Inspirant profondément, je tente de rester impassible, flegmatique, ne réagissant à aucun mot, à aucun geste, conservant un visage neutre. Je sais pertinemment que dans ce genre de situation il ne sert à rien de débattre, de parlementer ou de perdre son énergie à vouloir se défendre contre quelque chose qui est vraisemblablement vouée à l’échec. Au contraire, réagir risque d’attiser encore plus les flammes de l’enfer et donc risque de rendre le contexte encore plus désagréable que de base. Je ne préfère donc rien dire me contentant simplement de suivre les individus devant moi, m’embarquant dans leur voiture bruyante et si peu discrète. Fort heureusement, il n’y a personne autour de moi pour m’observer avec de grands yeux ronds, essayant de comprendre ce qu’il se passe, me détaillant des pieds à la tête. Je déteste attirer le regard sur moi, me sentant épier et ayant l’impression d’enflammer la curiosité humaine. Me laissant donc guider, je me contente d’entrer dans la voiture qui m’attend et m’installe simplement, ne disant aucun mot. Les individus autour de moi, des policiers, tentent, en vain, de me faire la conversation mais dans mon mutisme intersidéral, ils finissent, un à un, par abandonner, laissant y régnée une atmosphère sinistre et importune. Après quelques longues minutes en voiture, me permettant de réfléchir à une voie de secours, la voiture arrive enfin à destination, me déposant devant le poste de police. Je suis de nouveau les policiers, sans un mot, et finis par me trouver dans une pièce fermée, avec un homme en costume, le regard dur, celui-ci essayant de se la jouer inébranlable. S’il croit me faire peur ainsi, il se trompe lourdement, j’ai vu des hommes bien plus coriaces et effrayants que lui, alors qu’il ne tente surtout pas de me la faire à l’envers, cela risque de ne pas fonctionner. Après quelques secondes à me fixer, il finit par s’asseoir sur sa chaise, et commence à me poser quelques questions, formelles au début, puis il m’explique la raison de ma présence ici. Je suis temporairement soupçonnée de faire partie d’une bande de malfrats qui sévit depuis quelques temps dans les rues du Japon, étant impliquée dans certains braquages. Au fond de moi, je suis soulagé de constater que cet homme est bien loin de ma vérité. Certes, il est probable que j’ai eu affaire avec cette bande de malfrats, mais ce n’est qu’une bande parmi tant d’autres. Il m’explique alors qu’à cause de certaines formalités, il est dans l’obligation de me mettre en garde à vue, l’histoire d’une ou deux nuits, voire plus, en fonction des éléments qu’ils vont recueillir sur moi, mais je sais pertinemment qu’ils ne trouveront pas plus d’informations et que ma garde à vue risque de durer peu de temps.

Après quelques minutes, seul dans cette cellule, une jeune femme, particulièrement bruyante fait à son tour apparition dans la cellule dans laquelle je suis, ne cessant de crier son, soi-disant, innocence. Mais oui, bien sûr, il n’y a jamais de fumée sans feu, c’est bien connu. Poussant un long soupir désespéré, je tente d’oublier cette femme, retournant à mes pensées les plus profondes. J’aurai préféré être seul, à jamais, dans cette cellule qu’être accompagnée par une folle furieuse de la sorte. Juste à l’entendre, elle me tape sur le système et j’ai presque envie de lui demander de se taire et que si elle est tant innocente que ça, elle sortira d’ici rapidement. Mais je ne préfère pas perdre mon énergie et ferme les yeux, essayant de mettre en sourdine sa voix si désagréable. Toutefois, la jeune fille finit par s’adresser à moi, m’obligeant à la scruter. Je fronce des sourcils, surpris par le fait qu’elle se tourne vers moi pour démarrer certainement une conversation. Elle est mal tombée, la pauvre. « Ce n’est pas votre jour de chance me semble-t-il » dis-je la toisant. « Je ne pense pas que vous ayez envie d’en savoir davantage sur mon compte, vous risquez de crier encore plus fort et je préfère éviter cela ». Moi ou l’art de faire peur à une pauvre innocente, il faut dire qu’elle est vraiment mal tombée comme compagnon de cellule. « Mais ne vous en faites pas, je ne vous ferai pas tant de mal que ça » dis-je avec un petit sourire presque malsain. Ok, je m’amuse énormément à jouer le gros méchant loup qui va dévorer la pauvre brebis égarée, et ce n’est franchement pas sympathique de ma part, mais je n’y peux rien. « Et vous ? Que me vaut votre présence dans ma cellule ? ».

. Je vois bien que la jeune femme semble paniquée devant ce que je viens de lui dire, en même temps il y a de quoi avoir peur après de telles paroles. Je sais pertinemment que je ne devrai pas agir de la sorte, surtout qu’elle a certainement eu une mauvaise journée et qu’elle souhaiterait sûrement avoir un bon compagnon de cellule, histoire de compenser ce cruel sort qui semble s’acharner sur elle, mais malheureusement je ne peux pas être un bienveillant camarade de cellule et je risque même d’envenimer sa situation déjà si complexe, ou peut-être pas. Je souris intérieurement, voir même je suis totalement mort de rire, face à la révélation de la jeune femme.  Que c’est stupide de sa part de vouloir forcer l’accès à son propre appartement et de se faire prendre par sa voisine et donc d’être amenée jusqu’ici et de se retrouver dans la même cellule que moi, à croire que le sort s’est véritablement acharné sur elle. Moi qui pensais qu’elle avait fait quelque chose pour se retrouver ici, c’est le comble. Elle est totalement innocente, enfin, c’est ce qu’elle proclame, qui me dit qu’elle ne ment pas, qui me dit qu’en fait la vérité est qu’elle voulait se venger de son ex petit ami et qu’elle a donc voulu lui faire une mauvaise blague, sauf que n’ayant plus les clés, elle s’est mise à vouloir y entrer par effraction, mais malheureusement la voisine est tombée sur elle et a immédiatement appelé la police. Après tout, les voisins sont censés connaître les visages de leurs voisins, enfin sauf si l’on est un individu comme moi. « Ah oui vraiment ? Êtes-vous si innocente que ça ? Je veux dire il n’y a pas de fumée sans feu et puis on ne se retrouve pas enfermer juste parce qu’on a voulu rentrer par effraction chez soi ! Moi-même je doute de vos paroles ! Tout le monde dit être innocent en venant ici, mais est-ce vraiment le cas ? ». Combien d’individus clament leurs innocences, criant qu’ils n’ont rien fait, bien sûr, certains sont réellement des innocents, mais pour d’autres, c’est loin d’être le cas. « Un meurtrier ne va pas dire à tout le monde que oui il a tué telle ou telle personne, au contraire, il va proclamer son innocence et tout faire pour nier l’évidence ». C’est une chose qui n’est pas présente que dans les films, sinon les avocats  feraient faillites.

Cependant en vue du stress qui émane de cette jeune fille je me dis qu’elle doit bien être innocente et que cela doit l’angoisser d’être ici. En même temps, ce n’est pas un lieu sain et très protecteur, mais qu’elle soit rassurée, je ne vais la découper, prendre son cœur et le manger, je ne vais pas non plus la violer, bref je ne vais rien lui faire, je vais juste m’amuser à lui faire peur, rien de plus. Quel sadique je suis, mais bon il faut bien faire passer le temps et s’amuser avec ce que l’on peut, non ? Je me mets donc à sourire sur le coin devant ses questions si affolées. Je ne lui inspire pas du tout confiance et c’est le but. Pourtant, elle a totalement tort, je ne suis qu’en simple garde à vue pour le moment et cela risque même d’être juste le cas et de ne pas perdurer et qui plus est, c’est une première pour moi. Je ne me suis jamais fait surprendre, transgressant la loi. En même temps, sauver la vie de malfrats, mafieux et autres déchets de la société ne fait sûrement pas partie des normes et règles japonaises, au contraire, plus il y a de malfaiteurs blessés, arrêtés, voir morts, mieux la société se porte, mais que puis-je faire, c’est une source intéressante pour gagner de l’argent, je n’ai pas d’autres choix. « Malheureusement pour vous, ce n’est qu’une garde à vue, ils ne vont jamais trouver d’éléments assez conséquents pour m’enfermer encore plus longtemps ! C’est ça de passer entre les mailles du filet ». Certes je dis cela pour lui faire peur, me faisant presque passer pour un dégénéré et grand psychopathe, mais il y a une part de vérité dans mes dires. « Et je ne peux compter le nombre de fois où je suis venu ici, vous en seriez très surprise, je ne préfère donc pas vous le dire ».  Je ne mens toujours pas, elle serait surprise de savoir que c’est ma première garde à vue, après elle prend les choses comme elle le souhaite.

Je m’approche un peu d’elle, avec un grand sourire mesquin, « oh mais ne vous en faites pas, je ne vous ferai aucun mal, en tout cas pas en présence de témoins, ça serait stupide de ma part, j’ai encore tant de choses à faire à l’extérieur ». Je n’insinue pas du tout que je risque de lui faire du mal un jour, à l’extérieur de ce lieu, après tout, je suis étudiant en médecine, un jour elle viendra peut-être à l’hôpital et je vais devoir lui faire très mal. J’aime jouer avec les mots et l’atmosphère. « Sinon tu . . . .  je me permets de te tutoyer maintenant, tu t’appelles comment ? ».  Je fais mine de vouloir son prénom pour avoir des informations sur elle, pour peut-être lui faire du mal par la suite, quel grand méchant loup je suis aujourd’hui ! Je m’éclate, qui l’aurait cru que c’était possible dans un tel lieu.

. Un sourire aux coins se dessine furtivement de mon visage. Il est vrai qu’elle marque un point sur le fait que je ne suis pas aussi clean qu’elle, mais je pense que l’on peut considérer que je suis dans la même case qu’elle. Je n’ai jamais rien fait, en tout cas de très méchant, de très mal. Je sauve juste des vies, certes des vies qui ne valent pas la peine, mais j’en sauve quand même. Certes il m’arrive de me battre contre des malfrats, mais c’est uniquement par instinct de survie, parce que le danger rode toujours autour de moi, surtout dans les situations dans lesquelles je me retrouve. Je n’ai jamais tué, volé. Je ne dis pas non plus être le meilleur homme sur cette terre, je ne dis pas non plus faire partie des gentils, mais je ne suis ni méchant, ni gentil, enfin tout dépend du point de vue que chacun adopte. Si l’on considère que sauver des vies illégalement pour survivre, pour avoir des sous, est quelque chose de mauvais, alors oui, je fais partie des méchants, si l’on considère que faire du chantage à ceux qui en ont le plus est mal, alors oui je suis méchant, mais sinon, ce n’est pas le cas. « Je n’ai jamais dit être clean. De toute manière, personne ne peut être clean, nous faisons tous des mauvaises choses ». Et c’est vrai, même les policiers, les avocats, les juges, ceux qui sont censés faire régner l’ordre et la justice, ils ont fait des mauvaises choses, la plupart à cause de la corruption. L’argent peut faire beaucoup de choses, plus qu’on ne peut l’imaginer.

Elle me fait rire à pleurer autant pour des broutilles, ce n’est pas comme si sa vie est en danger, pas comme si cette garde à vue va détruire sa vie, sauf si c’est le cas. Je souris encore plus quand je la vois reculer, comme si le fait de reculer va l’éloigner de moi, après tout, nous sommes dans une cage, avec un nombre de mètre carré bien délimité. Elle ne peut fuir bien loin. Je m’approche donc un peu plus d’elle. Plus elle s’éloignera et plus j’avancerai. J’avoue que là je suis mauvais. Faire aussi peur à une pauvre innocente, ce n’est franchement pas sain, mais il faut bien faire passer le temps. « Mon prénom n’a pas d’importance, sauf si tu comptes avoir des informations sur moi sur internet, mais je doute que tu puisses en trouver ». Quoique . . . Non, il vaudrait connaître mon nom secret pour savoir qui je suis et ce que je fais. « Je m’appelle Yong Pal » dis-je brusquement, en haussant les sourcils et en faisant un clin d’œil. Je finis par totalement exploser de rire quant à la suite de ses paroles. Je ne suis pas un homme intéressé par qui que ce soit et encore moins par une fille qui se met à pleurer tout ça parce qu’elle est en garde à vue. Je passe mon tour, en même temps je ne suis pas quelqu’un qui va s’investir dans une quelconque relation. Et puis, je ne suis pas non plus quelqu’un qui a des pensées malsaines, mais elle n’est pas obligée de le savoir. Gardant mon sourire, je finis par enlever toute distance entre elle et moi et me penche vers son oreille, délicatement, « et si j’ai des pensées malsaines, comment comptes-tu t’en sortir ? ». Je m’éloigne tout aussi rapidement d’elle, laissant une distance entre elle et moi. Je croise mes bras et lui lance un regard provocateur, « ne t’en fais pas, tu n’es franchement pas mon type de fille » dis-je en la regardant de la tête en bas et en m’attardant sur sa poitrine, faisant mine de grimacer. « Je fais juste passer le temps et tes pleurnicheries m’insupportent tellement que je préfère d’entendre parler que pleurer. M’enfin si tu préfères te morfondre dans ton coin, à pleurer, ne te gêne pas, mais ne viens pas pleurer si tu te retrouves avec des hématomes après. Qui sait ce que je suis capable de faire devant une femme en faiblesse ».

Vraiment ? Si je fais quelques recherches sur elle je ne vais rien trouver, pas même un compte sur les réseaux sociaux ou quelque chose dans le genre ? Il est facile de trouver les personnes en ayant juste leur prénom et nom, avec la technologie, plus personne n’est à l’abri d’une intrusion dans la vie personnelle.  Après, en dehors d’internet, je peux demander à ce que l’on me trouve des informations sur elle, son passé, je suis certain de trouver des choses intéressantes, enfin je l’espère. Mais de toute manière je n’ai pas de raison d’investiguer sur elle et puis, ça sera plus une perte de temps pour moi qu’autre chose. Je suis certain de ne jamais plus revoir cette fille, ou en tout cas je l’espère, pour elle. J’écarquille grand les yeux quand elle ose me traiter d’homme répugnant. Moi ? Répugnant ? Et bien, qu’est-ce qu’elle dirait des pervers, ou encore des personnes qui n’ont aucune honte à dire à voix haute des termes bien salaces ? Je n’ai rien dit de répugnant, je n’ai pas utilisé de vocabulaire vulgaire, rien de tout ça, alors en quoi suis-je répugnant ? Certes, peut-être que je ne suis pas très sympathique à jouer avec ses émotions, à m’amuser devant tant de peur, mais ce n’est pas pour autant que je suis quelqu’un de répugnant. M’enfin, elle peut dire ce qu’elle veut, elle a des raisons de penser que je le suis, je ne peux pas lui en vouloir de penser ainsi.

Je m’apprête à répliquer quelque chose quand je la vois soudainement prendre un tout autre comportement. Au final, elle peut ne pas être qu’une brebis faible, se laissant faire et pleurant pour des broutilles. C’est presque rassurant de savoir qu’au fond de chaque individu faible se trouve une certaine force. Je n’aime pas les personnes réellement faibles, qui ne parviennent pas à se défendre, qui sont là à pleurer à tout bout de champ. Je suis donc agréablement surpris de la voir s’énerver aussi rapidement, enfin elle ait changé rapidement de visage. Les femmes . . . elles sont définitivement lunatiques. Un coup elles peuvent pleurer, puis se mettre en colère, bref elles sont totalement instables émotionnellement parlant. Je comprends pourquoi j’ai tant de mal avec les femmes que ça soit amical ou intimement parlant, elles réservent trop de bonnes comme mauvaises surprises. « Si je mérite ma place ici alors tu la mérites tout autant ! Après tout, ton histoire est tout aussi douteuse, tu es certainement une fille instable psychologiquement parlant. Suffit de voir comment tu passes de tel comportement à un autre . . . j’ai d’énormes doutes sur ta santé mentale ! ». Après tout, c’est vrai, peut-être que je suis face à une patiente psychiatrique, à une femme ayant des problèmes de stabilité mentale, qui sait. Je pousse un long soupir et secoue ma tête, l’air désespéré. « Oh pauvre petit bout de chou, elle va se mettre à pleurer parce qu’un grand méchant loup a joué d’elle » dis-je avec un ton très ironique. « Je n’ai aucun scrupule, je l’avoue, mais ça m’amuse. Autant faire passer le temps de la meilleure façon possible, non ? Tu n’es pas tombée sur le meilleur des compagnons de cellule, pauvre de toi ! Mais tu ne pensais sincèrement pas trouvé des personnes aussi douces que des agneaux dans un tel lieu . . . tant de naïveté !»

Après avoir fini mes quelques paroles désobligeantes, je surprends son regard assassin vers moi, ce qui me fait légèrement sourire. Je crois bien que je l’ai poussé à bout et qu’elle n’en peut plus de ma présence, ce qui semble totalement normal. Le contraire aurait été particulièrement étrange. Si elle s’était simplement contentée de m’écouter, les yeux pétillants d’admiration, désireuse d’en savoir plus sur moi, je pense que c’est moi qui aurais pris peur ou alors j’aurai tout fait pour la dégouter au plus haut point pour qu’elle n’ait aucun intérêt pour moi. Plus les individus sont loin de moi, plus il pense que je suis un homme sans scrupule, inhumain et mieux je me porte. Il est préférable pour les autres de ne pas trop s’approcher de moi, de ne pas être dans mon entourage, car tout individu risque d’être blessé par ma faute. Ce n’est qu’une question de sécurité. Je protège les autres en les éloignant de moi, ne devraient-ils pas me remercier ? Au fond, je pense que je perçois leur haine comme une sorte de remerciement, ça me permet de continuer sur cette voie-ci. Je penche un peu la tête, semblant réfléchir sur ce qu’elle vient tout juste de dire. Quelle est la différence entre « idiote » et « naïve », non pas que je ne sache pas mes définitions, bien sûr que je sais que ce ne sont pas des synonymes, mais quand une personne est naïve elle est toujours un peu idiote. Il ne faut pas nier l’évidence, quoique, cela ne semble pas être le cas pour elle. Bien sûr que maintenant elle réalise que je joue avec ses nerfs, que je m’amuse à lui faire peur, mais dès le départ, elle ne s’est pas rendue compte de cela et il m’a fallu la pousser réellement à bout pour qu’enfin quelque chose s’illumine dans sa tête.  Je ne dis pas qu’elle n’est pas intelligente, je dis juste qu’elle est naïve et un peu idiote.

Ceci dit, elle a raison sur une chose, je suis du genre à montrer les crocs, tel un loup sur sa défensive, mais je ne suis pas quelqu’un qui va réellement mordre, sauf si je me sens en danger, sauf si la situation demande à mordre, comme un véritable loup. Je crois que cet animal correspond plutôt bien à ma personnalité. Enfin qu’importe, au moins elle dit une chose censée. Quoique, je suis tout de même capable d’user de mes crocs, mais juste pour éloigner les personnes ou pour leur montrer qu’ils ont tort de voir en moi un simple agneau qui désire se transformer en grand méchant loup. Bref. Je crois bien que je l’ai réellement poussé à bout, il suffit de voir le positionnement de son corps, ou encore le regard qu’elle a, ou encore le fait qu’elle semble un peu crispée. Pauvre petite brebis égarée, elle n’est pas tombée dans le bon pâturage. Poussant un long soupir, je finis par croiser mes bras et lève les yeux en haut, l’air désespéré. « Et bien je suis sincèrement désolé de te l’apprendre mais être naïf entraîne forcément un peu d’idiote, mais tant mieux pour toi si tu ne peux pas te l’avouer, c’est toujours difficile de voir ses défauts ! ». Ce qui n’est pas totalement faux. Les autres vont voir les défauts mais il est difficile pour un humain de se remettre en question et de voir ce qui ne va pas. « Et sache qu’il est préférable de ne pas me pousser à bout ou de me défier, surtout ! Peut-être que je ne montre pas les crocs là, car j’ai trop de choses à faire dehors pour m’occuper d’une gamine comme toi, rester enfermer par ta faute, mais à l’extérieur, sois prudente . . . sait-on jamais, au détour d’une ruelle sombre et mal éclairée, vide de toute présence . . . Qui sait ce que tu peux trouver ! ». Des individus totalement endormis dans les ruelles, ou encore des déchets jonchant les coins, mais ça, je préfère le garder pour moi. « Et je ne vois pas du tout en quoi mon comportement est puéril ! Je doute qu’un enfant sache agir de la sorte, alors il est loin d’être puéril, mais peut-être est-ce là une façon de te rassurer, en te disant que je suis puéril, et si cela te rassure alors tant mieux pour toi » dis-je avec un ton dédaigneux.

Regardant aux alentours pour voir si quelqu’un venait, je me tourne de nouveau vers elle, un sourcil soulevé. « Malheureusement pour toi, je doute que ta sortie va se faire prochainement ! Autant s’amuser encore non ? » dis-je avec un regard mesquin.

J’esquisse un léger sourire assez ironique. « Ce n’est pas que je te connais, je n’ai pas besoin de te connaître ou même d’être psychologue pour savoir certaines choses te concernant mais qu’importe, ça n’a aucune importance » dis-je en chassant mes mots en agitant légèrement ma main, semblant dire que cela m’ennuie plus qu’autre chose. Je suis un homme particulièrement têtu, certes je ne dis pas avoir toujours raison mais j’ai du mal à accepter ce que les autres peuvent dire ou même penser et j’ai tendance à me tenir accroché à mes paroles sans forcément prendre en compte celles des autres. Je pense que c’est pour cette raison que beaucoup de personnes ont quelques difficultés avec ma personnalité, en même temps je les comprends. Faire face à un être semblable à ma personnalité risquerait de me mettre hors de moi, alors que je suis un être passif et placide. Les individus n’ont réellement pas de chance de croiser mon chemin, je les plains et je la plains. Mais ce calvaire pour elle ne devrait plus durer très longtemps, je l’espère en tout cas car j’ai d’autres chats à fouetter, enfin à soigner surtout. De plus j’ai rendez-vous d’ici peu avec un important client et je ne peux me permettre d’être en retard et surtout pas de le perdre. Je fronce des sourcils me disant que j’espère bien être le premier à sortir de cette cage. Non pas que je trouve l’endroit désagréable, j’ai vécu dans des endroits bien pires que celui-ci et je trouve même que cela est agréable mais j’ai bien d’autres choses à faire que de rester enfermer ici quelques heures supplémentaires donc j’espère bien sortir avant elle, ou en même temps qu’elle, qu’importe, du moment où je ne suis pas en retard dans mes rendez-vous. « C’est ce qu’ils disent tous » dis-je en pointant du menton la plupart des gangsters nous entourant. Ils se disent tous innocents, n’ayant rien fait de mal mais au final, ils sont tous sauf innocents.

La pauvre demoiselle semble vraiment fatiguée de mon comportement et de mes mots, et elle le montre bien. Cela rend la situation moins amusante si elle ne veut plus jouer avec moi, enfin elle ne jouait pas, pas consciemment en tout cas et sans le vouloir. Si elle ne répond plus à mes provocations alors cela ne sert à rien, je risque de profondément m’ennuyer. Le jeu est beaucoup moins intéressant. « Oh juste quand cela devenait marrant ! Ce n’est plus amusant si tu ne participes plus, il n’y a plus grand intérêt à jouer ». Alors que je dis cela, un officier s’approche de notre cellule et me pointe du doigt. « Mr Kim c’est ça ? Vous pouvez sortir, nous  n’avons rien pu trouver pour vous enfermer plus donc vous êtes libres de sortir ». J’esquisse un léger sourire, satisfait de moi et me tourne vers la demoiselle. « Et bien je te l’avais dit que j’allais sortir asse rapidement. Au plaisir de te revoir très chère » dis-je en faisant un clin d’œil avec plein de sous-entendus peu rassurants. Finalement, cette garde à vue a été plus marrante que je ne l’aurai cru.