaud à l’intérieur.  Reniflant le sac. « Ah~ » ça donne vraiment faim. « Bon alors, on file au parc. » J’avais juste hâte de manger maintenant.  

TENUE † « Pourquoi pas ? » J’étais déjà en train de nous imaginer à acheter plein de thé, pour pouvoir les goûter, les comparer et faire notre petite provision à l’appartement. La boite à thé. Il fallait que je fasse ça. On n’avait pas beaucoup de thé à la maison. Et comme j’avais du temps libre, beaucoup plus que lui en tout cas, je pouvais prendre le temps de préparer tout ça. On venait de passer commande, il ne nous restait plus qu’à attendre que tout soit prêt pour y aller. Moi de mon côté, j’évitais que les autres clients du restaurant ne me frôle à leur passage. J’en profitais pour parler avec Nawaki. Je me demandais, depuis combien de temps il n’avait pas mangé. « Hier soir je crois. » Je le regardais avec un air assez surpris. Pourtant, bizarrement, ça ne m’étonnait pas tant que ça. Mais ce n’était pas franchement sérieux. Même s’il sautait un repas, il se devait de manger au moins, deux fois par jour… « Je ne mange pas quand je bosse, je suis trop concentré sur mon boulot. » J’arquais un sourcil, plus inquiète qu’autre chose. Ce n’était pas très sérieux de sa part que de faire ça quand même. Je n’étais ni sa mère, ni sa sœur, je n’avais pas réellement le droit de le sermonner pour ça… Mais quand même. « Tu t’inquiètes pour moi ? Je me rattrape après le travail, tu sais, le poulet tout ça. » J’hochais la tête mais plus par habitude qu’autre chose. « Un peu oui. Déjeune au moins le matin, avant de partir… » Quelque chose de consistant. Des œufs, du riz, une bonne soupe… ça ne prenait pas beaucoup de temps à faire non plus. Surtout qu’en général il reste du riz de la veille dans le cuiseur à riz… « Tu me trouves trop mince ? » Surprise d’une telle question, je me grattais la joue en le regardant vite fait. Je ne m’étais jamais posée la question, et le regarder comme ça en détail, me mettait mal à l’aise. C’est la nourriture qui arriva, qui me sauva la vie. Sortant de restaurant, l’air légèrement frais de dehors me fit du bien. « Bon alors, on file au parc. » Je le regardais, renifler le sac. Il avait l’air d’avoir les crocs. Normal, il n’a pas mangé depuis un jour…Marchant en silence, le parc n’était pas bien loin. En moins de dix minutes on se trouvait dedans. Il y avait pas mal de gosse qui s’amusaient dedans, mais y’avait quand même des coins assez tranquilles et paisible. Passant un petit ponton rouge, pour surpasser le lac, je pointais du doigt un endroit près de l’eau, caché plus ou moins par les arbres. Arrivant là-bas, j’ouvris mon sac pour en sortir une nappe. L’étalant sur le sol, j’enlevais mes chaussures pour m’asseoir dessus. « Il est sympa ce parc. Je ne le connaissais pas. » Dis-je en vidant le sac, pour poser minutieusement la nourriture sur la nappe. Je guettais la moindre bestiole. Interdiction d’avoir des fourmis dessus. Attrapant une paire de baguette, je les séparais en deux avant de me mettre à manger des sushis.

TENUE † Je n’étais pas vraiment raisonnable sur certaines choses, mais j’en avais au moins conscience, le fait que je mangeai quand j’avais faim n’était pas conseillé, mais cela n’allait pas changer aussi facilement. Je n’avais plus personne pour veiller sur moi ou pour faire attention à ce que je prenne soin de ma santé. Quand je vivais avec ma famille, j’avais du monde autour, j’avais ma copine aussi, désormais je suis coincé dans cette vie qui parfois est vraiment difficile à gérer. Être Nawaki signifiait aussi que j’étais comme « orphelin » obligé de soudainement devenir plus indépendant que jamais et forcément les habitudes changent, évoluent, je veux que les journées passent, passent très vite et qu’on me rende ma liberté. Déjeuner le matin ? Je souris en la regardant. « Si tu prépares le petit déj je pourrais surement y penser. » Sinon faut pas m’en vouloir, je ne suis pas vraiment de ceux qui prennent le temps de se poser en se levant, plutôt hâtif d’aller bosser. Le repas prêt je récupère les sacs, les reniflant avec envie, avant de se mettre en route vers le parc, on marche à l’intérieur jusqu’à trouver un endroit qui nous convient, tranquille et plutôt isolé, c’est bien pour manger. Je regarde Lunan sortir une... nappe ? Je ris simplement. « Tu as pensé à tout. » M’installant dessus, je sors les plats, attrapant ma paire de baguettes pour la séparer en deux et piocher dans mon poulet au caramel, c’est délicieux. Je n’attends pas de finir pour prendre aussi un sushi et manger en alternative. Mon estomac grogné tellement il est content, mais j’avoue que ça fait du bien, le gout est super bon et puis manger en plein air avec un décor agréable ça fait plaisir. « Je suis sûr qu’il y a beaucoup d'endroits que tu ne connais pas. » La taquinais-je en faisant allusion au fait qu’elle ne sorte pas beaucoup. « C’est vrai que c’est sympa et la nourriture est bonne, non ? » Je demande son avis vu que je l’ai guidé jusqu’à ce restaurant.

TENUE † « Si tu prépares le petit déj je pourrais surement y penser.  » Je le regardais un peu surprise de sa réponse. Mais pour autant, ça ne me dérangeait pas de lui préparer sn petit-déjeuner, si c’est ce qu’il souhaitait. Je n’étais pas bien difficile et puis, me lever plus tôt n’était pas un souci non plus. Je n’étais pas réellement une grande dormeuse. Il me suffisait juste, d’avoir de quoi faire et hop, je pourrais cuisiner pour lui. Un petit sourire s’immisça sur mes lèvres. « D’accord. Tu l’as dit, hum. Ne reviens pas sur tes paroles si je te demande de manger avant de partir. » Je le regardais d’un air, un petit peu suspect. Je ne le connaissais pas très bien, mais bizarrement, sur certains points, j’avais l’impression de le connaître comme si on se côtoyait depuis toujours. C’est un peu bizarre comme sensation non ? C’est sûrement le fait de vivre ensemble ? Je n’en sais trop rien. En attendant on arrivait enfin dans le parc. Il était vraiment sympa et très naturel surtout. Le lac tout autour était juste, fabuleux. Ça donnait presque envie de s’y baigner dedans, mais c’était interdit et puis je n’avais pas très envie de mettre mon corps dans cette eau. Même si l’envie y était, instinctivement je pensais à toutes les bactéries qu’il y avait dedans… Berk. « Tu as pensé à tout. » Je passais rapidement une main dans mes cheveux. C’est vrai, mais c’est surtout pour éviter de toucher l’herbe de plein fouet avec mon corps… Rapidement, on commença à manger. C’était délicieux. Vraiment. Et j’étais contente d’être là. Je ne connaissais pas ce parc. Et avec les cerisiers en fleurs, c’était juste, magnifique… « Je suis sûr qu’il y a beaucoup d'endroits que tu ne connais pas. C’est vrai que c’est sympa et la nourriture est bonne, non ? » Je le regardais rapidement avant d’attraper une serviette pour venir essuyer le coin de ses lèvres et un peu son menton. De la sauce y était déposée. Je commençais à avoir l’habitude de le voir manger comme un petit cochon. « C’est vrai… Il faudrait qu’on fasse ça plus souvent avec les beaux jours qui arrivent. » Je posais la serviette sur la nappe, avant de manger un autre sushi. « Ça aurait été bien d’avoir un appart au rez-de-chaussée pour avoir un jardin. J’aime bien les jardins. » Mais bon on était en hauteur, alors avoir un jardin… C’était impossible. On n’avait même pas de balcon… « Je vais me mettre à travailler. Comme ça avec deux salaires… On pourrait peut-être changer d’appartement ? » C’était une proposition comme une autre. Celui actuellement me plaisait, mais je le trouvais petit pour nous deux.

TENUE † J’avais proposé instinctivement qu’elle me fasse le petit déjeuné, normalement mes parents, surtout ma mère me le faisait ou alors c’était ma sœur ou ma copine, dans tous les cas j’avais tout le temps quelqu’un pour penser à mon estomac avant moi et à ma santé aussi. Je pouvais être indépendant sur bien des choses, mais sur certain point je restais encore un enfant immature, je ne faisais pas attention à ses choses comme les repas, préférant manger quand j’avais faim et cela ça pouvait être à n’importe quelle heure, comme je le fais actuellement. « Tant que tu ne me le prépare pas 5 minutes avant que je parte. » Je souris, il fallait tout de même que j’aie le temps de manger, sinon ça n’avait aucun sens soyons honnête. Arrivé au parc et après avoir trouvé un endroit où se poser, je la vois sortir une nappe et l’installer au sol, franchement je mentirais si je disais que cela ne m’a pas surpris, elle m’a proposé de manger dehors une fois que je l’ai invité, donc elle se balade avec une nappe sur elle tout le temps ? Rien qu’à cette pensée je n’ai pas pu m’empêcher de rire. M’installant avec elle dessus, je n’ai pas vraiment de souci avec le fait de m’asseoir dans l’herbe, mais vu qu’elle a préparé ce tissu pour se protéger autant en profiter. « Il y a beaucoup à faire durant l'été. » J’avais l’habitude de sortir tout le temps avec ma petite amie ou ma famille, nous étions proches et même si pour moi c’est encore le cas, à leurs yeux je ne suis plus présent et ça me rend triste et nostalgique un peu. Est-ce qu’ils vont continuer à faire tout ce que nous faisions ensemble ? Est-ce que je leur manque, j’avais des tas de questions alors que j’espérais qu’ils aillent bien et pouvoir leurs dires « je suis là, je suis vivant » sans le pouvoir. « Je crois qu’on n'a pas vraiment eu notre mot à dire là-dessus. » Cet appartement on nous l’a donné pour se cacher, faut pas s’attendre au meilleur confort, puis j’espérais toujours que ce soit rapidement arrangé et partir d’ici pour rentrer chez moi. « J’espère surtout que l’affaire sera vite réglée... » Dis-je en reprenant un sushi. « J’aimerais rentrer chez moi. Après je ne sais pas si déménager est possible, nous sommes tout de même surveillé et protégé, donc c’est à ceux qui se chargent de tout ça qu’il faut demander. » On n'a rien à payer, je n’achèterais pas un appartement ou ne payerai aucun loyer alors que je suis obligé de vivre cacher et sous une fausse identité. « Tu peux toujours voir avec le flic qu’il nous trouve un autre logement. » Je ne pense pas qu’il refusera si on fait pression. « Mais que tu travailles est une bonne idée je trouve. » Pour elle surtout.

TENUE † «Tant que tu ne me le prépares pas 5 minutes avant que je parte. » Je secouais négativement la tête. Je n’étais pas suicidaire pour faire un repas en cinq minutes. Ou le faire manger si peu de temps avant qu’il ne parte. « T’inquiète. Puis quand tu auras goûté à mes petits déjeuners, tu ne partiras plus, sans manger. » C’était prétentieux de ma part de dire ça. Je n’avais jamais réellement cuisiné pour quelqu’un… Je ne savais pas trop si ça valait le coup, si c’était bon… Je veux dire… Moi je suis habituée à ma cuisine, donc je ne sais pas vraiment si c’est bon, mauvais, passable ? Je n’en sais rien. En tout cas, j’étais bien contente d’être ici, c’était agréable et puis, ça me sortait. C’est différent de quand je reste constamment à l’appartement. Lui n’avait pas l’air d’avoir de problème pour sortir, moi c’était plus délicat. Ça l’avait toujours été, mais avant j’avais quand même des amis… Pas beaucoup, mais j’en avais. Je crois. « Il y a beaucoup à faire durant l'été. » « Comme quoi ? » J’étais curieuse de voir ce qu’il faisait l’été lui. Il devait sûrement sortir, aller à la plage, dans les fêtes foraines et j’en passe. Moi, tout ça, je ne le faisais pas. Je restais souvent chez moi, à regarder la télévision… Et parfois je mange même un bout de pastèque… Mais bien vite je rêvais d’un jardin. J’aimais les jardins. C’est cool les jardins, on peut faire plein de choses dans un jardin à soit… « Je crois qu’on n'a pas vraiment eu notre mot à dire là-dessus. » Bien vite, il me ramena à la réalité des choses. On n’avait pas notre mot à dire. Je l’écoutais parler, et plus je l’écoutais, plus j’avais envie de soupirer. Mais je ne le fis pas. On n’était pas libre de faire quoi que ce soit. Demander à ce flic qui nous surveille ? D’ailleurs, est-ce qu’il m’avait suivi ? Je n’avais même pas fait attention à ça. Il n’en reste pas moins, que mon envie de jardin s’était évaporé en quelques secondes. Je fis un simple sourire à Nawaki sur le fait que travailler était une bonne idée de ma part. Grignotant simplement, je m’essuyais les doigts avant de racler ma gorge. « Ta copine te manque ? » Sa famille et ses amis aussi, mais je me doutais que ça devait être le plus dur pour lui. Moi je n’avais personne donc bon… Personne ne me manquait. Et je crois bien que c’est le pire… « J’irai négocier avec le flic un de ces jours… Je me maquillerai pour qu’il craque et dise oui. » je rigolais. Mais bon. On n’allait pas rester dans ce trou à rat pendant cent ans non plus.

TENUE † J’étais prêt à faire un effort et même me lever avant pour prendre le petit déjeuner s’il fallait, je ne le prendrais pas si on ne m’y pousse pas, je suis un peu comme un gosse de ce côté-là. J’ai beau savoir m’occuper de moi ou être un bon bosseur, je ne pense pas à prendre soin de mon alimentation, tout comme je dors quand j’ai sommeil et parfois ça peut me faire faire une nuit blanche avant de travailler, mais je suis comme ça. « J’ai hâte de voir ça. » Elle semblait avoir confiance en son talent culinaire donc j’étais curieux de voir ce qu’elle pouvait bien me préparer. Pour les sorties durant l’été j’avais l’habitude de participer à des tas d’évènements, mais aussi de faire de longues promenades en familles, ma petite amie, on partait souvent sur la route pour aller à la plage ou passer un weekend quelque part ici et là. Manger sur les terrasses des restaurants, bref, j’adore l’été pour tout ce qui nous est permis durant cette saison, c’est les vacances. Je souris simplement à sa question, je pourrais toujours lui montrer si jamais on en a l’occasion. Puis elle me parle de jardin, de déménagement et je pense pas qu’on a notre mot à dire dessus, nous ne sommes pas libres après tout. Je ne cherche pas à casser ses espoirs, je suis sûr que si on demande on aura une chance, mais pour ma part j’ai pas envie de m’éterniser ici, je veux juste rentrer chez moi. « Bien sûr. Ma copine, ma famille et mon identité. » Je commence à avoir l’habitude d’être Nawaki et par moments se suis effrayant, comme si j’oubliais que sous ce pseudo, je suis Itoya. Je ne veux pas perdre ça de vue. « Ne soit pas trop aguicheuse, il pourrait sentir venir l’arnaque. » Je la taquine, mais d’un autre côté je ne pense pas qu’elle ait besoin d’en faire trop, juste de demander... On est déjà limité et on nous prive de nos vies, des êtres qu’on aime, ils peuvent bien faire des concessions pour nous, puis nous sommes censés déménager plusieurs fois pour ne pas rester au même endroit, j’espère juste qu’ils ne vont pas nous donner de nouvelles identités.

TENUE † « Bien sûr. Ma copine, ma famille et mon identité. » Au moins, lui, il avait quelque chose à quoi se raccrocher. Moi, je n’avais rien. Rien ni personne. N’était-ce pas plus dur de mon côté ? Je l’enviais un peu quand j’y réfléchis. Il avait quelque chose qui lui rappelait son ancienne vie. Moi ? Je n’avais rien. Une maison ? Un travail ? Ce sont des choses futiles. On peut très bien en changer durant la même vie. Mais la famille… C’est différent. Moi je n’en avais plus et bizarrement, bien que je sois habituée, ma mère venait à me manquer. « Dis-toi que tu as quelque chose à te raccrocher. Moi ce n’est pas mon cas. » Ce n’était pas un reproche. Bien au contraire. Mais l’espoir ça nous faisait tenir. L’espoir de revoir ses proches. Moi je n’avais aucun espoir auquel me raccrocher. Continuant de parler, j’en viens à lui parler de mes envies de jardins, de maison plus grande, parce que mine de rien, j’aime bien avoir mon espace. Et une seule chambre, ce n’était pas assez. Bon, l’entente entre nous était plutôt bonne, je ne pouvais pas le cacher. Y a pire dans la vie, on aurait pu ne pas s’entendre du tout… « Ne soit pas trop aguicheuse, il pourrait sentir venir l’arnaque. » Je toussais un peu avant de m’étirer. « Oh, ça ne risque pas, je suis bien trop timide pour faire quoi que ce soit. » Autant être honnête. « Puis il me fait un peu peur ce flic. Je n’aime pas quand il nous espionne, enfin, c’est son job, mais j’ai l’impression d’avoir à faire à un stalker, c’est trop bizarre. » Je bus une gorgée de mon thé avant de le reposer délicatement, pour ne pas le faire tomber. « Tu ne penses pas comme moi ? » J’étais curieuse. Mais je n’ai pas l’habitude d’être surveillée, c’est clair et net.

TENUE † Étais-ce vraiment plus difficile de ne rien avoir ? C’est vrai que j’avais plusieurs choses auxquelles me rattacher, mais si je ne retrouve pas mon identité, si cette affaire s’éternise, ne serais-je pas celui qui en souffrira le plus ? Mes parents, frère et sœur, ma copine, tous me croient morts... S’ils refont leurs vies, si ma petite amie trouve quelqu’un pour la consoler pendant mon absence, si un de mes parents ne supporte pas ma disparition, si ma fratrie chute par ma faute ? J’avais des tonnes de doutes, de craintes. C’était loin d’être facile, j’espérais juste que le temps s’arrête pour eux et que notre vie actuelle s’achève pour reprendre son cours normal, j’attendais, je priais que tout cela soit un mauvais rêve et que la réalité nous rattrape enfin pour ne plus me cacher, ne plus jouer ce rôle qui me collé de plus en plus à la peau. « C’est pire quand tu as beaucoup à perdre tu sais. » Heureusement j’étais quelqu’un qui positivais, je voyais le bon côté des choses et ne me laissez pas submerger par la situation désavantageuse dans laquelle je me trouve. L’espoir, c’était tout ce à quoi on pouvait se raccrocher. Timide ? Je la regarde et aborde un léger sourire. « Je préfère ça qu’une fille dévergondée. » ça aurait été l’horreur de vivre avec une nana sans tenue ou sans foi ni loi. « C’est son boulot, il est là pour nous protéger. » On ne peut pas lui en vouloir, après de mon côté c’était assez radical. « J’oublie simplement qu’il est là, faut pas voir ça comme de l’espionnage, après tu as essayé de discuter avec lui ? » C’est un homme comme moi, comme n’importe lequel d’entre nous, il doit aussi trouver sa tâche ennuyante, mais c’est pour notre sécurité. « Ce que je trouve bizarre c’est tout ce qui arrive, je n'ai pas envie d’oublier qui j’étais avant cette histoire. » Même un film à une fin, j’aimerais que ce scénario de folie dans lequel on a été emporté se termine bientôt aussi, malheureusement ce n’est pas un film, ni un roman policier, mais la réalité.

TENUE † « C’est pire quand tu as beaucoup à perdre tu sais. » Je ne sais pas trop, au moins il a quelque chose à quoi s’accrocher. Moi, je n’avais rien, j’avais bien peur de finir par totalement oublier mon ancien moi… C’était délicat quand même. Mais je pouvais comprendre aussi le fait qu’il souffre. Il avait perdu bien plus que moi au final… Moi, je n’avais rien perdu à ses yeux, si ce n’est mon job et mon nom. « Je préfère ça qu’une fille dévergondée. » je ne pus m’empêcher de sourire quand il dit ça. Faut dire que c’était agréable, d’entendre un « compliment » à mon égard. Même si on ne pouvait pas réellement ça un compliment… C’était une phrase totalement anodine, mais quand même agréable à entendre. « C’est son boulot, il est là pour nous protéger. J’oublie simplement qu’il est là, faut pas voir ça comme de l’espionnage, après tu as essayé de discuter avec lui ? » Je secouais la tête. Je n’étais pas très à l’aise avec lui. En même temps, c’était bizarre. Je voulais bien qu’on soit en couverture tout ça, mais de là, à devoir carrément vivre avec des agents… C’était un peu blasant à mes yeux et tiré par les cheveux… Je suis sûre qu’on ne sera pas retrouvé… Je l’espère en tout cas. « Ce que je trouve bizarre c’est tout ce qui arrive, je n'ai pas envie d’oublier qui j’étais avant cette histoire. » Je tournais le regard vers lui. Je comprenais parfaitement. Ce serait bien qu’on retourne à nos anciennes vies, quitte à changer de ville… Moi je m’en foutais d’où je vivais. Tant que j’étais moi. Et pas une autre personne. Rapidement je posais une main sur son dos, pour le tapoter, dans un geste de réconfort. De toute façon, tout ce qu’on pouvait faire entre nous, c’était de se supporter et de se soutenir. Il n’y avait pas d’autre choix. Il fallait que l’on comme l’autre on fasse des efforts… Ce soir était un bon début. Il fallait qu’on apprenne à se connaitre. Et je suis sûre qu’il y aura d’autres moments comme ça.