TENUE  ♦ Comme prévu, les jours étaient passés sans que je cherche à voir ou à parler avec London. Je lui avais promis de lui laisser autant de temps qu'il voudrait, quitte à m'éloigner complètement. En classe, j'évite de le regarder ou de lui adresser la parole. Je fais comme s'il n'était pas là, comme s'il n'a jamais été mon ami. C'est dure, souvent douloureux mais je me raisonne en me disant que ce qu'il veut. Moi ? Je n'ai pas tellement le choix, ni mon mot à dire. Il l'a voulu pour ne pas « tomber » plus pour moi et j'ai réellement compris que cela voulait dire « tomber amoureux ». Donc, London m'aime à ce point-là ? J'y ai pensé durant des jours, j'y ai réfléchi à me prendre la tête jusqu'à sentir mon cerveau prendre feu et voir la fumée sortir par mes oreilles. Le skate ne m'a pas aidé à me sortir toute ces questions de ma tête. Le roller ne m'a pas calmé. Le vélo ne m'a pas changé les idées. Il m'aime pas comme un ami, mais moi je ne sais pas quoi penser de tout ça. Est-ce que je pourrais lui rendre ? Je tiens énormément à lui, mais serais-je capable de voir notre relation autrement ? ça fait des jours que je n'ai pas tapé à sa porte, ni osé prononcer son nom. Quand je rentre au dortoir, c'est seulement pour m'enfermer dans ma chambre le temps de mes devoirs ou pour dormir, sinon je passe le reste de mes heures dehors, entre « potes » et passion. Je dois aussi me le sortir de la tête s'il désire rompre le lien. S'il me lâche complètement, je ne serais pas prêt à le laisser partir en pensant sans arrêt à lui... Alors pourquoi je n'y arrive pas ? Pourquoi mon passe-temps ne prend pas toute mon attention ?

Le professeur de mathématique est entrain d'expliquer un truc dont je n'écoute rien du tout. Il interroge certains élèves, dont moi. Les math et moi, ça fait douze. Je n'aime pas tellement cela. Vous direz « mais tu ne calcules pas la distance quand tu sautes dans le vide ? » Bah non, je saute sans réfléchir, juste en ressentant l'adrénaline qui parcoure mon corps. Les mathématique, c'est plat, sans importance et quand il me pose une question, je répond toujours la même. « Je ne sais pas. » Et il lâche l'affaire en cherchant une autre victime à malmener. Je ne sais jamais rien, mais ça me convient. à la fin du cours, le professeur nous colle un devoir en duo et évidement, faut qu'il me colle avec une tête en math. London. Monsieur a des bonnes notes dans le domaine, ce qui ne m'étonne pas. Le temps d'une seconde, j'ai dévié mes yeux vers lui quand le professeur a épelé nos noms ensemble, les inscrivant sûrement sur sa feuille. Nous sommes dans le même dortoir, et London comble ma connaissance en mathématique avoisinant les zéro. Je suis gâté pour cette fois, moi qui ne voulais pas l'approcher tant qu'il n'était pas certain de ses décisions.

Le dortoir est calme. J'ai attendu un moment avant de quitter la classe, ne voyant plus London dans la pièce. J'ai été bien prudent pour filer jusqu'à nos chambres, ne croisant personne sur la route. à quoi je m'attends franchement ? Nous devons bosser ce devoir ensemble, surtout pour qu'il m'explique, mais je n'ai aucune envie d'être enfermé avec London dans la même pièce. C'est seulement en tentant de travailler seul que je réalise mes efforts vain. Mes cahiers et mes stylos en main, je quitte ma chambre pour me poster devant celle de London, hésitant légèrement à frapper. « London ? Tu es là ? Je viens pour les devoirs. Je pourrais les faire seul mais je comprend pas grand chose à tout ça, alors si tu pouvais m'ouvrir et voir ça ensemble ... ? » Je me justifie ou je rêve ? Est-ce qu'il va m'ouvrir la porte ou compte-t-il me laisser là, comme il l'a tant fait les dernières fois. Je voudrais rebrousser chemin en m'excusant ou simplement disparaître de là comme si je n'étais jamais venu cogner à sa porte. Au final, je suis toujours planté devant, mes affaires dans les bras et l'expression encore incertaine. Sourire ? Pas sourire ? Plaisanter ? Tirer la gueule ? 'fin non, ce n'est pas dans mes habitudes d'être morose ou mauvais. Attendre, ça semble la seule option pour l'instant. Après, j'aviserai selon la tournure des événements, bien que je ne sache encore rien de la situation. S'il ouvre la porte, je ne serais pas quoi dire de plus. S'il ne l'ouvre pas, je n'aurai justement rien à redire. Maintenant, à London de voir et de me fournir une réponse.

TENUE  ♦ Je ne sais pas combien de jours sont passés depuis ce soir-là, les journées semblent de plus en plus se ressembler sans que rien ne change vraiment, mes sentiments sont toujours là, parfois le simple fait de regarder le mur d’en face après avoir entendu la porte claquer en comprenant que Loukas venait de rentrer me donne juste envie d’y débouler comme un idiot pour le voir. Je veux entendre sa voix et son rire, mais je ne peux pas, la vie est dure quand on ne maitrise plus rien. J’aime m’adosser contre ce béton qui nous sépare, assis au sol et réfléchir, j’ai tenté maintes fois de me dire que c’était un ami, que je ne dois pas le voir autrement, me donnant des claques mentalement... Mais rien n’y fait, je finis la tête sous le coussin à tenter de m’étouffer avec mes pensées qui ont écrasé mes tentatives en moins d’une seconde. C’est calme, décidément Raylai semble avoir trouvé une occupation, je pensais lui en parler, sauf qu’il est la moitié du temps abonné absent, qu’est-ce qu’il fait ? J’ai peur de lui demander pour découvrir qu’il est piégé par ce démon, ça me travaille toujours, je frissonne à chaque fois que j’y pense, au camping je n’ai pas vu la tête de cet enfoiré, mais j’aimerai juste pouvoir lui dire ses quatre vérités... Sauf que j’ai promis à mon meilleur ami de ne rien tenter, alors j’ai vraiment peur de ce qu’il vit, le voit-il encore, lui a-t-il tenu tête ? Je ne sais pas et tout me rend fou, je ne peux parler de ça n'a personne et si je rajoute cette histoire avec Loukas je perds totalement pied, je ne sais plus où je suis, ni où je vais, je devrais juste m’en aller et... Non, je ne peux pas vraiment faire ça. Pourtant ça serait peut-être la solution, tout plaquer, tout oublier, recommencer loin d’ici et réparer mon cœur et mon esprit. Si je n’ai pas réussi à virer Loukas de cet organe qui me maintient en vie après ce temps loin de lui, j'ai compris que je ne pourrais pas y arriver facilement, devrais-je abandonner ? J’ai réussi à tourner la page sur Wolfram parce qu’il était parti, il m’a trahi, jeté comme un merde, mais je sais que Loukas attend que je revienne vers lui, ça ne m’aide pas vraiment à détruire mes sentiments, je pense à lui, à ce qu’il fait, je me demande qui il fréquente maintenant que je ne suis plus là, de quoi il parle, quels sports fait-il... Tellement de questions auxquels j’aimerais des réponses, mais dont je dois taire ma curiosité.

En cours je fais tout pour ne pas poser mon regard sur lui, généralement je tente de garder ma place devant pour éviter de me retourner pour le regarder, si je suis derrière je regarde la fenêtre pour ne pas y penser et si ce sont des matières qui me plaisent, je me jette entièrement dedans pour ne pas me déconcentrer. D’ailleurs en math je suis toujours parmi les meilleurs, j’ai une capacité qui m’a valu une place dans la section scientifique à peine arrivé mais j’ai refusé, je peux compter à une vitesse qui en ébahie plus d’un, certes dans la vie de tous les jours je ne montre pas à tout le monde que je suis une calculatrice humaine, mais j’en suis plutôt fier. Du coup dans ce cours le professeur m’adore et j’ai droit à des sourires et des félicitations à la fin d’un devoir, bref, c’est comme la natation, surement les seules matières où je me donne à fond, bien que ce soit plus un talent inné qu’une histoire de travail acharné. Mais le prof fait une erreur qui me fait grimacer en mettant Loukas en binôme avec moi... Comment travailler ensemble quand on s’évite au maximum ? Du coup j’ai quitté la salle rapidement pour retourner aux dortoirs. Je n’ai pas regardé mon ami, traçant ma route. Une fois dans ma chambre je me suis rapidement changé pour enfiler un jogging gris et un haut pour me mettre à l’aise, soupirant fortement en me traitant oralement d’idiot à plusieurs reprises, pour changer.

Me balançant sur ma chaise j’allume mon Pc pour aller regarder mon twitter, cela fait un moment que je n’ai pas navigué dessus ni posté quoi que ce soit, ce qui ne me ressemble absolument pas... Mais je n’ai pas la tête pour ça, puis récemment j’ai vu un article concernant ce gossip qui hante le net pour déposer des articles un peu partout en balançant des news. Je ne pensais pas que j’en aurais été la victime de nouveau après Wolfram, mais en lisant son échange avec Loukas, j’ai juste refermé la page, je n’ai pas pu répondre et je ne le peux toujours pas aujourd’hui. J’ai encore plus honte et je suis encore plus gêné maintenant de lui faire face, même si j’agis comme si de rien n’était. Cette allusion me mette mal à l’aise et c’est frustrant. Entendant taper à ma porte je claque mon pc Pc pour le fermer, écoutant la voix de Loukas de l’autre côté, mon cœur s’accélère et j’hésite une minute, je ne sais pas comment agir avec lui, alors je réfléchis... Pinçant ma lèvre je prends une grande respiration, me levant en posant ma main sur la poignée, j’attends dix bonnes secondes avant de prendre l’initiative de lui ouvrir en remarquant qu’il est toujours là malgré le temps que j’ai mis pour lui apporter un signe de vie.

« Désolé... » Pourquoi je m’excuse ? Je ne sais pas trop, je m’écarte pour le faire entrer en lui faisant comprendre d’un geste de la tête. Il est là que pour les devoirs de toute façon, je peux bien faire une exception, juste une...

« On nous a demandé de bosser ensemble, alors... dit moi ce que tu comprends pas, je vais tenter de t’aider. » Dis-je en essayant d’être naturel, prenant place sur mon lit en ayant attrapé mon cahier, si on n’aborde pas un autre sujet je devrais pouvoir résister, bien que ça risque d’être difficile de s’en tenir à des calculs, des problèmes et des formules.

TENUE  ♦ Ce professeur aurait dû s'abstenir de nous mettre en binôme pour ce devoir. Certes, je suis sûrement le pire élément de la classe, alors que London est le meilleur. Il a dû penser que le positif remportait toujours sur le négatif, bien que ce ne soit pas toujours le cas. à peine la nouvelle tombée et la sonnerie retentissant à nos oreilles, que mon cadet s'enfuit sans demander son reste. Il ne m'en touche pas un mot et je devine qu'il n'a pas du tout envie de le faire. Moi non plus à dire vrai, parce que j'ai promis de le laisser tranquille bien que cela me bouffe réellement. J'adore London, c'est carrément maladif d'apprécier quelqu'un à ce point. ça me tue de devoir m'en éloigner et imaginant qu'il pourrait couper les ponts et me laisser en arrière. Qui devrait croire ? L'ange qui me dit d'être patient et d'attendre ou le démon qui me supplie d'agir et de le secouer à nouveau ? La dernière fois n'a pas été la bonne, je ne pense pas que celle-ci le soit non plus. Dans le fond, je crois que j'abandonne complètement la bataille jusqu'au jour où il reviendra sans prévenir. Rêveur, en plus. Je me fais des films pas possible comme si c'était possible que London change les choses dans le bon sens. Finalement, je quitte aussi la classe pour rejoindre les dortoirs, prenant attention à ne pas tomber sur London au détour d'un couloir. Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire, hein ? Parler du temps ? On s'en fiche qu'il fasse soleil ou nuit, quelle importance quand on se fait la gueule. Je ne voudrais pas être à ma place, pourtant j'y suis. C'est embêtant, autant je m'amusais énormément avant, autant maintenant je m'ennuie comme un rat mort. Sans London, ce n'est pas pareil. Rien n'est comme auparavant et je trouve ça carrément triste, voir déprimant. Similaire à l'ambiance du dortoir, quand personne n'est là pour t'accueillir avec un sourire ou une petite réplique sournoise. Pas de Raylai pour râler, ni de London pour rire. J'ai la sensation de vivre dans une autre dimension, et je déteste celle-ci.

Mes devoirs me prennent beaucoup plus au dépourvu que prévu, même si je m'y attendais. J'ai la nette impression d'être un illettré devant un texte de Shakespeare, je comprends absolument rien à ses formules, ses théories, ses calcules. Bref, sans aide, je suis cuit et à point. Je repense à ce film où les personnages descendant des dieux grecques ne peuvent pas lire correctement la langue américaine, c'est pareil pour les mathématiques et moi. Du coup, j'en viens à fermer mon cahier et mon livre d'école pour regrouper le tout, m'aventurant vers la chambre de mon... Ami ? Ex-ami ? Il est quoi, au juste ? Je voudrais croire que rien n'a changé, mais c'est complètement faux. London n'est plus comme avant et je crains que cela soit de pire en pire, surtout avec cette histoire qui circule sur le net. J'ai l'air de quoi ? Péter une planche, déclaration, manque plus qu'il parle de la dispute et nous sommes bon. Bref, je préfère même pas y penser alors que je me motive à taper contre la porte. Aucune réponse, j'aurai dû m'en douter. London ne fait même pas l'effort d'ouvrir sa bouche tandis que je me bats avec moi-même pour le faire. Bon sang, c'est stressant d'attendre sans entendre un bruit de l'autre côté. Peut-être qu'il n'est pas rentré ? Il traîne encore à la piscine jusqu'à pas d'heure ? à moins qu'il soit avec son meilleur ami ? Je ne vais pas le déranger dans la chambre de l'autre...

La porte s'ouvre, la tête de London apparaissant brusquement dans mon champ de vision. Je m'attendais à subir un nouvel échec, prêt à remballer mes affaires pour retourner me torturer les méninges dans ma chambre, mais non. Désolé ? Ce n'est pas la peine... Pourquoi il s'excuse ? J'attends qu'il s'écarte pour passer et entrer dans sa chambre, silencieux et attentif. Je ne suis pas « chez moi » c'est lui qui décide. « Un peu tout ? Je suis bon dernier de la classe, tu risques d'en avoir pour longtemps à m'expliquer. » Pas que cela me dérange, du moins pas à moi. ça fait un baille que je n'ai pas pu parler avec lui, ni même entendre sa voix de cette façon. Je ne sais pas trop où m'installer, attendant qu'il me propose une place, un endroit pour poser tranquillement.

« Faut croire que le prof compte sur toi, hein ? » Un petit rire m'échappe, me tournant vers lui avec mes affaires en vrac dans les mains. J'ai les cheveux coiffés en arrière pour ne pas que ça me dérange, dévoilant ainsi l'éclat de mes yeux. Finalement, je vais vers son lit pour m'asseoir dessus et lâcher mes bouquins et stylos dessus. « ça ne te dérange pas si je me met là ? » Dis-je sans vraiment attendre, ouvrant mon manuel coloré de fluo, beaucoup trop de rouge, pas assez de vert ou de jaune. D'ailleurs, j'ai pensé à les prendre avec moi, au cas où.

TENUE  ♦ Je ne fais pas la gueule à Loukas... Je sais qu’aux yeux des autres, de mes camarades c’est surement ce dont cela a l’air, mais c’est faux. Cette distance est nécessaire, autant pour moi que pour lui et j’espère qu’il comprend ça. Je l’aime, réalise-t-il ce que cela implique ? Notre amitié est menacée par mes sentiments, mais je ne peux rien y faire si je suis tombé amoureux de lui, je n’ai pas souhaité que cela arrive, je ne l’ai pas désiré, mais c’est arrivé et plus les jours passent, plus je comprends que ce n’est pas une erreur, ce ne sont pas des sentiments passagers, je l’aime de plus en plus même sans lui parler, je pense à lui, je rêve de nos moments passés ensemble, j’aimerais revenir à ce jour sur la plage et pouvoir déjà me barricader encore plus pour l’empêcher de prendre cette place que je croyais assez fermé pour ne laisser personne y entrer. Avec Wolfram j’ai souffert de notre rupture, mais nos sentiments étaient partagés et je n’ai pas connu cette angoisse, cette honte, cette crainte de dire à quelqu’un « je t’aime » alors que ce n’est pas réciproque. Tous ceux qui se sont déclaré à moi je les ai remballés sans prendre soin de me demander ce qu’ils ressentaient par le passé, je savais que je n’allais jamais aimer, ma phobie me laisser à l’écart de toutes ses choses, là où tout a changé c’est ici, à Tokyo. Maintenant je connais la douleur et peut-être est-ce ma punition pour mes actes antérieurs.

Le professeur choisit de nous mettre ensemble, je fuis parce que je ne sais pas quoi dire à Loukas, je ne sais pas comment l’affronter et j’ai peur de passer du temps avec lui, de craquer et de ne pas pouvoir me contrôler, j’ai besoin de temps, de beaucoup plus de temps... Même si je sais que ça risque d’être long et c’est déprimant de me dire que je pourrais ne jamais plus être capable de le regarder droit dans les yeux, de rire avec lui pour des bêtises, de l’appeler Pumba, de le voir se passionner pour tous ses sports dangereux, de ne pas tester comme on en avait parlé, de ne plus nager avec lui, je suis frustré d’être coupé de toutes ses choses et encore plus en sachant que c’est ma faute, uniquement de ma faute et de cet organe faible et idiot qui ne peut pas faire la différence entre amour et amitié, non vraiment...

Loukas arrive-t-il à m’oublier ? À ne pas penser à moi, quoique... pourquoi il penserait à moi haha, je suis stupide... Mais je suis égoïste et au fond j’espère quand même garder ma place à ses côtés, c’est fou, mais malgré notre distance j’ai peur de disparaitre à ses yeux, je sais qu’il attend surement que j’oublie mes sentiments, mais combien de temps patientera-t-il avant de réussir à tourner la page sur mon compte ? J’ai peur, bien sûr que j’ai peur. Mais que puis-je faire, lui dire de me laisser l’aimer ? D’être jaloux dès que je le verrai avec quelqu’un d’autre, de le priver de sa liberté, non... je n’ai aucunement le droit de faire ça. Puis ce shiter de merde (...) qui s’en mêle, tout va de travers, j’ai l’impression d’être tout le temps épier, que tout est mis à nu et j’ignore les regards, les questions, on m’a demandait si j’éprouver quelque chose pour Loukas parce qu’il ressemblait à Wolfram, mon cœur se serre à chaque fois, parce que je sais que c’est ce dont ça a l’air et cela risque d’atteindre mon ami aussi, bien que je lui ai dit de ne pas en tenir compte, je suis fatigué.

Puis Loukas se pointe derrière ma porte, sa voix m’atteint et je mets du temps à réagir, je l’entends me parler, j’ai envie de courir lui ouvrir, de le regarder dans les yeux, de l’entendre encore me parler et rire avec moi, mais en suis-je capable ? Je veux dire est-ce que je peux le regarder sans me sentir mal à l’aise ? J’ai des doutes, mais lui laisser croire que je suis absent où ne pas lui ouvrir intentionnellement alors qu’il fait l’effort de venir malgré notre pause, je me sens mal rien qu’à cette idée... Je ne veux pas qu’il me déteste... Finalement je finis par lui ouvrir, certes j’ai mis du temps, mais c’est normal non ? Je dois peser le pour et le contre puis surtout me préparer à rester enfermé dans ma chambre tous les deux... Je ne sais même pas ce que je pourrais dire, mais la meilleure chose est de reste concentré sur le devoir qu’on va partager.

« Je ne sais pas si je suis doué pour enseigner, mais je vais faire au mieux pour que tu comprennes. » C’est vrai que je peux apprendre aux membres de mon équipe des choses en pratiquant, mais les maths, je ne l’apprends pas tous les jours, donc on va voir. Le « longtemps » ne me gêne pas vu que je veux passer justement du temps avec, trouver une raison de le faire, mais je sais d’avance que cela sera difficile. Installé sur mon lit, je le laisse faire comme chez lui, le temps qu’il vienne me rejoindre, je ne le regarde pas, mes yeux rivés sur le cahier de cours. « Apparemment, j’aurais pu être étudiant en science si je l’avais voulu. » Dis-je naturellement, mais sauter une classe pour devenir un mathématicien, haha, la blague. Je lève le regard vers lui en souriant légèrement, rajoutant. « Ça t’épate hein ? » Je ne sais pas si c’est une bonne idée de plaisanter, mais ça m’a manqué je suppose, puis c’est un sujet qui me fait oublier le reste. « Fait comme chez toi. Tu es déjà installé de toute façon~ » Zieutant sur son cahier, je me redresse en remontant mes manches. « Bon, on va commencer par ce problème. » Dis-je en attrapant mon stylo et pointant le sujet en question avec le capuchon. Je lui laisse le temps de lire l’énigme pour qu’on en parle, mais honnêtement j’ai un peu la tête ailleurs, je me perds à l’observer alors que c’est ce que j’évite à tout prix depuis plusieurs jours, me giflant mentalement je secoue la tête pour me replonger dans mon livre et lire à voix haute.

« Un marchand de volailles a acheté 48 poulets à 9,10 ¥ la paire et 28 pigeons à 2,35 ¥ la pièce. Combien les a-t-il vendus, si les frais de nourriture se sont élevés à 22,95 ¥ et si son bénéfice est égal à 1/5 du prix de revient total ? » Je suis sûr que ça semble super compliqué pour lui, mais c’est plutôt facile en fait, je n’explique pas de suite lui laissant le temps de voir s’il arrive à comprendre un minimum tout ce charabia. « Quand on te pose un problème le plus important c’est toujours les chiffres, bien sûr tu dois utiliser ta calculette pour trouver, mais une fois qu’on a le bon raisonnement tout devient simple. » Honnêtement j’ai déjà la réponse, vu que je calcule rapidement. Après c’est sûr que ce ne sont pas des exercices réellement faciles que le professeur nous a donnés, d’où le fait qu’il nous ai mis ensemble... Je pense.

TENUE  ♦ Où est l'erreur ? à quel moment ai-je commis une faute pour que London me rejette de la sorte et me fasse attendre des lustres sans jamais me dire « je suis là, c'est bon » ? J'ai beau me repasser cent milles fois nos sorties et instant commun en boucle dans ma tête, je ne vois pas où j'aurai pu échouer. à cause de cette fille dont je ne connaissais pas le nom ? à cause de cette fois où je l'ai aidé et forcé à rentrer avec moi ? Quand ? Quand est-ce que  j'ai fait une énorme erreur pour le voir s'éloigner et fermer ses portes ? London se barricade de plus en plus, mais c'est trop tard maintenant. Il ne pourra pas  passer des mois dans cette situation, sauf s'il brise réellement notre lien et que plus rien ne compte entre nous. Pourrais-je le supporter ? Non. Serais-je résigné ? Sûrement. Parce que je déteste aller en contre-sens, surtout quand la personne souffre. London souffre, alors j'abandonnerai. J'aurai dû aller voir le professeur pour demander à changer, être en binôme avec quelqu'un d'autre dans la classe, mais je n'y ai pas pensé de suite. Il est trop tard pour rebrousser chemin et supplier notre enseignant, surtout quand il a décrété qu'un âne comme moi serait bien avec un étudiant studieux comme London. J'aurai beau dire et argumenté, j'ai perdu d'avance. De toute façon, j'ai déjà tapé à sa porte et j'attends sans espoir qu'il m'ouvre, qu'il accepte de bosser avec moi, qu'il fasse abstraction du reste pour cette fois. Nous ne parlerons que mathématique si cela l'inquiète ou si ça peut le rassure. Mathématique, seulement.

Le temps semble long quand on attend devant une porte close, sans un bruit derrière. Il ne veut sûrement pas me voir et je le comprends, mais je ne suis pas suffisamment intelligent et ingénieux pour me débrouiller en math. Une belle excuse pour cacher l'envie d'être cinq minutes avec lui, l'entendre m'expliquer un truc dont je m'en fiche complètement et lui répondre à côté de la plaque parce que, justement, je m'en ficherai toujours autant. J'ai l'impression de me trouver une raison pour être là et profiter de l'instant présent, bien que London puisse refuser et laisser cette porte close. Ce serait ingrat de sa part quand même, même si je ne pourrais rien dire. à ma grande surprise -parce que franchement, je ne m'y attendais plus- la porte s'ouvre sur un London que je n'aurai pas reconnu. ça doit faire trop longtemps que je n'ai pas posé mes yeux sur lui, plus de trois secondes surtout. Je n'ai pas attendu pour rien, je n'ai pas fuis non plus à travers une tirade idiote pour qu'il laisse sa porte fermée. Finalement, je suis fier de moi, je tiens le coup qu'importe la situation.

La patience doit être un atout chez ce garçon, parce qu'il risque d'en utiliser de la bave et du souffle pour me faire comprendre ne serait-ce qu'un calcule. « Merci de m'aider. » Me contentais-je de répondre avec un aimable sourire. Si au départ je ne savais où me ranger, j'ai rapidement trouvé une place sur son lit, là où je dépose mes affaires sans attendre une seconde de plus. Je fais comme chez moi, sans trop de gêne. « étudiant en science ? Pourquoi tu ne veux pas le devenir ? » Pour la natation ? Parce qu'il veut être nageur professionnel ? Je me doute déjà de sa réponse, alors pourquoi je pose la question ? Il m'en faut plus pour m'épater mais je souris franchement en répondant dans son sens. « Carrément, je suis ébloui même. » plaisantais-je en ricanant doucement, oubliant presque le mal-être que je devrais ressentir en sa présence. Juste comme avant, juste pour cette fois. « Désolé, je ne voulais pas perdre de temps pour étudier. » Je mens pour me trouver une excuse, habitué à faire comme chez moi où que j'aille.

Pourquoi appelle-t-on nos devoirs « problème » ? C'est réellement un problème de bosser là-dessus, certes. Il peut me sélectionner lequel il veut, je ne comprendrais pas de toute façon. Pour lui faire plaisir, je lis attentivement l'énoncé en essayant de comprendre le problème, mais franchement... J'ai juste envie de me prendre la tête entre les mains, désespéré. Pourquoi ils m'embêtent avec ça ? Le prix d'une poule ou d'un canard ne m'aidera jamais à savoir si je peux ou non prendre telle ou telle vague. J'y vais à l'instant, sans peur. J'en oublie que London est là et qu'il me regarde, relisant le paragraphe en tirant une moue résignée. Je ne peux pas, ça me saoul déjà. « La paire de quoi ? » Demandais-je en relevant la tête pour le regarder, étonné. Ouais, j'ai pas tout suivi mais pas grave.

« Je t'avouerai que je ne savais même pas que l'on pouvait manger du pigeon, alors savoir le bénéfice du marchand avec ces trucs-là, ça m'échappe. » Soyons franc, je n'ai jamais mangé de pigeon de ma vie, à part les voir picorer dans la rue... Ce n'est pas la question, à mon avis. Les chiffres ? « ça fait beaucoup de poulet et de pigeon. » Quelle conclusion magnifique, ça ne répond toujours pas au soucis posé. Ma calculette ? Sérieux, je m'en sers pour tenter d'écrire avec, et à part « soleil » je ne sais rien faire d'autre. « Laisse-moi réfléchir... » Même avec ça, je ne sais pas. En fait, les mathématiques se rapprochent vachement de mon soucis avec London. Je comprends rien, mais je dois quand même réfléchir. Cette pensée me fait sourire, tandis que j'attrape une feuille pour écrire l'énoncé dessus.

« Laisse-moi réfléchir, London. » Répétais-je en cherchant à croiser son regard, avant de froncer les sourcils, soucieux. à quoi dois-je réfléchir réellement ? L'énoncé ? Nous ? Ses sentiments ? Les miens. J'en sais rien. « Donne-moi la réponse, ça ira plus vite. » Tant pis si je ne comprend rien, je ne suis pas fait pour ça. Autant les maths que le reste, ça m'embrouille déjà beaucoup trop.

TENUE  ♦ On se voile la face tous les deux, moi le premier. Le faire entrer dans ma chambre alors que je risque de craquer en sa présence, il ne peut pas imaginer ce que je ressens et moi-même je ne comprends pas pourquoi mon cœur bat autant, si on me demande pourquoi je l’aime je ne saurais même pas répondre, je suis perdu, je ferme les yeux, je baisse les barrières et m’enferme dans le noir. Isolé, j’ai l’impression de n’avoir jamais aucune réponse, aucune solution, je suis un gosse abandonné, c’est dur, mais c’est la vérité. Ma famille ne m’appelle pas pensant surement que je suis assez grand pour vivre ma vie, ce qui est le cas je ne pleure pas pour eux et ils ne me manquent pas vraiment... Ils oublient mon anniversaire et je ne rentre pas pour les fêtes, depuis que je suis ici, j’ai compris que la natation était la seule chose fiable dans ma vie. Puis j’ai trouvé Wolfram et lui aussi après m’avoir permis de croire que j’étais important, que j’avais trouvé un repère solide, il m’abandonne à son tour... Raylai ne m’abandonne pas, mais il n’est pas là... Loukas... M’abandonnera-t-il aussi ? Ou serais-je celui qui le fera ? De toute façon il ne sait pas grand-chose sur ma façon d’aimer, il doit penser que je suis un gars comme un autre, même s’il n’est pas porté sur les relations physiques comme mon ex, il a déjà gouté à ça, il est « normal », pas moi.

Même en disant que je l’aime qu’est-ce que j’attends ? Je n’ai rien à offrir à qui que ce soit, je ne possède rien de précieux, alors dois-je forcer mes sentiments et faire semblant de ne rien ressentir pour continuer à souffrir dans l’ombre ? Peut-être qu’ainsi Loukas ne sera pas laissé de côté par ma faute, je réfléchis beaucoup, je cherche des solutions, mais aucune ne me semble la bonne. Tournant la page sur ses questions je préfère me concentrer sur ce problème, sur ce devoir qu’on doit faire ensemble, il est venu pour ça après tout pas pour savoir comment je vais, si je l’aime encore, si mes sentiments diminuent, s'il fera beau demain, non tout ça n’a aucune importante au fond. Je secoue la tête quand il me remercie, puis je « bouffonne » un peu pour détendre un peu la tension qui prend place entre nous quoi qu'on fasse. Je m’en fiche en fait de tout ça, j’ai juste trouvé là un moyen de parler de quelque chose, de lui balancer une info, genre ça pourrait l’intéresser, mais je suppose que non. Il me questionne malgré tout et je lui réponds sans le regarder. « Tu as déjà oublié ce que je suis ? » Un dauphin se fiche de savoir compter deux par deux. « C’est ça, moques-toi de moi. » Je souris malgré tout, mais passons-nous sommes maintenant installés tous les deux et prêt à étudier, enfin je suppose encore une fois. Je lui montre un problème le laissant lire avant de le faire de mon côté à voix haute pour qu’il réfléchisse et tente de trouver la solution tout seul avant que je lui explique, il faut la calculette et un peu de logique, mais je vois bien qu’il bute dessus assez sévèrement.  « De poulets » Je ris doucement a ses remarques, il est perdu c’est mi... non ce n’est pas mignon, London arrête de le regarder et de rire comme si tout aller bien, mais d’un autre côté ça fait tellement du bien.

« Tu as vraiment du mal dans cette matière hein ? Et si tu changeais ça avec des skates ou des planches, tu visualiserais peut-être mieux ? J’ai vu ça dans certaines méthodes pour apprendre, à ce qu’il parait ça aide quand le sujet nous intéresse. » Je tente de l’aider sans lui faciliter tout de suite la tâche, de mon côté je pose mon dos contre le haut de mon lit, le cahier sur mes genoux et j’attends. « Je te laisse réfléchir. » Le voyant écrire je souris, mais mon regard le fixe quand il répète ces mots avec mon prénom, bizarre j’ai l’impression que ça m’était adressé et je me sens complètement con, c’est impossible, mais je savais que je me ferais des idées en sa présence... Ne disant rien je baisse les yeux tout simplement.

« Tu es sûr ? » Je le regarde sérieusement, avant de soupirer en me rapprochant innocemment pour prendre son crayon et noter proche de lui, faisant abstraction de mes sentiments ou plutôt essayant de ne pas y penser, concentré sur les calculs. « Les poulets coûtent 218,40¥. Pour savoir ça il suffit de faire 9,10 x le nombre de poulet donc, 48 et tu divises par 2 vu que c’est la paire qui coûte 9,10 ¥. » Notant déjà ce premier calcul sur son papier, je croise son regard, mais la repose directement sur cette feuille pour continuer d’écrire en tentant de maitriser la distance et mon con de cœur qui semble se foutre totalement que je sois sérieux ou non en choisissant de faire du tamtam à volonté. « Pour les pigeons c’est le même principe... la pièce coûte 2,35 ¥ donc tu fais 2,35 x 28, le nombre de pigeons, ce qui te reviens à 65,80 ¥. » Je souffle, puis demande. « Tu comprends jusque-là ? » Continuant en ayant hâte de m’éloigner pour  éviter de laisser paraitre quoique ce soit. « Le prix du revient est de 307,15¥ :  218,40 + 65,80 + 22,95 = 307,15. Tu pourras refaire les calculs si tu veux à la calculette pour t’entrainer. » Parce que oui, je calcule tout de tête, aussi fou que ça puisse être. « Son bénéfice est de 61,43¥, tu fais le prix de revient divisé par 5. » J’aurais peut-être dû choisir un problème avec moins de chiffre pour lui, mais bon, pour conclure je reprends. « La vente lui est donc revenu à 368,58 ¥. 307,15 + 61,43. » Voilà, il a tous les chiffres écrits sur sa feuille, bien que je ne sois peut-être pas doué pour lui donner des explications claires. Reprenant rapidement ma place dans un soupire, je prends des risques et je n’arrange pas mon cas... « Tu... as compris ou... ? » Je me pince la lèvre en évitant de le regarder, il sait que je l’aime donc je devrais m’en foutre, mais je déteste mes réactions et ses émotions qui ne m’obéissent pas.

« Tu veux faire un autre exercice ? Hum... » Dis-je en regardant dans le bouquin, je dois combler tous les vides d’une manière ou d’une autre.

TENUE  ♦ Je le sais, pour son orientation, je le sais. Pourquoi ai-je posé cette question alors que j'ai parfaitement compris qu'il voulait se spécialiser dans la natation ? Il sait que je sais, c'est ça le pire. L'ambiance paraissait normal du moment où il a commencé à faire le mariole, à faire son petit fier. Je voudrais que l'atmosphère reste ainsi, qu'on ne s'amuse pas à la pourrir comme elle a été pourri jusqu'à présent. Je ne veux pas qu'il pense que je ne m'intéresse pas à lui, c'est faux. J'ai bien vu qu'il adore nager, qu'il voudrait vivre aussi de sa passion... Ma question devient vite inutile, stupide. L'eau passe avant les mathématiques pour London, je le sais aussi bien que tout le reste. J'ai juste voulu poser les questions, par intérêt, par curiosité, par débilité ou qu'importe pourquoi, en fin de compte. J'ai parlé, j'ai fait comme si de rien n'était, malgré sa question évidente. « Un lâche. » Pensais-je en répondant tout autre chose. « Un dauphin. » Le mammifère marin le plus intelligent, décidément ça lui colle tellement bien. London n'est pas bête, la preuve, c'est une calculatrice vivante, un intello des maths. à côté de lui, je ne suis qu'un stupide renard fourbe et idiot. Je me moque, oui. ça m'amuse de pouvoir le railler avec des répliques mesquines, souriant sincèrement à sa remarque. Avec plaisir, mais ça il ne le saura pas. Occupons-nous plutôt de ce devoir, même si c'est une bête noire pour moi. Autant se boire un thé en parlant du dernier match de basket, j'y arriverai mieux que me pencher sur un problème de mathématique. J'ai horreur de cette matière, pourquoi existe t-elle d'abord ? Une histoire de basse-cour, ça me prend déjà la tête alors que j'ai à peine lu l'énoncé. Poulet, pigeon, graine, tout ça. Bon dieu, je ne suis pas fermier, que je sache! Je m'en fiche de savoir le prix des grains ou de la volaille. Paire de poulet. Ils vendent du poulet par deux ? Sérieux, je pige pas. PAS DU TOUT. Je l'entends rire mais je fais encore mine de rien, me grattant la joue avec mon fluo rouge.

« Du mal ? Ce n'est pas cher un skate à 9,10 ¥. Ce n'est pas une question de poulet ou de skate, ça reste des nombres quand même. » Il peut comprendre mon malheur ou pas ? Il pourrait même me faire ça en nombre de vague ou de flocon de neige, ça ne changerait rien à mon soucis de calcule. Qu'il me laisse réfléchir, voilà ce que je réclame en prenant une feuille et un stylo pour réécrire l'énoncé. Juste du recopié, parce que je ne connais pas la réponse pour autant. Qu'il me laisse réfléchir... Réfléchir à quoi ? J'ai la sensation que ma phrase ne concerne pas seulement notre devoir. Je voudrais réfléchir tout court, à tout. London n'a pas dû le comprendre ainsi, pourtant je me prend réellement la tête pour cette histoire. C'est étrange de me dire qu'il m'aime, avec des sentiments amoureux.. Pas par amitié... Puis il se rapproche dangereusement de moi quand je réfléchis encore à ça, prenant mon stylo pour écrire sur ma feuille. Il est dingue de faire ça dans ce genre d'instant de réflexion profonde...

C'est cher le poulet... Non mais je m'en fiche du poulet, franchement. Je lâche un soupir en le regardant écrire, adorant sa façon de noter. Quand il me donne la réponse mot par mot, je pige mieux. En fait, c'est facile. Nos regards se croisent mais je le vois dévier aussitôt, reprenant son écriture. Pigeon, pigeon. C'est moi le pigeon, là. « Je comprends, oui. » C'est simple quand j'y pense, pas de quoi casser trois pattes à un canard. Je le vois qu'il galère avec la distance, je pourrais presque entendre le barouf de son coeur, mais je me tais pour ne pas qu'il devine ce que mes oreilles perçoivent. « M'entraîner à quoi ? Tu m'as déjà écrit la réponse de toute façon. Je savais même pas que tu comptais aussi bien. » Je m'en doutais vu ses notes et sa manière de vite répondre au professeur, mais là il m'épate vraiment. Trop de chiffre. Il m'explique, j'ai compris au début mais y a quelque chose qui m'a fait perdre le fil et... Voilà, ça me saoul encore. Tout est écrit sur ma feuille, mais je ne saisis plus arrivé vers la fin.

Non, non, toujours pas. Si, au début, mais pas à la fin. Je dois lui répondre quoi au juste ? « Franchement ? J'ai déjà le cerveau qui fuit par les oreilles. » Tout en finesse. « Une vague peut bien mesurer trois mètres de haut, je m'en fiche de savoir dans combien de temps elle diminuera ou à quelle vitesse elle va se heurter au bord de plage, je surferai quand même dessus, avec ou sans risque. » Okay, j'ai parlé en petit chinois là. Je reprend donc pour faire simple et court. « Je veux dire par-là que les maths ne m'aideront pas tellement. » En gros, pourquoi je suis là ? Ah oui, pour l'excuse de le voir et de lui parler.

« Pourquoi tu as accepté de m'aider ? Tu aurais pu refuser d'ouvrir la porte et me laisser avec mes soucis ... Ce n'est pas ce que tu voulais à la base ? » Je m'avance sur un terrain dangereux, mais je veux le comprendre. Il voulait oublier ses sentiments, limite faire un trait sur notre amitié, mais il m'aide quand même à résoudre des problèmes de mathématique. à quel moment il s'inquiète pour moi au point de s'embrouiller tout seul ou d'aller à contre-sens face à ses convictions ?

TENUE  ♦ Au moins il n’a pas oublié ce que je suis, ça m’aurait attristé que le temps passé loin l’un de l’autre puisse avoir fait oublier des détails importants me concernant à Loukas, plus qu’attrister en fait, j’aurais était blessé, énormément. Au fond je veux juste qu’il pense à moi, je suis lâche et égoïste, mais ne puis-je pas juste trouver un juste milieu, je me demande parfois si j’y arriverai, je voudrais encore revivre nos rigolades, notre complicité, mais à ce stade on est juste entrain de couler avec un boulet à nos pieds et je ne sais pas comment enlever cette chaine qui m’emporte au fin-fond de l’obscurité. L’entendre le dire me fit cependant sourire, avant que je ne me décide à l’aider, après tout je n’ai pas le loisir de pouvoir parler d’autre chose que des maths, comme si nous étions seulement des connaissances, des colocataires, sans rien de plus entre nous... Amis ? Pour moi il l’est toujours, même si je ne le vois plus de la même façon, mais c’est une amitié avec une pancarte « danger » qui clignote en rouge, je sais qu’on doit en parler un jour ou l’autre, mais qu’est-ce qu’il va penser quand il saura que rien n’a changé, j’ai mis de la distance entre nous pour oublier mes sentiments, mais... rien n’a changé, à quoi ça sert tout ça... Je tente de lui expliquer le problème en essayant de le faire visualiser des choses qu’il aime, mais cela ne semble pas vraiment l’aider, au contraire il semble encore plus perdu et désorienter. Comme je le suis à cause de lui, la vie est comme un problème de math, une prise de tête, on recherche des solutions et parfois on est trop bêtes pour trouver la bonne, sauf qu’on n'a aucun moyen de regarder la réponse à la fin du livre, à part accepter et tenter de vivre avec nos erreurs. Je le laisse réfléchir comme il me le demande, mais tous ses mots me reviennent en pleine face comme s ça m’était adressé, je réfléchis aussi, même si cela ne semble pas évident, je réfléchis sans cesse... Évaporant mes pensées je me rapproche de lui, un geste qui sur le coup fut spontané, mais au fil des minutes je comprends ce que je viens de faire, mon cœur me le fait remarquer, on est trop proche et je n’arrive pas à me calmer, mais en prenant sur moi pour tenter de ne pas montrer à quel point je suis un idiot à être troublé pour si peu alors qu’on a déjà vécu « pire », je réussis à lui donner les réponses exactes aux calculs en les lui notant sur sa feuille. Espérant qu’il ait pu comprendre un minimum mes explications.

« Comme quoi il y a encore des choses que tu ignores sur moi... » Je souris, mais c’est une expression loin d’être joyeuse, je suis triste tout ça me rend malade et j’ai l’impression de craquer lentement, mais surement. Je me dépêche de prendre le livre cherchant un autre problème, mais honnêtement je n’ai pas vraiment la tête dans les écrits, je survole les mots faisant genre d’être concentré dessus, mais mon esprit est ailleurs, mon regard tremble à force de vouloir le regarder et tout ça me rend dingue, pourquoi c’est devenu aussi compliqué alors que tout était si simple. Je comprends à ses mots qu’il n’a pas la tête à continuer, refermant le livre on dirait qu’on a déjà terminé. « Hum, essaie de comprendre celui que je t’ai marqué tout seul, les autres utilisent le même principe, si ça ne t’aide pas pour l’avenir, montre au moins au professeur que tu as essayé de comprendre... même si je m’en fiche on l’a fait ensemble alors... » Bien que ce soit insignifiant, c’est la première chose qu’on bosse tous les deux depuis notre dernière conversation. Je soupire, sur le point de me lever, mais je suis stoppé par sa voix qui me questionne et je le regarde un instant avant de me remettre bien sûr mon lit, comment pourrais-je dire ça ?

« Tu n’as pas compris... » Je me pince la lèvre hésitant, mon cœur bat vite, mais j’aimerai au moins qu’il se mette à ma place. « Celui qui souffre le plus ce n’est pas toi, c’est moi Loukas, mon but n’est pas de te « laisser avec tes soucis » j’essaie justement de t’en éviter en m’éloignant. C’est dur pour moi, vraiment dur, tellement dur que j’ai l’impression d’étouffé... » Dis-je alors que ma main vient se planquer à l’endroit ou se trouve mon cœur pour agrippé mon haut entre mes doigts. « Mais je ne t’évite pas parce que je te déteste, je le fais parce que je... t’aime et malgré tout ça rien à changé !»  Je savais que j’allais craquer en lui parlant, mais même si je suis un lâche et que je fuis sans cesse, je veux être honnête avec lui pour cette fois, je ne sais pas encore si je dois mettre un terme à notre amitié ou non, mais je ne veux pas qu’il soit blessé par ma faute. « On a terminé je pense... » Je fuis encore en ne souhaitant pas entendre de réponse de sa part, je ne veux pas qu’il s’excuse ou je ne sais quoi d’autre encore pour rendre ça encore plus douloureux.

TENUE  ♦ Peut-être que j'aurai dû faire semblant d'avoir oublié pour l'aider à mieux briser notre lien et lui permettre de relever la tête plus facilement qu'en croyant que je sais toujours autant sur lui. Pourtant non, je n'ai pas pu m'y résoudre et au final, il sait que j'en connais un petit paquet à son sujet. Je ne veux pas oublier malgré le fait qu'il n'éprouve pas la même chose que moi. Je sais d'avance que mes sentiments ne sont pas aussi puissant que les siens, mais plutôt trouble et encore incertains. « aimer » est un mot difficile qui a tendance à m'échapper quand j'y songe réellement... Je ne peux pas dire « je t'aime » facilement sans le savoir, il serait blessé plus qu'autre chose à mon avis. En même temps, je ne peux pas me résigner à vouloir passer du temps avec lui, c'est beaucoup plus fort que moi. Ce devoir est une excuse pour venir dans sa chambre, pour le regarder, pour l'écouter m'expliquer même si je pige rien à rien. Que ce soit en ça ou dans un autre truc, je suis toujours largué, à la ramasse. London s'évertue à changer la donne, à tourner le problème dans mon sens et... Franchement, il marque un point en parlant d'un truc que j'aime comme pouvait être une solution. C'est vrai, ça aurait pu m'aider à mieux comprendre en utilisant des skates ou des planches, mais je suis trop borné avec cette histoire de chiffre pour me sentir à mon aise. Il doit être perdre doucement patience pour me résoudre les équations à ma place, se rapprochant pour noter la réponse sur ma feuille, tout en m'expliquant rapidement mais précisément les calcules à faire pour comprendre. C'est trop difficile pour moi, je n'ai aucune envie de me prendre la tête avec des maths. J'ai horreur de réfléchir trop, normalement je laisse courir pour trouver une solution rapide, mais on dirait que les mathématiques sont aussi compliqué que mon ami.

Comme quoi, tu pourrais me laisser en savoir plus. ça me brûle la langue de rétorquer mais je ne réponds rien, me pinçant simplement les lèvres. J'ai encore tellement de chose à savoir sur lui, je n'ai pas eu le temps d'apprendre un quart de sa vie... C'est injuste qu'il s'éloigne comme ça, sans me laisser une chance d'arranger les choses. Il s'embête à me rendre « intelligent » avec des maths, ne peut-il pas me permettre d'être plus concentré sur lui, sur sa personnalité, sa vie, tout. évidement, je ne peux pas le lui demander comme ça, même pas du tout sûrement. Il cherche un autre devoir à me faire faire, mais plus je le regarde chercher, plus je m'en décourage aussitôt. Non, je n'ai pas du tout l'envie de bosser là-dessous. Je suis autant perturbé que lui, ce n'est même pas la peine. J'ai compris une partie du problème, seulement celui-ci parce que le reste est encore plus flou qu'avant. « J'ai essayé de comprendre. » Répondis-je directement. J'ai essayé... Et j'essaye encore. « Alors ? » Alors quoi ? Il comptait dire quoi au juste ? London allait fuir à nouveau. Du moins, je le vois ainsi. Mais ma question le stop et je le vois se remettre bien sur le lit, pour me répondre. C'est étrange comme ça fait du bien d'avoir des réponses de temps en temps.

« Comme ce devoir, mais je veux comprendre. » Je rétorque à la seconde, pour ne pas perdre le fil de la conversation. Il souffre plus que moi, mais je crois déjà le savoir. Il ne me déteste pas, il m'aime. C'est bizarre de l'entendre dire carrément ses sentiments, je sens moi-même mon coeur louper un battement, ma salive bloquée dans ma gorge. « Je n'ai jamais dit que je souffrais plus que toi... Ce n'est pas le cas, je le sais. » Parce que je serais encore plus dingue si j'étais à sa place. ça n'a pas changé. Je comprend qu'il éprouve toujours des choses pour moi. Terminé ? J'ai la sensation que si je fuis maintenant, ce sera vraiment la fin. « Laisse-moi réfléchir. »  Je me répète, c'est dingue. J'aime cette phrase, je sens qu'elle va devenir mon allié par la suite.

« Laisse moi un peu de temps pour y réfléchir, London. » Dis-je sincèrement, le regard ne pouvant trahir ce que je ressens à ce moment-là. Je suis confus, encore loin de la réalité, mais je voudrais la comprendre pour mieux lui répondre. « J'ai déjà pensé à ça et je ne veux pas qu'on s'éloigne tous les deux. Ces jours ont étés atroces sans toi. » Je vais l'enfoncer, j'en suis sûr. ça me tue de parler autant sur un sujet qui m'échappe, mais ça me tuerai beaucoup plus de fuir sans tenter de saisir. « Je ne sais pas où j'en suis, c'est compliqué pour moi... Je te demande juste quelques jours de plus pour y réfléchir et... Et... » Et quoi ? Donner une réponse ? Oui, c'est bien cela que je voulais dire, mais ça ne vient pas. Finalement, je baisse le regard en soupirant, avant de relever la tête pour le regarder, sans bouger du lit. « Il y a plusieurs cases, London. Je ne peux pas te ranger dans celle des « amis » parce que tu n'es pas une personne simple avec qui je pourrais simplement passer quelques heures... Mais je ne peux pas non plus te ranger dans la case « amour » parce que j'ignore encore à quoi elle peut bien correspondre. » Comprend-t-il que je suis aussi perdu qu'avec un problème de math ? Peut-il juste me laisser réfléchir quelques jours et avoir une vraie réponse de ma part, une réponse qui pourrait soit mettre fin à notre relation, soit la renforcer. Ce n'est pas seulement à lui de réfléchir ou de s'éloigner, j'ai mon mot à dire aussi.

TENUE  ♦ Notre amitié a coupé net, du moins non, c’est notre complicité qui est mise à dure épreuve et plus les jours passeront, plus on ne pourra plus du tout la retrouver. Je sais que les gens amoureux veulent passer du temps avec la personne qu’ils aiment, même si c’est à sens unique pour eux le plus important est de voir l’élue, le toucher et rire avec, tenter de le faire succomber d’une manière ou d’une autre pour qu’il partage les mêmes sentiments. Cependant, ce n’est pas mon cas, j’ai essayé de l’oublier, je tenter de ne pas le regarder, je voulais mettre à exécution le « loin des yeux loin du cœur », mais Loukas est trop proche de moi malgré tout et le simple fait de le savoir ne m’aide pas. Un simple béton nous sépare, un mur, voilà tout. On est dans la même classe, je l’entends parler, je le vois rire, je suis de plus en plus frustré, je me demande pourquoi j’ai mis cette distance si au contraire mes sentiments ne cessent de prendre de l’ampleur, pourquoi est-ce aussi stupide, moi qui ne suis tombé amoureux qu’une fois j’ai l’air de quoi ? D’un mec capable d’aimer son pote sans même en connaitre les raisons haha... un idiot voilà ce que je suis. Faire un devoir ensemble me permet de discuter avec lui, de montrer sans sérieusement frimer que je suis un génie dans cette matière, mais à moi aussi cela ne m’apporte rien vu que je suis un dauphin. Bien sûr je trouve ça utile dans les magasins, je connais la somme à payer et je ne peux pas me faire arnaquer, mais en dehors de ça, quand je nage je ne pense pas a mes formules, je le fais avec mes tripes, l’envie et la passion. Loukas ignore encore des choses sur moi, il ignore même le plus gros, si je veux oublier et que je supporte la blessure de l’éloignement, c’est aussi car il ne doit pas tenter de répondre à mes sentiments...  Il sera simplement détruit avec moi, je ne peux rien lui offrir, rien de concret, je suis une erreur de la nature capable d’aimer, mais incapable de le montrer. « Rien. » Juste qu’on l’a fait ensemble. Mais je crois que les maths ne sont pas faites pour mon ami, cependant arrêter là apporte un autre problème sur le tapis. Je voulais m’en tenir qu’à nos devoirs, pourtant quand il me questionne je veux lui répondre, j’ai honte et j’ai peur, je déteste ça, être franc sur ces choses ce n'est pas commun pour moi, mais... je veux quand même lui donner une réponse et lui faire comprendre. Je souffre seul, quoique je fasse ça reste douloureux, mais je prends sur moi pour ne pas craquer, même si j’ai l’impression que c’est ce que je suis en train de faire.

« Alors essai de comprendre... » Pourtant il dit encore cette phrase, le laisser réfléchir, je le regarde confus devant ses mots, que veut-il dire au juste, je lâche mon tricot pour me mettre à jouer avec mes doigts pour répondre en baissant le regard dessus. « Réfléchir à quoi ? » Si c’est à nous, je dois l’en empêcher, je ne veux pas qu’il se rende malade pour ça, ni qu’il n'éprouve ce que je ressens, je ne veux pas lui imposer ça, juste qu’il... Non, pourquoi je ne veux pas qu’il me laisse au fond, pourquoi je suis aussi contradictoire bordel ! Ces mots me font mal et en même temps je suis content de savoir qu’il ne veut pas me perdre, je suis indécis, piéger entre mes sentiments et mon secret. Mon envie de le voir et celui de l’oublier.

« Loukas... Ne tombe jamais amoureux de moi. » C’est surement une bombe de lâcher, mais je dois le protéger et de mon côté, même si j’ai mal à en pleurer, c’est la seule solution que j’ai trouvée. J’ai conscience que ma façon de dire ça doit être étrange, même moi je me dis que c’est stupide, mais j’ai mes raisons. Serrant les poings, fatigué...

« Je suis complètement perdu, que dois-je faire au fond ? Si je n’arrive pas à t’oublier on sera séparé, je ne veux pas ça, mais si je reste avec toi je serai invivable... C’est le genre de problème que je suis incapable de résoudre. » Je me sens paumé et c’est ce que je suis, levant les yeux pour le regarder. « Je ne voulais pas que tout ça t’atteigne, je suis tellement désolé... J’aimerais juste pouvoir remonter le temps, trouver l’erreur, mais c’est impossible. » Je souris difficilement, on doit arrêter de se détruire comme ça, mais la question est « comment ? ».

TENUE  ♦ C'est flatteur de savoir quelqu'un amoureux de soi, ça prouve que je plais d'une manière ou d'une autre, mais cette personne est London. Mon ami, timon, ce dauphin qui adore l'eau et passe des heures à nager sans prendre compte du temps qui défile. Dès la première minute, je l'ai considéré comme quelqu'un à part, une personne qui pourrait devenir importante à mes yeux, mais je n'aurai jamais cru qu'il puisse tomber amoureux de moi. Je suis un peu perdu, n'ayant pas eu à faire avec ça depuis des années. L'amour, c'est quoi ? Je devrais prendre des cours dessus pour le comprendre,  pour l'aider, pour... Mais comment parvenir à l'aider sans lui rendre ses sentiments ? Expliquez moi comment faire sans tomber à mon tour ? Ce ne serait pas une mauvaise chose, pourtant il a affirmé qu'un mec « hétéro » comme moi ne pourrait jamais aimé un homme. à ce moment-là, je n'ai pas démenti, parce que je ne me posais pas la question... Mais à présent que je suis face à ce genre de soucis, devrais-je changer d'avis et me pencher davantage sur le sujet ? Est-ce qu'un hétéro comme moi peut éprouver des sentiments pour un garçon ? J'ai beau le regarder, j'ai l'impression que la réponse ne me viendra jamais. Oui ou non ? Je ne peux pas dire non en sachant que je tiens autant à lui, mais je ne peux pas dire oui à la légère non plus. Je suis piégé, ne sachant où réellement le placer dans mes petites cases. Rien. Cette réponse me paraît vide, sans aucun sens à mon goût. C'est le genre de mot que l'on sort quand on veut changer de sujet, ou échapper à celui-ci. Rien, rien de rien. Je tourne en rond à vouloir le comprendre, sait-il cela ? Si on termine ce devoir maintenant, la discussion prendra complètement fin. Je m'en fiche des mathématiques, je veux juste être au courant. Pourquoi ? Comment ? Je veux des réponses, qu'il m'aide à comprendre. Ce ne doit pas être aisé pour London, je sais qu'il souffre beaucoup plus que moi et je n'aime pas savoir qu'il a autant mal par ma faute.

« Ce n'est pas si facile. » Affirmais-je en fronçant légèrement mes sourcils, incapable de m'exprimer correctement. Du temps, c'est la seule solution pour me permettre de comprendre et d'avoir des réponses. Il a tout dit, c'est à moi de faire le tri. « à tout ça. » Je ne peux pas être plus clair. à tout, de A à Z, sans rien oublier de ses mots. Je sais qu'il m'aime, mais je ne sais si moi je pourrais l'aimer. Je dois y réfléchir encore, quitte à me prendre la tête. Après tout, il le fait bien depuis des jours. Je ne m'y suis pas interposé, je ne l'ai pas empêché... Il pourrait faire de même pour moi.

Ne pas tomber amoureux de lui. Je ne réponds rien, préoccupé par ses mots. Il ne peut pas m’interdire d'y réfléchir, ni même d'y penser. Il ne peut pas m'empêcher de ressentir quelque chose à son égard, ou même d'être indifférent à ses sentiments. Ce n'est pas le cas, je sais qu'ils sont là et je sais que je vais devoir le gérer de mon côté. Pourquoi ne veut-il pas que je tombe amoureux de lui ? Si ça venait à être le cas, il serait content non ? Aidez-moi, je suis perdu. London ne m'aide réellement pas à m'en sortir, entre ses « je t'aime » et son « ne tombe pas amoureux de moi », je ne sais plus quoi penser. « Moi aussi je suis perdu. » Même s'il le sait déjà après mes nombreux aveux sur ce sujet incompréhensible. Il est partagé, soucieux, mais je ne veux pas que cela se termine mal pour autant.

Trop tard, ça m'a déjà atteint depuis la dernière fois au camping. « M'aimer est une erreur ? » Demandais-je d'une voix peinée, ne comprenant pas où est l'erreur. Aimer est grave ? Qu'est-ce qui l'empêche de vouloir plus ? Qu'est-ce qui le retient de vouloir être heureux ? « C'est si mal d'être amoureux de moi ? Je ne pense pas être mauvais, ni toi d'ailleurs. » Il m'a toujours montré des choses superbes à son sujet, je ne peux pas croire qu'il soit néfaste. Finalement je lâche un soupir, ramenant mon attention aussitôt sur lui. « Ne t'excuse pas London. » Un sourire et je me lève du lit, mes affaires réunies ensemble. « Arrête de te sentir coupable, ce n'est pas ta faute non plus. » C'est la faute à pas de chance, plutôt. Du coup, j'étais venu pour les devoirs mais j'ai rapidement abandonné face à la complicité des exercices, puis ce soucis avec London me trotte trop dans la tête pour réellement me concentrer. « Désolé pour le devoir, j'ai un peu tout gâché ... » Comme d'habitude, voulais-je dire.

TENUE  ♦ Je ne peux pas empêcher Loukas de réfléchir, je sais que toute cette histoire doit le tracasser, en tout cas une partie de moi l’espère alors que l’autre aimerait qu’il soit indifférent à mes sentiments. J’ai l’impression d’avoir pris dix ans d’un coup, je me pose trop de questions, je doute, j’ai peur, je suis perdu et désespéré. Frustré d’être incapable de gérer mes propres pensées, mes propres émotions... À quoi bon réfléchir de toute façon, ce n’est pas en y pensant qu’il tombera amoureux de moi, il va juste peser le pour et le contre et trancher, l’amour est le sentiment le plus inutile à mes yeux, avec mon expérience je n’ai plus aucune confiance. Même si Loukas venait à m’aimer, je ne pourrai pas être heureux, je me forcerai à ne pas l’être en tout cas, parce que le jour où mon secret éclatera ce sera encore le trou noir, je tremble rien que d’y penser, Wolfram disait m’aimer, il était censé m’aimer plus que toutes ses conquêtes et pourtant il a suffi d’une phrase pour qu’il détruise tout, me rejette et m’abandonne comme une vieille chaussette. Je ne veux pas que Loukas tombe amoureux de moi, si jamais je ne lui avais rien dit cette idée ne lui traverserait même pas l’esprit alors qu’il continue ainsi, qu’il me voit comme un ami, comme son timon, je trouverai bien le moyen un jour d’oublier ses sentiments, de les perdre... de ne plus l’aimer de cette façon, je tente de m’en convaincre, mais on dirait que ça sera plus difficile que je le pense. Je suis perdu, il est perdu, où va-t-on de cette façon, on perd le chemin, on se perd aussi. Je ne voulais pas l’atteindre avec cette histoire, je ne voulais pas qu’il soit pris dans cette tornade, mais... c’est trop tard, je ne peux pas revenir en arrière, je ne peux pas empêcher mon cœur de battre pour lui.

une erreur ? N’en est-ce pas une ? Je n’aurais jamais dû l’aimer, actuellement je l’aime donc je sais ce que ça fait, c’est douloureux de simplement le regarder, j’en ai des frissons quand il sourit et j'ai mal quand il affiche une expression comme celle qu’il a en ce moment, je suis jaloux et j’aimerai être le centre de son monde, ce sont mes désirs inavoués, mais l’ange en moi les repousse, combat contre mes propres envies. Le futur me fait peur, comment vais-je me sortir de là. Entendre ses mots me fait souffrir, le regard dans le sien totalement désemparé, je lui crie dessus emporté par l’élan voulant rapidement contrer ses paroles en faisant un geste brusque vers lui. « Je ne rejette pas le fait que je suis amoureux de toi Loukas ! Tu n’as rien à te reprocher, l’erreur ce n’est pas toi, c’est moi. » Je reprends doucement ma place, affaibli, ma main sur mon visage, je ne sais pas comment l’expliquer. « Je voulais juste rester ton timon... » Je sens une vague à l’intérieur qui me retourne, les émotions commençant à se mélanger. Je le regarde se lever du lit, imaginant qu’il va surement retourner dans sa chambre maintenant, triste à l’idée qu’on doive déjà se séparer, mais... c’est surement mieux. Pas ma faute ? Je suis celui qui n’arrive pas à faire comme si de rien n’étaient, je suis un boulet qui est en train de tout gâché entre nous, pour moi je suis fautif. Je soupire sans rien dire en me relevant du lit pour m’approcher de lui. Secouant la tête lentement de droite à gauche.

« Je pensais que le devoir était une bonne raison de passer du temps ensemble, je suis totalement contradictoire n'est-ce pas ? Je ne veux pas te voir, puis je veux te voir, il me faut des excuses pour passer du temps avec toi, mais je ne suis pas assez fort pour repousser mes émotions, j’aimerais pouvoir faire plus. » Je suis un idiot qui n’assume rien, fuyant encore et toujours, mais à force j’ai l’impression d’être en désaccord avec moi-même, avec mes propres pensées, c’est vraiment énervant de ne rien réussir à gérer.

« Ne réfléchis pas trop Loukas, reste comme tu es, tu n’as pas besoin de faire quoi que ce soit à cause de moi... Je ne sais pas combien de temps ça prendra, mais j’arriverai à revenir vers toi. »C'est étrange dis de cette manière... surtout que Je ne sais pas si j’en serai réellement capable, mais je ne veux pas le perdre, je prendrai sur moi, mais pour l’instant il doit juste me laisser du temps, encore du temps et surtout qu’il ne pense pas à moi, ne tombe pas amoureux de moi, je ne veux pas qu’il souffre par ma faute, n’est-ce pas normal de vouloir le voir rire et heureux ?

TENUE  ♦ Réfléchir, c'est ma seule option. Il ne peut pas m'interdit d'y penser, ni de vouloir trouver une solution à tout cela. Je ne peux pas dire que ce soit un problème, parce que les sentiments de London ne sont pas un problème. Il ne peut pas faire autrement, il ne peut pas juste les supprimer, et c'est ça qu'il fait ce qu'il est. Il aura beau me regarder de cette façon, me répéter de ne pas me prendre la tête ou juste me dire d'oublier... Je ne peux pas non plus. C'est trop tard pour me sortir ses mots de la tête et faire comme s'il  n'avait jamais rien dit. C'est trop tard, comme le fait qu'il éprouve un truc pour moi. Nous ne pouvons pas revenir en arrière, il le sait, je le sais. à part avancer, qu'est-ce qu'on est capable de faire ? Les événements peuvent nous aider, mais maintenant que cela est fait, impossible de faire demi-tour et rebrousser chemin. Malheureusement pour lui, il ressentira toujours cela même en s'éloignant de moi. Il va continuer à l'éprouver jusqu'à que l'un disparaisse totalement de la vie de l'autre, mais... En a-t-il réellement envie ? Je me suis habitué à sa présence, à m'amuser ou parler avec lui, ce n'est pas pour tracer ma route en le laissant à l'arrière ou l'inverse. Je ne vais pas lui dire d'oublier ou d'arrêter, parce que peut-être que j'en ai aucune envie justement ? Mes sentiments pour lui ne sont pas similaire aux siens, mais qu'est-ce qui l'empêche de les garder pour autant ? On ne connait pas l'avenir, moi-même j'ignore où je serais demain. à une époque, j'ai cru que mes parents vieilliraient ensemble et qu'ils s'aimeraient jusqu'à la mort, mais c'est faux. Ils ne sont plus ensemble, étranger l'un pour l'autre. Qui peut prédire l'avenir et dire ce qui se passera demain ? Personne, pas même London.

Je n'aime pas ce terme « d'erreur » comme si ses sentiments ou le fait de m'aimer était une erreur. Ce n'est pas juste, c'est même complètement faux. L'amour n'est pas une erreur. Certains l'acceptent mieux que d'autres, tout simplement. Je tente de le raisonner sans être brusque, de chercher à le calmer mais il s'emporte plus qu'autre chose. Mon corps reste immobile, soit pas impressionné par son geste, soit il ne réalise pas de suite ce dernier. J'ai bien compris qu'il ne rejette pas la faute sur moi, mais il le fait sur lui... ça non plus, je ne peux pas l'accepter. « Tu n'es pas une erreur. » J'insiste, quitte à me disputer encore avec lui. Il l'aurait pu me taper ou me pousser, je ne l'aurai pas mal prit. « Tu l'es toujours. » Il va me lâcher. J'ai l'impression qu'il va disparaître sous mes yeux si je ferme mes paupières, ça me fait carrément peur pour le coup. Je me redresse, agité par cette idée. Qu'est-ce que je ferais s'il venait réellement à partir sans me laisser une chance ? Je n'ai aucun pouvoir sur lui, ni sur ses sentiments, mais je ne veux pas le perdre parce qu'il est amoureux de moi. Attendez, il m'aime quoi. Ce n'est pas de sa faute, ce n'est de la faute à personne. Des excuses pour me voir ? C'est brouillon, un vrai bordel dans sa tête mais encore une fois, j'essaye d'avoir une solution. « Trouve d'autres excuses alors, parce que je pourrais pas passer une semaine de plus sans être avec toi. » Parce qu'il est ... Mon ami. Aish, je n'arrive pas à tout gérer en pensant qu'il m'aime et en me disant que moi-même je ne peux associer un mot sur mes sentiments. C'est de l'amitié, mais beaucoup plus forte que banale.

« Tu ne me forces pas à le faire, d'accord ? Je... » ça me prend de plus en plus au dépourvu et j'en perds mes moyens, autant que mes mots. Je voudrais faire plus aussi. Sur ce point-là, nous sommes pareils. Je me mord la lèvre en détournant la tête, finalement préoccupé par tout cela. Je ne peux pas fermer mon esprit, ni passer à autre chose en me disant que ce n'est rien. Ce n'est pas rien, voilà le soucis. Quand on tient à quelqu'un, on a pas le droit de vouloir tout détruire par égoïsme. « Je ne peux rien te promettre. Je me connais, je sais bien que je ferais l'inverse de mes paroles, alors... Je préfère ne rien dire. » Parce que si j'accepte d'oublier, je m'en souviendrais davantage. Si je pense à m'éloigner, je serais encore plus avec lui. « J'ai soif, c'est une bonne excuse pour que tu viennes chercher à boire avec moi ? » Jouons sur les excuses bidons pour passer du temps ensemble, si cela me permet d'être un peu plus avec lui.

TENUE  ♦ Je ne sais pas pourquoi c’est arrivé, je ne sais pas non plus si quelque chose changera à l’avenir, certes je ne vois pas le futur, mais j’ai vu le passé, c’est cette expérience qui m’oblige à douter, si je n’avais pas vécu tout ça j’aurais foncé, j’aurai profité et même tout fait pour que Loukas tombe amoureux de moi, me fichant de ma phobie, j’aurai avisé le moment venue, comme avec Wolfram, il avait compris que j’avais « peur » mais il pensait que c’était la « première fois » qui m’effrayait... Loukas lui sait que j’ai eu un ex avant lui, forcément qui dit « relation » dit « sexe »... sauf que ce n’est pas le cas, personne n’a jamais touché mon corps, mais ma peur est revenu au point de départ, si j’avais le courage de franchir quelques « barrières » avec mon ancien petit ami, aujourd’hui je les ai hissée à nouveau. Qui pourra les briser ? Loukas a déjà réussi à s’immiscer dans un endroit que je croyais barricadé, je suis juste maudit, une erreur, c’est ce que je pense être. Il ne peut pas me comprendre, mais je ne suis pas « normal » quelqu’un d’amoureux ne tenterait pas de fuir la personne qu’il aime, je suis juste lâche, effrayé, je tombe de plus en plus amoureux alors que je tente de l’oublier, Dieu doit s’amuser avec moi, je ne vois pas d’autre raison à tout ça. Je n’aime pas que Loukas pense être en faute, lui il n’a rien fait, après tout à ses yeux je suis toujours son ami, les choses ont seulement changé pour moi... si je n’avais rien dit on serait toujours la belle équipe de timon et pumba, mais il a fallu que je commence à le fuir, que je l’évite, que je sois un trouillard. Même s’il me dit que je ne suis pas une erreur je continue de penser le contraire et mon expression le montre sans mal, je ne suis pas convaincu, il ne peut pas deviner les raisons, mais un jour... Non, je ne lui dirais pas, il ne devra jamais savoir à quel point je suis lamentable. Je n’arrive pas à comprendre comment j’ai pu avoir cette phobie, pourquoi moi, pourquoi elle ? J’aurais pu avoir peur des pigeons, des tonnerres, des araignées, du noir, des choses « normal », non moi j’ai cette trouille incontrôlée de devenir un homme ! C’est à pleurer de rire... Ironique. Je ne suis plus son timon, mon cœur bat quand il me dit que c’est le cas, je suis sensible et encore plus en ce moment, les émotions grimpent rapidement, bien que je les gardent en veille, mais je n’arrive pas à croire en ses mots... je suis stupide, pourtant comment pourrais-je l’être alors que notre relation se dégrade, ça fait des jours qu’on ne se parle pas, qu’on ne se regarde pas, qu’on ne se fréquente pas, timon et pumba sont toujours collés l’un à l’autre, toujours entrain de faire les cons, mais nous... Moi je pleure sur mon sort et Loukas est mis de côté par mes conneries. Je soupire en prenant une mine attristée.

« Nous n’avons plus rien d'une belle équipe Loukas... » C’est dur à dire, mais je suis réaliste, nous nous égarons, cette distance va nous bouffer tous les deux jusqu’à exploser, j’ai peur, tellement peur qu’on devienne des étrangers, que mon amour pour lui détruise notre amitié, mais peut-être est-ce simplement moi qui le ferais, avec mes bêtises est mon incapacité à tout gérer. Il va s’en aller...  J’ai l’impression qu’il va me quitter, dois-je être soulagé ? Non je ne le suis pas du tout, je... serrant les poings je me relève pour le rejoindre, je suis honnête, je devrais arrêter de parler, arrêter de me confier, mais je ne veux pas le perdre... Mon cœur loupe un battement, je pince ma lèvre baissant le regard rougissant surement comme un abrutit, bon sang il ne peut pas me dire des trucs comme ça, il sait ce que je ressens...

« Tu... Ne me disent pas des choses comme ça quand j’essaie d’oublier mes sentiments, c’est... injuste. » Je ne le regarde pas sentant que ses mots m’atteignent, même s’il les dit « comme ça » pour moi entendre « je pourrais pas passer une semaine de plus sans être avec toi. » ça me tue. L’inverse de ses paroles ? Je lève les yeux vers lui en le fixant avant de balancer sans vraiment réfléchir. « Alors dit que tu tomberas amoureux de moi. » À peine ai-je terminé que je m’enflamme, ce n’est vraiment pas quelque chose que je devrai dire bon sang ! Je tente de garder le contrôle, mais je fume sur place, non décidément je dois pas rester à ses côtés, ça craint... « ... O. ..... Oublie ça. » Non mais quel idiot ! J’ai envie de me cacher dans un trou, sérieux j’ai tellement honte, voilà pourquoi je ne veux pas être à ses côtés, je dis des choses complètement insensé, je prends des risques et je vais juste réussir à le dégouter ou le blaser à force. Secouant la tête pour essayer de calmer tout ça, je le regarde à nouveau quand il me propose à boire et j’hésite une seconde, nos regards se croisent et j’arrive à le fixer un moment avant de le détourner pour répondre.

« Hum, j’ai soif aussi donc je suppose que ça peut l’être... » J’avais presque marmonné ma réponse, mais j’étais content, je suis réellement à contre-sens, je ne sais pas ce que je veux, il va falloir que j’arrive à faire un choix, mais tout ce que je sais c’est que je veux passer du temps avec lui... même si je ne veux pas qu’il tombe amoureux de moi, même si ça peut me faire souffrir, a cet instant je veux juste... être avec Loukas.

TENUE  ♦ C'est étrange de se dire que quelqu'un m'aime par amour, avec de vrais sentiments. Pourtant, il cherche à me fuir, à oublier ce qu'il ressent et même si je ne suis pas encore bien sûr de tout ça, j'éprouve une profonde blessure à le voir mettre des distances et des barrières. Je n'ai rien fait pour qu'il tombe amoureux de moi, mais je serais capable de tout pour qu'il abaisse ses armes et me laisse revenir en paix. Pourquoi m'aime-t-il, d'abord ? à quel moment il a commencé à éprouver cela pour moi ? J'ai tellement de question en tête qu'aucune ne parviennent à se matérialiser avec des mots, avec ma voix. Je me contente de l'écouter se rejeter la faute dessus en le regardant d'une manière perdue. Il est normal, à mes yeux, c'est un être humain qui ressent des choses, avec un coeur qui bat et un cerveau qui tourne à toute vitesse. Ce n'est pas un alien, ni un échec et encore moins une erreur. J'aimerai qu'il comprenne au moins cela, qu'il ne se voit pas comme un paria parce qu'il a peur d'aimer. Il y a beaucoup de chose qui m'échappe, et London en fait partie. Sa façon de penser ne m'aide pas, son regard non plus alors que j'essaye de le raisonner positivement sur son cas. C'est peine perdue, mais je ne lâcherai pas l'affaire pour autant. Je suis convaincu qu'il y a une solution, que l'un ou l'autre, on peut trouver un truc pour s'en sortir sans dégât. Plus il dit n'être plus rien pour moi, plus je dis le contraire... à croire que je tiens à ce qu'il reste amoureux de moi. C'est un privilège, une manière possessive de l'avoir rien que pour moi et... Je ne sais pas quoi en penser, en fait. C'est absurde, il m'offre des sentiments sur un plateau mais je ne sais même pas quoi en faire. En réalité, je me trouve trop stupide d'être égaré à ce point. London n'arrête pas d'être défaitiste, il se rabaisse en rabaissant notre duo et ça fait mal de l'entendre. Par pitié, qu'il relève un peu la tête et affronte la réalité.

« Je ne peux pas aller à contre sens si tu le penses. » Je me résigne à être de son côté, même si c'est le mauvais. Je ne le repousse pas même en sachant qu'il m'aime, je ne suis pas le connard qui lui rit au nez en apprenant ses sentiments, je ne suis pas non plus cet idiot qui va fuir pour échapper à cette fatalité. Non, moi je reste bien là, droit et à l'écoute. Parce que je n'ai pas envie de fuir, je n'ai pas envie de tirer un trait sur notre relation, je n'ai pas non plus de le perdre... Je pourrais le répéter une centaine de fois, mais je tiens trop à ces moments passés ensemble pour changer de bateau et abandonner l'ancien à la dérive. C'est justement en sachant ce qu'il ressent que je trouve le moyen de dire des trucs pareils. Je m'accroche, c'est plus fort que moi. N'est-ce pas ce que ferait un véritable ami ? Je m'en fiche qu'il soit amoureux de moi, je m'en fiche qu'il me déteste, je veux égoïstement rester avec lui, par amitié, par n'importe quoi. Un jour, ça sera peut-être différent. Un jour, ce brouillard fera place à une belle clarté et là, je saurais.

Injuste ? Je laisse échapper un léger rire en le regardant, ses jours toujours un peu rouge. J'ai marqué un point ? Je suis réaliste à mon tour, sans lui, je m'ennuie complètement. Je ne pourrais pas passer une semaine de plus à le voir proche de moi sans l'être réellement. La distance me fait peur aussi, et pourtant il sait que j'ai peur de rien. Hein ? Je dois lui dire quoi ? Pour le coup, il me prend au dépourvu mais... Si je ne dis rien, il va penser que je parle dans le vent ou que je ne pense rien de mes paroles. Ce n'est pas le cas. « Je tomberais amoureux de toi. » C'est une sorte de défi, un jeu dangereux, mais j'adore le danger. Mes lèvres s'étirent quand il vire au rouge et bégaye, c'est mignon. Mignon, oui oui. Je l'ai déjà pensé mais pas aussi fort, c'est bizarre. « C'est toi qui l'a voulu, London. » Il ne peut pas rebrousser chemin avec un « oublie ça » ce n'est pas possible pour moi. J'ai promis de réfléchir à tout ça, et me voilà à promettre que je serais amoureux de lui. C'est complètement fou, non ? Qui peut prévoir ça ? Et si ça ne marche pas ? Et si je n'éprouve rien de similaire pour lui ? Juste un peu de temps et j'aurai des réponses.

Une excuse, c'est une excuse qu'il me faut pour prolonger le temps ensemble. Il accepte et j'en suis ravi. « Alors, viens. » Un signe de tête, un sourire amusé et je me dirige vers sa porte pour l'ouvrir. Pour cette fois, on va pas se plaindre d'être ensemble, non ? Je ne voudrais pas retourner dans ma chambre en me disant que j'ai loupé une occasion d'être à nouveau proche de lui. Et au final, je suis content de me balader un peu avec lui à travers les couloirs, pour aller se chercher à boire au distributeur du coin. « Qu'est-ce que tu veux boire ? » En attendant, je fouille mes poches pour trouver des pièces, tenant à lui acheter une boisson. Y a un peu de tout dans ce distributeur, autant froid que chaud. Je serais plus tenté pour un chocolat, un truc sucré et chaud à la fois.

TENUE ♦ Peu importe le nombre de fois où je tente de me demander quand je suis tombé amoureux de lui je n’arrive pas à en trouver la réponse. J’ai réalisé réellement mes sentiments quand il a commencé à me manquer... Quand j’étais jaloux en le voyant en bonne compagnie, quand il souriait aux autres, je me suis dit que je voulais avoir tout ça seulement pour moi, égoïstement et possessivement je voulais Loukas pour moi... Comme quand il s'est allongé sur mon corps dans la grotte me tenant chaud, comme quand il m’a protégé des coups de tonnerre, comme quand on il m’a tenu la main si naturellement, tout a été l’objet de questions, mais je n’ai pas compris. Qu’est-ce qui m’a fait tomber amoureux de lui ? Je sais que Wolfram n’a rien à voir dedans, bien que Loukas soit... enfin, il est beau, quoique je regarde chez lui je ne trouve aucun défaut. Ses yeux, ses l... lèvres, tout semble si parfait, mais j’aime ce qu’il est. Intérieurement, j’aime le voir s’extasier pour sa passion, j’aime l’entendre parler avec ses yeux brillant quand il invoque les sports extrêmes, j’aime sa manière de ne pas fuir, sa folie, j’aime sa gentillesse, même si je la déteste aussi quand il en devient naïf, mais... Loukas est mon pumba, j’aime notre façon de délirer sur tout, de nous donner des surnoms débiles, sa manière de me venger d’un bout de bois ou de s’effrayer devant une biche. Puis... J’aime tellement son rire, l’entendre parler, même chanter, le peu que j’ai entendu m’ont vraiment surpris, mais il déteste ça. Je suis idiot, plus j’y pense et plus c’est douloureux, j’aimerais l’aimer librement, pourquoi ne le puis-je pas ? Nous avons perdu notre lien, je ne me voile pas la face, mais nous sommes en train de nous perdre. Loukas n’a pas fui quand je lui ai dit que je l’aimais, mais n’est-il pas gêné en ma présence ? Je suis amoureux de lui bon sang, si j’étais une personne « normale » je rêverai de coucher avec sans aucun doute ! Parfois je veux l’embrasser, mais je m’arrête de suite d’y penser, c’est ma limite... j’ai déjà embrassé des gens pour m’amuser sans approfondir, mais j’ai joué à de nombreuses reprises avec le feu quand je voulais combler ma phobie, montrer que j’étais comme tout le monde, c’était une erreur... j’ai embrassé Wolf, mais je n’embrasserai pas Loukas... Même s’il reste à mes côtés, il ne m’aime pas, pas comme je l’aime et j’ai l’impression de le mettre au pied du mur, de le forcer en étant avec lui, le forcer à réfléchir. Pourquoi doit-il réfléchir, parce que je l’aime il doit m’aimer ? Non bien sûr, je ne veux pas qu’il gâche sa vie par ma faute, il a tellement de personnes autour de lui qui doivent avoir des vues sur Loukas, même si cela ne l’intéresse pas, il pourrait être heureux avec l’une d’entre elles, je me sens juste inutile.

Puis il dit des choses injuste ! Les mots qu’il prononce accélèrent les battements de mon cœur, me font rapidement prendre des couleurs, il peut dire ça si facilement, mais pour moi c’est une torture... Il ne sait pas à quel point chacun de ses mots peut m’atteindre, il m’a eu en traitre, me dire ça alors que je l’aime c’est frustrant. Puis il a dit qu’il ferait toujours le contraire de ses paroles... Cette phrase me fait prononcer des mots que je ne m’attendais pas à dire un jour, réalisant ce que je venais de faire j’ai l’impression que mon corps devient une tomate trop cuite... bordel j’ai osé. Mais il le dit et mon cœur manque un battement, je voulais qu’il oublie, mais je me retrouve comme un idiot à bégayer et à perdre tous mes moyens... Bon sang à quel point a-t-il pris le contrôle de mon cœur ? Bien que les joues encore rouges, je souffle en répondant...

« C’est atroce... » Non ce n’est pas une mauvaise chose, juste que mon cœur s’est prit un délire et il veut passer le casting de fast and furious. Non sérieusement je le regarde en reprenant. « Tu as dit que tu faisais toujours le contraire de tes paroles Loukas... N’oublie pas ça. » Ça me coute de le dire ainsi, surtout que j’étais en pleins rêve en l’ayant entendu dire ces mots, « je tomberai amoureux de toi » mon cœur s’affole encore, j’ai envie de pleurer. Finalement il trouve une « excuse » pour qu’on passe du temps ensemble, j’accepte évidemment, même si j’hésite par peur d’aller encore à l’opposé de mes convictions, mais je veux rester avec lui. Le suivant jusqu’à la machine, je réfléchis à sa question en lui disant.

« Ils ne vendent pas de boissons énergisante, alors un coca ? » J’avais envie d’un truc gazeux. Je souris en attendant qu’il trouve la monnaie. « Tu prends quoi ? »

TENUE  ♦ Je ne réalise sûrement pas encore à quel point il pourrait m'aimer, ni ce qu'il pourrait penser faire en me regardant. Je n'imagine pas que mes lèvres soient source de trouble, ou que mes yeux puissent l'envoûter juste d'un regard. Je suis très loin de me douter que mes mots l'atteignent avec autant d'impact, autant que mes gestes parviennent à le rendre faible. Cette histoire de branche, la biche, l'orage, tenir nos corps à bonne température. Tout ça est naturel pour moi, des bons moments comme des moins bons. Je m'en souviens parfaitement, ils étaient sensationnelles et grandioses, c'est d'ailleurs pour cela que je ne veux pas perdre notre lien et revivre encore des instants pareils. Je veux juste profiter d'être là, d'être vivant, de le connaître, de n'avoir qu'une seule vie, d'être jeune et fou, sans limite, déraisonnable, sans frontière. Bref, je ne tiens pas à penser à plus tard, ni à me dire que ça ne vaut pas la peine. London se frustre trop, il se focalise une limite qui bourrait le bouffer à l'avenir. Ne peut-il pas juste dire « je t'aime, c'est ainsi et pas autrement » sans me l'imposer obligatoirement. C'est à mon tour de réfléchir, de savoir si j'en serais capable ou si c'est vraiment possible, envisageable. Après tout, je n'ai pas réellement aimé quelqu'un dans ma vie, pas autant que mes planches, mais la dernière j'étais prêt à tout casser pour l'aider. Alors quoi ? N'est-ce pas une preuve que je ne suis pas si fermé qu'on le croit ? De toute façon, ce n'est pas à lui de dire si je dois me pencher sur le sujet ou non. La décision me revient, il ne me force en rien. Il m'a donné son point de vue, il m'a exposé ses sentiments, à moi de le prendre comme je peux ou comme je veux.

C'est facile de parler, je n'ai aucune gêne à dire ces choses-là en le regardant dans les yeux. Je pourrais l'aimer, comme je ne pourrais pas. Qui peut le dire sans essayer, hein ? Après tout, on nous répète souvent « ne dis pas j'aime pas sans goûter » c'est un peu la même avec London. Je ne peux pas « non » sans tenter le coup, sans visualiser tout ça à ma manière. Certes, je fais le contraire de mes paroles, mais pas sûr que ça fonctionne tout le temps. C'est trop compliqué, puis j'aime bien le voir rougir de la sorte. Je le gêne à ce point-là ? Pourtant je n'ai rien fait de plus que répéter ses paroles, tel qu'il la voulu, mot pour mot. Intérieurement, je ne sais pas dans quoi je m'embarque en jouant son jeu. Peut-être que je vais me prendre un mur plus tard ? Qui sait, j'aime pas me projeter trop dans l'avenir, mieux vaut laisser les choses se faire d'elles-mêmes.

Atroce ? Le sale môme, pensais-je en le regardant. Bon okay, ce jeu est stupide finalement. « Très bien, très bien, je tiens parole. » J'hausse des épaules, faussement résigné. étais-je réellement sérieux en disant ses mots ? Ou est-ce que je vais vraiment faire l'inverse ? J'en sais rien, encore. Mon excuse tient la route pour éviter que celle du devoir soit trop courte. On s'embarque à l'aventure, tombant rapidement sur le distributeur du coin, quand je lui demande ce qu'il veut. Boisson énergisante ? « Tu vas dormir bientôt, ce ne serait pas trop ? » Même le coca avant de dormir, ça doit être pire que la caféine. Monnaie en main, je met une pièce dans la machine pour choisir une canette de coca, attendant qu'elle tombe pour la récupérer et la donner à London.

« Du chocolat, j'ai envie d'un truc chaud. » Et tout en parlant, je sélectionne une canette de chocolat, la prenant dans le compartiment en bas. « Ils n'ont pas d'arizona, ça tombe bien. » C'est débile d'en rire, ce n'est pas le genre de boisson qui cours au Japon, malheureusement. Ouvrant ma canette, je la porte à mes lèvres pour en boire une gorgée, jetant un coup d'oeil à London avec un sourire en coin. « Tu en veux ? » Je ne suis pas fou, je ne joue pas non plus avec ses sentiments, c'est juste que ça vient naturellement avec moi.

TENUE  ♦ Pour Loukas tout ce qui est devenu « spécial » à mes yeux est resté normal aux sien, je suis un novice en amour, je ne contrôle ni mes sentiments, ni mes pensées et encore moins mes émotions. Mes réactions pourraient lui semblait bizarre, je resterai incompris face à lui car il ne pourra jamais se mettre à ma place, je suis resté banal alors qu’il s’est mis à briller, c’est là toute la différence.  Si il accepte que je suis amoureux de lui c’est une chose, même si j’ai honte de m’affiché ainsi en solitaire je suis soulagé qu’il ne m’est pas rejeté, mais d’un autre côté comment je peux l’accepter. Je suis du genre à avoir un caractère bien à moi qui parfois est difficile à gérer pour mon entourage, mais bien que je sois plutôt égoïste, quand j’aime quelqu’un je pense à lui avant tout et peut-être qu’un jour Loukas comprendra pourquoi j’agis ainsi.  Me prendre la tête est difficile, j’aimerai pouvoir dire « je t’aime, c’est comme ça, tant pis ! » En fait je peux le dire, mais je crois qu’une part de moi est toujours effrayé, autant à l’idée que je ne puisse surpasser et surmonter mes sentiments et alors je risque de souffrir si jamais il tombe amoureux d’une autre personne pendant que je suis a ses côtés...  Et de l’autre c’est que j’ai peur justement qu’il tombe amoureux de moi. Tout ça semble fou, il y a de quoi se faire interner après un casse tête pareil vous ne trouvez pas ?  Les mots de Loukas ont un impact sur mon cœur, mais il ne le comprend pas ça non plus... comment le pourrait il ? Il a répété mes mots, mais cette phrase avec sa voix, son regard, forcément que je fonds, j’ai l’air idiot bon sang... depuis quand je suis aussi faible au juste, je dois me reprendre et vite ! J’aime jouer avec le feu, je l’ai fait plusieurs fois, peut-être que je devrai simplement le faire encore.  Après avoir ralentit les battement de mon cœur en me calmant, je lui rappelle ses mots, il ne doit pas revenir dessus.

« Bien. » Dis-je simplement en souriant.  On fini par sortir prendre à boire, trouvant là un moyen de passer un peu plus de temps tout les deux à notre manière. Il me demande ce que je veux et tout ce qui me vient en tête est un besoin de gazeux, je me fiche de l’heure, de plus je ne dors pas facilement en ce moment... Mais je n’ai pas l’intention de m’en plaindre au blond.  « Ça n’a aucun effet sur moi. » Ce qui n’est pas faux, du moins ce n’est qu’une canette. Prenant la boisson qu’il me tends entre mes mains. « hum ok~ » Lâchais-en apprenant qu’il avait choisit un chocolat, le regardant prendre son acquisition, il semblerait que nos boissons favorite ne soit pas dans la liste des distributeurs. Ça me fait doucement sourire alors que j’ouvre ma canette, je n’ai pas encore bu une gorgée que la question de Loukas me stop dans mes gestes, il vient de boire dedans et me demande si j’en veux ? Puis il m’a prit un coca... je le comprends pas, est-ce qu’il s’amuse avec moi finalement ? Peut-être que ça l’amuse de me voir perdre mes moyens, rougir bêtement alors que mon esprit bataille de toutes ses forces. Que suis-je censé faire ou répondre ? Je réfléchis un instant et ayant décidé de ne pas fuir cette fois, je souffle pour tout calmer un instant, même mes émotions, je dois reprendre un peu de contrôle sur tout ça... Attrapant sa canette sans un mot je la porte à mes lèvres pile l’endroit où il a posé les siennes sans hésitation, sans me poser de question, buvant une gorgée avant de passer ma langue sur mes lippes, regardant Loukas en lui tendant sa canette. Si tout ça doit être un jeu, peut-être que je devrait juste jouer les fort et prendre sur moi quand il est là, je doute et j’ai l’impression d’être dans un énorme trou noir ou même dans le néant.  J’ai envie de rire et de pleurer en même temps, mais j’ose tout de même lui dire dans un ton assez franc, bien que ma voix se veut assurante, elle est en réalité légèrement tremblante. « Tu devrais faire attention a ce que tu me demande Loukas... Je sais que tu n’es pas à ma place et que tu ne comprends pas, pour toi ça doit être complètement stupide et je dois donner l'impression de réagir de manière extrême, mais s’il te plait. » Encore une fois partager une canette ce n’est rien, je le fait souvent avec des potes, mais en connaissance de cause ça rends les choses plus difficile à gérer pour moi.

TENUE  ♦ Pour le coup, nous sommes sur deux planètes différentes. Il est amoureux de moi, sûrement troublé par la moindre de mes paroles ou de mes gestes, mais moi je ne comprend pas toujours tout. à dire vrai, je me demande si je cap ne serait-ce qu'un truc dans ce brouillon. D'accord, il a des sentiments, il me l'a avoué par lui-même et maintenant, il craint je ne sais quoi. Pourtant, c'est toujours autant confus pour moi. La dernière fois que j'ai été en couple avec quelqu'un, je ne prenais pas tellement attention à la personne, la preuve elle m'a largué quelques mois plus tard. Est-ce que London serait capable de supporter mon comportement quand je ne verrais que mes planches et mes sports ? Serait-il toujours autant amoureux en comprenant que certaines choses passent avant d'autre, et qu'il risque peut-être de subir la seconde place ? Je n'en sais trop rien, et en même temps je ne réalise pas encore l'ampleur des dégâts. C'est trop gros pour moi, trop imposant pour ma conscience. Même si j'en ris, même si je souris, je ne peux pas affirmer être capable de partager la même chose que lui. Je ne peux pas confirmer à 100% que je tomberais amoureux de lui à mon tour. Au final, nous tournons un peu en rond dans cette histoire. Il m'aime d'une façon qui n'est pas la mienne, autant ne pas se mentir. Je tiens à lui, énormément mais ce ne sont pas des sentiments amoureux. Bien que je répète ses mots, ils n'ont sûrement pas le même impact que les siens, puis il réussit à retourner mes paroles contre moi et je m'avoue temporairement vaincu.

Sujet clos, on peut sortir sans revenir sur le sujet dans l'immédiat. Ce n'est pas plus mal, puisque je n'ai aucun avis propre là-dessus, pour l'instant. Je préfère encore parler de boisson, savoir ce qu'il veut boire et après commenter dessus. « Vraiment ? » Je dis ça, mais je n'ai jamais vraiment fait attention à l'effet de la caféine sur mon organisme. Quant à moi, je préfère prendre un truc sucré et chaud, et parce qu'ils n'ont pas d'Arizona dans cette machine non plus. Nos canettes en main, j'en bois une gorgée avant de proposer à London, naturellement comme si de rien n'était. J'aime partager, me rendant doucement compte que ce n'est peut-être pas la meilleure solution à adopter avec lui. Le temps de revenir sur ma demande, je sens London attraper la canette, ma main la lâcher et mes yeux se porter sur son visage. Ses lèvres entrent en contact avec l'objet, pile où j'ai bu auparavant. C'est étrange de ressentir ce pincement au coeur, incontrôlable et sans raison. Il me rend ma canette et je la récupère un peu sidéré, comme si je n'avais rien prévu à tout cela. Ce n'est pas faux, je n'avais pas envisagé tout ça, ni le voir boire, ni se lécher les lèvres, ni me regarder après. Ah, je suppose que c'est normal... Si nous étions réellement entre amis. Ce n'est plus le cas de son côté, alors comment devrais-je le prendre au final ? Je suis perdu, regardant l'ouverture du contenant. Je l'écoute parler sans lâcher la canette des yeux, avant de relever ma tête pour le regarder un court instant. « Désolé. » Me contentais-je de dire avant de sourire bêtement, feintant un rire pour cacher ce tourbillon sans nom. « Mais bon, avoue que c'est bon ? Le chocolat chaud, ça fait du bien ~ » détournement de sujet total, c'est mieux pour nous deux. J'ai compris que mon comportement gênait, mais que suis-je censé faire pour ne pas l'irriter ? Un soupir m'échappe mais je l'étouffe en buvant à nouveau, sans rien laisser paraître de ma préoccupation. ça passera, pensais-je en sirotant calmement ma boisson. ça passera tôt ou tard.

« Tu veux rentrer ? » Demandais-je après avoir terminé mon chocolat. C'est sûrement trop risqué de rester trop longtemps ensemble, surtout après ça. Réfléchir, c'est bien ce que je fais même maintenant, alors que nous sommes ensemble. Ma canette jeté dans la poubelle à côté de la machine, je m'étire rapidement en baillant. « Je dois encore faire le tour des clubs demain, c'est difficile de choisir avec autant d'option. » Je parle pour détendre l'atmosphère, pour oublier qu'il est gêné quand je fais ou dis un truc. J'ai la sensation de devoir me contrôler sur tous les points.

TENUE ♦ On arrive finalement à changer de sujet, même si ça me tracasse toujours forcément, je tente de ne pas y penser quelques instants, bien que le fait que je n’arrive pas à dormir et aussi dû à tout ce que qui se passe, à mes mes tentatives pour l’oublier, cependant je n’y arrive pas et finalement les heures passent et mon sommeil raccourci, je vais devenir fou, il n’a pas conscience de l’emprise que cette histoire a sur moi, moi-même en fait je n’y crois pas. C’est dingue, c’est comme si je désire de plus en plus ce que je me tue à vouloir éloigner, aucune logique dans ses sentiments. La caféine ne m’empêche pas de dormir, elle ne me fait pas rencontrer Morphée plus vite non plus, c’est juste une boisson quelconque, un gout sucré ou amer, selon ce qu’on boit. Je n’aime pas vraiment le café, préférant comme les enfants rester au jus de fruits, au chocolat au lait et au gazeux, après tout je suis encore un gosse à ma manière. Cependant voilà, Loukas me prends encore au dépourvu en me proposant de boire dans sa canette, ce n’est certes pas une grosse affaire, on l’a tous fait, je viens de Londres donc les « baisers indirects » on les voit pas vraiment, partageant nos boissons, nos nourritures, bref... c’est « naturel ». Mais ça l’est moins quand ce genre de demande nous retourne le cerveau, ses lèvres, mes lèvres, quand on aime quelqu’un cela n’a plus la même signification, je remarque encore que pour lui je ne suis « rien » qu’un ami, je le sais déjà et ça ne me blesse pas du tout vu que je lui demande de ne pas changer ce détail... Je me voile la face, mais je dois toujours prendre des décisions difficiles pour m’en sortir, c’est ça quand on a un « handicap » qui doit rester secret. Ma phobie me coupe du monde, pour moi c’est ce qu’elle est.

Pourtant je ne fuis pas, je ne gueule pas, je ne dis rien, le regardant pour prendre la boisson entre ses mains, je me fiche bien que mon cœur s’accélère pour « rien » mais je veux essayer d’agir calmement, de passer outre, de lui montrer que je peux le faire, même si c’est difficile... Ça ne lui fait rien à lui, mais moi c’est un supplice, poser mes lèvres où il a posé les siennes alors que je rêve de l’embrasser, c’est compliqué, tout devient compliqué. Je lui rends non pas sans que je me sente faiblir lentement, mais je garde contenance, je ne veux pas me montrer faible, je préfère lui demander de faire attention parce que je ne suis plus uniquement son ami, non... en fait c’est plutôt lui qui n’est plus mon ami, à mes yeux il est plus, beaucoup plus. Je ne réalise simplement pas à quel point ça prend de l’ampleur, je ne sais même pas pourquoi, comment mettre des mots sur les choses qu’on ignore, c’est impossible.

« C’est bon, c’est vrai que ça fait du bien. » Tout semble tourner à double sens dans ma tête, mais je garde mes remarques pour moi, je n’ai aucune envie de tout gâcher... Buvant ma canette, plusieurs gorgées d’affiler comme si ça aller m’aider à me reprendre, ma gorge me pique légèrement, mais j’ai terminé rapidement ma boisson, soufflant comme si c’était une épreuve difficile. Je le regarde un instant en hochant la tête.

« Il vaut mieux. » Je ne peux pas rester avec lui trop longtemps, c’est encore difficile et je préfère ne pas abuser des « bonnes choses » je ne sais pas quand on aura l’occasion de se parler à nouveau de cette manière, mais c’est tout ce que je peux faire pour l’instant, rire avec lui naturellement me semble encore trop « éprouvant » et douloureux. marchant vers notre dortoir, je l’écoute avec un léger sourire sur mes lèvres. « C’est vrai que tu n’as pas de club, j’espère que tu trouveras ton bonheur. » Poussant la porte, je fais quelques pas jusqu’à ma chambre et la main sur la poignée je m’arrête pour le regarder. « À plus tard... » C’est tout ce que je trouve à dire avant de me faufiler dans ma tanière et refermer les portes, mon front cognant contre cette dernière dans un long soupire, j'aurais simplement du lui dire "bonne nuit" bordel je suis un idiot. Je déteste ça, je déteste vraiment cette situation. J’ai hâte de trouver une solution, parce que je meurs à petit feu sous le poids de mes sentiments et de cet éloignement. Soupirant à nouveau je me jette sur le lit pour penser à tout ça en m’écrasant le coussin sur la tête comme j’en ai pris l’habitude dernièrement, puis qui sait ce qui arrivera, seul l’avenir nous le dira.