Le mois de décembre bat déjà son plein, et qui dit décembre dit… Noël, et oui. J’adore cette période qui précède Noël, tout prend un air de fête. Les rues sont décorées, les magasins également, les gens semblent plus joyeux. Même si le temps est plus froid, l’ambiance est plus chaleureuse et agréable. Pendant cette période, j’ai souvent l’impression de retomber en enfance, les yeux illuminés par toutes ces lumières, ces décorations, ces jolies couleurs qui réchauffent tout, et même devant les rayons de peluches ou de jouets dans les magasins. Oui bon, je suis peut-être un peu grave parfois. Mais on ne se refait pas hein ? Et aussi, qui dit Noël approchant, dit, shopping de noël. Même si la signification de cette fête est différente ici que dans d’autres pays, j’aime offrir des cadeaux à ceux que j’aime pour l’occasion, même si j’aime en offrir n’importe quand, au moins pour cette fois, c’est une occasion spéciale. Et puis… Notre premier Noël à Kenta et moi… C’est encore plus spécial.

Comme je suis en congé aujourd’hui, et qu’il n’y a pas cours non plus, cet après-midi j’ai décidé d’aller faire un peu de shopping, histoire de trouver des cadeaux pour Kenta et Nii-chan au moins. D’ailleurs, ce sera le premier Noël que je ne passerais pas avec Nii-chan, il faut que je lui trouve un super cadeau pour compenser. J’espère qu’il trouvera quelqu’un de bien avec qui le passer et qu’il ne restera pas seul et triste un soir pareil. J’aurais pu venir avec Kenta pour trouver un cadeau pour Nii-chan, mais il vaut mieux qu’on ne nous voit pas ensemble, sinon ça alimenterait encore plus les rumeurs lancées par ce bouffon de Royal Shit. Du coup je suis venu seul. J’ai prévu de parcourir différents boutiques, de profiter des petits stands dans les rues, de me balader tranquillement, jusqu’à ce que la nuit tombe et que les lumières s’allument. C’est toujours magnifique toutes ces lumières et j’adore les regarder, donc autant en profiter non ?

L’avantage avec l’hiver, c’est que je peux me balader avec une grosse écharpe qui me cache une partie du visage sans que ça fasse bizarre. En plus, même s’il fait froid, le soleil brille aujourd’hui, d’où l’utilité de lunettes de soleil. Peut-être aurais-je du mettre un bonnet pour que mon déguisement soit complet, et qu’on ne me reconnaisse pas avec mes cheveux blonds, mais déjà l’écharpe et les lunettes ça devrait aller non ? Me voilà alors en train de déambuler dans la rue. Je me suis déjà arrêté dans plusieurs boutique et repéré quelques petites choses intéressantes, mais je préfère voir ce qu’il y a ailleurs avant de me décider. Sauf… Pour la peluche qui se trouve à présent sous mon bras. Un petit nounours blanc adorable, avec son regard trop mignon qui me suppliait de le prendre… Pas réussi à lui résister, homme faible que je suis.

Me voilà donc rendu dans les rues, deux ou trois paquets dans la main, un nounours sous le bras, à avancer parmi la foule de gens, dont certains me lancent parfois un regard curieux. J’espère que c’est à cause du nounours et non parce qu’ils m’ont reconnu, mais pour l’instant je n’ai pas encore entendu kyatter, je pense que je n’ai pas encore été repéré par des fans, tant mieux. Un peu plus loin, un petit attroupement, d’où se font entendre des applaudissements et des cris joyeux, attire mon attention. Je m’approche pour voir l’animation, c’est un artiste de rue. Je reste pour le regarder, j’ai toujours adoré voir ce genre de spectacle, ils sont généralement doués les artistes qui les exécutent.

Le spectacle est intéressant, et l’artiste mignon tout plein, ce qui ne gâche rien il faut dire. J’ai même réussi à trouver une place au premier rang des spectateurs. Mon nounours bien calé sous mon bras, j’applaudis en rythme avec les autres en riant, j’adore cette ambiance.

Apparemment cet artiste de rue est plutôt connu et apprécié par les passants. Plusieurs l’appellent, le demandent, l’applaudissent même pour le faire commencer plus vite. Ca me rappelle, certes dans une moindre mesure, la ferveur qu’il y a toujours dans la salle à chacun de mes concerts ou de mes apparitions dans une émission ou autre. On voit qu’il est à l’aise dans son métier et face au public, c’est agréable à voir. Et savoir que des personnes aiment ce qu’on fait, ce qu’on veut partager avec eux, ça fait vraiment chaud au cœur, je comprends alors facilement ce sourire qui ne semble pas quitter l’artiste et son ton enjoué. En plus il est vraiment doué, si moi j’essayais de balancer des massues comme ça en l’air pour les rattraper, elles valdingueraient forcément par terre. Pas que je sois si maladroit que ça, mais probablement bien plus que ce jeune homme.

Il change alors d’outil pour prendre un diabolo. Ah je connais ça, j’ai déjà essayé il y a quelques années. J’arrivais à le maintenir sur le fil en le faisant tourner, ou bouger un peu sur le fils. J’arrivais même à le faire décoller de quelques centimètres. Pendant qu’il plaisante avec le public, je me remémore mes exploits, bon j’avoue le mot est un peut-être un peu exagéré, mais quand je vois les figures qu’il exécute… Je me rends compte que finalement ce que j’arrivais à faire était juste ridicule. Malgré moi, je me renfrogne quelques secondes avant de profiter du spectacle, mon nounours bien calé entre mes bras. La prochaine fois, j’essaierais de revenir avec Kenta et Nii-chan, je suis sûr qu’ils apprécieraient le spectacle.

Perdu dans mes pensées, je reviens subitement sur terre quand quelque chose m’assomme presque et que je me retrouve justement par terre, parti à la renverse. Un peu sonné, il me faut un moment pour comprendre ce qu’il se passe et pourquoi je suis par terre au milieu de la rue, en plus mon front me fait mal… Aouch. L’artiste est penché sur moi, l’air désolé, tentant de m’expliquer le problème. Le fil usé, cassé ? Ah le diabolo ? C’est donc ça que je me suis pris sur le front ? Pas de bol… Je me relève alors pour me retrouver assis et me frotte le front pour faire passer la douleur. J’espère que je n’aurais pas une trop grosse bosse, ni un bleu, ça ne ferait pas un effet génial devant la caméra à la prochaine émission. Je regarde un peu autours de moi, arf mon nounours blanc traine dans une flaque boueuse un peu plus loin, mes paquets sont renversés par terre, et mon manteau ne doit plus être très propre. Un sourire pour rassurer le jeune homme, après tout, je ne pense pas être blessé outre mesure et le reste n’est que matériel, et je commence à lui répondre.

« Ca va, je suis juste un peu sonné, mais ce… »

Pas le temps de finir de parler que j’entends un cri, auquel répondent de nombreux autres. Oups on dirait que je suis démasqué. Je me rends alors compte que mes lunettes sont elles aussi par terre et que mon écharpe ne me cache plus. Par réflexe, je remonte justement mon écharpe, mais le mal est fait. J’entends des rumeurs se propager parmi le public, des indignations, une colère à l’encontre du jeune homme. Apparemment certaines de mes fans sont ici, et même ceux qui ne me connaissent probablement pas ou peu, semblent se ranger derrière eux. Ouh pas bon pour ce jeune homme qui n’a, au final, rien fait de mal.

D’ailleurs ce dernier semble à présent totalement paniqué et s’excuse si fortement qu’il me surprend. Je trouve cela si disproportionné sa façon de réagir, qu’après un temps de surprise, je suis pris d’un fou rire irrépressible, si bien que j’en ai même mal au ventre au bout d’un moment. De la surprise et de l’incompréhension se font entendre dans le public, mais je n’arrive pas à me calmer. Il me faut plusieurs minutes pour parvenir à retrouver mon calme et pour pouvoir lui répondre normalement, mais toujours avec un sourire amusé.

« Ca va je n’ai rien… Pas la peine de paniquer autant. Et à part une bosse, je ne pense pas avoir d’autres blessures. »

Je me relève alors et bouge un peu les bras, les jambes avant de m’étirer le dos et le cou, non pas d’autres dommages apparemment. Mon regard se pose sur mon nounours, qui est devenu plus marron-gris que blanc, et sur mes sacs qui ne contenaient heureusement rien de fragile.

« Lui en revanche a eu droit à un bain de boue… » Je ramasse le nounours, de l’eau coule de lui, je pense qu’il ne sera pas facilement récupérable. Mon pauvre petit nounours…