TENUE  « Ah Raylai! J'aurai besoin de ton aide. » La douce voix de ma mère adoptive me fit relever la tête de mon bouquin d'école. Oui oui, vous avez bien lu. Un livre passionnant sur l'histoire du Japon, tout ça pour reprendre sérieusement mes cours maintenant que j'étais libre comme l'air. Faut pas croire, je ne le vis pas si bien d'être lâché après des mois d'indépendance totale à ce fou qui m'a ruiné le coeur. Je me sens comme une pauvre adolescente jeté par son senpai, alors que notre relation était si différente. « Tu pourrais aller m'acheter deux trois trucs au supermarché, s'il te plait ? » Comment lui refuser ? Je me fais chier comme un rat mort dans cette maison, même mes devoirs ne m'occupent pas. D'un hochement de tête, j'accepte sa requête et quitte la canapé du salon pour aller me changer rapidement dans ma chambre. J'enfile une tenue potable, qui n'est pas l'air trop moche, ni trop belle. Je m'en fiche, je n'ai pas à plaire à qui que ce soit de toute évidence. De retour dans le salon, je vois la femme qui m'attends avec un porte-monnaie contenant une petite somme et une liste où sont notés quelques mots. Après avoir été le chien d'un psychopathe, je suis le chien de famille. Malgré ma mauvaise pensée, je souris faussement à ma « mère » et récupère le tout pour filer en ville. Tokyo m'énerve. Ce pays me donne la gerbe. J'ai des envies de repartir en Thaïlande, même si je n'ai pas remis les pieds là-bas depuis mes huit ans, après la mort de mes parents... Eux aussi me manquent. Ils m'ont abandonnés, comme Dakota, mais j'ai tellement envie qu'ils soient là pour pleurer dans les bras de ma mère ou me disputer avec mon père. Qu'est-ce qu'ils diraient en sachant mes mésaventures ? Auraient-ils honte de moi ? Parce que moi, j'ai honte de ma petite personne.

Le supermarché n'est pas très loin, à quelques pas après le terrain de basket, mais aussi de son appartement. Revenir ici me donne juste l'envie de faire demi-tour, mais je me force en espérant ne pas le croiser. Au pire, il fera comme si je n'étais rien de plus qu'un déchet sur le bas côté du trottoir, et moi je ferais comme si il était un fantôme. Dire que je voulais être libre quelques semaines plus tôt, mais maintenant que c'est le cas, j'ai envie de retrouver mon collier. ça me tue, comme si je n'avais pas le fric pour m'acheter une nouvelle dose de cette drogue. Je me sens comme un camé, je crois que mes neurones ont cramés. De plus, je met cent ans à acheter trois trucs, me perdant dans chaque rayon jusqu'à me demander ce que je fous-là. De ma réserve d'argent, il m'en reste pas mal pour tenir encore une semaine. à croire qu'ils n'ont pas la valeur du fric, ces riches. Mon sachet en main, je retourne dans la rue pour refaire le même trajet mais à l'envers. Je repasse par la même ruelle sombre proche de chez Dakota, mais comparé à précédemment, il n'y avait personne. La silhouette en face de moi se décale du mur, barrant ma route en crachant une cigarette par terre. « Salut, Raylai. » Comment il connait... Un violent coup s'abat sur ma tête et je sombre dans un trou noir.

Quelle affreuse douleur, ça me vrille la cervelle jusqu'à faire siffler mes oreilles. Un truc colle dans ma nuque, mais aussi dans mes cheveux... Avec quoi m'ont-ils assommé ? ça tourne trop vite, jusqu'à sentir une poigne me tenir fermement la tête en arrière. La lumière du plafond m'éblouit brusquement et je remarque en essayant de bouger que je suis attaché à un pilier en fer. « C'est qu'elle dort la belle au bois dormant. » Allez vous faire foutre, bande de naze... Pourquoi les mots ne sortent pas de ma bouche ? Bah ouais, pas facile avec un tissu entre les lèvres. Ils ont peur de quoi, que je hurle ? L'un des gars à quelques pas de moi se rapproche doucement, un portable en main. Il me montre l'écran avant de défaire mon baillon. « Dis simplement bonjour, okay ? » Je ne comprends pas, le téléphone presque collé à ma bouche. « Bonjour ? » Et c'est tout, il me retire l'appareil pour reprendre l'appel, riant gracieusement à l'oreille de son interlocuteur... Je plains la personne.

TENUE  ▲ Aujourd’hui je passais la journée à m’entrainer à l’agence, une idole apparemment en pleine ascension a demandé à ce que je guide sa troupe de danseurs lors de son prochain concert, normalement j’aurai trouvé une excuse pour refuser, n’aimant pas vraiment m’occuper de tous les détails que cette mise en scène comporte, cependant je n’ai rien à faire. C’est con à dire, mais je peux donner des ordres à toutes mes victimes que je fais chanter aucun ne me divertit, quel ennui. Au final je préfère m’occuper, je m’entraine même jusqu’à tard dans la salle de musculation, tant que j’y suis je profité de tous les avantages. Habillé d’un t-shirt blanc et d’un jogging faisant quelque tractions avant de m’allonger sur le banc sans m’occuper des regards externes qui doivent me juger, il vaudrait mieux pour eux qu’ils n’osent pas me faire chier, je suis d’une humeur exécrable. Bon, le point positif, j’ai récupéré ma voiture neuve, totalement neuve sans débourser un centime, le garagiste après le long travail que cela a demandé m’a rendu les objets trouvés à l’intérieur que mes « sbires » avaient plutôt ramassé. Parmi eux se trouver ce collier cassé, le sortant de ma poche je le regarde en maudissant ce caniche inutile, s’il n'était pas si con j’aurais pu m’amuser avec lui encore un peu... Tant pis, je remets l’objet dans mon pantalon, pourquoi je ne m’en sépare pas ? Je ne me suis pas posé réellement la question, je n’en ai simplement pas envie. Un sourire, je me redresse en regardant l’heure, je devrais rentrer, mais cette pensée fut accompagnée par la sonnerie de mon portable, personne n'ose m’appeler sans que je n’en donne l’autorisation, mais le numéro inconnu me pousse à répondre, ne disant pas un mot, c’est la personne au bout du fil qui débute et je prends une expression fermée presque immédiatement en comprenant que ça n’a rien d’ « amical ».

« Master Dakota ? Nous détenons un paquet vous appartenant si vous voulez bien venir le récupérer. » Le ton employé me blase, mais avant que je n’ai pu dire quoi que ce soit c’est la voix de Raylai qui s’incruste dans mon ouïe. Leur rire me répugne, mais étrangement je sens une boule monter en moi. Colère ? Haine ? Je l’ignore, ce que je sais c’est que ces mecs faisant les malins me donnent envie de les étrangler, de les brûler vifs ou encore de les noyer lentement pour les faire souffrir. Sadique Dako entre en scène. « Si tu veux pas qu’il passe un mauvais quart d’heure je te conseille de venir à l’entrepôt. » Il me donne l’adresse alors que je soupire d’agacement. « Va te faire foutre. » Je raccroche, le regard noir faisant surement fuir tous ceux le croisant, je passe ma main dans mes cheveux, je n’ai même pas pris de douche, mais tant pis. J’attrape ma veste, l’enfile et sort de l’établissement de mon tempérament habituel, calme et imperturbable. Les mains dans les poches je sens le collier qui s’y trouve, me faisant stopper mes pas... Le regardant un instant. « Merde, fais chier... » Faisant demi-tour c’est d’un pas rapide et agile que je rejoins ma voiture pour me rendre au lieu de rendez-vous.

Plusieurs minutes s’écoulent alors que j’arrive sur place, je peux voir de la lumière à l’intérieur, ça semble un endroit abandonné où personne ne vient, forcément... Faisant glisser la porte coulissante les regards des mecs se posent sur moi. Je ne prononce pas un seul mot, blasé par la situation, je me demande même ce que je fous là, sérieux. Regardant Raylai attaché au sol, je soupire de nouveau en lui adressant simplement en ignorant complètement la petite bande autour. « On dirait que tu es toujours en vie. » Le premier gars s’avance vers moi. « Ne fais pas le malin enfoiré, on savait très bien que tu viendrais pour ton petit protégé. » A peine terminé il m'envoie un coup de poing, mes yeux le foudroie sans tarder. Attendant 30 secondes qu'il baisse sa garde pour rire avec ses camarades pour lui renvoyé un coup. « Lamentable. » Je suis énervé, vraiment énervé là... Ils veulent me sous-estimer, bien, on verra qui rira le dernier, qu'ils soient cinq ou vingt contre moi je m'en fiche totalement, s'ils pensent me faire peur il se sont trompé de personne.

TENUE  Le jour où je rends l'âme, je me demande combien de personne pleureront sur mon sort ? Serais-je si important à leurs yeux pour manquer à quelqu'un ? Je pense à tout cela alors que je suis en proie à mon inconscience, luttant pour ouvrir les yeux alors que je peine à émergé. Ils n'ont pas été doux dans leur geste, m'ouvrant presque le crâne à coup de massue. Batte, barre en fer, pierre ou qu'importe quoi, ça fait mal. Je clignote plusieurs fois des paupières pour m'habituer à mon nouveau environnement, perdu et désorienté. Je ne comprends pas pourquoi je suis là, pourquoi cela m'arrive à moi ? Je n'ai rien demandé... Je pensais même être libre après cette histoire avec Dakota, mais on dirait que non. Tellement d'émotion se bouscule en moi, mais je ne trouve pas la force de les exprimer, je suis fatigué avant tout. Las et à bout. Même ces cons s'amusent avec moi, ça devient chiant. Ils me regardent, me rient au nez et me force à lever la tête pour les voir. Je n'avais aucune envie, encore moins de répondre à leurs attentes. Parler dans un téléphone ? J'ignore à qui je dis ça mais ils ne me laissent pas le temps de savoir qu'il récupère l'appel. Dakota ? Sérieux ? Pouah! Cette bonne blague! Allez merde, sortez les caméras cachées que je me fende la poire! Je voulais vraiment éclater de rire, quitte à me tortiller contre mon poteau à m'en chauffer la peau avec la corde qui me retient, mais non. Aucun son ne filtre ma bouche dans l'immédiat, jusqu'à la fin de l'appel ou je pouffe bêtement de rire.

« Qu'est-ce que vous êtes marrants, les gars. » Crachais-je en posant ma tête contre le pilier, oubliant la douleur derrière mon crâne. Ce sourire ne veut plus quitter mes lippes, je me retiens encore et toujours de rire. « Et vous croyez qu'il va venir ? Dakota s'en fiche, il a d'autre chat à fouetter. » Ils me regardent tous, sans comprendre. évidement qu'ils ne saisissent rien ! Ils ne peuvent pas savoir la dernière nouvelle, sinon je ne serais pas là. « Ne me faites pas rire, finissons en plutôt que perdre inutilement du temps. » Résigné, je pensais déjà à me faire tuer par mon inutilité. Dakota ne viendra jamais ici, c'est perdu d'avance. L'espace de quelques minutes, la bande hésite, ils se consultent, s'énervent un peu entre eux mais aucun ne s'approche de moi. Cool, j'échappe au passage à tabac réservé aux victimes. Le doute plane jusqu'à que la porte de l'entrepôt s'ouvre sur sa silhouette... Je rêve ? C'est un cauchemar.

Toujours en vie ? Mince, je pensais mourir ce soir. « Cache ton désarroi. » Sifflais-je à ce débile qui était venu jusqu'ici.. Pour quoi d'ailleurs ? Pour me sauver ? Non, impossible. Il doit être là pour sa petite fierté mal placée, rien de plus. Un vent de courage sembler subitement souffler dans le rang des kidnappeur, puisque l'un passe à l'attaque. C'est ça qu'ils voulaient et il est venu. Dakota ne se laisse pas faire, mais il m'énerve tellement que je ne peux me retenir de crier. « Pourquoi tu es là ?! » Il n'a pas intérêt à me détacher, sinon je l'achève pour eux. Il m'a jeté, il a dit ne pas avoir besoin d'un chien comme moi. Il n'aurait pas dû venir. Celui proche de moi défait une partie des liens pour que je puisse me lever, les mains toujours attachées dans le dos. Il porte une lame sous mon menton, pile au niveau de la gorge tout en observant les autres s'en prendre à Dakota. Ce n'est pas juste, il ne devrait même pas poser ses yeux sur moi. Qu'il dégage, je n'ai pas besoin de lui.

TENUE  ▲ Sérieusement, tout le long du trajet je me suis demandé pourquoi je me dépêchais ainsi d’aller rejoindre cet entrepôt, retrouver ses hommes qui n’attendaient que de me tomber dessus en prenant en otage celui qui était jusqu’à il y a quelques jours mon chien, mon caniche, ma propriété. Mais c’est fini, je lui ai rendu sa liberté, nous ne sommes plus liés par quoi que ce soit, j’en ai même verrouillé les dossiers, les clichés, que ce soit sur mon Pc ou dans mon esprit cette page était tournée. C’est en tout cas ce que je croyais... Mais là ce n’est pas ma fierté qui me conduit jusqu'à ce lieu sachant pertinemment que je me dirige droit dans la gueule du loup, habituellement je mets en place mes plans, j’agis avec intelligence et recule, je suis celui qui a toutes les cartes en mains, mais pas cette fois. Aujourd’hui je suis les directives d’un autre, j’accepte de suivre ce chemin et de me rendre.

Sur place je peux voir le lycéen attaché dans un coin, mon regard posé sur lui, j’imagine que même lui ne doit pas comprendre ce que je fous là, tant mieux. Nous sommes deux. Mais ça semble en tout cas ravir la petite bande de bras cassés qui rigoles de ma présence déjà prête à me sauter dessus, ils ont des « armes » par précautions, j’imagine qu’ils ne sont pas aussi cons qu’on pourrait le croire en regardant leur gueule, ils doivent se douter que je ne suis pas facile à détruire. Le premier coup échangé j’entends Raylai gueulé, j’aimerais savoir, putain de merde j’aimerais vraiment le savoir, qu’est-ce que je fous ici. Mais je suis là alors je rends le coup qu’on m’a donné, alors qu’on me force à ne plus résister en menaçant leur otage avec un couteau. C’est de la lâcheté, mais je ne peux pas leur reprocher de vouloir me tuer par tous les moyens, ce n'est pas les premiers et ce ne sera pas les derniers. Je regarde celui qui tient Raylai en lui lançant un regard aussi froid qu’insoumis. Baissant les armes, je soupire fortement en me passant une main dans les cheveux totalement désinvoltes de la situation, la douleur ne m’effraie pas, je suis un démon, s’ils attendent que je les supplie de m’épargner ou que je verse une larme ils vont encore attendre longtemps.

Les coups aux débuts espacés par des pauses s’enchainent, prenant d’assaut mon estomac et mes jambes, je pourrais perdre « gros » s’ils s’amusaient à me les briser, mais je ne montre aucune émotion, subissant juste leur colère et leurs paroles fièrement lancées. « Si vous voulez me faire mal faudrait peut-être frapper plus fort. » Dis-je en m’essuyant le sang au coin de la lèvre. Celui se trouvant devant moi sort un couteau de sa poche, l’agitant devant moi comme si ça allait me faire trembler de trouille. « Désolé, on m’a déjà poignardé, je m’attendais à plus innovant comme méthode. » Regardant Raylai. « N’est-ce pas ? » Je semble totalement fou, mais c’est ce que je suis et ça doit les énerver, vraiment les énerver, si j’en crois leurs jurons et leurs expressions, ça m’amuse totalement, dois-je me laisser planter pour qu’il le relâche ? Je suppose que c’est là le deal.

TENUE  Quelle belle surprise, noël avant l'heure. Quelques minutes plus tôt, je riais au nez de mes agresseurs en leur disant qu'il ne viendrait jamais me sauver. Je ne compte plus pour lui, c'est fini cette histoire. Pourquoi ne sont-ils pas au courant une telle chose ? Ne remarquent-ils pas mon cou libre, seulement décoré par la marque qu'a laissé la chaîne par le passé. Je ne suis plus son esclave, je ne suis plus son chien, je ne suis plus rien. Les gars autours de moi semblaient perdre leur sourire, se posant des tonnes de question sur mon rire hystérique. Oui, je n'ai pas pu m'empêcher de m'esclaffer à m'en tordre sur place. Dakota ne viendra pas, ils peuvent me zigouiller de suite s'ils veulent. De toute façon, je m'en fiche. Problème sur problème, autant avoir une fin plutôt que continuer à errer sans but. Je veux que cela se termine, je ne veux plus pleurer, ni souffrir, encore moins espérer. Parce que là, j'espère encore qu'il vienne et me sauve... Pourquoi suis-je si contradictoire avec moi-même ? D'un côté je préfère mourir, mais de l'autre je voudrais être sortie de là. La folie me guette, mais ce n'est pas d'aujourd'hui.

Après être un lâche et un traître, je suis aussi une mauvaise langue, puisque Dakota est là. Il est venu, comme je l'ai espéré secrètement. Qu'est-ce qui l'a motivé à venir jusque là ? Il va m'aider ? Je n'arrive pas à croire qu'il se soit précipité vers cet entrepôt abandonné pour sauver ma peau ... C'est impossible, irréaliste et je commence à me dire que je suis réellement fou. La bande ne perds pas de temps en attaquant Dakota, si au départ il rendait les coups pour se défendre et maintenir sa place, le jeu a rapidement tourné à son désavantage quand l'un d'eux m'a prit en otage. Merde, je ne veux pas causer la perte de ce gars, même si c'est le pire enfoiré qui existe! Sur le coup, je me suis dit que Dakota allait rire et continuer, tout en se fichant de moi, mais non. Il a baissé les bras, abandonnant lamentablement contre ses assaillants qui en profitent pour le mettre à terre. C'est de ma faute s'il est dans cette situation critique ... Si je n'avais pas été ainsi, il ne serait jamais venu me chercher.

Pourquoi les provoque-t-il ? Qu'est-ce qu'il cherche à gagner en étant audacieux et insouciant ? La lumière du plafond se reflète sur la lame qu'agite le mec, sûrement entrain d'imaginer la mort lente et atroce de ce démon. Est-ce que je veux vraiment ça ? Est-ce que je tiens à voir Dakota mourir devant mes yeux ? Ce con fait une référence à mon égard et je lui lance un regard plutôt sombre. Les images me reviennent, ce soir-là au camping, dans le coin cuisine improvisée par l'équipe ... Je l'ai planté, mais il n'a jamais été faible même avec une telle blessure. « Va crever. » Crachais-je à mon cher camarade, haineux et au bord de la crise. Ce n'est pas ce que je veux... Même si je suis méchant pour le coup. Puis je me souviens de la leçon donnée par Rukia, avant l'idée du base-ball. Concentré sur la scène, l'homme dans mon dos ne fait pas attention à mes gestes, tandis que j'attrape sa main pour tirer sur son bras et le faire basculer par dessus mon épaule, ce dernier heurtant le sol. La lame m'a coupé un peu la peau du cou, mais rien de bien impressionnant comparé à la sentence qui risque d'arriver à Dakota. « Il n'y a que moi qui ait le droit de te blesser. » à charge de revanche, j'ai aussi mes droits que j'impose sans lui laisser le choix. Un canon se pointe dans ma direction mais je m'apprête déjà à m'écraser par terre pour éviter le coup, récupérant la lame tombée durant la chute de son possesseur. Moi aussi, je possède une arme.

TENUE  ▲ Je me fiche bien de ce que pense Raylai concernant ma présence ici, qu’il soit content ou non m’est égal, tout ce que je sais c’est que je suis venue et ce n'est pas par fierté, il faut croire que même en m’étant séparé de lui je déteste que quelqu’un d’autre ose le toucher, c’est totalement paradoxal avec ce que je ressens vraiment, mais tant pis vu que je suis ici autant assumé ses pas qui m'ont guidé auprès de lui et de cette bande aux regards meurtriers, sérieux je ne me souviens même pas de leur avoir fait du chantage, surement des êtres insignifiants dans ma longue liste de sbires, mais habituellement je sais qui a été mon esclave ou non, à moins que j’ai fais du tort a leurs proches ? Je m’en fiche aussi, décidément c’est blasant, ils me frappent et je rends les coups naturellement comme un jeu de ping-pong lassant, mais rapidement ils usent leurs cartes pour me couper l’herbe sous les pieds et m’empêcher de faire le moindre mouvement de rébellion face à eux, bien s’ils veulent un punching-ball ça me va aussi, c’est des coups de femmelette qu’il me donne, faudrait être plus sérieux...

Un couteau, je rirai presque devant cette arme dressée vers moi, il peut me planter je connais la sensation que ça procure pour avoir déjà vécu l’expérience grâce à l’enfoiré plus loin. « Trop aimable. » Ironique, ces mots ne m’atteignent pas de toute façon. Occupé avec les hommes autour de moi, je remarque pourtant l’action qui se déroule plus loin, cela a poussé le groupe à s’arrêter pour le prendre pour cible, là ça ne me convient pas du tout par contre, je ne suis pas venu ici pour ramener un cadavre avec moi. Putain le premier coup part, il l’évite, mais les autres braquent aussi leurs armes dans sa direction me négligeant une seconde, je passe entre eux rapidement et agilement pour m’interposer entre leurs armes et le corps du plus jeune. Outch. Là ça fait mal, mais je ne cède pas à la douleur que ses balles ont imposée en heurtant mon corps, une ou deux balle on atteint leurs cibles si j'en crois les douleurs a deux extrémités. Ma main vient attraper celle du lycéen se trouvant entre nous avec le couteau pour lui faire baisser lentement et tremblant. « Lâche ça abruti... Pourquoi tu ne peux pas rester tranquille, tu me fais chier. » Mon poids semble plus lourd d’un coup, la force de mes jambes m'abandonne, m’écroulant genoux au sol, un filet de sang coulant même au coin de mes lèvres, emportant Raylai que je protégeai malgré moi dans ma chute, bordel ce n'est pas bon du tout, ma vue se trouble à cause de la perte de sang, la bande ayant tiré sur moi décide de s’enfuir en pensant surement que je vais mourir à cause d’eux, mais je ne compte pas crevé ici... Même si je m’en fiche de finir en enfer, il est hors de question que je crève dans les bras de ce... Puis je pense pas qu’ils aient touché un point vital sinon je serais déjà mort.

« Merde... » J’ai posé ma main sur l’une des blessures, mes doigts ensanglantés, je ris presque avant de grimacer. « Tu peux jubiler autant que tu veux là, tu as le droit. » Après tout je me montre faible face à lui, il a dû rêver de me voir dans cette état vulnérable.

TENUE  Jusqu'à présent, j'ai toujours été celui qui subit. Les camarades de classe qui me cherche des noises, Dakota qui tente de me dresser comme un pauvre clébard et maintenant ces gars-là. C'est un ras-le-bol général qui s'opère chez moi. Marre d'être le faible, celui qui encaisse sans pouvoir ne rien dire. S'il croit que je vais continuer à pleurnicher er ramper comme un moins que rien, il se fout le doigt dans l'oeil. Une simple ouverture et je passe à l'action, mettant en oeuvre le seul truc intelligent que m'a montré Rukia. J'ai sentis la lame entailler ma peau mais je n'ai rien dit, remonté comme jamais je ne l'ai été jusqu'à aujourd'hui. Pourquoi serait-il le seul à risquer sa vie ? Est-ce que j'en vaux vraiment la paix ? Il m'a jeté, il aurait mieux fait de s'en tenir à cela. Malgré tout, je ne peux pas le laisser ainsi. Il ne m'a pas souvent aidé, j'ai souvent voulu le voir disparaître, mais quand l'occasion se présent à moi, je la repousse brusquement. évitant les coups de feu dans ma direction, je plonge par terre pour récupérer le couteau de mon assaillant qui n'a rien compris à sa vie. Une lame contre des armes à feu, ça ne fait pas le poids. J'étais prêt à bondir sur eux tel un fauve tenant à sa vie, mais quelqu'un s'est interposé pour me protéger. Le bruit résonne encore à mes oreilles, tandis que j'écarquille doucement les yeux en remarquant son corps proche du miens. Qu'est-ce qu'il fait ? Je n'ai rien demandé.

Mes doigts s'écartent et je lâche l'arme qui ricoche contre le bitume, abasourdi par le geste de Dakota. C'est incompréhensible, la raison m'échappe et je me sens plus que perdu pour le coup. Il n'avait pas à me défendre, autant qu'il n'avait pas à venir me sortir de là. Pourquoi ? Mais pourquoi il fait tout ça ? « Comme si c'était ma faute! » M'énervais-je contre lui, avant de me calmer en soupirant fortement. Il me saoul comme ce n'est pas permis, mais je n'arrive pas à faire plus que râler. Rapidement, ses jambes lâchent et mon instinct me dit de le retenir en le suivant dans sa chute. Il doit souffrir le martyre, même s'il pourrait affirmer le contraire. C'est de ma faute ? Mais si je suis là, c'est de la sienne. Je ne sais plus quoi penser, mordillant ma lèvre avec anxiété. ça me perturbe, qu'est-ce que je dois penser de lui, de la situation, de notre relation ? Mes mains se raccrochent à lui, le chaud tâchant ma peau mâte. Ils l'ont touchés, merde. Pourquoi ne m'ont-ils pas descendu avant de fuir ? Je suis un témoin.

Ses doigts frôlent les miens et je sursaute, ramenant mes mains vers moi en grimaçant. C'est poisseux. « Ferme ta gueule. » Grognais-je vulgairement, je ne suis plus son chien de toute façon. ça ne me fait pas plaisir du tout, il rêve. « Tu n'aurais pas dû venir. » Je me répète mais qu'est-ce que c'est agaçant de l'avoir dans les pattes. Mon portable m'a été retiré quand ils m'ont attrapés, mais je ne me gêne pas pour fourrager dans ses poches et prend le siens. Le numéro des urgences composé, j'apporte le cellulaire à mon visage et tente au mieux d'indiquer notre position. Un entrepôt sûrement proche de notre quartier, je suppose. J'en connais un pour y passer tous les jours devant sans faire attention, j'indique celui-là rapidement. « J'aurai préféré que tu t'en tiennes à la voiture. » ça lui aurait été moins douloureux de réparer son audi plutôt que venir me sauver. « Pourquoi tu as fait ça ? » Je n'arrive toujours pas à savoir sa raison.

TENUE  ▲ La raison m’échappe aussi, pourquoi suis-je prêt à mourir pour aider cet enfoiré de caniche inutile ? Je l’ignore, mais mon corps a agi tout seul, pour la première fois je ne suis pas maitre de mes actes, impulsivement, sans réfléchir je me suis interposé et l’ai protégé me prenant des balles de part et d’autre dans le dos, la douleur est immense, je suis peut-être un démon qui aime le mal plus que le bien, mais je suis humain... Malheureusement c’est le cas et ce genre de blessures ce n’est pas une lame plantée que je peux retirer facilement, déjà que ce soir-là ça avait été difficile de garder contenance, seul mon mental me permet de tenir et ma fierté de ne pas lâcher prise. Ça fait mal bordel, même si je ne le montre pas ou tente de ne pas le montrer c’est douloureux et j’en ai surement des débuts de sueur glacée. « La ferme. » Soufflais-je avant de mes jambes ne perdent leurs forces et que mes genoux rencontrent le sol dans un son résonnant, cet entrepôt fait écho et il fait froid non ? Mon sang coule a flot, mes doigts en sont recouverts, surement la seule partie chaude sur mon corps, les type s’enfuient tels des lâches qui n’ont pas maitrisé leurs coups, j’entends seulement leurs pas s’éloigner, incapables de bouger ils auraient pu nous achever tous les deux, mais ce sont des idiots... Raylai prend ses aises à me dire de la fermer, qu'il en profite ce petit con. Mes yeux se closent une seconde, il me saoule, qu’il arrête de parler bon sang, Je sais déjà tout ça, je ne cherche pas à l’empêcher de fouiller dans mes poches pour prendre mon portable où se trouve d'ailleurs sont collier que j'ai gardé, de toute façon je suis trop faible à cet instant, je ne l’écoute même pas, sa voix résonne comme s’il était loin, trop loin et ma vue est de plus en plus trouble, merde... putain, fais chier.

« Tu es saoulant Raylai... » Crachais-je encore, avant de soupirer, déglutissant en grimaçant, levant le regard vers lui, mon bras suivant le mouvement jusqu’au son visage pour passer dans sa nuque et le tirer doucement, collant mes lèvres contre les siennes... Je ne sais pas ce que je fais ni pourquoi, mais là j’en ai juste envie. C’est la première fois que je l’embrasse, en fait c’est la première fois que j’embrasse qui que ce soit de ma propre initiative... « Tu parles vraiment trop, ferme-là je t'ai dis... » Mes paroles devenaient peu à peu aussi faibles que mon corps, ma tête trop lourde s’écrase contre l’épaule du plus jeune, perdant simplement lentement conscience, tous mes membres lâchent, je suis fatigué.

TENUE  Il est complètement fou de s'interposer entre les balles et moi, sous n'importe quel prétexte. Si je suis là, c'est parce que j'ai été faible contre les deux premiers... Je ne mérite pas d'être sauvé au prix de sa vie. Puis même, je pensais que Dakota me détestait suffisamment pour me jeter comme un déchet à la poubelle. Alors pourquoi il vient me porter secours et me protéger ensuite ? Je ne comprends plus rien à la situation et mes questions sont loin d'avoir des réponses. Il n'aurait jamais dû faire ça, je le réprimande maladroitement tandis qu'il souffre et perds pas mal de sang. Je voudrais faire quelque chose, l'aider ou le soigner, mais ce n'est pas dans mes compétences. Je ne peux rien faire pour lui, à part le regarder se tordre de douleur ou me prier de la fermer. ça fait toujours plaisir, mais pour la peine je m'en fiche royalement. Ses jambes cèdent sous son poids et je glisse au sol avec lui, perdant doucement de ma force pour ne pas lutter contre sa chute. Il est mal en point, je ne sais pas quoi faire avec la panique qui me gagne.. Bon sang, je devrais tellement le haïr. La bande de con a fuit sans demander son reste et je me retrouve à faire les poches de Dakota à la recherche de son portable. Je n'ai que cela pour appeler les urgences et indiquer notre position. En même temps, mes yeux se déposent sur le collier tombé de sa poche et je me mordille les lèvres. Qu'est-ce que ça fout-là ? Je pensais qu'il l'avait jeté depuis le temps... J'en perds mes moyens, gardant le téléphone entre mes doigts ensanglantés et tremblants. Ils vont arrivés d'une minute à l'autre, mais je ne peux m'empêcher d'être encore désagréable avec mon bourreau. Cet enfoiré a risqué sa vie pour un clébard comme moi, ça n'en valait pas la peine. La voix de Dakota percute à peine les murs mais je peux l'entendre, déposant mes iris sur lui sans cesser d'être affligeant. Puis tout dérape et je reste choqué, les yeux écarquillés avec sa main dans ma nuque et ma bouche contre la siennes. Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est difficile à tout assimiler et je me perds dans les méandres de mon subconscient, légèrement déconnecté. Il m'a.... Embrassé ? C'était juste pour me faire taire ?! Je sens mes joues rougir et je m'écarte légèrement en passant ma main sur mes lèvres. « Pourquoi tu... ?! » Mais Dakota sombre déjà dans l'inconscience, quelques minutes avant l'arrivée des urgences qui l'embarque sur une civière. Je n'hésite pas deux secondes pour les suivre et monter avec eux dans l'ambulance, direction l'hôpital.

TENUE  ▲ Tout devient complètement idiot, je devrai me foutre que ce sale gosse se fasse tuer ou autres, j’ai mis un terme à notre relation, j’ai dit stop a toute cette situation que je voulais pourtant garder et maitriser, mais là, je ne maîtrise rien du tout, j’ai toujours été organisé et maitre de mes émotions, maitre de tout d’ailleurs parce que je suis celui qui prends les décisions, qui imposent ses choix, qui commande la troupe, celui qui dicte aux autres ce qu’ils doivent faire, ce qu’ils risquent à me désobéir, je suis le diable en personne. Mais pas aujourd’hui. Protéger quelqu’un ça ne m’est surement jamais arrivé, mais Raylai a chaque fois qu’il se retrouve dans une situation inconfortable je me pointe sans cesse, quand il était malade je me suis occupé de lui alors que j’aurais seulement dû le jeter dehors, quand des enfoirés le frappent ou l’emmerde je le venge en m’interposant jusqu’à l’emmener à l’hôpital et user de mes relations, quand il casse ma voiture... Je le libère de ses chaines plutôt que de le tuer. Et même bien avant ça, quand il était tombé dans ce trou j’ai sauté sans hésitation pour aller le chercher, certes je suis un enfoiré avec lui, je l’ai violé, je le considère comme mon chien, mon caniche, mais outre tout ça ce gosse m’a changé. Pas avec les autres, oh non, je suis loin de devenir un saint, mais je ne supporte simplement pas qu’on le touche si ce n’est pas moi, je ne supporte pas de le voir souffrir si ce n’est pas avec moi, je préfère mourir que de le voir tomber devant moi, est-ce normal ? Non je ne pense pas, que fait-il de moi. J’ai mal et mes pensées s’embrouillent avec des questions que je ne me serais jamais posées, ma vue se trouble et est flou, mais malgré ça, devant les questions du plus jeune c’est mes lèvres que j’écrase sur les siennes sans tarder, pourquoi ? Ça aussi je ne comprends pas, je lui ai dit que le jour où il m’embrasserait encore je le tuerai, mais cette fois c’est moi qui le fais, c’est totalement incompréhensible, est-ce parce que je veux qu’il la ferme ? Surement, pourquoi d'autres... Mais je n'en peux plus, mes défenses se sont totalement écrasés, cette fois j’ai baissé les bras et me suis seulement écroulé sur lui avec la perte de mes forces, je suis épuisé et la douleur ne cesse de se faire plus forte, tombant ainsi dans l’inconscience la plus profonde.
« Hum... Arh. » Je grimace avant même d’ouvrir les yeux aveuglés par la lumière présente dans la chambre, une douleur parcoure tout mon corps, où je suis ? Je tente de stabiliser ma vue pour discerner les formes et les couleurs... L’hôpital ? Je suis encore dans les vapes surement à cause des médicaments, l’anesthésie, l’opération, ah, j’ai mal au crâne, je me sens tellement faible... « Raylai ? » J’appelle sans savoir avec certitude qu’il est encore là, ma voix déraillant légèrement, incapable de me lever, c’est le seul prénom que j’ai envie de prononcer aussi fou que ça puisse paraître.

TENUE  Ce gars a toujours été incompréhensible. Le genre indescriptible qui te file la migraine, pire qu'un rumixcube. Il est impossible d'accorder les couleurs, c'est vraiment un puzzle sans forme. D'abord il est méchant au point de frapper, puis il est plutôt conciliant en lâchant la bride, mais au final il redevient un con sans gêne. Dakota s'est pire qu'une montagne russe, y a beaucoup de haut pour autant de bas. ça va, ça vient, mais ce n'est que très rarement positif. Alors faut vraiment m'expliquer pourquoi il est venu ? Pourquoi il s'est interposé ? Ou pourquoi il cherche à chaque fois à m'aider ? Que ce soit dans la forêt, à l'école ou ailleurs... Il est toujours là. C'est étrange d'y penser maintenant, quand il se vide de son sang, mais Dakota ne m'a pas abandonné malgré la torture qu'il m'a fait vivre. Il ne m'a pas lâché jusqu'à ce jour, du moins. Mais c'était de ma faute, ma vengeance fut tellement puéril et lâche. Ce qui est fait, est fait. Je regrette simplement de l'avoir entraîné dans tout ça, même s'il est la cible de cette histoire. J'en suis l'appât, et ça, ça ne me plait pas. Je préfère quand il me sort de situation difficile, tout en étant un spectateur et un vainqueur. Là, j'ai plutôt l'impression qu'il est perdant. Ou qu'il perd carrément les pédales pour m'embrasse! Je ne rêve pas, il a bien déposé ses lèvres sur les miennes sans prévenir, cela pour me faire taire. Je ne le prend pas si bien, même si mon coeur s'emballe lourdement. à mon avis, il a perdu trop de sens et son cerveau n'est pas suffisamment oxygéné, bref, ce n'est pas un baiser voulu. Finalement les ambulances arrivent et ils le transportent jusqu'à l'hôpital où je reste à poireauté dans un couloir qui pue le produit et ça, durant des heures. C'est marrant, j'ai usé sa batterie de son portable en jouant avec jusqu'à ce qu'on m'annonce la fin de son opération. Dieu merci, il est vivant.

Durant son sommeil, j'ai appris les règles d'hygiène à respecter dans une chambre d'hôpital, grâce à la feuille scotchée sur le mur. Je sais aussi que la télé ne marche pas sans abonnement, que les toilettes sont propres et que les fauteuils sont plutôt confortable pour un hôpital. Après ça, je suis resté assis dessus jusqu'à m'endormir à moitié sur le lit de Dakota, sa main dans la main. On va ignorer la raison qui m'a poussé à faire ça, mais quand j'ai ouvert les yeux au son de sa voix, ma main était toujours à la même place. « Hm ? » Marmonnais-je en me redressant à peine, les yeux mi-ouvert et la bave au coin de la bouche. J'ai dormi combien d'heure dans cette position atroce ? Je sens mes os craquer un peu partout à m'en faire tirer une sale tronche. « Tu es réveillé ? ça va ? » Mes esprits reviennent et je me retire de son lit pour m'asseoir correctement sur le fauteuil, retirant ma main en voyant qu'elle est encore dans la sienne. S'il voit ça, il va m'étrangler avec sa perfusion.

TENUE  ▲ Depuis que je connais Raylai ou plutôt depuis qu’il est devenu mon « chien » j’ai l’impression que ma « tranquillité » que mon quotidien en est même devenu perturbé, mes abus sur lui aurait dû le détruire, mais pire que ça il est tombé amoureux de moi, il a appris à aimer ça et quand je le « viole » on ne faisait que baiser, « coucher ensemble » ce gars est un poison, un poison dont j’ai voulu trouver l’antidote avant qu’il ne soit trop tard, mais finalement petit à petit mon inconscience envoie des informations à ma conscience et je réalise qu’il est peut-être justement déjà trop tard pour mettre un terme à tout ça. L’embrasser, le sauver, pourrais-je réellement mourir pour lui ? Il faut croire que mon corps lui a déjà pris sa décision en s’interposant, je ne me suis jamais senti aussi mal, bien que je tente de rester fort et de ne pas le montrer, la douleur, le manque de sang qui augmente avec la perte filtrant mes blessures, le plomb encore dans mon corps, tout est douloureux, mais je finis simplement par m’écrouler contre lui, oubliant tout, le vide total, où je suis, où je vais, ce qu’on me fait, rien ne m’atteint là où je me trouve, puis la douleur aiguë sur mon corps me prouve que je suis vivant, allongé sur ce lit, la lumière aveuglante, mal au crâne, faible et encore dans les vapes. Je ne sens pas de suite la main de Raylai, je l’appelle simplement pour savoir où il est encore bloqué dans le lit, mon dos me fait souffrir, mais encore une fois je ne suis pas du genre à afficher mes émotions, même si certaines filtre dans de rapides grimaces, ma main chauffée ressens un froid, me doutant qu’il l’avait gardé au chaud jusque-là, je le fixe à sa question, juste le regardant silencieusement, un soupire et mes paupières se ferment, mes lèvres bougeant pour lui répondre.

« Malheureusement je suis vivant... » Je ne me moque pas, même si ça semble ironique, je sais mieux que personne qu’il est le premier à avoir voulu me voir mort. « Pourquoi t’es pas parti ? Combien de temps ça fait que je suis ici ? » J’ai beau chercher une horloge ou autres il n’y a rien, je ne vois rien. Putain dans quoi je me suis embarqué.... Je déteste être comme ça.

TENUE  L'attente a été longue, autant que l'angoisse a été lourde. J'ai cru un instant qu'un chirurgien ou une infirmière allait m'apprendre la mort du patient, mais rien de cela n'est arrivé durant l'opération. D'après eux, l'intervention s'est bien passé malgré l'infime chance qu'il meurt. J'ai eu peur... J'avoue, j'ai eu peur qu'il crève! Ce sale con m'a sauvé la mise alors que je n'avais rien demandé. Combien de dette ai-je à mon actif ? Deux ? Trois ? Je ne les compte même plus à force. Il m'a déjà sorti d'un trou alors que je m'étais déboîté le genou, puis il m'a aidé face à des camarades de classe et m'a emmené à l'hôpital pour des points de suture, et aujourd'hui il me sauve la peau d'une sorte de gang. Je lui dois beaucoup trop et je n'aime pas cela. L'opération réussite, j'ai de suite rejoins sa chambre pour attendre son réveil, m'endormant à moitié sur son lit. C'était trop longue et j'étais fatigué d'une telle journée. Puis une infirmière a pensé à soigner la coupure dans mon cou, pour ne pas que cela s'infecte. Est-ce que tout est rentré dans l'ordre à présent ? Je devrais partir, rentrer chez moi ... Mais j'attends encore, tenant sa main au chaud jusqu'à qu'il ouvre les yeux et m'appel. C'est étrange d'entendre mon prénom dans sa bouche, mais je ne rejette pas cette éventualité en le questionnant. Ma main se retire de la sienne et je me redresse l'air de rien. Malheureusement ? Je fronce les sourcils en baissant la tête, déçu d'une telle réponse. Relevant la tête, je le fixe avant de parler. « Tu regrettes d'être toujours en vie ? Ou tu dis ça pour moi ? » Ce n'est pas sympa s'il me destine son pique.

« Je me suis inquiété... Je n'ai pas le droit de m'en faire pour mon sauveur ? » Quelle ironie, même si la moitié est vrai. Je me suis inquiété pour lui, j'ai eu vraiment très peur. « Quelques heures ? Je ne pourrais pas dire mais ça fait un bon moment déjà. » J'allais regarder son portable avant de me souvenir qu'il n'avait plus de batterie... Quant au miens, envolé avec la bande. Quelle merde, je vais devoir en parler à ma famille d'accueil. Un soupir et je m'écrase dans le fauteuil en râlant. « Je suis dans la merde jusqu'au cou... » Ainsi avachit, je repense aux paroles de Rukia et... Au baiser... ça veut dire qu'il tient un peu à moi ? « Pourquoi tu m'as ... Embrassé ? » Je ne le regarde pas en posant la question, mes iris fixées vers le plafond. Si je croise ses yeux, je vais rougir.

TENUE  ▲ Je crois que je ne me suis jamais réveillé ainsi, cette douleur qui m’empêche de me relever, je peux faire comme si je ne ressentais rien, mais elle n’en reste pas moins présente, décidément il fallait que je rencontre Raylai pour connaitre la joie de me faire planter et de me faire tirer dessus, c’est quoi la prochaine étape au juste ? Mes yeux clos, je ne suis pas vraiment dans mon état normal, la fatigue, les médicaments, je suis totalement shooté et affaibli, j’arrive à parler pour l’appeler et communiquer sans que ce ne sois pour autant avec une grande facilité, combien de temps vais-je devoir rester ici ? Je soupire, ça m’épuise d’y penser... Si c'était de moi je serais déjà debout entrain de quitter cet endroit.

Suite à mes paroles soufflées, mes yeux croisent son regard, dans cette situation je suis loin d’être en position de force. « À ton avis ? » Il est con ma parole. « Tu as dû souhaiter ma mort tellement de fois, ne me dit pas que tu n’aurais pas été content de me voir crever par pitié. » Je ne sais même pas si mes mots sortent dans le bon ordre, mais tant pis, il comprend où je veux en venir de toute façon. J’ai la bouche sèche... Mais avant que je lui demande de m’amener à boire, je me retrouve face a ses paroles et je l’observe en souriant doucement. A peine, mais pourtant bien présent. « Ton sauveur ? Quelle ironie. » On doit surement penser la même chose. « Fais chié. » Crachais-je en tentant de me redressé en vain. Le regardant en biais quand il s’assoit sur la chaise cherchant à comprendre pourquoi il est dans la merde. Face a sa question je laisse plusieurs secondes passer, me rappelant de la scène, c’est vrai je l’ai embrassé... putain. « Qui t’as embrassé ?  T’étais juste trop bavard. » Je ne le regarde plus, mes iris posé à l’opposé, j’ignore aussi pourquoi je l’ai fait, par pulsion ? Par envie ? Il n’est plus mon chien aujourd’hui, cette conversation le montre, je ne lui donne aucun ordre et je réponds, mais mon état est aussi pour beaucoup dans mon comportement. Je me racle la gorge en me retenant de grimacer sous la douleur, même si elle est supportable, je ne suis pas faible et avoir mal signifie que je suis vivant, c’est suffisant. « J’ai soif. » Cherchant un bouton, un truc pour appelé le médecin, l'infirmière ou que sais-je, mais je ne vois rien à disposition...  Ça me fait grave chié, vraiment. « Tu devrais partir, je t'ai rendu ta liberté ta pas besoin de me tenir compagnie. » D'ailleurs où sont mes affaires...

TENUE  Je le prend franchement pour moi et c'est vexant. L'ai-je autant cherché à ce point ? Il pourrait être plus sympathique de temps en temps, ça en devient vachement déprimant. Content ? Ce n'est pas le mot exact pour décrire l'envie que j'ai ressenti tout à l'heure. « Non, j'aurai préféré que ça arrive dès le début. » Je ne peux pas être plus froid, le regard assassin et la mine renfrognée. Ce n'est pas maintenant qu'il faut crever, pas après tout ce qu'il m'a fait vivre. Il est marrant lui, comme si je n'avais pas le droit d'être là ou de m'inquiéter à son sujet. Parfois, j'aurai vraiment préféré qu'il clamse dans cet entrepôt. Je sais que je pense mal sans vraiment le penser, c'est juste de la colère et de la rancune. « C'est vrai, tu es plutôt celui qui me fout dans la merde. » Corrigeais-je rapidement pour effacer le « sauveur ». Il a raison, ce n'est rien de tel. à cause de lui, j'ai perdu mon téléphone portable et autant dire que ce n'est pas mon argent qui est passé dedans, mais celui de ces gens. Les secondes s'écoulent et je change de sujet, parlant ainsi du baiser. « Tu l'as quand même fait, même si c'était pour me faire taire. » Lui rappelais-je, un sourire légèrement déçu sur le visage. Je savais déjà mon importance à ses yeux, mais je comprends plus rien. Ce n'était pas la peine de m'embrasser pour si peu, je l'aurai fermé de toute façon. Dakota me rend dingue, il me retourne complètement le cerveau. Quand il se plaint d'avoir soif, je tourne mes yeux dans la salle mais je ne vois ni bouteille, ni verre, ni carafe d'eau. Qu'est-ce que je suis censé faire au juste ? Il ne semble pas avoir besoin de mon aide, ni le vouloir. « Tu n'as pas répondu à ma question. » Non parce que je ne compte pas partir avant de savoir. « Pourquoi tu es venu m'aider ? » Je lui laisse deux minutes pour répondre, le temps d'aller interpeller une infirmière dans le couloir pour avoir de l'eau, puis je reviens vers lui mais sans m'asseoir. « Tu dis que je suis libre, mais tu es quand même venu. Je n'avais pas besoin de toi. » Mes sourcils se froncent et je détourne les yeux vers le fenêtre, les lèvres pincées. « J'aurai préféré que tu m'abandonnes complètement. » Ainsi, ils auraient pu me descendre que cela n'aurait rien changé à mon existence merdique et peu importante. La porte de la chambre s'ouvre sur une femme en blouse blanche, une carafe et un verre dans les mains. Elle dépose le tout sur la table roulante à côté du lit et s'excuse avant de repartir. « Si tu veux tant que je m'en aille, j'me casse... Mais ne réapparaît jamais dans ma vie. »

TENUE  ▲ « Désolé, mauvais timing » malheureusement au début je n’aurais jamais risqué ma vie pour lui, ça au moins j’en ai conscience, mais alors qu’est-ce qui a changé pour qu’aujourd’hui je n’ai même hésité à m’interposer entre lui et ses balles qui le viser ? C’est à ne plus rien y comprendre, je n’aime personne, je ne sais même pas ce qu’aimer veut dire, je n’ai pas de réelles attaches si ce n’est mes « potes » avec qui je traine, mais même pour eux serais-je capable de mourir ? Non, je connais la réponse, alors pourquoi pour ce gosse... Ça me donne mal aux crâne putain de merde. « Ouai ouai. » Un ton complètement évasif comme si je me fichais totalement de ses paroles, il peut dire ce qu’il veut que je sois un sauveur ou un poisseux pour lui ça m’est égal, aujourd’hui il est en vie par ma faute ou devrais-je dire grâce à moi ? Mais ça aussi je m’en fiche, je n’attends rien en retour, j’aurais seulement dû me maitriser mieux que ça, bon sang. Et puis le voilà qu’il me parle du baiser, sérieux il va me faire chier avec ça ? Je suis le premier « choqué » par mon geste parce que j’ignore comment j’ai pu en arriver là, même si je ne lui montre pas, pour la première fois de ma vie j’ai l’impression de me faire emporter par les évènements, cette journée est totalement dingue, rien ne va comme je le voudrais c’est épuisant, j’ai vraiment besoin de tout reprendre en main et vite. « Tu me saoules. » Comment essayer de ne plus en parler, je vais simplement le décourager, bien qu’avec Raylai j’ai des doutes, ce gars-là est tenace, la preuve il est toujours là alors qu’il aurait dû simplement s’en aller pendant mon sommeil, qu’est-ce qu’il gagne à rester avec moi. Sale gosse. J’ai soif, mais aucun truc pour appeler ou même aucune force pour me lever, c'est bien ma veine tout ça... Il me questionne encore et je soupire le laissant sortir, espérant qu’il n’attende aucune réponse de ma part, mais ça aussi c’est loin d’être gagné. Il parle, il parle, j’écoute mais je ne dis rien, coupé par l’arrivée de l’infirmière qui dépose de l’eau sur le meuble, mais je peux pas me lever bordel, ça va me saouler ça. Rectification, ça me saoule. Je soupire plus fortement aux dernières paroles de Raylai, attendant qu’il s’éloigne pour soufflé agacé. « Je ne sais pas ! » Je ramène mes mains sur mon visage énervé contre moi-même. « Pourquoi je t’ai embrassé, pourquoi je t’ai aidé, pourquoi je suis prêt à mourir pour toi, pourquoi je peux pas t’abandonner, pourquoi pourquoi pourquoi, tous ces pourquoi là j’en sais rien putain ! » Je suis pris de court par des émotions que j’ignorais pouvoir ressentir, j’explose littéralement devant cette ignorance qui me fait chié et cette douleur dans mon corps qui ne fait rien pour m'aider, j’aimerai comprendre aussi, mais je n’ai pas les réponses... Je suis épuisé, fatiguée, blessé, agacé. Soufflant encore je laisse mes bras retomber sur le lit, regardant le plafond toujours aussi blanc avant de fermer mes yeux... « Maintenant dégage et ne te retrouves plus dans des emmerdes abruti. »

TENUE  Rien n'est normal, tout part de travers et même Dakota n'arrive pas à tout gérer sans que cela lui échappe. Il m'a sauvé la vie, mais je suis certain qu'il regrette à présent. Il doit se dire que ça n'en valait pas peine ou que j'aurai bien pu mourir sans que cela change sa vie. Puis merde, je suis habitué à ce rôle. Habitué à être rejeté par les autres, être traité comme le dernier des idiots et le pire des déchets. Dakota n'innove pas, mais avec lui, c'est différent. Quand il me demande de partir, mon coeur se serre automatiquement et j'étouffe de l'intérieur. J'ai beau lui balancer la faute à la figure, ça ne m'aide pas à aller mieux. Au contraire, je m'enfonce dans mon mal être et déprime un peu plus. J'ai l'impression de saouler tout le monde, pas seulement lui qui viens de me le dire... Mais tout le monde. Je fronce les sourcils, peiné malgré moi de penser ainsi. Qu'est-ce que je dois faire pour ne plus être blasant et fatiguant ? Je repense à cette conversation avec Anastasia et je réalise doucement que cette idée ne serait pas désagréable. Il ne veut pas me répondre correctement, à croire que ça lui coûte d'expliquer son comportement. D'accord, il ne comprend rien à rien et accuse le fait que je sois trop bavard... Mais je n'ai pas envie de le croire. C'est trop facile, ce n'est pas une manière d'agir. Rukia m'a fait un cours sur le baiser, comme quoi c'est un acte réfléchit et voulu, que cela signifie toujours un truc. Après tout, il n'a jamais déposé ses lèvres contre les miennes même durant l'acte charnel. Entre temps, je suis sortie demander à boire à une infirmière, faisant même ça pour lui. Suis-je le seul idiot dans cette histoire ? La carafe sur la table, je remarque que Dakota n'a même pas la force pour se servir ou prendre le verre... Ah non, je ne ferais pas ça! Déjà, qu'il me réponde franchement à ma question. Mes paupières s'ouvrent un peu plus et je le regarde, choqué. Je n'ai pas demandé autant, mais il en dit plus que désiré. « Tu ne peux pas m'abandonner ? Tu l'as bien fait, pourtant. » Je parle de cette fois-là dans l'animalerie, mais il a fallut qu'il revienne. Las, je récupère la carafe pour remplir le verre d'eau et attendre bêtement pour lui donner ou l'aider. « Tu me laisserais vraiment partir ? Ce serait mieux pour toi si c'était le cas ? » Je lui tends le verre avec une lueur de sincérité dans les yeux. Il me pousse à partir, mais assumera-t-il ensuite ? J'ai déjà ma petite idée en tête, elle germe depuis trop longtemps. « Je regrette de t'avoir traîné là-dedans, j'aurai dû être plus crédible avec ces gars. » En même temps, j'ignorais qu'ils étaient là pour Dakota. Si je l'aurai su, j'aurai fait comprendre à ces pauvres cons que Dakota n'était plus rien. La douleur s'intensifie et je baisse les yeux en me vidant de toute émotion. J'en ai marre d'être là, je veux partir pour de bon. « Laisses-moi rester cinq minutes et je m'en irai. » Cinq minutes, ce n'est rien.

TENUE  ▲ C’est la première fois de ma vie que je ne suis pas maitre de tout, je préfère penser que ça vient de mon état, se faire tirer dessus, sortir d’une salle d’opération et enchainer une conversation à peine les yeux ouverts, les médicaments faisant encore effet et la tête dans le coaltar, ça sera une bonne excuse pour expliquer que là, je n’arrive pas à comprendre ce qui se passe, je n’ai aucune réponse aux questions qu’il se pose ni même aux questions que je me pose... c’est là le problème. Je l’ai sauvé, si encore ça s’arrêtait là, mais je l’ai embrassé aussi et j’étais quand même prêt à crever sans hésiter, tout ça n’a rien de normal et encore moins venant de moi, je devrais seulement penser à le frapper, le tuer, le jeter, alors qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ? C’est comme ce collier que j’ai gardé, pourquoi je ne l’ai pas jeté en même temps que Raylai ? Je suppose que ce que j’appréhendai est arrivé et qu’il a réussi à créer cette « relation » ce point de liaison qui fait qu'inconsciemment je m’y suis « attaché » sans même savoir ce que ce genre de sentiment est. Il peut partir, je ne compte pas réapparaitre devant lui si c’est que ça... Mais avant qu’il parte quelque chose me pousse à répondre, à lui dire simplement que je ne sais pas, je ne sais rien, pour la première fois je suis totalement dénué de réponses. Je soupire. « Je ne t'ai pas abandonné, je t'ai rendu ta liberté putain, n'est-ce pas ce que tu voulais depuis le début ?   » Il ne va pas me dire qu’il préférait que je le garde et le torture encore ? Quoique niveau torture il aurait fallu que je pousse plus loin avec lui, il s’habitue rapidement à mes séances. « Et qu’est-ce que t’en a foutre de savoir ce qui est mieux pour moi ou non... Tu ne me connais pas Raylai. » Je suis blasé, je lui rends sa liberté et pourtant j’ai l’impression qu’il voudrait que je la lui reprenne, qu’est-ce qui ne va pas avec ce gosse, il est totalement différent des autres. Mes yeux clos je déglutis encore, toujours assoiffé, j’en ai marre d’être allongé alors malgré la douleur qui s’éveille de plus en plus au fur et à mesure que l’anesthésie disparaît je me redresse pour m’asseoir non sans difficulté à deux doigts d’arraché toutes ses choses que j’ai de brancher sur mes poignets et mon doigt... Je prends le verre qu’il me tend pour le vider d’une traite, ça fait du bien.  Il veut rester encore cinq minutes ?

« Fais ce que tu veux. » Je ne le regarde pas, les yeux dans le vide, une sensation étrange et différente se manifeste, mais je préfère la faire disparaitre avant de comprendre ce qu’elle signifie.

TENUE  Quand il s'est écroulé au sol dans le vieux entrepôt, le collier est tombé de sa poche et je l'ai récupéré. Durant mon temps d'attente, j'ai eu l'opportunité de l'observer tranquillement mais aussi de me demander pourquoi il le gardait. Ce collier ne servait plus à rien, il était sûrement bon à jeter, mais Dakota l'avait sur lui à ce moment-là... Et je ne comprends pas pourquoi. Vu son état, les médicaments et la fatigue, il ne sera pas en mesure de me répondre. Il a déjà du mal à m'expliquer pourquoi il m'a embrassé. Ce n'est qu'une question de temps, sauf si j'abandonne et baisse les bras. C'est possible, j'ai tellement cherché à me changer les idées, à faire autre chose de mes journées pour l'oublier... Et là, il revient s'heurter à ce quotidien. Lui et ses soucis, il est revenu chambouler ma routine. Dakota ne m'aide pas à comprendre, il ne me retient pas, ne sait pas et cela me pousse à croire que je ne m'en sortirais jamais. Je lui rappel qu'il m'a délaissé quelques jours plus tôt, qu'il m'a carrément jeté. Cela fait mal, c'est une plaie ouverte et encore saignante. Il s'en fiche, cela l'importe peu. « Qu'est-ce que tu en sais ? » Qu'il m'explique, parce que moi-même je ne sais pas. Oui, je voulais être libre, autant que je voulais qu'il crève... Mais c'était au début, avant d'éprouver tout ça. « Peut-être que je n'le voulais pas. » Est-ce si étonnant ? « Au début, mais nous ne sommes plus au début. » Rajoutais-je pour qu'il saisisse ma vision des choses. Au départ, je voulais lui échapper et être tranquille, mais ce n'est plus le cas à présent. Je veux qu'il reste, qu'il remette ce collier s'il le faut. Qu'il me torture si cela lui fait plaisir, mais putain, je veux revenir vers lui. ça me tue de l'avouer, même si les mots ne viennent pas comme tel. « Tu ne me laisses pas te connaître. » Qu'il ose dire le contraire. On ne se connait pas parce qu'on a jamais prit le temps de se connaître. Quoi que, il en sait beaucoup sur moi. Ce n'est pas un échange équitable, mais je crois bien qu'il en a rien à foutre de l'égalité. Faut qu'il avoue que sans moi, il crèverait vraiment de soif. Je l'aide à boire, attendant qu'il prenne le verre avec patience. J'aurai pu le laisser sur la table et le regarder s'embêter.

Cinq minutes, je ne réclame que cinq minutes. Pour faire quoi, aucune idée. J'ai juste besoin de rester là quelques minutes, savoir si tout cela l'énerve ou pas. Il me l'accorde et je souris légèrement, remarquant son regard perdu dans le vide. C'est le meilleur moment pour tirer le collier de ma poche et le laisser pendre devant son visage. « C'est tombé de ta poche. Pourquoi tu le gardes ? » Il va vite regretter les cinq minutes. Toujours debout, je dépose l'objet sur la table à roulette pour lui rendre. ça ne m'appartient pas de toute façon, qu'est-ce que j'en ferais ? « D'abord le baiser, puis ça. Je soupçonnerai presque quelque chose. » Ironisais-je, détournant mes yeux vers la fenêtre.

TENUE  ▲ Je perds le fil, j’aime la douleur, j’ai en fait connu que ça toute ma vie, je ne sais pas vraiment ce qu’avoir des sentiments « joyeux » certes je m’amuse avec mes potes, mais je ne connais pas cette euphorie qui remplit souvent les gens de ma génération. Je suis de ceux qui préfèrent côtoyer les ténèbres, la sureté du mal, mais Raylai est en train lentement d’éclairer mon monde sans que je ne puisse le voir venir, je ne veux pas, je n’ai aucune envie de subir des changements dans ma vie, de le voir prendre de l’ampleur et de connaitre une « faiblesse », je ne suis et ne serai jamais faible, quoiqu’il se passe je ne changerai pas, mes sentiments ne changeront pas, ma façon d’être ne changera pas, quoiqu’il puisse changer je serais toujours Dakota, le fils du diable, sadique et psychopathe, je ne veux pas être entrainé dans cette lumière, mais je peux l’entrainer dans les ténèbres.

Il semble déjà y avoir un pied de toute façon, je lui rends sa liberté c’est ce qu’il voulait non ? Apparemment non... Je comprends rien à ce gosse, qu’est-ce que j’en sais ? J’en sais rien justement, il m’énerve à me faire me poser autant de questions ou à remettre en doute mes certitudes. Je suis épuisé et mon cerveau semble carburer à trois-cent à l’heure. Au début hein ? « Parce que tu es tombé amoureux de moi ? » Je ne vois pas d’autres réponses. Me connaitre ? Pourquoi devrait-il me connaitre, personne ne me connaît, mes parents, ma sœur, mes amis, peu importe qui, personne ne me connaît? Tout ignore une partie de moi, mes pensées, mes envies, mes « sentiments », même mon histoire, parce que je ne laisse rien paraître, je ne laisse personne entrer dans mon périmètre. « Tu sais l’essentiel. » Il n’a pas besoin de plus, après tout ça lui a suffi pour qu’il éprouve des « sentiments » envers moi non ? Boire ça fait du bien, je reste silencieux après lui avoir permis de rester cinq minutes, c’est tout ce qu’il veut, pour une fois je le laisse faire, mais mes iris entre en contact avec ce collier qui pend sous mes yeux... Je le fixe simplement écoutant les paroles de Raylai. Mais je ne réponds pas, déviant mon regard agacé. Il est saoulant... « Soupçonne ce que tu veux... » Soufflais-je blasé, attrapant le collier sur le meuble non sans grimacer face à mon geste je soupire. « J’ai supprimé tout ce qui te concerne, j’ai juste voulu garder un souvenir de mon caniche, tu as un problème avec ça ? »

TENUE  Je sais parfaitement bien que Dakota ne changera jamais, pour moi ou pour personne d'autre. Il est un démon qui n'a pas besoin d'ange. Il n'a pas besoin de ma lumière, autant qu'il n'a pas besoin de ma présence. Je commence à comprendre pourquoi il me rejette, parce que je suis trop humain et innocent pour son côté sadique et mauvais. Il a peur de changer, d'être une autre personne par ma faute. Je ne me sens pas fautif pour autant, parce que je ne regrette pas totalement mes sentiments envers ce débile mental. Je l'aime, c'est vrai. Je cherche encore à lui prouver en venant jusque là, en le suivant de près pour m'assurer qu'il aille mieux... Mais il ne veut rien voir, rien savoir. C'est embêtant, mais je ne peux pas forcer Dakota à m'apprécier. Je devrais juste abandonner, m'éviter bien des soucis et de toute façon, je n'ai pas la force morale de m'heurter encore à lui. Les mêmes mots pourraient être répétés inlassablement, il ne pigerait pas où je voudrais en venir. ça ne sert à rien de lui mettre l'évidence sous le nez, s'il rejette tout ça. J'ai perdu depuis le départ et je le sais mieux que quiconque.

« Tu as compris. » Oui, parce que je suis tombé amoureux de lui. J'aurai voulu le connaître mieux, ne pas seulement être son chien ou son esclave, mais c'est toujours trop demandé. Dakota doit avoir beaucoup à dire ou surtout beaucoup à savoir, mais il reste clos et muet. C'est franchement emmerdant et plus ça va, plus je me décourage. « Je ne sais rien de toi. » Reprenais-je directement après lui, tout en sachant qu'il ne me dira jamais rien. Mes sentiments se sont développés sans rien savoir sur lui, qu'est-ce que ça sera si j'en découvre plus ? Peut-être qu'à ce moment-là, je ne pourrais même pas l'oublier. Pendant qu'il boit son verre d'eau, j'en profite pour ressortir le collier et lui montrer sans gêne. J'insiste lourdement sur notre histoire, cherchant un truc à quoi me raccrocher mais je n'y vois rien. Aucun perche, aucune solution. Dakota saisit l'objet et parle comme si c'était un truc inutile, sans signification. ça me saoul. Sans prévenir, je lui arrache des mains et le regarde dans les yeux. « Si c'est ce que tu veux. » Ma voix est froide, comme si j'enterrais la moindre chose en rapport avec lui. Le coeur lourd, je tourne les talons pour me diriger vers la fenêtre, l'ouvrir brusquement et dans un élan incontrôlé, balancé le collier dehors. Voilà, comme ça tout est supprimé. « Tu peux être content maintenant, j'ai supprimé ce souvenir à ta place. » Malgré la température abusivement basse, je laisse le battant ouvert et me tourne vers lui, un sourire triste aux lèvres. « Les cinq minutes sont écoulés, je vais partir. » Comme convenu, mais ce sera la dernière fois qu'on se verra. « Adieu, Dako. » Chuchotais-je en me décalant de la fenêtre toujours ouverte pour me diriger vers la porte de la chambre, bien décidé à mettre les voiles. Il veut juste me supprimer de sa vie, autant ne pas insister. C'est clair comme de l'eau de roche.

TENUE ▲ J’ai compris hein ? Je n’ai jamais compris comment il a pu tomber amoureux de moi, je ne comprends d’ailleurs pas un tel sentiment, qu’est-ce qu’il a attendu de moi au fond ? Il disait m’aimer, mais ça ne l’a pas empêché de me mentir, de briser ma voiture, s’il ne voulait pas que je le jette pourquoi avoir fait ça ? Je ne le comprends vraiment pas et au fond je n’ai pas envie de comprendre... C’est trop compliqué, je ne veux pas me perdre dans de telle banalité, mon cœur est glacé et même si au fond de moi je sais que Raylai serait capable de le faire fondre je ne pourrais pas le permettre... Je ne veux pas changer, je ne veux pas c’est tout. C’est pourquoi je ne m’ouvre à personne, mes douleurs passées, mon histoire, même mes émotions reste aussi fermée au monde, Raylai dit ne rien savoir sur moi, mais il connaît le démon que je suis, il sait des choses que beaucoup ignorent sur moi, il a reçu des attentions que je n’ai jamais offertes à personne, il... Comment peut-il m’aimait encore une fois sans savoir quoi que ce soit sur moi ? N’est-ce pas fou ? Ah, j’ai mal, je devrais juste tout zappé, tout oublié.

Il me montre le collier que j’ai gardé, j’avoue avoir tout supprimé le concernant, les donnés avec lesquels je pouvais le menacer, le piéger, j’ai supprimé les preuves de ses actes et le fait qu’il a simplement été mon esclave, mon jouet. Je me voile la face, je sais que je ne voulais pas m’en séparer, je ne voulais jamais lui rendre sa liberté, jamais. Je ne regrette jamais, je ne suis pas assez « humain » pour permettre de telles choses, pourtant pourquoi je sens qu'avec lui c’est différent. Il m’arrache le collier des mains, surpris je le regarde arquant un sourcil en le voyant se diriger vers la fenêtre et le jeter... Une colère s’anime en moi face à ce geste, adieu ? Il s’en va comme ça ? Je me fiche d’avoir mal, j’arrache soudainement tous mes fils, la douleur n’est rien, je peux saigner, je m’en fiche, mes jambes peuvent trembler, ça aussi je m’en fiche, j’ai une force de caractère qui peut tout surmonter, quittant mon lit je le rattrape avant qu’il ne sorte pour le tirer et le plaquer contre le mur, l’empêchant de m'échapper, je le regarde dans les yeux, transpirant devant cet effort physique, mon état m’est égal. « Arrête tes conneries enfoiré ! » Gueulais-je en tapant le poing contre le mur, agacé.

« Qui ta donner la permission de jeter ce qui m’appartient ? » Je suis sur les nerfs, l’entendre dire adieu m’a vraiment énervé aussi, pourquoi faut-il que ce gosse me rende ainsi ? Pourquoi je dois ressentir tout ça ? Mon corps menace de lâcher encore épuisé par l’intervention, je ne lâche pourtant pas le plus jeune des yeux. « Si tu n’avais pas fait le con je n’aurais pas besoin de souvenirs ! Tu n’en fais qu’a ta tête, réfléchi un peu pauvre idiot. » Non s’il n’avait pas agi ainsi il serait toujours à moi, je ne serais pas à l’hôpital après avoir reçu des balles, je n’aurais pas à le retenir sans comprendre pourquoi, tout ça n’aurait jamais eu lieu... « Tu ne comprends rien... tu n’es qu’un gamin... » épuisé, mon corps s’écrase contre le sien, le plaquant contre le mur, comme si inconsciemment je l’empêchais de s’en aller, toute cette histoire va me rendre malade.

TENUE  Prenons les choses différemment. J'ai brisé sa voiture, j'ai menti et j'ai toujours dit que je le détestais, qu'il était un crevard. Or, à bien réfléchir sur la situation, peut-être que je cherchais simplement à attirer son attention. Qu'il me tape ou non, cela n'avait pas tellement d'importance, mais qu'il me relâche sans raison. ça, ce fut une autre affaire. Ouais, à bien réfléchir, je crois que j'ai voulu attirer son regard sur moi encore et encore. Un peu comme un gamin qui retourne la maison de ses parents pour qu'ils fassent attention à lui, certes il se fera grondé, mais il aura eu au moins un regard de leur part. C'est ça que j'ai désiré chez Dakota, un regard. Savoir autre chose de lui que son sadisme ou ses idées de torture, sa passion pour briser les gens ou les retenir contre leur gré. Non, moi je veux savoir ce qu'il se cache derrière tout ça. Est-il un garçon qui aime... Je sais pas! Le café ? Est-ce qu'il s'amuse autrement ou a-t-il des véritables amis en dehors de ces gars ? C'est ça que je veux savoir, des trucs comme ça. Cela peut paraître banal, nul à cirer, mais moi ça m'intrigue. évidement, il ne me fournira aucune réponse et cela m'agace. ça m'énerve au point de commettre l'irréparable et balancer son collier par la fenêtre.

à quoi m'attendais-je ? Qu'il s'en fiche et m'ignore à nouveau ? Oui, je croyais vraiment qu'il allait s'en moquer et même pas faire attention à ma sortie... Mais non. J'ai à peine déposé la main sur la poignée de porte que j'entends la machine s'affoler dans mon dos et une force plutôt faible me pousser contre le mur. ça ne fait pas mal, pas comme les fois précédentes où il m'a toujours détruit le dos. Les yeux dans les yeux, j'en perds la notion du temps à le contempler en silence. Pourquoi ? Il ne voulait juste pas m'oublier ? Je lui donnais cette chance en partant, mais il m'empêche de le faire. Qu'est-ce que je dois faire ou penser ? Je sursaute à son coup, fermant brièvement les paupières. Ce ne sont pas des conneries! Et c'est lui l'enfoiré, merde! J'me fais chier à revenir et il n'fait aucun effort... Enfin, jusqu'à maintenant. La permission ? C'était autant mon collier que le siens, je l'ai porté durant des mois à m'en étrangler! « Je n'ai plus besoin de ça. » M'énervais-je à mon tour, fronçant les sourcils. On s'affronte du regard mais je ne lâche pas l'affaire, je suis fatigué d'être à chaque fois mit de côté comme un moins que rien. Je suis épuisé de chercher un point auquel me raccrocher.

Quoi ? Je ne comprends plus rien. Ce n'est pas la première fois que je fais le con, alors pourquoi cette fois était celle de trop ? Idiot, con, enfoiré. Il a autre chose à ajouter ? Ah gamin, merci. J'aurai bien voulu répliquer aussi, cracher mon venin sans me soucier d'être mauvais ou indélicat, mais Dakota perd ses forces et s'écroule sur moi. Comme une impression de déjà-vu, tiens donc. Mon dos revient cogner le mur, m'empêchant de fuir comme je l'aurai voulu. Quelle merde, il est chiant. Mes bras le retiennent et je me pince les lèvres. « Tu n'peux pas juste me laisser partir... » ça me broie le coeur d'être ainsi partagé. Je puise dans mes forces pour le redresser et l'aider à retourner dans son lit, le laissant un peu tombé dessus. « Désolé... » Qu'est-ce que je dois faire ? Rappeler une infirmière ? Je ne peux pas le rebrancher, ni le laisser ainsi. Pour commencer, je le replace bien et le recouvre avec la couverture, préoccupé comme jamais. « Qu'est-ce que je dois comprendre à tout ça, hein ? Tu vas encore me dire de réfléchir, de me débrouiller ou que sais-je. » Je me tape un monologue, sans oser croiser son regard s'il me fixe toujours. à moins qu'il est perdu connaissance et ça m'arrangerait. « Je suis un gamin, j'le sais bien. Je ne réfléchi jamais avant d'agir, je ne pense qu'à moi et faut toujours que j'embête tout le monde à les foutre dans la merde. » Il a raison, je suis vraiment qu'un con.

TENUE ▲ Ce gosse me saoule, si j’avais su tout ce qu’il allait créer je l’aurais surement donné au flic avant ou laissé s’échapper quand je l’ai chopé les mains dans le sac, enfin je dis ça, mais je n’y pense pas une seconde... Bien qu’il m’énerve, sa présence ses derniers mois n’a pas été réellement une nuisance, j’en ai profité aussi et aussi étrange que ça puisse paraître je m’y suis... attaché ? Je ne peux pas l’avouer parce que je me voile constamment la face sur les changements que Rayai est en train d’apporter dans mon mode de vie, dans mes pensées et le voir jeter le collier que je gardais constamment depuis que je lui ai rendu sa liberté m’a autant agacé que de l’entendre me dire adieu, pourquoi faut-il que ça se passe comme ça ? Je n’ai qu’à fermer les yeux et fièrement le regarder s’en aller, tourner pour de bon la page sur notre « relation » et trouver d'autre victime à torturer, ce n'est pas ce qu'il manque, mais je n’en ai pas l'envie.

Le fait de l’imaginer s’en aller pour toujours ou même ce sentiment de colère qui me pousse à tout arracher pour le rattraper bien que je sois faible et encore épuisé, je ne peux pas le laisser s'en aller. « Tu crois ? Ne joue pas à ça. » Soufflais-je en le fixant, je finis par laisser échapper des informations sur le fait que s’il n’avait pas merdé on n’en serait pas là, mon état me pousse à dire les choses telles qu'elles sont ou que mon inconscience me les souffle, je pourrais toujours utiliser l’excuse de la douleur plus tard ou celle des calmants pour faire oublier tout ça, mais là pour l’instant je l’empêche simplement de partir. M’écroulant sur lui, en l’emprisonnant entre mes bras pour qu’il ne s’échappe pas, je suis fatigué, mais toujours conscient. Le laisser partir ? Non, je ne peux pas... Réinstallé sur le lit par ses soins, je n’ai plus rien de branché, encore des fils qui pendant après que je les ai arrachés sans tenir compte de rien, je saigne aussi, mais comparé à la douleur de se faire tirer dessus c’est rien du tout ça. Je le regarde alors qu’il n’en fait rien, il me recouvre même, mais je garde le silence, écoutant ses paroles. « Qu’est-ce que tu as compris plus tôt Rayai ? » Soufflais-je doucement, attendant qu’il me regarde aussi. « C’est vrai. » Dis-je simplement face à ses dernières paroles sans une once d'hésitation avant de rajouter dans un murmure. « Mais ce gamin... je ne voulais pas vraiment le laisser partir. » Mes paupières se closent lentement accompagnées d’un soupire, qu’est-ce qu’il m’oblige à dire... Je le tuerai un jour....

TENUE  On dirait un vieux remake d'un couple, mais nous ne sommes rien de tout cela. Je ne sais même pas s'il m'aime, s'il m'apprécie ou s'il comprend mes sentiments. ça risque d'être compliqué, puisque moi-même je ne sais comment les interpréter. J'ai cru, à un moment, que je pourrais en saisir le sens ... Mais apparemment, pas. Je me trompe à chaque fois de chemin, prenant la mauvaise route qui me ramène à mon point de départ. Cet amour est un labyrinthe et je tombe toujours sur une impasse. Le seul moyen de m'en sortir, c'est d'arrêter de courir ou de chercher une sortie. En jetant ce vulgaire collier, je balance aussi le dernier souvenir qui nous relie. Ainsi, notre « relation » peut officiellement se terminer sur mon adieu, mais Dakota n'en décide pas ainsi et je termine rapidement dans un nouveau cul de sac. Qu'est-ce que je dois faire ou comprendre ? Il pourrait juste me laisser partir et tourner cette foutue page, sans s'en soucier. Il peut me donner des ordres, j'ai le droit de ne plus les écouter à présent. Que peut-il faire contre moi ? Il est faible, à bout de force et je pourrais l'achever juste en le repoussant. Malgré tout ça, je ne fais aucun geste brusque quand il me bloque contre ce mur, je l'observe uniquement de mes yeux sombres et fixes. Ses paroles n'ont aucun sens, je pige rien, puis il s'écroule sur moi et je le retiens malgré tout. Bon sang, il m'emmerdera jusqu'à sa mort.

Puisant dans mes forces, je le garde contre moi pour le ramener dans son lit. Il saigne, mais je ne sais pas quoi faire de ses blessures. Je dois appeler quelqu'un dans cet hôpital, mais j'en profiterai aussi pour filer en douce. En attendant, je le couvre pour ne pas qu'il prenne froid.Qu'est-ce que j'ai compris ? Rien, évidement. Je garde mes yeux détournés, bouffant ma lèvre anxieusement. « Rien. » Prononçais-je en relevant mes yeux fatigués vers lui. Je comprends rien, ni à mon comportement, ni au siens... Ou je ne veux pas le comprendre. Il accepte tout ce que je dis, et je fuis à nouveau ses yeux pour étouffer un rire nerveux. Hein ? J'ai mal entendu. Je crois qu'il a dit un truc important là, non ? Si c'est un rêve, que je me réveille de suite. « Tu racontes n'importe quoi, tu dois avoir de la fièvre. » Une issue de secours, vite! Je file rapidement vers la fenêtre pour la fermer, trouvant ainsi une excuse pour m'éloigner de lui. Je devrais aussi appeler une infirmière, pour le soigner... Putain. « Crois-moi, si j'avais eu la moitié d'un cerveau, je n'aurai pas touché ta voiture. » Est-ce une bonne chose ? Je ne fais rien pour me complimenter, décidément. « Mais je l'ai fait et tu m'as libéré, maintenant c'est trop tard. » Entre temps, je me suis déplacé vers la porte pour chercher quelqu'un dans le couloir. Ils sont où, bordel ? Ils ne peuvent pas foutre une putain de télécommande dans la chambre, non ? Bande d'incapable!