Tu commences mal

« Wouah ! Tu as déjà presque tout vendu ?! » Je relevai les yeux de mon ouvrage pour les poser sur Sui qui venait d'entrer dans ma chambre. Elle avait remarqué la diminution de la pile de mes travaux finis. En effet, j'avais presque tout vendu. Tout ce qui saillait à un jeune homme. J'avais au préalable fait quelques retouches pour que ça colle avec la commande, au niveau de la taille. Il devait être grand. « Qui est-ce qui t'a acheté tout ça ? » Justement, c'était ça le souci ; j'ignorais l'identité de l'acquéreur. J'avais juste reçu un message sur mon blog et un virement assez conséquent, à peine plus que ce que je demandais pour mes pièces. Et plus j'y pensais, plus je trouvais ça bizarre. « Si ça se trouve, tu as un admirateur secret, plaisanta-t-elle. » Ou quelqu'un qui espérait m'aider à sa façon. Ou se racheter...

Je me levai soudainement et m'excusai auprès de mon amie qui avait trouvé une place sur mon lit, au milieu des chutes de tissu. Elle était visiblement surprise de mon mutisme inhabituel. Je prendrais le temps de lui expliquer plus tard. D'abord, il fallait que j'en eusse le cœur net. Alors je sortis de mon dortoir, mes chaussons parés de motifs de fraises aux pieds, et montai un étage pour entrer dans un autre ; le huitième. Il ressemblait sensiblement à celui que j'occupais, seule la couleur des murs étaient différente, de même que la décoration du long couloir. Je passai devant les portes des chambres, tantôt ouvertes, tantôt fermées, jusqu'à trouver celle que je cherchais. Rien que de voir le nom sur la porte, je fronçai légèrement le nez. Je n'avais pas reparlé à Ji Min depuis plusieurs jours. Nous avions échangé quelques mots qui n'avaient pas menés à grand-chose. Il savait maintenant qu'il lui serait difficile de gagner ma confiance, rien de bien exceptionnel. Mais nous nous étions quittés énervés.  

Je frappai à la porte mais n'obtins pas de réponse. Un peu hésitant, je regardai autour de moi le couloir désert, avant de rentrer, refermant derrière moi. Le style était sobre. Cela ne correspondait pas vraiment à l'image que l'on se faisait d'une chambre de jeune adulte. Quelques photos au mur, tirées sur poster, mais rien de plus. Tout était à sa place, que ce fut les livres ou les disques. Seul le lit était défait. Je n'y prêtai pas plus d'attention et me concentrai sur ce que j'étais venu chercher. Mon instinct me trompait rarement. Et plus je repensais à cette histoire, plus ça me paraissait louche.  

Je n'eus d'ailleurs pas à fouiller bien longtemps avant de tomber sur l'une de mes créations. Bien pendue sur son cintre, au milieu des autres vêtements de la penderie, la veste sur laquelle j'avais passé une semaine entière. En ouvrant le deuxième battant, je soupirai. Le reste était là, plié ou pendu lui aussi. Je passai une main dans mes cheveux, serrant les dents pour ne pas tout envoyer valser. Je me sentais... C'était comme si tous mes efforts venaient de tomber à l'eau. Bien sûr, je vendais ces créations pour me faire un peu d'argent de poche. Je comptais payer un aller-retour pour Séoul avec. Mais sur le coup, j'avais été fier que ces vêtements plussent à quelqu'un. J'y avais vu un encouragement, une sorte de reconnaissance. Maintenant, je réalisais que ce n'était que de la charité, un moyen de racheter une faute qui ne serait jamais compensée par de l'argent.  

Je venais de sortir la veste du placard pour la regarder, assez abasourdi, quand Ji Min rentra dans la pièce, les cheveux humides de la douche dont il sortait probablement. Je me tournai vers lui et mis la veste en avant, l'air interrogatif. Il voyait certainement dans mes yeux la déception, la colère que m'inspirait une telle trouvaille. Et moi, je n'avais même pas de mots pour engager cette conversation ; je ne savais pas par où commencer.

Ji Min fut d'abord surpris, puis visiblement agacé par ma présence. Il ne s'attendait pas à ce que son petit secret fut découvert ? Je le laissai ranger la veste, les sourcils froncés. Il m'attaquait de front, sans prendre aucune pincette. Rien à voir avec la dernière fois. Mais je ne me laissai pas démonter. Il me demandait si j'entrais souvent chez les gens sans permissions et les mots me revinrent soudainement. « Je ne donne que le respect qu'on me témoigne, répliquai-je froidement. » Oui, il m'avait manqué de respect en me prenant pour un imbécile. Il croyait que je ne m'apercevrais de rien ? Pourtant, il devait bien l'espérer. A mon avis, il avait un plan pour valoriser son geste à mes yeux. Sinon, pourquoi l'aurait-il fait ?

Je vis son sourire quand il aperçut mes chaussons mais ne me dégonflai pas. Je ne voulais pas vraiment d'explication, je voulais passer mes nerfs. Et la minute d'après, il me tendit une perche plus longue que je l'espérais. « Je l'ai deviné parce que, contrairement à toi, je ne suis pas totalement con ! Essaie de paraître moins louche la prochaine fois que tu tentes de faire la charité à quelqu'un ! » J'étais clairement énervé. Il ne semblait pas se rendre compte que jamais je ne verrais ses intentions comme étant purement égoïstes. Peut-être aimait-il vraiment mon travail. Mais n'avait-il pas vu là l'occasion de faire d'une pierre deux coups ? « Désolé mais je te vois mal tomber sur mon blog totalement par hasard et t'enticher de ces fringues. En fait, je n'arrive même pas à t'imaginer faire ton shopping sur le net. Mais admettons que ce soit quelque chose de plausible ; tu commandes toujours de façon anonyme ? »

Je fis un pas vers lui et mes nerfs me lâchèrent totalement. J'étais en train de sortir de mes gonds, en témoignait ma voix qui en était presque à crier. « J'étais fier que mon travail puisse autant plaire ! Je ne regrettais aucune des heures que j'avais passé à fignoler le moindre détail ! Et toi tu gâches tout ! Tu comptais t'y prendre comment au juste pour faire passer ça pour quelque chose de bien à mes yeux ? » J'étais vraiment proche du jeune homme à présent, nos yeux à quelques centimètres les uns des autres ; il devait respirer mon haleine fruitée. Mon visage était déformé par la colère que je laissais, pour la première fois, exploser presque correctement. Je ne reprochais pas seulement son achat à Ji Min ; je criais pour toute cette souffrance qu'il avait nourrie en moi. Le souffle court, je reculai d'un pas, histoire que nos bustes arrêtent de se toucher.

C'était comme une claque. Ji Min, loin de se laisser faire, se défendit du mieux qu'il put. Et moi, je restais sans voix, étouffé par ma propre colère, frustré de ne pas trouver d'arguments pour la faire exploser plus violemment. C'était l'occasion que j'attendais depuis si longtemps ! Et elle me passait sous le nez parce que je n'avais pas su patienter jusqu'au bon moment. J'étais comme ces femmes qui reprochaient leur moindre geste à leur mari, qui trouvaient tous les prétextes pour provoquer une dispute quand elles espéraient seulement un peu d'affection ou de piment dans leur vie. Moi, j'avais besoin de rendre ses coups à Ji Min, de les multiplier. Je voulais que ce poids se retire de ma poitrine. Je ne savais juste pas comment m'y prendre autrement.

Je fus touché par ses mots, plus que je ne l'aurais voulu. Encore une fois, il avait joué la carte de l'honnêteté. Même si j'aurais été plus heureux si ça n'avait pas été Ji Min, quelqu'un aimait vraiment ce que j'avais cousu de mes mains. J'y avais mis tellement de cœur et d'énergie que je réalisai que je préférais savoir ces vêtements dans son placard plutôt que dans celui d'un inconnu.
Tandis qu'il allait s'asseoir sur son lit, je baissai les yeux. Je cherchai quelque chose à répliquer, n'importe quoi qui me permisse de crier encore un peu. C'était embrouillé dans ma tête. Je ne savais plus sur quel pied danser, encore moins ce que je devais faire. Au moment où je relevai la tête, il trouva utile d'enfoncer encore le clou. « Quand est-ce que tu vas arrêter de- » Je cessai soudainement de crier, n'achevant pas ma phrase. Hésitant, je jetai un coup d'œil à la porte. Je pouvais m'enfuir, encore, ou bien me comporter dignement pour une fois. Alors, mordillant ma lèvre, je contournai le lit et m'assis de l'autre côté, dos à lui, en soupirant. Il allait finir par penser que j'étais fou, mais son avis m'importait peu.

Levant les yeux vers la fenêtre, je déglutis difficilement avant de reprendre la parole, beaucoup plus calmement. « Excuse-moi. Je n'aurais pas du te parler comme ça. » Quand il était dans les parages, je n'étais plus le même. Je repensai à la semaine qui venait de s'écouler, honteux. Depuis notre conversation, je m'étais surpris plusieurs fois à me demander quand le jeune homme allait enfin passer à l'action ; s'il avait abandonné ; ce qu'il attendait pour faire ses preuves. J'étais curieux de savoir comment il allait s'y prendre. Et puis je voulais être fixé ; avait-il réellement changé ou non ? Mais tout ça, je ne pouvais pas le lui dire. « Je sais que ça ne justifie rien mais... Je suis en colère Ji Min. Il y a quelque chose en moi qui n'a jamais guéri et qui ne veut pas cicatriser. Ce quelque chose a envie de t'insulter, de te frapper..! » Je retirai l'un de mes chaussons pour poser mon pied sur le lit, mon genoux juste sous mon menton. « Mais je refuse de m'abaisser à votre niveau. » Je faisais évidemment référence à ses anciens camarades et lui. Ma phrase était provocante, certes, mais elle était dite sans aucune animosité.

Après qu’il eut parlé dans sa barbe, je le devinai pivoter pour regarder mon dos. Je ne voulais pas le regarder. Si je le faisais, je n’arriverais plus à conserver mon calme. Il me dit qu’il comprenait, il me rassura même un peu. Je le croyais. Il ne m’avait pourtant jamais frappé, lui, mais je le devinais bien rentrer dans le premier qui lui ferait du mal. « Je n’ai peut être pas tant changé que ça. » Je voulus le contredire, mais les mots ne voulurent pas franchir mes lèvres. Moi qui essayais de me convaincre du contraire ces dernières semaines, j’étais maintenant honnête avec moi-même et reconnaissais que la façon d’agir de Ji Min avait changée. Déjà, il ne fuyait plus ses responsabilités, avec moi du moins. J’avais aussi envie de le voir différemment. Je voulais penser que s’il était témoin de quelque chose me concernant, il prendrait ma défense ou me soutiendrait plutôt que d’ignorer mon appel à l’aide. Mais tout ça n’était que de la théorie. Comment en être sûr au fond ? Il aurait fallu que je lui accordasse ma confiance et que je laissasse le temps être seul juge de cette évolution.

Voilà qu’il m’invitait à le frapper maintenant. Etonnamment, je m’y attendais. J’avais pris conscience, à la minute où sa voix avait baissé pour me parler l’autre jour, que j’avais une emprise toute neuve sur Ji Min. Il avait un tel besoin de se pardonner à lui-même qu’il ne pouvait se permettre de laisser échapper mon pardon ; alors je pouvais le manier à ma guise. Heureusement pour lui, je n’étais pas de ce genre-là. Il se leva et je n’avais toujours pas rouvert la bouche. J’étais tétanisé. Partagé entre la haine et la clémence, je ne savais plus sur quel pied danser, encore moins quelle stratégie adopter. Tandis qu’il rangeait, il reprit, comme s’il avait lu dans mes pensées tout à l’heure. Quand je me demandais à chaque heure du jour ce qui allait arriver, mon aîné faisait exactement la même chose.

Je levai mon visage pour fixer son dos. Il détaillait une photo de désert, une des nombreuses affiches qui se trouvaient au mur. Et il lâcha des mots que je redoutais. Je baissai de nouveau les yeux, haussant légèrement les épaules. « Pour moi il y a deux sortes de pardon ; celui qu’on accorde tout en gardant une rancœur amoindrie au fond de soi, le pardon qui permet de repartir sur de nouvelles bases, bien que la méfiance reste toujours ; et puis il y a le pardon profond, qui résulte d’un travail sur soi très poussé et nous débarrasse de tout ressentiment. Tu devrais peut-être te concentrer sur le premier… » Ma suggestion pouvait paraître inutile étant donné que mon ancien bourreau savait déjà qu’il n’aurait pas mon entière confiance du jour au lendemain. C’était simplement ma façon de lui rappeler qu’il faudrait du temps et beaucoup de persévérance, mais surtout une grande implication de ma part pour qu’on repartit à zéro tous les deux. Et en parlant d’implication personnelle, il me vint une idée que j’hésitai à formuler à haute voix. Devais-je réellement aider Ji Min quand j’avais décidé de le laisser se débrouiller et surtout galérer tout seul ? Les yeux fixés sur mes chaussons, je me décidai à donner un petit coup de pouce à celui qui, maintenant, me faisait un peu de peine. « Tu parles bien japonais, hum ? Je… Je galère un peu avec cette langue et… tout le vocabulaire technique. Du coup j’ai un peu de mal à rattraper mon retard. » Si ce n’était pas une perche énorme que je lui tendais..! Je me rendais compte qu’une fois de plus, j’exposais mes faiblesses. Mais je n’étais pas cruel ; je me refusais à torturer Ji Min trop longtemps. Il avait bien du le faire suffisamment tout seul…

Avant que j'eus lancé cette idée, Ji Min me montra une fois de plus qu'il était totalement désarmé face au problème que je représentais. Il était conscient que le tournant qui s'annonçait était incertain. Nous ne serions jamais amis ; nous nous saluerions tout au plus au détour des couloirs, rien de plus. Mais il y tenait. Il était en quête de rédemption. Je trouvais que j'avais été injuste en venant ici faire exploser un scandale. Je m'étais laissé porter par mon ressentiment à son égard. Il le méritait peut-être, peut-être pas. Alors ce gros coup de pouce était la seule chose qui me venait à l'esprit pour réparer ce qui venait de se passer. Après un silence durant lequel je gardai les yeux fixés sur les fraises de mes chaussons, il se retourna vivement, incrédule. Un soupir discret passa mes lèvres alors que je levai les yeux pour le regarder. Il était surpris, ce qui se comprenait. Il approcha et j'acquiesçai légèrement quand il me demandait si je réclamais son aide. Oui, n'était-ce pas évident ? Je fronçai un peu les sourcils, contrarié par ma propre clémence. Les choses devenaient soudain faciles pour lui. Je lui offrais le moyen de se racheter sur un plateau.

Je reportai mon attention sur l'extérieur, sur le ciel qu'on voyait à travers la fenêtre. Lui s'assit à côté de moi et j'haussai les épaules, un peu renfrogné. Il plaisantait mais je n'avais pas le cœur à blaguer. C'était même très loin de me faire rire. « On verra bien. Pour l'instant, je veux juste comprendre ce que les profs racontent et attendent de moi. » Je ne comptais pas lui raconter ma vie non plus. J'avais déjà assez honte de mes lacunes. J'étais arrivé à Royal en cours de scolarité, défavorisé de par mon parcours comparé aux autres étudiants. Et quand je voyais mes camarades user de techniques que je n'aurais même jamais imaginées, je restais comme deux ronds de flanc en classe. Il y avait ce garçon qui se moquait également de moi. Je commençais déjà à avoir du mal à supporter ma différence qui me ramenait, inconsciemment, des années en arrière, face à ces quatre jeunes hommes. Tout ce que je voulais à présent, c'était rattraper le niveau qui était très haut et faire mes preuves. Sui m'aidait pour la couture mais je ne pouvais pas lui demander de m'enseigner sa langue. Je lui étais déjà trop redevable. Alors Ji Min me semblait une bonne option, même si ça me coûtait d'imaginer me retrouver en sa compagnie régulièrement. Je me levai d'ailleurs et mis les mains dans les poches du pantalon qui me servait essentiellement à traîner dans le dortoir. « Si tu es d'accord, alors on peut se retrouver demain après le dîner, à la bibliothèque. Vers... vingt et une heure ? » Hors de question qu'il mît les pieds dans ma chambre. Je voulais un lieu neutre.

L'enthousiasme du jeune homme était retombé. Il avait compris que plaisanter avec la situation était malvenu. Heureusement. Il mit un peu de temps à percuter que je venais de fixer un rendez-vous. Si un jour on m'avait dit que Ji Min me donnerait des cours de japonais, j'aurais ri jaune. A présent, je regrettais ma proposition. Il allait penser que les choses deviendraient faciles, que je me sentirais même redevable du travail qu'il ferait pour moi. Et c'était en partie vrai. Je ne pouvais pas dénigrer le fait qu'il se donnât du mal. Seulement, son manque d'initiative me contrariait. J'aurais voulu qu'il vînt de lui-même qu'il trouve, par miracle, quelque chose qui effacerait ma rancoeur. Au fond de moi, je rêvais qu'il trouvât un remède. Il avait été le poison, il devait avoir l'antidote. A mes yeux, inconsciemment, il était le seul à pouvoir me libérer de mon mal-être. Il retrouva soudain une contenance et se leva pour prendre des notes. Bien sûr qu'il fallait commencer par là, c'était évident. Je me levai et remis mes chaussons ridicules avant de passer devant lui. « Non, j'ai besoin de ce vocabulaire. Les couleurs, les matières, les techniques, ces choses-là quoi... » Je me sentais réellement honteux d'avouer tout ça. J'avais envie de m'enfuir en courant. Je me demandais même si je serais au rendez-vous finalement.

J'avais traversé la chambre et avais accordé un petit regard au placard qui renfermait mes créations. Je m'en étais tout de même rapidement détourné. Il n'avait pas intérêt à porter ça demain ou je lui arracherais les yeux. « A demain. » J'avais hésité à m'excuser de nouveau à propos de la scène que je lui avais faite, mais non, vraiment, c'était au-dessus de mes forces. Je n'avais même pas pu regarder Ji Min en quittant son lit tellement j'étais mal à l'aise à l'idée de me retrouver de nouveau seul avec lui. J'avais tout fait pour l'éviter jusqu'à maintenant, alors lui proposer de nous voir, je trouvais vraiment cela paradoxal. Je sortis de sa chambre sans un mot ni un regard de plus et traversai à la hâte le couloir. Ce ne fut qu'une fois sorti que j'autorisai les larmes à envahir mes yeux. J'avais envie de détruire quelque chose, de me défouler, de laisser sortir cette colère qui me rongeait. Mais je ne pouvais pas démolir la porte ou la rampe d'escalier, ç'eût été ridicule. Alors je rejoignis plutôt mon dortoir, effaçant de mes joues les traces de ma rage silencieuse. Je retrouvai Sui, qui m'interrogea aussitôt sur mon comportement étrange de ce soir. Puis je me mis au lit sans l'avoir plus éclairée, fatigué de cette histoire qui remuait en moi tant de sentiments et de contradictions.