Tenue
« C’était parfait Miyuki ! Tu peux rentrer, c’était la dernière. Bon travail. »

Je saluai rapidement les gens autour avant de me diriger vers la loge. Les maquilleuses se chargèrent d’enlever l’excès de maquillage. Après être resté debout pendant plus d’une heure, j’étais content de retrouver ma chaise. On m’avait proposé de faire des pauses et en temps normal, je les aurais accepté mais je ne pouvais risquer d’arriver en retard à ma leçon de cuisine. Ça devait faire un peu près plus d’un mois que je suivais les cours de Tae Oh sensei, et mes Colorful Diamonds ont l’air d’apprécier ses nouvelles recettes. Bien sur, c’est aussi parce que j’ai beaucoup de talent qu’ils aiment ce que je leur prépare, mais Tae Oh avait du mérite. Je ne l’avais pas choisi pour rien.
Je rejoignis rapidement la voiture de l’agence pour m’emmener à notre appart, à Shibuya. J’aurai pu aller directement chez Tae Oh mais ma tenue vestimentaire n’était pas adéquate pour faire de la cuisine. De plus, comme je devais rentrer tout seul après le cours, je ne pouvais rester habillé ainsi. J’étais trop facilement repérable par mes fans.

Après avoir passé 20 min dans la voiture à piquer du nez, j’étais enfin à Shibuya. Je ne trouvai personne du groupe à la maison, mais comme je n’avais pas le temps de trop me poser trop de questions, je me dirigeai vers mon dressing. Lunettes ? Ok ! Chapeau ? Ok ! Masque ? Ok ! Je me regardai un dernier coup d’oeil dans le miroir avant de quitter mon dressing. Ça y est, j’étais prêt à me fondre dans la foule de Tokyo.   Eh oui, même moi, la petite Diva, comme le dirait Sho, qui aimais être le centre de l’attention de tout le monde, voulais avoir du temps libre sans risquer de me faire déranger par mes fans. Cependant, être en mode infiltration ne voulait pas dire que j’allais m’habiller n’importe comment. J’allais juste opter pour quelque chose de plus simple et de moins voyant. Même si, j’avoue que porter des lunettes en fin d’après midi était une chose peu commune. Je ne devais pas prendre le risque de me balader sans elles, Natsu me l’avait suffisamment bien appris. De nous 5, il était le seul capable d’oublier notre popularité et de se balader sans se couvrir. D’ailleurs, c’était bizarre de ne trouver personne dans l’appart. En fait, c’était plutôt le fait de ne pas voir Shun ici qui rendait l’appartement vide.

Je regardai mon portable pour y lire l’heure. 17h36. Mon chauffeur était parti et bizarrement, je ne trouvais pas de taxi en bas de l’immeuble. Et pas question de prendre le bus ou le métro. C’était trop risqué de un par le timing et de deux, parce que je ne voulais pas me retrouver coincer dans une émeute. Je n’avais pas le choix, je dus descendre à la rue principale pour me trouver un taxi. Je regardai à nouveau mon portable. 17h39. C’était encore jouable. Je me surpris à vouloir être tant à l’heure à ces leçons. D’habitude, ça ne me faisait ni chaud ni froid d’arriver en retard mais aller à ses cours de cuisine était vite devenue une habitude pour moi. Heureusement, le trafic était fluide, je n’allais pas arriver en retard. Assis confortablement dans le taxi, je passai les 5 premières minutes à regarder à travers la vitre et sans me rendre compte, j’avais dormi pendant les 15 autres restantes. C’est le chauffeur qui me réveilla lorsque nous arrivâmes devant l’immeuble de chez Tae Oh.

Toujours avec le visage caché, je montais les 2 étages avant d’arriver devant la porte de l’appartement de mon sensei. Je sonnai une première fois. Aucune réponse. Je sonnai alors une deuxième fois puis regardai pour la troisième fois mon portable. 18h01. Je finis par taper à la porte.

« Senseiiiii, vous n’allez tout de même pas me faire attendre neee ? »

Je l’avais vouvoyer exprès pour le faire taquiner, de même lorsque je l’appelais par sensei, puisque d’habitude, je me contentais de l’appeler par son prénom et en le tutoyant. Je continuai à faire de la batterie sur la porte, s’il ne m’ouvre pas rapidement la porte, ses voisins iront très vite se plaindre du bruit. Ça pouvait être amusant mais ça empiéterait sur ma leçon… Lorsque j’entendis du bruits de l’autre coté de la porte, j’arrêtai de frapper. Tae Oh m’ouvrit enfin la porte,  sans attendre le moindre mot, je me précipitai vers le canapé, m’affolai dessus et enlevai toute ma panoplie de ninja. Oui, je m’étais déjà approprié l’appartement.

« J’espère que tu as une bonne raison de m’avoir fait attendre … » Je regardai pour la quatrième fois l’heure. « 2 min ! Beaucoup de personnes rêveraient de me faire attendre 2 min. Tu en as de la chance ! »

Je lui souris de façon innocente pour lui montrer à quel point il était chanceux. Mon regard s’attarda sur la cuisine.

« Qu’est ce qu’on fait de bon aujourd’hui ? »

Tenue
Je n’étais pas patient, c’est pour cela que je n’attendis pas plus longtemps pour frapper contre la porte. Certes ce n’était « que 2 min » mais je peux vous garantir que quand on est seul devant une porte, même une minutes pouvait sembler interminable. Surtout qu’avec mon masque et mes lunettes j’avais l’air très bizarre à attendre devant cette porte. Au début, je tapais bourrinement puis il m’est venue une petite idée. Je voulais reproduire « Do you want to build a snowman » de la Reine des Neiges, après tout, j’étais presque dans la même situation que notre chère Anna. Mais mon cher sensei m’ouvrit la porte avant ma performance. Il s’excusa avant de me donner ma réponse. La raison de mon attente était sa petite soeur. Il me semble que c’était la première fois qu’il m’en parlait, j’en étais presque sur. Même si on pouvait me croire détaché, je n’oubliais généralement pas ce genre de détail.

« Ta petite soeur ? Je ne savais pas que tu avais une soeur. Elle a quel âge ? » Je fis un petit sourire amusé. « Vu comment tu m’as ignoré, j’aurai plutôt cru que c’était ta petite copine. »

J’étais prêt à parier la moitié de mon dressing que Tae Oh était complètement gaga devant sa petite soeur. Tous les grands frères que je connaissais avaient une très bonne relation avec leur soeur. J’étais fils unique, mais je ne l’avais pas mal vécu. Je n’ai jamais été jaloux de ces liens de sang, après tout j’ai réussi à me créer des liens encore plus fort que ceux ci.
Je fis une petite moue lorsque Tae Oh dit qu’il aurait du me laisser dans le couloir plus longtemps. Il n’oserait pas, si ?

« Méchant sensei ! J’ai fais beaucoup d’efforts pour venir à l’heure et voilà que tu veux me faire attendre, seul, devant cette porte, dans ce couloir sombre… »

Moi en faire trop ? Jamais. J’essayai juste de le dissuader de me faire attendre. Je le regardai se diriger vers la cuisine. Tae Oh me donna des consignes que je respectai sans sourciller. J’enlevai aussi ma veste de jean que j’accrochai dans le placard à l’entrée. J’optai aussi mes bagues de mes doigts et les posai sur la table basse avec mes accessoires de camouflages et me dirigeai enfin vers la cuisine. A l’entente de la recette d’aujourd’hui, j’eux un petit étonnement. Pour moi, c’était une recette toute simple. Cependant, j’avais confiance en Tae Oh, s’il avait proposé des raviolis, c’était que ce n’était pas si évident que cela. En effet, même moi qui suis un cordon bleu, avais quelques fois du mal avec ses recettes, mais le résultat était bien là. En même temps, il n’était pas un second de cuisine pour rien, et surtout, je ne l’avais pas engagé comme sensei par hasard. D’ailleurs, j’étais étonné qu’il n’était pas encore un chef. Je mis le tablier sans broncher et hochai de la tête lorsqu’il me demanda si j’étais prêt. Au fur et à mesure qu’il sortait les différents ustensiles et les ingrédients, je les plaçai de façon ordonnée sur le plan de travail de sorte qu’on ait toujours de la place devant nous.

« Ma journée ? Une journée comme les autres, avec les cours puis un enchainement de shooting. La vie d’une idole n’est pas si passionnante que ça. Mais s’il y a quelque chose qu’on pourrait faire assis, je m’assiérai volontiers. »

Malgré mon sourire, je ne pouvais cacher toute ma fatigue. Etre idole n’était pas de tout repos, si je n’étais pas ici, j’aurai surement fais une petite sieste avant de commencer la soirée. Bien que j’essayais de respecter au maximum mes heures de sommeil pour avoir une peau saine, ce n’était pas tout le temps que je pouvais me permettre ce luxe. Cependant, pour rien au monde je voudrais quitter le monde du show. J’aimais trop Colorful Diamonds et nos fans pour ça.

« On commence par faire quoi ? La pate ? La farce ou la sauce ? D’ailleurs, c’est des raviolis à quoi ? »

En attendant la réponse, je touchais les différents ustensiles et selon ce que Tae Oh allait me dire, j’étais prêt à prendre l’outil qu’on avait besoin en premier.

« Et toi ? Quand est ce que tu deviens chef ? »

Tenue
La réaction de Tae Oh face à ma remarque me fit beaucoup rire. J’avais l’impression qu’il souhaitait sortir du célibat le plus rapidement possible, ou plutôt qu’il était en attente de trouver sa tasse de thé, l’amour de sa vie quoi. Enfin, je me moquais de lui comme si j’avais déjà trouvé la personne qu’il me fallait, ce qui n’était pas réellement le cas. Dans le monde du show, il était déjà assez difficile de se trouver des amis, alors ne parlons même pas de relation amoureuse. Je connaissais assez bien les conséquences qu’il pourrait y avoir lorsque les fans découvrent la nouvelle. La carrière de mon père était l’exemple parfait, lui qui était une star montante a tout perdu au moment où il s’est mis avec ma mère. Heureusement, Tae Oh me fit penser à autre chose lorsqu’il me parla de sa soeur. Je me contentais de hocher la tête à sa réponse. Je n’avais même pas relever le fait qu’il connaissait mon age. De nos jours, il était plus difficile de cacher une information que de la trouver. D’ailleurs, j’espérais que j’avais mené à bien mes missions camouflages, et qu’on ne m’avait pas reconnu durant les trajets pour venir jusqu’ici. Je m’en voudrais si Tae Oh se faisait importuner par des paparazzis. Moi, je connaissais les risques en signant le contrat - bien que je ne m’y habituerai jamais, mais sensei n’avait rien à voir avec le monde du show. En y pensant, je ne l’avais jamais demandé si ça le gênait de me donner des cours, à moi une célébrité. Je lui avais imposé ma présence car nous avons tous les deux trouvé des avantages à ces leçons, lui pouvait avoir un autre apport financier alors que moi je découvrais de nouvelles recettes. C’était normal. Je n’avais pas pensé que je n’étais plus qu’un simple citoyen mais une personne nationalement connue. Autant j’aurai pété un cable s’il m’avait refusé de me prendre comme élève au premier cours, autant là, je ne voulais plus le forcer. Car même si on se taquinait souvent, je l’aimais bien mon petit sensei.

Mais bon, comme Tae Oh ne semblait pas être si dérangé par ma présence, je laissai les choses aller. Sa remarque sur ma journée confirmait ma façon de penser. Il avait une certaine réticence à la célébrité, que je pouvais parfaitement comprendre. Je ne trouvai pas quoi lui répondre puisque je ne connaissais pas la réponse, je le vivais tout simplement. Je lui offris un mignon petit sourire lorsqu’il m’apporta une chaise. Je me jetai limite dessus avant de lever mes deux pouces vers lui.

« Merci ! » Je soupirai un petit coup. « Pour être franc, je ne sais pas non plus… Mais il n’y a pas que des mauvais aspects à être une idole. Tu ne peux même pas t’imaginer le nombre de personne que je rend heureuses rien que le fait d’être vivant. Tu devrais être limite en train de pleurer de joie parce que je suis à tes cotés ! »

J’accompagnai mes dires par une petite mine approbatrice. En fait, c’était plus pour me convaincre que j’avais dis ça. Mais s’il allait vraiment pleurer, je lui nettoierai ses larmes, je lui devais bien ça.

Il m’énonça les différents étapes puis lorsqu’il me révéla la nature de la farce, je ne cachai pas ma satisfaction. Les recettes à base de poulet étaient celles que je préférais. Après tout, notre leader adoré raffolait du poulet. Et plus je connaissais de recettes avec cet viande, plus j’aurai de moyens à ce qu’il cède devant mes demandes.

«  C’est parfait, Shojiro adore le poulet ! » Je me souvins alors qu’il connaissait mon âge. Un sourire malicieux s’afficha sur mon visage. «  Avoue le, tu es un de nos fans c’est ça ? » J’avais bien évidemment la réponse à ma question, il aurait été plus bizarre de ne pas connaitre ces petits détails que le contraire. Mais je ne pouvais l’empêcher de le titiller un peu. « C’est qui ton membre préféré ? Si tu es gentil, je pourrai obtenir son autographe rien que pour toi ! »

Je continuai à l’embêter lorsque je lui demandai quand est ce qu’il aura sa promotion. Je n’avais pas de connaissances sur la hiérarchie en cuisine, ni comment faire pour devenir chef. Comme je n’étais pas très satisfait de la réponse de Tae Oh, je posai ma main sur son épaule.

«  Et bien, moi je te nomme Grand Chef de la cuisine des Colorful Diamonds, ainsi que Sensei du fabuleux Murasakibara Miyuki ! »

Sur ces mots, Tae Oh me donna quelques consignes. Je pris le sac de farine et commençai à verser son contenu dans un récipient posé sur la balance. 150 g, 180 g, 190g, 196g et j’arrivai enfin à obtenir 200g. Certes on n’était pas à quelques grammes près, mais j’aimais être minutieux dans ce que je faisais. Je fis ensuite un trou dans la farine comme le demandait Tae Oh. J’étais prêt à rajouter les autres ingrédients pour faire la pate quand il me demanda si la précédente recette avait plu aux membres.

«  Et comment ! Ils ont a-do-ré ! Ils n’ont jamais trouvé l’ingrédient secret que tu m’as dis ! Comme quoi, l’ingrédient seul peut ne pas être bon, mais ajouter à tous les autres, c’est lui qui fait toute la différence ! »

Waou, j’avais l’impression d’avoir sorti une phrase philosophique. J’aurai bien applaudi mais avec la farine sur les mains, j’avais préféré éviter. Comme je ne voyais pas le robot sur le plan de travail, j’eux un petit air inquiet.

«  On va utiliser le robot hein ? »

Tenue
 Je n’avais pas l’impression d’avoir dit quelque chose de drôle et pourtant, Tae Oh ne put s’empêcher de lâcher un rire. De plus, il me sortit une espèce de blague que seul un cuisinier était capable de raconter. « Ha ha ha ! Très drôle ! Mais avoue que tu es heureux que je sois là ! » Je lui fis un aegyo, celui qu’on utilisait pour dire « si tu ne me le dis pas, je serais très triste. » Cette technique marchait beaucoup sur mes Colorful Diamonds ainsi que sur toutes les personnes craquant pour les choses mignonnes. Je ne savais pas si c’était le cas pour Tae Oh, mais je me disais que s’il avait une soeur, il était souvent victime de ce genre de persuasion. Je ne savais pas pourquoi, mais j’avais soudainement envie de l’entendre dire que j’étais une personne formidable, ou du moins reconnaitre que j’étais spécial. Je n’étais pas une personne qui se souciait de l’avis des autres mais recevoir des compliments n’était jamais de refus. Mais avant qu’il ne dise quoi ce soit, je préférai l’arrêter. « Tu me le diras à la fin de cette leçon ! »

Comme je le pensais, il n’était pas un de nos fans. Notre public était principalement des jeunes, ou des mamans qui nous voyaient comme leurs fils, alors je n’étais pas surpris par sa déclaration et encore moins déçu. S’il n’était pas un de nos fans, qu’en était il de sa soeur ? Elle avait le même âge que moi, elle devait avoir, plus ou moins, entendu parlé de nous - à moins qu’elle ne soit pas au Japon - J’affichai un sourire.

« Et ta soeur alors ? C’est peut être une de nos fans ! Il se peut même que je l’ai vu lors d’un fan meeting ! Tu pourras toujours lui donner l’autographe. »

Sauf que, si elle demande où il l’a eu, je pourrais dire adieu à mes cours de cuisine. Même si, lors de notre premier cours, je avais fais promettre à Tae Oh de ne jamais rien dire sur mes venues, on ne devait jamais sous estimer les capacités des petites soeurs. Quand elles veulent quelque chose, elles l’obtiennent ! J’avais pu apprendre ça grâce à mon meilleur ami, Shun et sa petite soeur.

« Shojiro c’est notre leader et c’est aussi celui qui adore le poulet. Il y a aussi… »

Je coupai ma phrase avant de soupirer. Cela ne servait à rien de les présenter un à un puisque Tae Oh oublierait très rapidement. Je lui épargnai donc la présentation que j’allais lui faire et préférai changer de sujet. J’évoquai sa promotion. Promotion qui n’était pas dans l’immédiat vu la réponse de Tae Oh. C’est la vie, il arrivait des fois que les efforts ne soient pas récompensés. Cependant, j’étais convaincu que cette promotion n’allait pas tarder, donc tout n’était qu’une question de temps. Et je misais souvent dans le juste.

La preuve, j’avais bien deviné. On n’allait pas utiliser le robot. Mon visage se décomposa à l’entente de cette nouvelle. Nous étions tout de même au 21e siècle et Tae Oh voulait qu’on utilise la vieille méthode ? J’étais tellement choqué que je n’écoutais qu’à moitié ses explications sur comment séparer un blanc du jaune d’oeuf, chose que je savais déjà faire. Je fis une mine boudeuse tout en reproduisant ce qu’il venait de faire.

« Tu as l’air d’oublier que je reste un bon cuisto. Mais pas aussi bon que toi, je l’avoue, mais je ne suis plus un débutant. »

En temps normal, je lui aurais dit d’un air fier, mais en pensant que j’allais devoir former la pate de mes mains, je perdis toute motivation. Mon regard faisait des allers retours entre Tae Oh et la future pâte. Après quelques longues secondes de blanc, je soupirai un grand coup et mis les mains dans le tas de farine. Afin de mieux mélanger, je me levais de ma chaise. C’était la première fois où je participais à la réalisation complète de la pate. Tout d’abord parce que j’en achetais déjà toute préparée, ou alors je laissais le robot ménager faire. Je ne savais pas si c’était moi qui le faisais mal ou si c’était normal mais pleins de grumeaux se formèrent. Ce n’était qu’au bout de quelques minutes qu’elle ressemblait enfin à une pate. J’entamai ensuite le pétrissage. J’avais beau à retourner la préparation elle ne devenait pourtant pas lisse. Pourtant, je m’étais tout mon poids à chaque fois que je la repliais. J’arrêtai tout mouvement et enlevai mes mains de la pate. C’était un travail assez fatiguant et je m’assis sur la chaise.

« A ton tour ! » Je lui fis un mouvement de sourcil pour l'inciter à prendre le relais. Je trouvais que j'avais suffisamment mis les mains dans la pâte comme ça.

Tenue
Bien que je voulais présenter les membres de Colorful Diamonds un par un, ce n’était pas dans le but de nous  faire connaitre un peu plus. Je voulais parler d’eux comme étant les membres de ma famille, un peu comme un élève qui racontait des anecdotes à son sensei ou plutôt comme étant une mère qui parlait fièrement de ses enfants. Mais comme je voyais la mine peu réceptrice de Tae Oh, je m’arrêtai avant de terminer les présentations.

L’idée de devoir mélanger soi même la pate puis de la pétrir ne m’enchantait guère. Nous étions tout de même au XXIe siècle, et la technologie d’aujourd’hui nous avait permis de confier certaines tâches à des appareils électroménagers, alors pourquoi pas s’en servir ? En voyant que Tae Oh n’était pas du tout prêt à céder, je finis tout de même par mettre mes mains à la pâte. Je remarquai tout de suite le sourire sadique aux lèvres de mon sensei. Ce n’était pas notre premier cours ensemble, mais j’étais surpris par la… méchanceté, oui méchanceté de Tae Oh. Il prenait du plaisir à me voir galérer à mélanger la pate. Même si je ne voulais pas le faire, je m’appliquai tout de même à la réalisation de la tâche. Enfin, tout était relatif puisque même si je repliais et re-repliais la pate, le résultat attendu n’était pas encore là. Je finis par tout arrêter, je trouvais que j’avais assez fait pour pouvoir passer le relais à Tae Oh.

« Ôi, n’oublie pas que j’ai enchainé des photoshoots avant de venir ! » C’était une excuse. J’avouais que je n’avais pas beaucoup de force, et puis il n’y avait qu’à voir ma silhouette et la taille de mes bras pour s’en rendre compte. Je n’étais jamais partant pour faire des efforts physiques, les seuls que je faisais étaient de porter mes sacs de shopping ou de courses. Et encore, Shun, mon meilleur ami était toujours là pour m’aider.
Assis confortablement sur la chaise, mes mains pleines de farine, je regardai le professionnel faire. Les mouvements qu’il faisait étaient semblables aux miens, mais ceux de Tae Oh étaient largement plus brutaux. A cet instant, je m’étais dis que pétrir une pâte pouvait être un bon moyen de décompresser. Enfin, ça ne sera jamais le mien puisque ça demandait trop d’effort.

En quelques minutes, la pâte devint plus souple et plus élastique, signe que la texture était bonne. Tae Oh me donna des consignes. J’attrapai le rouleau de film plastique et le mis devant moi. Je fis de même avec le saladier et le recouvris par le film. Je fis bien attention en appuyant le film sur la boule afin de bien prendre la forme de la pâte. Ayant réalisé ce qu’il m’avait demandé, je me dirigeai vers le frigo avec le saladier en main.   Comme le réfrigérateur était bien rangé, je trouvai facilement la place pour mettre ma pâte. Je jetais un rapide coup d’oeil à l’heure pour savoir quand récupérer la pâte. Je regagnai très rapidement ma place et je vis tout un panier de légumes sur le plan de travail. Ce fut le petit pot de piment qui attira mon attention. « Piment cheveux d’ange. » C’était la première fois que j’utilisais cet épice. J’en avais d’ailleurs jamais entendu parlé. C’était vraiment un avantage d’avoir des leçons avec un professionnel, ça me permettait, entre autre, de découvrir de nouvelles épices. « Ça vient d’où ? C’est fort ? On en achète facilement ? » Je ne pus m’empêcher de poser toutes ces questions. Après tout, il était normal de vouloir connaitre ce que j’allais utilisé.

Tae Oh posa devant moi une planche à découper et mit une moitié d’oignon dessus. Je coupai alors l’extrémité du légume et lui retira la peau. Je mis les déchets dans le bac pour, et commençai à couper l’oignon en lamelles. N’ayant aucune protection des yeux, je commençai à sentir des larmes. Heureusement, je magnais efficacement mon couteau pour limiter les dégâts. Je tournai l’oignon à 90° et redécoupai en lamelles pour avoir des petits cubes.

« On n’avait pas dit que c’était à toi de couper les oignons ? Pourquoi c’est à moi de pleurer ? »

Pleurer était un grand mot pour ce que ça me faisait, mais je sentais néanmoins des picotements aux yeux et il ne manquait que quelques secondes pour les larmes coulent. Enfin, il était toujours préférable pour moi de pleurer que de porter des lunettes de plonger. Je pris ensuite les petits cubes à l’aide du couteau et les mis dans un petit bol. Je pouvais m’attaquer aux blancs de poulets avec Tae Oh. Celui ci avait déjà bien avancé et il ne me restait pas grand chose à faire. Tout en découpant le poulet, je songeai à la mine heureuse de Shojiro.  Maintenant que Tae Oh savait qu’il en raffolait, il allait sans doute privilégier les recettes à base de cette viande.

« Tu as toujours été passionné par la cuisine ? » demandai-je entre deux découpes.

Tenue
J’écoutai attentivement Tae Oh lorsqu’il parla du piment cheveux d’ange. C’était toujours amusant de découvrir de nouvelles choses, surtout en cuisine où on peut trouver de nouvelles saveurs. J’ouvris le pot pour voir de plus près cet épice. Comme leur nom l’indiquait, ça ressemblait plus à des cheveux que du piment, c’était fin et long. «  Si je me teins les cheveux de cette couleur, alors ça deviendra vraiment des cheveux d’ange !  » Bien sur, j’avais conscience que j’étais plus souvent comparé à un petit démon qu’à un ange, mais ça ne me dérangeait pas.

Ma prochaine tâche fut donc de couper l’oignon. Comme ce n’était pas le premier oignon que je découpais, je connaissais les effets que ça pouvait avoir. Quoique, on n’avait pas besoin d’être un bon cuisinier pour savoir que couper des oignons pouvait faire pleurer les gens, ça appartenait presque à de la culture générale. Après on pouvait savoir ça et de ne pas comprendre pourquoi. Je n’étais pas une personne spécialement curieuse mais j’avais fini par chercher la raison sur internet. Et si on ne rentrait pas dans les détails des réactions, j’avais vaguement compris. A nouveau, je me plaignis de cette tache et la seule excuse que Tae Oh me sortit était que j’étais le plus jeune. C’est vrai que de nous deux, c’était moi le plus jeune, mais ne devrait il pas me chérir plutôt que de me faire une tache « ingrate » ? En tout cas dans notre groupe, tous le monde prenait soin de notre maknae, Ryoma. Ayant fini de couper la moitié de l’oignon, les larmes coulèrent sur mon visage. «  Voilà tu as réussi à me faire pleurer !  » J’essuyai rapidement ces gouttes grâce à la manche de ma veste et me dirigeai vite vers le lavabo pour me laver les mains.

Je me concentrai ensuite sur la découpe du poulet. N’aimant pas vraiment les moments de silence, je commençai la discussion. Toujours ? C’était le genre de réponse qui sous entendait qu’il avait été baigné dans le monde de la cuisine depuis le début de sa vie, en gros qu’un de ses parents était un chef. Comment l’avais je deviné ? C’était un peu près mon cas aussi. « Laisse moi deviner, tes parents sont cuisiniers c’est ça ? » Je lui lançai un sourire satisfait, j’étais pratiquement sur de ma réponse. Le seul doute possible c’était que ce n’était pas les 2 parents mais que c’était soit la mère, soit le père. Généralement - je me basais surtout sur mon cas - c’était les papas qui transmettaient leur passion à leur enfant. Bien sur il y avait des exceptions, et je pensais directement à Shun et à son père, mais c’était une autre histoire. Tae Oh me retourna la question. « L’idée ne venait pas de moi, je me suis contenté de suivre le mouvement. J’ai rejoins une bande d’ami, l’actuel groupe de Coloful Diamonds, et en postant des vidéos on nous a repéré par l’agence.  » C’était à moitié vrai, mais je n’allais pas lui raconter l’histoire de mon père. Même si Tae Oh devait avoir connu le grand Murasakibara Aoi à l’époque de quand il était encore un chanteur. Je fus soulagé quand le coréen me parla d’autre chose, je n’aimais pas m’attarder sur mon père. «  J’aurai surement percé dans le milieu de la mode. » dis-je fièrement. S’il y avait bien une chose qui pouvait égaler le chant c’était mon gout pour la mode. Et cette fois ci, ce n’était pas une passion transmise par mon paternel mais une passion que je m’étais découvert par moi même.

Je finis à mon tour de découper mon poulet et regardai Tae Oh hacher la viande. Je lui tendis naturellement mes morceaux pour qu’il puisse continuer à hacher. Il était sur la bonne voie, autant qu’il continue non ? «  Heureusement que tu es un cuisinier parce que je n’aurai pas voulu te voir en classe en tant que prof !  » Ce n’était pas un mauvais sensei mais il serait vite détesté par ses élèves ou alors au contraire, il serait adulé par ses élèves. Je m’assis en attendant que toute la viande soit hachée. N’ayant pas de hachoir à l’appart de Shibuya, je devrais demander directement au boucher de me hacher la viande pour pouvoir refaire cette farce. Je réfléchis ensuite aux étapes qu’ils nous restaient, mélange de la viande avec les légumes et les épices, faire la sauce, puis faire nos petits raviolis. Je regardai l’horloge de la cuisine, il ne restait qu’une petite vingtaine de minutes pour que la pâte soit prête. « Une fois que tu seras devenu chef, tu vas ouvrir ton propre resto ?  »

Tenue J’en étais sur, c’était bien son père qui lui avait transmis cette passion. J’étais vraiment trop fort. Je voulais me lever de ma chaise, faire le tour de la cuisine en gigotant dans tous les sens pour revenir à ma place, mais je m’étais retenu. Après tout, j’étais sensé être concentré dans la découpe de poulet et non pas à essayer de jouer au médium. Puis je lui racontai mon histoire avec les Colorful. En y réfléchissant, on avait vraiment parcouru un bon bout de chemin ensemble ! Bien sur, il avait des hauts et des bas comme dans tous les groupes d’amis, avec des disputes, des combats, mais à chaque fois, ça ressoudait notre groupe.

Sans avoir réfléchi à ce que j’avais dis, je sortis une sorte de plainte à Tae Oh. C’était vraiment bizarre de ma part d’avoir dit ça puisque je le payais pour avoir des cours, et donc, je le payais pour être mon professeur. En réalité, je pensais juste que j’étais content de ne pas avoir des cours tous les jours avec lui. Ce serait vraiment trop fatiguant, même si j’appréciais le coréen. «  Trop sévère ? Mais non, juste extrêmement sévère !  La dernière fois, j’ai cru que tu allais me manger !  » J’étais quelqu’un de franc, c’est pour ça que je n’hésitais jamais à me plaindre ou à faire connaitre mon opinion. Après tout, on nous avait pas donné la capacité de parler pour rien. Je me souvins qu’une fois, Tae Oh m’avait fais ficeler un même poulet plusieurs fois de suite parce que je le faisais pas correctement. Bon au moins maintenant, je pouvais le faire les yeux fermés mais j’avais eu une journée chargée et il n’avait pas voulu lâcher l’affaire. Mais, être sévère pouvait être à la fois une qualité et un défaut pour ses élèves.

Je le regardai faire. Il était en train de rajouter tous les petits légumes précédemment coupés pour les mélanger à la viande hachée. Je concluais que la farce était prête. Il ne restait plus qu’à attendre que la pâte soit prête pour pouvoir entamer la prochaine étape. Etant curieux sur ce qu’il allait faire, je lui demandai s’il avait l’intention d’ouvrir un restaurant. La réponse fut immédiate. Je me demandais si le rêve de chaque cuisinier était d’avoir son propre restaurant, voir plusieurs. Je soupirai et roulai un peu des yeux pour montrer mon mécontentement face à ce léger manque de confiance en soi. «  Bien sur que tu le pourras !  » En attendant que la pâte soit prête, Tae Oh me proposa à boire. « Je veux bien une bière ! Fraiche  stp !!  [/color] [/b]» Avec ce temps, je voulais quelque chose de rafraîchissant et la bière était la boisson idéale.  «  Merci !  » Je n’attendis pas plus longtemps pour ouvrir ma canette puis boire une gorgée. «  Ahhh ça fait du bien !  » J’essuyai par réflexe ma bouche. Tae Oh me demanda une question qui me semblait évidente. «  Ehhhhhhh ?! Tu ne comptais pas m’inviter ?  » Je fis une petite mine triste. «  Je suis trop déçu, je croyais que j’allais être un VIP ! Je pensais même amener les Colorful !  » J’enlevai ma petite moue pour lui faire un sourire taquin. «  Pour la peine, tu nous feras un prix d’ami et tu nous réservera une salle rien que pour nous.  » Je ne manquai jamais une occasion pour discuter des prix, le pire c’était quand j’allais faire les magasins. Je ne comptais plus le nombre de fois où j’avais réussi à magouiller les prix. On allait vraiment me croire pour un radin, alors que je me contentais de bien gérer mon argent. J’avais demandé une salle privée car il nous fallait un endroit à l’abri de tous les regards pour qu’on puisse manger tranquillement. Sinon, il risquerait d’avoir une émeute devant le restaurant. C’était pour cette raison qu’on se limitait à manger chez nous.

Tenue Qui a dit que les célébrités ne pouvaient pas boire de la bière ? Ce n’était pas une des mes boissons préférées, mais quand il faisait chaud ainsi, c’était la boisson la plus adaptée ! J’adorais les boissons alcoolisées, mais j’évitais d’en boire lorsque ma journée n’était pas finie. Sauf que là, ma journée était presque terminée, et je n’avais pas à prendre le volant, donc tout m’incitait à boire une bière bien fraiche. Je ne manquai pas de recracher ma gorgée lorsqu’il me demanda si je comptais venir à son futur restaurant. Est ce que je me sentais offensé ? Surement, je n’étais qu’un de ses élèves mais je n’étais tout de même pas n’importe lequel. «   Proche peut être pas, mais sage oui !  » J’étais sage non ? Des fois, je m’étonnais moi même d’écouter -non sans me plaindre- les consignes de Tae Oh, aussi strictes qu’elles soient. Je lui montrai une tête de chien battu. «   Je suis sage non ?  » C’était plus une affirmation qu’une question. J’écoutai sa proposition, celle de lui faire la pub en échange d’avoir des prix d’amis. Je ne pourrai surement pas utiliser mon image d’idole pour lui faire de la pub, car c’était à mon agence de décider, mais je pourrai en parler à mon entourage. Ça ne me coutait rien d’en parler, surtout si je pouvais avoir une réduction en prime. J’affichai un sourire amusé. « Je ne te voyais pas aussi calculateur ! Mais c’est une bonne chose si tu veux monter toi même ton propre business. N’oublie pas tes paroles. » Je bus une gorgée de ma boisson. « Mais ne me fais pas attendre trop longtemps. » C’était ma manière de l’encourager.

Tae Oh m’évoqua la possibilité d’apprendre des recettes coréennes pour la prochaine fois. Je tapais des deux mains pour approuver ses dires. «   Ce serait génial !  » Je n’avais encore jamais fait de plats coréens. J’avais plus l’habitude de faire des recettes occidentales ainsi que des plats japonais, mais jamais je n’avais essayé de faire du coréen. Non pas parce que l’envie n’y était pas, mais parce que c’était assez dur de trouver des bons livres de cuisines. Alors j’étais ravi de pouvoir apprendre des recettes coréenne. Tae Oh me demanda alors si j’ai déjà mangé ce type de plats. «   Oui ! On est déjà allé en Corée pendant quelques jours pour faire des concerts. On en a profité pour découvrir pleins de mets différents. C’est vraiment délicieux ! » Rien qu’à cette pensée, je lâchai un petit rire. «   C’est vraiment un très beau pays !  » Malgré les quelques jours passés là bas, j’étais déjà tombé amoureux de ce pays. Et pourtant, j’en avais vu des pays ! La seule chose qui me frustrait c’était de ne pas pouvoir parler le coréen. J’avais vécu dans tellement de pays, que j’aimais me sentir chez moi partout où j’allais. «   Tu sais parler le coréen ?  » Les seuls mots que je savais dire dans cette langue c’était les phrases bateaux telles que « Bonjours, je m’appelle Murasakibara Miyuki » ou « je vous aime ». Cependant, vu notre popularité au pays du matin calme, l’apprentissage du coréen n’était qu’une question de temps.

Je finis ma canette de bière et regardai l’heure. Il était temps de récupérer la pâte ! Sans attendre les consignes de Tae Oh, je me levai de ma chaise, et allai récupérer la pate au frigo. Je revins à ma place avec le saladier et le déposai sur la table. «   Tadammmm  » Je tapotais délicatement la pâte pour voir la texture de celle ci. Avec un air fier, je souris. «   Pas mal non ?  » Bon, en même c’était plus Tae Oh qui s’était occupé du pétrissage, mais j’avais plus ou moins participé, donc j’avais de quoi être fier non ?

Tenue- L’argent n’était pas un problème pour moi. J’ai toujours connu le luxe, sans pour autant être millionnaire. Ma vie ne dépendait pas, financièrement, de mon travail, enfin pas autant que Tae Oh. Mais même si je ne « manquais » pas d’argent, il m’arrivait souvent de trop dépenser et de le regretter par la suite. A force de pleurer à chaque excès, je devins plus audacieux et n’hésitai plus à demander des rabais, ou alors je suppliais Shun ou  Shojiro de m’offrir l’objet de mes rêves. A chaque fois que je réussissais, j’étais fier de moi. Petit à petit, discuter des prix était devenu une part entière de moi. Le futur restaurant de Tae Oh ne faisait pas exception. Après tous les moments passés ensemble, il me devait bien ça non ? Sensei m’imposa un objectif. Je souris, en me sentant victorieux. « N’oublie pas cette promesse ! Je te bouderai si tu ne la respectes pas ! » Dix personnes, c’était faisable. C’était limite facile. Je possédais un réseau assez impressionnant, alors ce serait vraiment tranquille ! A moi le prix d’ami ! «   Maintenant, y a plus qu’à devenir chef et ouvrir ton restaurant !   » Parce que je m’emballais, mais ça ne servait à rien d’avoir une réduction si son restaurant ne voyait pas le jour.

Tae Oh demanda mon avis sur l’intitulé du prochain cours. Même si cette séance n’était pas terminée, j’étais impatient d’être à la prochaine. Les seules fois où j’étais allé en Corée, c’était pour le travail. J’ai pu découvrir de très bonnes choses, mais je n’avais jamais eu le temps de visiter ce pays. C’était devenu un lieu de travail, mais c’était un endroit agréable. J’aperçu une pointe de nostalgie sur le visage de mon professeur. Il aimait vraiment son pays d’origine - ce qui n’était pas mon cas avant de rencontrer les CD. Pour moi, le Japon n’était pas intéressant, alors je ne voulais absolument pas y retourner. Je ne me voyais vraiment pas vivre toute ma vie dans ce pays ennuyeux. Heureusement que je rencontrai les Colorful qui me fit changer rapidement mon avis. J’appris que Tae Oh était venu au Japon l’année de ses treize ans. Il me semblait que j’étais revenu ici à cet âge là, ou à 14 ans, je n’étais plus très sur. C’était parfait s’il parlait le coréen, je pourrai m’entrainer à parler si jamais j’apprenais cette langue ! Parler avec les professeurs de l’agence était moins instructif que parler avec natif de la langue. J’étais assez chanceux d’être tombé sur un coréen pour être mon professeur. Enfin, après faudra que Tae Oh soit d’accord aussi. Mais je n’avais pas trop de soucis à faire sur ce point là.

Je jetai un coup d’oeil à l’horloge et m’aperçus qu’il était l’heure. Sans qu’il ne me demande, j’allai chercher la pâte au frigo. Puis je laissai le professionnel agir. La grosse boule de pâte épaisse se transforma en une fine couche de pâte prête à être utilisée. J’écoutais les instructions puis j’imitai le geste de Tae Oh dans le vide. J’observais attentivement les mouvements du coréen dans le but de refaire le plus précisément possible ce qu’il faisait. Tae Oh avait réussi à réaliser cette tache très rapidement. Sur le plateau, il y avait de jolis petits ravioles. J’hochai la tête face aux paroles du coréen. C’était à mon tour de créer ce petit plat. Je pris de la farce et en mis sur la pâte. Autant le premier, j’avais l’impression d’en avoir trop mis, autant le deuxième, pas assez. Mais rapidement, je trouvai la bonne dose de farce à mettre. Et une fois que j’avais compris ça, c’était très facile de remplir le milieu de pâte de farce. Ensuite, je pris le pinceau, que je trempai dans le bol de jaune d’oeuf, et l’utilisai pour étaler cette colle naturelle sur le bord de la pâte. Je repliai ensuite la pâte sur elle même tout en chassant l’air comme me l’avait montré Tae Oh. Je lui jetais de temps en temps un petit coup d’oeil pour m’assurer que je ne faisais pas de bêtises, mais vu sa non réaction, je conclus que je partais sur le bon chemin. Une fois la pâte repliée, je pris l’objet qu’il m’avait tendu auparavant et je découpais les ravioles, les déposant un à un dans le plateau. Une fois terminé, je me dirigeai vers Tae Oh. «  J’ai fini !  » En sentant la bonne odeur du bouillon, je m’approchai de la source pour y renifler de plus près. «   C’est vraiment une torture à chaque fois que je viens ici.   » Etre proche d’une délicieuse odeur mais de ne pas pouvoir manger immédiatement, c’était de la torture. Et dire que c’était le quotidien de mon cher professeur. Je soupirai un coup. «   Comment tu fais pour résister à ça tous les jours ?   » Même si j’aimais cuisiner, je ne pourrais jamais en faire une profession car j’aimais plus manger de bonnes choses que de cuisiner. C’était comme la même sensation que d’avoir un coup de coeur mais de le savoir réservé pour quelqu’un d’autre. Juste horrible.

Tenue Si on me demandait pourquoi j’aimais cuisiner, c’est parce que j’aimais manger. Alors faire face à toute cette nourriture sans pouvoir y gouter, c’était de la torture. Même si j’étais assez doué en cuisine, jamais je ne pourrai devenir un professionnel. Je n’aimais pas cuisiner pour les autres, les seuls pour qui je me donnais cette peine, c’était pour les Colorful. Les voir s’illuminer à la première bouchée d’un plat que j’ai préparé me rendait fier, et lorsqu’ils le compliment, j’étais aux anges. Donc, a part pour eux, et pour moi même, je ne cuisinais pas.

«   Disons que je ne peux pas rester de marbre devant la nourriture.   » Le pire, c’était lorsque j’étais au régime. Voir les autres manger sans faire attention à ce qu’il mette dans leur bouche était quelque chose que j’enviais. Et en tant qu’idole, je me devais de faire attention à mon corps. Après peut être que Tae Oh était habitué depuis un bon moment à toutes ces bonnes choses, c’est pour ça qu’il pouvait y résister. C’était la seule explication que je trouvai, même si je ne restais pas trop convaincu par celle ci. Tae Oh ouvrit le couvercle, la bonne odeur s’intensifia. Il prit une cuillère et plongea celle ci dans le bouillon. En voyant l’objet s’approcher de ma bouche, je l’aidai avec ma main à stabiliser la cuillère puis j’aspirai le liquide chaud. Je relâchai la cuillère et reculai. Je pointais mon pouce en l’air. « Délicieux ! » C’était vraiment parfumé ! Rien que le bouillon en lui même était bon alors j’avais hâte de gouter les ravioles cuits. Le minuteur sonna. Il était l’heure de tremper nos ravioles dans le bouillon. Je ne m’étais aperçu de ma réelle faim que je gouttai le bouillon, car mon estomac réclamait encore plus à manger.

Heureusement, les quatre minutes d’attente se passèrent relativement vite. Je laissai le professionnel nous servir et j’attrapai les couverts. «   Itadakimasu !   » Je mis pris le raviole ainsi qu’un peu de bouillon avec la cuillère, soufflai un peu dessus, histoire de ne pas me bruler la langue, puis j’ouvris grand la bouche pour tout y mettre. En machant le ravioli, je sentis le délicieux mélange de saveurs explosé dans ma bouche. J’applaudi face à ce délicieux plat. Ce n’était certes que des ravioli, mais il n’empêche que c’était très bon. Je finis d’avaler avant de regarder Tae Oh. «   J’adore ! Comme à chaque fois que je viens ici !   » Je pris le deuxième ravioli, et remarquai sa taille anormalement grande. «   Haha ! Lui, c’est mon premier ! Je le reconnais !   » Etant un peu plus gros que les autres, je décidais de le manger en deux fois. Je coupais le raviole à la moitié, et pendant que marchais la première moitié, je regardais la farce à l’intérieur de l’autre moitié. Je ne savais pas trop ce que je faisais, mais c’était intéressant. Je finis mon deuxième raviole et refit une petite grimace. C’était juste trop bon. « Alors, t’en penses quoi ? » Au bout d’une dizaine de minutes, je finis mon assiette. «   Waouu ! Je ne sous estimerai plus un simple ravioli !   » J’affichai un grand sourire satisfait puis regardais l’horloge. Il commençait à se faire tard, et je devais bientôt rentrer. Cependant, avant de partir je devais aider Tae Oh à ranger sa cuisine. J’aimais quand tout était propre, je laissais le coréen s’occuper des ustensiles alors que j’attaquai la surface de travail, ainsi que le grand bol qu’on avait utilisé pour la pate.

Après quelques minutes de nettoyage et de rangement, je pouvais enfin partir l’esprit tranquille. Je me dirigeai vers la table basse où j’avais posé mes accessoires, mis ma veste, puis mes chaussures. «  Alors promis, la prochaine fois on fait du coréen ?  » J’enfilais à nouveau ma combinaison de ninja à l’exception de mes lunettes. «   Comme d’hab, je te fais le virement demain matin !   » J’ouvris la porte. «   Bonne soirée !   » Je quittai l’appartement de sensei et entamai le long chemin du retour. Même si ça a été une dure journée, elle a tout de même était plaisante.