La pèche a été bonne. C'est ce que j'ai dit à Kang Jae après avoir vendu tout la drogue, les poches pleines de fric. Un sourire aux lèvres, je m'amuse avec un yoyo en sifflant joyeusement, mon masque bloqué sous mon menton. Je garde ma casquette vissée sur la tête, mes cheveux roses dissimulés en dessous. Ce soir, j'ai fait un bon chiffre d'affaire. Ce soir, je pourrais dormir sur mes deux oreilles. Avant de rentrer chez moi, je passe par le boss pour lui rendre l'argent de mes transactions et récupérer ma part du marché, fier de moi. Ma façon de faire ne trompe jamais, je trouve toujours les bonnes poires. Leurs vies m'importent peu quand j'y songe. Ils ont décidés eux-mêmes de se foutre dans cette merde, pourquoi devrais-je culpabiliser ? Parce qu'ils sont tombés sur moi ? Parce que je suis le dealer qui les entraînent vers la mort ? Je m'en fiche. Je me sens pas plus dangereux qu'un vendeur de pâtisserie. Chacun son commerce, non ? Tant que l'argent termine dans ma poche, ça m'importe peu. Tant que ma mère gagne un « salaire », je m'en moque du reste. Elle est heureuse à présent, elle s'en sort maintenant.

La tête en vrac, j'immerge doucement de mon sommeil de plomb, les yeux encore à moitié fermés. Mon réveil n'arrête pas de résonner dans mon crâne, me rappelant que je dois retourner à l'école aujourd'hui. Quelle plaie, après ce super week-end à ne rien faire. Je me sens obligé de préparer un sac d'affaire pour le dortoir, fourrant un peu n'importe quand dans mon sac de sport, puis je vais me préparer en vitesse. Ma mère est dans le salon en train de déjeuner, elle me sourit et je vais la saluer avec un bisou. Elle est précieuse à mes yeux, bien plus que l'argent que je m'enquiquine à lui trouver. Tant que c'est pour elle, je me vendrais carrément à Satan. Un sourire aux lèvres, je file à l'école en prenant le bus, traînant mon sac pour la semaine jusqu'à ma chambre. C'est le bordel, comme d'habitude. Dans un coin, une petite malle fermée à clé me sert à ranger des affaires confidentielles comme des dossiers sur des gens. Mon père, mon demi-frère, des personnes sans importances. Mes magouilles, ma vie. Abandonnant ma chambre, je retourne dans les couloirs, main dans les poches. C'est l'ennuie ici, jusqu'à ce que mon regard se pose sur un visage qui me dit un truc. Réfléchi Berry, ce regard de chat. Son nom s'impose à moi comme une évidence; Saori. ça date! Je lui ai vendu un paquet de drogue à une époque, avant de la perdre de vue du jour au lendemain.

Sourire aux lèvres, je m'approche nonchalamment d'elle, venant tapoter son bras. à voir, j'ai l'air d'un gosse avec ma mine innocente. Puis, elle est plus grande que moi... « Hey Hina! Tu vas bien ? Je t'ai pas vu cette semaine, tu étais malade ? » Je feinte carrément une histoire, j'invente même un personnage qui n'existe pas. Hina, je ne sais même pas qui c'est, mais je tente une approche « discrète » avec elle. Je sais qu'elle ne peut me reconnaître, puisque aux yeux de tous Berry est qu'un simple étudiant. Berry n'est pas Bishamon, Bishamon n'est pas Berry. Saori est tombé sur l'autre moi, pas celui-ci.

Début de semaine. Après avoir passé le week end chez ses parents, Saori se sentait ressourcée et prête à tout casser sur son chemin. Ils étaient comme une sorte de bouffée d'air frais et de source de force dans laquelle elle pouvait puiser sans aucune limite. Le plus éprouvant pour elle dans les semaines de cours comme celle qui débutait en ce jour n'était pas le fait de suivre les cours puisque sur ce point, elle y arrivait aisément : Le problème venait surtout du fait qu'il lui était difficile de rester assise plus de dix minutes sans péter un plomb. Elle se sentait piégé, confinée. C'est un sentiment désagréable et dans ses moments là, son attention peut partir carrément à la dérive comme sur des détails du plafond, des murs … Ce sont des choses bêtes mais véridique.

Et puis, la vie d'étudiante est faite de tentation et la drogue en est une. Alors en tant que ancienne adoratrice de drogue en tout genre, il lui est difficile de tourner le nez ou de dire non à un join passant sous son nez. Evidemment, elle décline toutes ces attentions, elle n'a pas été en cure de désintoxication pour des prunes mais c'est un exercice éprouvant.

Saori parcourait les couloirs sans grande attention, les yeux rivés sur son téléphone portable. Elle parcourait les réseaux sociaux avec attention et commentait les nouveaux statuts de ses amis. Dans l'immédiat, elle n'avait pas grand chose à faire alors elle s'occupait comme elle le pouvait.

Tranquille face à elle même ou plutôt cet écran bleu, elle sentit néanmoins des doigts tapoter son bras et une voix s'élever derrière elle. La blonde en fut quelque peu surprise. Cette voix semblait lui dire quelque chose mais ce qu'elle disait n'avait rien à voir avec sa personne. Intriguée, elle se retourna néanmoins doucement pour faire face à ce jeune homme aux cheveux roses. Hum, non. Elle ne le connaissait pas. Cela vient sûrement de son imagination. La japonaise se mit néanmoins à sourire légèrement à son attention. « Je suis désolée, je crois que tu t'es trompé de personne, je ne suis pas Hina. » Et elle n'en connaît pas non plus.  

Comment peut-elle seulement me reconnaître ? Mon visage était toujours caché et le timbre de ma voix doit lui sembler bien lointain avec le temps. Généralement, je change de ton pour parler avec mes clients. Je deviens plus professionnel, plus sérieux. Alors qu'à l'école, je suis l'inverse. Celui qui sourit souvent et qui parle d'une manière plutôt enfantine. Ce que je fis en l'interpellant et en tapotant son bras. Cette idée m'est venu un peu par hasard, tandis que je me souvenais parfaitement d'elle. Nous ne nous sommes vu qu'à quelques rares occasions, mais ma mémoire ne me trompe pas. Surtout pas en visuel, il m'est impossible d'oublier un visage, une expression ou un nom écrit sur une feuille. Sauf que son nom, je l'ignore à dire vrai. Je sais qu'elle était venu m'acheter de la drogue, mais c'est tout. La retrouver ici, à Royal, est une très belle surprise à mes yeux.

Ce n'est pas Hina, j'aurai dû m'en douter puisqu'elle n'existe pas. La demoiselle me confirme cela et je souris doucement, cachant rapidement cette joie derrière une mine confuse. Je me suis trompé de personne, n'est-ce pas l'expression à prendre quand on est désolé ? Je sais joué avec les émotions, surtout pour modifier les miens à ma guise tel un acteur. « Ah bon ? Tu lui ressemble beaucoup pourtant. » Je fis une moue plutôt triste, baissant à peine mes yeux vers le sol.

Cette manœuvre me permit de cacher un nouveau sourire, juste le temps de prendre un air curieux en relevant mon visage. « Si tu n'es pas Hina, qui es-tu ? » De cette façon, je pourrais officiellement déposer un nom sur ce visage. à savoir, comment réagirait-elle si le poteau rose venait à être découvert ? ça ne risque pas, elle ne se doute de rien. « Je m'appel Berry, Yagyu Berry! étudiant en médecine générale, et toi ? Qu'est-ce que tu fais ici ? » Je ne peux m'empêcher de taper la discussion, même s'il va falloir que j'écrive mes renseignements sur papier pour totalement m'en souvenir. Ma mémoire est photographie, je me souviens aux détails près des choses que je vois, des choses que mes yeux impriment. Son visage m'est familier, mais je ne l'aurai pas reconnu à la voix.

Saori n'avait absolument aucune idée de celui qu'il pouvait être. Bishamon qu'elle avait inconsciemment en face d'elle n'avait été qu'un très court passage de sa vie. Peut-être deux/trois mots échangés, un geste unique et cela s'arrêtait là. Il était une sorte de mauvais souvenir, une chimère du passé qu'elle aurait pensé ne jamais revoir. Et encore aujourd'hui, elle est toujours dans cette optique.

Son geste la sortie littéralement de sa concentration sur son téléphone portable et n'y vit que du feu alors qu'il prétendait la prendre pour quelqu'un d'autre. Le voyant faire une mine confuse et plutôt triste, la blonde se sentait presque désolée pour lui. C'était un acteur incroyable et elle est tellement naïve, elle est une proie tellement facile ... « Non, je suis désolée. » Répliqua t-elle avec une mine presque désolée et un léger sourire comme pour le rassurer.

Elle haussa légèrement les sourcils en l'entendant demander qui elle était, de la manière dont un enfant l'aurait fait avant de sourire à nouveau. « Je m'appelle Saori Hasegawa. J'étudie les sciences ici. » Une manière simple et efficace de se présenter. Dans une école comme la RPS, il semble important de faire suivre son prénom par ce que l'on fait au sein de l'école. Parfois, on découvre des gens qui sont dans les même amphithéâtres que vous mais sur qui vous n'avez jamais prêté une seule attention. Des fois c'est des gens carrément cool mais parfois ils te donnent juste carrément envie de fuir. Puis elle sourit à nouveau avant de poursuivre. Que faisait-elle ici ? « J'allais aller à cafet' me chercher un petit quelque chose avant les cours. » Il lui fallait bien des forces avant de s'aventurer dans des expériences pratiques de chimie totalement folles et complexes. « Tu veux venir avec moi ? »  Son visage lui semblait sympathique et sa présence agréable, il lui semblait alors tout naturel de lui proposer de l'accompagner. Elle avait besoin de « bonnes » fréquentations dans sa vie.  

à voir sa tête, cette fille courrait dans mon piège. Jouer un rôle, c'est primordiale dans la vie. Faut savoir être tout le monde et personne à la fois, sans réelle identité. Je sais qui je suis, n'est-ce pas le plus important ? Si les autres l'ignorent, c'est leur problème. Elle ne peut pas savoir que je suis un fin stratège, que j'ai la mémoire vive et qu'un rien ne pourrait m'échapper. Elle est désolé pour moi, pour le fait qu'elle ne soit pas la bonne personne, mais ne serait-elle pas déçu de savoir que celle-ci n'existe pas ? Je mens, j'invente, et elle n'y voit rien du tout. Dans le fond, c'est encore plus amusant de voir la naïveté de cette fille, le fait qu'elle ne remarque rien et tomber aussi facilement dans le panneau. Comment ne pas vouloir en jouer, sérieusement ? Qui serait suffisamment saint pour me dire que ce n'est pas un jeu intéressant ? Pour moi en tout cas, ça l'est.

Saori Hasegawa. Enfin un nom sur une tête qui n'a pas quitté mon esprit depuis des années. Toujours caché dans un coin infini de ma mémoire photographique. Elle était rangé dans une case, comme tout les autres avant elle. Science, intéressant. La médecine n'est pas loin des sciences, on pourrait toujours discuter de cela si l'occasion se présente... Même si j'avoue que parler cours n'est pas trop mon kiffe. Pour se donner une image d'étudiant banal, ça devrait le faire. Troquant l'image triste pour un visage plus joyeux et un caractère curieux, je me permet de poser des questions sans être délicat pour autant. Un gosse, à première vue.

C'est le genre de fille qui ne se prive pas pour manger, déduisais-je avec un petit sourire innocent sur le visage. Oh ! Je ne m'attendais pas à une invitation, mais ça ne fait qu'élargir mon sourire. « Cool, je suis partant! » C'est si gentiment proposé, après tout. Si elle savait qui j'étais réellement, je suis certains qu'elle ne m'inviterait pas à manger avec elle. Pour l'instant, je garde mon masque, ma couverture de gentil bonhomme pour la suivre dans les couloirs jusqu'à la fameuse cafet'. « Tu fais souvent des pauses pour aller à la cafet' ? » Ce n'est qu'une question de curiosité, sinon je ne poserais aucune interrogation à la jeune demoiselle. Plus j'en demande, plus j'en sais. Plus j'en sais, plus c'est simple de m’immiscer dans la vie des gens. à savoir si je pourrais être ami avec elle plus tard, ou pas du tout. C'est ça qui est amusant avec le hasard, on ne sait jamais sur quoi tomber.

Cela faisait bien longtemps que Saori n'avait plus toucher à la drogue et laissé bien loin derrière elle tous les souvenirs y étant associés. Son université en Angleterre, ses amis l'ayant entraînée ou noyée bien plus encore dans ses délires et surtout, les dealers qu'elle côtoyait comme celui qui lui faisait face. Si elle savait qui il est, elle aurait sûrement coupé court à la discussion. Non, elle se serait sûrement barrée en courant. Elle avait beau avoir fait un petit détour en cure de désintoxication, la tentation était encore bien grande aux jours d'aujourd'hui. Jusqu'ici, elle n'a encore jamais cédé, ce serait bien bête de commencer maintenant ? Totalement inconsciente, elle invita cette ancienne ombre de son passé à venir à la cafétéria avec elle. Il semblait ne rien avoir de mieux à faire, elle avait un petit creux et naïvement, elle le trouvait plutôt cool. Elle n'y voyait pas le moindre mal, évidemment.

La blonde se mit à sourire lorsque le jeune homme aux cheveux roses accepta son invitation. « Cool ! » Répéta t-elle en débutant la marche vers la cafétéria. Elle tourna les yeux vers le jeune homme en haussant un peu les épaules à sa question. « Bof ça dépend des jours, si j'ai faim ou pas. En général j'ai surtout besoin de me balader entre deux cours mais j'avoue que c'est comme mon endroit préféré. » Ria t-elle doucement. Saori est hyperactive. C'est un véritable supplice pour elle de rester assise en cours sans bouger alors dès qu'elle le peut, elle se balade. Mais il faut tout de même avouer que la cafétéria est surtout son lieu de prédilection. De toute façon, elle est capable de manger comme cinq sans jamais prendre le moindre gramme alors elle ne se priverait pour rien au monde.

Le but est peut-être de sympathiser au maximum avec elle, de lui faire croire à une possible belle amitié, avant de lâcher la bombe. Quand elle saura que j'ai été l'un des enfoirés qui l'a enfoncé dans son malheur, elle risque de prendre ses jambes à son cou, m'éviter comme la peste ou que sais-je encore. C'est bien pour cela que j'ai tenté une approche idiote et maladroite, pour qu'elle me prenne pour une personne que je ne suis pas. à contrario, je ne sais rien de son séjour en désintoxe. à dire vrai, je ne sais rien d'elle sauf qu'elle se nomme Hasagawa Saori et qu'elle doit être plus âgée que moi, c'est tout. Peut-être qu'en mangeant avec elle, j'en serais davantage ? J'en suis même sûr, me connaissant, je risque de poser des tonnes de question, certaines indiscrètes, d'autres plus banales. J'en suis donc à la suivre dans les couloirs pour rejoindre la cafétéria, sans même qu'elle ne se doute de rien. à mes yeux, c'est une occasion en or d'approcher l'une de mes anciennes victimes. Peut-être ne lui ai-je fait aucun mal, mais le simple fait qu'elle échange argent contre drogue pousse la jeune fille à être dans cette case de « client » dont de victime.

Cool, elle ne croit pas si bien dire. Même sans être au bon endroit, je commence déjà à ouvrir la bouche pour l'interroger. Simple technique de rapprochement, puis ça me donne un air « innocent » et facile d'approche. Saori va croire que je suis cool et pas prise de tête, et c'est à ce moment-là qu'elle se trompera. « Je te comprends, c'est aussi le miens. » Mentis-je avec un sourire amusé, le coin de mes yeux plissés et des fossettes au bord des lèvres. Qui dit cafétéria, dit nourriture. J'aurai dû y penser plus tôt, n'empêche. En vérité, ce n'est pas l'endroit que j'affectionne dans cette école. Je n'ai pas vraiment de point d'ancrage, parce que ça ne m'intéresse pas réellement. Juste pour être sournois, je m'invente des points communs avec elle. Puis, on arrive rapidement à la cafétéria qui, heureusement pour nous, n'est pas pleine à craquer. « Tu as un plat préféré ? » Je demande pour montrer de l'intérêt à la jeune fille, sans perdre mon sourire. Les gens autours de nous ne font pas attention, ils ne s'attardent pas sur nous comme si nous étions rien ni personne. C'est bien cela que j'aime en étant un gars ordinaire, personne ne m'embête ou cherche les négociations. « Je te laisse passer en premier ~ » Pour copier sur elle et faire genre, haha.

« Sérieux ? » Demanda la blonde d'un air enjoué en se tournant vers le jeune homme. « Je ne t'y ai jamais vu pourtant, je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas voir tes cheveux ! » Lança t-elle en se mettant à rire de son air innocent. Elle l'avait bien aperçue  cette chevelure flamboyante auparavant sans pour autant y prêter la moindre attention. La naïveté est un point tellement fort chez Saori que cela en est réellement affolant … Elle se verrait d'un œil externe elle se trouverai certainement des plus lamentables … comme d'habitude.

Ils entraient alors dans cet endroit qui lui est si familier. Il y passe tant de temps que les cuisinier de la cafétéria la salue à chaque fois et savent parfaitement ce qu'elle aime et ce qu'elle déteste. A entendre tout ceci, on pourrait penser que Saori porte fièrement tous ces kilos mais en réalité, la blonde n'a aucun gramme superflue. Hyperactive, rien que par le pouvoir de stress que provoque cette « pathologie » elle brûle immédiatement toutes les calories qu'elle a ingurgité. Alors pourquoi devrait-elle se priver ?

Ses pensées se dirigeaient à nouveau vers le jeune homme lorsque ce dernier fit entendre sa voix. Elle le regarda en fronçant légèrement les sourcils comme pour montrer sa réflexion. « Un plat préféré ? Huuum ... » C'est une question difficile étant donné qu'elle mange absolument tout avec énormément de plaisir. Faire un choix lui semble impossible. « Je ne sais pas, peut-être les fast food ? Ou les gâteaux hyper caloriques genre triple chocolat, coulis de caramel et tout ce qui va avec ? » Saori ne chôme pas sur les apports de sa nourriture. « Merci. » Lui adressa t-elle avec un sourire puis elle tourna la tête pour commander. « Je vais prendre un donuts au caramel et puis, une canette de jus de pomme s'il te plait. » Puis elle se tournait vers son nouvel « ami » une fois terminé..

D'un hochement de tête, je lui fais comprendre que c'est véridique, une excuse bidon déjà au bord des lèvres pour expliquer mon manque de présence. « Je ne suis déjà pas bien grand en étant debout, alors assis. » J’exagère un peu, mais mettons cela dans un contexte reclus d'un jeune étudiant mangeant en coin de salle et ça passe crème. Ajoutons plusieurs petits points en plus comme l'indifférence ou l'occupation générale, et Saori n'aurait jamais pu faire attention à moi. Elle semble se réjouir de mon mensonge et même si c'est mal, j'en souris sournoisement. Est-ce que les filles sont toutes aussi naïves et facilement manipulables que Saori ? Je devrais faire mon enquête, depuis le temps que je traîne dans ces couloirs et ces salles.

Comparé à Saori, aucun cuisinier ne me reconnait ou connait mes préférences. Je leur souris pour faire genre, mais ils doivent sûrement se demander qui je suis. Feinter, c'est la clef. La demoiselle ne semble pas faire attention à ce détail et je ne m'y attarde pas non plus dessous pour briser ma couverture. Le silence n'est pas mon fort, je le brise aussitôt pour des questions simples et platoniques, poussant sûrement mon aînée à réfléchir. Sa réponse me laisse presque sans voix. Elle me fait penser à ce genre de personne qui ne peut choisir qu'un truc. ça me fait rire et je m'en cache pas.

« On dirait que tu ne sais pas. Les fast-food, c'est plutôt vague comme idée. » Mais j'ai compris le principal, elle aime les trucs gras, salés et caloriques. Problème, c'est qu'elle est mince et svelte pour une accro des macdo. Saori en premier, je regarde le choix en réfléchissant à un truc à manger. J'aime tout aussi, je ne suis pas difficile, mais le choix reste mon point noir. « Un beignet et un lait à la fraise pour moi. » Avec mes cheveux roses, ils doivent se demander pourquoi j'aime autant cette couleur et la fraise... C'est plus fort que moi, j'adore la fraise et mon prénom en dit long aussi.

Saori tournait les yeux vers ce garçon qui lui était si inconnu il y a quelques minutes et se mit à sourire. Elle n'est pas plus grande que lui en fait, elle n'est pas grande tout court non plus sans ses talons. Mais il est vrai que cela reste étonnant de voir un garçon de petit taille, comme lui. Saori se demandait naïvement si il prenait cela comme un handicap ou quelque chose de ce genre, mais elle se gardait bien ce genre de question de peur de le vexer, ne sait-on jamais. Elle n'est pas le moindre du monde complexée par un seul point de son physique, bien qu'elle ne soit pas parfaite, mais tout le monde n'est pas comme elle.

La jolie blonde se mit à rire légèrement lorsqu'il lui fit remarquer qu'elle ne savait pas vraiment. « Non il y en a tellement et je change souvent. Ça dépend des mois. » Il s'agit typiquement du genre de chose sur laquelle Saori reste butée sur une idée précise. Elle récupérait sa commande, la payait puis patienta quelque seconde le temps que l'étudiant aux cheveux roses en fasse en même. Cette couleur semblait être une véritable passion pour lui dit donc ! Elle se mit à sourire seule à cette idée puis se dirigeait vers une table libre et la plus propre à son goût. Elle s'installa tranquillement et ouvrit sa canette de jus. « Tu es ici depuis combien de temps ? » Elle posait cette question pour faire la conversation et également parce qu'elle n'avait aucune idée de l'âge qu'il pouvait avoir. Il semblait plutôt jeune, plus qu'elle en tout cas, mais donner un chiffre précis sur son visage, elle en est réellement incapable. Bien souvent elle a été surprise par des aînés ayant des visages de bébés alors maintenant elle ne prend plus l'apparence comme indice.

Ma taille est une question éternelle. Parfois, elle est un avantage. Je peux me faufiler partout, où je veux, sans trop me soucier de quoi que ce soit. Pourtant, les gens se moquent, critiquent ou rigolent bêtement en disant que je pourrais être une fille. Une perruque, une robe et le tour est joué. Je déteste quand on me juge sur mes centimètres en moins, mais j'adore quand ceux-ci me sauvent la vie. Dans un combat, je suis toujours à la bonne hauteur pour les coups bas ou pour esquiver les leurs. Ma taille peut être un handicape comme un miracle, cela dépend de la situation ou de mon humeur. Aujourd'hui, elle ne me pose aucun problème. Certes, je peux regarder Saori dans les yeux, sans avoir à lever ou baisser la tête. C'est l'avantage avec les filles, pas de torticolis.

« Tu n'es pas difficile, au moins. ça doit être facile pour t'offrir des chocolats ou des gâteaux, ou t'invite au restaurant. Quoi que, peut-être pas pour le porte-monnaie. » Je ne suis pas radin, mais je me met à la place d'un gars proche de ses sous. Nos commandes prises et payées, je lui souris pour qu'elle puisse continuer et choisir une table. Le rose, ça me colle à la peau. Cheveux, bouffe, affaire, vêtement. à sa suite, je m'installe à la table en déposant mon plateau à côté du siens. « Deux ans, je n'ai pas pu me payer le lycée mais je me rattrape avec l'université. » Dis-je en plantant ma paille dans le capuchon de ma bouteille, le sourire aux lèvres. On ne dirait pas, mais je suis en deuxième année. « Et toi ? Tu étais où avant de venir ici ? » Je me doute qu'elle n'a pas passé toute sa scolarité ici, à Royal. Ma paille entre les lèvres, je bois tranquillement mon lait à la fraise en regardant les gens présents dans la pièce. Y a pas tellement de monde, mais ce n'est pas plus mal. « J'ai vingt ans, si jamais tu te poses la question. Les gens ont tendances à croire que je suis un collégien. » ça par contre, c'est réellement vexant. Je suis presque en âge d'être père et ils me traitent quasiment tous comme un enfant, c'est abusé. Je n'ai plus rien d'innocent depuis belle lurette, si seulement ils savaient.

La blonde se mit à rire doucement alors qu’il lui mentionnait qu’elle devait sûrement coûter cher au restaurant bien que très arrangeant parfois. C’est vrai, elle n’est pas spécialement difficile et aime à peu près tout tant que c’est un minimum mangeable. « Oui je crois ! C’est comme tout, il y a des bons et des mauvais côtés. » Lança t-elle tout sourire en haussant doucement les épaules. Il en faut peu pour être heureux parait-il. Parfois dans ses beaux jours, Saori se plait à croire que cette phrase est vraie.

La demoiselle s’abreuvait de son jus en portant la canette à ses lèvres tandis que le jeune l’informait sur le combien de temps il était à la RPS. A sa réponse, elle bougeait alors la tête de haut en bas comme pour valider sa réponse avant de se mettre à sourire en l’entendant répliquer sur son âge. Il est vrai qu’il fait plutôt jeune, son visage est très peu agressif et ses cheveux d’une couleur aussi « sage » n’aide pas. « Je n’aurais pas été jusqu’à penser que tu es collégiens. » Lança t-elle en riant avant de répondre à cette question qui lui avait été retournée. « Je suis ici depuis cette année. Avant ça j’étais à l’université de Cambridge. » Saori n’aime pas beaucoup parler de ce moment là de sa vie. Elle s’était gardée de dire que entre deux, elle a arrêté ses études, s’est consacrée à la drogue puis à fait un tour en désintoxication. C’est un miracle que la Royal Private ait accepté une âme perdue comme elle, les questions avaient fusées lors de son admission l’Université de Cambridge étant dans l’élite très fermés de l’enseignement et de l’excellence, et la vérité avait été détournée. « Le mal du pays. » Avait-elle répondu. Elle n’est pas certaines qu’ils l’aient cru sur paroles mais fort heureusement, ses notes bien plus qu’excellentes les avaient convaincus.

Les bons et les mauvais côtés, tiens donc, ça me rappelle fortement quelqu'un. Les gens ne remarquent que mes bons côtés et ils ignorent quasiment tout le reste qui est mauvais. Ce n'est pas plus mal. Saori me voit sous un bon jour et je préfère largement que ce soit ainsi, plutôt que l'inverse. « Vrai, il faut de tout pour faire un monde. » Autant glouton, que moineau. Autant riche, que pauvre. En même temps, je me demande quel genre de garçon l'invite au restaurant, s'ils pensent d'abord à la jeune fille ne face d'eux ou à leur porte-monnaie. Perso, j'en sais trop rien. Ayant vécu une grande partie dans la pauvreté, j'ignore si je pourrais payer des millions pour quelqu'un, sachant que je prend toujours au moins cher pour me faire plaisir. Ce n'est pas parce que je suis élève à Royal ou que je fréquente des mafieux que je suis forcément quelqu'un avec un égo surdimensionné ou une sorte de richou proche de ses sous. Quoi que, mon argent et moi vivons une grande histoire d'amour.

Toute question vaut une réponse et toute réponse vaut des points dans la barre d'amitié -comme dans les sims-. Je l'informe donc sur mon temps de présence dans cette école, ainsi que mon âge pour éviter qu'elle ne se méprenne dessus. Je ne suis pas un gosse, même si je ne suis pas vieux pour autant. « Tu n'es pas comme les autres, ça me réjouit. » Dis-je avec un rire abusé, presque idiot. Même les collégiens me prennent pour leurs potes, c'est ennuyant à mourir. Elle vient de loin, notais-je pour moi-même en hochant la tête. « Comment as-tu atterrit ici ? Divorce ? Déménagement ? » Je suis curieux de savoir la raison de ce déplacement d'un pays à l'autre. Je sais qu'elle a déjà touché à la drogue pour lui en avoir vendu par le passé, mais j'ignore jusqu'à où ce mal a pu l'atteindre. D'ailleurs, elle serait étonné de savoir quelque chose sur mon compte, sur le vrai moi. à savoir, est-ce que l’université de Cambridge est meilleure que celle de Royal pour qu'elle décide de partir ? à moins qu'elle cherche à se rapprocher de ses origines ? Trop de question, pourtant je ne pose jamais les bonnes. « Tu es déjà venu ici par le passé ou tu as toujours vécu là-bas ? » Je ne pense pas lui mettre la puce à l'oreille avec une telle question, mais je pourrais si je continue sur cette voix. On vient à peine de sympathiser, je ne voudrais pas qu'elle prenne peur en faisant le lien. Au moins attendre la fin du repas que j'ai déjà entamé en croquant une bouchée de mon donut à la fraise. Juste le temps de manger et je pourrais attaquer plus en profondeur, ici de rappeler les démons à la surface.

« Tout à fait. » La blonde se mit à sourire et se mit à manger doucement tout en l'écoutant parler de sa vie et la questionner sur la sienne. Il lui semblait sympathique, ce jeune homme. En toute innocence, elle appréciait sa compagnie, il ne lui rappelait rien, ne lui disait rien et elle était très lin de l'associer avec ce qu'il est réellement. Saori a toujours été si naïve ... Il est tellement facile d'en profiter.

Tout en continuant de discuter, la question fatale tant attendue apparue ! Il était certain que cette dernière allait lui tomber dessus et que son départ est un fait intéressant sur sa personne. Pourquoi était-elle donc partie de Cambridge, hein ? « J'ai eu quelques problèmes personnels. » Elle se contentait de cette réponse plutôt que de lui balancer sa vie, ses problèmes passés et présents ainsi. Il changerai certainement d'avis sur elle si il venait à apprendre ce qu'elle avait fait et ce qu'elle avait été. Ce n'est pas un glorieux passage de sa vie bien que cela aurait pu et aurait dû l'être. Mais non, elle avait foutu sa vie et ses études en l'air pour une célébrité qu'elle n'a pas atteinte et des milliers de raies de cocaïne sniffer. Cela ne vaut pas le coup, clairement pas.  « Non, j'ai toujours vécu au Japon mais au même d'aller à l'université, je suis partie à Cambridge puis après deux ans et demi là bas et un an de plus à rien faire en Angletterre, je suis finalement revenue reprendre mes études ici. » Qui a dit que ça vie était simple ? Elle avouait par elle même qu'il était compliqué de comprendre et elle ne l'engueulerait pas si il n'a pas assimilé un traître mot de ce qu'elle a raconté. Et puis, en gardant une part de mystère, une part de secret dans tout ceci, c'est d'autant plus difficile d'assimiler les choses.

Faut savoir viser juste pour obtenir le plus de point possible. Avec mes questions, je cherche à atteindre la cible dans la mile. à voir son expression, j'ai vu quasiment juste. Pourquoi quitter son pays et une bonne école pour venir ici ? Royal est un établissement privé, mais Cambridge doit être tout aussi bien. Pourquoi partir ? Sa réponse est vague, mais je m'en contente pour ne pas paraître suspect. Chacun possède des problèmes personnels, impossible de le démentir. « Je comprends, ça ne doit pas être facile. » Toujours aller dans le sens du poil, pour ne pas se faire mordre. En même temps, je dois un inconnu pour elle, bien qu'elle sache mon prénom, et deux trois détails sur moi. Ce n'est pas suffisant pour gagner plus d'info à son sujet, bien que je détiens un point important sur elle. Je ne peux juste pas dire « et la drogue, ça va ? » comme si tout était normal, puis elle prendrait peur et ce sera un game over pour moi. J'attends, je patiente.

En voilà des réponses intéressantes. Il a toujours vécu au Japon, ça confirme ma bonne mémoire visuelle. Je l'ai déjà vu par le passé, j'en suis plus que sûr. Je joue encore la carte de l'innocence en prenant un air étonné, mais admiratif à la fois. « Beau parcours! C'est comment l'Angleterre ? Paraît qu'il y a un monstre effrayant dans un immense lac! » Le truc du lockness, là. Ouais bon, peut-être que je confonds ou me trompe, je sais pas trop. « Mais pourquoi l'Angleterre ? Qu'est-ce qu'il y a bien pu y avoir là-bas pour que tu y ailles ? » Cambridge encore, ça peut avoir un sens, mais l'Angleterre ? Une passion ? Je reprends rapidement avec le sourire, triturant ma boisson entre mes doigts. « Je n'ai pas vécu autant de truc, c'est cool de voyager partout~ » Et je lance un hameçon pour tenter d'avoir le gros poisson; « On aurait déjà pu se croiser avant l'université, qui sait. » Parce que je sais que ça été le cas, à une autre époque, plus sombre que celle-ci.

Saori haussa les épaules doucement d’un air presque indifférent, laissant tout de même laisser apparaitre un léger sourire. Elle ne voulait pas parler de tous ces problèmes qu’elle a eu, de ses addictions passées et encore présentes parfois. Si elle y pense trop, elle ne va jamais réussir à se le sortir de la tête et Dieu sait à quel point la tentation peut devenir tellement forte et terrible. Alors elle a poursuivit la conversation, répondant à ses questions volontiers mais avec un peu de retenue. Elle ne voulait pas en dire trop pour au final, se sentir piégée.

La blonde se mit à sourire tandis qu’il la questionnait sur l’Angleterre. Malgré tout ce qui lui a pu lui arriver, malgré ses fréquentations et ses mauvaises habitudes acquises là bas, elle garde un plutôt bon souvenir de son pays. Elle se mit à rire doucement en l’entendant parler du monstre du Loch Ness. « C’est comme partout, et je n’ai jamais vu ce fameux monstre. » Ricanna t-elle avant de poursuivre plus sérieusement. « C’est vraiment très joli, plutôt jeune et dynamique. Ca vaut le coup du voyage. » Il faut avouer aussi que l’Angleterre avait été aussi comme une sorte de coup de cœur. Un panier a espoir dans lequel elle a naïvement cru. Mais elle n’en garde pas rancune, tout le monde ne peut pas avoir une carrière comme celle des Beatles. Cela arrivera peut-être un jour ou peut-être pas et cela prendra le temps qu’il faudra. « Tu n’as jamais, jamais, voyagé ? » S’étonna t-elle presque en portant sa canette à ses lèvres avant d’hausser les épaules en souriant sincèrement. « Ca serait bête de s’être rencontré et de ne pas s’en souvenir. »Et Dieu sait pourtant que cela était le cas, mais ces souvenirs sont bien trop éloignés.

Avec aussi peu d'argent, je n'ai jamais eu l'occasion de quitter la ville. À une époque, c'était déjà compliqué de s'acheter un ticket de bus ou de métro, mais maintenant que j'ai de quoi faire avec mon compte en banque, je ne peux pas révéler à ma mère que je suis un yakuza depuis le collège et qu'en vérité, ce n'est pas mon salaire de serveur dans ce salon de thé qui nous paye le loyer. Elle croit tellement en moi, tel un bon garçon qui suit bien les règles... Elles serait déçu d'apprendre que je suis complètement l'inverse de tout ça. Alors quand les gens viennent d'un pays que je ne connais pas, normal que cela m'intrigue et que je pose quelques questions. Que ce soit pour les coutumes, le rythme de vie, les gens ou les légendes. Saori est une source de curiosité, même si elle n'a jamais vu le fameux nessy, monstre du loch ness. « c'est dommage » soufflais-je faussement déçu. Ce n'est qu'une légende, je le sais mieux que quiconque. Jeune et dynamique ? Je fis mine de réfléchir. « j'ai toujours cru que c'était un vieux pays avec ses châteaux ? » du moins, j'ai dû m'en intéresser pour ça, à une époque. Comparé à elle, je n'ai pas de coup de coeur sur un autre pays, si je pouvais j'irai n'importe où pour assouvir ma soif de savoir et de mémoire. En attendant, je suis piégé ici pour une durée indéterminée, surtout à cause du clan. Je ne peux pas partir comme ça, j'ai un minimum d'obligation par rapport à eux. « j'aimerai bien à l'avenir mais non, j'ai toujours été ici à Tokyo. » dis-je dans un soupir, terminant mon repas. « qui sait... Je n'ai sûrement pas bougé de là mais tu as déjà dû venir ici par le passé ? On aurait déjà pu se voir ~ » je souris, pleins de sous-entendu. À mon tour de faire mon étonné, même si je suis loin de cet état d'esprit. « tu n'as pas déjà traîné à Tokyo quelques années plus tôt ? » un sourcil haussé et je la questionne du regard. Soit elle ment, rit, détourne le sujet ou prend peur. À voir.

Le pauvre Berry semblait totalement déçu. Scientifique dans l'âme, Saori a fait quelque recherches sur ce sujet alors qu'elle était en Angleterre. Beaucoup pensent que Nessie n'est en faite que le fruit de l'imagination des hommes. A force de vouloir voir quelque chose on finit par croire l'apercevoir. Le cerveau est une drôle de machine après tout, mais cette histoire reste un véritable mystère et Saori elle même ne sait pas où elle doit se positionner. Pourquoi n'y aurait-il pas de fantastique, de choses inexplicables dans notre monde après tout.

La blonde se mit à sourire tandis que le plus jeune reprenait la parole. « Oui c'est vrai que parfois les bâtiments sont un peu vieillots, mais le mode de vie là bas reste très vif. J'ai été hyper surprise. Dès que je pensais à l'Angleterre j'imaginais des petits vieux entrain de mater le mariage royal dans leurs vieilles maisons, mais en fait pas du tout. » Elle sourit à nouveau puis poursuivit. « C'est une bonne destination, un voyage à faire. » Lança t-elle gentiment avant de finir son donuts. La demoiselle fut quelque peu déçue pour lui alors qu'il déclarait qu'il n'avait quitté la ville. C'est triste pour lui, malheureusement elle ne peut trop rien y faire. Tandis qu'il poursuivait, Saori se mit à froncer les sourcils d'un air de réflexion. Elle ne savait pas pourquoi ni comment, mais Berry lui semblait d'un coup plus ou moins perturbant. Ses phrases semblaient bourrées de sous entendus mais elle ne voyait pas où il voulait en venir. « Oui je suis venue, quelques fois … Pendant une semaine à chaque fois je crois. » Articula t-elle comme peu certaine et en lui adressant un sourire gêné. « Tu te souviens de moi pour penser m'avoir déjà vu ? » Demanda t-elle innocemment, un sourcil haussé. En tout cas, elle n'avait aucun souvenir de lui ou alors, des morceaux de souvenirs flous qu'elle ne sait déchiffrer.

La science n'explique pas tout. Elle est incapable de gérer l'âme, de comprendre son fonctionnement et je suis sûr qu'elle ne pourrait fournir aucune réponse pour le fantastique ou toute les choses qu'on ne connait pas dans le monde, l'univers. Ils parlent de galaxy, de plusieurs systèmes solaires, de terre bis, alors pourquoi Nessy ne pourrait pas exister ou les aliens ? Personne ne peut le dire, ça restera un éternel mystère. De mon côté, j'ai beau aimé des sujets inutiles, je crois à la possibilité d'autres espèces en dehors de notre planète. Qu'est-ce qu'on peut bien savoir de l'inconnu après tout ? L'humain n'est déjà pas futé pour connaître les profondeurs de la mer, mais il se borne à vouloir en savoir plus sur l'espace. Qu'ils commencent par approfondir leurs connaissances terrestre, avant de vouloir toucher les étoiles.

Saori me parle un peu plus du style anglais et j'imagine déjà les vieilles architectures voyageant à travers le temps pour finir dans une époque moderne, mêlant des époques. Une bonne destination. « Je le note dans ma liste des pays à visiter, dès que je pourrais me prendre des vacances. » Répliquais-je avec un sourire amusé aux lèvres. Pour le moment, ce n'est pas au programme. D'ailleurs, ça ne l'a jamais été. Je ne suis pas malheureux, mais j'ai tellement à faire dans ma ville qu'envisager de partir m'est impossible. Après cela, et voyant mon repas terminé, j'en profite pour creuser un sujet plutôt sensible sans vraiment le dire à vive voix. Elle admet être déjà venu par le passé, donc elle pourrait approuver la possibilité de s'être déjà croisé avant. La science ne pourrait rien contre le hasard ou le destin. « Qui sait ? » Lançais-je calmement, mais d'une manière un peu angoissante. « Il y a bien des mystères dans la vie, après tout. » Je me joue d'elle, un rictus énigmatique sur le visage. Récupérant mes restes, je fais une rapide révérence en posant mon regard sur elle. « J'ai été ravi de te revoir, Saori. » Avec ceci, je lui laisse supposer que oui, nous  nous sommes déjà croisé par le passé, mais je ne lui permet pas de me répondre puisque je m'en vais aussitôt vers la sortie, la laissant seule à la table. Du mystère, les amis.

Les questions insistantes du jeune homme aussi innocences qu'elles puissent paraître, étaient de plus en plus gênante. Il creusait là où il ne fallait pas là, à cet endroit où elle avait enterré ces secrets qu'elle avait décidé d'oublier. Il venait doucement et subtilement aux sujets délicats, pas aussi innocemment que Saori le pensait. Jamais elle n'aurait pensé que Berry faisait tout ceci pour la déstabiliser. Elle ne se souvenait rien, évidemment, le trois quart du temps salement ensorcelée par le dur pouvoir de la drogue. Il y a peu de visage que la japonaise à assimilé et enregistré durant ce temps. Encore des personnes qu'elle venait à côtoyer régulièrement oui, mais des types comme Berry qu'elle n'a vu que très peu, elle a du mal à s'en souvenir. « Oui il faut. » Répondit-elle en souriant et finissant sa canette.

Berry semblait particulièrement taquin et insistait une nouvelle fois sur le fait qu'ils auraient pu se rencontrer à l'avenir. Le jeune homme vint tellement lui mettre le doute qu'elle se mit à réfléchir longuement dans ses souvenirs, se repassant chaque moments passés lors de ces petits retours au Japon. Mais rien ne lui venait. Peut-être que cela reviendrait plus tard ? Peut-être pas. L'ambiance commençait réellement à devenir étrange et Saori s'avérait de plus en plus déstabilisée. « Oui. » Souriait-elle très légèrement pour le coup très peu confiante. Elle ne voulait pas que ça se sache toutes ces histoires d'autrefois. Elle n'est pas venue à la fac pour qu'on parle d'elle.

La blonde le regardait se lever en silence, finissant par penser qu'il en savait plus. Néanmoins, il n'avait pas l'air de vouloir en déclarer davantage. Son sang ne fit qu'un tour tandis qu'il lui signifiait son plaisir de la revoir. « Quoi ? » Demanda t-elle en faisant des gros yeux surpris. Mais elle ne put en demander davantage, il avait déjà disparu.