TENUE ✈ Il était tôt, je venais d’atterrir avec l’avion sur la piste, les passagers vidant peu à peu les lieux, je suis parti quatre jours, douze heures de vol aller et douze heures de vol retour, le temps passe vite et j’ai passé peu de temps à faire du tourisme dans mes escales, mais j’ai pu quand même prendre quelques photos plutôt bien réussies, il faisait froid cependant et j’ai dû me couvrir comme si je visitais le pole nord. J’abuse a peine, mais me voilà sur le chemin du retour, installé dans ma voiture gardé dans le parking du personnel pendant notre absence, il ne me fallut que quelques minutes pour rentrer à la maison, l’aéroport se trouvant proche de notre résidence familiale.

Vu l’heure je suppose que les gosses seraient à l’école, les parents au boulot, avec un peu de chance je pourrais me reposer au calme et seul. Utilisant mes clefs, un silence inhabituel, j’avais vu juste. Tirant ma valise avec moi, je grimpe dans ma chambre voisine de l’ainé, lui par contre je ne sais pas ce qu’il fout et honnêtement je n’ai pas envie de le savoir. À peine la porte ouverte un petit truc me courut dessus grimpant sur mes épaules. « Hey, petit chenapan ! Je t’ai pas trop manqué ? » Il est tellement adorable ce singe bordel ! Je sais que j’encours de gros risques si cela venait à se savoir, mais tant pis, je ne vais pas le mettre dehors ou le confier à des barbares. Tendant ma main vers lui, je le caresse avant de lui offrir mon pouce sur lequel il s’accroche, il a la taille de mon doigt, venez dire que ce n’est pas adorable !

Ma valise dans un coin contre le mur faudra que je l’arrange, mais je repars bientôt donc parfois je me dis que je devrais simplement acheter des vêtements spécialement pour mes voyages et laisser tout dedans pour être déjà prêt le jour du départ. Virant ma veste en la jetant sur la chaise de mon bureau encore en bordel suivi de mes affaires encombrantes, chaussures, écharpes, gants, ceinture, cravate, chapeau... Bref je me mets totalement à l’aise avant de me jeter sur le lit sans retenue dans un soupir satisfaisant. Mais quand mes yeux se posent sur ce béton face à moi, ce mur voisin me liant à celui avec lequel je m’entends le moins dans cette maison je ne peux pas m’empêcher de faire acte de présente en frappant dessus plusieurs fois pour tenter de savoir s’il est de l’autre côté et si oui, le faire chier au passage dans un tapage répétitif l’air de rien.

TENUE ♖ Ces derniers jours furent plutôt silencieux sans mon cadet à la maison. D'un autre côté, je l'envie de pouvoir voyager gratuitement à l'autre bout du monde, et cela en échappant à la famille. Ce n'est pas lui qui reste à terre pour accompagner les plus jeunes à école, préparer les repas du soir quand les parents sortent ou qui s'occupe de passer chambre après chambre pour border les gamins. J'ai l'impression d'être père célibataire avec neuf bambins à ma charge, alors que la moitié s'assume. à cette heure-ci, ils sont tous à l'école et évidement, c'est encore qui ait dû sortir ma voiture pour accompagner la fratrie d'un bout à l'autre de la ville. Beau-papa devrait penser à me payer l'essence, puisqu'il me demande si gentiment de faire le chauffeur. Il croit que j'ai que cela à faire ? Heureusement, le salon n'ouvre qu'à 10h. Aujourd'hui, c'est fermeture. Même chez moi, je suis au boulot. La preuve, mon bureau est rempli de feutre et de feuille, je ne vois presque plus mon ordinateur portable caché sous cet amas de bordel.

Concentré dans mon oeuvre, les traits de base sont déjà tous fait. J'entame les détails, en commençant par la bordure du cadre qui contient le tableau. C'est un projet pour une jeune femme, elle a même pensé à m'envoyer des photos pour les redessiner et faire un montage dans un cadre. C'est beaucoup de boulot, mais aussi de la patience et de la concentration. Je ne peux pas me permettre de trembler ou de dévier mon regard deux seconds de mon coup de crayon. Dans la chambre, Ghost et Summer dorment en boule l'un contre l'autre, plongeant ainsi la maison entière dans un silence religieux. De moins, jusqu'à entendre la porte de l'entrée s'ouvrir et se fermer, un bruit de pas dans les escaliers et un boucan pas possible contre mon mur. Ce sale merdeux est revenu, plus discret tu meurs. Il n'a que ça à foutre ou je dois lui faire manger mes feuilles pour qu'il arrête son cirque ?

Agacé, je remarque que mon crayon à dérivé et que mon trait est irrégulier... La goutte d'eau. Déposant mon crayon sur mon bureau, je quitte ma chaise pour sortir de ma chambre et taper à la porte de mon frangin. « Hey, morveux. Tu veux que je t'apprennes à déranger les gens qui bossent ? » à peine rentré qu'il casse les bonbons. Non mais sérieux, il croit que c'est qui l'idiot qui s'occupe de son mini-pouce durant son absence ? Sûrement pas papa ou maman, encore moins les frères et soeurs. Non non, c'est bien moi qui nourrit sa bestiole, alors il devrait avoir un peu plus de reconnaissance à mon égard, bon sang.

TENUE ✈ A chaque fois que je rentre à la maison c’est comme si je déclarer ouvertement la guerre à mon ainé, c’est parfois enfantin, mais depuis qu’on est petit c’est ainsi qu’on a bâti notre relation. Je ne l’aime pas, il ne m’aime pas et on sait comment se le montrer par des gestes quotidiens et personnalisés. À peine installé dans ma chambre que je ne perds pas de temps pour faire acte de présente sur le mur liant ma chambre et la pièce voisine qui n’est autre que celle de Raijû. Présent, absent, je m’en fiche, je tape sans retenue sur ce béton blanc avec un sourire sur les lèvres quand j’entends du mouvement de l’autre côté. Me redressant en l’écoutant parler, quittant mon lit pour balancer sans encore lui ouvrir la porte. « dérangé? qui dérange qui ici a ton avis ? » Mauvaise foi. Je me dirige vers la porte d’entrée, appuyant lentement sur la poignée pour lui faire face, observant son visage légèrement en colère, quoi, je l’ai déconcentré et il a foiré son boulot, un petit rire intérieur devant cette pensée et je le fixe en soupirant de désolément. « Si tu n’arrives pas à faire tes gribouillis à cause d’un bruit de rien du tout, change de métier. » Tout en finesse s’il vous plaît. À force si je dois remonter le temps je ne me souviens même plus de comment tout a commencé, pourquoi je le déteste et pourquoi il me déteste, on était des gosses refusant cette famille recomposée, se battant pour un rien, mais aujourd’hui on a grandi et pourtant cette guéguerre n’a jamais cessé.

« D’ailleurs tu travailles pas à ton salon, moi qui pensais rentrer en ayant un peu la paix, c’est loupé, je suis déçu. » Un sourire narquois et je sors de la chambre pour le croiser en tapant nos épaules sans douceur et surtout sans m’excuser vu que c’était un geste tout à fait prémédité, descendant les marches jusqu’à la cuisine pour me prendre un truc à boire et à manger, j’ai la dalle. Mais je me doute que Raijû ne va pas en rester là et gentiment m’ignorer en retournant dans sa taverne, on est aussi borné et têtu l’un que l’autre pour avoir le dernier mot, une chose qui ne semble pas changer avec les années, décidément je ne pense pas qu’un jour on puisse enterrer la hache de guerre, ça me semble tellement improbable.

TENUE ♖ Il n'y a pas meilleure façon de m'énerver que taper sur le mur quand je suis occupé avec un projet. J'en ai oublié que cet idiot de cadet devait forcément rentrer un jour ou l'autre. J'aurai aimé que cela ne soit jamais le cas, dommage. Impossible de rester en place quand il est sur le point de percer le mur à coup de poing, sans attendre je quitte mon siège pour sortir de ma chambre, une veine apparente sur le front. La porte est mon interlocuteur, mais je ne vais pas défoncer la porte pour l'abattre quand même. Je suis peut-être un ours, mais un ours civilisé qui grogne plus qu'il ne griffe. « TU as commencé, Hinata. » Claquais-je en fronçant les sourcils, les yeux fixés sur la porte close. Bon sang, je parle à un mur là! Enfin, une porte. Cette dernière s'ouvre doucement sur mon demi-frère qui m'observe, l'air très amusé. Ce n'est pas mon cas, j'ai envie de lui retourner la tête façon exorciste à 360°. « Ce ne sont pas des gribouillis, saleté de pingouin. » Qu'est-ce qu'il peut être agaçant quand il s'y met. Il croit que c'est facile de dessiner un tatouage exactement comme le désire le client ? Quand est-ce que l'on va grandir ? Sûrement jamais, parce que je n'aurai jamais terminé de lui faire la guerre, même quand nous serons vieux. Je lui donnerais des coups de canne à ce moment-là, histoire de lui faire regretter mes "gribouillis".

« Je regrette que ton avion ne ce soit pas crashé. » J'ai oublié la gentillesse en route, quitte à souhaiter un peu sa mort. Entre temps, Hinata m'a bousculé en quittant sa chambre pour partir dans le couloir vers l'escalier pour descendre à l'étage du dessous. Enfoiré. Il ouvre sa grande bouche, me cherche des noises et maintenant il s'enfuit après m'avoir tapé l'épaule ? Cherchez pas, je vais lui faire manger la bouteille de coca. « Ce n'est qu'un gamin, Rai. Tu ne vas pas lui défoncer le crâne à coup de crayon quand même, passe l'éponge. » Que dalle! Je n'arrive même pas à me raisonner, descendant à mon tour les marches pour rejoindre la pièce où il se trouve. Bon, soyons poli pour une fois. « à part ton intérêt pour m'énerver, ça s'est bien passé ton vol ? » Genre, je m'en intéresse. Le temps qu'il crache un truc, je sens quelque chose grimper sur ma jambe et se percher sur mes épaules. Ghost, ma fouine blanche qui renifle dans la direction de mon cadet, curieux. Quoi, il a ramené des noisettes avec lui ? Je souffle en récupérant l'animal entre mes doigts, tandis que ma belette est déjà sur la table de la cuisine à tourner en rond, sûrement pour réclamer à manger. Punaise, ce n'est pas l'heure! Je dépose Ghost à côté de Summer et fouille dans un placard pour en sortir des biscuits, donnant un à chacun aux bestioles qui en raffolent.

TENUE ✈ L’énerver est mon passe-temps favoris depuis qu’on a commencé à vivre ensemble, durant toutes ses années il n’y a eu que très peu de trêve, justement parce que c’est impossible, nous avons quelques mois de différences on devrait montrer surement l’exemple en tant qu’ainés de la famille, mais on est plutôt ceux qui font chuter le pourcentage de l’entente familiale, mais honnêtement, je m’en fiche. Rai me donne envie de lui faire vivre un enfer dès que j’ai sa tronche sous les yeux, même quand il n’est pas là et que juste un bout de béton épais et blanc nous sépare je trouve le moyen d’aller le chercher. Il peut bien continuer à faire la conversation à la porte, elle doit être intéressante, il faut dire que ça lui va bien, faudrait juste le filmer et envoyé ça a des spécialistes avec un peu de chance on l’internera dans un hôpital et j’en serais débarrassé, mais non, tant pis. Je lui ouvre pour continuer notre petite conversation face à face, gentille et civilisé bien sûr... Bien sûr.

« Oh pardon, pour moi ça n’a pas de différence avec les dessins que peuvent faire Kenya, Aru et Yano tu vois. Mais faut dire que je n'ai pas le sens « Artistique ». » Je souris sans scrupules, avant de le percuter après avoir entendu sa remarque si gentille et agréable, n’y portant même pas attention, il peut bien souhaiter ma mort ça ne me fait ni chaud ni froid et ça ne risque pas de changer à l’avenir. M’éloignant de lui avec l’intention d’aller me remplit la panse, je l’entends me rejoindre, une chose est sûre on ne lâche jamais l’affaire, lui ou moi on s’envoie des tas de choses à la figure, mais c’est comme si aucun de nous n’était assez mature pour abandonner nos duels tumultueux.

« Yep, désolé de te décevoir, la prochaine je tenterai d’affronter des intempéries pour te faire plaisir. » Franchement, comme si mon boulot l’intéressé est encore plus mon vol, soupirant en attrapant un morceau de pain que j’engloutis comme si je n’avais rien mangé depuis des jours, entendant du bruit derrière mon dos, je me retourne pour voit les deux bestioles de mon « frère ». « On dirait que tes rats vont bien, ça fait plaisir. » Pauvres bêtes qui se retrouvent dans les conflits, mais ne vous y tromper pas, je les adore ses bestioles, juste qu’elles ont le mauvais maitre voilà tout.

« Je suppose que tu t’es occupé de Zen, un bout de pain ? Pour te remercier. » Bah quoi ?

TENUE ♖ Quand je pense que j'ai été le premier à lancer l'assaut quand nous étions gosses. Comment pourrais-je en vouloir à Hinata de me faire autant chier, même à notre âge ? J'ai commencé, il continue. Pourtant ça ne cesse pas depuis des années. Nous ne sommes pas fait pour nous entendre, point. Là encore, il me cours vraiment sur le haricot. Toujours à me chercher des noises alors que je bossais tranquillement dans ma chambre, sans embêter personne. Des deux, je suis sûrement le plus raisonnable. S'il ne me fait rien, je ne ferais rien. Cas inverse, je réplique à mon tour. La porte n'est pas intéressante en soi, c'est plutôt la personne derrière qui m'importe le plus. Celle qui m'ignore durant quelques minutes, avant de daigner ouvrir cette fichue porte et me faire face. Il critique, mais je suis sûr qu'il n'est pas fichu de faire mieux que moi. Après tout, j'ai dessiné mes propres tatouages, du tigre au dragon dans mon dos. Peut-il en faire autant avec son talent ? J'en doute. « Tu veux jouer à ça ? Tente au moins de faire mieux que moi, juste une fois. » Je le défie, pour voir s'il serait capable de faire un dessin potable, mais il n'a pas le sens « artistique » comme il dit si bien.

Hinata ne perd pas de temps pour me percuter et continuer sa route, mais je ne vais pas en rester sagement là. Il me cherche, il va me trouver. Je regrette que son avion ne se soit pas mangé une montagne, même si c'est méchant pour les passagers. Finalement, je le rejoins rapidement dans la cuisine, en évitant de soulever les meubles pour le défigurer. Ce n'est pas près de se finir entre nous, tant que l'un n'abandonne pas définitivement la partie, ça risque d'être long. Si nos parents étaient là, sûrement qu'ils feraient encore tout un cinéma pour nous calmer. Sauf que ça ne fonctionne jamais avec nous, toujours plus sauvage à chaque conflit.

Bon, il a fait bon voyage au moins. C'est ironique, cela m'importe peu. « Tu me ferais plaisir de prendre un aller sans retour. » Je dis ça avec un sourire, presque heureux d'imaginer ce jour. Je suis rapidement envahi par mes rongeurs réclamant à manger alors qu'ils bouffent sans arrêt. Heureusement qu'ils n'attaquent pas les meubles, sinon ils auraient déjà fini en gratin de légume. « Autant que ton parasite, il se porte merveilleusement bien. » Je n'ai rien contre Zen, au contraire j'adore cette petite bestiole. Quand son maître n'est là, il reste généralement avec les membres présent dans la maison. Quand je suis là, il reste avec moi pour ne pas se sentir seul et parce qu'il peut jouer avec mes bestioles.

« Effectivement. » Je lui pique un morceau de pain, puisqu'il me l'offre. Portant le bout à mes lèvres, je lâche un soupir en cassant un biscuit en deux, donnant une moitié à chacune des bêtes. « Au moins Zen est gentil, il apprécie rester avec moi. » Il dort même dans mes cheveux, parfois... Je fais quelques pas pour me diriger vers le frigo pour prendre la bouteille de coca et boire sans prendre de verre. Nous sommes tous de la même famille ici, ça ne dérange personne.

TENUE ✈ « Tu es vexé ? Pauvre petit, désolé d’ébranler ta fierté « grand frère », mais je t’ai dit que je n’ai pas le sens artistique tu es bouché ? Même les triplés gribouillent mieux que moi, alors tu vois ~ » Je l’attaque sur les choses qu’il aime, mais en même temps on est du genre à vouloir se faire « mal » taper les endroits sensibles fait aussi partie du « jeu », après tout on ne fait pas semblant. En même temps il souhaite jusqu’à ma mort alors je peux bien critiquer ses dessins de merde non ? C’est de la mauvaise foi d’un côté vu que je veux me faire tatouer, mais à cause de lui ma peau est restée vierge de toute ancre quelle qu’elle soit. Ça pourrait me blesser de le voir attendre que mon avion se crash où explose, mais ça montre bien à quel point notre relation ne peut faire de retour en arrière, la paix ? Impossible.

« Ah~ tu sais très bien que je n’aime pas te faire plaisir, non, vraiment pas. » Donc il va devoir garder ses espoirs pour lui ce petit con -plus vieux que moi-. Mais notre petite et charmante conversation se retrouve écourtée par l’arrivée des bestioles. « Quel bonheur. » Qu’il se porte bien j’entends, mangeant un bout de pain montrant ma totale indifférence, faut dire que je suis très susceptible, mais j’aime encore moins me laisser marcher sur les pieds et avoir tort, alors le choix est vite fait. Lui donnant un morceau de pain pour le remercier, je me sens l’âme charitable et d’humeur généreuse, alors voilà.

« Il apprécie surtout de rester avec tes rats ~ » un petit sourire et j’attrape une bouteille autre que celle qu’il vient de prendre forcément, je n’ai aucune envie de choper sa galle. « Tu vas refiler ta connerie aux petits, s’ils deviennent aussi cons que toi rappel moi de te le rappeler. » Décidément je suis motivé ce soir, tapant son épaule d’un air compatissant. « N’oublie pas qu’il y a encore des étrangers dans cette maison ~ » A mes yeux en tout cas nous le sommes toujours quoiqu’il arrive et c’est surement le pire dans l’histoire. Forcé de l’accepter, je ne le considère pourtant pas comme mon frère, nous n’avons rien en commun à part le nom de famille et il n’y aura rien d’autre.

TENUE ♖ Vexé est un grand mot, je me fiche bien qu'il sache dessiner ou qu'il n'apprécie tout simplement pas mon boulot. Comme on dit, l'ignorance est le meilleur des mépris. Dans ce cas, je ferme ma bouche et évite de lui répondre, parce qu'à un moment je serais capable l'encastrer dans le mur. Il ne peut pas dire mieux pour son talent artistique qui frise la capacité d'un gamin d'à peine deux ans, même pas foutu de coloré sans dépasser. Bref, je garde ma langue et le laisse filer sans rien ajouter de plus. Ce n'est pas sympa d'espérer le crash de son avion, mais je ne dis pas cela pour le maudire. Est-ce que je serais triste si cela arrivait ? Aucune idée, je ne me suis jamais posé la question. Je suis le genre d'homme qui pense que cela ne pourrait jamais lui arriver, qu'il a une bonne étoile malgré ma mauvaise langue. Je peux lui souhaite tout et n'importe quoi, Hinata survivra quoi qu'il puisse advenir.  Je préfère qu'il pense cela de moi, plutôt qu'il croit que je m'inquiète pour sa petite personne. « Dommage, j'aurai récupérer ta chambre pour en faire un bureau. » Fis-je avec une mine faussement attristé.

Je remercie Ghost et Summer d'avoir pointé le bout de leur museau, sûrement affamé. Ils ont coupés court à notre guerre verbale, bien que cela ne soit jamais réellement terminé. Au moins, je n'espère pas sa mort. Il fait le malin, mais quand il s'envole à l'autre bout du monde, c'est moi qui m'occupe de son microbe. Il devrait être reconnaissant au moins une fois dans sa vie, hors ce n'est pas le cas et ça ne le sera jamais. Après avoir bu dans la bouteille que je repose à sa place, je pique le morceau de pain qu'il me tend si gentiment. « C'est déjà ça. » Répondis-je avec la même indifférence que lui. Mes rats, il est bien content qu'ils occupent son macaque.

« Ils risquent pas grand chose d'un mec qui ne quitte pas la ville, comparé à quelqu'un qui voyage partout et choppe sûrement des malades étrangères. » Un sourire fendit mon visage, narquois. « Mieux vaut être con qu'imbu de sa petite personne. » Il peut bien me taper l'épaule, je réplique quand même que cela lui plaise ou pas. « C'est vrai, désolé pour toi, je t'avais oublié. » Même si c'est moi l'étranger, moi et mes frères, je ne lâcherais pas le morceau. Après tout, c'est notre famille qui est venu habitée ici, chez les Byakuya. J'étais beaucoup mieux dans notre ancien appartement, loin de cette vie à plusieurs. « Débarrasse quand tu auras terminé. » Dis-je en allant récupérer ma veste dans le placard de l'entrée, prêt à sortir faire un tour dans le jardin avec mes rongeurs. S'il croit que je vais rester une minute de plus avec lui, il se fourvoie.

TENUE ✈ En fait on pourrait tout aussi bien être indifférent à l’autre, s’ignorer et faire comme si ont existé pas dans nos vies, mais c’est trop facile, je me souviens encore de ce jour où il est arrivé, de ce que j’ai pensé et ressenti, au début cette union était une trahison vis-à-vis de ma mère, mais j’ai appris à l’accepter avec le temps et à pardonner à mon père, le seul que je n’arrivais pas à accepter dans toute cette histoire c’est Raijû, pour une raison ou une autre il n’a jamais été mon frère, je n’arrive pas a le considérer comme tel, s’ignorer est impossible, la seule chose qui nous convient à tous les deux c’est se chercher, se frapper, s’envoyer des merdes a la gueule, s'il disparaissait ou si je disparaissais qu’est-ce que ça changerait ? Rien, je ne suppose. Dans tous les cas il semble n’attendre que ça et avec mon métier cela pourrait arriver un jour ou l’autre, ce sont les risques que j’encours à voler autant dans le ciel. « Vraiment je me sens désolé pour toi, tu vas devoir remettre à plus tard tes projets d’aménagement gamin. » Le gamin c’est juste pour le faire chier, de toute façon il peut mourir pour que je le vois comme étant le plus « vieux » à mes yeux ce n’est rien de plus qu’un étranger.

« Qui sait, avec toutes tes merdes que tu fabriques et les gens que tu côtoies je ne pense pas que tu sois mieux que moi, pauv’ con. » Sérieux il s’est regardé un peu ? Non parce que bon, j’ai des doutes sur son métier si incroyable. « Tu devrais être honnête de temps en temps, moi je sais où est ma place. » Je tape du pied à plusieurs reprises pour rappeler que cet endroit c’est chez moi, son nom, c’est le mien... s'pece d’abruti. « Mais oui, mais oui et ne toi débarrasse le plancher ~ » décidément que d’amour dans l’air. Une fois terminé, je soupire en regardant Zen qui semble vouloir aller faire un tour aussi, tendant ma main vers lui pour qu’il grimpe attrapant mes clopes, je vais en profiter pour fumer vu que je ne fais ça nulle part sauf à l’extérieur, par respect pour les merdeux (surnom affectueux). Allumant ma cigarette je retrouve Raijû à quelques pas, lui soufflant sur la gueule. « Si tu veux m’éviter tu devrais peut-être passer le portail, il est là-bas. » Je lui montre du doigt avec un sourire narquois, il ne va pas se débarrasser de mon aussi facilement.

TENUE ♖ Pourquoi ne sommes-nous pas comme les autres à accepter notre triste sort ? Mes frères s'entendent très bien avec les autres, ils sont même plutôt proche de la soeur à Hinata. Dans le lot, il n'y a que nous deux qui ne sommes pas d'accord pour avoir un tel lien familial. à dire vrai, nous ne sommes sûrement rien pour l'autre, alors pourquoi ne pas être indifférent ? Parce que ce serait trop facile, et qu'étant sous le même toit, ce ne serait pas évident à vivre tous les jours. Dans ce cas-là, on se cherche et souvent, on se trouve. ça n'en finira jamais, au grand malheur des autres membres qui nous regardent parfois s'affronter dans une duel sans raison. « C'est bien dommage. » Soufflais-je d'une manière déçu, je ne pourrais pas m'en débarrasser si facilement. Ne peut-il pas se trouver une chérie et partir, faire sa vie de son côté en oubliant qu'on existe. Quoi que, des deux, ce serait plutôt à moi de suivre ce cheminement. J'ai vingt trois ans, il serait temps que je ramène une copine à la maison. Là n'est pas le soucis, je ne sais même pas pourquoi je pense à cela. C'est absurde, carrément. Gamin ou pas, cela ne me fait ni chaud ni froid. Hinata l'a trop utilisé durant ces années, il devrait changer de disque ou me faire le plaisir de la boucler. Je serais ravi qu'il perde sa langue, histoire d'avoir enfin le silence.

« Tu ne connais rien à mon métier, Hinata, alors boucle là. » Je pourrais en dire autant, mais mon boulot est saint puisque de tout est stérilisé. Qu'importe la personne, elle ne présente aucun danger pour personne. Il joue sur les mots et je n'aime pas du tout cela. Ma place ? Je sais très bien où elle se trouve, et désormais, elle est ici. Quoi qu'il dise, j'ai autant ma place dans cette maison que lui. Or, je ne réponds rien, lui lançant simplement un regard noir. « Ne t'en fais pas pour ça. » Crachais-je sèchement en quittant la cuisine sans plus m'attarder sur lui. Si je pouvais, je changerais de nom de famille pour reprendre le miens. Je déteste ce mec, autant que je déteste cette baraque. De mauvaise humeur, je sors dans le jardin sans trop m'éloigner, histoire que mes rongeurs fassent le tour pour s'aérer. C'est sans compter sur Hinata qui tape l'incruste avec ses cigarettes à la con. Qu'il crève d'un cancer, je serais ravi. « Un jour, mais pas de suite mon cher frère. » Un jour je mettrais les voiles, un jour il devra s'occuper lui-même des frères et soeurs. Serait-il capable d'endosser le rôle de l'aîné en mon absence ? Qu'il ne compte plus sur moi à ce moment-là. « Tu seras le premier à savoir le jour où je partirais. » Mais en attendant, il va devoir me supporter un peu plus longtemps.

TENUE ✈ Le problème c’est qu’on a tellement pris l’habitude de se pourrir que le jour où on ne le pourra plus il pourrait réellement y avoir un « manque » même si je ne l’avouerai jamais, peut-être que notre haine est aussi le seul moyen que l’ont à de communiqué, mais qu'on en a pas conscience parce qu’on est trop occupé à se chercher des merdes et à s’envoyer des réflexions enfantine et puéril dans la gueule. Dire qu’on est les ainés, ça craint un peu, mais on s’en fiche, c’est comme ça et ça n’a pas l’air de prendre le chemin vers l’évolution positive, non, pas du tout. Je critique son métier alors qu’il critique le mien, le fait que j’aille dans des pays et revienne, emportant maladie ou qu’en sais-je... Lui n’est pas mieux avec tous ses gens, ses types et les merdes qu’il fait, alors quand il me dit de la boucler je rigole.

« Parce que toi tu y connais quelque chose au mien ? Je la boucle que si j’ai envie, si pour moi ton métier c’est de la merde, alors ça sera de la merde, on dirait que j’ai touché un point sensible, pauvre chou. » Je souris avec cet air agaçant, mais je n’en démens pas. Une fois a l’extérieur j’en rajoute une couche, il ne peut pas se débarrasser de moi aussi facilement, malheureusement pour lui, tout comme l’inverse est aussi vrai, il ne semble pas prêt de déguerpir le plancher pour mon plus grand malheur encore une fois. « Je vais donc rêver de ce jour avec impatience grand frère, il serait temps que tu te cases, tu te fais vieux~ » On n’a quasiment le même âge, mais bon. Enfin je serai toujours pilote et je lui laisse déjà pas mal de répit pendant mes vols, alors qu’il ne se plaigne pas trop, heureusement que j’ai choisi ce métier, ça me permet de respirer loin de toutes ses choses compliquées, de cette ambiance lourde, de ses choses agaçantes, je lui rentre dedans à la moindre occasion, mais en toute honnêteté tout ça me fait chier, le détester, le haïr, le rendre à bout, c’est ce que je fais de mieux, mais si seulement j’avais eu le choix, j’aurais tout donné pour que lui, sa mère, ses frères ne nous rencontrent jamais, même si c’est égoïste pour mon père, même si c’est cruel pour nos frères et sœurs, cette famille me fatigue et au fond le seul moment où je me sens bien c’est quand je vol et quitte la maison pour d’autres destinations.

Sans rajouter quoi que ce soit je lance un regard exaspéré à l’ainé pour faire demi-tour en entendant quelqu’un rentrée, fatigué, je dépose les armes pour l’heure, sachant que la guerre est loin d’être terminé.

TENUE ♖ Des fois, je me demande qui est le plus dangereux des deux. Peut-être qu'il voyage beaucoup, tombe dans des pays où la médecine est moindre et la maladie plus présente que la population elle-même, mais Hinata ne fricote surement pas avec des gens malfamés qui portent leur insigne sur eux. J'en ai vu des sales têtes, des sales types et il aurait raison de dire que je ne suis pas le meilleur placé pour parler. évidement, je ne vais pas lui dire que mon boulot se résume au Japonais lambda qui pullulent dans les rues, mais que mon cercle de relation s'étend bien au-delà de ça. J'ai déjà touché à des gars avec qui il ne vaudrait mieux pas traîner, ni chercher des noises. Pourtant ils me font confiance pour imprimer un dessin éternel dans leur chaire, si ce n'est pas ironique. Je les blesse sans danger, pour une raison qui compte à leurs yeux.

« Tu peux dire ce que tu veux, ça m'importe peu. » Concluais-je aussitôt pour en venir à la fin sans plus me prendre la tête. S'il n'aime pas les tatouages, tant mieux pour lui. Si jamais je dois quitter le pays et prendre la voie des airs, je ferais attention à ne pas choisir sa compagnie pour m'éviter sa présence, sinon je le jette par un hublot. Même dehors, je dois le supporter et encaisser ses petites remarques qui m'agacent. Qu'est-ce qu'il est chiant, ce n'est pas possible. Nous vivons sous le même toit, aussi triste cela est-il. « ça arrive plus vite que tu ne penses. » Répondis-je avec un sourire, ce jour-là il prendra la responsabilité de la famille. Vieux, il n'est pas plus jeune que moi. Son métier lui donne l'occasion de prendre l'air et moi, je me décharge d'un tel demi-frère. Pourtant, il ne sait pas à quoi engage mon départ. « Je plains la famille quand je ne serais plus là, compter sur un gars toujours absent, ça ne va pas être facile pour eux. » Aucun reproche, juste un fait accablant. Je regrette aussi les sentiments de ma mère, si j'aurai su à l'avance où cela nous mènerait, je me serais mieux mis en travers de leur route.

Heureusement, Hinata se décide à rentrer sans ajouter quoi que ce soit et je profite de cette occasion pour rester encore un peu dehors, rappelant mes bestioles qui vadrouillent joyeusement dans le jardin. Elles rappliquent en courant, grimpant sur mon pantalon pour venir se caler dans la capuche de mon sweat. On dirait que j'ai une écharpe blanche et marron autour du cou, avec leurs queues qui dépassent. Dix minutes plus tard et je rentre à nouveau, retirant mes baskets et ma veste pour remonter dans ma chambre. Je n'ai aucune envie de recroiser cet abrutis d'Hinata.