Abandoned

If you do right, no one remembers. If you do wrong, no one forgets.

Tenue - J'étais revenue, j'avais conscience que j'étais partie sans prévenir personne, pas même Raylai qui était sensé être mon frère. Je n'avais pas non plus prévenu ma famille d'accueil, et je n'avais donné aucune justification, rien. Je ne savais pas réellement si ça leur importait ou non. J'étais finalement revenue après quelques péripéties qui s'étaient passées durant mon absence. Je ne savais pas ce qu'était devenu Raylai, et à mon retour j'avais pas cherché à le recontacter, je me disais que je n'avais aucun compte à lui rendre, bien que ce soit mon "frère", j'avais réussi avec étonnement à m'attacher quelque peu à lui. C'était une personne qu'on avait envie de protéger, enfin dans mon cas. Et je savais qu'à la maison ça devait pas être très loquasse avec les parents et lui. J'étais seulement revenue pour aller passer mes examens et sinon je n'avais donné de nouvelles à personne.  J'étais sortie pour faire quelques courses et réapprovisionner mon réfrigérateur qui commençait à se faire vide. J'étais entrain de ranger ces courses sans réellement y mettre dans un ordre précis ou autre. Je me servais un verre de Smirnoff en me demandant comment j'aurai pu reprendre contact avec Raylai, ça aurait été facile de repasser chez les parents, mais je n'aimais pas la facilité et je me sentais pas dans l'obligation de leur rendre visite.

Soudain j'entendis des coups à la porte, j'avais presque l'impression que quelqu'un voulait défoncer cette dernière par excès de rage. J'haussais légèrement un sourcil en dirigeant mon regard vers la porte d'entrée. Qui ça pouvait être ? Je n'en avais aucune idée. Et je n'entendais que la respiration saccadée de la personne derrière la porte, qui était bruyante et enragée. La personne avait l'air très en colère. Avec prudence je posais mon verre sur la table avant de me diriger calmement en direction de cette fameuse porte d'entrée qui était le seul et dernier obstacle entre moi et cette fameuse personne. Je la déverrouillais sans savoir réellement qui ça pouvait être. Et c'est lorsque je fus face à la personne que je réalisais qui c'était. Raylai. Qu'est ce qu'il fichait ici ? Il avait l'air en colère, très remonté et pourtant je ne m'y connaissais pas vraiment en sentiments humains mais il avait l'air dans le pire état du monde. Je gardais un air calme et neutre devant lui, comme à mon habitude, j'étais toujours comme ça, il devait avoir l'habitude. Je voyais quelque chose dans ses yeux que je n'arrivais pas à reconnaître quand il me vit ouvrir cette porte, et que j'étais derrière cette dernière. Je faillis me prendre l'un de ses poings dans la figure tellement il était en colère et déchaîné sur cette porte d'entrée, je dus lui attraper le poing avec ma main pour pas le recevoir, et je le fis sans grande difficulté.  Comment avait-il pu savoir que j'étais de retour ? Les parents n'étaient pas au courant, à ce que je croyais mais peut être que quelqu'un m'avait vendue à eux, et ils étaient au courant de mon retour dans mon domicile à Shibuya.

J'avais décidé de rien dire, je le fixais avec insistance en attendant qu'il parle, je gardais le silence et je faisais preuve de calme, on dirait que mon départ l'avait affecté. Mais il savait comment j'étais, même si cela ne justifiait pas tout, je n'aimais pas rendre des comptes aux gens. Je ne me sentais pas obligée de le faire. Je finissais par lâcher lentement son poing qui était dans ma main avant de pencher la tête sur le côté en plissant légèrement les yeux tout en le regardant toujours. Peut être qu'il avait ressenti un sentiment d'abandon, mais je ne comprenais pas ce sentiment, on perdait des gens comme on en gagnait, on se liait et on se déliait. Je n'avais aucune excuse, à part que j'étais comme ça.

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If you do right, no one remembers. If you do wrong, no one forgets.

Tenue - Raylai était face à moi et d'un coup il déversait sa haine en des phrases qui s'enchaînaient que j'écoutais avec calme et neutralité. Il avait ses raisons pour m'en vouloir et être en colère. Mais j'avais prévu de ne donner de compte à personne, même pas à lui. Sinon cela aurait été difficile d'être tranquille. Il se sentait abandonné, et je crois que les parents ne l'ont pas aidé à se construire, mais je ne devais pas être la seule raison de sa colère ou de sa peine. Il avait l'air changé, il était pas des plus expressifs avec moi, il savait que je ne l'étais pas non plus et il n'empiétait pas sur ma vie privée. Mais quelque chose chez lui avait changé depuis la dernière fois. Je devais être la seule "famille" qui le comprenait sans qu'il ait besoin de parler, et je l'avais laissé pour des raisons personnelles, je lui ai pas dit ni avouer que j'avais eu des problèmes ni pourquoi j'étais partie. J'avais disparu de la circulation du jour en lendemain en le laissant seul.

A son chuchotement à peine audible, je compris que la situation familiale n'avait pas évolué et qu'il était toujours aussi peu reconnu, il n'avait pas totalement confiance en lui et il avait l'air d'avoir cassé quelque chose en lui. Je gardais les yeux plissés avec un air calme et posé avant de prendre enfin la parole.

- Entre, je vais te parler. Et ne dis pas que tu es un moins que rien. C'est pas parce que les gens reconnaissent pas les efforts que tu fais, que tu sais rien faire. Alors calme toi. Et non, tu n'es pas rien pour moi. Disais-je en insistant sur ma dernière phrase.

Je me dégageais de la porte d'entrée , te laissant entrer. Je ne savais pas si tu souhaitais rentrer, mais si tu étais là, c'était pas pour rester planter devant la porte en attendant je ne sais pas quoi. J'allais dans la pièce qui me servait de cuisine en te laissant rentrer comme tu le souhaitais, je fouillais dans mon réfrigérateur pour trouver une canette de Monster, je la prenais pour ensuite la poser sur la table avec un verre. Je te voyais t'avancer en ma direction pour maintenant écouter ce que j'avais à dire, je suppose. Je croisais ainsi mes bras sur ma poitrine tout en te regardant avec un air toujours aussi neutre. Je n'étais pas obligée de lui dire la vérité, j'aurai très pu lui sortir un mensonge tout frais et complètement crédible. Mais j'en avais pas envie.

- Ma mère m'avait appelée il y a plusieurs mois, quand j'ai disparu, elle avait dit qu'elle voulait me voir et qu'elle était sortie de son hôpital psychiatrique, du coup je suis allée voir par moi-même. J'ai prévenu personne car je ne voulais pas donner de faux espoirs sur mon retour probable. Je vais pas te mentir, mais j'aurai pu donner des nouvelles dans les derniers mois avant mon retour, mais j'étais tombée dans le coma donc il m'était physiquement impossible de prévenir quelqu'un. L'hôpital où j'étais n'a pas prévenu les parents non plus, parce qu'ils ignoraient qui j'étais. Je me donne pas d'excuses, je me contente de te dire la vérité. Et je déteste trop parler pour en faire des tonnes donc je résume. Si tu as des questions j'y répondrai. Avouais-je alors que tu semblais m'écouter.

J'attendais que tu prennes maintenant la parole pour dire quelque chose ou ne rien dire, tu aurais très bien pu partir après ces révélations et être "satisfait" ou non.  Je gardais cet air calme que j'avais toujours, même si je me demandais ce qui s'était passé pour qu'il soit comme ça avec moi. Si émotif, certes il n'était pas comme moi et il n'était pas du genre à s'en foutre de tout, mais je ne l'avais jamais vu comme ça. Il était presque méconnaissable. Bien qu'il avait toujours ce manque de confiance en lui et qu'il se considérait toujours comme un raté. Les parents avaient rien du remarquer sinon il l'aurait envoyé chez un psychologue,  ou ils auraient sûrement fait quelque chose pour arranger son cas. Mais il semblait qu'il traînait ça depuis longtemps.

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Tenue - Il était vrai que d'un certain point de vue, Raylai était la seule famille qu'il me restait. Ma mère avait essayé de me tuer, mais étant donné son état mental, il ne fallait plus se poser de questions à son sujet. Elle avait choisi de se laisser envahir par la folie, de me porter garant de la mort de mon propre père. Cela m'était égal, je n'arrivais pas à ressentir de la compassion ou un sentiment similaire, pourtant je comprenais la situation mais je ne ressentais rien envers cette femme qui se disait être ma mère ; ni de la haine, ni de la tristesse. Je pensais juste qu'il était dommage qu'elle ait détruit sa vie pour ça, je la pensais pourtant sincère mais, elle aussi était tombée dans ce cercle vicieux du mensonge pour survivre ou pour arriver à son but. Cette femme qui avait fait la moitié de mon ADN, Raylai me demanda ce qu'elle avait fait avec sa tête blonde qui était en face de moi, que c'était-il passé ? Etais-je réellement obligé de lui dire la vérité ? Je ne l'étais pas, je n'avais pas de compte à lui rendre, mais je me disais qu'il avait dû agir comme un humain et s'inquiéter, il devait être en colère que je sois partie sans partir. Bien que je ne sache pas s'il tenait réellement à moi, je pense qu'il n'aurait pas réagi si excessivement si j'étais juste une vulgaire fille qui est sensée être sa soeur par le biais d'une famille d'accueil. Je plissais les yeux d'un air neutre, un truc avait changé dans les yeux de Raylai maintenant que je les regardais attentivement. On aurait dit qu'il était redevenu quelque chose  que je n'ai pas pu connaître. Je gardais ça pour moi, pour le moment mais je lui relèverai cela plus tard. Intriguant, est-ce qu'il serait devenu un enfant turbulent comme il l'était avant de tomber dans notre famille d'accueil ou était-ce bien pire ? Aucune idée.

- Je suis allée chez elle, elle m'a dit que je lui avais manqué. J'avais un mauvais pressentiment en partant, mais je devais vérifier. Alors j'ai fait ce qu'il fallait faire. D'un point de vue physique, elle semblait normale, mentalement, elle était calme aux premiers abords. Une mère, je crois. Alors, je me suis dit que l'asile avait dû lui faire du bien. Mais je continuais de me méfier, et je sentais un truc qui se tramait, je suis pas née de la dernière pluie et elle devait le savoir donc elle me rassurait comme elle pouvait. Mais c'était étrange. Puis je lui ai demandé si elle avait des médicaments à prendre et si elle serait suivie à l'extérieur, elle m'a dit que non. B Commençais-je avant de prendre une légère pause. Mais bien que je ne sois pas médecin, je trouvais ça bizarre, même pas de médicaments ni même un suivi alors qu'elle était vraiment malade mentale. Alors j'ai appelé discrètement l'asile. Ils m'ont dit qu'il la recherchait et qu'elle était introuvable. J'ai compris alors qu'il y avait bien un truc et qu'elle avait fugué de l'asile. Et après avoir dit où elle était et que j'ai raccroché, un homme est rentré. J'ai compris que ça n'allait pas être bon. Il avait une arme, ma mère m'a avouée qu'elle m'avait fait venir pour me tuer, pour venger la mort de mon père qui était entièrement de ma faute. Je ne parlerai pas de sa mort, je te préviens au cas où tu aies cette question. Bref, l'homme voulait me tirer dessus mais il a juste pu viser l'épaule, je me suis enfuit et j'ai couru comme j'ai pu jusqu'aux urgences de Seattle. Je suis tombée dans les pommes en y arrivant, j'avais perdu beaucoup de sang. Et je me suis réveillée quelques mois plus tard là bas, ils m'ont appris que j'étais tombée dans le coma. C'est tout.

Je pensais avoir répondu à l'étendue de ses questions, j'avais bien résumé l'histoire, j'avais fait comme j'avais l'habitude de faire. J'ai dit ce qu'il fallait sans en dire trop. C'était dans mes habitudes. Je regardais son visage prendre différentes expressions alors que je racontais mes péripéties de mon absence, pendant que pour moi ma part, j'étais aussi neutre et calme qu'un iceberg, même avec toutes ses choses qui se sont produites ; j'avais pas changé d'un poil. Beaucoup de personnes aurait été traumatisée voire pire. Mais moi, je m'étais dit que c'était les aléas de la vie, c'était peut être pas habituel, mais je me disais qu'en vivant dans une famille pareille, je ne pouvais pas avoir une vie "banale". Je buvais quelques gorgées de ma boisson d'un air serein, les gens qui ne me connaissaient pas auraient pu penser que je mentais ou que j'étais entrain d'inventer vu mon manque total d'expression, mais je disais la vérité et Raylai avait l'habitude de mes vérités complètement démunis d'émotions, même si elles étaient souvent éprouvantes. Je ne jouais pas dans le pathétique mais dans le concret et le réalisme des choses, c'était brut. J'analysais les choses scientifiquement et sans porter un intérêt émotionnel. Cela ne m'importait rien de faire cela. Raylai était encore un enfant à protéger dans ma tête car il n'avait pas pu avoir une réelle enfance, il a été vite plongé dans la réalité froide et parentale qu'on a faire les "grands", mais il avait eu la tête sur les épaules jusqu'à maintenant. Est ce que ça allait continué, mon franc parlé devança mon silence.

- Tes yeux ont quelque chose de changé, Raylai. Sortais-je sans plus de cérémonie avec un air sérieux, le regard perçant dans les yeux du jeune blond qui me servait de frère grâce à cette fameuse famille d'accueil.

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Tenue - Sans m'en apercevoir, j'avais fait beaucoup de choses biens pendant mon absence, mais j'avais fait l'erreur de laisser Raylai alors que ce dernier était encore fragile et incompris par la famille qu'on avait. J'aurai peut-être dû demander à quelqu'un de veiller sur lui à ma place pendant mon absence, mais je ne savais pas penser à ça. J'avais beau avoir toute l'intelligence requise et voulu, je n'arrivais pas du tout à savoir ce qu'il fallait faire pour tenir à quelqu'un. Pourtant, avec Raylai, je savais qu'il n'était pas rien. Il était peut être pas mon frère de sang, mais j'avais développé un certain lien avec lui qui faisait en sorte que je voulais le protéger. Il était encore jeune et complètement perdu dans ce monde. Et je savais qu'il allait me poser des questions sur mon père si je lui avais pas précisé de ne rien demander à son sujet. En fait, je ne voulais pas en parler pas parce que son sujet me rendait toute chose, non. C'était plutôt que j'en savais pas plus à son sujet, que d'autres de ses connaissances. Parler de mon père pour moi, c'était du temps perdu, pourquoi devrais-je en parler alors que j'aurai sûrement déblatérer et redire cinquante fois la même chose. C'était pas mon style, j'étais directe sans faire de chichis. Et heureusement, Raylai l'a compris, il ne me posa ainsi aucune question sur mon géniteur.

Ses autres questions, une avait une réponse, l'autre était en suspens, je n'avais pas la réponse à une des deux. Cela ne m'empêchait pas de dormir la nuit, pas le moins du monde. Mais je me disais que ça allait peut être finir par me retomber sur la tête un jour où l'autre. Mais je n'en étais pas là alors ça m'était complètement égal. Mes yeux se posèrent de nouveau sur le blond avec toujours cet même air calme, mais cette fois, même pour une fois ; mes yeux et mon regard était vide et confus. Mon regard était souvent inexpressif, mais cette fois il avait changé pour ces questions. Le vide et la confusion, cela m'échappait et cela ne me semblait pas vraiment normal à vrai dire.

- Ma mère a été retrouvée et ramenée à l'asile psychiatrique, à ce qu'on m'a dit quand je suis rentrée ici. Quant à l'homme, je ne sais pas s'ils l'ont arrêté ou non, mais il ne me semble pas sinon il m'aurait sûrement contactée. Alors je pense qu'il est toujours dans la nature, me cherchant ou non. Ca m'est égal, il n'a toute façon aucune idée que j'habite ici maintenant.

Si ça me faisait peur cette histoire ? Non, beaucoup aurait peur et aurait changé de planète en pensant qu'un possible tueur à gage serait à vos trousses, mais moi ; rien. Cela me faisait ni chaud ni froid, j'étais toujours calme et sereine. Tandis que certaines ménagères auraient crié au scandale car je n'ai absolument rien fait pour lui faire comprendre ce qu'était la justice. Moi j'avais tout simplement ni l'envie, ni le temps pour m'en occuper. Il avait eu ses raisons pour faire ça, une somme astronomique, quelque chose d'alléchant mais quoi ? Aucune idée, mais il avait eu ses raisons. Un être humain ne sait pas contrôler ses envies ou ses pulsions, lorsqu'on lui propose quelque chose alors qu'il est au plus bas, refuser serait comme aimer la situation bancale dans laquelle on est.

Les yeux de Raylai, ils avaient quelque chose de changer, j'en étais persuadé. Son regard était plus triste qu'avant et il semblait effrayé par tout. Plus qu'avant mon départ. Les yeux plissés, mon regard ne faiblissait pas et ne se détournait pas le moins du monde. Sa tentative d'articulation d'une phrase tangible me confirma qu'il y avait eu quelque chose qui s'était passé pendant mon absence, et ça avait semblait-il augmenté son renfermement sur lui-même.

- Que s'est-il passé pendant mon absence, Raylai ? Demandais-je avec sérieux et fermeté, tout en gardant mon calme.

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Tenue - Je pensais que j'avais cette maladie que certains psychopathes développaient ; c'est à dire l'absence d'émotions. J'étais tellement imperméable au monde qui m'entourait. Je savais que j'étais vivante et humaine, mais les sentiments m'échappaient, pour moi tout ça n'était qu'un jeu auquel on perdait ou on gagnait, il suffisait de bien jouer ses pions ou manipuler les pions des autres pour gagner la partie. Je n'en faisais jamais trop, je savais faire le juste milieu. Bien qu'être la possible proie d'un possible tueurs à gages n'aurait pas fait saliver grand monde, voire personne. Mais je n'arrivais pas réellement à m'inquiéter pour le moment, je savais de toute manière que je saurai me défendre, je me suis échappée une fois avec lui, je pourrai le faire une deuxième fois.  Je n'allais pas non plus rester traumatisée tout ma vie par cet homme, et à l'heure qu'il était je m'en fichais pas mal de lui. Du moins, je me souvenais pas de son visage à vrai dire, c'était les seules séquelles que j'avais gardé. Je ne me souvenais pas du visage de l'homme complice de mon assassinat. Mais j'omettais d'en informer Raylai, il allait être plus dans la peur que moi, alors que je suis la principale concernée. Alors il était préférable que je ne lui précise pas ce détail dans l'histoire.

Heureusement pour moi, le sujet principal à présent était Raylai. Ses yeux me demandait-il ? Je les voyais trembler de peur, une peur constante même s'il s'en rendait pas compte, on aurait dit qu'il contrôlait chacune de ses paroles quand il parlait de lui ou de ce qu'il l'entourait. On dirait qu'il avait ses pensées ailleurs en même temps qu'ici, c'était bizarre. L'air blême et calme, je fixais Raylai et plus particulièrement ses yeux. Il niait beaucoup trop à mon goût, bien qu'il était têtu comme garçon, et qu'il n'aimait pas beaucoup se confier mais c'était bizarrement indescriptible.

- Tu te contredis un peu quand tu me demandes ça, s'il n'y a rien. Mais, tes yeux ont toujours un regard apeuré ou vigilent. T'es "tendu" et sur tes gardes. Rétorquais-je posément en croisant mes bras sur ma poitrine. Et tu as l'air encore plus perdu qu'avant que je parte. Ajoutais-je finalement.

Je ne pouvais pas être plus claire, c'était au dessus de mes capacités de comprendre l'être humain dans son ensemble, je n'étais pas psychologue mais je savais reconnaître les expressions qui différaient et leurs significations. Et je n'étais pas du tout une experte quand il s'agit de donner des conseils, non pas le moins du monde. Je ne savais pas ce qu'il allait me répondre, s'il allait partir ou s'il allait m'avouer quelque chose. Finalement il murmura à voix basse quelque chose que je ne faillis pas entendre si je n'étais pas attentive. Son passé ? J'ignorais ce qu'il avait fait par le passé, je savais qu'il avait eu passé tumultueux sans entrer dans les détails et qu'il avait été placé de famille d'accueil en famille d'accueil. Pourtant il n'était pas un garçon à problème avec la famille qu'on a. Alors j'étais dans le flou, son passé lui avait donné une identité, il avait mal joué ses cartes, c'était dommage pour lui mais cela se sentait qu'il voulait se rattraper. Je le fixais en plissant les yeux d'un air légèrement interrogateur.

- C'est ce passé, ton passé qui te fait peur ? Demandais-je sans trop en demander.

Si ce passé en question le mettait en danger, vu comment il était sur ses gardes, mieux valait pas trop en demander, il était peut-être en danger sans que je le sache. Ou peut-être qu'il en faisait trop, mais mieux vaut ne pas tenter le diable, risquer sa vie serait bête de ma part, mais ça lui faisait peur il était plus réceptif au monde que moi, je ne devais pas l'oublier.

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Tenue - J'étais passée du sujet principal de sa venue, au sujet secondaire. Et c'était lui qui avait pris mon rôle, comment avais-je réussi cette tournure ? C'était simple je n'aimais pas parler dans un premier lieu, et parler de moi encore moins. Alors lui raconter ce que j'étais devenue pendant ces mois d'absence avait dû être une corvée, c'était le mot juste. Une corvée, je préférais garder ma vie privée, réellement privée et non exposée aux yeux de tout le monde comme le font la nouvelle génération, toujours à s'exposer encore et toujours plus ; c'était quelque chose que je comprenais pas, surtout quand après ils regrettent. Pour moi, il ne faut pas faire quelque chose qu'on sait qu'on va regretter, mais nous ne pensons pas tous pareils. Mais après tout c'était comme ça qu'aujourd'hui on apprenait tout, de toute manière. Les informations se diffusaient grâce au partage et aux recherches, alors pourquoi pas. Ce sont leurs responsabilités. Quant à Raylai à présent, il avait l'air de vouloir "tenter" de me contredire avec une rétorque, mais il ne trouve pas assez de force pour se forger une répartie en cet instant, il n'avait réussi qu'à prononcer trois petit mots avant de se taire de nouveau. C'était peut-être triste à dire, mais Raylai avait l'air d'être dans un piège auquel il ne pouvait pas encore échapper. Et il s'en rendait compte, ou pas assez.

- Tu sais que j'ai raison, Raylai. Disais-je sans le ménager, la réalité était entrain de l'inonder malheureusement.

Je le fixais sans réellement le fixer lorsqu'il répondait à ma question, les gens de son passé ? Si Raylai avait été mon ennemi, cette information aurait pu être intéressante à analyser, j'aurai très pu m'en servir contre lui, mais ce n'était pas le cas. Je devais le considérer comme étant tout de même de ma "famille". Mais quel était la meilleure stratégie pour moi ? Faire cavalier seul et ainsi laisser Raylai dans ses soucis ou le protéger en essayant d'en savoir plus sans me faire remarquer et sans lui faire savoir ? Ceci était à méditer et à réfléchir, peut-être que les personnes de son passé pourraient rendre le présent amusant, jouer avec eux serait un plaisir. De toute manière, m'atteindre est une chose bien trop périlleuse pour être atteinte, cette chose imaginaire est même impossible. Il ne fallait pas rêver, je ne jouais pas dans le sentimental.

Il ajoutait alors qu'il ne pouvait pas en dire plus. Pourquoi ? Menace, chantage, violence verbale ou physique, manipulation ? Tout était bon pour contrôler sa victime, il fallait en tout cas être minutieux et savoir comment prendre la chose et la modeler de la façon qu'on veuille. Raylai devait être vraiment emprisonné par son maître chanteur pour être si peureux et à l’affût. Il devait avoir une emprise conséquente et il devait avoir bien analysé Raylai. Ne rien savoir, rien voir ? Raylai en demandait beaucoup à celle qui savait tout sur le monde. Mais là c'était rien savoir sur sa situation, certains paramètres. Faire semblant ? Pourquoi pas, ça pourrait être surprenant dans le jeu. J'haussais alors les épaules en le regardant, faisant mine d'oublier sa situation, c'était son choix et son droit et si c'était pour son bien alors autant l'aider et non l'enfoncer, il n'était pas un ennemi mais un allié, et il fallait savoir défendre nos alliés quand nous sommes en position de le faire.

- De quoi on parlait déjà, pourquoi tu t'excuses ? Demandais-je en faisant mine que je venais d'oublier ta situation actuelle avec tes démons du passé, avec un air aussi neutre que naturel.

Certaines personnes auraient cherché plus loin pour savoir ce qu'il avait, peut être qu'ils l'auraient mis en danger pour le secourir comme les films idiots qui sauvent toujours les personnages principaux, mais la vie n'était malheureusement pas un film, si tu jouais mal ton pion, tu pouvais le perdre et tu ne pouvais pas revenir en arrière, ni compter sur un réalisateur ou scénariste qui fera sauver ton personnage par on ne sait quel moyen. Je gardais mes yeux sur Raylai, il avait toujours la tête baissé, son air peu rassuré se lisait même sur son corps. Je ne pouvais pas comprendre sa terreur ou la ressentir ; je comprenais pas une telle peur, je n'avais jamais connu ça.

- Tu peux rester ici ce soir, si tu le souhaites. J'ai une chambre, et tu seras tranquille ici. Tu seras mieux ici, je pense étant donné que personne n'est au courant que je suis de retour. A toi de voir, moi je vais commander une pizza. Lâchais-je en le regardant d'un air calme et posé, examinant le numéro de la pizzeria pour le mémoriser, avant de relever mon regard vers toi.

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Tenue - Il était encore entrain de découvrir le monde, ce n'était qu'un enfant, me répétais-je sans cesse. Si ça n'avait pas été lui, je lui aurai dit de se débrouiller seul et de grandir un peu car je ne suis vraiment pas faite pour m'occuper des enfants chétifs et qui sont perdus tout le temps. Mais, il n'était pas comme les autres enfants. Tout d'abord, il était mon frère ; peut-être pas par le sang, mais il était mon frère à cause de ma famille adoptive, que je considérais comme une deuxième famille ; toujours à ma manière. Ayant rayer la personne qui était ma mère, de ma vie, il était mieux de faire cela comme ça. Si on m'appelle pour ses nouvelles, je prendrais ça en considération, mais le peu d'affection qui me restait pour elle, était mort. Je pense qu'en fait, il était déjà enterré, j'étais pas réellement attachée à elle, mais j'avais une responsabilité envers elle. C'était ma mère, celle qui m'avait créée avec l'aide de mon père. Bref, c'était tout de même ma génitrice, je ne pouvais pas l'ignorer. Bien que j'étais dans la capacité de le faire, la curiosité pouvait être une faille chez moi, la curiosité à observer les changements chez les autres.

Il semblait s'inquiéter pour moi, je ne sais pas pourquoi il a l'air de vouloir me protéger de quelque chose ou quelqu'un. Je ne savais pas ce à quoi il avait à faire, mais il avait l'air terrifié par ce "ça", il sait pourtant que je ne me laisse pas impressionner par n'importe quoi ou n'importe qui. Il n'y avait encore eu personne qui m'avait impressionnée ou apeurée, même celui qui avait voulu me tuer ; j'aurai très bien pu être terrifiée par lui, en faire des cauchemars la nuit. Mais j'y pensais tout simplement pas car ça m'était égal, je ne me souvenais même pas de son visage, et il ne savait sûrement pas où j'étais, il avait dû reprendre d'autres d'activités. Je m'en faisais pas, de toute manière s'il avait voulu me tuer, il l'aurait sûrement fait depuis longtemps. Il aurait eu mille et une occasions de le faire. Mais j'étais toujours envie, alors je n'avais pas à m'inquiéter. Mais enfin, si Raylai tenait à ne pas que j'en sache plus sur son bourreau ou ses bourreaux, alors soit c'était son choix. Il n'y avait pas à épiloguer là dessus, c'était son droit et son choix. Je n'aimais pas forcer les humains à dire des choses, je me sens pas investie d'une mission divine pour les faire parler, je suis juste Anastasia, c'est tout et je pense que les choses viennent en temps et en heure. S'il n'y avait pas d'obligation, ou si ce n'était pas pour torturer afin de récupérer des informations importants, alors cela pouvait attendre bien qu'il devait être un martyre en ce moment. Il ne souhaitait pas l'imposer aux autres.

Jouons le jeu, il le fallait sûrement pour sa propre sécurité, alors faisons mine que j'avais oublié le précédent sujet de conversation. Mais il restait dans un coin de ma tête, si Raylai souhaitait en reparler, je serai sûrement à sa disposition. C'était son combat, il ne fallait pas s'initier à l'intérieur sans son autorisation, il devait faire ses preuves par lui-même ; mais il devait se faire booster par quelqu'un, alors je l'aiderai à ma manière, discrètement et efficacement. Je sens qu'il me remercie du regard alors que j'exécute la nouvelle mission qu'on m'avait attribuée. Je lui laissais le choix, c'était vrai, je pouvais très bien le laisser repartir, ou s'il voulait rester il n'avait aucune obligation envers moi et c'était vrai. Mais c'était peut-être préférable pour lui de rester chez moi étant donné qu'il commençait à se faire tard, cela m'aurait étonnée que les parents veuillent que je le laisse sortir seul à cette heure-ci, quoi qu'ils sont peut-être pas au courant qu'il est ici. Mais bon, la décision lui appartenait, alors que je regardais les différentes pizzas proposées sur mon smartphone, je tournais mon regard vers Raylai en lui offrant un léger sourire sans réel raison, enfin si c'était sa question toute simple qu'il posa après ses remerciements tout aussi simples. Mais bon, c'était rare de voir un sourire, surtout sur moi. A sa question alors j'haussais vaguement les épaules.

- Tu veux une pizza à quoi ? J'ai déjà prévu une 4 fromages, mais il en faudrait une deuxième. Donc tu n'as qu'à choisir. Rétorquais-je sans hésitation.

Je lui faisais glisser mon téléphone sur la table jusqu'à lui, le laissant atterrir sous ses yeux avec les différentes pizzas proposées, je pose mon coude sur la table avant de poser également mon menton sur ma main en attendant que tu fasses ton choix sur la pizza que tu préférais.

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If you do right, no one remembers. If you do wrong, no one forgets.

Tenue - Une question de temps. Ce n'était qu'une question de temps de toute manière, la plupart des choses reposait sur le temps passé, elles évoluaient au fur et à mesure du temps qui passait. Je n'étais pas du genre à faire les choses bêtement, il fallait le faire intelligement pour sortir nos pièces du jeu qu'était la vie. Il avait ses raisons, j'avais les miennes. Nous n'étions pas en dictature mais en démocratie, alors chacun avait le droit de faire ce qu'il voulait, si la liberté de l'un n'empiétait pas sur la liberté des autres, alors tout allait bien. Mais  certains agissaient sans réfléchir, sur le coup de l'émotion mais je pensais qu'agir de manière réfléchie était tout le temps la meilleure option pour survivre. Mais il fallait laisser le trouble de côté pour se concentrer sur Raylai, pour une fois de temps en temps, ce n'était pas dérangeant tant qu'il ne devenait pas envahissant, il n'y aurait aucun problème. Il respectait mon désir de solitaire et me laissait mon espace vital, c'est peut-être pour ça que je l'appréciais un minimum.

Un sourire, qu'était un sourire pour un être humain ? Une preuve d'humanité, une preuve de sympathie. Pour moi, un sourire c'était pratiquement rien, même s'ils étaient rares. Mais ce n'était que des muscles qui se tiraient, ou se contractaient. Mais rien d'humain, c'était de la satisfaction ou une preuve qu'on était quelque peu vivant. Mais il fallait l'avouer, cela me plaisait de parler avec Raylai, c'était simple et pas prise de tête, il était quand même mature pour son âge, alors qu'il n'était que lycéen. Il y avait des lycéens qui n'étaient pas matures comme lui, alors je devais avoir de la "chance" d'être tombée sur lui en tant que frère dans cette famille d'accueil ; même s'il a un passé assez complexe, tout le monde avait un passé, même moi, et je ne me fiais pas réellement au passé, cela pouvait être une source d'erreur, tout dépendait de la personne après. Une fois qu'il a fait son choix pour la pizza, j'hoche la tête comme un automatisme, une poivron poulet, c'était plutôt original comme choix, mais c'était une des pizzas que j'appréciais aussi, donc c'était bien. Je rattrapais ainsi mon téléphone sans difficulté, j'appelais ainsi la pizzeria en question pour commander les pizzas, la personne à l'autre bout du fil me disait que les pizzas allaient arriver dans 1h, je lui répondis ainsi que c'était bien avant de lui donner l'adresse, je n'en faisais jamais trop, c'était des échanges de cordialités. Je raccrochais par la suite avant d'entendre la question du jeune blond, les cours, rattraper ? Je laissais échapper un léger rire bref et sec, rien d'amusant, juste légèrement prévisible qu'il me pose cette question. Je le regardais avec le calme habituel qui faisait que j'étais Anastasia.

- Je suis revenue avant les examens de fin d'année, je me souvenais de ce qu'on a appris au cours de l'année, mais bon je n'espérais rien, mais j'ai quand même eu mon année donc, pas besoin de rattraper. J'ai juste dû justifier mon absence auprès de l'école, même si ça a pris un peu de temps. Répondais-je sans entrer dans les détails ennuyeux avant d'ajouter. Et toi, le lycée ? Demandais-je tout simplement, avec un certain intérêt ; sinon je n'aurai pas posé la question s'il y avait eu un manque d'intérêt, je ne suis pas du genre à faire les choses en me forçant.

Et puis, ça pouvait l'aider de sortir ces démons de l'esprit pour quelques temps, donc  c'était plutôt bien. Etais-je entrain d'accomplir une bonne action ? Peut-être, mais ça restait à voir, et je m'en rendais pas réellement compte. Je crois ça devait être la première fois depuis un certain temps qu'on se retrouvait seul sans les parents adoptifs et que l'on parlait de banalités avec Raylai. La dernière fois que j'étais venue à la maison, ça avait été rapide. Je songeais à passer plus souvent, mais peut-être que je ne tiendrais pas cet engagement, donc je le faisais silencieux dans un coin de ma tête, pas besoin de donner de faux espoirs à Raylai. Soudain je me souvenais que pendant mon séjour à Seattle, j'avais trouvé un truc pour Raylai, je l'écoutais avant de reprendre la parole.

- J'ai un truc pour toi, je l'ai trouvé à Seattle et ça me faisait penser à toi, donc disons que c'est un cadeau de retour. Expliquais-je avant de me lever.

J'allais dans la pièce qu'était ma chambre, je ne savais pas quand j'allais revoir Raylai, donc j'avais pris un truc qui durerait dans le temps. Je me disais que tout être humain avait besoin d'un truc qui le passionnait, et je n'avais jamais vu Raylai avec un truc qui le passionnait, une chose matérielle j'entends. Donc je lui avais pris quelque chose qui se faisait en collection, comme ça s'il voulait en avoir plus, il pouvait en acheter. Je sortais le paquet de mon armoire avec quelques bonbons provenant des Etats Unis. Je revenais ensuite avec le paquet et les bonbons dans la cuisine, les posant sur la table devant Raylai. Le paquet contenait une boule à neige qui représentait assez bien Seattle en hiver, il y avait un chien blanc au milieu d'immeubles en tout genre, tous illuminés, c'était festif. Et avec un jeu de cartes assez spécial, les cartes étaient faites avec des photos sur une face, et l'autre face avait des chiffres. Toutes cartes avaient une image différente, c'était légèrement intuitif puisqu'on pouvait apprendre les différents quartiers, villes d'un continent ou d'un état. Pour ma part, j'avais pris l'Etat de Californie, et je justifiais mon choix une fois qu'il avait ouvert le paquet.

- C'est des choses typiques à Seattle, je me suis dit qu'au moins, si tu te sens seul lorsque je suis pas à la maison, tu auras toujours une trace de moi.

Abandoned

If you do right, no one remembers. If you do wrong, no one forgets.

Tenue - Maintenant que la pizza était commandée, il ne suffisait plus qu'à attendre qu'elle arrive, on avait encore une bonne heure avant que j'entende quelqu'un toquer à la porte d'entrée pour me donner les pizzas en question. Sa question est pour le moins particulière, c'est vrai que mes études ont dû être mis en pause pour la raison suivante ; mon départ à Seattle afin de voir ma mère qui m'avait dit qu'elle allait mieux et qu'elle avait pu sortir de l'hôpital psychiatrique. Quand il m'apprend qu'il a réussi son année mais il m'indique qu'il n'est pas sûr d'arriver cette année, je plisse alors les yeux d'un air neutre, pourquoi pensait-il ça ? Raylai savait se débrouiller en cours, de ce que j'avais vu mais je ne savais pas ce qui c'était passé au niveau de ses notes après que je sois partie, peut-être qu'il y avait eu une baisse par rapport à ses soucis. Il m'avoua par la suite que ses notes ne devaient pas enchanter les parents adoptifs, alors il devait avoir baisser en fin d'année après mon départ. J'haussais alors les épaules en le regardant.

- Je pense que tu peux réussir cette année, si tu as des difficultés, je peux t'aider. Et quant aux parents, je ne sais pas, ils ne m'ont rien dit à ce sujet. Rétorquais-je.

Le lycée était une période de ma vie que j'avais réussi assez facilement, alors autant lui proposer un peu de mon aide, c'était assez... Normal ? Après tout c'était quand même mon faux frère, mais il restait quelqu'un de ma famille adoptive avec qui j'étais assez proche sans l'être trop, on savait tous les deux que je n'aimais pas réellement le côté public de la chose, le côté "être proche plus que n'importe qui sans prendre en compte les limites de l'autre." C'était vraiment pas mon "truc" de laisser les gens empiéter dans ma vie, surtout si c'était pour des choses futiles et inutiles. Il fallait faire peu mais bien, ou beaucoup mais intelligemment. Mais il ne fallait pas faire de choses trop stupides qui caractérisent l'humanité que je ne comprends pas. On pouvait en jouer de ce côté humain chez certains.

- Je pense que tu devrais trouver quelque chose sur lequel te focaliser pour te concentrer et oublier ce qui te tracasse. Conseillais-je avant de partir en direction de ma chambre.

J'étais allée dans ma chambre pour aller chercher le paquet en question qui contenait ses deux cadeaux que je lui avais pris. Il les ouvrait d'un air curieux après avoir longuement hésiter à l'ouvrir comme si cela renfermait quelque chose qu'on lui avait interdit de toucher, il semblait assez surpris que je puisse lui offrir quelque chose, mais en même temps, je n'étais pas du genre à me préoccuper des gens ou à leur offrir des cadeaux, je pouvais le comprendre. Une fois qu'il les eut ouvert, il faisait tourner la boule à neige pour faire tomber la neige qu'il y avait au fond, il me remerciait pour les cadeaux, je ne savais pas si c'était une coutume de ramener des souvenirs ou des cadeaux à ses proches lorsqu'on partait pendant un temps, mais je crois qu'on me l'avait soufflé. Et cette boule à neige m'avait fait penser à Raylai pour x raison. Et le jeu de cartes était pour compléter le cadeau, comme les bonbons. Lorsqu'il me posait la question de si j'étais là bas, je hochais la tête pour lui confirmer que j'étais bien là bas.

- De rien, je suppose. Et oui, j'étais là bas. Je suis née là bas et j'y ai vécu assez longtemps. Répondais-je toujours avec neutralité.

Lorsqu'il me parlait de Bangkok, il avait été né là bas, mais très vite arraché à sa terre natale, baladé de famille en famille, mais il m'avouait qu'il ne gardait pas un grand souvenir de Bangkok, en même temps il avait pas dû y vivre longtemps. Mais il gardait un manque, même si je ne le comprenais pas totalement, je voulais bien le croire, des fois nos terres natales nous manquaient parce qu'on a vécu là bas même si c'était un court laps de temps, on y est sûrement attaché d'une manière ou d'une autre.

-Tu devrais peut-être y retourner un jour, histoire de couper un peu. Disais-je par la suite avant que le plus jeune me propose des bonbons provenant de son paquet, il avait un sourire enfantin typique qui me rappelait qu'il n'était encore qu'un lycéen qui n'avait sûrement pas pu profiter de son enfance comme les autres enfants, moi pour ma part, mon enfance, mon adolescence c'était la même chose qu'aujourd'hui, je n'avais jamais été très enfantine, ce n'était pas mon style du tout.

Je plongeais ainsi ma main dans le sachet de bonbons ouvert, en prenant un avant d'enlever l'emballage pour ensuite le porter à ma bouche, je le mangeais, me rappelant que j'avais été à Seattle il y a quelques semaines encore, j'aurai très bien pu y rester et ne jamais revenir, mais je préférais prendre des précautions et ne pas me jeter à une chasse à l'homme, me laissant à la portée de l'homme qui avait voulu me tuer sous l'ordre de ma mère, il devait encore me chercher peut-être, ou peut-être pas ce n'était pas ce qui me préoccupait le plus en fait. De toute manière, aujourd'hui j'étais avec Raylai dans ma cuisine, et le reste, c'était obsolète, je ne m'en préoccupais pas vraiment.

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Tenue - Les études n'avaient pas l'air d'être son souci principal à vue de nez, mais je m'en doutais déjà. Lorsqu'il me servit l'excuse du "tu as beaucoup de choses à faire", je le regardais avec un sourcil haussé, la première excuse aurait suffit. Vouloir garder ce périmètre de solitaire c'était mon truc, je n'étais pas franchement une personne qui aimait être entourée tout le temps. Plus on restait loin de moi, plus j'étais satisfaite. Je n'étais pas claustrophobe ou agoraphobe pour autant, j'aimais au contraire beaucoup faire la fête, mais je n'aimais pas qu'une certaine personne pense qu'il est unique à mes yeux alors que pour moi, tous les humains sont intéressants, ce n'est pas forcément un qui m'intéresse. On m'a pourtant dit que lorsque je tomberai amoureuse, je trouverai cette personne plus intéressante que les autres, mais cette éventualité est bien impossible dans ma tête. L'amour était quelque chose d'étrange pour moi, je n'étais pas franchement attirée par ce concept. Mais la plupart des humains l'était.

- Si tu veux que je t'aide, ne t'en fais pas, je prendrai mes précautions pour que tu ne sois pas tout le temps avec moi. Je saurai très bien où est ma "zone de confort". En outre, je pense que le paternel va sûrement me contacter pour t'aider s'il voit tes difficultés scolaires, donc je préfère anticiper la chose.

J'ignore encore ce qu'il cache, mais ça a l'air de vachement lui occuper l'esprit, j'ai cette impression qu'il doit réfléchir toujours en fonction de cette chose, et qu'il ne doit pas faire un pas de travers, sinon ça va lui retomber dessus. C'était légèrement étrange, mais pour le moins, intéressant. Je regardais l'heure sur mon téléphone, les pizzas n'allaient pas tarder à arriver, ce n'était qu'une question de minutes. Raylai m'avouait qu'il était compliqué de se focaliser sur quelque chose en ce moment, je le regardais comme à mon habitude, de manière neutre et calme. Pourquoi changer une habitude ? De toute manière, je ne savais pas réagir autrement, les surprises faisaient parties de la vie, mais on ne pouvait pas qualifier de cela comme étant une surprise, de toute manière.

- Quelque chose de calme et qui te rend serein. Répondais-je simplement avec calme.

Je n'attendais rien en retour venant de Raylai, j'avais pas fait ça pour avoir quelque chose en retour, c'était venu assez naturellement et spontanément, ça m'avait quelque peu étonnée que je puisse penser à lui alors que je n'étais pas non plus dans l'obligation de le faire ou d'être une soeur parfaite avec lui. Il devait le savoir, je n'étais pas quelqu'un qu'on idéalisait, ou ceux qui m'idéalisaient devaient avoir une fascination assez étrange. Il jouait avec la boule à neige où la neige tombait à l'intérieur lorsqu'il la secouait, les faux flocons de neige tombaient tout seul et sans difficulté. Il m'avouait qu'il aimerait y aller un jour, je le regardais alors, il avait l'air de vouloir s'évader, de partir quelque part ailleurs. Ce désir de connaître mieux l'inconnu était souvent bon pour une personne. Puis lorsque je lui disais d'aller en Thaïlande, il me répondit qu'il ne pouvait pas partir seul et qu'il n'aurait aucune idée de quoi faire là-bas, qu'il ne connaissait personne.

- Si tu le souhaites, quand tout sera calmé, on partira l'été prochain en Thaïlande ou à Seattle. Il est bien de connaître d'autres endroits que la maison. Lui proposais-je avant de prendre un bonbon.

Soudain, on frappa à la porte, ça devait être la pizza. Je disais donc à Raylai que je revenais, et je laissais ainsi Raylai avec ma proposition, me levant pour aller chercher l'argent nécessaire pour payer ces pizzas. J'allais ensuite à la porte d'entrée, voyant le livreur avec les pizzas, je lui donnais l'argent qu'il comptait et vérifiait avant de faire preuve de cordialité et de partir, me laissant les cartons de pizza dans les mains. Je fermais la porte derrière moi avant de retourner dans la cuisine, posant les pizzas sur la table de la pièce, les ouvrant par la suite.

- Tu veux une fourchette et un couteau ou tu les manges à la main ? J'ai croisé des personnes qui les mangeaient avec des fourchettes, donc je te demande. Disais-je en prenant un gros couteau pour redécouper des parts de pizza sur les traits déjà fait pour guider la coupe en part égale.

Abandoned

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Tenue - Je ne pouvais pas réellement aider Raylai sans connaître tous les paramètres, et même en les connaissant tous les paramètres, je ne serai pas en mesure de l'aider. J'ai déjà du mal avec l'être humain en général, alors m'occuper de lui, ce serait un peu surréaliste. Je n'ai pas assez d'instinct humain pour m'occuper de quelqu'un ou faire attention à tous ces problèmes, faits ou gestes. Chacun faisait ce qu'il voulait de sa vie, il pouvait jouer ses pions de la manière dont il le voulait, de façon intelligente ou de façon sentimentale. Partir sans prévenir personne ? Je l'avais fait, je n'avais aucun remord sur ça, c'était comme ça je ne vois pas pourquoi je m'en voudrais de faire ce que je veux, je n'éprouvais pas de la culpabilité ou que sais-je. Avoir des attaches c'était quelque chose de très loin de moi et ce que j'étais ; je n'arrivais pas à être attaché à quelqu'un, c'était une chose qui me semblait complexe, et pourtant si simple pour les autres humains. Je comprenais pas ces sentiments qu'on pouvait ressentir envers les autres, je ne pensais pas qu'on pouvait faire passer des sentiments avant la raison, c'était impensable pour moi à ce jour.

Néanmoins, Raylai était mon "frère", dans la société, le terme de la famille était plus important qu'autre chose, après il y avait l'amour puis l'amitié. Mais j'étais bien loin de cette logique,  si cette personne m'apportait quelque chose pour avancer dans mon jeu, alors c'était plus préférable qu'une personne qui me ferait reculer ou perdre un pion. Tout contrôler et être au courant pour mieux mettre en désordre ? Ca devait être ça le plus plaisir, savoir qu'on est maître du jeu. Les informations s'enchaînent dans ma tête, les idées aussi. J'ai proposé à Raylai un voyage en Thaïlande de manière spontanée, c'est assez surprenant, surtout que ça m'apporterait rien, c'était presque de la... Gentillesse ? Je n'avais pas d'attache à la Thaïlande, j'y étais allée un jour en vacances, sans plus ça ne m'avait pas marquée plus que ça. Mais pourquoi pas y aller avec Raylai, j'imaginais qu'il ne pourrait pas y aller seul. Même ma terre natale ne me tient pas plus à coeur que ça, Seattle est pourtant l'endroit où je suis née et où j'ai vécu la plupart du temps de ma vie, mais rien ne faisait que j'étais "attachée" à cette terre, c'était un endroit où j'avais vécu et où j'étais allée, ça s'arrêtait là. Je ne ressentais aucun manque.

J'étais entrain de découper cette pizza que j'avais commandé au préalable en demandant au plus jeune s'il préférait manger avec des couverts ou non, à mes yeux, on mangeait comme on voulait, donc il valait mieux demander. Mais j'étais dans le même cas que lui, je mangeais comme une "bonne américaine" avec mes mains car c'était bien plus pratique et que je n'aimais pas faire de chichis avec des couverts. A sa réflexion, j'haussais les épaules vaguement.

- Un peu, mais bon, je préfère pas juger ce que les autres font, ils préfèrent les manières au pratique, c'est leur choix de se rendre la vie plus compliquée pour être dans l'éthique. Rétorquais-je de manière neutre.

Aussitôt j'eus fini de couper les parts de pizzas, aussitôt Raylai prenait une part que j'avais coupé plus tôt. Il me remerciait par la suite, pourquoi ? J'en avais pas la moindre idée, mais je comprenais pas tout le temps comment il réagissait, c'était assez naturel chez lui, ce qu'il faisait ou ce qu'il disait. Il enchaîna par la suite sur la proposition que je lui avais fait plus tôt avant de quitter la table pour aller chercher la pizza, il a dit qu'il allait y réfléchir, pourquoi pas, de toute manière ce n'était pas encore pour demain.

- De rien, je présume ? Et on en parlera une autre fois, je pense qu'on a le temps.

Je prenais ainsi à mon tour une part de pizza, la dégustant par la suite, je pense que depuis que je connais Raylai par le biais de cette famille d'accueil, c'est la première fois qu'on mange et qu'on partage des choses à deux.