TENUE ••• On pouvait enfin dire que tout reprenait sa place, à l’agence le groupe populaire des Colorful étaient à nouveau remis sur les pieds malgré le départ d’un des membres. Certains pensaient que c’était sans appel, que ça ne marcherait pas, sauf que j’y ai cru dès le début. En tant que manager c’est mon boulot de croire en eux et je savais que Shinome Kun ferait tout son possible pour s’intégrer et que les anciens lui laisseraient une chance, pour réussir c’était la seule option. Une émission était en train d’être mise en place pour eux, tous ensemble bien entendu, l’apparition du nouveau rappeur avait sollicité la curiosité et avait eu son petit effet sur la toile et sur le public. Je n’avais pas une seconde à moi, fallait que je trouve comment faire la place dans le planning de chacun pour y inclure le show, je portais les cartons en aidant au mieux pour que ça aille plus vite dans les préparations, je courrais à droite et à gauche, je grimpais dans les bureaux des dirigeants puis repartais voir le staff, c’est à peine si j’avais ne serait-ce qu’une seconde pour souffler et respirer. Je faisais abstraction de la fatigue, oubliant par mégarde que je devrais ralentir un peu. J’étais tellement excité qu’il était difficile de ne pas s’enthousiasmer devant tous ses projets qui se mettaient en place, j’avais hâte d’en parler avec les garçons, de faire une réunion et de savoir ce qu’il projette, comment ils vivent ce nouveau départ à cinq sans Natsu, désormais c’était à eux de montrer qu’ils sont encore là, qu’ils faut les compter sur le devant de la scène et qu’ils sont loin d’avoir perdu quoi que ce soit de leurs notoriétés et de leurs talents. Finalement c’était la fin de journée et les studios commencés à se vider, rapidement le calme prit la place de l’agitation et c’est en laissant évacuer toutes ces fortes émotions que je sens une pointe dans ma colonne vertébrale jusqu'à mes reins, cette douleur me mit à terre rapidement, allongeant mes jambes, je soupire en cognant lentement ma tête contre le mur sur lequel je m’étais laissé glisser au sol. Je réalise qu’à cet instant que j’en ai trop fait et que mon corps n’a pas apprécié cette ferveur... Je maudis ces instants où je me retrouve paralysé, me rappelant que malgré mon âge et ma fougue je ne peux pas laisser cette énergie exploser sans risque. Le couloir est vide, heureusement car je ne voudrais pas expliquer ce qui m’arrive, sauf que je suis incapable de bouger... Je tape sur mes genoux essayant de les stimuler, mais je ne ressens rien. Je ne peux pas marcher, je ne peux même pas soulever ma jambe, mon corps a dit stop. Je suis comme une marionnette contrôlée par lui, c’est frustrant, ça n’était pas arrivé depuis un moment et la dernière fois je suis resté dans une chaise durant trois jours avant de retrouver ma mobilité. Je ne peux pas attendre si longtemps, faut que je trouve le moyen de résister à cette paralysie partielle, mais à la moindre tentative je souffre instantanément. J’ai mis du temps avant de décider de faire appel à l’aide, mais je ne vois personne d’autre... Attrapant mon téléphone je compose le numéro d'Asher, il est un peu tard en début de soirée, mais j’espère qu’il sera disponible pour venir sinon je vais passer la nuit ici... Ça ne répond pas et je finis par envoyer un SMS en espérant qu’il le voit, en attendant je suis réellement agacé par cette situation, il est rare que je démoralise, mais quand je suis cloué au sol, seul, ça me fait remonter le temps, à l’époque où je vivais ainsi chaque jour, sans la possibilité de bouger par moi-même. Je regrette un peu de mettre laisser emporter et de n’avoir pas écouté mon corps plus tôt.

TENUE ••• Les journées de boulot sont sûrement les meilleures, c'est surtout les seuls moments de ma vie où je ne fais pas rien et où je peux voir du monde. Professeurs, personnels ou étudiants. Y a toujours quelqu'un dans cette école pour croiser ma route et avec qui discuter le temps d'une croisade dans un couloir ou à l'extérieur. Je me sens de bonne humeur quand je viens à l'université, même si c'est dans la peau d'un professeur et non plus comme un élève. Parfois ça me manque, l'époque où nous étions insouciant, à râler pour nos examens de fin de trimestre, sans se douter que le monde du travail serait pire encore. Les débuts, du moins. Apprendre à se faire une place dans un nouveau lieu, à ce que les gens retiennent ton nom et te respectent. C'est encore plus stressant que squatter un banc dans une salle de classe. Même l'armée était sympathique à côté de mes premiers mois à l'hôpital, en même temps, ça me semblait moins compliqué d'assister à des entraînements de militaire plutôt qu'à des interventions chirurgicales. La peur d'échouer est constante dans ce métier, faut pas prendre la grosse tête et croire qu'on est capable de tout, surtout de l'impossible. Je n'ai jamais tué un patient, et pourtant j'avais toujours cette crainte de rater quelque chose. Sauf qu'au final, c'est moi qui me suis raté. Mon oeil malvoyant me démange de temps à autre, quand je replonge dans mes souvenirs et me remémore des passages inconfortables. Puis je reviens à la réalité et réalise que j'ai un cours à donner ou à préparer. Sans ce travail, je serais sûrement en dépression. Vivre dans le passé est la pire chose qui puisse nous arriver, tel des sables mouvants qui nous engloutissent et nous font suffoquer. Je n'ai pas voulu me laisser couler et mourir étouffer, après tout ce que j'ai fait pour garder la tête hors de l'eau. La journée passe rapidement, il n'y a rien de plus simple qu'apprendre des nouvelles choses à mes étudiants ou à revenir sur nos cours précédents pour qu'ils assimilent correctement. J'aime bien rester après les cours pour aider les plus démunis, ceux qui ne pigent pas toujours tout à notre programme. Et quand je termine enfin, c'est pour croiser des collègues qui s'en vont boire un verre et m'invite. J'accepte, n'ayant rien de mieux à faire pour ce début de soirée. Juste un verre et je rentre. L'ambiance du bar est plutôt calme, la musique n'est pas forte et je peux suivre le sujet de conversation. Mon portable est sur silencieux, pour ne pas déranger et c'est une erreur. Malheureusement, je ne le comprend qu'en quittant la table pour filer aux toilettes, remarquant l'appel manqué de mon demi-frère et son message. Il est bloqué à son agence ?! Sans plus attendre, j'appuie sur le logo du téléphone et laisse le bip résonner dans l'appareil avant d'entendre sa voix. « Tenma ? Tu vas bien ? J'arrive. » Me contentais-je d'ajouter, avant de raccrocher pour aller récupérer ma voiture sur le parking de l'école, là où je l'ai laissé pour suivre les autres professeurs. L'agence n'est pas à côté, mais ça ne demande pas des heures avec une porsche.

TENUE ••• J’ai l’impression que le temps est au ralenti, espérant que quelqu’un vienne et me sorte de là. Mon demi-frère est surement occupé, il ne m’a pas répondu et mon SMS a fait chou blanc aussi, je ne peux pas toujours m’appuyer sur lui, seulement je ne me vois pas appeler ma mère et en dehors de ces personnes je n’ai pas vraiment grand monde au courant de mon passé ou à qui demander de l’aide... C’est frustrant, cette solitude me père à cet instant et ce n’est pas faute d’avoir essayé de bouger à nouveau, de me hisser sur mes jambes pour me redresser et gagner quelques pas, mais je finissais à terre, incapable de me porter. La douleur ou ce blocage que j’ai l’impression de m’être imposé moi-même me rend fou. Il n’y a personne, les couloirs à cet endroit sont vides, mais je suis rassuré de ne pas me retrouver ainsi devant les membres du groupe ou les personnes fréquentant l’agence, je n’aime vraiment pas les regards de pitié ou d’incompréhension. Seul, je regarde mon poignet, soulevant le protège qui cache mes marques, je me perds un peu dans mes pensées, je me sens mal, intérieurement je me sens inutile, cet état d’esprit revient aux galops comme si tout mes efforts n’avait rien donné. J’ai beau surmonter les épreuves et vivre comme je l’entends, dès que je suis coulé au sol je ne peux pas m’empêcher de m’énerver contre cette situation ou de me sentir déprimer, cognant ma tête contre le mur en soupirant, c’est à ce moment-là que mon téléphone sonne, comme pour annoncer une délivrance, une lueur d’espoir, quelque chose à quoi me raccrocher. « Ash ! » Je suis content qu’il me rappelle, on peut sentir à ma voix le soulagement qui s'en évade, étant vraiment content de l'entendre, mais il ne me laisse pas répondre qu’il a raccroché. Il arrive ? C’est tout ce qui m’importe, même si je me sens comme un boulet qu’il est forcé de trainer. Regardant mon téléphone, je fixe l’écran et compte les minutes qui défilent, n’ayant rien d’autre à faire, j’entends finalement des pas qui viennent par ici, apercevant la silhouette de mon frère, un sourire sincère prends place sur ce visage qui quelques minutes plus tôt sembler si morose. Je tente de me lever, mais rien à faire, je me mets à rire en levant les yeux vers lui. « Désolé, je te dérange si tard, tu devais être occupé » Je suis vraiment désolé. « Je ne peux pas me lever... » Mon rire devient un peu nerveux. « J’ai un peu trop forcé, je suis un idiot. » J’ai conscience des risques, mais je me suis laissé prendre par l’excitation et l’enthousiasme de la situation, voilà le résultat.

TENUE ••• La soirée entre collègues avait bien débuté. Rien de fou, surtout des discussions sur les élèves ou les cours, sur l'école, ce genre de truc banal et barbant. J'aime cette ambiance, c'est agréable de parler du boulot sans se prendre la tête. Puis avec quelques verres et des cacahuètes, le sujet change pour aborder nos propres études, notre adolescente, nos amours du temps d'avant. Bref, c'est amusant et je ris avec eux, malgré cette douleur qui me pique au niveau du coeur quand on parle d'amour. Je n'oublie pas cette fille, ni sa fin tragique. Limitant ma consommation d'alcool pour rentrer en toute sûreté, je n'ai pas entendu mon portable avant d'y jeter un coup d'oeil, durant une pause. Un appel manqué de mon frère et je ne tarde pas à le rappeler aussitôt son message lu. ça me fait flipper en sachant que son père l'a battu en étant plus jeune et qu'il en garde des séquelles. Il est à l'agence, seul ... Il ne m'en faut pas plus pour quitter le bar en m'excusant au près des autres professeurs de Royal. Ils sont compréhensifs quand je dis avoir une urgence. Je ne peux pas téléphoner en conduisant, du coup je raccroche après un simple avertissement. J'arrive. Tant pis si je respecte pas la limitation de vitesse sur la route ou si je grille un feu ou deux. Je n'ai pas le temps de m'en inquiéter, mon demi-frère occupant toutes mes craintes. Même quand je me pointe devant le bâtiment de son boulot, je me gare de travers et ne ferme pas à clé. N'importe qui pourrait me voler ma voiture -enfin dure sans les clés-, mais je n'ai pas non plus peur pour cela. Je grimpe les marches deux à deux, demandant après le peu de personne que je croise où je pourrais le trouver. Il n'y a pas trente six milles endroit quand même ? Heureusement, je tombe rapidement sur lui. Mon coeur s'est emballé durant toute la course, mais en le voyant ainsi par terre, il se serre. « Pas du tout. » Et quand bien même c'était le cas, ce n'est pas grave. Il ne peut pas se lever, j'ai remarqué. Il force, mais rien à faire. M'approchant davantage de lui, je m'accroupis, mon visage à hauteur du sien. « Je vais t'aider, passe moi ton bras. » Je le préviens surtout, pour que je puisse attraper son bras et le passer par dessus mes épaules, mon bras dans son dos et ma main le tenant au niveau du flanc. « Je vais te porter, ça sera plus simple. » Et quand je dis ça, je faufile mon autre bras sous la pliure de son genou pour le soulever.

TENUE ••• Je n’ai jamais aimé dépendre des autres, lorsque j’étais une victime je n’étais pas capable de me défendre, mon père était bien plus fort et je n’arrivais pas à lui tenir tête, pareil pour ceux de l’école, je n’étais qu’un souffre-douleur où que j’aille et ça a terminé par un voyage a l’hôpital. Si jeune on m’avait cloué au lit, sur une chaise et j’ai dû dépendre de ma mère, des infirmières, des docteurs. J’ai su me relever malgré les paroles décourageantes qu’on avait pu me souffler, mais malheureusement je ne serais jamais totalement guéri. Ma vie est ainsi, dès que je force je me retrouve à terre, bloqué, seul, incapable de me redresser et ça me fait retomber dans cet enfer que j’ai connu adolescent. Je n’ai personne, la seule image qui me vient en tête est celle d'Asher, c’est mon demi-frère désormais, mais ai-je le droit d’abuser ainsi ? De lui prendre son temps pour m’aider ? Je me sens coupable. Plus le temps passe et moins mon moral tient la route, jusqu’à ce qu’il m’appelle et me dise qu’il arrive. C’est comme un souffle nouveau, je suis tellement désolé et à la fois tellement reconnaissant. Attendre sans pouvoir bouger ça paraît une éternité, depuis des heures je suis cloué là et je maudis mes jambes en silence, mon dos et ses séquelles, pourquoi dois-je souffrir encore même après avoir réussi à m’en sortir ? Finalement ce n’est qu’en voyant Ash que je peux me sentir soulager, m’excusant bien sur avant de lui expliquer la situation, même si ça doit sembler évident, je ne peux simplement pas me lever. Je le laisse me manipuler pour m’aider à me redresser, mais je n’ai aucune force dans les jambes, je suis comme un poids lourd. Mon bras autour de lui je tente vraiment de l’aider, imaginant à quel point ça doit être embarrassant, mais il me surprend en me portant, me tenant à lui grâce à mon bras autour de son cou. « M-merci. » Je me sens mal pour lui, je ne veux pas être un boulet, mais je n’ai pas le choix à cet instant, à part m’appuyer sur lui et compter sur Asher, je ne peux rien faire... Même avec toute la volonté du monde mon corps ne m’écoute pas, il est parfois comme un étranger que j’essaie de comprendre, mais sans succès. Je me sens tellement bête, pourquoi ai-je autant forcé ? Peut-être que je croyais pouvoir résister à cette blessure, la contourner et finalement je me suis juste fait piéger comme un bleu. C’est frustrant. Me raccrochant un peu plus à Ash en l’enlaçant de mes deux bras et mettant ma tête sur son épaule, je suis content qu’il soit là.

TENUE ••• C'est justement parce qu'il est mon frère désormais que je me dépêche d'intervenir dès que j'ai son message. J'ai déjà dit à Tenma qu'il pouvait compter sur moi, à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit, même si je suis déjà occupé ou loin de lui. Il ne m'a pas fallut longtemps pour parcourir la distance entre mon quartier et le sien, même à l'autre bout du Japon, je pourrais le rejoindre en quelques minutes à peine. Son agence n'est pas aussi inaccessible qu'on pourrait le croire, je parviens à m'infiltrer dedans sans problème et à le chercher un peu partout. Quel idiot, j'aurai dû lui demander exactement où il se trouvait, plutôt que tourner en rond dans les étages. Je pourrais le rappeler, mais je suis déjà dans mon élan. Après un laps de temps indéterminé, je parviens enfin à lui mettre la main dessus et à m'assurer qu'il aille bien. à part ses jambes qui refusent de bouger, évidement. C'est le plus gros soucis de mon demi-frère, je le réalise qu'une fois sous mes yeux. Il m'en a déjà parlé auparavant, mais les paroles ne valent pas les actes. Sachant qu'il ne pourrait se relever par lui-même, je me dois de l'aider et de le porter. Il peut penser que c'est un fardeau, que ça me gêne ou quoi, mais c'est faux. Je suis médecin. Ou du moins, je l'ai été durant une partie de ma vie. J'ai appris comment soulever une personne, comment la porter pour ne pas aggraver la douleur. Bref, ce n'est pas un soucis pour moi. Et puis, Tenma n'est vraiment pas lourd. Au contraire, il est plus léger que je ne l'aurai pensé. « C'est normal. » Fis-je avec un sourire sincère. Je ne comptais pas le laisser là par terre. Quand il m'enlace de ses deux bras, quelque chose dans ma poitrine cogne brusquement, sans prévenir. Je ne m'attendais pas à le voir aussi vulnérable, ni le sentir se raccrocher à moi comme si sa vie en dépendait. C'est une sensation étrange ... De sentir cet organe battre à nouveau. « Je ne vais pas te lâcher. » Je plaisante un peu, ayant déjà un bras dans son dos et un autre sous ses jambes. Il ne risque pas de chuter ainsi, même quand je me dirige vers l'un des ascenseurs. Autant ne pas tenter le diable et éviter les marches, là je ne pourrais promettre d'arriver en bas en un seul morceau. « Tu me raconteras ce qu'il s'est passé quand nous serons au calme, hm ? Dans ma voiture par exemple. » D'ici peu, en gros. ça lui laisse le temps de rassembler ses idées et de m'expliquer le problème. Je ne demande pas un disserte, juste de comprendre comment il en est arrivé là.

TENUE ••• Je ne suis pas habitué à compter sur les autres, en même temps j’ai passé mon enfance à vivre des coups, du harcèlement des autres en ne pouvant clairement faire confiance à personne. J’ai toujours pensé que la seule qui pouvait m’aider et croire en moi c’était ma mère, au début je lui en voulais pour ne pas avoir vu ma souffrance, mais après je me suis appuyé sur son soutient et j’ai finalement eu quelqu’un avec moi pour surmonter les épreuves. Quand elle s’est marié je me disais que cette fois les choses seraient différentes, je connaissais Asher, certes c’était une période où nous étions en conflits ou incompris, mais en apprenant davantage de choses sur lui, en l’écoutant, en l’acceptant comme un frère je me suis mis à croire en lui, à le voir comme un soutien, un pilier et même à cet instant... C’est lui que j’appelle, c’est à lui que je confis cette faiblesse et à qui je me montre vulnérable, Ash est la personne sur qui je m’appuie et je ne peux plus faire marche arrière, je ne veux pas le faire. Tout comme je m’accroche à lui, mes bras autour de son cou, je me sens presque gêné à ses mots, comme s’il disait que je me m’accrochais trop ou un truc du genre. Pourtant ça ne me fait pas desserrer mon étreinte. « Je suis juste un idiot. » Ai-je dis dans l’ascenseur, jusqu’à ce qu’il me ramène à sa voiture pour m’y installer, regardant mes jambes, mon dos appuyé bien contre le siège, c’est au début de mes reins jusqu’au bas de mes jambes que je ne sens plus rien... Je sais qu'Ash veut plus d’informations, je le vois à son regard quand il s’est posé à la place à côté de la mienne. « Je me suis emporté, je pensais que si je forçais un peu cela n’allait rien faire, je n’ai pas écouté mon corps, j’étais euphorique à l’idée que le groupe remonte enfin sur scène... Puis quand l’adrénaline est retombée, que j’ai fini de travailler, je me suis senti tombé, je ne sens plus rien. » Soupirant en frappant sur mes cuisses. « Absolument rien. » Comme des années en arrière quand j’étais cloué à cette chaise. Je ne voulais pas me montrer aussi faible, mais ça me frustre tellement. Inspirant et expirant lentement, je mets la ceinture et ouvre la fenêtre avant de sourire comme j’en ai l’habitude. « Je vais bien, je sais que c’est temporaire. » Avec du repos ça va revenir, mais j’aurais encore droit à la rééducation aussi.

TENUE ••• Tenma peut compter sur moi, je serais toujours là pour lui. C'est une évidence. Il est mon demi-frère, mais aussi mon ami. Nous ne sommes pas lié par le sang, mais je n'ai pas besoin d'un quelconque lien particulier pour l'apprécier et vouloir l'aider. Quand il va mal, je rapplique. Il m'a fallut un peu de temps pour faire le trajet et le trouver, mais une fois face à lui, je fais tout pour lui venir en secours. Quitte à le soulever et le porter jusqu'à ma voiture, dans son agence, devant les gens. Je m'en fiche des regards, des questions, je suis venu pour Tenma. Accroché à mon cou, je le sens vulnérable à un point que je n'ai jamais vu chez lui. J'aimerai le serrer contre moi en retour, mais je ne peux pas dans cette position. Si je le lâche, il va tomber à coup sûr. Il peut se tenir, ça ne me dérange pas. J'ai bien compris qu'il ne le faisait pas pour s'empêcher de m'échapper des bras, mais plus soutien. Un idiot ? « Ta situation ou ton acharnement ne font pas de toi un idiot. » Lui confiais-je, regardant les numéros défiler sur le cadran de l'ascenseur. Il n'est pas idiot, juste trop déterminé. Ce n'est pas de sa faute si son corps n'a pas suivi son rythme, sa cadence. S'il s'en veut pour ça, alors oui il est idiot. Ouvrant la voiture, j'ouvre la portière et la pousse avec le pied, l'installant sur le siège. Refermant à sa suite, je vais m'installer derrière le volant et l'observe en silence. Je veux des réponses. Donc, il a fait une grosse montée d'adrénaline qui l'a épuisé au point que son corps se paralyse à moitié. « ça va revenir, mais tu dois rester tranquille un petit moment. » Il doit se donner du temps, surtout à son corps qui subit son métier, son humeur, ses courses. Ma ceinture bouclée, je démarre le moteur mais ne roule pas de suite. « Tu n'as pas à t'en vouloir pour ça ou te sentir idiot. Ce sont des choses qui arrivent, parfois à notre insu. » Je préfère le rassurer que le gronder, surtout qu'au final je n'ai aucune raison de le disputer. Il n'est pas fautif, je veux qu'il le sache et le comprenne bien. Passant ma première, je tourne mon volant et m'engage dans la rue, pour m'éloigner de l'agence et prendre la route jusqu'à son appartement. Vaut mieux le ramener chez lui, il sera à l'aise. « Comment ça se passe avec le groupe ? Ils s'en sortent bien tous les cinq, avec le nouveau membre ? » Je m'intéresse davantage aux Colorful Diamonds depuis que je sais qu'il est leur manager. Ainsi, je peux discuter plus longuement avec Tenma, sans être trop dans l'ignorance.

TENUE ••• Je ne suis pas du genre à baisser les bras, je sais parfaitement que cette chose me poursuivra toute ma vie, si je force trop mon corps me lâchera, mais que puis-je faire ? Ce métier, cette passion, cet enthousiasme pour ce que je fais, c’est moi. Je me donne vraiment dans ce rôle de manager et ma bêtise ne pénalise pas seulement moi, mais tous ceux qui avaient besoin de mon aide, je ne serais pas capable d’être avec eux les prochains jours et je me sens coupable, je me hais pour ça, pour ce défaut. installé dans la voiture d'Asher, j’habite à côté, mais même ça je ne pouvais pas le faire, rentrer chez moi... Quelle honte. Je souffle et hoche la tête en regardant mes jambes. « Je sais... » Que je ne pourrais pas marcher durant des jours, comment je vais gérer seul ? Devrais-je prévenir ma mère ? Je ne sais pas ce que je suis censé faire. « Des choses qui arrivent ? J’aimerais justement que cela ne soit pas le cas, je savais... Je suis conscient de ce problème avec lequel je vis et j’ai tenté le diable, je suis totalement fautif. » Pour ne pas avoir écouté mon corps, pour m’être cru invincible le temps d’une journée. J’ouvre la fenêtre pour prendre l’air, j’ai besoin de ça à cet instant, être resté assis par terre durant tout ce temps m’a un peu abimé le moral bien que je ne souhaite pas montrer à mon frère ce côté-là de moi, celui qui peut déprimer, être pessimiste et mangé par la peur et la solitude. Comme lorsque je suis plongé dans l’obscurité. Le groupe ? Je pose mon regard sur lui en abordant un sourire, je suis fier d’eux, ils ont mon âge, certain plus jeune ou plus vieux, mais en tant que manager ils font ma fierté et m’ont sauvé sans même le savoir quand j’ai commencé à m’occuper d’eux, ce boulot m’a ouvert une porte que je ne veux pas claquer, jamais. « Ils s’accrochent, ils vont monter sur scène tous les cinq dans une émission, je suis content qu’il reprenne du service en groupe. Izuku c’est intégré, je pense qu’avec le temps tout finit par s’arranger. » Je devrais prendre mes propres mots pour moi ce soir.

TENUE ••• Tenma n'a pas à s'en vouloir, ce n'est pas de sa faute si il est paralysé. à la base, c'est parce que son père l'a battu. Ce qu'il a fait aujourd'hui aurait pu être évité, mais dans le feu de l'action, il n'a pas réalisé où se trouvait ses limites. Il ne devrait pas s'en vouloir, ce sont des choses qui arrivent et que l'on ne peut prévoir à l'avance. Sauf que mon demi-frère est têtu et s'accuse lui-même de son propre état. « Personne n'aime ça. Tu ne pouvais pas savoir que ton corps allait te lâcher si tôt. Ne t'en veux pas. » Tentais-je de le raisonner, pour qu'il cesse de se rejeter toute la faute dessus. Il y a un peu de lui, et un peu de tout le reste. Tenma ouvre la fenêtre, laissant l'air s'engouffrer dans la voiture. Il n'a pas besoin de cacher son humeur ou de mentir, je vois bien que ça ne va pas. Qui irait bien après ça, hein ? Tenma est vulnérable et sûrement sensible sur ce sujet. Je soupire doucement, me concentrant sur la route. Nous ne sommes pas loin, mais quand même. Les trajets les plus court sont souvent les plus dangereux. Changeons de sujet, je demande pour le groupe qu'il s'occupe. C'est pour eux qu'il vient de se mettre dans cet état, ça doit être pour une bonne chose. J'espère. Sinon ça ne valait pas le coup. Comme je le pensais, les nouvelles sont excellentes. Ils remontent sur scène, malgré le changement de membre. « Tu le dis toi-même, tout finit par s'arranger. Je suis content pour eux, c'est une bonne nouvelle. » J'ai le sourire, ça me fait plaisir d'entendre une telle chose. La roue est relancée. « Tu devrais les laisser gérer un peu seul, pour les émissions. Repose-toi. » Sinon il n'ira pas mieux et son cas s'aggravera. Je suis sûr qu'il ne veut pas d'un tel fardeau. « Je suis là si tu as besoin, n'hésite pas à m'appeler comme tu l'as fait tout à l'heure. Je viendrais aussi vite que possible. » Précisons bien « dans la mesure du possible » parce que si c'est en plein milieu d'un cours, ça risque d'être compliqué de tout lâcher.

TENUE ••• Asher tente de me remonter le moral ou en tout cas de me faire réaliser que je ne suis pas fautif, sauf que oui, je suis têtu et dans ma vision des choses je suis celui à blâmer. Cela a toujours été ainsi, les victimes prennent l’habitude de se voir coupable, à une époque je pensais même que je méritais d’être frappé ou de me couper le bras, quand j’ai tenté de me suicider c’était ma propre faiblesse que je voulais fuir. Je manque de force, je suis faible et aujourd’hui encore je le prouve en me mettant dans cet état bêtement. Bien sûr que je ne vais pas bien, j’ai ouvert la fenêtre pour prendre l’air, mais je ne peux pas cacher à mon frère mon état d’âme à cent pourcents, j’ignore pourquoi face à lui j’arrive à me montrer vulnérable alors que je ne voulais plus jamais avoir à le faire après m’être remis debout, je pensais en avoir fini et être assez malin pour ne pas dépasser mes limites, mais je me suis trompé. Parler du groupe me fait du bien, je suis content qu’ils remontent sur scène et fière d’eux. Asher semble l’être aussi et ça me fait sourire. Me reposer ? Je déteste ça... « ce n'est pas vraiment ce que je préfère. » Même si j’ai conscience que je n’ai pas le choix. Nous sommes bientôt arrivé chez moi, mais malgré ses paroles j’ai un autre souci que je vais devoir régler. Je n’ai pas la place dans mon appartement pour rouler en fauteuil, je ne peux pas marcher, comment vais-je faire seul ? Je ne peux pas demander à Asher de rester avec moi et de s’occuper de moi, c’est trop embarrassant. Finalement la voiture s’arrête et bien que je peux encore défaire ma ceinture, je ne peux rien faire de plus et même là, je me sens coupable, totalement dépendant de mon ainé... C’est gênant, mais je n’ai pas le choix, sinon c’est face contre le béton que je vais me retrouver et ce serait encore plus idiot. « Je devrais aller à l’hôpital... » Demain, pour une visite. Je déteste ça, mais je n’ai pas le choix, puis il me faut un arrêt de travail jusqu’à ce que je puisse tenir à nouveau sur mes jambes.

TENUE ••• Mon optimiste peut être à tout épreuve, dans la mesure du possible où ça ne me concerne pas directement. Parce qu'il m'en a fallut du temps avant de remonter la pente suite à la mort tragique de la fille qui avait capturé mon coeur, lors de ce séjour dans l'armée. C'est une triste épreuve que j'ai dû affronter seul, tout comme Tenma avec sa paralysie. Je me souviens que je ne pouvais pas me confier à mon père parce que c'était trop récent et au final, la première personne à l'avoir su était mon demi-frère. Je ne blâme pas Tenma pour sa façon de penser, à une époque, je pensais aussi que le décès de cette jeune fille était dû à ma négligence, au fait que je l'ai laissé filer plutôt que de la retenir. Bref, c'est une étape du deuil, du traumatisme. Tenma ne devrait pas se jeter la pierre dessus, sinon je serais aussi coupable pour ma perte de vue dû à l'explosion et aux éclats. Malheureusement l'humain est formaté ainsi, il s'en veut lui-même quand ça le touche personnellement. Je ne vais pas forcer mon demi-frère à relativiser, même si je n'aime pas sa façon de penser aussi négative. Finalement, je change de sujet et aborde celui des Colorful. ça me permet de ne pas revenir de suite sur son état et de prendre des nouvelles du groupe. ça ne dure pas éternellement, à mon grand damne. « Je m'en doute, mais sans ça tu ne pourras pas bien t'occuper de tes protégés. » Faut qu'il soit en pleine forme et pour l'être, faut qu'il se repose le temps qu'il faudra. « Je pourrais te tenir compagnie après les cours. » Lançais-je, gaiement. ça ne me dérange pas, au contraire. J'aime bien passer du temps avec mon demi-frère, ça nous rapproche davantage. Garant la voiture devant son bâtiment, je défais ma ceinture après avoir coupé le moteur et retiré les clés. Ouvrant ma portière, je passe du côté de Tenma dans l'intention de le sortir à son tour et de le porter, sauf que je présente mon dos pour qu'il grimpe dessus. « Je t'emmènerai. » Je ne lui laisse pas beaucoup de choix en vérité, c'est ça ou il ne pourra pas y aller. Une fois qu'il a passé ses bras autour de mon cou, je me redresse en faisant bien attention, mes mains sous ses cuisses pour le maintenir correctement. Je ferme ma portière du pied et la voiture avec la clé à distance. Quant à la porte d'entrée... « Tape ton code. » Fis-je, m'approchant du boîtier pour qu'il puisse entrer le code et pouvoir monter chez lui. Je suis ses jambes, il sera mes mains.

TENUE ••• Je ne suis pas du tout pessimiste en temps normal, même là je tente vraiment de ne pas me laisser emporter par la situation qui me dérange vraiment, sauf que parfois on ne peut pas être fort à tous les coups et avec Asher j’arrive un peu plus à montrer mes faiblesses et donc à lui dire ce que je ressens en partie à cet instant précis. Arrivé devant chez moi, je ne peux rien faire de plus que retirer ma ceinture et attendre, c’est ça d’être dépendant des autres et c’est ça aussi qui m’embête, je n’aime pas ça, devoir être un poids ou impliquer mon demi-frère dans mes problèmes. Seulement je n’ai pas le choix et je l’ai bien compris. Lorsqu’il me présente son dos, je passe mes mains autour de son cou et bascule pour qu’il puisse mieux attraper mes jambes, je ne ressens rien, je n’ai aucune mobilité et c’est horrible de revivre ça, même si je prends vraiment sur moi, souriant a sa proposition de m’emmener à l’hôpital, c’est sûr que ce sera plus pratique pour moi, mais là encore je deviens encombrant. « Désolé. » Il a surement mieux à faire que de s’occuper de moi, pourtant je suis content qu’il propose son aide ainsi et sa présence. J’en ai plus besoin qu’on ne le crois. Relâchant une main je tape le code de la porte et laisse Ash mer amener à mon appart, ceux qui nous voient ainsi vont croire des choses ou me prendre pour un enfant, mais tant pis. Je sors les clefs de ma poche pour pouvoir ouvrir, mais la serrure est trop basse, donc je tente de me pencher un peu plus pour l’atteindre, dur effort, mais j’ai réussi ! « Tu peux me poser sur le lit. » Dis-je simplement, je vais essayer de gérer comme je peux. ça risque d’être compliqué entre le repas, les boissons, la douche, les toilettes, je commence à soupirer rien que d’y penser, comment je vais faire ? Encore une infirmière ? ça me déprime cette situation.

TENUE ••• Tenma peut se confier à moi, je ne le disputerai pas, au contraire je ne ferais que le soutenir. Je ne peux pas le guérir de sa paralysie, même si j'ai fait des études de médecines. Le ramenant jusqu'à chez lui, je gare la voiture au plus proche pour me permettre de le sortir et de le porter jusqu'au bâtiment. Dépendre de quelqu'un ne doit pas être facile, c'est compréhensible qu'il se sente gêné ou dérangé, mais je suis son frère maintenant. Il peut compter sur moi, même si cela veut dire m'appeler à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit. Sortant de la voiture, je viens me présenter dos à lui pour qu'il puisse monter dessus, le tenant par les plis de ses genoux, au niveau des cuisses. ça ne me dérange pas de le porter, ni de le soulever jusqu'à son appartement. Tenma s'en fait trop, il n'est pas encombrant pour moi. Je pourrais faire le tour du quartier comme ça ! Quand il parle d'hôpital, je propose de suite mon aide. Pas besoin qu'il téléphone à une ambulance ou qui sais-je encore. Je suis là, autant qu'il profite que je puisse me libérer. Mes élèves ne seront pas déçu d'une après-midi ou d'une matinée libre. Je verrais selon l'heure où il veut se déplacer. En attendant, je lui demande de taper son code, puis j'ouvre la porte avec le pied. Celle-ci se refermer derrière moi, il me reste qu'à prendre l'ascenseur jusqu'à son étage, le laissant déverrouiller sa porte avec ses clés. Je fléchis un peu les jambes pour qu'il ne s'embête pas trop avec la serrure, et une fois ouverte, je la pousse et entre. à ses paroles, je m'en vais le déposer sur son lit, puis je m'étire. « Je vais rester avec toi ce soir. » Ce n'est pas une question, je m'impose à lui. Il ne va pas pouvoir se débrouiller seul, j'imagine déjà le désastre avec la préparation du repas. « Je vais pouvoir te faire goûter à mon cake. » Plaisantais-je, voulant le mettre à l'aise avec cette situation. « Et ne pense pas que tu me déranges, tu es mon frère et je serais toujours là pour t'aider. Un jour, tu me rendras la pareille. » Sait-on jamais ce qu'il peut se passer, mais je suis sûr qu'il sera là pour moi, comme je le suis aujourd'hui.

TENUE ••• Garder le sourire lorsque les épreuves sont dures c’est ce que j’ai appris à faire, mais je suis un humain et des fois je n’arrive pas forcément à positiver simplement, je déprime un peu, mais je me contente d’être fort, encore et encore. Je suis dégouté de devoir me mettre en pause justement à ce moment important pour le groupe, je voulais les soutenir jusqu’à la fin, jusqu’à ce qu’ils sortent de scène fière d’eux et heureux, mais avec ce handicap je me retrouve simplement hors-jeu et je ne peux même pas dire les raisons, arrêt maladie ? Cool, mais est-ce professionnel ? Je me sens coupable vis-à-vis de ceux qui croit en moi et coupable d’être aussi idiot pour n’avoir pas délimité les risques et été plus prudent. Chez moi je demande à mon frère de me poser sur le lit, ce qu’il fait pendant que je pense à tout ce que je vais devoir faire avec ma mobilité nulle a chié. Rester ici ? Je lève le regard vers Asher, il a lu dans mes pensées ou c’est simplement logique pour lui ? Je ne sais pas quoi dire, à la fois soulagé et déçu d’être ainsi un poids pour l’obligé à prendre soin de moi. Il parle de cake et je souris, hochant la tête comme pour dire que j’ai hâte d’y gouter, mais cela n’enlève pas ma culpabilité. Encore une fois il répond à mes doutes et je souffle en tenant les draps du lit entre mes doigts, me retenant d’exploser face à cette situation, je ne peux pas bouger et c’est... frustrant, seul quelqu’un qui a déjà vécu ça peut comprendre à quel point c’est énervant, effrayant. Je ne peux rien faire, je suis juste cloué là, même si je veux aller quelque part, je n’ai aucun moyen de me déplacer... « Tu as déjà joué les infirmiers ? » C’était un docteur non ? Prendre soin des patients c’est celui d’une infirmière ou d’une aide-soignante. « Et demain, après-demain ? Je devrais me débrouiller dans tous les cas, tu ne devrais pas me ménager ainsi. » En me disant qu’il reste je vais m’appuyer sur lui, est-ce une bonne chose ? « Tu es mon frère justement, je n’ai pas envie que tu me vois aussi faible, je n'ai aucune envie que tu m’aides à me doucher, aller aux toilettes, me changer, c’est trop embarrassant. » J'ai vécu ça pendant longtemps a l’hôpital, c'est pire encore quand on connait la personne.

TENUE ••• C'est justement pour ses petits protégés qu'il en a fait autant et qu'il est bloqué dans cette position fâcheuse. Tenma se le reproche, et je tente de le rassurer au maximum. Malgré sa situation, il peut toujours suivre l'avancer des Colorful. ça ne l'empêche pas de les encourager ou de les regarder, le temps qu'il se rétablisse et puisse revenir sur le devant de la scène, derrière eux. Déposant mon frère sur son lit, je l'écoute parler de son « programme » et m'impose subitement à lui. Je peux l'aide et je veux l'aider. C'est mon frère, une personne importante pour moi. Si je ne peux être là pour lui, alors à quoi pourrais-je servir ? C'est logique pour moi, même si je voudrais lire dans sa tête et tout savoir. Rester ne me dérange pas, je ne suis pas enchaîné pour autant. Tenma devrait souffler et se laisser le temps de guérir, plutôt que se prendre la tête. Je peux comprendre ce que cela fait d'être immobilisé et de ne pouvoir aider, j'ai ressenti cette culpabilité et cette profonde tristesse, ce dégoût de tout, quand j'ai subi l'explosion qui a tué la jeune fille pour qui mon coeur battait. C'est frustrant, comme l'impression de tomber dans un puits sans fond. « Non, et ? » je ne vois pas où il veut en venir avec sa question. « Tu veux vraiment te débrouiller seul et prendre le risque de te compliquer la vie, alors que je pourrais juste venir ici. » Il n'y a aucun mal pour moi de venir chez lui, plutôt qu'aller chez moi. « Alors considère moi autrement que ton frère. » Si c'est ce qui le dérange, il peut me coller n'importe quelle étiquette sur la face pour oublier notre lien et me faire davantage confiance, quitte à me donner des tâches ingrates. Je ne suis pas du genre à fuir devant une situation compliqué, et je le fais parce que j'en ai envie. « Je ne te force à rien, Tenma. Si tu ne veux pas de mon aide, je ne vais pas insister. » C'est à lui de décider, mais je lui offre une proposition en or, qu'il ne devrait pas refuser.

TENUE ••• Il a surement raison, je devrais simplement m’appuyer sur lui et arrêter de fuir sous prétexte que je sois un poids pour lui, je ne devrais pas penser ainsi, je sais que si les rôles étaient inversés j’aurais fait la même chose, j’aurais voulu l’aider et rester avec lui, je ne l’aurais pas fait à contre cœur ou en me sentant obligé d’agir ainsi, après tout nous ne sommes demi-frères que par alliance. « Non, tu as raison. » Je souris discrètement. « Je déteste simplement être dans cette situation, ça me rappelle des souvenirs amers. » Autant ne pas lui mentir, il doit s’en douter, j’ai vécu ça durant plus longtemps quand j’étais jeune, j’aurais aimé laisser tout ça derrière moi et ne plus avoir à ressentir cette frustration de ne pas être capable de se mettre debout et de se débrouiller seul. « Comment devrais-je te considérer ? » Je lui demande sérieusement en le regardant en quête d’une réponse de sa part, au final peu importe le titre que je lui donne, Asher reste Asher. Je me sens déjà honteux de lui demander de m’aider pour toutes ses tâches que je suis incapable de faire seul, prendre une douche par exemple, j’en aurais bien besoin et pourtant, comment ne pas me sentir embarrasser ? C’est gênant d’autoriser une personne à entrer dans sa bulle personnelle. « Je serais un idiot de refuser ton aide non ? » Je souris à nouveau. « Mais je risque d’abuser un peu ? Tu promets que ça ne te dérange pas ? » Je veux être sûr qu’il ne m’en voudra pas pour tout ce que je pourrais lui demander, je ne le fais pas par guetter de cœur, je suis simplement incapable de le faire seul. « Je me rattraperais quand j’aurais retrouvé ma mobilité. » Je plaisante, mais d’un autre côté c’est surement plus simple d’en rire et de ne pas se laisser écraser par la situation difficile, j’ai la chance d’avoir quelqu’un à mes côtés, je ne suis pas si malchanceux.

TENUE ••• Faut toujours penser en sens inverse, si les rôles étaient échangé et que Tenma se retrouvait à ma place. Que ferait-il si j'étais blessé et incapable de me débrouiller ? Quelque chose me dit qu'il ferait tout pour m'aider, que ça me dérange ou non. Il ne m'écouterait sûrement pas râler ou le dissuader, ne pensant qu'à mon bien. C'est exactement ce que je fais avec lui, je ne l'écoute pas et m'impose à lui. « Quels souvenirs ? » Sûrement ceux liés à son père, mais je préfère l'entendre venant de lui, plutôt que de l'imaginer ou me faire ma propre idée. à moins qu'il ne désire rien dire et je n'inciterais pas non plus. Il me connait, je ne fais jamais rien pour blesser ou déranger mon prochain. Suite à ses réflexions, je lui propose de me voir autrement que son frère ou demi-frère. « Je ne sais pas, à toi de me le dire. » Je n'impose rien, s'il veut me voir comme un simple ami pour mieux l'encaisser, c'est d'accord. Peu importe si je suis son frère, son ami, ou autre chose, je reste le même. Nous pouvons trouver des solutions à chaque problème, que ce soit la douche, la cuisine, le ménage, etc. « Exactement. Qui t'aiderait si ce n'est pas moi ? » Voit-il quelqu'un d'autre dans les parages pour le soulever ? « Je te promets que ça ne me dérange pas et que je le fais de bon coeur. » Il doit placer toute sa confiance en moi, sinon je ne pourrais pas lui prêter main forte. Se rattraper ? Je souris, venant le décoiffer doucement. « Quand l'occasion se présentera, tu pourras te rattraper. » Je ne me souhaite aucun malheur, mais qui sait si quelque chose devait m'arriver et qu'il soit là pour me secourir. « Dis-toi que des gens n'ont personne pour eux, moi je suis là pour toi. » Que ce soit aujourd'hui, demain ou dans plusieurs années. Je ne lâcherai jamais mon frère, que nous soyons lié par le sang ou par alliance. ça m'importe peu de savoir d'où ce lien nous vient, ce qui compte, c'est ce que nous ressentons l'un envers l'autre.

TENUE ••• Quels souvenirs ? Il me le demande vraiment . C’est un peu difficile de me replonger dedans, mais en parler aussi. J’ai déjà expliqué les grandes lignes à Asher, il est au courant pour mon père et ce que j’ai vécu par le passé, bien entendu il ignore pas mal de chose aussi, mes marques aux poignets témoignant de ma tentative de suicide et toutes ces années à souffrir pour être un souffre-douleur, mon handicap et ce que j’ai dû surmonter. Aujourd’hui je souris tout le temps, je croque la vie à pleine dent, je ne laisse rien paraître de mon passé et de mes années de déprime parce que j’ai repris le dessus, je suis plus fort et je ne veux pas revenir en arrière alors que j’ai pu en sortir vivant et pas trop mal finalement. Si on oublie les séquelles qui me tombent dessus aujourd’hui m’enlevant ma capacité à marcher, je n’ai pas à me plaindre de ce que je suis devenu et de la manière dont j’ai pu utiliser mes faiblesses pour en faire une force. « C’est du passé. » Je ne veux pas en parler et me replonger dedans. Pour ce qui est de ce qu’il est, je souris en ajoutant simplement. « Tu es Asher, c’est suffisant. » Ami ou frère, peu importe. Je n’ai pas besoin de le voir comme quelqu’un d’autre que ce qu’il est. J’accepte son aide, j’en ai besoin et je le sais, même si c’est embarrassant. Comme il le dit si bien, qui pourrait m’aider si ce n’est lui, je ne vois personne d’autre et je ne veux personne d’autre. Ash est celui qui malgré le peu de temps passé ensemble si on compte sur la durée de notre vie, en qui j’ai le plus confiance et qui au fond me connaît le mieux après ma mère, c’est important pour moi d’avoir quelqu’un comme lui. « Merci. » De m’avoir promis ce que je lui ai demandé, je le crois et ça me soulage de l’entendre. Je jure de me rattraper un jour, même si ce n’est pas la même « aide », je serais là pour lui aussi. Je ris quand il me décoiffe, remettant mes cheveux en place. « Je sais, je suis chanceux. » D’avoir quelqu’un sur qui m’appuyer. « Même pour toi ça risque d’être fatiguant, je t’achèterais des vitamines si t’as besoin. » Autant en rire et plaisanter, je suis sûr qu’il préfère ça lui aussi. « Faudrait que je prenne la douche. » Pas forcément dans l’immédiat, je peux attendre, mais je le préviens déjà, je peux pas dormir sans m’être lavé et changé après la journée que j’ai passée.

TENUE ••• Je ne force pas Tenma à me parler de son passé ou de ce qu'il a vécu pour en arriver-là, paralysé et traumatisé. C'est vrai que j'aimerai qu'il se confit davantage à moi, n'avoir plus aucun secret entre frères, mais c'est sûrement très difficile pour lui d'en discuter dans l'immédiat. J'espère qu'il le fera un jour, que ce ne sera plus aussi dure de le dire, de le dévoiler. Je n'ai pas connu le Tenma du passé, mais je sais que celui du présent est fort, et que celui du futur le sera tout autant. Je compte bien rester au maximum à ses côtés pour le voir, mais aussi pour le soutenir et l'encourager. S'il croit en lui, rien n'est impossible. Il a réussi à remarcher, il peut tout faire à partir de là. Certes, c'est frustrant d'être ainsi alité, mais ce n'est qu'une question de temps avant que son corps ne récupère et que ses jambes fonctionnent à nouveau. Du passé, je m'en doute bien. Je hoche ma tête pour acquiescer, n'en demandant pas plus. Asher est Asher, c'est ce qu'il me dit. Qui est Asher ? Frère, ami, quelle importance tant que je suis là. Je lui souris, heureux de l'entendre. Si je suis vraiment Asher pour lui, il devrait compter plus sur moi. Je vais l'aider comme un frère, l'écouter comme un ami, le soutenir comme personne ne pourrait le faire. Je peux tout lui promettre, tout lui apporter si c'est ce qu'il souhaite. Tôt ou tard, il saura me rendre la pareille, mais pour le moment je ne pense pas à plus tard ou à ce qu'il pourrait faire pour moi, mais plutôt ce que je suis capable de faire pour lui maintenant. Je le décoiffe, amusé par ses réactions et ses paroles. « C'est gentil, je préfère manger des fruits pour me donner de l'énergie. » S'il veut jouer sur la plaisanterie, très bien. « Je vais t'aider. » Il n'a pas dit quand, mais je suis déjà prêt à le porter jusqu'à sa salle de bain. Je suis toujours au taquet, même dans un rôle d'infirmière. Face à lui, je me penche dans l'intention de le saisir et de le soulever, sans me douter qu'il n'est peut-être pas prêt ou qu'il ne l'envisageait pas de suite. Quand il dit ou demande un truc, pour moi c'est dans l'immédiat et rapidement. Déformation professionnelle, qui sait.

TENUE ••• Asher connaît les grandes lignes de mon passé, comme je connais les siennes, bien entendu d’un côté comme de l’autre nous avons des réticences et des choses difficiles à expliquer ou détailler, pour ma part j’ai énormément souffert de mon enfance, je me demande encore comment j’ai pu m’en sortir quand j’y repense, mais je l’ai faits. J’ai surmonté l’enfer pour atteindre la lumière et me redresser face à un avenir plus lumineux et joyeux. En attendant je n’ai pas besoin de me prendre autant la tête, j’ai quelqu’un prêt à m’aider et me soutenir, de quoi je me plains franchement ? Asher est à mes côtés et ne me laisse pas seul, je devrais juste être reconnaissant et accepter son aide, de toute façon je ne pourrais rien faire seul et je le sais parfaitement. Des fruits ? « C’est vrai que c’est meilleur et ça apporte autant de vitamines. » Je souris approuvant son choix, puis on peut en acheter partout. Je parle de la douche, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il agisse de suite, je ne l’arrête pas pour autant, juste que je pensais qu’il voulait faire autre chose avant. De toute manière plus vite ce sera fait et mieux ce sera. Je hoche la tête a ses mots, tendant mes bras vers lui avec mon esquisse sur le visage, bien que cela me gène un peu, je mets ça de côté pour l’instant. M’accrochant à lui quand il me porte, je le laisse me guider jusqu’à la salle de bain, ce n’est pas très grand, donc on est forcément proche l’un de l’autre entre ses murs, mais je ne peux tenir debout, mes jambes ont zéro force dans l’immédiat. Seulement je me sens embarrassé à l’idée que Asher m’aide à me déshabiller ou voit mon corps. Je ne peux pas lui dire que ce dernier est un complexe, j’ai beau prendre soin de moi, j’ai de nombreuses cicatrices qui me font me sentir sale. Bien sûr je suis tatoué sur le haut du torse, c’est ma folie dans ma période de « rébellion » après m’être juré de ne plus être une victime.  Je déteste quand on me touche aussi, mais parce que c’est Asher je peux le supporter, étrangement.  Il est le seul avec qui je n’impose pas de « limite » ou je ne panique pas et ne me sens pas a l’étroit. Pour l’instant je me contente de patienter en attendant de voir comment il va gérer ça.

TENUE ••• Nous avons déjà eu vaguement une discussion sur nos passés respectifs, que ce soit ses années avec son père ou les miennes à l'armée. Je sais plus ou moins par quoi il est passé, même si il n'est pas rentré dans les détails. Malheureusement, ce passé a laissé des séquelles et aujourd'hui Tenma en paye le prix. Il ne peut pas se débrouiller seul dans l'immédiat, paralysée à partir du bassin. Je suis là pour l'aider, il devrait être content parce que peu de gens voudrait s'encombrer d'un tel fardeau. Sauf que je ne suis pas les gens et que je ne considère pas mon frère comme un poids. Ce n'est pas de sa faute si il se retrouve dans cette situation, puis ça me fait plaisir de lui venir en aide comme je peux. Je ne suis pas infirmière, juste un ancien chirurgien et médecin, reconverti en professeur. « Raison de plus pour en manger un tas, mais faut faire attention au sucre. » Ce n'est pas toujours bon non plus, à cause de la dose de sucre dans certains fruits. Je ne suis pas nutritionniste, mais je l'a appris tout au long de ma scolarité. Quand Tenma parle de douche, je suis déjà prêt à le porter jusqu'à la salle de bain, me relevant du lit. Mon demi-frère ne proteste pas, tendant ses bras que je saisis pour le soulever jusqu'à sa salle de bain. La pièce n'est pas très grande, mais ça ne me dérange pas. J'ai vu pire par le passé, et la proximité avec mon cadet ne me gêne pas non plus. J'en ai vu passé des patients durant ma période de médecin, ce n'est pas un soucis. Il n'y a que Tenma qui ressent autant d'embarras à l'idée de se montrer. Il ne devrait pas s'en faire, des cicatrices j'en ai vu et j'en vois encore bien souvent. L'aidant à se défaire de ses vêtements, je remarque son tatouage qu'une fois son tee-shirt retiré. J'en ai plusieurs aussi, un peu partout sur le corps. « Qu'est-ce que ça signifie ? » Demandais-je, en désignant le dessin sur son torse. Deux fleurs et une phrase, dont je ne comprends le sens ou la traduction. Mon frère a encore des choses à me faire découvrir sur lui, sans pour autant mettre les pieds dans le plat. Chaque vêtement que je retire termine dans la corbeille, du haut, jusqu'au bas, ne laissant que son sous-vêtement comme dernier tissu. « Tu préfères un bain ou une douche ? » J'ai tout mon temps, s'il veut se prélasser dans l'eau, y a pas de soucis.

TENUE ••• Il y a des choses qu’on ne peut pas aborder aussi aisément qu’ont le voudrais, j’ai toujours pensé que ce que j’ai vécu était derrière moi, j’ai vécu comme si cela ne faisait rien, souriant tout le temps et agissant normalement, sauf qu’une part de moi sera toujours prisonnière de cette époque et de ce traumatisme. Je vis simplement avec. Je suis un homme, lui aussi, ce n’est pas tant le fait de me retrouver totalement nu devant lui qui m’embarrasse, même si je ne suis pas habitué à ça, je suis quelqu’un de pudique alors forcément, je ne peux pas être aussi à l’aise que lui... Au contraire, je suis gêné, mais je prends sur moi pour que ce ne soit pas un problème. Dans la salle de bain Asher m’aide à me dévêtir, je fais comme je peux pour faciliter la tâche à mon frère. Ce que ça signifie ? Je baisse la tête pour regarder le tatouage sur le haut de mon torse. « Personne ne peut être comme Dieu » cette phrase est le premier signe de ma rébellion, mais aussi une façon de me souvenir que personne n’a le droit de m’écraser comme mon père l’a fait, que je ne suis pas qu’un gamin maltraité et une victime. Le laissant m’aider à retirer le reste de mes vêtements, je me retrouve en sous-vêtements, gardant un de mes protèges poignets cachant ma cicatrice. « Laisse-moi dans le bain, je vais pouvoir me débrouiller. » Le haut de mon corps bouge encore, je peux me laver tout seul. « Tu n’as qu’à laisser la porte ouverte, je t’appellerais quand j’aurais terminé. » Je pourrais profiter de son aide, mais s’il y a des choses que je suis capable de faire, je veux les faire et ne pas seulement jouer la faciliter.

TENUE ••• Je n'aide pas mon frère pour l'embarrasser ou le déranger, mais parce qu'il en a besoin. Je ne suis pas infirmière non plus, mais mon métier se rapproche forcément des soins, du bien-être de la personne face à moi. Tenma n'est sûrement pas prêt à me parler de son passé, peut-être qu'il ne le sera jamais et qu'à mes yeux, Tenma sera toujours le même Tenma que j'ai connu, sans avoir d'angle différent à observer. ça me convient, je ne cherche pas à modifier notre relation, ni à la compliquer. Pour le moment, je l'aide à se dévêtir après l'avoir porté jusqu'à la salle de bain. Son tatouage attire mon attention, j'aime beaucoup ce genre de pratique pour en avoir tout autant sur le corps. Personne ne peut être comme Dieu. C'est cool, vraiment classe. « Je confirme. C'est la morale de chaque médecin, chaque chirurgien. » Dans mon domaine, les gens ont tendance à croire que nous pouvons sauver toutes les vies, mais ce n'est pas vrai. Nous ne sommes pas Dieu. Le sens pour Tenma est différent, je m'en doute. Une fois la majeur partie de ses vêtements retirés, je laisse mon cadet s'occuper du dernier. à ses paroles, je me contente d'hocher la tête et de l'aider à rentrer dans la baignoire. Il peut se débrouiller pour le reste, et puis je ne serais pas bien loin si il veut sortir de son bain. « D'accord. N'hésite pas si tu as besoin d'aide, je serais dans la cuisine. » L'informais-je, un léger sourire au bord des lèvres. Je peux comprendre qu'il ait besoin de son intimité, de se débrouiller seul sans l'aide d'une tierce personne, et je ne vais pas le forcer à compter entièrement sur moi. « Je vais préparer quelque chose à manger. » Je précise, lui faisant un signe de la main avant de disparaître et d'aller dans sa cuisine. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il n'a pas coûté à mon cake ! Et dans l'immédiat, je n'ai rien de mieux à faire que cuisiner un repas pour nous deux.

TENUE ••• Asher est la première personne devant qui je me « dévoile », faut avouer que je ne suis pas le genre de garçon à laisser entrer quiconque dans ma vie, je n’ai jamais eu de copine ou une quelconque personne à mes côtés, trop blessé par la vie pour aimer quelqu’un, mais la peur aussi d’être transparent aux yeux de quelqu’un, j’ignore si je serais vraiment capable de baisser chaque barrière me concernant. Asher est entré dans ma vie, devenu mon frère il est celui en qui j’ai le plus confiance et pourquoi, même avec lui je garde des réserves, je suis incapable de totalement me mettre à nu. Dans cette situation je suis forcé pourtant de le laisser m’aider car je suis dans l’incapacité de gérer la situation sans l’aide de quelqu’un. Lui traduisant le message de mon tatouage, je souris à ses paroles. « C’est vrai. » Même les docteurs ne sont pas Dieu et puis ils peuvent se tromper aussi ! Mon médecin m’avait annoncé que je ne remarcherais jamais et pourtant, je fus capable de me relever. Il ne faut pas prendre pour acquis les mots d’une tierce personne, ce qui compte c’est de se battre, de le vouloir, de ne pas abandonner. Pour la douche je pense pouvoir me débrouiller seul, lui demandant simplement de me mettre dans la baignoire, je pourrais m’occuper de me laver, ce qu’il fait assez simplement. « Merci. » Je souris en le laissant sortir, je me bats un peu pour retirer mon sous-vêtement, mais j’y arrive malgré tout, bien que cette action me soit déjà épuisée, soufflant, je fais couler l’eau, remplissant la baignoire avec de la mousse, je prends ainsi quelques minutes pour moi, me poser profiter de ce bain. J’en prends rarement, mais je suis incapable de me laver aussi vite qu’à l'accoutumée. Attrapant un gant, je me frotte le corps, puis m’occupe de mes cheveux, heureusement mes bras sont toujours opérationnels. Une fois terminé, je me rince et hésite un peu avant d’appeler mon frère... Tentant même de me relever seul, mais je glisse et me cogne violemment le menton sur le bord, aie aie.. Quel idiot. Je soupire en attendant que la douleur disparaisse. « Ash ? » Dis-je, peu convaincu, ma voix n’est pas forte et décidée, mais surement assez pour qu’il m’entende et vienne m’aider. J’ai beau avoir accepté son aide et sa présence, ça reste toujours un peu frustrant.