TENUE † La rentrée des classes étaient passée depuis un moment, et depuis ce jour-là, on peut dire que Eden se faisait rare. Il était maintenant à l’université alors… Il avait bien moins de temps à me consacrer. Plus le temps de venir m’apporter les gâteaux qu’on lui offrait, ou pour me parler tout simplement. Ça me manquait, autant qu’il me manquait… Et au vu de l’heure, je savais qu’il ne pouvait être qu’à un seul et unique endroit dans cette école. La bibliothèque. Il était tard. J’étais en train de fermer mon bureau, prête à partir chez moi, mais avant je faisais un détour. Je voulais voir s’il était bien à la bibliothèque. J’avais envie de le voir, de sentir son odeur, d’entendre sa voix, de le voir sourire. Bref, ça ne faisait qu’empirer. Je ne sais pas comment je tiens, mais j’y arrive. Bien qu’à chaque fois, j’ai qu’une envie c’est de l’embrasser. Un jour, ça finira par me rendre folle, si ce n’est pas déjà le cas en fait… Soupirant, je saluais les professeurs que je croisais avant d’emprunter les couloirs qui menaient là où je souhaitais aller. Finissant par arriver, je poussais la porte en saluant la bibliothécaire. Maintenant, il me fallait trouver Eden. S’il était là, bien sûr. La salle était pratiquement vide, vu l’heure… La nuit était déjà tombée et pas mal de monde préfère manger à cette heure-ci qu’étudier. Passant dans les allées tout en regardant les tables, je finis par tomber sur lui. Affalé sur la table, il dormait. Soupirant, je m’approchais sans un bruit. Ses yeux clos, sa respiration plutôt lente, il dormait profondément. Tirant sans un bruit la chaise à côté de lui, je m’asseyais, avant de l’observer. Ses yeux fermés, son nez, ses pommettes, ses lèvres… J’arrangeais un peu ses cheveux pour dégager son front, avant de poser ma tête sur la table à mon tour. Je pouvais sentir son souffle sur mon visage, tellement j’étais proche de lui. Je manquais de mot, pour dire à quel point, je le trouvais magnifique… touchant ses lèvres du bout de mes doigts, je me ravisais bien vite, avant de ranger mes mains. Il fallait que je me calme. Pour autant, je n’arrêtais pas de les fixer, oubliant même, qu’il pourrait se réveiller…

TENUE † Etre étudiant est différent qu’être lycéen. C’est drôle comment en une année tout pouvait changer. Bien que je n’étais pas un adulte à proprement parlé, on nous traitait déjà plus comme des enfants à protéger. Il n’y avait plus une classe avec des élèves mais une salle avec des étudiants. A l’université, on ne prêtait plus attention à moi. Je n’étais plus le président du conseil des lycéens mais qu’un simple étudiant. On n’avait plus de temps à me faire des chocolats… Enfin, c’était ce que je croyais car je continuais tout de même à en recevoir mais je n’avais tout simplement plus le temps d’aller les récupérer. Bien que les autres avaient du temps à perdre à faire du chocolat ou à m’écrire des poèmes, moi je n’avais plus de temps. J’ai réussi à entrer en médecine mais l’intensité des cours étaient différents que celui au lycée. J’avais pleins de choses à apprendre par cœur. Le nom des nerfs, des axones, leurs fonctions, emplacement… Comme il était impossible pour moi d’avoir du piston, je devais me faire remarquer par mes résultats. Je n’en suis qu’à ma première année mais je ne voulais pas me relâcher. Et en médecine, être intelligent ne faisait pas tout. C’est pourquoi, je passais plus de temps à la bibliothèque à travailler que dans ma chambre, ou à l’infirmerie. Ce n’est pas que j’ai oublié d’apporter les chocolats à Sensei, mais je voulais réellement me focaliser sur mes révisions. Ce soir, encore, j’étais à la bibliothèque, installé à ma table habituelle, dans le fond, cachée par les rayons. Travaillant sans relâche, je finis par m’accorder une petite pause. Aller 5 min. Je pousse légèrement mes affaires sur la table pour faire de la place. Je pose ma tête sur mon bras et ferme les yeux. Promis, au bout de cinq minutes, je me relève…
J’ouvre lentement mes paupières. Mon champ de vision ne se résumait qu’à Sensei. Elle n’était qu’à quelques centimètres de moi. On était proche. Ses yeux, son nez, ses lèvres, tout était tellement près de mon visage. Je la fixe sans bouger. J’ai l’impression d’avoir dormi plus de cinq minutes. Je souris, toujours la tête couchée sur mon bras. « Bonsoir Sensei… Qu’est ce que vous faites là ?  » Demandai-je doucement, comme si je murmurai un secret, ma voix étant encore enrouée par ma « petite sieste ». Ce n’était pas la raison de sa proximité qui m’interpellait en premier mais la raison de sa présence. Est-ce qu’elle était venue me chercher ? « Vous étiez en train de… m’observer dormir ?  » Mon ton était espiègle. Je me redresse, coude sur la table et tête posée dans le creux de la main.

TENUE † Eden dormait, il semblait même être loin. Il était mignon quand il dormait. Bon, je n’étais pas très objective, mais il était mignon tout le temps. Réveillé, en faisant la tête, en souriant… en étant concentré… Bref, Eden était parfait à mes yeux. II envahissait un peu trop mon esprit, et plus le temps passait et moins je faisais quelque chose pour empêcher cela… Je devais avoir des étoiles plein les yeux, parce que mon cœur s’emballait de plus en plus. Il était tellement beau… Je n’arrivais pas à détourner mon regard de son visage. Proche de lui, je pouvais sentir son souffle caresser ma peau. Mordillant un peu ma langue, je le vis ouvrir les yeux. Clignant des yeux, je me figeais légèrement, comme pris sur le fait. Le fait de quoi ? Que je l’observais ? J’en sais trop rien. « Bonsoir Sensei… Qu’est ce que vous faites là ? » je souriais doucement en haussant les épaules. Approchant ma main de son visage, je dégageais son front en tirant quelque peu ses cheveux en arrière. « Je cherchais un petit alien qui révise un peu trop, au point de s’endormir dans la bibliothèque. » Dis-je d’un ton totalement innocent. Je le regardais se redresser sur son coude, je fis de même sans pour autant le quitter du regard. « Vous étiez en train de… m’observer dormir ? » Mon nez se plissait. Je ne pouvais pas le cacher, il avait raison. « Oui, j’étais en train de me dire à quel point tu te surmènes pour t’endormir ici… » Je me redressais totalement pour m’enfoncer dans la chaise. « J’aurais dû prendre des photos tiens. »[/color] Je rigolais bien sûr. Mais pas tant que ça, ça m’aurait fait un souvenir. « Tu dois être exténué… Tu veux venir chez moi manger un bout ? Tu te nourris bien au moins ? Je te signale que depuis que tu es à la fac, je ne te vois plus… » ça pourrait presque sonner pour une copine triste de ne plus voir son copain, mais sa présence me manquait…

TENUE † En me réveillant, Sensei était la première personne que je voyais. Est-ce que j’ai dormi longtemps ? Certainement plus que dix minutes car je me sens tout engourdi. Nos regards se sont croisés, assez longtemps pour que je détourne doucement mon regard sur sa main. Elle vient dégager délicatement mes mèches de mon front. J’avais raison, elle était venue me chercher. Puis elle s’est mise à m’observer. Je ne sais pas comment interpréter son action. Mais je ne le ressentais pas d’une manière négative. « Ce n’est rien Sensei. Tous les étudiants en médecine sont comme ça. Vous l’étiez aussi non ?   » Ce n’est pas une matière facile. Il y avait beaucoup de par cœur. La seule solution est donc de réviser jusqu’à pas d’heure pour tout retenir. « Vous vous en faites trop.  » Je ris à sa plaisanterie. Ce qui est bien à cette heure là, c’est qu’il n’y avait personne à la bibliothèque, on ne risquait pas de déranger les autres avec notre conversation. « Vous ne ferez jamais ça. Ce serait trop mesquin.   » Je ne dois pas faire une belle tête quand je dors. Sensei commence à émettre un semblant de liste de « plaintes ». Ça me fait rire. « Je dois vraiment l’air d’être un enfant pour vous. Vous vous inquiétez beaucoup trop pour moi. » Je ferme mon livre et commence à ranger. « Mais maintenant que vous le dites, j’ai faim.  » Je me lève et pose mon livre en équilibre sur sa tête. Cette scène m’arrache un rire amusé. C’est mignon. « Ce n’est pas de ma faute, je suis très pris par mes études. Ce n’est pas contre vous. Mais je suis désolé si ça vous a blessé.  » Je range mes affaires dans mon sac à dos. Je commence à m’éloigner de la table puis m’arrête pour me retourner vers Sensei. « Vous me faites à manger alors ?  »

TENUE † « Ce n’est rien Sensei. Tous les étudiants en médecine sont comme ça. Vous l’étiez aussi non ? » Je me pinçais les lèvres à ce souvenir. A l’époque Hiro était toujours vivant… J’avais fait médecine pour tenter de sauver les gens porteur de sa maladie. Au final, je n’ai même pas réussi à finir la médecine. Même si aujourd’hui je suis infirmière, c’est tout à fait différent. « Hum. » Dis-je simplement. C’était un mauvais souvenir pour moi. « Vous vous en faites trop. » Non, je m’inquiétais, là était la différence. C’est normal, j’ai des sentiments pour lui. Alors bon, forcément, j’en venais à m’inquiéter sur tout et rien à son propos. Mais bon, ça il n’avait pas besoin de le savoir… En tout cas, j’aimais bien, comme à mon habitude, le taquiner, parce qu’il est mignon quand il réagit. « Vous ne ferez jamais ça. Ce serait trop mesquin. » Je me pinçais les lèvres en riant un peu. « C’est mal me connaître. » Bon, il avait parfaitement raison, mais quand même… Sur un grain de folie, j’étais capable de tout. Je l’écoutais me répondre et le fait qu’il dise que je le prenais pour un enfant me fit un pincement au cœur. Etait-ce ce qu’il voyait de son côté ? Ça craint. Pas que je veuille qu’il s’aperçoive que je l’aime, mais en fait, si, quand même un peu… J’ébouriffais ses cheveux en ruminant un peu alors qu’il semblait partant pour manger avec moi. « Vous me faites à manger alors ? » « Bien sûr. Que veux-tu manger ? Un curry ? Des nouilles ? Sans œufs, je peux les faire, tu veux de la viande ? Dis-moi, je le ferai. » Dis-je en poussant la porte pour sortir de la bibliothèque. Les dortoirs n’étaient pas bien loin, donc il avait le temps de réfléchir. « Tu me ramènes plus de cookie en ce moment. Les filles en médecines sont trop occupées à bûcher ? » Je le narguais, en lui donnant un petit coup d’épaule.

TENUE † Son expression a changé quand j’ai parlé de ses années de médecine. Je sais qu’elle a arrêté mais je n’en connais pas les raisons. Peut être que je n’aurai pas du lui en parler ? Je préfère ne pas le faire remarquer et passer à autre chose. D’un côté, j’ai envie de savoir. Mais je ne veux pas l’obliger à faire quoi que ce soit. En fait, je ne veux pas la blesser avec mes mots. Car Sensei, je l’aime bien. Elle est gentille avec moi. Certes elle n’est pas la seule à l’être mais elle est sincère. Un peu excentrique je le reconnais mais pas du tout méchante. Je ne comprends pas trop pourquoi j’ai l’impression d’être en tort alors que je n’ai rien fait de mal. J’étais juste occupé par mes études mais à l’entendre on aurait dit que je l’ai abandonnée. Je range mes affaires dans mon sac à dos. Je ne mets une lanière sur mon épaule. « J’ai envie de riz au curry. Avec du porc frit ! Vous savez faire ça ? » Je pousse la deuxième porte pour passer en même temps que Sensei. « Je passe inaperçu dans un amphi.   » Je m’arrête avant de reprendre. « Mais les cookies ne doivent pas venir des étudiants en médecine car j’en ai encore dans mon casier. Désolé, je vous ai dit que je vous rapporterai des cookies mais je n’ai pas eu le temps… D’ailleurs, ça doit être pour ça que vous avez maigri.   » Je récupère mon trousseau de clé dans ma poche. Je détache une clé puis la tends à Sensei. « C’est le double de la clé de mon casier. Si vous êtes en manque de cookie, vous pourrez vous servir là-bas.  » Mes intentions sont aussi simples que ça. Je souhaite lui faire plaisir en lui donnant ma clé.

TENUE † « J’ai envie de riz au curry. Avec du porc frit ! Vous savez faire ça ? » J’hochais la tête. Je savais cuisiner, heureusement pour moi d’ailleurs. Sinon, je passerais le plus clair de mon temps à manger dehors… Et mon portemonnaie se viderait encore plus que d’habitude… « Va pour ça. Mais tu sais, j’insiste encore une fois, maintenant que tu es étudiant, tu peux, peut-être me tutoyer, non ? » J’essayais, encore une fois. Parce que l’entendre me vouvoyer, à force… Mais soit, au moins, on se parlait, c’est mieux que rien, non ? Fallait bien que je me contente déjà de ça au fond… J’étais trop gourmande à force… Il devait en avoir marre de moi. « Je passe inaperçu dans un amphi. Mais les cookies ne doivent pas venir des étudiants en médecine car j’en ai encore dans mon casier. Désolé, je vous ai dit que je vous rapporterai des cookies mais je n’ai pas eu le temps… D’ailleurs, ça doit être pour ça que vous avez maigri. » Surprise de l’entendre me dire que j’avais maigri, j’arquais un sourcil avant de me regarder. Faut dire que je ne me pèse pas souvent… Je suis de nature très mince car je me dépense beaucoup… Ma foi, au moins, ça prouve qu’il fait attention à moi… Et ça, ça me plaît… Un sourire se logea même sur mon visage. [color=#36b39c]« C’est le double de la clé de mon casier. Si vous êtes en manque de cookie, vous pourrez vous servir là-bas. »[color] Surprise de le voir me filer ses doubles de clés, je la pris avant de la serrer dans ma main. « Cool. J’irai quand il n’y aura personne, promis. » Je voulais pas non plus le mettre dans l’embarras, ce n’était pas le but. Finissant rapidement par arriver chez moi, j’ouvris la porte avant de le laisser entrer. Enlevant mes chaussures, je posais mes affaires sur le meuble de l’entrée avant de filer dans ma chambre, puis revenir en lui tendant une clé. « Tiens. C’est le double de chez moi. N’hésite pas à venir ici pour bosser tranquille, ou dormir tranquille bref. Je ne suis pas là en journée. Puis même si tu as faim, hésite pas le frigo est rarement vide. » Je lui souris, avant de mettre la clé dans sa poche.

TENUE †   « Ça vous dérange que je vous vouvoie ?   » Même si je suis devenu étudiant je la respecte toujours autant. Je ne comprends pas trop son raisonnement. Ça ne me dérange pas de la vouvoyer et j’ignore si j’arriverai à la tutoyer. Je lui donne le double de ma clé de mon casier. Je ne l’utilise pas si souvent que ça. Il n’y a pas beaucoup d’affaire si ce n’est que mes livres ou mes notes. Je préfère tout garder sur moi quand je peux. Il y a plus de cadeaux que mes affaires personnelles. On arrive devant chez Sensei. Je reconnais les locaux. Elle ouvre la porte. J’entre puis j’enlève mes chaussures. Je les pose à côté de celles de Sensei. C’est la deuxième fois que je viens chez elle. La première remonte à quand elle était saoule et j’ai du la ramener chez elle. D’ailleurs je ne sais toujours pas pourquoi elle s’était retrouvée dans cet état là. C’est sa vie personnelle et je n’ai aucune raison de lui demander quoi ce soit. Ça ne me regarde pas mais j’espère juste qu’elle fera plus attention la prochaine fois. C’était quand même assez dangereux. Elle met ses clés dans ma poche. « Le dortoir est juste à côté.  » Si j’ai envie de dormir je pourrai aller dans ma chambre. Et j’ai la bibliothèque pour pouvoir travailler tranquille. En ce qui concerne le frigo, je ne vais tout de même pas aller chez elle juste pour prendre de la nourriture. « Je suis suffisamment grand pour prendre soin de moi.   » Je pose mon sac sur une chaise. « Je peux être utile comment ?   » J’avoue que ça me fait quand même bizarre d’attendre qu’on cuisine pour moi. Je ne veux pas non plus rester là à attendre qu’elle me prépare mon repas.

TENUE † « Ça vous dérange que je vous vouvoie ? » « Oui. » Répondis-je de but en blanc. « On est amis avant d’être une infirmière et toi un étudiant. Franchement, quels amis se tutoient ? Arrête ça. » C’était mon ami. J’osais poser les mots. Depuis le temps, je ne vois pas ce qu’on pourrait dire d’autre. Il serait capable, encore une fois de m’éloigner de lui, et de dire que non. Ça ne m’étonnerait pas. Il met constamment de la distance entre nous. Me rappelant ô combien je n’ai pas le droit de me rapprocher de lui comme je le voudrais. En attendant, on arriva vite chez moi. Après avoir eu les doubles de son casier, je lui donnais les doubles de chez moi. « Le dortoir est juste à côté. Je suis suffisamment grand pour prendre soin de moi. » « La tranquillité n’a pas de prix. » Je ne lâcherai pas l’affaire. Je pouvais être têtue, et ça, il le savait parfaitement. Bornée comme jamais. En attendant je commençais à sortir de quoi cuisiner ce qu’il m’avait demandée. D’abord le curry c’était le plus long à faire. « Je peux être utile comment ? » Je le regardais avant de sourire en coin. « Bonne question. Tu sais cuisiner toi ? » Je le narguais. « Si jamais tu peux mettre de l’huile dans la poêle pour la faire chauffer ? Comme ça, elle sera bien prête pour frire le porc. » Entre temps je sortis de quoi boire bière, comme coca. Il était grand, à lui de voir ce qu’il voulait boire. « D’ailleurs, tu veux que je le pane avant de le frire ? Ou je le fris comme ça ? » Les deux m’allaient pour ma part, mais c’était pour lui, donc à lui de choisir ce qu’il préférait.

TENUE †  Je ne l’avais pas vu comme ça. Je ne pensais pas que la vouvoyer la mettrais en « colère ». Pour moi ce n’est qu’une forme de respect. « D’accord. Je vais te tutoyer à partir de maintenant.  » Je ne vais pas me justifier davantage alors que je pourrai. Je n’ai pas envie de la vexer plus que je ne l’ai fait. « Dans ce cas, je devrais t’appeler comment ?   » Parce que je ne pourrai pas la tutoyer et l’appeler Sensei. J’ai reçu les doubles des clés de son appartement. Je ne pense pas que je vais les utiliser mais je les accepte quand même. Je n’ai pas le choix car elle se montre convaincante quand elle le veut. Je lui propose mon aide car ce n’est pas mon style d’attendre que les choses se passent. « Je me débrouille.  » Je sais me nourrir quoi. « Ok.  » Je vais chercher la poêle dans les différents placards puis l’huile. J’en verse dans la poêle puis la laisse chauffer. « Si tu peux paner sans utiliser les oeufs, ça me va.  » Je récupère une canette de coca. Je n’ai pas encore l’âge légal de boire de l’alcool et même si nous sommes entre amis, je ne veux pas me faire avoir. J’ouvre la canette puis bois une gorgée. Je me tourne vers Sensei. « Attention.  » Ses cheveux allaient se salir dans sa préparation. Je les ai attrapés à temps. C'est ça d'avoir des cheveux longs. D'ailleurs, c’est la première fois que je tiens les cheveux d’une fille. C’est doux et lisse. Je les lâche délicatement comme s’ils étaient fragiles et importants. « Je fais quoi après ?  » Je m’appuie sur la table à côté d’elle. « Tu cuisines souvent ?   » Ses gestes ont l’air confiant et elle sait ce qu’elle fait.

TENUE † « D’accord. Je vais te tutoyer à partir de maintenant. » Je le regardais, comme s’il allait me dire qu’il s’agissait d’une blague. Je n’étais pas prête de le voir si sérieux en fait… Mais je me trompais peut-être, après tout ce temps, il va enfin, me tutoyer. « Dans ce cas, je devrais t’appeler comment ? » Surprise par cette question, je lâchais un bref rire. « Joy ? Après tout c’est mon prénom. » Je ne voulais pas qu’il m’appelle par mon nom de famille, ça m’était bien trop de distance… Tout en cuisinant, je lui demandais, s’il savait cuisiner. De ce que je comprenais, il se débrouillait. Mais j’aimerais bien voir ça un jour… Rapidement, je lui demandais, s’il voulait que je pane la viande, ou si je devais la frire comme ça, sans panure. « Si tu peux paner sans utiliser les oeufs, ça me va. » « Bien sûr, je ne voudrais pas te faire souffrir. » Dis-je en préparant la pâte. Je m’en voudrais trop si je venais à provoquer une allergie à Eden… Concentrée sur la tâche que j’effectuais, je me figeais à moitié en sentant ses mains dans mes cheveux. « Attention. » Ne bougeant plus, je sentais mon cœur s’emballait, pire, j’avais l’impression qu’il pouvait l’entendre frapper ma cage thoracique. Mon sang affluait à une telle vitesse, je me sentis rougir bêtement. Il me donnait terriblement chaud. Le sentant relâcher mes cheveux je clignais des yeux pour tenter de me ressaisir. « Je fais quoi après ? Tu cuisines souvent ? » Je passais mon poignet sur mon front en soupirant fortement. « Rien. J’ai bientôt fini, je vais bientôt faire cuir la viande. » Marmonnai-je quelque peu. « Je cuisine souvent oui. J’aime bien cuisiner. J’aime manger aussi, parfois. » Je finis par mettre le riz à cuir avant de faire mijoter le curry bien rapidement. Je mis le roux de curry dans le plat avant de bien mélanger et couvrir la casserole. Coupant des morceaux de viandes, je restais silencieuse un moment tout en faisant la cuisine. « Je suis partie de chez moi à dix-huit ans, donc faut bien apprendre à cuisiner et à se nourrir. Je suis sûre que tu as fait pareil. »

TENUE †  Je ne voulais pas la vexer. Je ne voulais pas qu’elle soit en colère à cause de moi. Si la vouvoyer l’agaçait tellement, est ce que je devrais faire l’effort de la tutoyer ? Pour moi, c’était la seule solution possible. « Joy.   » Ça fait quand même bizarre quand je l’appelle par son prénom. « Joy.   » répétais-je comme pour habituer mes lèvres à l’appeler ainsi. Je ne sais pas, c’est étrange. Je ne suis pas encore habitué. Peut être qu’un jour, ça viendra. Généralement, on pane avec des œufs donc si elle arrive à faire sans, je suis preneur. Je me doute bien que ce n’était pas dans ses intentions de me faire souffrir. Elle ne m’aurait pas proposé de me nourrir si c’était le cas. Pendant qu’elle cuisine, je bois ma canette. Je sauve de justesse ses cheveux de la salissure. Mon regard se pose sur son visage. Ses joues sont rouges. « Ça va ? Tu es toute rouge.    » Elle ne bouge pas. Je la regarde, un peu inquiet. Je n’aurai rien eu à faire dans la préparation de ce repas. Je l’écoute attentivement tout en la regardant faire. Je pense que cette époque là de sa vie ne lui rappelle pas forcément de bon souvenirs. « J’essaye. Mais je ne pense pas que je suis aussi doué que toi.    » Il suffit de voir comment elle cuisine. Tout à l’air de prouver que je ne suis pas aussi bon cuisinier qu’elle. « Tu me feras gouter une des tes spécialités un jour ?    » Je lui souris avant de froncer les sourcils. « Ah non... La prochaine fois, ce serait à moi de cuisiner. Tu es en train de faire mon diner. Je voudrais te rendre la pareille. Qu’est ce que tu aimerais manger ?   » J’espère que cette proposition la refera sourire.

TENUE † « Joy. » Je relevais la tête en l’entendant dire mon prénom. C’est stupide, mais mon cœur, battait la chamade à entendre mon prénom. Je déglutissais en fixant Eden. C’est tout aussi stupide, d’être aussi épris de lui. Il allait falloir que je trouve un moyen pour tenter de taire ces sentiments qui m’envahissaient… Parce que ça allait devenir plus que gênant à force. « Joy. » Je souriais longuement à cette seconde fois. J’adhérais. Je voulais que ça soit comme ça, à chaque fois maintenant. « Tu vois, c’est pas si compliqué. » Je m’autorisais à le narguer un peu, lui, qui avait mis tant de temps pour m’appeler par mon prénom. Continuant de cuisiner, bien rapidement, je sentis ses mains dans mes cheveux. Je me sentais rougir. J’avais terriblement chaud, parce que d’une, je ne m’attendais pas à ce qu’il fasse cela, et de deux… C’était terriblement plaisant, je ne pouvais pas le nier non plus… « Ça va ? Tu es toute rouge. » Je raclais ma gorge rapidement en marmonnant un oui à peine audible. Pas besoin de s’éterniser. Heureusement que Eden n’était pas du genre moqueur, sinon, j’étais foutue d’avance. « J’essaye. Mais je ne pense pas que je suis aussi doué que toi. Tu me feras gouter une des tes spécialités un jour ? » J’hochais la tête. Il ne fallait pas qu’il se compare à moi, ce n’était pas possible. Je cuisinais depuis presque dix ans… J’étais bien plus âgée que lui… « Ah non... La prochaine fois, ce serait à moi de cuisiner. Tu es en train de faire mon diner. Je voudrais te rendre la pareille. Qu’est-ce que tu aimerais manger ? » Je me tournais vers lui, en fronçant les sourcils. « Bonne question… »[/color] Je restais silencieuse quelques instants avant de relever le regard vers lui. « Des ribs. Tu sais les cuisiner ? » Je m’attendais à un non. En fait, je me demande ce qu’il sait faire ? « Tu sais quand j’ai pris mon envol à mes dix-huit ans, je ne savais pas trop cuisiner non plus. Mais avec le temps, on apprend. Alors, ne t’inquiète pas. »