"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Shin parcourait les couloirs de l'académie depuis une dizaine de minutes déjà. Cet établissement était un véritable fléau pour qui s'y aventurait la première fois. Des couloirs interminables parsemé de salle de classe pour tous les gouts, ponctué par des bâtiments qui n'avaient rien avoir les uns avec les autres selon la section qu'ils accueillaient. Cette école était un véritable chateau alliant tradition de plusieurs générations à la modernité de l'époque. Et bien sûr, uniquement digne des personnes de leurs ranges : prince, enfants de riche ou de célébrité ... En vérité, tant que votre porte monnaie était brodé avec de l'or, vous étiez admis ici. Et bien souvent, Shin remettait en question sa place dans cette école. Son propre porte-feuille était bien léger, et ce qu'il mettait de côté depuis deux ans était loin d'être suffisant pour lui permettre de s'offrir cette éducation de luxe.
Pourtant, il était à la Royal Private School depuis le début de sa scolaité. Seulement à cette époque, il avait une raison d'y être. Il rentrait dans la bonne catégorie. Sa mère, la belle Kimura Nana, était une pianiste connue, adulée par beaucoup. Que sont fils reçoivent l'éducation que cet établissement était alors une évidence, plus qu'un choix. Mais aujourd'hui ? Aujourd'hui, elle ne jouait plus. Elle s'était abandonnée au chagrin, avait laisser son fils d'à peine onze ans se débrouiller seul, et avait finit par se faire entretenir par un homme qui n'avait d'estime pour elle que grâce à son corps. Point de vue Shinichien du moins. En revanche, ce qui était indéniable c'est que sa place à la RPS, à présent, Shin ne la devait que grâce à cet homme. Et ça le rendait fou.

Dans ces moments-là, quand la colère prenait le dessus, le japonais avait deux bonnes solutions. Soit il s'enfermait pour jouer de la musique jusqu'à ce que ses doigts n'en peuvent plus. Soit il attrapait un ballon et/ou ses baskets et pratiquait jusqu'à épuisement. Aujourd'hui, légèrement contrarié, Shin avait choisi la seconde option. En tout cas, il y travaillait. Il n'avait pas apprécié, le matin avant qu'il ne quitte la demeure, que son intrus de beau-père lui demande avec délicatesse «s'il comptait rentrer ce soir, cet fois-ci». Sous prétexte que sa mère s'inquiétait. Tu parles ! Il était parti en cours sans un mot mais avec la ferme intention de ne pas remettre les pieds chez lui avant au moins deux jours.

Il avait l'intention de rejoindre des amis sur le terrain de sport. Là bas, il pourrait se défouler comme il l'avait toujours fait sans que personne ne soupçonne quoique ce soit. C'était ses plans juste avant qu'une silhouette rousse ne passe à côté de lui. Sur le moment, Shin continua son chemin avant qu'un parfum familier ne vienne chatouiller ses narines. Le garçon arrêta sa course et se retourna. Il eut à peine le temps de croiser son visage avant que celui-ci ne disparaisse hors de sa vue. Cela avait été bref, mais Shin avait une drôle d'impression et cette impression ne le trompait pas. Cette fille ... Il la connaissait. Oui, comme beaucoup d'autre me diriez vous, mais ... Elle. Comme était-ce possible ?
Dévoré par l'interrogation, Shin retourna spontanément sur ses pas pour apercevoir à nouveau la tignasse rousse de la jeune femme à quelques mètres de lui à peine. Spontanément, avant même qu'il ne s'en rende compte, il l'interpella.

« Karen ? »

Peut-être qu'il n'y croyait pas lui-même car il ne s'attendait pas à ce qu'elle se retourne. Son coeur manqua un battement quand il put clairement voir le visage de cette « Karen ». Hwang Karen. Une fille qu'il avait connue au lycée. Son ex-petite-amie pour être plus précis. Leur histoire n'avait duré que quelques mois et elle n'était pas très solide, mais Shin pourrait difficilement nier qu'il n'avait jamais rien eu pour elle. Sinon, comme l'aurait-il reconnue ? Pourtant, en la jaugeant du regard, cette fille qui malgré tout s'était retournée, était différente de la Karen qu'il avait connue. Elle semblait plus douce, à l'exacte opposée de la furie qui avait été sa copine à l'époque. C'était sans doute pour ça qu'il avait douté. Enfin ... Non. Ce pourquoi il n'en revenait vraiment pas, c'était parce que Hwang Karen avait eu un grave accident et elle était plongée dans le coma. Il l'avait vu allongée sur le lit d'hopital. Une seule fois. Cela lui avait suffi, il n'y était jamais retourné.

Il fut incapable d'ajouter grand chose avant qu'elle ne lui confirme son identité, se contentant de la regarder avec un air ahuri bien à lui. Si c'était vraiment elle, alors cela ne pouvait être qu'un fantôme qui revenait le hanter !

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

C’était fou à quel point la danse pouvait lui faire du bien et lui permettre de ne penser à rien qu’autre qu’au prochain pas qu’elle allait effectuer. Sa tête ne lui était pas douloureuse dans ces moments-là, elle était au contraire très légère et elle ne songeait pas à cette mémoire qu’elle avait perdu. Ses parents lui mettaient bien trop la pression à ce propos d’ailleurs et Karen ne se sentait pas bien chez elle. Ils avaient beau lui répété qu’ils s’étaient toujours très bien entendus, qu’ils étaient proches, la jeune femme ne ressentait pas cette impression. Probablement la raison pour laquelle, elle fuyait souvent la maison depuis qu’elle avait quitté l’hôpital. Elle aimerait qu’on cesse de vouloir lui raconter son passé et souhaiterait se faire une idée elle-même. Si elle ne s’en rappelait pas, ça n’avait pas d’importance. Elle n’était même pas certaine d’avoir envie de savoir de toute manière. Au vue des « on dit » qu’on lui avait raconté, sa vie paraissait tumultueuse, celle qu’elle était l’effrayait donc la jeune femme refusait d’y songer. Danser lui permettait cela et en plus, son corps agissait tout seul, ayant lui garder en mémoire ce qu’elle avait déjà appris par le passé. Ses pas restés fluides, s’accordant parfaitement avec la musique qui résonnait dans la salle tout en synchronisation avec ses camarades.

Le cours terminé, l’étudiante s’essuya le visage à l’aide d’une serviette avant de partir dans la vestiaires où après s’être douchée, elle s’était habillée plus convenablement qu’un simple jogging. A la place, elle avait enfilé un jean confortable, bleu marine, assorti à un petit chemisier blanc qui était décoré par quelques bijoux fantaisistes avec au pied, des petites bottines compensés. Elle aimait se sentir en haut bien que les talons trop haut n’étaient pas ce qu’elle appréciait le plus. Mais en tant que fétichiste de chaussures, elle en avait quand même de toutes les sortes et de toutes les couleurs aussi. Cela ne serait pas étonnant de trouver une jolie paire d’escarpin verte ou violette. Quoi que le violet était loin d’être sa couleur préféré...

Sans se soucier des élèves qui l’entouraient, Karen avait quitté sa salle, marchant le long du couloir afin de s’en aller. Elle ignorait encore où mais en tout cas, elle n’avait pas l’intention de rentrer à la maison de suite. Ses parents ne seraient sûrement pas là seulement dans le doute, elle préférait en profiter pour se balader et pourquoi pas faire un peu de shopping. Sauf que, une voix sembla vouloir interrompre ses plans, une voix qui l’avait interpellé et dont elle n’avait pas le sentiment de connaître. D’un geste instinctif, la jeune femme s’était retournée, fixant ce garçon qui la contemplait en retour et son coeur manqua machinalement un battement. Elle ne le connaissait pas. Elle avait beau le regarder encore et encore, cet individu ne lui disait rien mais pourtant, lui savait comment elle s’appelait et c’était plus fort qu’elle, ça la paniquait. Encore quelqu’un du passé ? Ou bien, peut-être que cet étudiant avait entendu son prénom autre part... Elle était incapable de se l’expliquer mais Karen connaissait déjà la réponse et rien que son coeur lui dictait qu’il s’agissait là d’une personne qui l’avait côtoyé autrefois. Ses yeux ne parvenaient pas à se détacher de lui parce qu’elle n’allait pas se mentir, il était plutôt mignon comme garçon. Et si elle avait envie de le détester, de le maudire comme elle le faisait habituelle avec ceux qui l’accostaient, par méfiance, elle ne parvenait pas à haïr cet individu.

- Vous êtes ? Demanda-t-elle alors, une mine quelque peu contrariée tandis qu’elle ne le quittait pas du regard, Est-ce qu’on se connaît ?

La question était stupide. N’importe qui dirait cela puisque s’ils se connaissaient, la jeune femme aurait dû le savoir mais c’était dans des moments comme ça qu’elle en voulait à sa mémoire perdue. Ce jeune homme en face d’elle ne devait pas comprendre et elle n’avait pas envie de s’expliquer non plus.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Shin n'avait jamais vraiment été supersitieux. Pour lui, les fantômes c'était dans les films d'horreurs à regarder entre potes. Ou un moyen plus vicieux de séduire une fille en l'emmenant dans un lieu hanté et lui prouvant à quel point on était courageux et rassurant. Mais en soit, c'était des bêtises ! Cependant, cette fois-ci, Shin ne pouvait nier qu'il doutait fortement de ce qu'il voyait. La dernière fois qu'il avait vu cette fille, c'était sur un lit d'hopital. Et personne ne s'était montré optimiste quand il avait posé des questions. Dans sa tête, il avait sans doute déjà assumé qu'elle n'était plus de ce monde.
Alors, la voir face à lui, debout, et apparemment en bonne santé ... C'était un choque. Et stupidement, il n'arrivait pas à l'admettre. Comme s'il était plus facile de reconnaitre l'existence de fantôme que de comprendre qu'elle avait pu finir par se réveiller.

Cette Karen s'était retournée. C'était bien son nom. Et son visage, il l'aurait reconnu entre mille. Après tout, il avait passé quelques mois à lui embrasser ... Néanmoins, quelque chose le chagrinait. C'était elle, sans l'être. Et ça, Shin ne comprenait pas. Sans se défaire de son air grave mais intrigué, il fit un pas vers elle. Etait-il vraiment possible qu'il ne s'agisse là que de l'âme de la Karen qu'il avait connu. Si c'était le cas, il l'aurait imaginé plus tourmenté. Là, elle avait juste l'air perplexe. Ce qui était compréhensible ... Et si c'était vraiment un fantôme, pourquoi lui apparaissait-elle maintenant ? Bon techniquement, c'était lui qui était aller la chercher alors qu'elle l'avait clairement snobé. Peut-être qu'elle était en fait en route pour hanter quelqu'un d'autre que lui. Mais alors, il pouvait voir les fantômes ou un délire comme ça ? C'était un genre de Melinda Gordone ?? C'était cool mais un peu flippant. Quoique si toutes les fantômes étaient aussi jolies que Karen, Shin s'engageait à endosser le rôle sur le champ !
Et si la jeune femme lui en voulait simplement ne s'être mannifesté qu'une fois à l'hopital pendant son coma ? Cette idée glaça le sang de Shin. C'est vrai. Il n'avait pas cherché à en savoir plus sur son état. Pour quelqu'un qui avait été si proche d'elle ... Et il osait penser que c'était elle qui lui avait brisé le coeur ? Finalement, Shin avait peut-être finalement de quoi être puni.

Mais la réponse de Karen le cloua sur place. Comment ça « Est-ce qu'on se connait » ? Elle l'avait vraiment oublié ?? Shin ouvrit la bouche pour lui répondre mais aucun son n'en sortit, trop abasourdie. Il était presque vexé ! Non seulement sa théorie tombait à l'eau - si elle ne savait pas qui il était pourquoi viendrait-elle le hanter ? - mais en plus, elle ne l'avait tellement pas aimer qu'aujourd'hui elle était incapable de reconnaitre son ex-petit ami ? Vexant. Terriblement vexant !

« Tu ne me reconnais pas ? » Pertinent Shinichi, vraiment. Ca commence bien ces retrouvailles ... « Shin ... »

Balancer son prénom au pif lui remémorerait peut-être quelque chose. Non ? Herm. Détachant son regard du sien, ses yeux roulèrent plus bas, vers sa poitrine, son ventre puis ses jambes. Y'a pas à dire, il avait vraiment l'air humaine. Et une humaine bien roulée en plus ! Quoi ?! C'est une constatation, rien de plus ... Et oui, il était toujours avec son histoire de fantôme. Parce que pour lui, cet ahuri, c'était tellement plus crédible qu'elle soit morte et plus ou moins vivante, que réveillé avec une mémoire absente. Si si ... Kimura Shinichi, enchantée, bienvenue dans mon monde.
Il ralia les quelques mètres qui la séparaient d'elle, d'un pas tout à fait naturel, mais prudent et ne souhaitant pas non l'effrayer. Sans un mot, il posa le plus naturellement du monde, sa main sur sa poitrine et palpa sa chaire, choqué qu'il puisse la toucher. Sérieux, tu pensais vraiment que t'allais passer au travers ... ?

« Woaw ! T'es plutôt consistente pour un fantôme ! » s'exclama-t-il, tel un gamin qui venait de découvrir la neige pour la première fois.

Haha... sérieux ... Tuez le.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Avait-elle l’air de le reconnaître ? Bien sûr que non, elle ne le reconnaissait pas. Ce gars était idiot ou quoi ? Elle ne lui aurait pas posé la question si ça avait été le cas. Il avait l’air chamboulé alors Karen ne pouvait pas lui en vouloir. Peut-être qu’ils étaient proches par le passé. Est-ce qu’ils étaient amis ? Plus encore ? La jeune femme ne cessait de le dévisager, les sourcils froncés comme si agir de telle façon lui permettrait de retrouver la mémoire mais même son prénom ne lui disait rien. Le médecin lui avait répété des tas de fois que cela ne servait à rien de vouloir durement se rappeler et que si celle-ci revenait à un moment ou un autre, cela se ferait naturellement. Mais c’était plus fort qu’elle, ça l’intriguait et elle aimerait être capable de savoir qui était les personnes qui se trouvaient en face d’elle sans les blesser non plus parce qu’elle ne s’en souvenait pas. Ce garçon paraissait touché néanmoins comment lui expliquait que ce n’était pas qu’elle ne le reconnaissait pas mais qu’à cause d’un malheureux accident, elle n’était plus en mesure de récupérer ses souvenirs passés.

Ne sachant quoi répondre, la jeune femme lui adressa une esquisse désolé avant d’écarquiller les yeux à la sensation d’une main sur sa poitrine. Ce type n’était pas sérieux quand même ?! Un pervers, un obsédé. Et voilà, le premier pour qui l’étudiante ne cherchait pas à se méfier, il en profitait pour lui tripoter les seins. Les hommes étaient décidément tous les mêmes. Sans la moindre hésitation, elle se décala avant d’élancer violemment sa main contre sa joue en guise de gifle.

- Ne me touchez pas ! S’exclama-t-elle, outré, de la colère se reflétant au sein de ses pupilles, Je ne suis pas un fantôme ! Espèce de pervers !

Non mais c’était qui ce fou ?! Elle se demandait pourquoi dés le départ elle ne l’avait pas trouvé bizarre et qu’elle ne s’en était pas méfié non plus comme elle le faisait très bien actuellement. Peut-être parce que inconsciemment son coeur s’était souvenu de cet homme et qu’elle n’avait pu le détester. Hors, il venait tout juste de dépasser les bornes. Le fait était qu’elle n’était pas des plus tactiles, elle ignorait si elle l’était plus avant cependant Karen détestait qu’on s’immisce trop dans son espace vital. En particulier lorsqu’elle ne connaissait pas.

- Je ne sais pas qui vous êtes et je ne me souviens pas de vous alors ne m’approchez pas sinon je crie !

Ou le frappe, à lui de savoir ce qu’il préférait mais un coup de chaussures compensées dans les parties intimes, apparemment ce n’était pas agréable. Un soupir s’enfuit de ses lèvres à cet instant tandis qu’elle ferma ses paupières au même moment comme pour tenter de se calmer et poser les bonnes questions pour cerner la situation.

- Qui étiez vous... Pour moi ? Demanda l’étudiante, un brin hésitante, Nous étions proches, non ?

Cela non plus, Karen ne pouvait pas l’expliquer toutefois, malgré tout, c’était le sentiment qu’elle avait lorsqu’elle le contemplait. Elle n’arrivait pas à le détester autant qu’elle le voudrait.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Représailles, représailles ! L'air avait sifflé près de son oreille avant que sa joue ne se mette brusquement à lui brûler. Par réflexe, craignant la colère de l'esprit, il s'accroupit en se couvrant le crâne de ses avant-bras et en pestant contre son imprudence. Ca pour être consistante ! Il l'avait sentit passé ! Gémissant légèrement, en toute virilité, il leva finalement les yeux vers la jeune femme, guettant la moindre transformation diabolique de sa part. Il décela la colère ardente aux creux de ses pupilles et grimaça légèrement, réalisant que son geste avait été quelque peu stupide. Non, tu crois ? Au moins, cette giffle lui confirma qu'il s'agissait bien là de sa Karen, elle n'avait pas perdu son tempéramment de feu. Oui enfin ... N'importe quelle autre fille un tant soit peu censé auraient réagis de la même façon, idiot.
Shin eut droit à tous les noms et il le méritait. Néanmoins, il se redressa quand elle nia sa condition d'ectoplasme. « Ah bon ? » Remarquez, il avait lu sur des forums bidons que souvent les entités qui n'étaient pas passées dans l'au-delà n'avait pas conscience d'avoir péri. C'était peut-être son cas. Peut-être mais... mais non en fait. La fureur de l'étudiante avait attiré les regards qui dévisageaient maintenant le désigné « pervers ». Donc, si les autres pouvaient aussi la voir cela signifiait .... Beaucoup de choses ! Mais surtout, si enfin on se décidait à être rationnel, cela voulait dire que Shin avait fait fausse route sur toute la ligne et qu'en plus d'être un sérieux abruti il venait de passer pour le plus gros pervers de l'histoire en touchant la poitrine du fille qu'il rencontrait à peine et sans son consentement. Oui, parce qu'on allait pas se le cacher, c'était son consentement le plus important, le reste, juste des détails !

« Ah mais ... M*rde, t'es vivante ?! » réalisa-t-il soudainement, les yeux écarquillés et plus confus que jamais.

Assez Shin. Assez les questions stupides, s'il te plait. Bon, il avait beau être long à la détente, il était tout de même quelqu'un de poli et respectueux. Si, si je vous jure. Bon pas toujours mais en général ... Bref ! Il s'inclina pour s'excuser une première fois et recula de quelques pas afin que Karen ne mettent pas ses menaces à exécution. Surtout qu'ils avaient déjà suffisamment attiré l'attention.
Elle s'éclaircit la gorge et tenta de mettre de l'ordre dans ses pensées. Beaucoup de choses se bousculaient dans sa tête et le premier truc qu'il avait du mal à digérer c'était que Karen était réellement là devant lui. En chair - oh ça oui ! - et en os. Le second, c'était que vraisemblablement, elle n'avait vraiment aucun souvenir de lui. Et au vu de son regard et de ses questions, Shin compris - sérieux ? - que cela dépassait nettement le stade de l'indifférence. S'il avait d'abord assemblé les mauvaises pièces du puzzle ensemble, croyez le ou non, il commençait à comprendre comment les emboiter correctement et ne tarda pas faire le rapprochement entre son coma et sa mémoire défaillante. C'était dingue, mais ce n'était pas impossible qu'elle se soit réveillée amnésique. Enfin dingue ... plus dingue que les fantômes, vraiment ?
Il avait une foule de questions au creux de la bouche. Mais il se retint. Elle avait l'air aussi perdu que lui, et il jugea bon de d'abord répondre à ses questions. Quoiqu'il ne su pas vraiment s'il dût lui dire la vérité tout de suite. Cette Karen là, bien qu'il n'avait plus aucun doute sur le fait qu'elle était bien celle avec qui il avait eut une histoire, était clairement différente de l'ancienne. Il préféra donc la ménager.

« Je suis désolée pour ... hum "ça" ... C'était stupide. »

Il passa une main dans sa nuque, cherchant ses mots.

« Un peu. Enfin ... Oui, nous l'avons été et puis on s'est perdu de vue. »

Bon la version officielle c'était qu'après qu'elle l'ai trompé, ils avaient rompu et Shin avait décidé de ne plus jamais revoir sa tête parce que son petit coeur tout mou avait été sérieusement écorché par la vilaine Karen. Mais sans doute préférait-il qu'elle croie qu'ils avaient été de bons amis. Peut-être n'avait-elle pas envie de savoir que cet idiot qui venait de lui palper les seins avait été un temps son petit ami. Et peut-être que lui n'avait pas envie d'une manière ou d'une autre de revivre cette histoire foireuse ...
Il s'inclina une seconde fois, cette fois-ci pour se présenter plus officiellement.

« Je suppose que c'est mieux que je me présente correctement ! Je suis Kimura Shin. Et euh... content de voir que tu n'es pas un fantôme ? »

Il sourit à sa bêtise, espérant juste la détendre et se rattraper de son entrée catastrophique.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Ce gars était vraiment bizarre... Karen ne cessait de le dévisager alors qu’une part d’elle restait mal à l’aise de se trouver face à lui. Est-ce que s’ils s’étaient connus dans le passé, elle avait accepté de sortir avec un jeune homme aussi étrange que lui ? Il avait quand même de lui ploter les sens sous prétexte qu’il pensait qu’elle était fantôme. Même elle qui avait passé quatre ans dans le coma ne croyait pas à ces choses là. Il fallait être stupide pour penser qu’ils existaient et surtout qu’ils étaient autant humains qu’elle l’était en cet instant. Elle ne disait pas ne pas croire aux esprits toutefois c’était différent, elle ne s’était jamais penchée sur le sujet bien que ça pouvait la fasciner autant que l’effrayer. Dans tous les cas, son vis-à-vis était un pervers. Il n’y avait pas besoin d’être intelligente pour se rendre compte de cela, fantôme ou pas, il avait touché sa poitrine. Il aurait pu essayer de voir en effleurant son visage, son épaule mais non le dénommé Shin avait préféré ses seins. Désespérant.

Les bras croisés à sa poitrine, la jeune femme se retenait de lui balancer en pleine face que oui, c’était stupide. Qui ici penserait vraiment qu’elle était un fantôme ?! Cet étudiant venait de quelle planète au juste ? Non parce que là, même s’il s’excusait, il était étrange... Et pourtant, paradoxalement, elle ne parvenait pas à tracer sa route, s’en aller sans avoir eu de réponses à ses questions. Poussée par la curiosité, Karen avait envie d’entendre ce que le garçon avait à lui dire, ce qu’ils étaient vraiment et pourquoi elle avait cette pince au coeur quand elle le regardait. Etaient-ils réellement que de simples amis ? Qu’est-ce qu’il voulait dire par « un peu » ? Jusqu’alors, elle n’avait jamais eu ce sentiment pour personne, cette sensation qu’on lui touchait dans l’âme et qu’on la piquait avec force. Il avait beau être le dernier des idiots, quelque chose lui faisait dire qu’au fond, ce garçon ne devait pas l’être totalement. Elle n’éprouverait pas ça s’il n’avait vraiment rien dans la cervelle. Ses yeux dégageaient quelque chose que la demoiselle était incapable de déchiffrer, une lueur qui l’hypnotisait subtilement, n’aidant pas son coeur qui refusait de se calmer. Il s’excitait en même temps qu’il lui donnait l’impression de se broyer sans raison.

Bêtement, l’étudiante n’avait pu se retenir de rire à la dernière rétorque de son interlocuteur. Peut-être qu’elle se trompait et qu’il était vraiment un imbécile finalement. Bien que là, elle se doutait qu’il l’avait fait exprès. Elle s’était inclinée à son tour avant de se redresser pour le regarder de plus bel. Les élèves autour la dérangeait et machinalement, en silence, elle ne se gêna pas pour se saisir de son poignet puis lui ordonner de la suivre. Elle se dirigea dans la première salle de danse de libre et ferma la porte derrière elle.

- Désolé mais discuter en plein milieu d’un couloir, très peu pour moi, Se justifia la jeune femme calmement.

Un brin d’incertitude se reflétait dans le ton de sa voix et si cela ne se voyait pas qu’elle était réellement perdu par cette histoire, ça s’entendait.

- Qu’est-ce que tu appelles « un peu » ? On m’en a raconté des choses alors un peu plus un peu moins... On ne m’a jamais parlé d’un Shin cependant. On était de bons amis ? Et pourquoi on s’est perdu de vue ? Est-ce que j’étais aussi exécrable avec toi ?

Des questions, Karen en avait tellement qu’elle-même, elle se donnait mal à la tête à autant s’interroger. Elle aurait tant souhaité pouvoir faire comme si de rien était, pouvoir repartir de zéro complètement sans avoir à se questionner constamment sur ses actes d’autrefois. Ce qui n’était malheureusement pas possible.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Son rire tinta comme un glas rassurant aux oreilles du japonais, qui se redressant en lui offrant un sourire. Bon, elle se moquait très certainement de lui - et elle n'avait pas tout à fait tort ! - mais il préférait sincèrement qu'elle rit de ses bêtises plutôt qu'elle ne lui en remette une ! Parce qu'elle n'y était pas allé de main morte la bougresse. Shin ne serait pas étonné d'avoir encore la trace de sa joue sur sa joue. Néanmoins, il l'avait méritait et c'était la raison pour laquelle, il ne lui en tint pas rigueur.
Quelle situation étrange quand on y pensait. Karen lui avait laissé un souvenir amer sur le coeur. Même lui, au final, s'était montré très dur en coupant les ponts jusqu'à ignorer son accident. Et pourtant, aujourd'hui, ils étaient là, en plein milieu d'un couloir, à discuter normalement - ou presque - comme si rien ne s'était passé. Enfin, c'était peut-être un peu le cas si on prenait en compte la mémoire défaillante de la jeune femme. Shin n'irait pas à dire que c'était une chance pour eux de renouer des liens sains sur une base saine. Plutôt une opportunité. Il n'avait pas l'intention de la laisser s'échapper cette fois. Depuis qu'elle lui avait posé cet enigme, l'étudiant souhaitait en apprendre plus sur cette nouvelle Karen.

Alors qu'il s'attendait à d'autres questions, Shin fut surpris qu'elle lui saisisse soudainement le poignet pour le dirigier ailleurs. Pris de court, il n'eut d'autre que de la suivre et atteri finalement dans une salle de danse déserte. Le garçon écarquilla les yeux en l'interrogeant du regard. Soit elle avait des choses à cacher, soit elle changeait extrèmement vite d'avis pour quelqu'un qui l'avait traiter de pervers. Etait-ce réellement une bonne idée de s'enfermer seuls dans cette salle ? Shin l'imaginait plus farouche. Enfin, aujourd'hui du moins. Ca n'était pas vraiment le cas de celle qu'il avait autrefois abordé avec une incroyable facilité ... Ah ! C'était vraiment perturbant de faire face à cette fille tout en occultant le passé. Si lui était perdu, alors il ne pouvait qu'à peine imaginer ce qu'elle devait ressentir au quotidien ...

« Pas de soucis. » souffla-t-il, simplement en se laissant glisser le long d'un mur.

Feignasse. Shin couvrit la jeune femme d'un regard compatissant tandis qu'il la sentait confuse. Quel naze, lui aussi. Il avait dû la perturber en débarquant comme une fleur et en l'interpellant comme si de rien n'était. Ah oui, sans oublier qu'il l'avait prise pour un esprit et qu'il avait essayé de lui traverser la poitrine. Tu parles d'un contexte rassurant ... ! Il devait s'estimer heureux qu'elle daigne lui offrir un entretient au calme. Finalement, il s'attendait presque à ce qu'elle parte en courant quelques minutes plus tôt. Et il n'aurait pas pu lui en vouloir.
Il poussa un soupir tandis que toutes ses fameuses questions déferlaient. Il se mordit l'interieur de la joue, s'interrogeant sur la meilleure façon d'aborder la chose. Sauf que Shin était quelqu'un de spontanée, à qui le tact faisait souvent défaut ... La ménager, il l'aurait bien souhaitait, s'il seulement il savait faire ! Mais peut-être qu'elle ne souhaitait pas être épargnée ... Peut-être que Karen voulait simplement connaitre la vérité ?
Les coudes posés sur ses genoux relevés, le japonais lui lança un long regard avant de se lancer.

« Tu as perdu la mémoire, c'est ça ? C'est à cause de ton accident ? »

Il avait parlé sur un ton doux, malgré l'aspect direct des questions, souhaitant avoir des réponses sans pour autant l'affoler.
Un bref sourire apparut sur sa figure, mais s'évanouit aussitôt, se souvenant qu'on ne l'avait jamais mentionné. Il n'était qu'un ex après tout. Une histoire ratée de quelques mois. Mais prendre conscience qu'il était si insignifiant dans cette ancienne vie lui serra incontrolablement le coeur. C'était bête. Il se pensait moins fragile.

« Exécrable ? Ha, non ! Enfin, t'étais plutôt adorable au début. Une fille cool. »

C'était ça les débuts. On ne se connait pas vraiment. A cette soirée, Karen lui avait parut attirante et assez folle pour qu'elle l'interesse. Un flirt, un baiser, une relation sur un coup de tête ... Même pour Shin c'était plutôt flou finalement. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il avait fini par s'accrocher à cette furie. A tort, sans aucun doute.

« On a eu une histoire tous les deux. » finit-il par dire, jouant finalement la carte de l'honnêteté. « Mais ça s'est pas très bien passé. »

Il sourit, fronçant légèrement le nez pour dédramatiser, tentant de prendre ce qui s'était passé à la rigolade. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire, sans doute ...

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Est-ce que ça se lisait sur son visage à quel point cette histoire avait commencé à la tourmenter ? Elle ne pouvait l’expliquer mais Karen avait conscience qu’ils étaient plus que proche. Elle n’avait pas besoin de se souvenir pour s’en apercevoir, son coeur était assez grand pour agir seul. Peu importait où, quand, comment, ce garçon avait dû être important à ses yeux... Il avait l’air idiot et c’était probablement la raison pour laquelle elle ne parvenait pas à l’imaginer autrement qu’un ami. Peut-être parce qu’il avait la tête du parfait type qui se sociabiliser facilement, qui se faisait aisément remarquer alors elle se disait que Shin était certainement ce camarade qui essayait de la faire rire avec des bêtises, qui l’acceptait tel qu’elle était si vraiment elle était aussi peste que ce qu’on lui avait raconté et avec qui elle aurait passé de bons moments.

Probablement qu’elle se voilait la face, qu’elle refusait de voir la vérité mais si elle était physiquement attiré par cet homme, ce n’était pas pour rien si ? Un soupir franchi ses lèvres et mal à l’aise, l’étudiante avait hoché la tête. Elle n’aimait pas avoir à se justifier sur son accident, encore moins à expliquer sa perte de mémoire parce que quelque part au fond d’elle, ça la blessait. Elle avait l’impression de perdre des choses importantes. Son passé avait fait partie de sa vie et si ça lui avait peut être été bénéfique, cela n’empêchait pas que ne pas se rappeler était douloureux parfois. Croiser des têtes qu’elle avait soit disant connu autrefois et ne pas pouvoir savoir dire de qui il s’agissait, c’était plus difficile que ce que la jeune femme montrait. Et à chaque fois qu’elle tentait de ne plus y songer, quelqu’un de son autre vie se ramenait à son tour pour la chambouler de plus bel. Pour la chambouler, Shin avait réussi à merveille, il pourrait même décrocher un trophée. Ils étaient sortis ensemble, il venait tout juste de le lui faire comprendre et Karen ignorait comment elle devait réagir face à cette révélation. Au vue des paroles que son vis-à-vis avait employé, cela signifiait qu’elle n’avait pas été si cool que ça ensuite ? Durement, la jeune femme avait fermé ses paupières afin de se remémorer ce qu’on lui avait déjà répété à propos de son passé, à propos de son comportement qu’elle avait avec les autres. On lui avait parlé de son attitude avec les hommes, que personne n’avait le souvenir de l’avoir déjà vu avec quelqu’un sérieusement et qu’elle préférait faire n’importe quoi de sa vie dans tous les sens du terme. L’étudiante peinait à tout comprendre... Surtout pas celle qu’elle était auparavant, cette fille là, elle ne la cernait pas. Pourquoi passer son temps à se détruire de la sorte ? Mais, ce qu’elle ne saisissait pas, c’était qu’on lui avait expliqué qu’elle était mauvaise, une véritable peste, que cela soit avec les hommes qu’avec les femmes et que tout le monde racontait qu’elle devait être le genre à ne pas avoir de sentiments... Etait-elle si méchante que cela ? Alors pourquoi quand elle observait Shin, les réactions de son coeur se mélangeaient ? La tristesse et la culpabilité de l’avoir blessé peut-être avec le plaisir de l’avoir connu et cette attirance qu’elle pouvait justifier désormais.

- A cause de moi ? Demanda-t-elle alors en s’asseyant à terre à son tour, croisant ses jambes entre elle, Je n’étais pas sérieuse avec toi ?

Elle n’était pas vraiment sûr de vouloir entendre la réponse puisque de toute manière, elle se doutait de ce qu’il en était.

- Tu en as souffert ? Tu sais, pourquoi j’étais comme ça ?

Assurément que Karen poserait cette question à quiconque surgirait du passé pour s’immiscer dans son présent. Elle aimerait tellement savoir et comprendre pourquoi elle était cette personne autrefois... Il devait bien y avoir une raison sinon pourquoi changer autant une fois réveillé ?

- Est-ce que tu m’aimais ?

Direct ? Elle ? Non, jamais.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Finalement, peut-être qu'il préférait quand il la pensait encore fantôme. La discussion avait pris un tournant qu'il n'était plus très sûr de gérer. Oh bien sûr, ils avaient été un couple et nul doute que si Karen avait gardé sa mémoire, ils en seraient venus à en parler. Quoique ... Si Karen n'était pas amnésique, peut-être aurait-il juste passé son chemin. Loin de ce qu'elle avait représenté pour lui. Il était certes curieux à propos de cette nouvelle elle, mais hésitant à lui délivrer leur passé commun. Cela pouvait paraitre idiot : ce n'était que quelques mois après tout. Une amourette de lycéen, rien d'extraordinaire. Pourtant Shin ressentait un certain mal aise à présent. Cette fille souhaitait en savoir plus et il aurait voulu lui donner toutes les réponses qu'elle cherchait ... seulement, comment savoir quoi dire et ne pas dire ? Que savait-elle sur son ancien elle ? Jusqu'où ? Et lui, finalement, que savait-il ?

Karen lui avait à peine confirmé sa supposition. Shin n'était visiblement pas le seul mal à l'aise dans cette pièce.Faut croire que cette entrevue en toute intimité était plus impressionnante qu'il n'aurait cru. Le plus étrange étant qu'elle avait visiblement choisi de lui faire confiance, à lui, cet idiot qui lui avait touché les seins à leur "première rencontre". Il aurait pu lui raconter n'importe quoi ... Il ne le ferait pas, bien sûr. Seulement, il ne pouvait s'empêcher de s'interroger. Machinalement, pour surmonter le silence qui s'était installé, il se gratta l'arrière du crâne, un peu nerveux, tandis que la jeune femme prenait place en face de lui. En croisant son regard, Shin ne pu que deviner l'intrigue et l'appréhension dans son regard. A moins que ce ne soit seulement un reflet de son propre regard. Elle lui balança alors une série de questions qui, à chaque fois, une à une plantèrent une légère aiguille dans le coeur du nippon. Forcé de se remémorait son aventure des plus singulière avec cette fille qu'il avait aimait pour une obscure raison. Parce qu'elle était cool ? Au début, il aurait pu le croire. Adorable ? Ses minauderies n'avaient duré que le temps d'un soir. Quant à sa réputation il n'avait pas pu l'ignorer bien longtemps. Et pourtant, il était resté avec elle. Ils formaient ensemble un sublime petit couple en carton. Est-ce parce qu'il était stupide ? Ou bien parce que le coeur avait ses raisons que la Raison ignorait ?
Il devina à sa première question que Karen devait sans doute connaitre la réponse. Quel effet cela lui ferait-il s'il lui annonçait qu'elle l'avait trompé ? Il choisit de ne rien dire, préférant lui confirmer ses soupçons par le silence, sans doute pour se protéger un peu lui-même. Admettre qu'on avait été un idiot sur toute la ligne était loin d'être facile.
Son regard se fixa sur le sol tandis qu'il passait directement à la question suivante. Pourquoi était-elle comme ça ? Vous avez 4 heures. Néanmoins, pour amorcer la réponse, il secoua la tête, annonçant qu'il n'avait pas vraiment la réponse là aussi.

« Quand je t'ai connue, tu venais à peine d'arriver au Japon. T'étais un peu un mystère pour tout le monde ... »

Il lui offrit un bref sourire à nouveau. Tout le monde, sauf peut-être ceux qui étaient dans le même cas qu'elle. Il passa une main dans ses cheveux comme pour se stimuler le cerveau et réfléchir. Dur !

« Je sais pas pourquoi t'étais comme ça, mais je crois que parfois .... C'est plus facile de faire des conneries et porter un masque plutôt que d'affronter qui on est vraiment. »

Nos peur. Nos angoisses. Nos faiblesses. N'était-ce pas ce que lui faisait tous les jours en faisant l'idiot avec les autres, à rire et s'épuiser comme un malade pour mieux cacher ses problèmes ? Qu'en était-il de Karen ? Au fond, leur histoire avait été superficielle jusqu'au bout. Il ne connaissait rien d'elle.
Il releva son regard, légèrement malicieux et un peu déconcerté à la fois.

« Peut-être qu'au fond, la vraie Karen, c'est celle que j'ai devant moi aujourd'hui. »

Peut-être qu'avec l'accident, son masque était tombé et s'était brisé. Qu'aujourd'hui, elle n'avait pas d'autre choix que de s'exposer. Ou peut-être qu'il racontait juste des conneries et que ça le rassurait juste lui-même de penser ça.
Il se mordit la lèvre. Elle allait finir par le prendre pour un fou. Une dernière question fusa. Celle-ci le figea et il la considéra un instant en silence. S'il l'avait aimé ? Shin se redressa et fit quelques pas dans la salle de danse. Il inspira profondément.

« Oui. »

Peut-être. Mais sans doute. Sinon, il ne ressentirait rien aujourd'hui alors qu'elle lui posait cette question.
Puis il se tourna subitement vers elle, une expression neutre au visage, comme si elle ne lui avait jamais posé toutes ces questions et désigna d'un mouvement de la tête, la salle entière.

« Tu aimais la danse, avant. Tu pratiques toujours ? »

Elle avait beau être ce qu'elle était à cette époque, Shin se souvenait d'une sublime danseuse. S'il y avait bien un domaine où elle était sincère et sérieuse, c'était celui là.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Shin n’avait pas répondu et son silence avait suffi à la jeune femme pour comprendre. Du moins, elle ne pouvait qu’émettre ses propres hypothèses et au bout du compte, c’était probablement mieux ainsi. Elle n’était pas certaine d’avoir envie de connaître toute la vérité... Le simple fait d’apprendre qu’elle avait pu blesser autant de gens lui était insupportable mais cet homme, elle avait l’impression que c’était encore pire. Pourtant si ne l’avait connu qu’à son arrivée au Japon, ils étaient encore jeunes tous les deux alors est-ce que cette histoire avait pu importé à ses yeux à elle ? Elle l’observait en silence, ignorant quoi lui répondre tandis que le malaise se faisait toujours ressentir. Pourquoi lui faire confiance alors que leur première approche aujourd’hui avait été des plus abominables ? Karen n’était pas en mesure de s’explique non plus, c’était simplement son ressenti intérieur qui lui faisait comprendre qu’elle n’avait rien à craindre et que ce garçon paraissait sincère. Une part d’elle avait envie de le fuir, de ne pas le croire et continuer de le traiter de pervers mais l’autre en était incapable.

Ses mots, l’étudiantes les écoutaient avec attention, méditant dessus toutefois elle ne voyait pas de quoi elle aurait voulu se cacher et fuir. Peut-être qu’on ne lui avait pas tout dit, qu’il manquait des morceaux au puzzle, des morceaux qui l’auraient transformée et l’auraient rendue aussi exécrable. La jeune femme peinait à saisir, elle n’avait pas l’impression d’être quelqu’un de faible qui se ferait bêtement avoir par les aléas de la vie. Porter un masque, selon elle, cela lui paraissait stupide. C’était également du temps perdu. Elle avait envie d’être elle-même à cent pourcents... Et il y avait tellement de choses qu’elle aurait voulu être capable de cerner. Comme le fait que ce jeune homme l’avait aimé et qu’elle ignorait si ça avait été son cas ou non.

Lorsqu’il se retourna subitement, son coeur rata un battement et Karen ne parvint pas à répondre de suite. Il n’avait plus cette expression idiote qu’il avait encore quelques secondes plus tôt et en cet instant, ça la déstabilisait vraiment...

- Oui, toujours, Répondit-elle néanmoins d’une voix douce, Je n’en ai pas vraiment le souvenir mais je le ressens quand je danse. Puis, petit à petit, ça vient tout seul. Je ne sais pas si je danse aussi bien qu’avant par contre.

Elle avait des vidéos à la maison seulement elle n’avait pas osé les regarder. Elle préférait ne pas avoir à comparer, cela risquait d’être douloureux si en plus de ça, elle s’apercevait que son talent n’était plus celui qu’il était. Ses professeurs lui répétaient souvent qu’elle s’en sortait et que pour quelqu’un qui avait eu un grave accident, elle était douée. Toutefois, l’étudiante se demandait tout le temps ce qu’ils appelaient « doué » mais elle n’avait pas voulu posé cette question non plus.

- Et toi ?

Ce n’était que maintenant qu’elle s’en rendait compte, la forçant à écarquiller légèrement les yeux. Machinalement, elle avait commencé à le tutoyer... Certes, Karen n’était pas le genre à tenir à de telles formalités cependant ça la surprenait qu’elle les fait d’elle-même si rapidement. Peut-être parce que plus ils avançaient dans la conversation, plus elle remarquait l’importance de leur relation...

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Décidément, ce n'était vraiment pas le genre de conversation que Shin aurait cru avoir un jour avec Karen. Dans la mesure où celle qu'il avait connue s'était réveillée. Mais ce n'était pas le cas et à cet instant, il avait l'impression d'avoir à faire une feuille vierge. Son devoir était de lui raconter son histoire. Son devoir, vraiment ? S'il s'était réellement senti investi de cette mission, il ne l'aurait pas ménagé. Il lui aurait tout déballé sans prendre de gants. Peut-être qu'au fond, il souhaitait conserver une partie blanche pour écrire de meilleures choses que son passé trouble.
Cependant, souhaitant endiguer le mal aise ainsi que décontracter l'atomosphère, Shin choisit de changer radicalement de sujet. Parler d'eux ou de ce qu'ils avaient été n'avait plus vraiment de sens dans la mesure où Karen ne s'en souvenait pas. Et puis, cela paraissait tellement insignifiant, aussi blessant cela pouvait-il être pour lui. C'est pourquoi, il décida de satisfaire sa curiosité autrement. Qu'était-elle devenue à présent ? S'il utilisait son cerveau, le nippon admettait qu'il y avait peu de chance qu'elle ce soit réveillé la veille. Elle avait donc forcément commencé une nouvelle vie. Qu'en était-il ? Et cette passion qu'elle avait ? Même au sein de ce passé houleux, Shin se souvenait qu'il la trouvait sublime quand elle dansait. Peut-être était-ce une des raisons pour lesquelles son coeur avait chaviré. Peut-être au fond, aurait-il souhaité qu'elle se montre aussi sincère avec lui que lorsqu'elle laisser son corps parler sur le rythme de la musique.

Il sourit en entendant une réponse positive. C'était fou de garder ces réflexes alors que la majeur partie de votre vie avait été effacé. Instantanément, il se demanda si lui-même serait capable de jouer du piano comme il avait toujours su le faire si du jour au lendemain sa mémoire venait à être effacé. Ah, si on pouvait effacer sa connerie par contre ! Quoique. Il serait franchement triste sans.

« Je suis sûr que oui. » répondit-il spontanément avec ce sourire idiot qu'il avait retrouvé.

Du moins, il l'espérait sincèrement. Mais si ce n'était pas le cas, il n'avait aucun mal à croire qu'elle finirait par retrouver le niveau qu'elle avait atteint par le passé. Il hocha donc la tête pour appuyer son affirmation, sûr de lui.
Quand elle lui retourna la question, il se désigna d'un « Moi ? » avant de réfléchir une demi-seconde. Oui, ils n'étaient que deux dans cette pièce, ça coulait de source mais bon ... Shin, toussa toussa.
Il eut un sursaut amusé et répondit en riant.

« Non, je ne danse pas ! Enfin .... »

Il effectua quelques pas chorégraphié en se jouant la musique, cherchant le regard de Karen qu'il capta, la couvrant d'un oeil séducteur. Bon, c'était plus pour rire et frimer. Surtout quand il souleva légèrement son haut, laissant légèrement aparaitre son ventre sec, pour terminer sa mini-chorégraphie avant d'éclater de rire et de se retourner, gêné. Ouai, parfois il assumait pas trop sa connerie.
Tout ça pour dire qu'il dansait à ses heures perdues, plus pour lui et pour s'éclater que par réelle passion. Ca l'amusait de refaire les pas des idoles qu'il voyait à la télé. Et puis, les filles adoraient ça, aussi !
Finalement, il se décida à lui répondre sérieusement, sans se détacher de son sourire. Au moins, l'atmosphère semblait s'être un peu détendue.

« Je fais de la musique. C'est plus mon truc. »

Laisser ses doigts glisser sur les touches d'un piano, ou sur les cordes d'une guitare. Accompagner parfois le tout de sa voix que seuls quelques rares élus avaient le privilège d'entendre. Sauf quand c'était pour une jolie fille. Ca lui arrivait d'écrire aussi. Mais ça, il le gardait pour lui. Il ne considérait pas ses compositions d'une grande qualité.
Ainsi, Shin regagna sa place contre le mur, laissant retomber ses fesses sur le sol et lança un regard mutin à Karen.

« Tu me montres ? »

Il souhaitait la voir danser. Ca le travaillait. Il voulait savoir, jusqu'où s'était perdue cette Karen qu'il avait aimée.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

La jeune femme n’avait pu retenir le léger rire qui avait franchi ses lèvres à la remarque de son vis-à-vis. Elle se doutait qu’il ne dansait pas sinon probablement qu’ils partageraient les mêmes cours mais elle voulait savoir ce que lui faisait dans la vie. Si lui se rappelait qu’elle était passionnée de danse, ce n’était malheureusement pas son cas et elle ignorait tout de ce garçon. La situation entre eux était bizarre, du moins quelque part, Karen éprouvait ce sentiment étrange qui lui donnait l’impression de connaître ce jeune homme depuis des années alors qu’elle n’en gardait aucun souvenir. Mais elle se disait également qu’il s’agissait peut-être de cette aura stupide que Shin dégageait. Il avait beau avoir été désagréable avec elle quelques temps auparavant, il donnait envie qu’on apprenne à le connaître. L’étudiante n’était pas en mesure d’expliquer si c’était sa mémoire qui lui jouait des tours ou si c’était l’attitude du garçon qui l’intriguait. Dans tous les cas, elle n’avait pas envie de partir et était poussé par une curiosité qu’elle ne se connaissait pas. Elle aurait très bien pu fuir mais non, elle restait là, assise à l’écouter parler et le regarder se mouvoir. Sa petite chorégraphie l’avait d’ailleurs bien amusé bien qu’elle était certaine que ce n’était pas avec ça que l’élève pourrait intégrer les cours de danse. Au moins, il avait le don de la faire rire sincèrement, ce qui n’était pas gagné avec tout le monde.

Lui faisait donc de la musique. Quel genre de musique ? Ca aussi, ça intéressait la demoiselle qui se débrouillait plutôt avec certains instruments. Particulièrement le piano cependant elle aurait adoré apprendre à jouer de la guitare. L’électrique, ce serait même mieux. Le son est plus fort, plus puissant, cela déchaîne et elle pourrait libérer tout cet afflux d’énergie qui la parcourait souvent. Rien que pour se faire passer pour une rockeuse ambulante, elle était bien tenté de s’y mettre à la guitare électrique... Ca avait l’air cool vu comme ça. Elle aussi ne semblait pas avoir toute sa tête, à croire que son accident avait du lui coûter quelques neurones également.

La surprise se lit néanmoins dans ses pupilles à la demande plutôt inattendu de son vis-à-vis qui souhaitait la voir danser. Est-ce qu’elle le faisait déjà par le passé ? Avait-il l’habitude de venir l’observer en train de s’entraîner ou peut-être même d’assister à ses spectacles ? C’était plus fort qu’elle, Karen ne pouvait s’empêcher d’avoir des tas de questions qui tournoyaient dans sa tête à la moindre rétorque.

- Si tu veux, avait-elle répondu alors, se disant que cela lui permettrait de ne pas trop s’interroger sur le sujet.

Sur ses dires, elle se leva avant de lui adresser un léger sourire et de s’en aller faire la chaîne hi-fi, branchant son téléphone portable sur la machine afin de lancer sa propre musique. Installé au milieu de la salle, la jeune femme se laissa porter au travers de la mélodie qui résonnait à l’intérieur, ses bras se levant, se mouvant tandis que tout son corps restait fluide. Toute sa passion, sa sincérité et sa liberté qu’elle éprouvait se reflétait dans chacun de ses mouvements. Les yeux clos, l’étudiante danser allant même jusqu’à oublier qu’elle n’était plus toute seule dans la pièce et chacun de ses pas étaient en synchronisation, en rythme avec la chanson qu’elle avait lancé. Ce sport la représentait tellement... Elle n’avait pas besoin de parler que chacune de ses émotions devaient se ressortir au travers de ses gestes, de la douceur qu’elle émanait. En réalité, si elle montrait une extrême sincérité quand elle dansait, c’était parce qu’en fait, la jeune femme - même à l’époque - était toujours elle-même à cent pourcents dans ces moments là. Elle ne savait pas mentir au travers de sa passion parce que c’était comme se mettre pleinement à nue sans qu’elle ne s’en aperçoive vraiment. Et si Shin la contemplait avec sérieux, il remarquerait à quel point cette Karen qu’elle était maintenant s’accordait encore plus avec la passion qui la définissait. Autrefois, personne n’aurait sûrement pu comprendre ce qui traversait l’esprit de cette demoiselle qu’on qualifiait de pimbêche, sûrement qu’on aurait pu dire qu’elle tentait de se donner un côté superficielle alors que pourtant, bien qu’elle l’ignorait à l’heure actuelle, il ne s’agissait que de son moyen d’échappatoire qui montrait qui elle était vraiment. Une jeune femme chaleureuse, douce, sincère mais qui avait peur du monde qui l’entourait. Encore et toujours.

La chanson se termina enfin et elle put rouvrir pleinement les yeux avant qu’une esquisse embarrassée vienne tracer ses lèvres. D’elle-même, Karen s’était perdu dans sa chorégraphie, dans sa bulle sans prêter attention à ce qui l’entourait et un léger rire s’enfuit de sa bouche pour camoufler son malaise. Cependant, ce n’était sans compter sur son I-pod qui ne s’était pas coupé et avait lancé la musique suivante.

- Tu danses ? Proposa alors bêtement la demoiselle.

Elle n’attendit pas de réponse du garçon que se saisissant de ses mains, elle l’obligea à se lever et la rejoindre sur la piste.

- Vas-y montre moi tes talents !

C’était plus par amusement que pour réellement admirer le savoir de Shin. Ca lui faisait du bien de se dépenser et de ne songer à autre chose qu’à cette mélodie qui chatouillait ses oreilles, lui donnant envie de bouger encore et encore.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Il était amoureux. Définitivement. En tout cas, à l'époque, il en était à présent certain. Cela faisait bien cinq ans qu'il ne l'avait plus vu se mouvoir de cette façon. S'adonner totalement à sa passion. S'abandonner pleinement à la musique. Etre aussi sublime qu'à cet instant. Cela faisait cinq ans et tout lui revint de plein fouet. Les quelques moments tendre qu'ils avaient partagés, parce qu'il y en avait eu quand même. Même si ça ne signifiait rien pour Karen à cette époque, son coeur ne pouvait lui mentir. Il se souvint de tous ces entrainements auxquels il avait assisté, dans le fond de la salle, se faisant tout petit pour ne pas la déranger, mais se souvenant ô combien il désirait la prendre dans ses bras à ces instants. A quel point se perdre dans sa chorégraphie l'aidait à ne plus penser à rien. Juste à elle. Et il se rappela aussi de la douleur que ça avait été : celle de se rendre compte à quel point il s'était voilà la face, à quel point il avait été bête. A quel point il était encore stupide pour la regarder encore aujourd'hui avec ses yeux là. Karen avait beau avoir perdue la mémoire, est-ce qu'il pourrait un jour lui pardonner ? Qui sait. Tout ce qu'il savait, c'est qu'à l'heure actuelle, il ne parvenait à détacher son regard d'elle.
Quand la musique prit fin, ce fut comme une petite mort. Il aurait aimé la regarder encore un peu. Même si ça faisait de lui un individu peu recommandable, louche, pervers et détestable. Il voulait juste la voir danser. Sans penser au reste.

Il eut à peine le temps de lui rendre son sourire, peinant à revenir à la réalité - c'était pourtant elle qui s'était perdu dans sa bulle, pas lui ... quoique - qu'elle lui proposa de se joindre à elle alors que la seconde musique venait de s'enclencher. Il aurait souhaité dire quelque chose : lui dire qu'elle était fantastique, qu'elle n'avait rien perdu, qu'elle était belle ... Mais elle attrapa ses mains et Shin écarquilla les yeux, prit de court, tandis qu'il se retrouver au milieu de la salle, sa nouvelle piste de danse. Comprenant qu'elle était sérieuse, Shin rit, l'observant bouger la première avant de vite se prendre au jeu à son tour. Il n'avait jamais rechigné à danser ! Certes, il était loin d'être un pro et d'avoir le don de Karen, mais Shin aimait se défouler et la danse était un moyen comme un autre qu'il appréciait particulièrement. Il commença à battre la mesure avec son pied, puis avec sa main sur la cuisse. Il ne lui fit pas longtemps avant que ses hanches ne se mettent à suivre le rythme, balançant ses bras pour effectuer des mouvements qu'il trouvait cool. Tout son corps suivit, se mettant parfois à faire des petits basiques pour faire genre qu'il gérait, mais en riant juste après.
Ce qu'il se passait, il ne s'y attendait pas. Après cette première approche désastreuse, il n'imaginait pas que Karen aurait fini par l'attirer avec elle pour danser. Mais cette tournure là n'était pas pour lui déplaire, et après avoir cessé de faire l'idiot, il ne put s'empêcher de recentrer son regard sur la jeune femme, lui rendant ses sourires à chaque fois que leurs yeux se croisaient.

« Alors ? Impressionnée, hein ? »

Lança-t-il clairement essoufflé. Enfin, il pouvait continuer à danser, mais sa remarque relevait évidemment de la boutade, sachant pertinemment qu'il en faudrait plus pour l'impressionner elle. Oui, parce que les autres filles, on fait trois pas, on soulève le T-shirt et c'est dans la poche. Karen, c'était différent, c'était une pro, une passionnée. Pas sûr que les abdos lui fasse quelque chose dans ce genre de moment.
La musique se déchainait. Elle n'avait clairement pas choisi la playlist la plus calme ! Lui qui souhaitait faire du sport jusqu'à épuisement aujourd'hui, finalement, son planning n'avait pas été trop bouleversé !
Les yeux de Shin se posèrent sur les cheveux de la danseuse qui ne cessaient de valser à chaque mouvement de tête qu'elle effectuait. Il sourit. Finalement, cette séance avait eu du bon pour chacun d'entre eux. Puis, ne tenant plus, il attrapa une main de Karen et tira doucement pour l'attirer vers lui en la faisant tourner sur elle-même. Il captura son autre main et recommença l'opération dans l'autre sens, pour finalement faire quelques pas encore ainsi avec elle, bougeant au feeling sans vraiment plus se soucier de savoir si ce qu'il faisait avec vraiment du sens. Il avait juste envie de s'éclater, de se lâcher et de danser avec Karen. Ce qui était fou, c'était que ce genre de moment, ils n'en avaient pas vraiment eut quand ils étaient ensemble, et il avait fallu attendre qu'il redevienne un parfait inconnu pour elle pour partager ce moment de complicité. Ô destin cruel !

Malheureusement, toutes les bonnes ayant une fin, la musique touchait à la sienne et de peur d'en faire trop, Shin préféra libérer sa partenaire, s'éloignant légèrement en tournant à son tour sur lui-même d'une manière qu'il voulait controlée et cool. Il sourit, mais ne pu garder le beau rôle longtemps, forcé de se pencher un peu, s'appuyant sur ses genoux, pour reprendre son souffle. Néanmoins du coin de l'oeil, il jeta un coup d'oeil à Karen et sans se défaire de son air mutin, il souffla :

« Je crois qu'on est prêt pour Danse avec les Stars, qu'est-ce t'en pense ? »

Il rit avant de se laisser tomber par terre, les bras en étoiles. Tu parles d'un sportif ! Il se pensait plus endurant. Peut-être que la présence de ce charmant fantôme n'y était pas pour rien.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Riant à plein poumon, la jeune femme s’amusait comme une idiote alors que la musique qui résonnait dans la pièce était des plus funs. Elle n’était pas en mesure d’expliquer les émotions qui la parcouraient en cet instant mais elle se sentait tellement légère qu’elle aurait pu voler, ça ne l’aurait pas surprise. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était ainsi avec Shin, pas même pourquoi elle lui avait proposé de danser avec elle. Sans réfléchir, son corps avec agit tout seul et Karen ne l’avait pas regretté. Elle avait pu l’observer en train de se défouler et s’il n’était probablement pas aussi professionnel qu’elle, le jeune homme s’en sortait plutôt bien. Il n’était pas question de qui était meilleur que l’autre mais simplement de s’amuser et de suivre le rythme de la mélodie, se laissait emporter par la danse, sans se soucier de rien. Elle ne parvenait pas à effacer l’esquisse qui décorait ses lèvres tandis qu’elle tournait sur elle-même pendant que l’étudiant reprenait son souffle. Elle était assez impressionné en vérité. Peut-être pas par ses talents de danseur mais parce qu’il n’avait aucune honte à le faire, qu’il ne se posait pas de questions. Beaucoup d’hommes n’aiment pas danser ou restent timides sur le sujet mais Shin n’avait pas hésité à la suivre dans son délire et il l’avait agréablement surprise.

Encore plus lorsqu’il attrapa sa main pour l’inviter à danser avec lui. A nouveau, Karen n’avait pas eu besoin de réfléchir qu’elle s’était laissée faire, tournant pour ensuite revenir près de lui et danser en rythme. Ses yeux ne l’avaient pas quitté et malgré elle, la demoiselle persistait à s’interroger. Si sa raison lui dictait d’arrêter, de mettre un terme à tout ça car elle ne le connaissait pas, son coeur rétorquait le contraire et l’obligeait à rester près de lui, à danser comme deux personnes qui étaient amis depuis des années. C’était tellement étrange et à la fois tellement bon et reposant. Jusque là, la jeune femme s’était toujours senti bizarre, voir mal, quand elle croisait des personnes de son passé... Quand elle croisait quelqu’un tout court d’ailleurs, elle fuyait et quelque chose l’effrayait. On lui avait dit qu’elle n’avait pas eu d’amis sincères autour d’elle, que tous étaient autant superficiels qu’elle alors qui savait... Peut-être que Shin était différent et que cette douceur, cette sincérité, elle était capable de l’éprouver encore à l’heure actuelle.

- Il va quand même falloir que tu t’améliores si on veut participer à cette émission, Plaisanta néanmoins l’étudiante.

Et qu’il devienne célèbre aussi parce que si elle était la danseuse, lui devait être la star. Souriant, elle le regarda étalé à terre avant de farfouiller dans son sac puis de lui tendre sa gourde d’eau afin qu’il se rafraîchisse. Ensuite, elle s’installa à ses côtés toujours avec ses jambes croisées tandis qu’elle s’évada quelques secondes dans ses réflexions. Un soupir discret en vint même à quitter ses lèvres, ses yeux se baissant machinalement sur ses doigts qui se trituraient légèrement.

- Tu sais... C’est quand même bizarre. Je ne te connais pas. Enfin, je veux dire, je ne me souviens pas de toi, de rien du tout...

Elle marqua une pause dans sa phrase avant d’égarer ses yeux en direction du garçon et de le contempler tendrement.

- Mais intérieurement, j’ai l’impression de te connaître depuis toujours. C’est dur à expliquer. Seulement en général, je fuis toujours tout le monde et j’ai du mal à faire confiance aux gens que je croise. Et toi alors que franchement, le premier abord était loin d’être glorieux, j’ai l’impression que je le peux... Je me laisse aller alors que je ne te connais pas. C’est un peu bizarre. Je ressens des choses que je n’arrive même pas à expliquer... Ouais, ça doit être bizarre. Prête pas attention à ce que je raconte, je crois que je m’embrouille moi-même.

Si bien que Karen se mit à rire doucement, mal à l’aise sans qu’elle ne puisse justifier pourquoi. Comme elle venait de le dire... C’était juste bizarre.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Allongé sur le sol, son ventre se soulevait bruyamment tandis qu'il riait encore de ce qu'il venait de se passer. Il n'était plus trop sûr de rien. S'il avait vraiment dansé avec Karen. Si elle n'était finalement pas vraiment un esprit un malin qui jouait avec lui - oui malgré tout, cette histoire de fantôme ça continuait à le travailler - ou si tout était vrai. Et dans ce dernier cas, cela paraissait aussi fou que l'histoire d'une revenante amnésique. Cette fille qu'il n'avait cru ne jamais revoir, toucher, parler ... voir danser. Cette fille qu'il avait rendu fou une fois. Est-ce qu'elle essayait une seconde fois ? Est-ce que Shin serait assez fou et idiot pour s'y laisser prendre ? A l'heure actuelle, personne n'aurait pu le dire.
Et à vrai dire, sur le moment, il s'en foutait. Il était juste mort et euphorique. La remarque de Karen lui fit hausser un sourcil et relevant juste un peu la tête pour la regarder, prit un air exagérément outré.

« Eh ! J'te signale que la plupart savent même pas danser au début ! Alors que moi, toutes les filles craquent devant mes mouvements ultra sexy ! »

Vantard ? Prétentieux? Extrèmement idiot ? Naaan ! Pas le moins du monde. Et en plus, il était sérieux. Il fit même une sorte de vague avec son corps pour appuyer son propos. Sauf qu'au sol, il avait plus l'air d'une carpe hors de l'eau que d'un danseur super hot. Mais bon, laissons le se noyer dans sa connerie, je vous jure qu'il le vit bien. Ou pas.
Il accepta la gourde de Karen et la remercia d'un mouvement de tête de reconnaissant. Cependant, jugeant que le sol était plutôt confortable, il n'en bougea pas tout de suite, laissant sa nouvelle partenaire le rejoindre et s'assoire près de lui. Du coin de l'oeil, Shin lui glissa un regard. Elle semblait pensive. Elle avait de quoi l'être ceci dit ... Peut-être qu'elle regrettait d'avoir accordé une danse à ce fou furieux. Mais ce qu'elle dit à la place eut le don de lui poignarder le coeur dans un premier temps, peinant à accepter qu'il ne soit plus rien pour elle, désormais. Enfin, sans doute ne l'avait-il jamais été ... Mais ça, il ne le saurait jamais. Son regard se voila et une expression plus grave marqua son visage. Néanmoins, il prit une grande inspiration pour contenir sa frustration et se redressa pour se retrouver dans la même position qu'elle, attentif.

La suite lui fit l'effet inverse. Sa poitrine se remit à tambouriner, et une légère et agréable chaleur l'envahit. Silencieux, méditant simplement ses paroles, Shin ne pouvait pas être plus surpris. Non seulement ce qu'elle dit lui fit plaisir, prouvant qu'il était parvenu à la détendre et à lui faire - presque - oublié son entrée en matière peu glorieuse, mais également parce qu'elle s'était montrée honnête avec lui. Jamais Karen ne lui avait parlé comme ça. Elle ne lui parlait pas vraiment d'elle en général. Est-ce qu'ils se parlaient seulement ?
Destabilisé, Shin chassa son air hébété pour se racler la gorge et déglutit avec difficulté. Il n'eut pas besoin de trouver ses mots car il esquissa un sourire mutin avant de capter les yeux de la danseuse.

« Ca, Karen, ça s'appelle l'Amour ! T'es complètement tombée amoureuse de moi, c'est pour ça. »

Euh ? Oui .... ? Qu'on l'arrête. Qu'on le fasse taire.
Le bougre se rallongea sur le sol avec un sourire satisfait, callant ses mains derrière sa tête.

« En même temps, je ne peux pas t'en vouloir : je suis beau, je danse comme un dieu, malgré ce que tu pourras dire ! J'suis un sportif - ça se voit non ? - et j'ai encore plein d'autres talents dont tu ignores tout. »

Ah bah, ben voyons ! Vantard ? Check. Prétentieux? Check. Extrèmement idiot ? Triplement check. Il coula un regard malicieux vers Karen, le sourire jusqu'aux oreilles. C'était des bêtises et il allait probablement s'en prendre une, encore ! Mais au fond, c'était aussi sa façon à lui de dédramatiser les battements de son propre coeur.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Réellement, l’étudiante peinait à tout analyser. Elle n’était pas stupide et comprenait que ce jeune homme avait dû compter pour elle mais est-ce qu’il était le seul ? Même pour ses soit disant parents, Karen n’avaient pas ressenti cela, juste un arrière goût amer qu’elle n’avait pas été capable de déceler. Ses amis de l’époque, elle ne les avait pas revu à son réveil et elle n’avait pas cherché à les contacter puisque de toute façon, elle ignorait qui ils étaient. Reprendre de zéro, voilà ce que la demoiselle avait décidé cependant il y avait trop de choses qui se mettaient au travers de sa route et l’empêchait de voir les choses correctement. Ce qu’elle éprouvait pour Shin, cette chaleur au fond de son coeur, elle pensait que c’était simplement parce qu’elle avait dû l’apprécier ou qu’au contraire de ses « amies », lui était doux et sincère. Non pas superficiel. Peut-être... Ou bien, peut-être que s’ils étaient en couple, elle l’avait aimé en retour. Mais ça, elle ne pouvait pas le savoir et ça ne lui donnait pas l’impression d’être si fort. C’était juste... Bizarre. Physiquement parlant, la jeune femme admettait qu’il l’attirait, qu’il dégageait quelque chose qui la charmait subtilement cependant ça s’arrêtait là. Elle avait simplement cette impression d’être légère face à lui, qu’elle n’avait à se soucier de rien parce qu’il était là, qu’il ne la jugeait pas et ne cherchait pas à lui rafraîchir la mémoire non plus. Et ça... Cela lui faisait du bien. Elle avait plus d’elle-même envie de cerner la situation, de comprendre leur histoire que lui qui tentait de lui rappeler. Certes, leur idylle n’était sûrement pas aussi idyllique qu’elle ne pourrait se l’imaginer, le garçon lui ayant fait sous-entendre que par sa faute, ça avait été en vérité plutôt catastrophique. C’était la raison pour laquelle Karen se tourmentait autant... Si réellement ça avait été désastreux entre eux, pourquoi ressentait-elle ce genre d’émotion à son égard ?

Les sourcils froncés, l’étudiante avait envie de le frapper avec ses idioties. Parce qu’elle savait qu’il plaisantait et au lieu d’être sérieux, il se vantait. Mais elle ne l’avait pas tapé, elle s’était contentée de sourire tout en murmurant un « idiot » avant de venir s’installer à ses côté, à une distance plus ou moins respectable.

- Ca va les chevilles ? Le taquina-t-elle à son tour, T’as oublié de préciser aussi que s’il y avait un classement pour les imbéciles, tu serais le premier.

On ne pouvait pas le lui reprocher, Shin l’avait cherché. La jeune femme ne lui rendait que la monnaie de sa pièce alors qu’une expression tout à fait innocente décorait son visage.

- J’essayais d’être sérieuse et toi tu dis des conneries ! Râla Karen en le tapant tout de même gentiment au niveau du bras, De toute façon, je ne pourrais même pas dire si c’est ça ou non. Mais je pense plus que c’est parce que toi, tu étais sérieux avec moi... Peut-être. J’ai l’impression de ne pas avoir à me cacher, d’être plus légère et c’est agréable, je trouve. Tout le monde ne fait que me parler du passé, celle que j’étais et ça en devient étouffant parfois. J’aimerais juste me poser et ne penser à rien. Ce n’est pas comme si je pouvais me souvenir en un clin d’oeil et ça tout le monde ne le comprend pas... C’est sûrement égoïste mais j’aimerais tellement arrêter de me prendre la tête pour celle que j’étais puisqu’elle n’est plus.

C’était étrange. Elle n’avait parlé de ça à personne depuis son accident mais avec ce mystérieux inconnu, les mots sortaient naturellement.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Shin n'était pas peu fier de sa bêtise. Il ne souhaitait pas que Karen se vexe ou prenne la fuite, il espérait sincèrement qu'elle ai comprit qu'il plaisantait. Même s'il devait être puni pour avoir cassé son élan. C'était même un peu cruel : la danseuse s'était livrée à lui, elle avait essayé de se montrer honnête. Il aurait dû lui rendre la pareille, la rassurer ou l'encourager. A la place, il avait fallu qu'il fasse l'idiot. Mais, finalement, raconter des bêtises c'était un peu sa défense à lui. Il comprenait que Karen soit perdue, c'était normal. Mais, et lui ? Qu'est-ce qu'il devait penser de tout ça ? Sans doute ne réalisait-elle pas l'effet que ces mots avaient sur lui. Jamais il n'aurait espéré un jour les entendre de sa bouche. C'était bête, il devrait juste être content ... Content que cela se passe bien entre eux, de pouvoir partir sur une nouvelle base. Alors pourquoi avait-il peur ? De quoi ? Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ? Plaisanter sur ça, c'était un moyen de se rassurer, de ne pas trop y penser. Karen était là, à côté de lui. Et pourtant, ce n'était pas vraiment elle. En tout cas, pas celle qu'il avait connue. Et ça, ce changement radical, ça le perturbait bien plus qu'il ne l'aurait cru. Au fond, peut-être avait-il juste du mal à y croire ... Son coeur tambourinant dans sa poitrine, certainement à cause de leur petite folie précédente, devrait l'aider à se rendre compte que c'était bel et bien la réalité.

Karen s'allongea à ses côtés, amenant dans son élan un parfum enivrant qui l'enlaça subitement. Quelques mèches de ses cheveux gisaient tout près de son épaule à lui, bien que le corps de Karen ne soit pas tout à fait collé au siens. Ce comportement le surprit également. Elle baissait sa garde. Est-ce que c'était bon signe ? Shin voulait croire que oui. Une brève esquisse balaya son visage. Et il sourit de plus belle à sa remarque. Il rit, même.

« Eh ! Etre premier des imbéciles, c'est quand même être premier quelque part ! »

L'optimisme. Ou la bêtise, ça dépendait des points de vue. Mais faire l'idiot dans ces moments là, ça ne le gênait pas. Même si la tournure des évènements était de plus en plus surprenante, et que Shin s'efforcer tant bien que mal à cacher son désarroi, il ne pouvait s'empêcher, dans un coin de sa tête, d'apprécier pleinement cet instant avec elle. Même si elle était bizarre et un peu bancale, ils avaient quand même noué une petite complicité.
Karen râla, lui reprochant de ne pas être sérieux et lui flanqua une tape sur le bras qui le fit légèrement sursauter, ne s'attendant finalement pas à ce qu'elle le réprimande maintenant. Il lui fit une grimace, caricaturant sa douleur - inexistante - avant de la laisser parler, la tête légèrement tournée vers la danseuse, ses yeux rivés sur son visage.
Cette fois-ci, Karen se livra à nouveau, et Shin ne perdit rien de son attention. Une étrange impression lui serra le coeur, tandis que la jeune femme semblait sérieuse et soucieuse à la fois. Il retint un instant sa respiration, comprenant que ses tourments devaient la ronger depuis un moment. Il ne comprenait pas pourquoi elle lui disait ça à lui, et au fond, se doutait qu'elle devait peu parler de ses sentiments. Il ne savait pas non plus s'il devait s'en réjouir qu'elle se montre aussi honnête avec lui, bien qu'il eut du mal à ne pas l'être. En vérité, il prenait peu à peu conscience qu'il craignait que tout cela soit faux, qu'à nouveau sa bêtise le rattrape et qu'il se trompe. Il craignait que ce nouveau lien qu'il venait de tisser, fragile, ne soit qu'un tissu de mensonge. Doucement, il se revoyait venir dans sa chambre d'hopital, la contempler telle une défunte et partir sans jamais revenir. Est-ce qu'il culpabiliser ? Jamais, il ne s'était sentit coupable pour ça. Et ça le rongeait. Parce que ce qu'il ressentait à cet instant n'était pas logique avec ce qu'il avait fait à cette époque ... Karen n'était plus. C'était probablement ce qu'il s'était persuadé, et probablement une vérité. La jeune femme l'avait dit elle-même. Au fond, Shin n'avait peut-être pas eu envie de veiller cette Karen là ... C'était peut-être étrange, naif, fantaisiste mais ... Et s'il avait simplement attendu cette fille qui se tenait à présent devant lui ?
Ah ! Il se perdait lui-même dans ses réflexions. Ca n'avait plus de sens.
Et puis .... Etait-ce vraiment important ? Son regard qui ne s'était pas détaché de Karen, s'assombrit légèrement. Elle, elle devait se sentir affreusement seule. Personne ne la comprenait. Tous cherchaient cette ancienne elle qu'ils détestaient pourtant, n'arrivant pas à admettre qu'elle pouvait être devenue autre chose que ce fantôme. Lui le premier sans doute ... Sa potirine le fit à nouveau souffrir en prenant conscience qu'il n'avait pas envie de faire parti de ces gens. Il souhaitait la rassurer, la prendre dans ses bras ... Ses yeux roulèrent un instant sur ses lèvres. Ainsi allongée, même si son visage était voilé par le tourment, Shin ne pouvait s'empêcher de la trouver belle et fragile ... Ses muscles se bandèrent et il dut faire un effort colossal pour s'empêcher de la prendre contre lui. Qu'est-ce que c'était que ce désir ? Ce n'était pas le moment. Elle n'avait sans doute pas besoin de ça ....

« Alors ne pense plus. » souffla-t-il enfin.

Sa main vint chercher la sienne et la pressa tendrement sa paume. C'était tout ce qu'il pouvait faire, le maximum qu'il s'autorisait.

« Tu l'as dit toi même : cette Karen là n'existe plus. C'est normal de vouloir vivre autre chose que le passé que tu as perdu ... Et c'est peut-être mieux comme ça. Moi, j'ai envie de connaitre cette nouvelle Karen. »

En disant cela, il ne l'avait pas regardé, pressant juste un peu plus sa main dans la sienne. Peut-être parce que dire des choses sérieuses, c'était pas son fort. Et peut-être que s'il la regardait, il ne pourrait plus réfréner son envie qui le brûlait depuis un moment. A cet instant ... il avait terriblement envie de l'embrasser.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Elle aimerait tellement arrêter de réfléchir, ne plus se tracasser à propos de son passé et s’en vouloir pour quelque chose dont elle ne se souvenait pas. Elle avait envie de croire son entourage, se dire qu’elle était une véritable peste auparavant bien que cela s’avérait être compliquée à imaginer et à accepter surtout. Mais elle avait pu constater d’elle-même qu’elle avait fait beaucoup de mal autour d’elle seulement pouvait-on cesser de le lui reprocher sans cesse ? Si elle avait blessé quelqu’un moralement ou physiquement, Karen s’en excuserait parce que celle qu’elle était à présent ne pouvait concevoir ce genre de comportement. Elle n’avait pas envie de peiner qui que ce soit ni de l’être en retour. Pourquoi lui en voulait-on de préférer aller de l’avant, de ne pas souhaiter se rappeler de ce passé qui l’effrayait plus qu’autrui devait penser ? Ses yeux fixèrent le plafond en silence alors qu’un faible soupir s’enfuit de ses lèvres pendant qu’elle se perdait dans ses rêveries. Son coeur se serrait malgré lui parce que personne ne songeait à la douleur qu’elle pouvait éprouver depuis qu’elle s’était réveillé. Tout d’abord, on lui annonçait qu’elle avait perdu quatre ans de sa vie, ensuite elle découvrait qu’en réalité, elle ne se rappelait plus de rien et on l’a forcé à tenter de dicter son existence comme bon leur chantait. Quelque part, la jeune femme était fatiguée de tout ça et c’était peut-être pour cela aussi qu’elle se sentait bien près de ce garçon. Peu importait ce qu’elle avait pu lui faire autrefois, il ne l’obligeait à rien, il ne lui demandait rien non plus et c’était quelque chose d’admirable. Pensive, la demoiselle se questionnait quant à ses sentiments à lui, ô combien il avait pu l’aimer par le passé et s’il n’en avait pas trop souffert. Si c’était le cas, elle en était terriblement désolé parce que cette Karen qu’elle était, elle-même ne parvenait pas à la comprendre. Voilà pourquoi cela lui était si douloureux qu’on veuille la ramener toujours en arrière car elle n’était pas en mesure d’expliquer pourquoi elle était cette fille stupide.

Un léger sursaut la parcourut à la sensation de ses doigts qui attrapaient les siens et instinctivement, son regard se détourna vers son voisin allongé à ses côtés. Sans rien dire, elle le contemplait alors que ses paroles la touchaient sincèrement. Si Shin avait l’air d’un idiot, il lui donnait également l’impression d’être une personne vraiment formidable. La première question qui lui traversait l’esprit était « Pourquoi ? » car elle n’était pas bête, elle savait qu’elle lui avait du mal autrefois mais pourtant il était si gentil avec elle... La jeune femme resta pourtant silencieuse, continuant de l’observer avec ce fin éclat qui dessinait ses lèvres. Ses phalanges s’étaient entremêlés autour des siennes, les serrant un peu plus fort alors que muettement, elle le remerciait avec sincérité. Une douce chaleur était apparu dans son coeur telle une flamme qui s’allumait, bercé par tant de bien être. C’était agréable.

- Mais ce n’est pas facile, Déclara-t-elle en regardant à nouveau le plafond, Je m’interroge moi-même souvent aussi... Le plus dur est de ne pas comprendre puis, il y a la peur que tout revienne d’un coup également. Cette fille que j’étais, je ne m’en rappelle pas mais je ressens comme un goût amer rien qu’en y pensant. Parce que je la déteste.

On pourrait répondre qu’il était stupide de se détester soi-même mais c’était bien son cas. Elle ne parvenait pas à se reconnaître alors que ses sentiments aujourd’hui envers le monde en général lui paraissaient si doux, si curieux et qu’elle était incapable de s’imaginer faire du mal à qui que ce soit. Elle serait la première à intervenir si on blessait quelqu’un sous ses yeux...

- Toi par contre, tu es aussi bizarre, Ajouta l’étudiante avant de tourner son visage vers lui cette fois-ci, Je ne saurais dire pourquoi, tu agis différemment des autres et même si c’est agréable, j’ai du mal à comprendre. Tu aurais pu me détester pour ce que j’ai fait, peut-être qu’intérieurement c’est le cas tu me diras, mais tu es là à jouer aux idiots et tu ne cherches pas à remuer le passé. Au contraire... Tu ne dois pas être normal.

Un doux rire résonna dans la pièce alors qu’elle riva ses prunelles ailleurs que sur le jeune homme. Elle n’était pas capable d’expliquer à quel point elle se sentait légère en cet instant, encore moins si bien. Elle ne l’avait pas été depuis longtemps et, aussi surprenant soit-il de sa part, Karen n’avait pas envie de bouger.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Shin avait presque oublié qu'ils étaient allongés en plein milieu d'une salle de danse. L'atmosphère était tellement douce et reposante. Il pouvait presque entendre le battement de leur deux coeurs et leur respiration lente. C'était comme si leur petite séance de danse avait chassé toutes les tensions qui encombraient cette pièce. Et maintenant, Karen se livrait à lui, sans détour, sans masque ... En tout cas, Shin voulait croire en sa sincérité. En ses frayeurs et ses impressions sur lui. Il voulait croire qu'elle mettait son coeur à nu pour lui. Même si cela impliquait qu'il puisse se tromper encore une fois et peut-être en souffrir ... Il aurait aimé détruire cette part de méfiance en lui, mais elle était tenace. A croire que les blessures du passé n'étaient de si petites égratignures qu'il le pensait.
La jeune femme n'avait pas repoussé sa main, ce que le nippon apprécia. Il avait l'impression qu'elle lui faisait confiance, qu'elle se laisser aller avec lui. Elle l'avait même avoué. Il se sentait flatté et privilégié, inutile de le nier. Mais surtout, il n'avait pas envie que ça s'arrête. Il avait découvert une nouvelle Karen, et désirait réellement apprendre à la connaitre, comme il lui avait dit plus tôt. C'était comme si on lui offrait une seconde chance de véritablement le faire cette fois-ci. Et il ne souhaitait pas gâcher sa chance avec cette Karen là. Elle qui n'avait plus toutes ses barrières autour d'elle qui semblaient insurmontables autrefois ... A côté de lui, se trouvait à présent une jeune femme perdue, délicate et fragile et dont il faisait son devoir de protéger.

La jeune femme lui répondit que ce n'était pas aussi simple. Ce qu'il comprit. Il osa enfin détacher son regard du plafond pour le replacer sur elle, à nouveau à l'écoute. Il était conscient que de simples mots de sa part n'allaient pas résoudre toutes ses angoisses la seconde suivante. Il ne pouvait sans doute qu'à peine imaginé le désarroi dans lequel elle nageait, et pourtant c'était bien assez pour comprendre sa détresse et ses peurs. Sans doute parce qu'au fond, il en partageait une. Celle d'être à nouveau confronté à cette fille qui l'avait plongé dans une grande confusion. Celle de voir toutes ses chances de l'atteindre à nue. Celle de voir disparaitre cette jeune femme sous son masque qui la conduisait à s'auto-détruire. Il serra un peu plus sa main au creux de la sienne, inspirant longuement. Sans doute une façon pour lui de la retenir dans ce monde, près de lui. Cela faisait peut-être une heure qu'ils étaient ensemble et pourtant, Shin refusait de perdre ce qu'il venait de retrouver. Ou plutôt, trouver tout court.
Alors qu'elle acheva en déclarant qu'elle détestait cette ancienne Karen, son coeur manqua un battement et il fut prit d'une irresistible envie de la prendre contre lui. Pour la rassurer ? Lui dire qu'elle n'avait pas à le faire ? Et pourtant, ça serait tellement hyporcite de sa part à lui. Après tout, ne l'avait-il pas détesté lui aussi ? Ne l'avait-il pas abandonné sur son lit d'hopital ? Mais n'était-ce pas justement parce qu'il l'avait aimé ? Il fronça les sourcils, perturbé par toutes ses pensées qui se bousculaient dans sa tête. Il cherchait désespérement pourquoi il était tombé amoureux d'elle à l'époque. Si elle n'était que cet être détestable, Shin n'aurait jamais dû rien ressentir pour elle alors. Et si elle n'avait pas été que ça ? Et s'il avait su percevoir un peu de lumière caché derrière cet opaque rempart ? Cette lumière qui devait irradier lorsqu'elle se mettait à danser ... Peut-être en avait-il désespérement cherchait la source ... Et que ce n'était qu'aujourd'hui qu'il mettait la main dessus.

Il était bizarre. Shin n'était pas comme les autres selon elle, et ces paroles lui fit tourner la tête vers elle avec un regard surpris. Sa conclusion le rendit sans voix .... Avant de se mettre à rire, faisant écho à celui de Karen. Ouai, pour sûr qu'il était pas normal. Il devait être fou, il s'était souvent posé la question et ce n'était pas nouveau. Pour autant, derrière ses étranges paroles, son coeur se réchauffa un peu, touché par ce qu'il comprenait.

« Ouai, j'suis pas normal. » affirma-t-il en riant doucement. « Enfin, toi non plus sinon on serait allongés là comme deux idiots à scruter ce magnifique plafond uni blanc. »

Outre cette remarque très pertinente, il était certain que Karen était loin d'être comme les autres, elle aussi. Elle était un mystère depuis qu'elle était arrivée sur le sol nippon. Shin en avait fait son énigme qu'il avait été incapable de résoudre. Pire, il s'était fait écraser par celle-ci, vaincu douloureusement. Aujourd'hui, ce mystère avait pris une autre forme, mais il n'était définitement pas résolu.

« Peut-être parce que je n'ai pas envie de remuer le passé, comme tu dis. Je mentirais si je te disais que je n'ai jamais eu qu'amour pour toi. Tu m'as blessé, c'est vrai ... Mais peut-être qu'au fond, c'était moi que je détestais pour ne pas avoir su trouver à l'époque, celle que j'ai rencontrée aujourd'hui. »

Plus ils parlaient, plus Shin se sentait investit d'une étrange mission. Celle de la faire s'accepter et protéger ce qu'elle était devenue. C'était sans doute encore une bêtise, et Shin ne devait pas avoir pleinement conscience de ce dans quoi il s'engageait. Peut-être que ça serait même vain et qu'aussitôt qu'ils quitteraient cette salle, il n'entendrait plus jamais parler de Karen. Mais il refusait une telle option ...

« Pour être honnête, je ne tiens pas non plus à ce que ta mémoire te revienne, même si c'est sans doute très égoïste et déplacé de dire ça ... Mais j'ai vraiment envie de repartir sur de nouvelles bases avec toi. Apprendre à connaitre celle que tu es aujourd'hui. Celle que tu es vraiment. »

S'il avait été capable d'aimer la Karen d'autrefois, nulle doute qu'il en serait de même et voire bien plus avec celle-ci. Il se redressa légèrement, la surplombant dans cette position, et planta son regard dans le sien. Un regard à la fois doux et sérieux.

« Et si un jour la mémoire te revient, je te promets de faire en sorte que celle que tu es aujourd'hui ne disparaisse pas ... Cette fois-ci, je ne t'abandonnerais pas. »

Sa faute avouée et sa promesse scellée, Shin laissa un instant aller son regard sur elle, avant de le détourner et regarder ailleurs pour cacher ses joues enflammées et atténué le rythme de son coeur qui s'était affolé. Non décidemment, ce genre de discours ça ne lui réussissait pas.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Shin avait raison, elle n’était pas normal non plus mais lui était pire qu’elle. Peut-être que Karen n’était pas encore en mesure de comprendre les sentiments du jeune homme, ni même ses propres émotions qui réchauffaient son coeur. Tout se chamboulait dans son esprit et quelque part, elle aurait aimé pouvoir se souvenir afin de mettre des mots sur ses sensations qu’elle éprouvait en cet instant précis. Mais elle se disait que si elle avait été vraiment proche de ce garçon, qu’elle l’avait apprécié, voir peut-être sincèrement aimé, son entourage l’aurait su non ? Tous ceux qu’elle avait croisé jusqu’ici la qualifiait de sans coeur, d’insensible néanmoins aujourd’hui encore, elle peinait à y croire au vue de comment ses émotions affluaient. Qui savait... Et si le garçon avait raison, si en réalité, elle n’avait porté qu’un masque pendant toutes ces années, que personne ne s’en était rendu compte, peut-être qu’elle même l’ignorait... Dans tous les cas, elle avait conscience a l’air actuelle qu’elle avait tenu à cette étudiant. Son coeur ne s’affolerait pas de la sorte. Lui se rappelait de choses que son cerveau n’était pas incapable de se souvenir et c’était étrange. Elle ne s’était pas senti aussi bien qu’en cet instant et si les paroles de son ex-petit ami la faisait culpabiliser, lui broyer quelque peu son âme, la jeune femme n’en était pas moins touché. Le rythme de ses battements s’était accentué sous la surprise ainsi que l’émotion. Il s’agissait certainement que de belles paroles seulement il était le premier à lui en faire depuis son réveil et bêtement, ça la charmait littéralement.

- Tu dis ça à toutes les filles que tu croises ? Taquina-t-elle dans un léger rire sans le regarder.

En vérité, Karen était sincèrement touchée par les mots de son interlocuteur et ça avait commencé à la rendre mal à l’aise. Elle ne pourrait expliquer ni comment ni pourquoi toutefois ça l’embarrassait plus que de raison. Peut-être parce que justement elle était émue et que jamais elle ne s’était attendu à ce qui lui fasse une telle déclaration.

- Honnêtement, je ne sais pas ce qui est le plus effrayant. De ne se souvenir de rien ou de retrouver ses souvenirs... Les deux le sont, je suppose. Ne pas tout comprendre est aussi perturbant.

L’étudiante s’assit à nouveau sur ses dires, recroisant ses jambes tandis qu’elle le contemplait en silence, une esquisse discrète au bord des lèvres.

- Mais je suis quand même désolé... De ne pas me rappeler et aussi de t’avoir blessé. Tu as l’air d’être quelqu’un de bien. Je devais être idiote d’être passée à côté de ça.

Un rire cristallin franchit ses lèvres tandis qu’au fond d’elle, elle pensait réellement ce qu’elle rétorquait. Elle ne le connaissait pas et pourtant, c’était l’impression qu’elle avait en l’observant, en l’écoutant... Peut-être qu’elle se trompait, peut-être qu’en vérité c’était Shin l’abruti dans l’histoire, peut-être même que tout ce qu’il lui avait déclaré était faux mais Karen était incapable de ne pas le croire. Elle aurait pu seulement bien qu’elle aurait aimé être plus méfiante, elle n’y parvenait pas.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Il était difficile de rester sérieux dans ces circonstances. Finalement, Shin prenait conscience à quel point il était habitué à se défiler en jouant sur son humour et la dérision. C'était toujours tellement plus simple de tout prendre à la rigolade. Il aurait aimé lui dire qu'il plaisantait, qu'elle ne devait pas le prendre trop au sérieux et cacher ainsi son embarras et son coeur affolé. De quoi avait-il l'air avec ses joues roses ? Ce n'était pas comme s'il draguait une fille pour la première fois. Et encore, il ne draguait pas Karen ... Et c'est pour ça qu'il ne pouvait pas fuir en annulant tous ses mots : parce que tout ce qu'il venait de dire était sincère. Il le pensait et souhaitait sincèrement protéger ce qu'était devenue Karen. Pourquoi ? Pourquoi se sentir autant impliquer ? Elle qui l'avait trompée, qui l'avait pris pour un idiot, elle qui ne l'aimait pas. Ne prenait-il pas tout ça trop à coeur ? Peut-être qu'au fond, il n'avait jamais cessé d'espérer ... Shin n'était définitivement pas aussi mature qu'il pouvait prétendre l'être.

La remarque de la jeune le sortit de son embarras et il tourna la tête vers elle en haussant les sourcils. Une demi seconde plus tard, il esquissait un sourire amusé et rit doucement, tandis que son regard devenait plus malicieux.

« Non seulement à mes ex-petites amies amnésiques ! »

Qui se se trouvaient être au nombre incroyable de une. Finalement, il n'avait pas eu de besoin de dire de bêtises, Karen l'avait fait pour lui. Il se rendit compte qu'il avait peut-être été trop sérieux et que cela avait pu la mettre autant mal à l'aise qu'il ne l'était. Il ne souhaitait pas l'effrayer, ou pire, avoir l'air d'un beau parleur. Il avait naïvement souhaitait se montrer sincère mais il ferait dorénavant attention à ses paroles. Une giffle lui avait emplement suffit.
Le garçon suivit des yeux le mouvement de sa voisine alors qu'elle se relevait, silencieux. Un sourire plus léger et compatissant traversa son visage alors qu'elle exprimait sa confusion. Lui aussi trouvait ça étrange et perturbant, et ce n'était pas lui qui avait perdu la mémoire. Est-ce que Karen resterait éternellement dans ce flou ? Ca n'était en rien évitant, surtout que la jeune femme hésitait entre se souvenir et ne rien savoir. Sans doute que si la Karen du passé avait mené une vie plus douce, les choses seraient plus simples. Toujours douloureuses, mais elle n'aurait pas à faire à ce dilemme qui paraissait être une torture.

Le coeur de Shin rata un battement tandis qu'elle le définissait comme quelqu'un de bien. Il la fixa longuement sans répondre. Son jugement avait bien changé ... Et même sans penser à ce qu'il s'était passé dans les couloirs, Shin en venait à se demander si par le passé, Karen songeait aussi à lui comme une personne bien. « Trop bien pour elle. » Ce n'était pas important, ça ne devait plus l'être, mais il ne pouvait s'empêcher d'y penser. A ce genre de chose, à ce qu'il avait pu représenter pour elle. Est-ce que sa confiance actuelle était un reste de sa mémoire ? Est-ce que cela signifiait que malgré ce qu'elle lui avait fait, elle avait eu un peu de considération pour lui ? Ses excuses ne lui firent rien. Il n'en voulait pas. Comment pouvait-elle être désolée pour quelque chose dont elle n'avait même pas conscience ? Il ne doutait pas de sa sincérité, mais ce n'était pas à elle de s'excuser. Du moins, pas à celle qu'elle était aujourd'hui. Son pardon, il aurait souhaité le donner à celle qu'il avait aimée. A cet instant, il prit conscience qu'il ne pourrait sans doute jamais le faire, ni savoir quels étaient réellement ses sentiments.
Quant à son jugement, il était définitivement faux. Si Shin était véritablement quelqu'un de bien, il ne l'aurait pas laissé sur son lit d'hopital. Il ne serait pas parti sans se retourner. N'aurait pas cherché à l'évincer de sa mémoire. Et s'il avait été quelqu'un de bien, il aurait peut-être essayer de la sortir de cette vie désastreuse dans laquelle elle baignait. Il n'avait rien fait de tout ça. Il avait juste était lâche. Au fond, de quel droit pouvait-il prétendre la protéger aujourd'hui ? Il n'en avait pas été capable hier.
Son coeur s'écrasa au fur et à mesure qu'il prenait conscience de toutes ses choses. Ses paroles n'avaient aucune légitimité. Finalement, il était peut-être bel et bien le beau parleur qu'il redoutait d'être avec elle.

Il se frotta l'arrière du crâne pour chasser son embarras ainsi que toutes les pensées qui parasitaient son cerveau. Il tourna finalement la tête vers Karen et lui adressa un regard désolé accompagné d'un mince sourire.

« Tu te trompes. » dit-il simplement.

Shin n'était définitivement pas un type bien. Il suffisait de regarder sa situation familiale pour s'en rendre compte. Mais ça, bien sûr, personne ne pouvait le savoir.
Le garçon se redressa et d'un mouvement sec se retrouva sur ses deux jambes et se releva. Debout, il tendit la main vers Karen pour l'inviter à se relever avec lui.

« Je ne pense pas que tu étais idiote. » Dépassée serait sans doute plus juste. Mais qu'en savait-il vraiment ? « Et ne te prends pas trop la tête par rapport à ... Mmh "nous". C'est du passé, tu n'y peux rien. » En tout cas plus maintenant, c'est certain. « Tu devrais plutôt te concentrer sur celle que tu es aujourd'hui. Tu as une toute nouvelle vie à vivre, non ? »

Quelles paroles naïves, n'est-ce pas ? Mais si ça pouvait l'encourager à ne pas se morfondre sur les méfaits qu'elle avait pu faire. Comment lui en vouloir aujourd'hui ? Il était clair qu'elle s'en voulait et qu'elle regrettait. Et le pire c'est qu'elle était incapable de s'en souvenir. Comment se faire pardonner quelque chose que l'on a oublié ?
Il apposa sa main sur le haut du crâne de la jeune femme et frotta doucement, d'un geste tendre. Un nouveau sourire éclaircit son visage. Il y avait beaucoup de choses qu'il aimerait lui dire, voire faire. Mais ça ne serait pas raisonnable. Alors il enleva sa main et se recula légèrement, sans perdre son sourire.

« Avec tout ça, je t'ai sans doute mise en retard. J'espère ne pas trop avoir bousculé ton planning de la journée. »

Mieux valait-il arrêter là avant qu'il n'en fasse trop. Qu'il ne se retienne plus. Parce que ça serait injuste et égoïste de sa part. C'était trop facile d'abandonner ce qui était douloureux et de ne prendre que les bonnes choses aujourd'hui.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

Sans être capable de se justifier, Karen pensait sincèrement ses mots. Shin lui semblait être une bonne personne, non pas uniquement grâce à aujourd’hui mais aussi par ce que son coeur lui dictait. Elle ressentait cette impression là alors qu’à l’origine, un gars qui lui avait mis la main au sein aurait eu plus tendance à la faire fuir, la rendre plus méfiante. Elle ne parvenait pas à l’être avec lui. Il dégageait cette aura qui lui donnait envie de se tenir à ses côtés, de lui sourire et même l’écouter. Est-ce qu’elle tenait à lui par le passé ? Est-ce qu’il faisait parti de ce peu de monde que la jeune femme aurait pu apprécier ? On lui avait dit qu’elle n’aimait personne, que même ses propres amis, elle ne paraissait pas les porter grandement dans son coeur, qu’ils n’avaient pas souvenir de l’avoir déjà vu agir sincèrement envers quelqu’un. Et si ce n’était que ce que l’étudiante souhaitait montrer extérieurement, que quelque part dans le fond de son coeur, elle n’était pas aussi peste que ce qu’elle laissait paraître. Sinon, pourquoi éprouverait-elle toutes ces émotions pour un jeune homme qu’elle rencontrait tout juste ? Une part d’elle lui donnait cette impression de le connaître mais son cerveau refusait de se rappeler de quoi que ce soit... Probablement ce qui l’effrayait le plus, de ressentir tant de choses sans être en mesure d’expliquer pourquoi elle éprouvait cela.

Elle n’avait pas envie de débattre avec lui, ni le contredire parce que certainement qu’ils ne seraient pas d’accord sur le sujet. Pourtant Karen ne pouvait s’empêcher d’y songer, qu’elle devait être une bien bel idiote à l’époque. Pas uniquement avec Shin mais avec tout le monde aussi. Comment avait-elle pu en arriver là ? Est-ce qu’un jour elle serait capable de comprendre ? Mine de rien ça la tracassait et si comme son nouveau camarade le disait, elle avait une nouvelle vie à présent, cela n’effacerait pas ses troubles rapidement. D’où le fait que l’étudiante avait soupiré discrètement, se perdant dans ses réflexions avant d’être interrompu de plus bel par son vis-à-vis qui s’inquiétait peut-être un peu trop. Tellement qu’elle en rit légèrement tout en secouant la tête alors qu’elle était quelque peu gênée par ses gestes à son égard. Elle n’avait pas grand chose à faire si ce n’était de traîner avant de rentrer à la maison pour retrouver cette famille qui lui paraissait terriblement fausse.

- Je n’avais pas grand chose de prévu, Déclara-t-elle posément, Je comptais aller me balader. Je fuis un peu les parents, moins je les croise, mieux je me porte. Alors ne t’en fait pas, tu n’as rien bousculer du tout !

Mais c’était vrai que tout cela sonnait bizarre. Le malaise, ça aussi, l’étudiante était en mesure de le ressentir, probablement la raison pour laquelle, elle ne chercha pas à le retenir non plus.

- Je te remercie, vraiment. Même si ne pas se prendre la tête est plus facile à dire qu’à faire. Seulement je pense sincèrement que tu dois être quelqu’un de bien. Je ne crois pas me tromper. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi mais c’est ce que je ressens en tout cas.

Sur ses dires, elle lui sourit tendrement avant de s’approcher et de se mettre sur la pointe des pieds afin de lui déposer un doux baiser sur sa joue.

- Je vais te laisser tranquille maintenant. Promis, j’arrête de te séquestrer !

On y croyait à ses bêtises ? Bien sûr que non néanmoins disons que c’était sa manière à elle de détendre l’atmosphère qui la mettait plus mal à l’aise que la jeune femme n’osait l’admettre.

"So ... you're alive ... for real ?"

Shinichi & Karen

C'était plus raisonnable qu'ils se quittent là. Pour aujourd'hui en tout cas. Pour des retrouvailles, il s'était passé beaucoup de choses et Shin mentirait s'il se sentait totalement serein avec tout ça. Revoir Karen avait été un choc. Plus grand encore lorsqu'il avait compris que celle qu'il avait devant lui n'avait plus rien à voir avec celle qu'il avait connue et aimé. C'était beaucoup d'étranges sentiments qui se mêlaient à cet instant, autant qui le perturbait assez pour qu'il s'alarme. Il n'était pas certain que tous ses agissements seraient justes si leur conversation poussait plus loin et honnêtement, le garçon ne souhaitait pas tout gâcher en ayant un geste déplacé envers la jeune femme. Elle avait été sa petite-amie, et bien que ça ne soit définitivement plus le cas aujourd'hui, il devait avouer que certains réflexes et sentiments étaient tenaces. Ils étaient d'autant plus persistant que la fille qui lui avait fait du mal semblait s'être envolé et ne restait de Karen que ce côté attirant que Shin avait désespéremment aimé.

Un sourire naquit sur le coin de ses lèvres quand elle évoqua sa famille. Et sa façon de les éviter. Il se retient de rire et de lui dire qu'il ne pouvait pas la blâmer. Pendant un instant, il eut presque envie de lui partager son quotidien depuis toutes ses années où son beau père avait débarqué. Mais il ne le fit pas. Jamais. Il en avait trop honte. C'était sa face cachée. Une face sombre qu'il ne souhaitait montrer à personne. Et surtout pas à Karen. Elle n'avait pas besoin de savoir que Shin était une personne immature et colérique qui se montrait plus cruelle avec sa propre mère qu'il ne le devrait.
Un instant, il envisagea de lui tenir compagnie. Après tout, lui aussi n'avait pas l'intention de rentrer. Probablement se dirigerait-il finalement vers le terrain de basket en espérant qu'il n'y ai personne, ou peu de monde, et ferait des paniers jusqu'à ce le soleil meurt et laisse place à la nuit. Là, il réfléchirait s'il rentrerait ou non chez lui. Alors, pourquoi ne pas tuer ce temps en compagnie de la jeune femme ? Sa bouche s'ouvrit mais il s'interrompit avant que le moindre son n'en sorte. Ce ne serait pas raisonnable.

D'autant que Karen prit la parole à nouveau, l'arrachant à son hésitation. Il sentit ses joues picoter quant aux compliments qu'elle lui faisait. Elle était sincère. Il voulait le croire. Et une nouvelle esquisse prit place sur ses lèvres. Quel après-midi étrange. Shin nageait en pleine confusion.
Et Karen n'arrangea rien en s'avançant, empiétant sur son espace vitale. D'abord, il faillit avoir un mouvement de recul, ne s'y attendant pas, et écarquilla les yeux en sentant les lèvres de l'amnésique se poser contre sa joue. Son coeur manqua un battement. Que .. ? Il la regarda incrédule et détourna légèrement le regard et passant sa main sur son visage, histoire de cacher d'éventuel rougeur. Mince ... ! Il ne s'y attendait pas !
Un instant son regard roula à nouveau vers elle, la fixant avec intensité. « Recommence. » Voulait-il lui dire. Mais cette fois-ci, qui sait comment il allait répondre ...

C'était précisément pour ces raisons que Shin souhaiter libérer Karen. Sa tête était bien trop dans le brouillard. Ce genre de geste, en quelques mois de relation, Karen ne l'avait jamais eu spontanément. En tout cas, il n'y avait jamais senti autant de tendresse ... Alors qu'aujourd'hui à ses yeux, il n'était sans doute qu'un inconnu. Ce n'était pas pour avoir une mauvaise opinion d'elle, et Shin souhaitait sincèrement qu'elle ne fasse pas ça à tous les idiots qui lui pelotaient les seins sous prétexte qu'elle était possiblement un ectoplasme. Néanmoins, il ne pouvait s'empêcher d'en éprouver un sentiment confus, sur lequel il n'aurait su mettre de mot.
En tout cas, il en ressortait plus perturbé que jamais. Il hocha vaguement la tête, déglutissant avec peine, et se racla la gorge pour faire sortir quelque chose de sa bouche. Une réponse, éventuellement.

« Ah ... ! Euh ... oui ... Enfin ! Non ! Ne t'en fais pas .... Ce n'est pas comme si mon geôlier était horrible, non plus. Elle est plutôt mignonne en fait. »

Un large sourire illumina son visage. Ok, stop. Tu pars en bib' Shin, reprends toi. Oh ! Oui oui. Il se recula pour s'empêcher de faire une bêtise et se reprit.

« Enfin, je veux dire ... ! Elle est sympa, quoi ! herm, bref .. »

Il était où le tombeur qui faisait craquer toutes les filles d'un simple mouvement de T-shirt ? Bon, il fallait avouer que Karen avait un don pour lui faire perdre ses moyens à cet instant.
Il secoua la tête et finit par déclarer :

« A l'avenir, si tu t'ennuies .... Tu sais où me trouver.»

Non en fait. Mais comme indice, il se mima en train de lancer un ballon dans un panier, avant de rire légèrement. Le terrain de basket. Pour sûr qu'il allait y trainer un peu plus le soir, même après le club.

Il la laissa donc filer, mais en aucun cas il n'avait l'intention qu'elle lui échappe encore une fois. Il ne laisserait pas cette Karen disparaitre de sa vie. Cette fois, ils allaient faire les choses correctement.