amedi soir, tout va bien, tout est normal, ou presque. Quoi de mieux à la fin de l’été que de sortir un peu avant de retomber dans le cycle infernal des cours et l’ambiance toxique de la Royal Private School ? En vérité, je ne vois pas bien ce que je pourrais faire de mieux. Je n’ai pas la moindre envie de rester dans les dortoirs en me morfondant sous ma couette d’avance en songeant que je ne tarderais pas à connaître de nouveau mon quotidien harassant, même si un peu de repos ne me ferait pas de mal cela dit. On ne peut pas franchement dire que le séjour organisé par l’école ait été des plus reposants, loin de là. Entre les conditions de vie pas très optimales, le temps pas toujours clément, on ne peut pas dire que cela ait été très intelligent d’y aller en étant enceinte. Résultat, je me suis retrouvée dans la tente médicinale en raison de divers maux de tête, vertiges et fatigue importante. J’ai même pensé que le docteur me grillerait avec tous ces symptômes mais je n’en ai pas eu l’impression. Ou alors il a fait mine de ne rien voir de ne rien savoir ou bien il est aveugle. Ce n’est pas moi qui m’en plaindrais. Alors qu’en fait, une simple prise de sang à mon retour à Tokyo a permis de voir qu’en fait j’étais atteinte d’anémie. Génial. Me voilà donc forcée d’adopter le régime « viandes et légumes verts » en plus de médicaments à prendre. Le pied.

Il apparaît donc évident que j’ai besoin de m’aérer pour me vider l’esprit de tous ces petits problèmes. Sauf que ce n’est pas si simple en soit désormais. Parce qu’au bout de quatre mois de grossesse, je ne peux plus vraiment me balader en minirobe moulante, ce serait un peu compromettant et inapproprié, et inconfortable aussi. Ce n’est pas flagrant en soi, ça se remarque à peine, mais si je commence à mettre l’accent dessus, je suis grillée d’avance. Il faut donc utiliser son cerveau et ruser, parce que je ne peux pas non plus me ramener en jeans baskets. Ce serait trop facile. Sans rire, je crois que, de toute ma vie, je n’ai jamais passé autant de temps à me creuser les méninges pour élaborer une tenue, ça me ferait presque rire de moi-même mais la situation en elle-même n’est franchement pas amusante. Heureusement, je ne suis pas de nature défaitiste et c’est après une bonne demi-heure – oui oui, une demi-heure pour assortir des vêtements, normal – que je tiens enfin mon mélange parfait. Ouf, pendant un moment j’ai cru que j’allais connaître le drame de Cendrillon qui n’a pas de robe pour aller à son bal.

Cela dit, une fois prête, je ne peux m’empêcher de songer que mon look sombre a l’air un peu triste. Dommage que je n’ai plus ma tignasse blonde pour y apporter un peu de lumière mais ce n’était simplement pas possible. Comment dire ? J’ai hésité un moment à me débarrasser de mes racines foncées qui réapparaissaient mais l’idée même de partager la blondeur de la fille avec laquelle j’ai vu Ryû a suffi pour m’en dissuader. Il ne faudrait pas non plus qu’il croie que je préfère rester blonde pour lui faire plaisir. Argh, rien que d’y penser ça me donne la nausée, chose pas très compliquée en ce moment il faut reconnaître. Et il paraît que ça passe après les premières semaines de grossesse, mon œil. C’est donc avec une tignasse noir de jais – sans frange cette fois, la flemme – que je m’en vais, tentant de me motiver tant bien que mal. Après tout, je ne devrais pas faire une tête d’enterrement alors que je sors justement pour faire plus ou moins la fête. On y croit.

Une fois arrivée au bar, je réprime mes bonnes habitudes et me contente de commander un jus de fruit au serveur, qui ne manque pas de me dévisager, sans doute en se demandant si je suis sérieuse. Et oui, tout le monde n’a pas le luxe de pouvoir boire comme il veut malheureusement et en soi, je ne crois que ce soit plus mal si je ne finis pas ivre ce soir. Je n’ai que trop bien appris combien ça pouvait être dangereux et mal finir, hum. A croire que j’y suis abonnée. Quelque chose me dit qu’à ce stade, je vais passer ma soirée entre mon jus de pomme et mon téléphone, à vérifier entre autres que Royal Shit ne s’amuse pas à mes dépends, encore. Au moins, pour une fois, ça sera plutôt mal et je ne vais pas cracher là-dessus, oh non.

a faisait un moment que je n’avais pas mis les pieds dans une boîte, en fait je n’en trouve plus vraiment le besoin étant donné que j’y venais généralement pour trouver une proie facile capable de me vider les couilles comme on dit. C’est le genre de lieu où il est facile de faire son affaire, mais maintenant j’ai Raylai pour s’en occuper du coup plus besoin de ses poupées inutile et de ses sorties fatigantes. Cependant, ce soir on m’avait en quelque sorte « forcé » à venir, bien entendu quand je dis qu’on m’y a forcé, tout est relatif étant donné que je n’obéis qu’à moi et mes envies, la seule raison qui me pousse à être ici est que les professionnels avec qui je bosse on choisit de fêter je ne sais trop quoi en offrant champagne et compagnie. À leurs yeux je suis un jeune homme banal, un danseur talentueux et agile, mais avec ma bouille aucun d’eux ne me soupçonnerais d’être un démon sous les apparences d’un ange. Je piège mon entourage de cette façon avec mes beaux sourires et jusque-là ça a toujours marché et ça continuera je n’en doute pas.

Agissant donc comme un jeune adulte sans problème je me suis assis à leur table, buvant un verre, deux, puis j’arrête en prétextant que j’avais besoin de bouger, ce qui en soi n’est pas un mensonge. Ces gens m’ennuient, j’ai mieux à faire que d'écouter leur conversation inintéressante, ils ne sont pas à mon niveau, leur intelligence touche le sol c’est désolant, mais au moins je sais qu’avec ces abrutis je ne gagnerai rien à les faire chanter.  Me dirigeant vers le bar je me fais accoster par une nana qui se frotte à moi m’incitant à l’accompagner sur la piste de danse, je le regarde explicitement pour faire comprendre que je n’ai que faire des chattes en chaleur, pas ce soir. Elle s’éloigne sans un mot et je frotte ma veste comme si elle y avait jeter de la poussière ou une quelconque saleté avec ses mains baladeuses, décidément.

Mais mes yeux balayant la pièce du regard se posèrent sur une silhouette que je reconnais sans peine, un sourire insalubre prend place sur mon visage, si ce petit séjour au camp fut mouvementé par bien des façons j’ai pu aussi y découvrir quelques informations plutôt surprenantes. Me faire poignarder à laisser une cicatrise sur ma peau qui demeurera visible toute ma vie, Raylai a s'est rebeller et a fini par se faire piéger, signant un contrat qu'il ne pourra déchirer, s’offrant à moi de son plein gré, il n’a plus le choix et il le sait.

Concernant Yun Hua il se trouve que j’étais au bon endroit au bon moment. Sa conversation avec le médecin fut enrichissante, si ce dernier a fermé les yeux sur la vérité, ce ne fut pas mon cas. Bien que la vie des autres m’indiffère totalement, faute de divertissement je crois que j’ai trouvé comment occuper mon temps au cours de cette soirée. Sur le point de la rejoindre, il semblerait que la nuit soit plus mouvementée encore que je l’aurai imaginé.

'vais pas crever tout seul, j'ai des amis moi ! (Non mais Ryû, t'es encore avec ça? ) J'vous promets que j'vais pas finir ma vie tout seul avec mon chat, que j'vais y arriver, comme un grand, parce que j'suis pas de la merde et que j'ai un coeur aussi, vous savez? (Un coeur qui va finir par lâcher vu comment tu fais l'imbécile. C'est ça que tu veux, un infarctus à trente et un an?) Putain c'est vrai que je me fais vieux. En fait, c'est ça, mes amis ont décidé de m'emmener ici parce qu'ils veulent que je fête mes trente-et-un ans comme si c'était la fin de ma vie! Bordel. À mon âge je suis capable de devenir un célibataire parasite... MAMAN TU ME REPRENDS À LA MAISON?! Dites-moi que j'suis pas trop vieux pour être beau. (Tu l'as déjà demandé à une inconnue sur le chemin, Ryû, elle t'a dit répondu non, alors maintenant tu poses ce verre et tu arrêtes tes conneries.) J'y peux rien si les gens passent leur temps à me mener la vie dure. Heureusement, en boîte, tout est facile!

D'ailleurs, je sais plus comment je suis arrivé dans celle-ci. Si mes souvenirs sont bons ( Donc, ça ne sera certainement pas ça), j'suis sorti avec des potes pour fêter mon anniversaire (ok, ça va, jusque-là), puis un des gars est rentré parce qu'il était fatigué et qu'il avait retrouvé une amie d'enfance... Enfin, maintenant j'ai comme un doute, mais j'sais que les autres ont décidé de partir aussi... Ou alors c'est moi qui ait décidé que j'aimais pas l'endroit et qui ait fait le chemin jusqu'à celle-ci en abandonnant le groupe à son triste sort? Au pire, on s'en fout, hein? HEIN?  De toute façon c'est pas comme si c'était important. J'suis entré, j'ai frayé avec le bas peuple, j'ai regretté que Mi ne soit pas là parce que j'aurais bien voulu lui dire à quel point je l'aimais et j'ai réprimé cette envie pourtant violente d'envoyer des messages à Mi Ran, de peur de me prendre encore un coup de la part de l'armoire à glace pas si bien apprivoisée que ça. Quelle dure vie. J'aurais du prendre Roy avec moi, mais avec son marmot, ya pas moyen de l'avoir. Putain. C'est quand même pas difficile d'avoir un peu de temps pour ses amis, si! J'vais lui en dire deux mots, moi, vous allez voir. Et lui dire que je suis liiiiiibre, enfin libre. Plus de bébé! Plus d'étudiante enceinte! Plus rien! J'ai plus qu'à crever tout seul qu'elle a dit, ça lui fera plaisir!

Note pour plus tard : répéter mon entrée fracassante chez Roy, sur l'air de la reine des neiges. Parfait.

Une fois de plus, je trinque avec le gars qui se trouve non loin de moi, plus qu'heureux qu'il ait offert la tournée - avec ma carte, oui, bon, il peut pas être parfait non plus, mais j'y peux rien, il a proposé! - puis je vide la boisson, souriant comme un imbécile heureux. Alley ! On fait la fête ce soir! À ma liberté! À la fin de la galère! Au début d'une autre, comme c'est toujours comme ça! Franchement, j'suis heureux que mon bras ait bien récupéré, d'avoir ENFIN pu enlever ce plâtre à la con qui m'empêchait d'être libre de mes mouvements. Eh oui, essayez de jouer en ligne à un bras, j'vous jure que vous allez galérer un peu. Juste un peu. Heureusement que moi et ma volonté on a été capables de survivre à tout ça. En pleurant. Pauvre Arisu.

Mon verre vide, je me lève de la table et décide de rejoindre le bar comme je le peux, faisant signe aux gars avec qui je me suis incrusté de m'attendre un peu parce que j'ai soif, mais je m'écrase lamentablement contre quelqu'un (Oui, lamentable, c'est ce qu'on peut dire), levant les yeux un instant plus tard en m'excusant, un peu trop amusé par la situation.

« Putain, désolé Jack Frost, j'voulais pas, j't'avais pas vu. »

Ouais, et c'est sans doute parce que j'ai pas des yeux dans le dos, ça. Quand j'vous dit qu'ils m'ont fait avec des pièces en moins, mes parents. Je m'apprête à continuer vaillamment mon chemin jusqu'au bar quand je constate avec horreur que Yun Hua s'y trouve. Oh la connasse, elle l'a fait exprès, j'suis sûr! Je rattrape monsieur gel et je m'approche de lui pour reprendre d'un air presque suppliant.

«  Mec, j'ai b'soin de ton pouvoir. Tu veux bien aller cherche mon verre? Ya une connasse  que j'veux pas voir au bar. » Reprends-je avant de lui donner de quoi payer, en liquide cette fois. «  Faut pas lui parler hein, c'est une dangereuse!  Elle tombe en cloque cette tepu. »

(Oui, bien sûr Ryû, elle tombe enceinte quand on lui parle...)  Non mais franchement, faut pas qu'il lui parle... Par contre, si j'avais pu reconnaître ce mec.

ous savez, je ne sais pas vraiment si j’ai en quelque sorte insulté la Providence avec mes escapades débiles et douteuses, mais il me paraît quand même qu’on a rarement un si mauvais karma dans la vie. Je ne sais pas moi, quand les choses semblent aller à merveille et qu’éventuellement un signe de mauvais augure peut être entrevu au loin, on pourrait m’insuffler un mauvais pressentiment ou une envie soudaine de changer d’air, quelque chose comme ça. Mais non forcément, il faut que je sois tranquillement posée au bar, tâchant d’ignorer les regards amusés – et quelque peu douteux – du barman. Tout ça parce que je viens en boîte pour boire un jus de fruit. Est-ce que quelqu’un a décrété que c’est mal ou hors norme ? Pourquoi ça devient rapidement suspect quand je ne commande pas de l’alcool ? Peut-être qu’il m’admire parce que même si j’ai l’air d’être au bout de ma vie je résiste cependant à l’appel de noyer mon chagrin dans un bon shot de vodka ? Enfin bon, tant que mes préoccupations se résument à éviter le jugement d’un serveur et de voir que Royal Shit s’en donne à cœur joie pour attaquer des professeurs – non mais c’est quoi cette bassesse franchement, on en parle ? – ce n’est pas plus mal. Si seulement ça avait pu durer.

Il me suffit d’entendre une phrase, d’une voix un peu lointaine pour que mon alarme interne se mette en route. Non. Non. Nooooon ?! Tâchant de contenir ma stupeur comme je peux, soit en buvant mon fameux jus de fruit, je jette un rapide coup d’œil derrière moi. A vrai dire, je n’en aurais même pas eu besoin, puisque la voix de Ryû est aussi inaudible qu’un troupeau de poules en train de piailler après leur repas. Putain. Quelle n’est pas ma surprise de voir qu’il est – encore – ivre ! En revanche, les âneries qu’il débite plus vite qu’un cheval enragé au galop ne sont pas franchement une réjouissance. Il veut que tout le monde aux environs soit au courant ? Il est stupide ? Oui enfin, en même temps, quand il est saoul, il n’a plus aucun limite à sa connerie, déjà qu’il n’y en a pas beaucoup en temps normal… Hum. Je lève les yeux au ciel, abattue par cette intervention. Forcément, il faut que je sois enceinte du seul idiot capable de le crier au monde entier quand il a trop bu. Même s’il ne sait pas que c’est toujours le cas. Passons.

En vérité, ça aurait pu se résumer à cela. J’aurais simplement soupiré de désespoir suite aux propos de ce grand idiot autour d’un autre verre et j’aurais fini ma soirée en me disant que j’ai décidément bien fait de le tenir à l’écart de toute cette histoire. Oui mais. Parce qu’il y a un mais. J’ai un frisson d’effroi qui me parcoure au moment même où je me repasse la scène de Ryû qui s’adresse à un jeune homme qui a eu le malheur de croiser sa route. A moins qu’en réalité ce ne soit l’inverse. Je me retourne de nouveau et écarquille les yeux, maintenant ronds comme des billes. Oh non. Ce n’est pas en train d’arriver, c’est mon cerveau qui divague, il ne peut pas en être autrement. Il est strictement impossible que Dakota se trouve juste à côté de Ryû à cet instant précis, Ryû qui vient ni plus ni moins de lui révéler qu’il m’a mise enceinte. C’est quoi ce plan foireux au juste ? Je cligne plusieurs fois des yeux avant de leur tourner à nouveau le dos. Que faire ? Est-ce que je m’enfuis en courant en laissant Ryû en pâture à Dakota ? C’est tentant, je veux dire, au moins je m’en sors indemne. Cela dit, si jamais Dakota veut obtenir plus d’informations, il se trouve face à un professeur en décadence prêt à tout lui raconter. Super.

C’est donc en finissant mon premier – et unique certainement – verre que je me décide à jouer les super héroïnes pour sauver ce qu’il me reste d’honneur. On va gentiment guider le gentil toutou jusqu’à sa niche, là où il ne risquera pas de se faire attaquer par des molosses d’envergures un peu plus importantes. Pourtant, c’est sans la moindre joie que je me place à côté des deux erreurs majeures de mon existence, bras croisés.

« Quel merveilleux déplaisir de vous voir tous les deux, j’annonce avec une ironie parfaitement assumée, ça serait presque marrant si ça n’était pas si désagréable. »

Oh que oui, ça mériterait même presque une photo à ce compte. Mais passons, le but est de ramener Ryû à la raison, de le faire fuir très vite, pas de souligner à quel point la situation est incongrue.

« Je suppose que t’es pas venu tout seul, je reprends en fixant le concerné, ou peut-être que si. Bref, quoiqu’il en soit, je crois que tu ferais mieux de rentrer. Maintenant. »

J’aviserais après de mon côté pour « gérer » Dakota mais pour l’heure, la priorité c’est d’éloigner le Ryû bourré, et donc à la merci de tout le monde, de ce démon.

e m’étais résigné à passer une soirée « tranquille » au grand dam de ma conscience qui recherche sans cesse une proie facile, se forcer à paraître normal devant ses supérieurs n’est pas aisé quand mon seul désir serait de les écraser sans pitié, pourtant je prends sur moi et participe à leur petite réunion dans cette boîte animée, loin des lieux de réunion habituels, ici c’est en tenue classe et de l’argent à dépenser, pour ma part je me contente de boire en les laissant payer, rien que ça c’est déjà les manipuler. Sauf que le monde n’a pas vraiment la tête à remarquer les petites arnaques du quotidien, prenant ça pour de la gentillesse ou une certaine forme de « normalité » faite moi rire s’il vous plaît, il n’y a rien de tout ça, l’humain est simplement trop con pour réfléchir deux secondes avant de parler. Je ris jaune à leur blague pourrie, faisant style de trouver ça marrant, mais bon sang sérieux, tout le monde s’en fiche de savoir comment s’appelle un café en Espagne, surtout pour répondre un « café olé » diable, le niveau me fait pitié. Dommage je n’ai pas de pouvoir magique, ça aurait été bien utile pour court-circuiter quelques cerveaux et les faire passer en blackout, à défaut de cette capacité extraordinairement inexistante je m’éloigne de leur déficience mentale qui risquerait de m’arracher quelque neurone au passage, j’ai un bon stock, mais ce n’est pas une raison pour qu’on vienne y piter dedans.

Bien sûr dans tout ce moche monde fallait que mes yeux tombes sur celle qui pourrait malgré elle égayer ma soirée, j’ai quelques affaires à régler avec ses petits secrets bien gardés, ou... Non en fait, quand j’entends l’abruti s’élancer dans une attaque verbale me mettant en garde contre la jeune fille je dois dire que... hum. Yun Hua redescend dans mon estime, ah... c’est vrai, je ne l’estime pas vraiment, bon tant pis. Dans tous les cas j'ai comme l'impression que le brun prenant ses aises avec moi a envie de se faire casser l’autre bras, il est torché, donc je suppose qu’il ne m’a pas remarqué, mais je n’oublie pas le surnom débile qu’il m’a donné. Jack Frost... Si on s’arrête à la couleur de mes cheveux, je pense qu’il marque un point, mais ça reste ridicule et je déteste le ridicule. J’hésite entre le néguer dans son verre ou utiliser mes « pouvoir » pour lui faire clore cette bouche alarmante. Il attire l’attention et comment je fais pour magouiller s’il jette des projeteurs sur nos têtes, vous pouvez m’expliquer ? Il me blase, un soupire et je n’hésite pas à rapprocher mon visage pour dire à son oreille dans la plus grande discrétion. « Je connais parfaitement la marchandise, il faut croire que le « DP » qui met en cloque par manque d’expérience c’est toi, monsieur le manchot. » Je ris sadiquement a son oreille, avant de voir débarquer la concernée.

« Tu trouves aussi ? Dire que je cherchais à savoir le malheureux qui t’avait engrossé, je suis en horreur devant tes gouts, ils ont bien changés, toutes mes condoléances. » Ils sont chanceux, le démon que je suis trouve cette situation intéressante, ce qui risque de me pousser à ironiser et profiter de cette soirée pour y mettre mon grain de sel tout en finesse. Enfin... Quand on me connaît ce mot devient rapidement un intrus dans le dictionnaire. Aux nouveaux mots de la future maman -Rip- j’agite mon index en claquant trois fois ma langue sur mon palais, le sourire aux lèvres qui malheureusement devient rapidement explicite sur mes pensées, je passe mon bras autour du brun.

« Je pense qu’il va rester avec nous, il doit me payer un verre en remerciement pour l'autre jour, pas vrai ? » Même si j’ai l’air « amical » autant dire que mon regard implique sans mal mon esprit tordu dans mes mots. Il sait de quoi je suis capable, même bourré il devrait s'en souvenirs, bien qu’à mon gout cette petite expérience au camp des plus lamentables ne fût pas assez douloureuse à mes yeux, une chance pour moi de me rattraper, on dirait que je suis gâté finalement.

P? C'est quoi un DP? Double Posteur? Danger Public? Ça doit être ça. Dans tous les cas il a pas raison! Non, messieurs dames, il a pas raison ce petit con aux allures de Jack Frost, et j'suis certain qu'il le sait et qu'il fait ça rien que pour m'embêter en plus.  Je dois préciser qu'il rit d'une façon qui me plaît pas beaucoup beaucoup, hein? De toute façon, je suis bien trop occupé à me focaliser sur ce DP que je ne comprends pas pour réaliser qu'on vient de parler à côté de nous. Non sérieusement, ça vuet dire quoi? Il a pas remarqué que j'étais pas en état de résoudre une équation du second degré sans calculatrice! S'il a pas compris je peux leur expliquer en long en large et en travers, mais j'ai pas l'time! J'AI PAS L'TIME! IL FAUT QUE JE FUIE.

Oui, enfin, ça, je ne le comprends que lorsque je réalise que la personne présente à nos côtés n'est autre que celle que je voulais éviter il y a pas cinq minutes, et pour tout avouer ça me fend le coeur. Oui, vous ne l'entendez pas se décomposer en millier de petits fragments, là, tout de suite?

« J'vais pas... » Oui, mais l'autre a déjà repris la parole, trop tard pour protester, du coup je m'appuie un peu sur lui. « Voilà, écoute Frostie! J'ai pas à t'écouter parce que t'as décidé que j'allais rentrer! J'suis clean tu sais! »

Oh oui, aussi clean qu'un homme à qui on aurait donné de la vodka en intraveineuse. Génial. Si je n'avais pas bu autant, je serais peut-être capable de réaliser à quel point j'ai l'air pitoyable à cet instant. Franchement, c'est pas en agissant comme ça que j'vais convaincre les gens que j'ai changé ma manière de vivre, que je suis un homme meilleur, tout ça! Sérieusement, personne me croira si je débarque comme ça à l'école! Mais il n'est pas question d'aller donner cours maintenant pas vrai? Il faudrait juste que je me sorte du pétrin dans lequel je me suis mis, à vrai dire, mais plus tard! Bien plus tard! Trop tard, sans doute. (Quand il t'aura cassé le second bras, par exemple?)

« J'sais plus pourquoi j't'en dois un, mais ok! J'vous paie à boire à tous les deux, si tu veux! » Dis-je en riant un peu avant. « J'suis de bonne humeur aujourd'hui! »

Oui, on va payer un verre à la connasse, comme ça elle va arrêter de faire des trucs méchants et elle verra qu'on est gentil. Meilleur plan du monde! Si je devais me donner des points pour cette tactique de la mort qui tue, j'crois que je me donnerais au moins 3000 pourcents. Quoi? Vous n'approuvez pas? (Tu l'as traitée de tepu avant, quand même...) Sérieux, c'est de la gentillesse, de la générosité! Comme avec le mec qui m'a demandé ma carte pour payer la tournée qu'il offrait, si si!

Avec un peu de chance, maintenant que j'ai fait preuve d'une si grande gentillesse, ils vont accepter de me laisser tranquille, quand ils auront bu leur verre, et je pourrai retrouver ma solitude et crever tout seul. Oui, voilà. Encore un bon plan signé moi-même. Je crois que je devrais ouvrir une boîte d'idées en béton comme ça, ça me rapporterait gros, quand même.  

e reste parfaitement de marbre suite à la réflexion de Dakota. Monsieur est horrifié de savoir que j’ai pu passer la nuit avec Ryû ? C’est tellement… Prévisible, je ne sais pas pourquoi, mais je m’attendais spécifiquement à ce qu’il me fasse la réflexion. En revanche, je n’espérais pas qu’il comprenne si rapidement qu’en effet, le mec ivre juste à côté de lui est bien celui qui m’a mise enceinte – et qui pense que ce n’est plus le cas. Je ne sais pas pourquoi, une intuition juste comme ça, mais mon petit doigt me dit que le démon lui sait parfaitement que c’est toujours d’actualité. Je veux dire, pourquoi se serait-il donné la peine de venir vers moi s’il pensait ne serait-ce qu’un instant que c’est de l’histoire ancienne ? J’ignore comment il l’a appris mais j’ai la certitude que ce n’est pas cet idiot de professeur incompétent et imprudent qui vient de lui apprendre la nouvelle et pour preuve, s’il se souciait déjà de savoir qui était le « responsable », c’est qu’il était déjà au courant. Autrement dit, pour résumer, je suis clairement dans la merde, mais qu’on se le dise, je n’ai pas encore totalement sombré. C’est beau l’espoir n’est-ce pas ?

Le pire ? C’est que je pense que Ryû ne se rend pas compte que Dakota vient de le démonter à l’instant. Bon sang, je pense qu’il est encore plus éméché que je ne le pensais et, comble de l’histoire, le blond ne semble pas décidé à le laisser filer gentiment comme si de rien n’était. Merveilleux. Et lui non plus ne veut pas partir et se range du côté de son bourreau. Sans rire, il est sourd et aveugle en plus d’être saoul ? Il n’a pas compris ne serait-ce que pendant une seconde que Dakota se paie royalement sa tête ? L’affaire s’annonce plus compliquée que prévue on dirait mais j’ai un faible pour les missions désespérées semblerait-il de toute manière. A vrai dire, ce serait sans doute pire de le laisser seul en tête à tête avec l’autre taré je suppose. Cela dit, les circonstances ne m’empêchent pas de faire tilt au moment où Dakota évoque un coup à boire que lui doit Ryû pour « l’autre jour ». Ce n’est donc pas la première fois que leurs chemins se croisent donc et j’en déduis que mon mauvais pressentiment s’avère être exact : c’est bien lui qui est à l’origine de la chute de l’enseignant qui lui a valu un bras cassé.

« C’est gentil de ta part mais non merci, crois-moi tu n’as pas envie de dépenser ton argent inutilement de la sorte, et surtout pour nous, je réponds vis-à-vis du pauvre professeur qui n’a plus toute sa tête, avant de reporter mon attention sur Dakota, classe dis donc. Je ne savais pas qu’on t’offrait des verres pour te remercier d’avoir eu un bras cassé. »

Ce n’est peut-être plus le moment adéquat mais ça m’a vraiment énervée quand j’ai appris que Ryû s’est retrouvé à devoir essayer de monter la tente comme un malheureux avec un seul bras à cause de lui, enfin je n’en étais pas sûre mais j’avais eu un pressentiment, qui au final se révèle exact. J’aimerais autant qu’il ne lui casse pas le deuxième bien qu’il n’ait apparemment plus de plâtre, ce serait préférable. Le fait est que Ryû s’entête visiblement à ne pas vouloir comprendre ses signes de détresse et préfère que Dakota lui tienne compagnie alors qu’il a sans doute une idée tordue en tête. Une idée que j’aimerais connaître pour y mettre très vite un terme.

« Ecoute, je sais pas ce que tu mijotes ni ce que tu veux Dakota, mais je crois que l’effet de surprise est passé là, je dis avec un grand geste des bras pour simuler une entrée théâtrale, qu’est-ce que tu veux ? Je suppose que ce n’est pas pour échanger des anecdotes sur moi entre mecs, non ?, j’ajoute sur un ton sarcastique. »

Non, je me doute qu’il a mieux à faire que ces petites distractions sans intérêt. J’ignore si les rumeurs de Royal Shit à son sujet – oui je les ai lues, aussi – s’avèrent fondées mais je préfère me préparer au pire.

quel point ce mec est-il con au juste ? Je peux dire à son expression qu’il ne comprend rien, il affiche ce genre de blanc phénoménal où on a alors l’impression d’avoir parlé dans le vide parce que notre interlocuteur est trop torché pour en comprendre le sens, mais je m’en fiche qu’il se torture l’esprit pour réussir à résoudre cette magnifique et si compliquée énigme qu’est le DP, vraiment, ça en ait limite alarmant, enfin si j’étais du genre à m’alarmer justement, ce qui est loin d’être le cas. Aah~ il pourrait avoir l’obligeance de ne pas être aussi lamentable, je risque de perdre mon plaisir à le prendre pour cible s’il ne réalise même pas qui je suis, ô tristesse. Mais bon, je suis sauvé -si on peut dire- par la présence d’une autre personne qui elle, sait très bien à qui elle a à faire, un sur deux, je devrais être content, non vraiment, c’est une soirée géniale qui s’annonce, j’en suis tout émoustillé... Quoi, vous y aviez cru ? Non sérieux les gens faut pas prendre tout au sérieux comme ça.

Laissez rentrer le brun était une idée peu motivante, je n'avais pas l’intention de le laisser filer en douce malgré les recommandations de Yun Hua, ce n’est pas comme si l’un de nous la trouvait réellement autoritaire, non, en effet. Donc j’impose sa place parmi nous, il me doit un verre pour son bras cassé, oui j’aime inverser les rôles, je blesse, mais on me doit un service, n’est-ce pas une bonne façon de procéder ? Ça donne envie de recommencer tient. Clean mon cul, pauvre gars, c’est lamentable quand même, ce mec n’est pas un père, c’est une épave, non vraiment je pourrais faire l’effort d’acheter un cercueil pour notre « baisse » commune, ou une place dans un couvent, ah merde... bébé en route, pas très recommandé, m’enfin.

« Il propose, on accepte. N’est-ce pas clair de cette façon ? » Non vraiment on s’en fiche royalement qu’il ait envie de dépenser son argent ou non, il est saoul le gars, il pourrait donner son compte en banque qu’il ne s’en souviendrait même pas ! -oh, bonne idée- Alors il peut bien gaspiller quelques billets, ça ne le tuera pas plus que de devenir père au final. « Maintenant, tu le sais. » Un petit sourire annonçant la fin de cet échange pris place sur mon visage, il n’y avait rien à rajouter.

Me dirigeant vers le bar en tirant le malheureux généreux boy qui offrait la tournée, j’écoute les mots de la jeune fille avec un sourire sadique et peu rassurant qui étire mes lèvres. La regardant en coin, je lui souffle naturellement. « Qui a dit que je mijoter un truc ? » Bien entendu lorsqu’on me connaît un minimum on sait que je n’agis jamais sans arrière-pensée ou pour des prunes, ce serait du temps perdu. « Je m’ennuie, divertis-moi un peu avec ton malheur, que je ris un coup. » Non sérieusement je n’ai pas le droit de boire un verre innocemment au bar avec des connaissances ? Non ? Ah oui, le mot « innocemment » ne sonne pas très correct quand on parle du diable. Tapant l’épaule de l’homme à mes côtés je resserre la poigne, avant de lui lancer. « Tu t’en est bien remis on dirait, tomber d’un arbre c’est dangereux... » Genre je ne me sens pas du tout coupable de son accident. Tournant la tête vers la brunette. « Pourquoi tu n’as pas avorté, il vaut mieux commettre des meurtres quand ils sont légaux, après ça devient compliqué tu sais~ »

ais pourquoi elle a pas envie d'obéir un peu pour une fois? Pourquoi cette meuf n'a pas un minimum de compassion, hein? Elle a fait partir notre bébé alors elle peut bien m'écouter un peu, non? ELLE ME DOIT BIEN ÇA! J'sais même pas pourquoi ça m'importe autant. C'est juste un putain de truc qui grandissait dans son bide et qui allait devenir un bébé avec mon ADN, non? Vous pensez que ça existe l'envie de paternité? Fin. J'sais pas pourquoi ça me prendrait avec une fille comme elle, c'était même pas prévu à la base! J'devrais arrêter de me prendre la tête pour une connerie pareille, putain, j'en ai marre...

Un soupir m'échappe alors que je réfléchis, ou du moins que j'essaie, et je fronce un peu les sourcils quand elle parle de bras cassé.  Mé 2 kwa L koz? J'ai un peu de mal à filtrer les données, là, tout de suite, mais je ne pense pas que Frostie soit à l'origine du dommage qu'à connu mon bras, si?

« Dakota, ça fait pas un peu fille comme prénom?  » (Tu cherches la merde, c'est ça, Ryû?) « Fin j'sais pas, j'trouve ça fun comme prénom. »

C'est clair que c'est la chose sur laquelle je devais buguer hein! Je ris un peu à cette bêtise et, quand j'entends le gars reprendre, je fronce les sourcils à nouveau.

« J'suis un héros, j'me remets de tout. » Dis-je en riant un peu avant d'entendre ce qu'il ajoute et qui m'amuse un peu, tant je ne réalise pas le critique de la situation. «  Non mais elle a avorté! Y a plus de bébé! Pouf! Disparu! » Et sur ces mots, je mime une petite explosion, visiblement très inspiré, avant de ricaner tristement. «  Elle écoute jamais rien de toute façon! Elle est jeune, c'est pour ça! Elle sait pas ce que ça fait d'avoir trente ans! »

Oui, et pourtant, avoir trente-et-un ans ne m'aide pas à être plus sérieux et à écouter les gens, pas vrai? Je cherche ma carte dans le fond de ma poche, mais je ne la trouve pas, ce qui me fait réaliser que j'ai du l'oublier dans mon sac, qui est perdu je ne sais où. Malheur. Tant pis, je vais partir à sa recherche!

« J'reviens, j'vais chercher ma carte, j'l'ai pu.  » Je tapote un peu sur l'épaule de Frostie pour l'encourager avant de reprendre. « Surveille-la! »

Et c'est ainsi que le grand Katsura Ryû partit à la découverte du monde, fonçant malencontreusement dans un type qui passait par là, heureusement trop petit et ivre pour réaliser ce qui lui arrivait, et qu'il parvint à atteindre l'endroit où il avait abandonné son sac. Je crois que j'ai jamais autant galéré à trouver une carte, putain! Mais je l'ai trouvée! Par contre, il va me falloir un petit moment pour retrouver mes camarades de soirée alors je crois que je ferais mieux de... genre... récupérer mes affaires et les garder avec moi, comme de toute façon mes potes sont plus là. D'ailleurs, j'ai fait tomber mon téléphone aussi. Putain. J'me demande si quelqu'un a pas profité de cette inattention pour mettre son numéro dedans. Omg, faut que je vérifie... Et que je supprime le numéro de Yun Hua aussi, j'sais même pas pourquoi je l'ai encore! Et que j'appelle Mi! Et... Et... Non en fait je vais plutôt essayer de retrouver les deux autres. Ils étaient au bar, c'est ça? C'est parti pour le parcours du combattant.  

l ne s’en rend peut-être pas compte, mais je fais vraiment de mon mieux pour aider Ryû à se tirer de ce mauvais pas. Vraiment, si je rejette sa proposition de nous offrir à boire, ce n’est pas que j’ai quelque chose contre lui, c’est simplement parce que s’il était sobre, cette idée ne lui serait jamais venue à l’esprit. A bien y réfléchir, je me demande lequel de nous il déteste le plus mais vu l’état dans lequel il se trouve, il n’est probablement pas capable d’y répondre, puisqu’il ne paraît toujours pas comprendre que c’est Dakota qui l’a fait tomber de ce fichu arbre. Maintenant, j’en ai la confirmation puisque ce dernier vient de me la donner sans broncher, comme si c’était tout à fait normal de faire tomber les gens et qu’ils finissent avec le bras cassé. Je ne sais pas dire lequel des deux est le plus à l’ouest, j’aurais mieux de ne pas sortir ce soir tiens. Même si en vérité je ne suis pas sûre que ça aurait été mieux, ce n’est pas pour rien si je n’ai pas encore pris mes jambes à mon cou, même si ma conscience me crie que ce serait la meilleure chose à faire en l’occurrence. C’est plus fort que moi, je m’inquiète à l’idée de laisser Ryû à la merci du blond, comme s’il allait le passer à la torture, alors que c’est complètement stupide comme idée.

Aussi suis-je bien obligée de le suivre quand il traîne le brun jusqu’au bar pour l’obliger à tenir sa parole. Honnêtement, il veut vraiment aller jusqu’à lui faire payer son verre ? Il me semblait pourtant qu’il n’avait pas besoin de cela, s’il peut se payer un menu dans un fast-food juste pour écouter ma vie ennuyante, il a bien de quoi se payer un verre. Ou alors est-ce exprès pour nous obliger à rester à proximité ? Je n’en sais franchement rien, mais je prépare au pire et vu ce qu’il m’annonce, cela ne présage rien de bon. Que je le divertisse avec mon malheur ? Ah oui, j’avais oublié qu’il aimait bien cela et c’est presque amusant quand je repense à sa plaisanterie de l’autre fois sur le fait que j’étais enceinte. A croire qu’il est omniscient celui-là. Enfin bref, on ne peut pas dire que son échange avec Ryû soit fructueux, vu que ce dernier s’est mis en tête qu’il était un héros et que donc tomber d’un arbre n’était pas grand-chose. Je lui rappelle dans quel état il était pour monter la tente ou bien ? Il n’empêche que je me félicite de lui avoir fait croire que j’ai avorté puisque c’est avec une spontanéité légendaire qu’il annonce la nouvelle à Dakota. Ce serait presque du génie s’il ne pensait pas vraiment que c’est la vérité.

En revanche, je fronce les sourcils suite à son intervention sur le fait que je n’écoute personne parce que je suis trop jeune, tout ça, tout ça. Et en plus il nous fait une crise d’adolescence à retardement, ça promet, ce qui ne m’empêche pas de noter que je sais – enfin – son âge maintenant. Ben oui c’est important tout de même ! Non ? Bref. Je fronce les sourcils en le regardant chercher quelque chose frénétiquement et je ne peux réprimer un soupir ni même m’empêcher de lever les yeux au ciel quand je l’entends dire qu’il ne l’a pas, et donc qu’il l’a sûrement égarée. S’il peut ne pas revenir, reprendre ses esprits et prendre le premier taxi pour rentrer chez lui, ce serait juste parfait ! Bref, maintenant, il ne reste plus que moi et Dakota, au moins, je suis certaine que Ryû ne va pas balancer des bêtises pendant quelques minutes, c’est toujours ça de gagné. Et soyons optimistes, peut-être que j’arriverai à décourager Dakota et à le faire partir avant qu’il ne revienne ?

« Et voilà ! Il n’y a plus de malheur, tu es arrivé un peu tard si tu voulais te distraire avec cela, je reprends avec un sourire qui se veut assuré, comme tu l’as dit, il n’y aucune raison pour laquelle je n’aurais avorté, donc ça en reste là. »

Incroyable comment je viens abonnée aux mensonges en ce moment, mais c’est pour la bonne cause. Je ne vais pas rendre les armes et avouer la vérité au blond, alors qu’il n’attend que ça. Il n’y a pas de raison pour que lui soit au courant et non Ryû. J’ose espérer que ça lui suffira et qu’il n’ira pas chercher plus loin, il doit certainement avoir des affaires plus intéressantes. Enfin ce serait bien dirons-nous.

« Satisfait ? Ou tu as peut-être autre chose en réserve ?, je demande d’un ton narquois, à moins qu’en fait tu ne puisses réellement plus te passer de moi en fait. »

La provocation suffira-t-elle à le pousser à agir autrement et à partir ? Rien n’est moins sûr mais je fais de mon mieux pour qu’il pense que je n’ai plus rien à cacher et que la grossesse est de l’histoire ancienne. Mais quelque chose me dit qu’il lui faudra plus que des belles paroles et les affirmations d’un professeur complètement ivre pour le convaincre. Professeur que je suis du regard tant qu'il est parti pour être certaine qu'il ne se perde pas en route.

« Tu trouves ? » Lançais-je le sourire mauvais, il en tient de belle des conneries, mais ça ne m’apportera rien à faire joujou avec cet abruti. Enfin je ne suis pas assez con pour entrer dans ce genre de provocation, surtout quand le gars en question je se souviens déjà plus de la bêtise qu’il vient de dire. Après tout même en lui jetant des indices à la figure monsieur n’arrive pas à calquer mon visage sur l’homme qui lui a imposé le repos de son bras, non... lui il préfère dire qu’il est un héros, je le fixe partagé entre l’idée de lui mettre un point dans la gueule pour l’assommer et celui de simplement l’ignorer, le choix est difficile. Mais il m’apprend que le bébé s’est volatilisé comme par magie PAF, je souris, un sourire qui en dit long sur mes pensées, jetant un regard en coin à Yun Hua. tout en tapotant à nouveau l’époque du brun. « Toutes mes félicitations, vraiment. » Ironisais-je à ma façon. Il aime se plaindre d’elle en tout cas entre la tepu qui tombe enceinte et le reste, c’est à se demander l’espace d’une seconde comment ils ont fait un putain de bébé ses morveux. Oui je me sens supérieur, en même temps le niveau est bas par-ici. Je ne dis rien en laissant le professeur partir à la recherche de sa carde, me retrouvant en tête à tâte avec la jeune fille, buvant une gorgée de mon verre sans faire attention à sa présence, attrapant une clope que je mets à la bouche sans l’allumer.

Chacun de ses mots me donne envie de rire, elle m’a pris pour le premier abruti de passage, crédule et compatissant ? Elle aurait simplement dû la fermer la pauvre... Je la regarde en pouffant devant ses mots exagérés, elle pense que je suis un idiot ? « Tu sais, tu devrais pas jouer avec moi. » Je me tourne lentement pour lui faire face en chuchotant. « Je ne pense pas qu’une jeune femme comme toi commanderait un simple jus de fruit sans une bonne raison, hum ? » Je prends un ton accusateur, elle devrait comprendre que je suis observateur, tout comme... « De plus, tu penses que cette tenue peut effacer sa présence ? » m’étant levé entre-temps pour me positionner derrière elle en entourant mes bras sur son ventre, chuchotant a son oreille. « Pauvre fille, je comprends que tu veuilles lui faire croire ce terrible mensonge, avec un homme comme lui, tu vas gâcher ta vie et celle de ce truc-là... je compatis. » Je souris et m’éloigne en attrapant mon verre, debout à ses côtés. « À ce qui parait la cigarette n’est pas bon pour une femme enceinte. » Allumant ma clope en soufflant la fumée sur elle. « Tu permets ? » Je suis un salaud, mais ce n’est pas nouveau, je lui ai demandé de me divertir alors je me divertis, elle doit juste avoir trop l’habitude de fréquenter des abrutis qu’elle a oublié qu’il y en avait qui ne se laisseront pas berner par ses faux aveux, haha, tristesse.

« N’empêche que ton copain est crédule, alcoolo, faible, idiot et complètement a l’ouest. » Dis-je en le voyant revenir mon tabouret tourné face à la foule et mes coudes sur le bar. « Tu veux que je t’en débarrasse pour de bon ? » Lançais-je sans une once d’hésitation, sérieux ou non, à elle de voir, mais je la regarde en attendant une réaction, prenant une nouvelle latte de ma cigarette en lançant la fumée en l’air, me fichant bien que ce soit interdit ou non, je ne suis pas du genre domptable quand je commence à jouer.

a surveiller... Oui, j'aurais certainement pu trouver mieux comme idée que demander à ce gars de surveiller Yun Hua pendant que j'allais chercher ma carte bancaire égarée. Franchement, j'ai fumé quoi ce soir ? Rien du tout, juste des clopes. Et j'ai juste bu de l'alcool aussi, beaucoup trop pour tenir debout correctement et me débrouiller comme je le voudrais. Bordel. D'un autre côté, c'est pas comme si je pouvais tout claquer maintenant, hm ? J'ai l'impression d'être un imbécile totalement perdu dans ce qu'il fait et dans ce qu'il raconte, et pourtant je n'arrive pas à faire mieux que ça ! J'agis au hasard et je vois les conséquences, voilà tout. Parce qu'au moment où j'essaie de prévoir, il m'arrive une merde et tout est foutu ! Vous vous rappelez pas ? Pourtant j'vous ai déjà raconté tout!a ! Avec Hikari !

En parlant d'elle, si je l'avais pas revue je serais pas dans la merde maintenant, et vous imaginez à quel point ma vie serait plus belle si je l'avais pas fait. J'aurais continué à donner cours normalement, j'aurais appris à Yun Hua à utiliser ce foutu programme et on n'aurait jamais couché ensemble, voilà ! Putain de merde, tout est parti d'une foutue sortie que j'aurais pas du faire, c'est quand même pas difficile à comprendre, si ? Je crois que le monde n'est pas prêt à ouvrir les yeux sur la catastrophe ambulante que je suis devenu depuis notre séparation. J'ai fait trop de conneries et, visiblement, c'est pas prêt de s'arrêter. Peut-être si on s'expliquait, un jour ? J'en doute tellement. Je crois que, de toute façon, rien ne pourrait aller mieux, vu le stade auquel c'est arrivé.

Difficilement, j'ai fini par retrouver ce foutu sac, et donc ma carte. J'ai l'impression que c'était le parcours du combattant et, à vrai dire, je pense pas que ce soit juste une impression. Je titube pas mal et je pense que j'ai eu l'occasion d'assimiler tout l'alcool que j'ai bu depuis que je suis sorti de chez moi à l'heure qu'il est, alors bon. C'est quand même la poisse d'être tombée sur Yun Hua ic, putain. Genre pour bien me décrédibiliser une fois de plus, vous savez, comme si c'était pas assez avec toutes les conneries que je fais d'habitude parce que je n'ai absolument rien sous contrôle dans mon existence de merde. Heureusement que Frostie a l'air sympa, même s'il est un peu bizarre et qu'il a un prénom de fille, parce que sinon j'me sentirais terriblement seul. Comme l'âne dans Shrek, voilà. C'est la meilleure comparaison que je puisse trouver sur l'instant, me jugez pas, on a tous des références en béton. Hein.

Un très profond soupir traverse mes lèvres alors que je reprends le chemin du bar, difficilement. Très difficilement même. Je me demande si j'aurais pas plus de chance à m'accrocher à ce type qui passe et qui vient de me demander si j'avais un problème. ÉVIDEMMENT QUE J'AI UN PROBLÈME, J'AI PERDU MON CHEMIN. Encore un peu et je vais me prendre pour un touriste et parler anglais, dans l'espoir que quelqu'un m'aide.  Je continue cependant à marcher et, après une éternité à mes yeux, je finis par aboutir au bar, fier comme un enfant qui vient de réaliser son premier dessin trop moche, et je m'adresse à eux avec le sourire de la victoire.

« Ryû Katsura, pour vous servir ! J'ai l'impression d'avoir traversé le Pacifique tellement les gens d'ici sont bourrés, putain. »

Parce que, que ce soit bien clair, c'est absolument pas mon cas ! Plus clean tu meurs, franchement. C'est d'ailleurs pour ça que je commande à boire, toujours aussi heureux. À croire que j'ai oublié la raison pour laquelle j'étais parti, à savoir payer un verre pour tout le monde. Mais c'est pas bien grave, hein, c'est pas comme si ça intéressait quelqu'un de toute façon. D'ailleurs, je lève les yeux vers Yun Hua qui est toujours présente. Surtout, se taire...

« C'est bien, au moins comme ça tu peux sortir à nouveau et faire toutes les conneries que tu veux. »

Autant le dire tout de suite, les choses ne se passeraient pas de la même manière si j'étais sobre. Dans un sens, c'est vraiment idiot, mais elle ne m'a pas expliqué pourquoi elle a soudainement décidé d'avorter alors qu'elle voulait le faire adopter avant. Franchement, j'suis pas devin et je sais qu'elle en a rien à foutre que je sois au courant, alors j'imagine que ça doit être une raison comme ça, non ? En tout cas, l'alcool ne m'aide pas à gérer mieux. Elle voulait juste faire la fête, et c'était toujours moins facile de se faire tringler en étant enceinte. Voilà tout.  D'ailleurs, comme j'ai pas vraiment réalisé ce que j'ai dit, je souris, presque content pour elle, et je porte le verre qu'on vient de me servir à mes lèvres.

’aurais dû m’en tenir à ma première intuition, à savoir aussi vite que possible, voilà ce que m’inspire le regard en coin que me décoche Dakota aux dires de Ryû. J’ai beau réaffirmer moi-même qu’il n’y a plus de raison de « s’inquiéter » pour moi ou bien de vouloir exploiter cette faiblesse, je n’en suis moi-même que peu convaincue. Ce serait trop beau que ce petit manège prenne fin de suite, simplement parce que le brun s’est montré extrêmement convaincant. N’oublions pas qu’il est ivre et donc, pas une source fiable pour un sou et ça, je me doute que Dakota le comprend aisément et rapidement. D’ailleurs je n’aurais peut-être pas dû le provoquer de la sorte alors que je suis seule face à lui et qu’il n’y a personne aux alentours pour me fournir un semblant d’aide. Et pourtant j’en ai bien besoin, je m’en rends compte au moment même où il reprend la parole. Non je n’aurais pas dû jouer avec le feu, c’est certain, et je sens que je vais le payer cher. Je hausse un sourcil alors qu’il mentionne le jus de fruit que j’ai pris un peu plus tôt. Depuis combien de temps m’observe-t-il au juste ? M’a-t-il vue arriver et a-t-il attendu le moment opportun avant de venir vers moi ? Je serais presque reconnaissance envers Ryû d’avoir stoppé sa course s’il n’avait, en fait, pas aggravé la situation par sa seule présence.

La suite me glace d’autant plus le sang. Le simple contact de Dakota sur mon ventre me fait horreur mais je suis bien trop tétanisée par ses paroles pour faire quoi que ce soit, et je ne vois pas vraiment faire un scandale en plein milieu du bar non plus. Non, la seule chose que je pense à faire c’est tourner la tête en espérant voir Ryû dans les environs, me dire qu’il va arriver et calmer le jeu sans plus tarder. Mais non, rien, juste une foule de visages inconnus qui ne résout en rien mon problème actuel. Heureusement, cela ne s’éternise pas et il s’éloigne assez vite, ce qui ne m’empêche pas de le fusiller du regard. Il n’a pas à dire des choses pareilles, qui est-il au juste pour juger ce qu’il ignore. S’il y a une chose dont je suis sûre, ce que je n’ai fait pas ces cachotteries parce que j’ai honte de Ryû, c’est plus un service que je pense lui rendre en fait. Mais ça, il ne peut certainement pas le comprendre et je ne vois pas pourquoi je perdrais mon temps à le lui expliquer.

« Au moins, il part déjà avec un avantage : ce n’est pas tombé sur toi, là sa vie aurait été gâchée d’avance et j’aurais avorté sans hésiter, je crache avec un ton et des yeux haineux. »

Il est évident que la question ne se serait même pas posée si jamais Dakota avait été le père biologique, je n’ai pas le moindre doute là-dessus. Je tiens tout de même à ce que l’espèce humaine perdue après tout. Bref. Je reste de marbre alors qu’il s’amuse à fumer pour me déranger. S’il croit pouvoir m’énerver avec ça, il se met le doigt dans l’œil. Son souffle de fumée ne me fait rien, après tout, cela fait plusieurs années que je fume moi-même, ce n’est pas comme si j’allais me mettre à tousser frénétiquement parce que ça fait plusieurs semaines que j’ai arrêté. Et ce n’est pas ça non plus qui va mettre en danger la santé de l’enfant, si chaque bébé avait dû être profondément affecté dès que sa mère a eu le malheur de croiser un fumeur, on serait mal. Je me contente donc de lui décocher un sourire sarcastique, que je peine néanmoins à conserver alors qu’il reporte le centre de la conversation sur Ryû. Ok sur ce point, il n’a pas totalement tort, je dois bien l’admettre, mais je ne vois pas où il veut en venir quand il dit vouloir m’en débarrasser. Une chose est sûre : ça ne présage rien de bon.

« Je ne sais pas ce que tu as à l’esprit, mais crois-moi, enceint ou pas, si tu lui fais quoi que ce soit, je te fais une clef de bras dans la seconde qui suit, c’est clair ?, je chuchote avec agressivité, voyant enfin Ryû revenir vers nous. »

J’ai beau être menue comme tout, j’ai des restes de mes cours d’arts martiaux et je n’hésiterai pas à m’en servir si ça peut dissuader de s’en prendre à Ryû physiquement. Bon je ne garantis pas que ce soit vraiment efficace mais c’est toujours ça de fait. Par contre, je ne sais pas si ça vaut la peine que je me donne tant de mal, puisque le brun revient à la charge de plus belle avec ses bêtises. Génial. Et je suis supposée répondre quoi au juste à ça ? Je gonfle les joues, ne pouvant cacher mon exaspération face à la situation. Quelqu’un aurait-il une corde dans l’assemblée ?

« On peut dire ça comme ça. Dans une moindre mesure. Disons que je me passe un peu de l’alcool quand j’ai vu où ça pouvait m’entraîner, j’explique en les désignant du doigt tour à tour. »

Et oui, si je ne m’amusais pas à boire, je ne me retrouverais pas dans cette situation délicate. Je devrais penser à faire un témoignage aux alcooliques anonymes, je suis sûre que pour beaucoup, ça leur passerait l’envie de boire à coup sûr. Bref, sur ce, je ne me gêne pas pour commander un diabolo à la cerise cette fois, rien de tel que ma boisson préférée pour me mettre un peu de baume au cœur. On y croit.

« Tu n’aurais pas eu besoin d’avorter, je l’aurai tué avant, enfin je doute que tu m’aurais mis au courant~ » OMG. Imaginé un peu un bébé démon, il va juste bouffer sa mère de l’intérieur et sortir avec des cornes et un sourire sadique digne de son père voilà, ça c’est un bon fiston ! Non, délire à part je ne risque pas de faire un jour cette connerie, il y a des gens qui savent gérer et d’autres pas, c’est là toute la différence entre un bon baiseur et les autres. Après si elle veut cacher le fait qu’un truc grandit en elle au papa c’est son choix, moi je dis elle lui sauve la vie en faisant ça, du moins vu la gueule qu’il a, je suis sûr qu’il est maso ce type, donc... à voir, il a surement dû verser sa larmichette entre temps. Puis sérieux, c’est quoi ce mec, il est désespérant, le genre de type que j’utilise et jette le jour même tellement il m’est d’aucune utilité, vous voyez le genre ? Enfin si elle veut, je lui en débarrasse volontiers, je ne suis pas un meurtrier, mais il y a d'autres manière que je connais tout aussi efficaces. Je pouffe devant sa menace, elle pense pouvoir me faire quelque chose ? Yun Hua est comme tout le monde au final, elle me sous-estime. Parfois je me dis qu’elle devrait se méfier au lieu de me rentrer dedans, pourquoi les filles sont elles toutes aussi stupides, sérieusement, heureusement que je tombe pas amoureux sinon je signerai ma mort avec ses vipères inutiles.

« Je dois te répondre ? » Je souris un peu plus avec cet air assuré et ironique sur le visage, mais bon l’autre abruti de service revient après son voyage dans le Pacifique, putain il n'aurait pas pu se noyer ou se faire bouffer par un requin ? Non, bien sûr, il fallait qu’il ramène sa face au bar.

« L’innocence est un art qu’on ne maitrise pas tous malheureusement~ » Non parce que son coup du « c’est les autres qui sont saouls, pas moi » il a dû manger trop de quiche dans sa vie. Pourquoi des quiches ? Mais bordel, faite marché votre cerveau un peu... Et là je pourrais certainement prendre un micro et commenter le magnifique échange de monsieur et futurement madame Katsura. Rip Yun Hua. Je crois que les mouettes volent pas haut là, faut grimper le niveau, je m’ennuie.

Ils ne peuvent pas mettre un peu de piment dans leur conversation ? L’harissa, le wasabi ? Ils ne connaissent pas ? Non, eux ils mangent des escargots, ou des Merles, ça piaille pour pas grand-chose. Je soupire en attrapant mon verre tournant sur ma chaise. Ah, oui, elle m’a aussi désigné dans son petit speech, mesquine. « Malheur, t’inquiète pas j’ai connu meilleur trou que le tien moi aussi~ diable, je t’ai pas foutu enceinte. » Tapotant l’épaule du brun. « Pas vrai, papa Ryu ? » Je me moque, mais vu son état il comprendra même pas mon clin d’œil a ce morveux ou cette morveuse grandissant comme une fleur empoisonnée dans le ventre de notre amie commun. Bon et sinon ? On se fait chier un peu non ?

t moi, fier Ryû Katsura, j'ai réussi à devenir le héros de cette soirée en revenant sain et sauf avec mon argent. Franchement, je mériterais une médaille étincelante pour un tel accomplissement! Ou un trophée, comme sur la playstation! J'vous jure, parfois je me demande pourquoi on n'obtient pas la moindre reconnaissance lorsqu'on parvient à faire des miracles pareils, à croire que les gens sont pas foutus d'ouvrir les yeux pour contempler la grandeur de ceux qui les entourent. Je souris un peu à cette pensée, surtout quand j'entends Yun Hua répondre. Franchement, elle pourrait être plus gentille avec moi! J'lui ai grâcieusement fait don de mon corps pour un soir et maintenant elle fait comme si j'étais une erreur. J'dois lui rappeler qu'elle avait pas l'air mécontente ce jour-là? Vraiment. J'vous jure. Ça me rendrait presque triste.

Du coup, j'me tais simplement et j'prends une nouvelle gorgée de mon verre. J'crois qu'elle abuse, vraiment. Elle l'fait exprès. C'est sûr. Par contre, avant que j'répondre quoi que ce soit, j'entends Frostie reprendre la parole en fronçant un peu les sourcils. Quoi? Lui aussi il l'a fourrée ? Bordel, putain. Putain bordel? C'est quand même fou comment l'monde est p'tit! Puis s'il pouvait arrêter d'm'appeler comme ça ça s'rait nickel!

« Papa-Ryû c'pas moi! » Dis-je en réfléchissant. « Y'aura pas d'papa Ryû ! »

Non, y'a le papa pingouin, le papa rome (ou le pape à Rome?), mais pas de papa Ryû! C'est fini tout ça, pfiou, envolé! Dans le fond, c'est ce que j'ai voulu, mais maintenant j'me dis que c'est p't'être pas l'mieux qui m'soit arrivé, à vrai dire. J'sais pas, elle aurait du m'le dire ou j'sais pas, avoir un peu d'compassion pour moi. J'vis plus, j'vous jure. J'porte encore la boisson à mes lèvres pour en prendre une gorgée avant d'adresser un regard à Frostie en souriant un peu.

« Allez Frostie, j't'aime bien. Mais si tu me donnes encore un surnom d'merde comme Papa Ryû, j'vais d'voir t'casser la gueule. »

Magnifique, vraiment. Vous y croyez ,vous? J'viens pas du tout d'menacer l'mec qui m'a déjà cassé l'bras l'autre jour! Absolument pas m'sieurs dames! J'crois qu'en fait niveau alcool j'suis allé trop loin. J'suis allé trop loin d'toute façon. Mais j'y peux rien si c'con m'appelle papa Ryû alors que c'plus vrai. J'serai jamais papa! Jamais! Tout ça c'la faute d'Hikari d'abord. Parce que c'qu'une connasse et qu'elle m'aimait pas. V'là!

J'repose mon verre, prêt à tout. J'crois que d'un coup y repenser m'a un peu énervé. Ou alors c'est l'alcool? Putain ça d'vient dur de penser là, mais j'crois que j'peux y arriver. J'lève les yeux vers Yun Hua en souriant un peu à la d'moiselle, réfléchissant un moment. J'vais dire un truc. Puis non en fait, j'pousse juste un profond soupir avant d'vider mon verre cul sec.

« Alley. Faut qu'on s'bouge. J'me fais chier. On va ailleurs? Please! »

Oui, enfin, si j'arrive à bouger jusqu'à la sortie, parc'que j'ai comme un doute là. J'suis sur un bateau. Ou quelqu'chose qui r'ssemble à un bateau.

e lève les yeux au ciel, c’est tellement prévisible que j’aurais dû le voir venir, ça ne me choque même pas, et pourtant, il n’y a rien de normal en principe à tuer son enfant alors qu’il n’est pas encore venu au monde. Et pourtant, en l’entendant de la bouche de Dakota, ça ne me fait ni chaud ni froid, sans doute parce que la situation serait déjà irréaliste en soi, parce que je doute sincèrement qu’il soit un jour mis au courant si une fille tombait enceinte de lui. Déjà, si elle n’avortait pas immédiatement – ce que je considérerais comme de la folie irréfléchie pour le coup – elle aurait tout intérêt à se terrer à l’autre bout du monde sans laisser de trace. Mais bon, en l’occurrence, dans l’histoire c’est moi la fille enceinte mais dans mon malheur, j’ai au moins la satisfaction de me dire que ça aurait pu être pire. C’est toujours bon à prendre quand on a peu de choses pour se consoler, parce que mon assurance en prend aussi un sacré coup quand le blond s’esclaffe à l’entente de mon semblant de menace. Certes, je suis plus ou moins consciente que même un bébé poney aurait du mal à me prendre au sérieux en ce moment, mais il pourrait se contenir un minimum. Et non, j’aime autant qu’il ne me réponde pas au passage, j’ai ma dose de vannes salées pour un moment je pense.

Moi qui espérais que la conversation devienne monotone à souhait une fois Ryû revenu pour qu’on reparte très vite chacun de notre côté sans trop faire d’histoire – ou ne plus en faire tout du moins – je suis prise de court par la réflexion de Dakota. C’est que je me serais presque étouffée avec mon diabolo à cause de cet abruti. Il se croit malin ? Et il est fier en plus je parie. Je gonfle les joues, un peu piquée à vif par sa réplique, il a beau ne pas s’exprimer dans les règles de l’art, je crois qu’il y a un minimum. Enfin, au point où on en est vous me direz, je ne devrais plus me formaliser pour si peu.

« Charmant, je commente simplement avec un brin d’ironie, en reportant le verre à mes lèvres. »

Quant à la mention judicieuse du « Papa Ryû », je laisse le concerné s’exprimer sur la question. Je me réjouirai presque qu’il soit ivre puisque son cerveau ne songe même pas un instant à mettre en activité la fonction « doute ». Je ne sais pas si c’est parce que j’ai été la meilleure actrice du monde quand je lui ai menti à ce propos ou parce qu’il n’imagine pas un instant la catastrophe qui lui pend au nez, mais c’est peut-être préférable. Je le trouverais presque drôle à démentir la chose avec tant de fermeté si je n’avais pas la désagréable sensation que la situation pouvait déraper à tout instant. Et je ne crois pas si bien dire. Quel idiot, quel abruti, mais que quelqu’un l’enferme, bon sang. Je veux bien croire qu’il ne puisse pas se souvenir que c’est à cause de Dakota qu’il s’est cassé le bras mais il pourrait faire un effort tout de même, provoquer le premier mec dans le bar n’est pas la chose la plus intelligente à faire. Encore moins quand on a une consciente à moitié fonctionnelle. Je ne sais pas du tout comment il va réagir mais je n’ai pas non plus envie de le découvrir, je ne serais pas étonnée qu’il exauce les prières de Ryû avec grand plaisir. Aussi essai-je de songer à une solution stratégique pendant qu’il continue de déblatérer des idioties.

A vrai dire, je n’ai même pas besoin de trouver l’idée par moi-même. Au moment même où mon cerveau s’échauffe pour que le bébé n’apprenne pas dans dix-huit que son père biologique est décédé pour avoir provoqué le plus grand psychopathe que la Terre ait jamais porté, une sensation bizarre me prend au ventre. Un peu comme des papillonnements soudains. Oh zut. On m’a prévenue que ça risquait d’arriver d’ici peu de temps mais pourquoi faut-il que ça arrive précisément à ce moment ? Ce que c’est ? Il semble bien que ce soit le bébé qui se mis à bouger sans prévenir, à croire qu’il essaie de m’envoyer un signal. Bref. La conséquence importante est que ça m’a prise par surprise, que j’ai fait un geste brutal de la main et que ce même geste a eu pour effet de renverser mon verre tout droit sur la veste de Dakota. Oh mon dieu. Je l’aurais planifié que je n’aurais pu mieux réussir mon coup.

« Oh je suis désolée !, je m’excuse sans grande conviction toutefois, j’ai eu un moment d’absence, tu ne m’en veut pas trop, j’espère ? Je pense qu’un peu de rouge te va mieux de toute façon, lui fais-je remarquer avec un sourire ravi. »

Je ne suis pas certaine que ça le mette de bonne humeur mais je souhaite simplement avoir détourné son attention de l’intimidation pathétique de Ryû. Après tout, il n’osera pas frapper une femme enceinte, non ?

Pourquoi les gens sont-ils aussi blasant, se rendent ils comptent à quel point ils sont ennuyants ? Mensonge, ivresse, menace, peu importe ce qu’ils peuvent dire ça sonne toujours aussi faux, je comprends pas pourquoi les humains sont obligés de faire des choses aussi lamentables, enfin j’en oublie que je suis moi-même un membre de cette espèce, sauf que je suis né avec le maximum de lucidité, contrairement à ces abrutis. Et le Ryu qui comprend que dalle a mes tentatives pour lui faire comprendre que c’est un idiot, un con pour croire les dire de Yun Hua, il ne lui est pas venu à l’idée par hasard de vérifier ? Confirmer que la « chose » avait bien fait « pouf » ? Non, c’est tellement plus facile d’enfiler les verres et d’y voir une excuse pour se saouler la gueule, vraiment, c’est génial, je m’éclate avec eux, sérieux.

Le regard que je lance au brun quand il me menace à son tour et plus qu’explicite, l’un comme l’autre ne valent pas un clou et se permette à tour de rôle de me parler comme si j’étais leur pote, autant dire que je commence à perdre patience à force, bourré ou non je vais vraiment lui casser le bras et pas seulement, j’ai bien envie de l’écraser discrètement au sol l’air de rien, bah oui... malheureusement je dois me faire discret, sinon ma couverture risque de partir en fumer et je n'ai pas vraiment envie de montrer que je n’ai aucune pitié a ceux qui m’emploient pour mon métier de danseur, donc, je réfléchis à un moyen de lui casser la gueule sans attirer les regards. Grinçant des dents, je me prends un liquide sur ma veste et au ralenti je pose mon regard sur la jeune fille qui s’excuse sans une once de sincérité, ok.

Quand Ryu parle les mots qui viennent sont : « Toi ta gueule. » En mettant ma main entre lui et moi pour appuyer mes dire surtout qu’il se taise une seconde, alors que j’affiche un sourire peu rassurant a la brunette.

« Tu veux jouer à ça. » Soufflais alors que je m’appuie sur le bar pour passer de l’autre côté dans une roulade contrôlé, sans m’occuper du fait que ce soit interdit ou non, ma cigarette a la bouche j’attrape une bouteille d’alcool et une bouteille de sirop, l’un versé sur la tête de la brune, l’autre du brun, l’alcool dans les cheveux de Ryu, je me penche vers lui en espérant que ça l’a réveillé un peu, en chuchotant. « Tu sais que ça va faire si je pose ma cigarette sur une de tes mèches ?» Le regard brillant de malice et un sourire tout aussi sadique. Vont-ils comprendre leurs malheurs où je dois aller plus loin encore en le défigurant ? Jetant un regard mauvais à Yun hua recouverte de menthe. « J’espère que tu aimes coller, ça te sied si bien à la peau~ » Vengeance.

Un des serveurs se ramène en gueulant et je ris en descendant du bar pour me diriger vers la sortie incognito, s’ils ne veulent pas d’emmerde je pense qu’ils feraient mieux de déguerpir aussi, mais ça fait du bien de se lâcher, avec modération certes, mais j’en avais bien besoin, enfin quelque chose de marrant dans cette soirée ennuyante.

D'voir lui casser la gueule. Bien sûr. Parfois j'manque de logique quand même. D'un aut' côté c'est peut-être parce que j'ai trop bu et que j'en ai marre de toutes ces conneries. J'suis pas fait pour être un survivor , même si j'essaie, j'vous jure ! Parfois les gens m'prennent pour un con et j'suis baisé, voilà ! Voilà ! Comme ce soir. C'parce que j'ai trop bu que j'menace un con. J'crois que j'suis prêt là, plus que prêt même ! Sauf que Yun Hua a pas l'air du même avis ; allez, j'peux pas m'battre contr'lui s'il est plein d'sucre ! Franchement ! J'suis sûr qu'elle l'a fait exprès ! Elle veut juste m'faire chier, voilà. C'est tout, elle veut m'péter mon délire.

Sauf que Frostie a l'air pire à ce niveau, parc'qu'il vient d'me dire « ta gueule »... J'ai une gueule d'chien, putain ? Y veut que j'lui montre c'que j'lui fait ce fdp ? On m'dit pas taggle ! Enplusj'pensaisqu'ilm'aimaitbiencecon. J'soupire un coup avant de me redresser et d'voir cet imbécile passer derrière le bar. Pliz ? Yfékwaenkor ? J'réagis un peu trop tard, quand j'sens le liquide froid s'déverser sur mes cheveux. Et ça pique les yeux en plus, c'te merde. Sans bouger, je pose mon regard sur lui quelques instants. Vraiment ? Genre, vraiment ? ... VRAIMENT ?

«  Putain, l'con.  » J'passe une main dans mes cheveux pour les ramener loin d'mes yeux, puis j'cherche du regard c'qui r'ssemble à des serviettes, meilleure idée du monde, et j'en tends à Yun Hua. «  Tiens, moi j'reviens, j'm'en vais t'le l'castrer moi. »

Et y perd rien pour attendre c't'enculé ! Franchement. FRANCHEMENT. Sans attendre j'quitte les lieux et j'rattrape cet imbécile par le col pour lui faire face.

«  C'quoi ton putain d'problème ? T'veux vraiment qu'j'te casse la gueule ? »

Pour lui casser la gueule, il faudrait sans doute que j'aie un peu plus de force. Malheureusement, du haut de mon mètre septante (j'vous aime 8D #fuit), j'risque pas d'arriver à grand chose, là, tout de suite. En plus mon bras est encore un peu faible et j'ai facilement mal... Mais j'crois que j'm'en fous là ; on s'en prend pas à moi comme ça, on me menace pas... Et on touche pas à Yun Hua non plus ! D'ailleurs, j'sais pas c'qu'elle devient là. J'm'en fous, c'pas important, ce con doit payer avant tout. J'vais pas me laisser faire.

Après quelques secondes, j'finis par lâcher son col pour lui asséner un violent coup de poing au visage. Me battre n'est clairement pas l'mieux à faire vu mon état actuel, mais il l'mérite tellement c'taré ! Ça m'rend fou. Totalement fou. Et j'crois que c'est pas prêt d'être fini, malheureusement.

ertes, j'aurais dû savoir à la seconde même où j'ai involontairement renversé mon verre sur Dakota par mégarde qu'il fallait m'attendre au pire. Sans doute car même s'il s'agissait effectivement d'un geste maladroit et indésiré, je n'en paraissais pas désolée pour un sou. En même temps, vu qu'il s'amusait à se rire de moi et Ryû depuis le début de la soirée, il me semblait que c'était de bonne guerre en fin de compte, et qu'il ne l'avait pas volé. Et aussi qu'une veste tâchée, ça se nettoie, ce ne sont pas là des dégâts irréversibles, une recherche sur Internet et il trouvera une recette de grand-mère pour remédier à cela si jamais ça ne partait pas au nettoyage. Pas de quoi en faire un drame à priori, si ce n'est à la limite que j'avais ainsi gâché mon verre de boisson favorite et autant dire que ça m'attristait un peu. J'aurais au moins souhaité en avoir bu la moitié avant que le reste n'aille se déverser misérablement sur le vêtement du blond. Je suppose que dans la vie il faut savoir faire des sacrifices et que cela en fait partie. Autant dire que j'espère que mon geste en vaut la peine.

Malheureusement, c'est loin d'être le cas, à peine ai-je le temps de hausser un sourcil en voyant Dakota jouer les ninjas sur le bar qu'il se saisit d'une bouteille dans chaque main et je comprends trop tard ce qu'il voulait dire par « Tu veux jouer à ça ». En fait, j'ai juste le temps de me faire une idée que la bouteille de sirop de menthe est déjà versée sur mes pauvres cheveux. Ouch. Dois-je m'étendre sur le fait que c'est hyper désagréable comme sensation ? Non, à la place je vais énumérer les bons points, car oui, même au plus bas de mon moral je réussis à me réjouir un peu pour deux choses. De un, je n'en ai pas sur le visage, c'est déjà ça de bien, ce sont les cheveux qui ont tout pris. De deux, heureusement que je ne suis plus blonde, ma tignasse aurait viré à un sale vert dégueulasse et j'aurais pu me terrer pendant des jours avant de repasser chez le coiffeur. Un peu de chance dans ma condition misérable dira-t-on. Ce qui ne m'empêche pas d'être terriblement énervée pour autant et je vous jure, si mes yeux étaient des mitraillettes, Dakota serait décédé au moment même où il accompagne sa bonne farce d'une boutade qui ne me fait pas rire du tout. En plus, je déteste la menthe. Putain. Je saisis avec rage la serviette que Ryû me tend, sans même un merci, je suis trop sur les nerfs pour dire quoi que ce soit sur un ton « normal ». Je n'ai plus qu'à passer aux toilettes pour arranger ça, projet que je dois subitement mettre entre parenthèses pour une raison évidente : super Ryû bourré s'est mis en tête de traquer Dakota. Génial.

D'un pas pressé, je suis le brun vers la sortie, enfin jusqu'à ce que mon chemin croise celui d'un vigile à l'entrée. Dans les situations frôlant l'hystérie, rien ne vaut une bonne paire de muscles pour rétablir l'ordre, parce que je ne sais pas, j'ai comme un pressentiment que ça va partir encore plus en vrille. Mais vraiment.

« Excusez-moi, je l'interpelle non sans observer son effarement en contemplant mes cheveux, juste si vous pouviez jeter un œil sur les deux guignols qui viennent de sortir, ce serait génial. Vous pourriez même sauver des vies je crois. »

C'est certain, il doit me prendre pour une cinglée, surtout avec mon allure mais franchement, je n'ai pas la force de repartir sans avoir arrangé un minimum les dégâts causés par ce fichu sirop. Et puis qui sait, peut-être que justement, l'état de mes cheveux l'aura alerté. On y croit. Bref. Direction les toilettes, et plus précisément les lavabos des toilettes pour rincer ce carnage, tout en ignorant les sourires amusés de quelques connasses dont j'ai le malheur de croiser la route. Oui je sais j'ai du sirop dans les cheveux et après ? Zut, tout le monde a ses mauvais moments à la fin ! Enfin, je ne m'attarde pas, c'est juste histoire de ne pas assister à une perte capillaire horrible quand je me les laverai correctement, quelques frottements avec la serviette en chemin et me voilà sortie. Non sans noter que le vigile a préféré rester écouter les histoires à dormir debout d'une fille dont on ne peut même pas dire si elle est majeure que de suivre les deux clowns comme je le lui avais demandé. On ne peut décidément compter sur personne. Et c'est bien dommage car une fois que je les ai retrouvés, je comprends aussitôt que la guerre a déjà été déclarée, puisque Ryû vient apparemment de frapper Dakota. Merveilleux, voilà qu'il me faut empêcher la troisième guerre mondiale par-dessus le marché, j'ai une tête à m'appeler Wonder Woman ?

Je souffle avec exaspération en me dirigeant vers eux, attrapant Ryû  fermement par le bras pour l'éloigner de plusieurs mètres de son adversaire, par précaution. Non parce que je ne pense pas que Dakota va lui répondre avec un grand sourire bien gentillet.

« T'es débile ou bien?!, je lui demande sèchement, me retenant de crier comme je peux, t'es complètement ivre, t'as aucune chance face à lui, tout ce que tu vas gagner c'est un aller pour les urgences. Et il n'en vaut vraiment pas la peine, je précise en jetant un regard haineux à Dakota, à qui je finis par m'adresser, t'es vraiment con toi. Tu devrais essayer de faire autre chose un jour que d'emmerder les autres. Peut-être que ça t'évitera de crever tout seul comme la sombre merde que tu es. »

Je m'en fiche de savoir si ça le touche ou pas, j'ai juste besoin de passer mes nerfs. Sauf que moi je sais que ce n'est pas judicieux de m'amuser à le frapper, même si en vérité, je ne suis pas non plus certaine que le provoquer soit franchement mieux. Ce n'est pas ma faute, il l'a cherché. J'aurais vraiment mieux fait de rester chez moi devant une bonne série ce soir-là, là je n'ai plus qu'à rentrer pour m'effondrer sur mon lit en me rappelant combien j'ai le chic pour accumuler les problèmes.

Ils pensent que je suis du genre à faire les choses à moitié ? Sincèrement j’en ai côtoyé des abrutis, mais là c’est le pompon, je devrai sourire aux personnes qui me menace ? L’alcool n’est pas toujours le meilleur allié surtout quand on a une langue bien pendue, mais tant pis, si Yun hua rajoute sa couche, alors j’en fais de même en faisant comme chez moi, passant de l’autre côté du Bar, je les inonde avec des bouteilles différentes, une sucrée, l’autre alcoolisée, n’est-ce pas ce qui leur va le mieux ? Au moins ça colle a leurs peaux. Mais il semblerait que cela ne les amuse pas, oh mince quel dommage, ils aiment faire chier sauf quand ça leur retombe dessus, oups...  L’humain quoi. J’aurai dû utiliser une boisson plus cher histoire de marquer le coup peut-être ? Malheureusement je n’ai pas beaucoup de temps pour repasser de l’autre côté après avoir menacé le brun de le faire flamber avec mon briqué, sérieusement, j’aurai dû. Parce qu'au lieu de me laisser rentrer chez moi et continuer sa vie pourrie entre mensonge et alcoolémie, il vient me chercher des noises, le mec il a eu une monter de testostérone d’un coup ou bien ? Bon sang le voir débouler me fout les nerfs, mais qu’il m’attrape par le col en gueulant avec son haleine si fraiche, pardonnez l’ironie, mais pouah, c’est génial. Autant dire de suite que je prends sur moi pour le voir franchir les limites, je le sens venir du haut de ses quoi, 1 mètre soixante passés ? à dix centimètres près on ne va pas chipoter.

Bon bah voilà, il a fini par sauter le pas, depuis quand un abruti lève la main sur moi sans risque ? Je ne tue pas les gens et si jamais j’étais un meurtrier il ne fait aucun doute que je l’aurais tué, mais pour le coup j’essuie juste ma lèvre en ayant ce genre d’aura qui fait comprendre qu’il ne va pas s’en sortir indemne, je peux le frapper ou revenir le briser plus tard, le plumer ou en faire mon chien de compagnie, au choix je dois réfléchir, mais forcément faut toujours qu’une abrutie s’en mêle et protège le papouné de son gosse de merde, je soupire fortement en souriant avec cet air sadique et j’écoute les paroles qu’elle déballe en trouvant ça tellement ridicule, mon regard montre à quel point c’est pitoyables, si elle pense me toucher avec cette répartie a deux balles... Hurm. Puis bon, qui est assez con pour être touché par les mots d’une menteuse, de toute façon je ne suis pas vraiment le genre de gars à faire attention aux pensées des autres et avançant vers le couple, le regard glacial, je m’arrête à quelque centimètre du brun, le fixant droit dans les yeux alors que mes lèvres s’étirent.

« La seule raison pour laquelle je te fais pas cramer, c’est parce que j’aimerai pas que tu crèves sans comprendre à quel point tu es un abruti, quand tu réaliseras tes conneries « papa » on réglera nos comptes. » Je regarde la brunette et rajoute. « La seule qui veut crever seule c’est toi avec tes mensonges égoïste en essayant de te donner bonne conscience. » Je ris ironiquement avant de m’éloigner. « Je prends le coup comme une revanche pour ton bras cassé, mais c’est la dernière fois que tu me touches. » Ils devraient me remercier pour ma clémence et autour dire que ce n’est pas tous les jours que j’en fais preuve. Maintenant je rentre et s’il me cherche il faudra pas se plaindre de le voir finir en cendre, je joue toujours avec mon briquet et tout le monde sait que jouer avec le feu c’est dangereux~

ui bon, qu'on admette au moins que ce type c'est le plus gros des enfoirés, j'vous en prie! Cela fait quelques minutes que j'ai envie de lui défoncer la face à cause de ses conneries, alors j'vais pas me retenir, là, tout de suite. Franchement, depuis quand on me jette de la bouffe à la gueule, hein? J'ai juste envie de lui refaire le visage. Son joli visage de petit minet de merde qui passe son temps à se la péter parce qu'il est classe. Le mec il a vingt ans à tout casser, s'il vous plait quoi. Je suis malheureusement loin de réaliser que ce mec pourrait me démonter en deux secondes s'il le voulait vraiment, encore plus maintenant qu'il m'a couvert d'alcool. De quoi péter un câble une bonne fois pour toute. De quoi crever aussi, mais j'imagine que pour le réaliser, j'devrais être moins ivre.


« Tu peux pas dire ça, tu me connais pas! » Lancé-je à Yun Hua, visiblement décidée à ne pas me laisser combattre le fauve Frostie, avant d'entendre l'autre imbécile m'adresser la parole.

Quelles conneries? J'fais plus de conneries moi! Lui péter la gueule ce s'rait le meilleur truc que je pourrais faire, juré! Mais tristesse dans ma vie, j'peux pas faire ce que je veux et le défoncer bien comme il faut. Non, ça serait trop beau, monsieur a trop de puissance pour ça, et même Yun Hua a l'air de penser que je suis pas à la hauteur. Sérieusement pliz. J'peux tout casser si j'ai envie. Qu'on m'arrête pas. Pourtant, quand j'vois le blond se barrer, j'ai simplement envie de frapper dans le mur. Élan de conscience soudain, réflexe de survie, je ne le fais pas. On va éviter de se casser la main. Ça vaut mieux. Au lieu de ça, j'adresse un regard à Yun Hua, comme pour lui reprocher de m'avoir empêché de faire ce que je souhaitais, puis je prends la suite de monsieur le danger public, bien que je ne le suive pas vraiment, afin de rentrer chez moi. Oui, bon. Heureusement que j'ai mes objets importants avec moi parce que... j'ai du oublier ma veste à l'intérieur, vu comment je suis parti là. Génial, quoi.