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Anonymous
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Ce message a été posté Jeu 19 Fév - 22:03
Malgré sa blessure qui quelques fois la freinait dans ses mouvements, Hazel continuait de pratiquer énormément de sports différents. À côté de la danse, elle se relaxait grâce au yoga, apprenait à se défendre grâce au krav maga, et entretenait son corps avec un peu de fitness. Un corps sain pour donner de la place à un esprit sain. Depuis qu'elle ne portait plus officiellement le statut de danseuse, Hazel se détendait et profitait. Elle se découvrait de nouvelles passions, de nouvelles envies. Son nouveau métier lui plaisait beaucoup et lui permettait de s'épanouir différemment tout en dealant avec moins de stress. Ou presque. Elle gardait sous son aile, bien à l'abri, une jeune étudiante qui lui rappelait beaucoup de choses. Des bons souvenirs jusqu'aux cauchemars. Dès que son regard avait croisé celui de Maylie, un lien s'était crée entre les deux jeunes femmes. La sensation d'être face à son propre reflet renforçant considérablement son affection envers elle. Alors si elle n'angoissait plus pour elle-même, elle se rongeait les ongles pour la petite danseuse qu'elle entraînait. En plus d'être son enseignante, elle s'improvisait coach personnel pour Maylie. Elles passaient de longues soirées -ou plutôt nuits- ensemble à perfectionner ses mouvements, sa résistance physique et son mental. Hazel la sentait faible et voulait l'endurcir. Il fallait qu'elle comprenne que, pour sortir du lot, elle devait se démarquer.

Alors aujourd'hui, plutôt que de réserver une salle de répétition, Hazel demanda l'auditorium. Celui de la Royal était immense et ressemblait aux scènes de ses débuts. Elle en poussa les grandes portes puis fronça les sourcils en notant l'absence de Maylie. Elle ne connaissait toujours pas la règle ? En avance, jamais en retard. La ballerine soupira et alla déposer ses affaires sur un des sièges du premier rang. Elle portait ce jour là un legging de sport avec une brassière rose pétant. Naturellement, elle enfila ses chaussons de danse.  Au moment où elle reposa ses pieds à terre, le grincement de la porte l'alerta de l'arrivée de son étudiante. «  Sache que tu regretteras la prochaine fois où tu arriveras en retard, c'est mon dernier avertissement. » Sa langue claqua sur son palais signe de son agacement. Même si Hazel adorait la petite Maylie, elle ne se comportait pas de façon plus tendre avec celle-ci. Bien au contraire, elle se montrait deux fois plus exigeante et au moins dix fois plus sévère.

Pendant que Maylie se préparait, Hazel grimpa sur scène. Elle mit le CD dans la chaîne hifi et revint sur le devant. Elle dominait la petite de quelques mètres ainsi mais en vérité Maylie avait quelques centimètres de plus qu'elle. L'américaine croisa ses bras sur sa poitrine et commença à faire des allés-retours. « Je veux qu'on travaille ta présence. » Elle finit par descendre pour rejoindre son apprentie. « Et ça va pas être simple. Mais c'est ce qui te manque le plus. » Sa main désigna la scène pour inviter la demoiselle à s'y rendre. Pendant ce temps, Hazel grimpa les marches pour atteindre le point le plus haut de l'auditorium et continua à parler d'une voix suffisamment fort et distincte pour que Maylie l'entende. « Une danseuse est fière. Élégante. Séduisante. Sensible, mais pas fragile. » Elle se retourna quand elle arriva tout en haut. « Et toi Maylie, tu es tellement fragile que ce que tu m'inspires c'est la pitié. Crois-moi que c'est pas comme ça que tu vas me faire frissonner. » Elle pointa la télécommande vers la chaîne hifi. « La même chorégraphie que d'habitude. De là où je suis, je dois sentir les planches brûler sous tes pas.. » Elle plissa les yeux. « Si tu n'arrives même pas à faire ça, comment chaufferas-tu un homme ? » Hazel heurtait souvent l'innocence de la jeune Maylie mais tout ça pour son bien, pour la remettre sur terre. Elle lança la musique défiant son étudiante de l'épater.

Anonymous
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Ce message a été posté Sam 21 Fév - 22:44
Je la savais rude. Appliquée. Concentrée. Je savais qu'Hazel, je n'avais pas le droit à l'erreur ; du moins pas deux fois de suite. Je savais qu'elle avait été une grande danseuse étoile. Je l'admirais depuis mon appartement miteux à Shinjuku ; tout comme je l'admire tous les jours en face de moi désormais. Elle représente tout ce que j'aimerais être. Tout ce que je voudrais faire, réussir, accomplir. Elle avait exactement la vie dont j'ai toujours rêvé. J'aimais absolument tout ce qui constituait son existence. Entrer à la Royal, pour moi, c'était insensé, incroyable, impossible. Le début d'une vie dans laquelle, enfin, j'allais être celle que je voulais ; et avec la personne la mieux placée pour me montrer comment y parvenir. Peu de gens savent que mon frère est mort le jour de mon admission. Ce n'est donc pas une chose que je peux fêter, vous le comprendrez bien. Et quand bien même j'y parviendrais, les larmes me monteraient sûrement. La personne qui comptait le plus pour moi, plus que les paillettes de ce monde qui m'attendait, plus que la passion qui m'animait dès que je dansais, avait lâché son dernier soupir dans une ruelle sombre, alors que je sautait de joie dans notre appartement. Si tout ça m'avait paru futile pendant quelques temps, j'avais maintenant repris goût à la danse, à mon rêve ; à la vie.

Et aujourd'hui, on peut dire que la journée avait mal commencé... Je ne m'étais pas levée en retard, mais j'étais tombée du lit ce matin en me fracassant la tête contre le sol (c'est bon, j'ai vérifié, j'ai qu'un bleu) et j'étais fatiguée d'avoir travaillé tard hier soir. J'avais oublié mon café sur la table pendant que je m'habillais et faisais un peu de rangement, mais n'ayant plus le temps de le réchauffer, j'avais du le boire le froid. Ensuite j'avais pris le métro pour aller à la Royal, vu qu'on était lundi, et, évidemment, il était tombé en retard ce jour-là. Le seul jour de ma vie où je dois à tout prix être à l'heure sous peine de recevoir une remarque cinglante de la part de Mme Lee, et bien les éléments se déchaînent contre moi. Je courus pour arriver jusqu'à l’école à temps ; ou presque. Au moins, mon échauffement avait bien commencé... Essoufflée, je ralentis le pas pour m'approcher d'elle et la saluer en me penchant bas, comme à mon habitude. Sa phrase lança un poignard dans mon cœur, mais je me contentais de répondre d'une petite voix, toujours penchée : « Je suis désolée, cela ne se reproduira plus Mme Lee. ». Je savais que c'était ce que je devais lui répondre. Après quelques temps, j'avais appris à la connaître, à savoir comment elle fonctionnait. M'expliquer n'aurait servi à rien, sinon lui faire perdre son temps ou à l'énerver encore plus. Il valait mieux s'excuser et courber l'échine docilement. Je suis lucide, de toute manière ; je n'aurais pu faire autrement, avec mon caractère.

J'enfilais le plus vite possible mes collants blanc et mon short rose pâle, que j'avais choisi d'assortir avec un t-shrit « loose » gris clair et une brassière. Et mes éternels chaussons, bien sûr. Je crois qu'on comprenait bien que mon truc, c'était la lumière. J'aimais les couleurs claires. Quand elle commença à parler, je compris bien que ça n'était pas ma journée. La présence. C'est exactement ce dont je manquais cruellement. Je baissais les yeux vers le sol, totalement soumise. Je m'avançais quand elle me fit signe de le faire. Vers la scène. Était-ce pour cela qu'elle m'avait donné rendez-vous à l'auditorium? Elle savait que danser devant des gens le terrorisait. Me retrouver seule face à des regards autour de moi, qui attendaient que je les surprennent, que je les fassent voyager... c'était trop de pression, trop de stress. Je n'arrivais simplement pas. Toujours silencieuse, je me plaçais au centre de la scène. Je l'écoutais attentivement. Ma tête se releva, et je me remis droite quand elle parla d'élégance et de fierté. La même chorégraphie que d'habitude donc, mais je devais y développer des émotions qu'elle pourrait ressentir, même de loin. Transmettre, c'est ce que permet la danse, normalement. Mais je suis tellement bloquée dans ma bulle, que pour moi c'est une simple façon de m'exprimer ; je ne pense pas au spectateur, et elle le sait. Sa remarque sur les hommes me fit rougir. Souvent, elle se permettait des remarques de se genre, pour me bousculer un peu. Et à chaque fois, ça me gênait tout autant. Le couple, l'amour, le désir ; c'était pas pour moi, et ça me faisait presque peur.

Elle lança la musique. J'enchaînais les mouvements en tentant de les rendre plus amples, plus voluptueux, de façon à pouvoir la « toucher » de là où elle était. On voyait que ce n'était que le début ; mes muscles étaient lents, et bien loin d'être souples. Je fis tout mon possible pour ne pas rendre la danse mécanique, mais c'était dur. Quelqu'un de l'extérieur aurait trouvé ça beau ; mais je savais que chacune de mes fautes, elle les repéreraient. Ce n'était pas tant la faute de ma technique, puisque je m'en sortais plutôt bien dessus. Mais mon interprétation était rarement à la hauteur de ses exigences. Il me manquait « le petit truc ». La musique s’accéléra. Mes mouvements se hachèrent ; je connaissais cette chorégraphie sur le bout des doigts. Mon dos, à un moment, me tira, mais je fis tout mon possible pour ne pas le montrer. La musique s'arrêta sur mon salut ; plus tremblant que gracieux, malheureusement. Je relevais la tête vers ma professeure pour lui dire, confuse : « Excusez moi, je... je suis désolée, je vais recommencer, remettez la musique s'il vous plaît... ». Et la confiance. Encore une chose dont je manquais cruellement.

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Ce message a été posté Lun 23 Fév - 11:54
Hazel couvait la timide étudiante. Elle la protégeait et la considérait comme une petite sœur. Étant la dernière d'une petite fratrie, elle endossait ce rôle pour la toute première fois. Autant dire qu'il ne lui collait pas vraiment à la peau. Elle ignorait tout de cette tendresse là et se montrait aussi brusque qu'avec les autres. Elle ne la ménageait pas malgré l'affection particulière qu'elle ressentait pour elle. La danseuse étoilé imaginait pour ce petit bout de femme un avenir très prometteur mais qu'elle ne pourrait atteindre qu'en suivant ses conseils. Elle se reconnaissait dans sa fragilité. Seulement, Maylie ne comprenait pas comment en faire une force. Hazel voulait lui enseigner ça. Elle comptait bien lui prouver qu'une si grande sensibilité renfermait une puissance dingue et très appréciée en danse lorsque bien gérée. Mais Maylie, encore jeune, se laissait bouffer par les sentiments et ne les contrôlait pas. Elle les gardait à l'abri, pour elle, alors qu'elle devrait les partager, les envoyer à la gueule des gens pour les éblouir. La danse était expression mais aussi communication et séduction. Voilà tout ce qu'il fallait qu'elle enseigne à son élève et qu'elle-même avait mis des années à comprendre, à maîtriser.
Cela commençait par une rigueur sans faille. Dans le travail et le reste. Le retard de la demoiselle agaça profondément Hazel qui lui fit savoir. Néanmoins, parce qu'elle n'arrivait pas à rester insensible face à cette fille qui lui rappelait tant de choses, elle s'adoucit lorsqu'elle s'excusa et tapota gentiment sa tête. Un sourire à peine détectable, mais rempli d'une tendresse qu'elle cherchait toujours à cacher, étira ses lèvres. « Allez Maylie, prépare-toi, ça va être long aujourd'hui. » Et pas facile. Elle prépara le matériel pour son élève. Elle voulait l'aider à extérioriser. Maylie dansait en intériorisant ses sentiments. Elle bougeait pour elle comme si elle enfermait tout dans son petit corps. Hazel attendait d'elle qu'elle fasse exactement tout le contraire.

Du point le plus culminant de l'auditorium, bras croisés sur sa poitrine, Hazel détailla sa protégée. Elle analysa sa gestuel, ses expressions. Elle enregistra toutes les petits erreurs et points purement chorégraphiques à réviser. Malheureusement pour sa cadette, si elle parvenait à autant se concentrer c'est qu'elle ne voyait et ne ressentait que du vide. Y avait du pain sur la planche, la matinée promettait d'être terriblement long. La dernière note retentit. La brunette plissa les yeux et secoua doucement la tête. Laborieux, voilà ce qu'elle pensait. Elle descendit lentement pour la rejoindre sur scène sans prononcer un mot. Un silence pesant. Elle monta sur scène et passa derrière elle. Délicatement, la célèbre danseuse posa ses mains sur les minuscules épaules de Maylie. Elle appuya doucement dessus. « Relâche. » Elles se ressemblaient beaucoup tout de même. Premièrement, elles avaient le même gabarie, elles étaient petites et menues. Malgré les années qui les séparaient, on aurait pu croire qu'Hazel avait le même âge que Maylie. Leurs visages reflétaient toutes les deux une certaine candeur, illusoire dans le cas de la professeur mais encore bien réelle pour l'étudiante. Sa main droite glissa sur le haut de la poitrine de Maylie, juste sous son cou et l'autre resta sur son épaule. « Trop de tension. Ce n'est que moi. » Même si cela devait suffire à la stresser, qu'allait-elle faire devant un véritable public. Elle exerça ensuite une légère pression sur le ventre de l'apprentie danseuse avec ses deux mains. « Respire par le ventre. Regarde, prends de grandes bouffées d'air et expulse tout d'un coup. » Elle-même exécuta l'exercice de respiration pour donner l'exemple. Cela dura quelques petites minutes. Le calme avant la tempête, vous connaissez.

« Du vide. Y avait rien. Creux. » Et voilà la tempête. Un ton plus sec, cassant, froide et limite méprisant. L'expression 'prendre des pincettes' n'existait pas chez Hazel. Elle connaissait pourtant très bien son étudiante qui, plus fragile que les autres, devait sans doute se faire violence pour garder la tête haute devant elle. « J'ai vu chaque erreur. J'étais concentré sur ce que tu faisais puisque tu ne m'as rien donné d'autre à me mettre sous la dent. » Elle contourna la demoiselle pour cette fois lui faire face. Elle lui prit les mains, lui écarta les bras. « Là, va jusqu'au bout quand tu fais ça. » Elle glissa son doigt le long de son bras. « Le mouvement est ample. » Elle repassa derrière elle, et guida ses bras, son bassin ou encore ses hanches. Elle l'accompagne pour corriger d'abord ses fautes, après elle se concentrera pour le reste. Elle révisa ainsi tout un enchaînement. Puis elle descendit de la scène, et s'installa sur une des chaises du premier rang. « T'as pensé à quoi en dansant pour moi ? » Le moment était venu de s'insinuer dans sa tête.

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Ce message a été posté Dim 1 Mar - 17:20
Si je connaissais le côté rude d'Hazel, je savais aussi qu'elle pouvais se montrer très douce avec moi. J'avais toujours l'impression qu'elle était l'une des seules à vraiment me comprendre. Elle devait, j'en étais sûre, connaître certains aspects de ma personnalités mieux que moi-même. C'était clairement un avantage d'avoir un professeur si impliqué. Elle ne me laisserait pas tomber, jamais. Elle représentait la solidité, la personne sur laquelle je pouvais m'appuyer en cas de soucis. On peut dire que j'avais une confiance absolue en elle. Notre relation était presque comme fraternelle, soudée. Bien que je ne comprennes pas vraiment l'intérêt qu'une jeune si talentueuse pouvait me porter, on va dire que je ne m'en plaignais pas, et ne posais pas de questions. Tant qu'elle était là, pour moi, c'est tout ce qui comptait. C'est pour ça quand elle déposa sa main sur ma tête pour la taper gentiment, mon cœur se remplit d'un sentiment très chaleureux. C'est comme si elle m'avait dit « Ne t'inquiète pas », mais sans prononcer un mot. Ce genre de preuve d'affection discrètes, elle m'en donnait rarement. Ou peut-être plus souvent que je ne le pensais, mais mes pensées devaient être trop dirigées vers mes mouvements ou vers mon stress à calmer. Peut-être étais-je passées à côtés de gentillesses de ce genre ; en attendant, celle-là, je l'avais bien remarquée. Un petit sourire se forma sur mon visage, malgré sa prévention.

Après ma « prestation », que je savais plus que moyenne, Hazel descendit pour me rejoindre sur scène. J'aurais pu pleurer tellement j'avais honte, et tellement le stress me recouvrait. Une sorte de sanglot nerveux, pas vraiment contrôlé. Je me retins, attendant ses conseils patiemment. Elle se plaça derrière moi, silencieuse, et posa ses mains sur mes épaules. A ses mots, je fis de mon mieux pour me détendre. Il fallait que je me calme. Premièrement, ce n'était qu'un entraînement ; je n'y jouais pas ma vie, et deuxièmement, comme elle me le rappela, ce n'était qu'elle. Personne d'autre ne me fixait ou me jugeait. Et je savais ses yeux doux sur moi. Bien que précis ; doux ne veut pas dire qu'elle me passe tout, juste qu'elle n'était pas là pour me mettre mal à l'aise, à la base. Juste pour me faire progresser. Je suivis consciencieusement ses conseils, et respirait par le ventre, calmement. Elle savait comment faire pour redonner de l'aplomb, vraiment. Elle me montrait ce que je devais faire, je la suivais, attentive. Mes yeux s'étaient fermés, et tout mon être était maintenant centré sur ma respiration et la sienne. Nos souffles se répondaient. Je me relâchais, exactement comme elle m'avait dit de le faire. J'occultais totalement le reste, mes pensées contradictoires, mes problèmes, ma douleur. Il ne restait que nous.

Après quelques minutes, elle reprit. Tout ce qu'elle me lança, je le savais. Ma danse avait été médiocre, inutile, fade. Aucun sentiments, une maîtrise peu aboutie, et surtout une impression de déjà vu très forte ; à chaque fois, c'était la même chose. Mes premiers pas étaient d'une nullité sans non. Du moins, pour un œil expérimenté. Néanmoins, je tentais de garder la tête droite, et ne pas montrer ma déception, pourtant très forte. Mme Lee me faisait face, et pris mes bras pour me diriger. Ses conseils, je les assimilais directement, et corrigeais ma technique instantanément. Le mouvement était plus ample? Alors je le ferai plus ample. Je ne m'autorisais aucun avis, je me contentais d’exécuter. La professionnelle, c'était elle. Moi, à côté, je n'étais rien. Alors pendant un petit moment, nous reprîmes ensembles tout un passage qui pêchait plus que les autres. La question fatidique arriva pourtant, avant même que la fierté d'avoir réussit un geste mieux que les autre ne s'insinue en moi. A quoi j'avais pensé? « Je... A rien, madame. J'avais juste peur d'être trop mécanique. C'est tout. ». Je ne pouvais m'empêcher d'être honnête avec elle. Je savais qu'il n'y avait pas de bonnes réponses dans ces cas-là, alors je me contentais de dire al vérité. « A quoi... j'aurais dû... penser? » lui demandais-je, les joues en feu. La gêne me rendait souvent ainsi, autant que la honte. Une nouvelle fois, j'avais été honnête. Que dire? Je n’avais vraiment pensé à rien. Que devrais-je faire pour laisser mes émotions partir dans ma danse? La question me paraissait idiote, mais c'était pourtant la seule qui m'obsédait à ce point-là. J'avais l'impression que l'idiote, dans l'histoire, c'était moi.

Anonymous
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Ce message a été posté Mer 4 Mar - 15:01
Donner des ailes à Maylie. Tel était son objectif. Cette petite risquait d'en avoir besoin pour réaliser son rêve. Hazel comptait bien l'aider à devenir une grande danseuse étoile. Elle croyait en son étudiant et misait tout sur un potentiel qu'elle imaginait encore inexploité. L'américaine se retrouvait en elle reproduisant un schéma qu'elle ne connaissait que trop bien. Quelques années en arrière, à son âge à peu près, fragile et sensible, elle entrait à la Juilliard. Tout bascula pour elle à ce moment là. Ses enseignants déposèrent une si grande pression sur ses maigres épaules. Elle prit un certain temps à comprendre qu'ils avaient en même temps placé une confiance aveugle dans cette élève maigrichonne et chétive qu'elle était. Elle devait sa carrière à ces gens. Sa force de caractère aux épreuves traversées. Et son talent à ces heures d’entraînement intensif. Du coup, Hazel ne lâchait rien quand cela concernait Maylie. À son tour, elle allait tailler un bijou à partir d'un diamant brut. Cela nécessitait un important investissement de sa part mais elle le faisait avec plaisir et aussi parce qu'elle tenait à sa petite protégée. Puis, elle ne se trompait jamais, elle ne pouvait pas faire erreur. Cette fille allait marcher dans ses pas et réussir là où elle avait échoué.

Pour ça, elle devait lui apporter la technique. Rien de plus crucial quand on veut devenir danseuse étoile. Lui apprendre la rigueur. Mais aussi lui enseigner comment danser avec le cœur. Hazel avait remarqué que la jeune fille avait tendance à danser pour elle, dans une bulle. C'était donc la preuve qu'elle y mettait quelques fois beaucoup de sentiments. Cependant, par pudeur, elle ne semblait pas réussir à transmettre ses émotions aux autres et peut être même qu'elle n'en avait pas envie. Ce que l'ancienne danseuse comprenait. Elle-même au début avait regardé de travers ces foutus professeurs qui lui hurlaient de faire sortir ses tripes. Il lui avait fallu beaucoup de temps pour saisir cet élément. Raconter son histoire permettait de toucher les autres mais aussi d'extérioriser. Maylie était une fille réservée, alors extérioriser, elle ne devait sans doute pas en voir l'utilité. Voilà sur quoi Hazel tentait de travailler avec elle depuis quelques semaines. Si bien qu'après avoir corrigé de petites erreurs techniques, elle s'attaqua au cœur du problème. « À rien ? Comment ça à rien ? » Elle haussa un peu le ton, elle replaça ses cheveux en arrière puis posa ses mains sur ses hanches en laissant échapper un profond soupir. « T'étais même pas mécanique. T'étais fragile. Penser à la technique ça suffit pas ma belle. » Pour lui montrer à quoi elle aurait dû penser, elle posa son index sur sa poitrine au niveau de son cœur et exerça une légère pression. « Faut penser à ce qu'il y a la dedans. » Puis, après une pichenette sur le front. « Et à ce qu'il se passe ici. » Place à la démonstration maintenant.

Elle ralluma la musique mais en baissa légèrement le volume pour qu'elles puissent s'entendre. Face à son étudiant, Hazel croisa les jambes, arqua les bras et prit la pose. Puis elle commença à danser. Des mouvements précis qui épousaient littéralement la mélodie. Son corps paraissait se mélanger aux notes pour ne faire qu'un. Elle brisa un peu cette harmonie lorsqu'elle ouvrit la bouche sans s'arrêter de danser pour autant. « Tu vois, si je veux je peux continuer à te parler comme ça. Te raconter ma vie, te dire avec qui j'ai couché hier soir, si c'était un bon coup ou pas, te décrire ce que j'ai mangé au petit déjeuner ou je sais pas quoi. » Ses jambes et ses continuaient à voler dans les airs sans rater un seul temps. « Là c'est mécanique. Mon corps s'occupe des mouvements. Tu ne dois pas avoir besoin d'y penser. Il doit connaître la chorégraphie. » Elle s'arrêta là -parce que c'était à Maylie de danser et non à elle-. Mais d'abord, petite séance à cœur ouvert comme on dit. Elle coupa la musique et s'assit en tailleur sur le plancher de la scène. D'un signe de la main, elle invita sa petite protégée à faire de même.

Hazel avait encore beaucoup d'exercices différents à proposer à son élève pour qu'elle apprenne à extérioriser. Elle savait que la plupart du temps, une discussion ne suffisait pas. Cela restait une bonne base. Pour le moment, elle allait se contenter de la bombarder de questions indiscrètes et improviser avec ça. « Y a un truc qui t'énerve en ce moment ? » La colère pouvait être un très bon moyen de toucher un public. Un sentiment extrêmement fort mais difficile à gérer tout de même. « Quelque chose qui te rend triste ? » La douleur pesait lourd sur les cœurs et l'être humain se montrait très réceptif, très compatissant la plupart du temps et faisait preuve d'une grande empathie. « T'es amoureuse ? » Question encore plus personnelle que les autres. Maylie était dans l'âge des premiers amours après tout. Mais aussi des premières déceptions amoureuses. Ces émois tous particuliers qui rythment la vie des jeunes gens. Puis, Hazel était un peu curieuse aussi.

Anonymous
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Ce message a été posté Dim 8 Mar - 12:42
Julliard. C'était inespéré pour la petite fille des rues que j'étais. Un rêve intouchable, impossible, irréalisable. Royal aussi, d'ailleurs. Sans ma professeure de danse d'avant, jamais je ne serais ici. Je n'aurais pas osé passer les castings. A cette époque, je ne trouvais que mon niveau était bon. Je le trouvais correct, mais loin d'être assez élevé pour prétendre rentrer dans une école prestigieuse. Mais me voilà tout de même. Entrain de recevoir des cours avec la danseuse étoile que je respectais le plus au monde. Je vivais un rêve depuis que la Royal m'avait acceptée. Enfin, un rêve à double tranchant ; je m'étais retrouvée dedans sans mon frère. Lui qui avait tant fait pour me garantir un avenir radieux, jamais il ne saura à quel point son aide avait été précieuse... J'étais là où j'avais toujours rêvé d'être. Mais seule. Et à choisir, j'aurais préféré être avec lui dans la rue, plutôt que seule dans ce monde inconnu. Malheureusement, ce ne sont pas des choses que l'on choisit ; et me voilà là, entrain de prouver au monde que moi aussi je pouvais être une étoile. Tout en gardant les yeux rivés vers le ciel, espérant qu'il pourrait contempler mon ascension.

C'était vraiment un truc que j'avais du mal à faire ; extérioriser. En danse ou dans la vie de tous les jours. Je suis plutôt réservée, et c'est compliqué de me sortir de ma bulle. J'aime ma bulle. Je suis bien avec moi-même, parce que je sais que je ne ferai pas pleurer. Je sors rarement de mes gonds, et là encore, j'ai du mal à être vraiment « dure ». Je n'aime pas faire du mal aux autres, c'est contre ma nature. Et je pense souvent que ce n'est ps dans leur nature de vouloir me faire du mal. Du coup, je passe pour la naïve, à chaque fois. Mais j'essaie surtout de positiver. Les relations sociales je trouve ça trop compliqué. Avec Hazel, ça va encore, puisqu’on communique d'une façon qu'avec les paroles. On a un lien inébranlable ; la danse. C'est quelque chose que personne ne pourra nous enlever. Je m'efforçais de l'écouter, parce que c'était elle. Je savais pertinemment que de penser « A rien », ça n'était pas la bonne réponse, on va dire. Mais c'était la vérité. J'étais souvent bloquée au début du cours, il me fallait du temps pour me laisser aller. Fragile? Oh, je vois... Heureusement qu'elle était là pour me le dire, parce que je ne m'en rendais pas compte moi-même. Elle me le répétais souvent, ça. Que de penser à al technique, ça ne faisait pas tout. J'hochais docilement la tête, assimilant ce qu'elle me disait. Plus facile à dire qu'a faire. Danser avec son cœur... Laisser sortir ses pensées... Dur. Seule, je crois que j'y arrivais mieux qu'accompagnée. Mais dans les deux cas, ça restait un exercice que je maîtrisais mal. « Je... je ne sais pas comment faire... Ça me met mal à l'aise, et ça me fait peur... Je ne comprends pas... », lui avouais-je, penaude. Ma main passa sur mon bras et le frotta doucement. Je détestais avoir l'impression de lui faire perdre son temps.

Elle allait danser pour moi. J'adorais quand elle illustrait son cours par de vrais pas La musique était lancée, et elle aussi. Je m'asseyais sur le sol, admirative. Le « truc en plus », elle l'avait, c'est certain. Elle semblait flotter au dessus du sol, comme un nuage ou un oiseau. Elle était délicate et puissante. Impressionnante. Intimidante. Mais douce, aussi. C'était beau, comme d'habitude. Elle commença à me parler, tout en continuant ses mouvements. Je rougis, une nouvelle fois. Dès qu'il était question de relations sexuelles, ça me mettait dans tous mes états, et je ne répondais plus de rien ; en l’occurrence, je devenais une tomate vivante. Mais pour autant, je continuais de l'observer attentivement, en alternant entre ses jambes et ses lèvres qui se mouvaient pour m'éclairer un peu plus sur le sens des choses. Tout semblait si limpide quand c'était elle qui l'exprimait! Je crois que c'est ça, le talent. Puis elle s'arrêta, avant de me faire face, en tailleur. La musique s'éteignit.

Je me demandais ce qu'elle attendait de moi. Ses questions ne m'éclairèrent pas plus. Si quelque chose m'énervait? Me rendait triste? Si j'étais... amoureuse? Je la regarda, encore rouge et surprise. Je devais m'exprimer sur mes ressentis, pour les réutiliser dans ma danse, ou quelque chose du genre... Il y avait bien quelque chose qui me rendait triste, mais ça, ça ne changera jamais. Et je ne sais pas si je suis prêter à en « parler » dans mes mouvements. Charlie est mort depuis un moment déjà, mais ma blessure est toujours ouverte. Je crois que jamais elle ne se refermera. Mes pensées se bousculaient. Je baissais ma tête vers le sol, et plaçait mes mains sur celle-ci. « Je suis triste, oui... mais je ne veux pas... danser, en pensant à ça... Pas maintenant. », ma voix se brisait. Je dus me contrôler pour ne pas craquer. En parler, même à mi-mots, je ne voulais pas, pas là, pas tout de suite. Plus tard. Tout se mélangeait dans ma tête. Mon frère, la danse, l'entraînement... Puis je relevais la tête en me rappelant soudainement un certain samedi après-midi, passé avec un enquiquineur de première. En changeant vite de sujet (oui, ça m'arrangeait...), je lâchais : « Mais il y a bien quelque chose qui m'a énervée, la semaine dernière! Je me souviens très bien. Un garçon, qui faisait du hiphop, et qui m'a parlée comme si j'étais la dernière des idiotes. Je crois qu'il déteste les ballerines, mais je n'ai pas bien saisi pourquoi. ». Comment noyer le poisson, leçon 1. En plus, c'était vrai. Il m'avait agacée, l'autre, là. Et pourtant, ça n'était pas dans mes habitudes de réagir comme ça. Et enfin, sans transition... « Et sinon, je... non, je ne suis pas amoureuse... ». Mes yeux retrouvèrent la douce couleur ambrée du sol, mes joues leur teinte vermeille. Mais malgré ce que je venais de lui dire, ça me paraissait encore compliqué de réutiliser tout ça dans une chorégraphie. Je suis une novice, vraiment... Des fois, je me demande ce que je fais là.

Anonymous
Invité
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Ce message a été posté Ven 13 Mar - 12:05
Hazel lisait toute la détresse du monde sur le visage de sa petite apprentie favorite. Elle ne laissait rien paraître mais compatissait. Elle voyait ses prunelles vagabonder sans oser se poser sur un point à la recherche de quelque chose sans savoir de quoi exactement. L'innocente Maylie, plus perdue que jamais, montrait une nouvelle fois son incapacité à danser avec le cœur devant un public. Elle avouait honteusement que cela la mettait mal à l'aise, qu'elle ignorait comment faire et même que ça l'effrayait. L'espace d'une fraction de seconde, Hazel se radoucit et le coin de sa lèvre remonta un peu en un sourire discret qui s'envola néanmoins plutôt rapidement. Pas le temps de verser dans les sentiments, Hazel devait voler au secours de ce vilain petit canard, qui, elle l'espérait, allait se transformer en magnifique signe grâce à elle. Son parcours ressemblait à celui de l'étudiante. Au début, sa passion lui servait uniquement de refuge. Elle extériorisait tout ce qui restait enfermé dans ses entrailles en dansant mais refusait de partager cela avec les autres. Ses professeurs avaient dû faire preuve d'une grande patience et la pousser constamment dans ses retranchements. Le déclic, elle se souvenait l'avoir eu lorsqu'elle les avait fait pleurer lors d'un de ses examens grâce à la première chorégraphie créée de toutes parts par ses soins. Alors ce qu'elle tentait d'offrir à son élève n'était pour le moment qu'une base pour accueillir un jour le fameux déclic. Elle ne disposait pas réellement des capacités pour le provoquer mais elle pouvait le motiver tout de même. Elle posa ses mains sur les maigres épaules de la jeune danseuse. « Tu mens. Tu sais ce que tu dois faire. Mais tu ne veux pas le faire. Tu veux tout garder pour toi. Tu gardes tout pour toi et peut être même que tu bloques tout. » Elle la secoua doucement comme si elle essayait de faire résonner toutes ces choses que la demoiselle contenait dans son cœur mais aussi dans son corps. Hazel parlait en connaissance de cause et ça même si elle passait souvent pour l'enseignante froide, distante et totalement chiante.

Après une petite démonstration pour permettre d'éclaircir ses propos, Hazel posa délicatement ses fesses sur le sol de la scène et s'installa en tailleur. Elle convia Maylie à faire de même. Aujourd'hui, elles n'étaient pas ici pour travailler la technique. Sinon, elles auraient aussi bien pu le faire dans une salle de danse. Non, Hazel voulait développer autre chose chez son étudiante. Celle-ci dansait déjà merveilleusement bien pour son jeune âge mais elle ne faisait que ça : danser. Oubliant l'une des parties importantes de ce sport : transmettre des émotions. Elle tâtonna le terrain à la recherche de ce que la petite danseuse pouvait bien vivre et ressentir en ce moment. En la voyant baisser la tête, elle comprit qu'elle s'approchait d'un point sensible mais peut être trop sensible. Cela lui pinça le cœur. Avec ses doigts, elle prit le menton de Maylie et l'obligea à relever la tête. « Je comprends. Mais j'espère que tu sais que la danse pourrait sûrement beaucoup t'aider à supporter cette tristesse. Ne penses-tu pas que la partager allégerait le poids de tes souffrances ? » Elle haussa les épaules et croisa ensuite les bras sur sa poitrine. « Je me dis toujours que ce que j'accepte de donner aux autres m'aide à garder le contrôle sur mes sentiments, me permet de les mesurer mais aussi de les rendre plus supportables. » Oui, Hazel était capable de faire autre chose que de crier en permanence sur ses étudiants. Si elle se montrait impitoyable, elle n'était pas pour autant fermée à l'idée de partager son expérience et ses ressentis. Mais peu d'entre eux cherchaient à en savoir plus. Puis avec Maylie, c'était différent. Hazel échangeait plus naturellement avec elle sur sa vision de la danse. Elle le voyait un peu comme une petite sœur, plus que comme une simple élève.

Elle ne voulait pas la forcer mais le petit problème restait qu'il fallait bien qu'elle trouve quelque chose à raconter aux gens en dansant. Alors Hazel continua sa fouille. Ah ! Quelque chose l'avait énervé. Elle gigota un peu comme pour mieux s'installer et être plus attentive. Peu à peu, elle fronça les sourcils. Un mec qui fait du hip hop, qui n'aime pas les ballerines. Voilà une description qui lui parlait. Elle nota dans un coin de sa tête qu'il fallait qu'elle fasse payer ce petit con pour avoir mal parlé à sa protégée. « Je crois que je vois de qui tu parles. Et je crois surtout qu'au prochain cours de hip hop que j'assure je vais lui faire passer l'envie de te dénigrer. Ce gosse. » Elle secoua la tête tout en soupirant. L'américaine finit par se relever et étira sa colonne vertébrale en tendant les bras vers le plafond. Pas question d'exprimer sa tristesse, pas amoureuse, il ne restait qu'à utiliser cette rencontre avec l'autre imbécile. « Bon, disons que cette salle est pleine de mecs comme lui. Tous des danseurs de rue sans cervelle. Toi, ton but, c'est de les faire taire. Qu'ils arrêtent de rire. Qu'à travers ta technique et derrière ton tutu rose, ils puissent sentir toute ta force. Tu dois leur prouver. Tu dois les éblouir. Tu dois être forte. Est-ce que ça te parle ? » Elle se mit à tourner autour d'elle à la recherche des bons mots pour lui parler, pour l'encourager mais aussi pour lui faire comprendre ce qu'elle attendait d'elle. « Rappelle-toi de tout ce qu'il a pu te dire et démonte-le en dansant. » N'était-ce pas simple finalement ? La colère était un sentiment très fort et très utile. Extrêmement facile à partager. Peut être était-ce la seule émotion qui ne met pas totalement à nu devant les gens mais qui leur explosent tout de même au visage. Alors elle voulait essayer de la faire ressortir chez Maylie.

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Ce message a été posté Dim 15 Mar - 19:45
Comment Mme Lee faisait pour toucher juste à chaque fois? A chaque fois! Sincèrement elle est incroyable. Est-ce parce que, comme elle a l'air de le penser, je lui ressembles? M'exprimer en danser, je sais le faire ; plus ou moins. Disons simplement que ma technique ne suis pas, en général. Je trouves mes pas médiocres, je me trouve médiocres, dans ces moments-là. Pourtant, au début, ça n'était que ça. Juste des émotions, brutes. Je parlais de Seattle et de mes souvenirs devant mon miroir et en chausson, face à des spectateurs invisibles. J'évoquais mes craintes, la peur que je ressentais pour mon frère, qui se tuait à la tâche pour moi. La peur, aussi, de mon prochain. De ce que mes camarades de classes pensaient de moi. De la façon dont j'allais m'adapter à ce nouveau pays, le Japon. Les coutumes, la langue, les gens ; rien ne se ressemblait. Et moi, j'étais censée faire partie de ce peuple qui m'étais inconnu, simplement parce que mon nom de famille, c'était « Matsuno ». Tout ça, j'en parlais dans mes mouvements. Mais maintenant, je trouves ça difficile. J'ai, je pense, perdu cette flamme, cette rage qui animait mes yeux quand mon frère est mort. Avant, il était facile de se battre, puisque j'avais quelqu'un pour assurer mes arrières. Maintenant, j'étais seule. Et je n'avais plus la force de continuer le combat. Faire sortir ces sentiments enfouis, c'est qu'Hazel s'évertuait à vouloir faire. Le temps, et je comprenais que c'était un travail sur moi-même que je devais faire, avant même de songer à la danse. Le chemin allait être long, et tortueux, mais la personne qui me secouait à l'instant même me donnait de l'espoir. « Oui, je... c'est vrai... excusez-moi... ». Que répondre? Je n'en savais rien. Au moins, elle savait maintenant que je savais que c'était elle qui avait raison.

Et elle avait dansé. Avec une aisance telle, qu'il faut le voir pour le croire. Je l’avais écoutée, attentivement, en tentant de répondre au mieux à ses questions. Mais évoquer Charlie, même sans prononcer clairement son nom... c'est difficile. Mon cœur se serre, mes yeux se remplissent de larmes. Et je ne voulais pas montrer une facette de moi encore plus fragile à Hazel. Elle comprenait. Si bien qu'elle parlait comme si elle lisait dans mes pensées, une fois encore. Ses mains relevèrent doucement mon menton. Bon, là, elle avait une vue imprenable sur mes larmes qui menaçaient de couler. Mais je n'y fit plus attention, du moins, j'essayais, pour mieux me concentrer sur ses paroles. Je savais pertinemment qu'elle avait raison. De toute façon, elle avait toujours raison. Et elle trouvais en plus les mots justes pour en parler. Je ne la voyais pas du tout comme les autres élèves en parlaient ; impitoyable et froide. Pour moi, elle était douce et attentionnée. Oui, elle était stricte ; mais c'était elle qui possédait les clés de la réussite. « Je comprends ce que vous voulez me dire... J'ai déjà... dansé en pensant à... ça... mais je ne peux pas m'empêcher de pleurer, c'est trop difficile. Danser en y pensant, c'est doux et dur à la fois. Un jour... j'y arriverais, et... je vous montrerais. Je vous le promet. ». J'avais ravalé mes larmes et la toisais, déterminée. J'allais travailler dur pour honorer cette promesse. Dans tous les sens du terme.

Mon enseignante se rapprocha de moi, pour mieux m'entendre sûrement, alors que je lui parlais de Miyaki. Ce gars, il m'avait vraiment agacée à un point, je vous jures. Ça faisait longtemps que je n'étais pas sortie, ne serait-ce qu'un peu, de mes gonds. Tiens, elle le connaissait? Je l'observais, surprise. Mais pourtant... Elle s'occupait de la section danse classique non? Où avait-elle bien pu le rencontrer? Je passais outre ma surprise pour rire légèrement à sa remarque. Lui faire passer l'envie, hum? C'est vrai qu'il avait bien besoin d'une correction, ce sale type. Et puis Mme Lee, je la connaissait ; ça rigolait pas pour ces trucs-là. Elle se releva finalement, et je fis de même. Je reproduis le même geste qu'elle, et m'étirait légèrement à mon tour. C'est fou, mais même en quelques minutes les muscles s'atrophient quand même. Une fois prête, j'hochais la tête à chacune de ses phrases. Elle tournait autour de moi, et je fermais les yeux pour me laisser envahir de cette force dont elle parlait.

Je n’avais jamais pensé que la colère pourrait être un bon moyen d'extérioriser en dansant ; je suis si peu en colère! Mais j'avais compris ce qu'elle m'avait dit. Et j'allais m'en sortir. Je remis la musique, et m'écartais de ma professeure. L'assurance. Tu as de l'assurance, Maylie. De la volonté, de la force. Il n'est rien, et toi tu peux être tout. Je me hissais sur mes pointes et débutait mes mouvements, en tentant d’insuffler la rage que j'avais accumulée à mes pas. Je les enchaînaient. Mes pieds claquaient sur le sol en une série de bruits sourds. Ça, mes chevilles n'allaient pas apprécier ; mais c'était pour la bonne cause. Mes mouvements étaient plus secs, plus hachés. Je revoyais son visage moqueur, son air dédaigneux. Je m’essoufflais, mais je continuais quand même. Mon rythme dépassait un peu celui de la musique, mais je ne m'en rendis compte qu'à la dernière note. Je prenais la pose finale, un peu tremblante. Mon maintien n'étais plus très bon, mais tant pis. J'attendais son verdict.

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Ce message a été posté Jeu 26 Mar - 11:57
Cette détermination dans ce regard mouillé de larmes bouleversa la jeune professeur. Ses prunelles devinrent humides et, paradoxalement, elle offrit à sa protégée un sourire tendre, presque maternelle. Avec délicatesse, elle posa sa main sur l'épaule de la demoiselle et raffermit sa prise dans un geste qui se voulait à la fois chaleureux et réconfortant. Hazel ignorait ce que l'apprentie ballerine avait traversé et ne se doutait pas du poids qu'elle portait sur ses épaules. De toute manière, il n'existait aucun moyen de peser une souffrance ou de l'évaluer. Cela restait toujours purement subjectif. Il n'y avait rien de plus personnelle dans le monde que la douleur. « Je serai là pour recoller les morceaux, là pour t'écouter mais surtout pour te voir. T'admirer. Ce que tu refuses d'offrir pour le moment, j'en suis certaine, c'est de l'or. » Comme si Maylie était son bébé, sa fille, sa sœur, elle encadra son visage de poupée et caressa ses joues. Elle tenait tellement à ce petit bout et ça même si elle ne la ménageait pas, même si elle la poussait à bout parfois. Certes, elle ne montrait que rarement ses sentiments. Elle préférait les danser car cela lui permettait de les maîtriser mais surtout de les garder, de les mettre hors d'atteinte d'une certaine manière. Ainsi, les gens pouvaient admirer son cœur sans jamais le toucher. Mais lorsqu'elle acceptait de baisser un peu sa garde, d'entrouvrir la porte pour laisser découvrir son âme, le résultat portait une sincérité déconcertante. Après avoir balayer une mèche rebelle qui s'échappait du chignon de son étudiante, Hazel replaça cette empathie dans un coffre-fort n'oubliant pas pourquoi elles étaient ici.

Hazel devina, sans trop de difficulté, que le jeune garçon dont Maylie lui parlait n'était autre que ce cher Miyaki. Il devait avoir le même âge que sa petite ballerine préférée et, avec son comportement d'adolescent rebelle, n'avait pas dû hésiter à dénigrer une nouvelle fois la danse classique. Elle se jura intérieurement de le punir lors de leur prochain entraînement ensemble -peut être au travers d'un renforcement musculaire plus conséquent- et le remercia en même temps. En effet, ces critiques injustifiées, bêtes et méchantes allaient pour une fois servir. Elle désirait que Maylie s'alimente de cette rancœur, de cette colère, pour danser. Elle sentait qu'elle tenait là le bon bout. Après avoir donné ses consignes, elle s'éloigna pour laisser toute la place à son étudiante. Elle descendit de la scène, s’installa sur un des sièges du premier heure et croisa les jambes. Puis la musique envahit la salle et résonna.

Enfin, Maylie capta quelque chose. Elle s'y accrocha. Hazel identifia tout de même ses erreurs. Le tempo, les hachures mais le spectacle ne la fascina pas moins. Pour la première fois, Maylie s'exprimait. Elle lui racontait une histoire et Hazel l'écoutait avec attention. Elle percevait le ton railleur de Miyaki qui avait sans aucun doute ébranlé la timide ballerine. Elle entendait aussi son cœur qui criait à l'injustice. Elle sentait cette volonté d'être plus forte, d'être au-dessus de lui. L'américaine n'en croyait pas ses yeux. Les efforts commençaient à payer. Après tout ce temps, voilà finalement un premier pas sur le chemin qu'elle voulait la voir prendre. Elle aurait pu l'applaudir. Quelqu'un d'autre l'aurait probablement fait à sa place. Mais voilà, Hazel restait Hazel. Même si elle sautait de joie intérieurement, elle n'en montra rien et n'adressa même pas un minuscule sourire à Maylie alors que celle-ci tremblait et tenait difficilement la pose finale. À la place, elle soupira et secoua la tête. C'était bien mais passez. Pas bon, pas excellent, encore moins parfait. « Deux erreurs majeures dans la deuxième partie. Tu as complètement foiré ton maintien perdu aussi rapidement. Et ne parlons pas du tempo qui est carrément passé à la trappe. Tu n'es pas capable de faire plusieurs choses en même temps ou quoi ? » Des mots pas forcément pesés et qui, même s'ils portaient la vérité, risquaient de blesser Maylie. Mais l'ancienne danseuse étoile était comme ça. Elle ne mâchait pas ses propos et ne comptait pas ménager la jeune fille simplement parce qu'elle venait de saisir enfin quelque chose. Elle ne critiquait là que sa technique ce qui signifiait bien que lui reste lui convenait, voilà ce que Maylie devait comprendre. « Recommence. » Lâcha-t-elle sur un ton autoritaire sans la quitter des yeux.

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Ce message a été posté Lun 6 Avr - 16:44
Je n'étais pas si expansive d'habitude. Mais là, c'était trop, surtout que je me sentais en totale confiance. Et Dieu seul sait que ça m'arrivait très peu. Ma professeure était véritable quelqu'un avec qui j'avais envie de partager beaucoup de choses. Elle était le genre de personne présente quand vous avez l'impression que le monde entier s’effondre autour de vous. Je voulais la rendre fière. Lui prouver que ses conseils, sa présence, sa patience payeront ; et qu'un jour, moi aussi je deviendrais une danseuse étoile Comme je l'avais toujours rêvé. Et pour le moment, c'était surtout d’entraînement que j'avais besoin ; de réconfort, aussi. Mais avec le temps, certaines choses deviennent plus importantes que d'autres. Il faudrait ne jamais oublier ce qui vraiment important. Et Mme Lee était là pour me le rappeler. Et c'était pour cela que je lui avait fait cette promesse ; comme une enfant le ferai avec son premier amour. Je le jures, j'y arriverais. Déterminée, je le fixais avec un regard que jamais personne d'autre que mon frère n'avait vu. La vraie Maylie, celle qui préfères ce cacher le reste du temps, était là aujourd'hui. A ces mots, à ce geste, les larmes coulèrent sur mes joues. La pression venait de retomber. Même si des gouttes d'eau salée caressaient ma peau, je n'avais pas baissé le regard, ni fermé les yeux. De l'or, elle avait dit. De l'or. « Je ne vous décevrais pas. », finis-je par dire. C'est comme si soudainement, mon cœur venait de s'alléger d'un poids immense. Maintenant, je pouvais danser.

Et c'est ce que j'avais fait, de façon éperdue. Acharnée. En tentant de préserver cette détermination qui devait faire ma force. Je voulais qu'on me trouve belle. Qu'enfin tout sonne juste. Du moins, c'est ce que j'aurais voulu une heure auparavant. Là, on peut dire que mon sens esthétique était passé à la trappe. J'en avais clairement l'impression. Mais l'effervescence, tout ce qui défilait dans ma tête, c'était plus que ça. Enfin mes pas représentaient ce que je ressentais. C'était très certainement brouillon, fouillis, mal calé, mais c'était pour une fois un petit bout de moi. Tout ce qui comptait, c'était cette hargne ; pas seulement envers Miyaki, mais envers tout ceux qui un jour avaient pu douter de moi, de ma danse. J'allais leur montrer. Mes mouvements, s'ils n'étaient posés sur le tempo, étaient en osmose totale avec mes pensées. Je m'arrêtais un peu avant la chanson, me rendant compte de ce que je venais de faire ; sortant de « transe », somme toute. Je relevais la tête vers ma professeure après avoir tenu la pose, essoufflée, mais de la bonne manière. Vous savez, cet effort qui vous fait vous sentir vivant. Qui vous épuise mais vous rend heureux. Je n'étais que ça, dans l'instant. Mais je savais que ce n'était pas encore ça, qu'il me restait encore des choses à apprendre. Beaucoup. Et Mme Lee ne manqua pas de me le faire remarquer. Certains auraient pu la trouver dure ; elle était simplement juste. Et c'était ce que j'attendais. Maintien, tempo. Mon cœur se serra légèrement, mais je ne le montrais pas. Je me devais de rester forte. De ne pas plier. Elle n'avait jamais gardé pour elle ce qu'elle pensait de ma prestation ; quant à moi, je préservais tout ce qu'elle me disait pour progresser un peu plus. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, hum? Et même serré, mon cœur battait toujours. « Je m'en suis rendue compte, excusez-moi. ». Elle me fixait, et je me permis de remettre la musique au départ.

Maintien, tempo. Émotion. Hargne et finesse. Tout concilier semblait plus facile désormais. Si je pouvais les faire séparément, pourquoi pas mélangés? Je commençais à danser, une nouvelle fois. Les mouvements, mainte et mainte fois répétés, me venaient presque naturellement désormais. Quoi qu’heureuse, je savais d'expérience grâce à ma professeure que se reposer sur ses acquis était mal. Je n'en fis donc pas grand cas, et tout en imprimant les mots de Miyaki dans mon cerveau au fur et à mesure, je continuais, gardant une oreille à l’affût du rythme. Quelques mouvements étaient plus poussées que d'autres ; ils égermaient quand mes sentiments reprenaient le dessus sur ma technique. Mais je m'en rendais compte, et reprenais aussitôt le véritable enchaînement des choses. Mon maintien s'était également amélioré -je ne tremblais plus-, peut-être parce que j'avais déjà épanché mon cœur quelques minutes plus tôt. Et pour la première fois depuis longtemps, j'avais l'impression de danser comme je le faisais avant. Avant de savoir ce qu'étaient des battements ou des jetés. Quand mes pieds prenaient des poses approximatives, et que je repensais à ma vie à Seattle en regardant le Lac des Cygnes. Les souvenirs qui remontaient constituaient eux aussi une matière à émotion. Et je m'en servis un peu, pour terminer la chorégraphie ; mes pas avaient suivi le fil de mes pensées, vraiment. L'harmonie entre le corps et le cœur. Je m'arrêtais, cette fois-ci au bon moment, ayant malgré tout l'impression d'avoir montré à Hazel un patchwork pas terminé. Mais le sourire aux lèvres.

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Ce message a été posté Mar 7 Avr - 20:40
Hazel dressa un bilan peu satisfaisant de la prestation de son étudiante. Elle souligna chacune de ses erreurs et pointa même du doigt celles qui avaient sans doute échappées à Maylie. Elle ne trouvait pas ça glorieux. Pourtant, elle venait pour la première fois de voir -ou plutôt d'apercevoir- ce qu'elle attendait depuis de longs mois de sa part. Des sentiments, de l'émotion. Elle ne le montrait pas mais elle était fière. Heureuse même. À l'intérieur, elle sautillait dans tous les sens, ravie que son petit oiseau prenne enfin son envol. Le chemin serait encore long mais la voilà enfin sur le départ ce qui enchantait l'ancienne danseuse étoile. La voir rester forte et garder la tête haute face à ses critiques la combla aussi. Habituée à la voir pleurer dès qu'elle se montrait trop sévère avec elle, cela l'étonna tout de même un peu mais d'une façon très positive. Elle décroisa les jambes et se redressa un peu sur son siège, pour se tenir plus droite et avoir ainsi une meilleure vue. La musique redémarra. Elle se concentra à nouveau sur l'apprentie danseuse.

Une étincelle toute nouvelle s'alluma dans le regard de l'enseignante alors qu'elle couvait du regard Maylie. Elle découvrait autre chose. Les mouvements précis de son étudiante apportaient enfin la preuve qu'elle maîtrisait son corps. Parfois, elle apercevait une volonté différente qui allongeait ses gestes et laissait passer la voix de son cœur. Cela arracha des frissons à Hazel qui se frotta les bras comme si elle voulait se réchauffer. Elle ne s'était pas trompée. Cette petite renfermait de l'or. Un véritable diamant. Oh, elle trouvait toujours quelques petits détails à corriger mais c'est difficilement qu'elle les nota dans un coin de sa tête bien trop envoûtée par le spectacle. Pas de tremblement, la technique et les sentiments. Elle n'en croyait pas ses yeux. Et le pire, pensa-t-elle, c'est qu'elle devait ça à ce sale gosse de Miyaki. Elle leva les yeux au ciel en y pensant alors qu'un fin sourire s'installait sur son visage, témoin du plaisir qu'elle prenait à voir Maylie s'épanouir ainsi. La dernière note résonna. Un long silence pensant envahit la salle durant de longues minutes. De longues minutes où Hazel ne fit que fixer Maylie sans trouver quoi dire. Finalement, elle replaça une mèche rebelle derrière son oreille avant de lentement approcher ses mains l'une de l'autre pour applaudir doucement -très doucement- son étudiante. Rien d'exubérant mais elle la félicitait tout de même. C'était la première fois qu'elle réagissait ainsi. Un jour à marquer d'une pierre blanche donc. Elle se leva même en continuant de l'applaudir et s'arrêta au moment où elle monta sur scène pour la rejoindre.

Face à Maylie, elle se teint droite et prit une grande respiration avant de donner son verdict un peu particulier. « Ce n'était pas parfait. » Elle marqua une pause pour faire durer le suspense mais aussi un peu pour la rendre anxieuse et posa ses mains sur ses joues en ancrant son regard au sien. « Mais j'ai passé un bon moment. » Un beau compliment venant d'une personne comme Hazel qui avait toujours quelque chose à redire normalement. Bien que, dans le fond, elle avait une liste toute prête des erreurs de son étudiante, elle ne comptait pas lui en faire part tout de suite. D'abord, elle devait lui montrer que les efforts payaient mais surtout qu'elle était très fière. Puis d'un coup, sans prévenir, la joie d'avoir vu ce petit bourgeon éclore et commencer à devenir une belle fleur la submergea. Elle attira la jeune fille contre elle et la serra dans ses bras. Toutes les deux faisaient à peu près la même taille et plus que jamais elles ressemblaient à deux sœurs. D'ailleurs, Hazel avait toujours rêvé d'être une grande sœur, sans doute était-ce pour ça qu'elle tenait autant à Maylie aujourd'hui. Elle la couvait peut être un peu trop mais elle ne voulait que son bien. Elle désirait la voir heureuse et surtout rêver de la voir sur les planches de Broadway dans le futur. Elle la sentait capable de grandes choses même si elle était encore très fragile. Elle la serra très fort, tellement fort qu'on aurait cru qu'elle voulait l'étouffer. Lorsqu'elle s'en rendit compte, elle la relâcha et lissa les petits cheveux rebelles de son élève. « N'oublie pas ce que tu viens d'accomplir aujourd'hui, et je t'en prie, dorénavant, offre-moi ça à chaque fois qu'on se verra. » Le grand sourire qui décorait le visage d'Hazel voulait absolument tout dire.  

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Ce message a été posté Sam 11 Avr - 22:35
J'avais l'impression de faire enfin ce pourquoi la danse m'avais attiré au départ. Transmettre des émotions. C'était ça. Toute jeune, quand j'étais allée voir mon premier ballet, j’avais tout de suite su que c'était ça. La chose qui me faisait vibrer, qui allait me faire vibrer toute ma vie. C'était ça, ma vie. Mon futur tel que je l'imaginais. La scène, le public. Les sentiments, la grâce, la maîtrise. Comme un poème, qui mettrait des mots justes sur la vie tel que son lecteur la perçois. Je voulait être l’interprète d'un poème vivant. Chose que, ces derniers, temps oublié. Après la mort de Charlie, c'est comme si j'avais oublié comment vivre. J'avais des émotions, encore, mais déliées de ma réalité. Une peine trop grande, un bonheur trop faible. En décalage, on va dire. Il me fallait réapprendre à rire, pleurer ; à aimer. A faire ce que les filles de mon âge font. Et la danse, pour cela, restait la meilleure des thérapies. Un moyen d'aussi bien se recentrer sur soi-même que de communiquer avec le monde extérieur. Et ma professeure, aujourd'hui, était ce monde extérieur. Ce monde que j'avais quitté car il m'avait poussé vers la sortie, et qui désormais m’accueillait à bras ouverts. J'étais confuse, mais heureuse. Et même la colère qui consumait chaque petit bout de mon corps ne suffisait pas à m'arracher à cet état de plénitude intérieur. Alors je lui avait montré. Ce que, je l'espérais, elle attendait de moi de moi ces derniers temps.

Mon cœur battait la chamade. De nouveau droite, la lumière qui éclairait mon visage, j'attendais le verdict. Ce qu'elle en pensait. Et le temps qui, longuement, trop longuement, s'écoulait, n'étais pas pour me réconforter. J'avais peur que mes pas ne lui ai pas plu. Qu'elle juge, encore une fois, que c'était trop brouillon. J'en vins même, à la fin, à penser qu'elle ne voudrais plus de moi comme élève, jugeant que mes capacités étaient trop basses face à ses attentes. Un stress de bonne élève, comme vous pouvez vous en doutez. Inutile, mais inévitable. Alors les applaudissements, même s'ils n'étaient pas exubérant, restèrent pour moi comme le plus beau des cadeaux de sa part. Mme Lee me rejoignait, pas à pas, en faisant taper ses deux mains l'une contre l'autre. Mon corps se secoua de quelques tremblements, tellement la joie qui coulait dans mes veines était intense. Ma main se porta à ma bouche quand son verdict, toujours aigre-doux, me laissa tout de même entrevoir une porte de sortie. La porte de sortie ; ou plutôt devrais-je dire l'accès direct ; vers mes rêves. Je la regardais dans les yeux, avant de retenir mes larmes et de m'incliner devant elle ; une façon muette et un peu maladroite de la remercier, à l'heure où l'émotion était trop grande pour que ma bouche ne laisse échapper un seul son. Un bon moment. Sa phrase tournais en boucle dans ma tête. Lee Hazel, l’une des danseuses les plus réputées du monde entier, mon modèle, la sœur que j'avais jamais eue, mon professeur, avait passé un bon moment en me regardant danser. Cela est et restera le compliment le plus agréable que je n'ai jamais entendu. Elle était fière de moi, Matsuno Rose Maylie. La petite qui vivait dans la rue à Seattle, et qui a appris l'anglais grâce à des prostituées qui la gardaient. En me redressant, des larmes pleins les yeux, je sentis ma professeure s'approcher de moi et m'entourer de ses bras réconfortant. Je n'étais plus seule. Enfin, j'allais pouvoir me reposer un peu. Enfin, j'allais pouvoir me laisser un peu aller, me reposer sur quelqu'un. Quelqu'un qui croyait en moi.

Et moi aussi, à corps perdu, j'enlaçais son corps un peu plus dans le mien. Les pensées qui m'assaillaient n'avaient plus de nom, et moi non plus. Plus rien n'existait. Nous étions deux, deux sœur l'une contre l'autre, qui se retrouvaient après des années de séparations ; c'est ce que l'on aurait pu croire, en nous observant un peu. Même ma respiration ne comptait plus ; si bien que je compris que l'air n'avait manqué qu'une voix que ses bras desserrèrent leur étreinte. Elle arrangea mes cheveux -ceux qui jamais ne resteront en place-, et me regarda avec une bienveillance que j'aimais observer sur ses traits. « Je ferais des efforts pour ne pas vous décevoir. Je n'oublierais pas, jamais, c'est promis. », lui répondis-je, le plus sincèrement possible, trop heureuse de voir ce sourire sur ses lèvres. J'y croyais, enfin, un peu plus qu'à l'accoutumée. Ce cours de danse m'avait prouvé que moi aussi, avec un peu d'aide, j'allais pouvoir briller.

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