■ Un attentat dans son pays d'origine, perte de 70% de sa vue. Il perçoit les formes vaguement, les couleurs, même rien de net et les maux de têtes peuvent le rendre dingue. Les antalgiques sont parfois insuffisants et il voudrait bien se fracasser la face dans le mur. Il souffre en silence. ■ Un rêve, un jour, le bras droit futur de son frêre ainé. Avorté, ça n'aura jamais lieu, il ne peut de vomir son regret dans un coin de son âme.  ■ Est de religion musulmane, par obligation familiale, mais ne pratique plus depuis son arrivée au Japon. libération cachée, rejet de ses racines, aucune idée. Païen pas encore découvert. Il n'est pas difficile cependant de savoir ses croyances d'origines. Un coran traîne quelque part. ■ A été formé à la monde équestre et au maniement de plusieurs armes. Là bas, c'est chose courante pour les hommes de haute famille, qui ont une place politique et dans les affaires. ■ Il ne digère pas sa malvoyance. Il ne sort plus, rumine, croule sous son taf, commençant parfois même à en perdre le nord. Il s'y assoupit, perd ses repères, puis les retrouve. Déprime. Puis il remonte. Cercle vicieux aussi fourbe que son père, sauf que ce cercle là, il n'allonge pas les liasses de billet. Il vous entoure, vous étouffe et vous séquestre. Plus le temps passe et plus, sans le remarquer, il devient agoraphobe, et introverti. ■ Il refuse de voir d'autres médecins. Son mal est possiblement réversible, avec des opérations et un long chemin, mais il refuse d'entendre quoi que ce soit. C'est un des rares sujets qui pourraient lui faire perdre son sang froid. ■ Il n'est pas sorti depuis 4 ans de sa villa.  ■ Ses gardes du corps ont déjà subi tous les coups possibles de sa part. Il ne les apprécie pas, les supportant depuis gosse. Autrefois, ils le protégeaient. Aujourd'hui, ce sont plus des matons que des protecteurs. ■ Il est en manque: conduire, lire, voir un bon film, sauter en parachute, nager, en bien d'autres choses...  ■ Allergique au latex ■ nosocomephobe: phobie des cliniques, chirurgien, hopitaux. C'est la seule situation où il pourrait devenir agressif si on l'y force.  ■ Il adore l'odeur des vieux livres et l'odeur de l'eucalyptus. ■ Croit en la médecine traditionnelle et aux massages (en partie parce qu'il n'a pas allé à l'hosto avec ces pratiques.) ■ Aime le contact des chats et leur ronronnement mais ne l'avouera pas. C'est un truc de gonzesse. Pourtant, collez lui un chat quand il somnole et il s'endormira direct ■ nullité avérée en cuisine ■ il fume pour se détendre ou boit. Seul. Oui. Mauvaises habitudes. ■ Il se ballade la nuit dans la villa, à l'abri des regards. ■ Il n'est pas vraiment pudique, mais reste respectueux ■ sa curiosité envers les deux genres ne s'explique. Pourtant il n'y a qu'envers le genre féminin qu'il a osé dépassé le cap plus d'une fois. Jamais avec un homme. ■ les chiens l'attaquent sans raison. Ce qui vu sa mal-voyance ne l'aide pas à sortir. Se faire bouffer le cul à un angle de rue, non merci.  ■ Toute sa cuisse droite est tatouée, par un texte hindou, en colonne régulière, sur une largeur de 30 cm, fermant la totalité de la cuisse. Les caractères font 5/5mm, c'est dire si le tatouage est minutieux et complexe.  ■ il souffre d'insomnies depuis plusieurs mois, ce qui a aussi pour conséquence qu'il puisse s'endormir d'un coup la journée.  ■ depuis qu'il ne voit plus grand chose, il écoute énormément de musique. Il cherche toujours celles qui pourraient le transcender.  ■ Il a un perroquet de trois ans, son seul souvenir de son pays. Peekaboo. Il est cinglé, fais exprès de faire du bruit en marchant par terre, donne des ordres et suit les gens partout pour les embêter. C'est un peu le petit diable de Ayuda.

Or. Argent. Soie. Privilège. Prison. Sables empoisonnés. Naitre dans la richesse, dans un pays strict et corrompu par les puissants, n'est pas forcément un atout. Ça l'était. Ça ne l'est plus. Enfance mâle, dans les directives des hommes, aux femmes soumises sous voile et attentions douces. Une épouse de prévu dans l'enfance. Arrangement entre familles. Tout n'est qu'arrangement quand on est le fils d'un Emir, un des plus grands. Une épouse et la sienne ne lui plaisait pas. Une petite peste avec un nez trop crochu, aux yeux trop noirs, à la voix pénible, toujours à chercher la petite bête. Le karma ne se défit pas, lui disait son père. Non, il mais il aimerait bien l'envoyer se faire foutre. L'ado refuse cette chèvre. Elle ne l'aime pas non plus et elle n'a pas bonne réputation, bien que son père lui donne des leçons pour être une bonne future épouse. Ayuda refuse de penser à l'idée de lui faire des gosses. Y'a mieux. Il va forcément chopper un truc en mettant un morceau de lui dans cette créature. Nous sommes tous les enfants de Dieu, tu dois aimer la femme que nous t'avons trouvé et rendre fier tes pères. Ah cette phrase, il l'entend. Il l'a trop entendu. Elle lui donne envie de vomir. Il n'est pas près à voir une marmaille de cabris sauter partout parce que leur mère ne serait pas capables de les éduquer. Il s'entête à ne pas la voir, et elle, ça l'énerve encore plus. Son enfance, frère parmi ses frères, sous la protection de son aîné depuis bien des années, les filles il s'en fiche. Le gosse a voulu tout apprendre. A se battre, à utiliser des armes, surtout les blanches. Il a voulu apprendre à être un petit homme d'affaire, comme son aîné qui rend fier leur père. Mais le karma... ce salopard... l'a puni. Injustice. Les voix de Dieu sont impénétrables. En tout cas, son crâne lui, ne l'a pas été pendant l'attentat dans lequel il a été pris au piège. Coup du sort. Punition face au refus de cette chèvre humaine, qui ne l'excitait même pas nue... il n'en sait rien. Il aime les femmes. Il le sait. Il le croit. Ces seins lourds, ces peaux basanés, ces yeux de biches, ces croupes cachées et désireuses... dieu que oui il les a aimé dès l'adolescence. Il a fait des conneries en douce. Des conneries de prince. Celles auxquelles on trouve des excuses parce qu'il est prince, il a le droit, il s'instruit, s'amuse avant de se ranger. Foutaise. Il aime ça et ne veut pas se marier à cette furieuse. Il veut choisir sa moitié et être fier de sa descendance. Un idéal foireux qui ne colle ni à sa culture, ni à sa religion, ni aux Al Nahyan. Et il le comprend bien vite sous les conseils forcés de son ainé qui veut lui éviter les foudres de son père. Il est vrai que quand on brasse des milliards, on a autre chose à faire qu'à faire la leçon à son fils de dix sept ans.

Maturité soudaine. "Tu n'as pas le choix" devient un nindo toxique. Une liste d'obligation dont on ne peut se soustraire. Il mûrit. Trop vite. Il s'est amusé. Trop peu. Les ailes c'est fini. Elles ont cramé plus tôt que prévu mais c'est ainsi, Allah n'attend pas la sagesse de ses guerriers, il exige la productivité et la continuité de sa communauté. Aucune négociation, les pères ont décidé. C'est écrit donc tu seras. Et Ayuda se ferme lentement, étriqué dans ces putains de règles qui deviennent avec le temps évidentes et lui font presque oublier ses rêves, ses besoins, ses envies. Il rentre dans le moule, avec dans l'espoir que plus tard, il pourra prendre un peu le large. Très entouré. Toute sa génération de princes, à chaque rassemblement. Ces femmes plus belles les unes que les autres qui se cachent sous des volutes désirables. Son esprit n'est pas en panne, et il se châtie intérieurement de mater les futures des autres. Pourquoi la sienne est-elle si chiante et laide. Ses enfants ils y pensent? Ils seront laids aussi. Voilà. Bravo les arrangements. Mais lui, ça ne l'arrange pas du tout. Et pour cause, il a de bons gênes, il le sait. Du gâchis. Si superficielle comme pensée. Oui. Il l'est. Du moins à dix huit ans. Il ne comprend pas et refuse cette injustice. D'autant plus que son père, s'il le prend en exemple, a épousé une femme indienne. Aucun arrangement comme pour lui et ses frères. Une indienne qui a accepté de se convertir, mais cela n'en reste pas moins un mariage d'amour.

Plusieurs querelles éclateront concernant Ayuda et sa jeune épouse. A dix neuf ans, le mariage. La douleur au cœur. Le dégoût au ventre. Il doit l'honorer. Il va devoir. Il l'a fait. Il a prié pour ne pas qu'elle tombe enceinte. Dommage. C'est arrivé. Il a du le reconnaître. Il était plutôt mignon. Ce bébé. Il ne l'a pas été longtemps...
Une sortie. Une soirée. Avec d'autres jeunes gens de leur rang. Tous était heureux. Tous. Lui... peu. Heureux pour ce bébé. Mais pas le reste. Un fils. Son père est fier. Sa mère aussi. Ses frères aussi. Eux aussi ont déjà des enfants. L'un d'entre eux a même deux femmes. Pourtant ce soir tout va s'arrêter.

Tous ces efforts pour accepter. Pour tolérer. Pour commencer à apprécier. Tout ça pour... rien. Un bruit assourdissant. Les vitres éclatent. Les débris. La poussière. Les oreilles qui sifflent. La panique. La chaleur. Le feu. Le chaos. Où est le bébé? Où son ses frères? Sa mère? Ses yeux le brûlent, il vient de se manger une vague de fumée brûlante. Il ne voit plus rien en quelques secondes.

Il se souvient encore, quand à l’hôpital, sa mère lui a annoncé l'horrible vérité. Cécité partielle. L'incrédulité. Puis pire encore. Le bébé. Son fils. Sa femme... qu'il n'avait jamais apprécié. Eux, n'ont pas survécu. Son fils... tout petit. Si petit. Si fragile. Il ne pensait pas être prêt à être papa, et maintenant qu'il ne l'était plus, il se rendait compte qu'il aurait du l'être. Moins égoïste. Moins absurde dans ses logiques. La douleur innommable. La déprime. L'incompréhension. Et l'absence de compréhension de son père, ne pensant qu'au business n'a rien arrangé.

L'eau a coulé sous les ponts. Ayuda est à Tokyo maintenant. Vide et déprimé la plupart du temps. Sa mère a tenté de lui trouver une personne pour l'aider au travers de son handicap. Sans résultat puisqu'Ayuda ne veut plus entendre parler d'une quelconque possible épouse. Il ne supporte pas que quelqu'un le touche sans raison, d'être contraint ou encore qu'on lui inflige l'obligation d'avoir une descendance. Si son père l'avait écouté, ce bébé ne serait jamais mort et ne l'aurait pas brisé en deux. Il tient pour responsable son père, dans l'entièreté de ses douleurs, de ses échecs. Et non sans engueulade, le père finit par expatrier son fils de manière à ce qu'il ne donne pas une image pathétique de la famille. Un fils veuf si jeune, et qui renie à ce point son autorité... n'a rien à faire dans le cercle proche de leur business. Ses frères prennent sa défense et le père concède de lui attribuer des circonstances atténuantes, face au drame qu'il avait traversé. Alors il a juste été écarté. Loin. Tokyo, difficile de faire mieux. Plusieurs mois qu'il essaie de reprendre le dessus, mais les bonnes femmes que lui a trouvé sa mère ne sont qu'un poids supplémentaire à ses souffrances. Toutes ne veulent qu'une chose: l'épouser à long terme. Alors il les renvoie. Jusqu'à aujourd'hui... où elle a trouvé une autre alternative.