La jalousie ne permet jamais de voir les choses telles qu'elles sont. Les jaloux voient le réel à travers un miroir déformant qui grossit les détails insignifiants, transforme les nains en géants et les soupçons en vérité.

TENUE ✦ Au moins maintenant je sais qu’il ne faudra pas que je me fis à lui si... par je ne sais quelle malchance nous finissons par cuisiner de nouveau ensemble, j’espère que cela n’arrivera pas, je ne compte pas tout lui apprendre et faire face à un suicidaire qui ne réfléchit pas avant de manier les « choses » dangereuses, je vous assure, j’ai eu l’impression de surveiller un enfant alors qu’il s’attelait à découper les carottes, ce n’est pas amusant. Normalement j’aurais simplement dû le laisser et tant pis s’il se coupe, se blesse ou autres, mais c’est plus fort que moi je suis obligé de réagir et croyez-moi, cette partie de moi ne m’a jamais autant agacé qu’à cet instant. En tout cas la viande cuit tranquillement, les légumes sont ajoutés, le curry est en pleines cuissons, il ne reste plus qu’à patienter un peu... Un quart d’heure ça passe plus vite qu’on ne le croit, je tourne toujours ma marmite, il me manque plus que le petit tablier et j’aurais l’image parfaite de la femme au foyer, omg, merci pour cette image, il vaut mieux la censurer. Mon père... Je soupire. « Aucune idée. » C’est balancer froidement, mais sincèrement là, je n'ai aucune envie de parler de mon paternel avec lui, d’ailleurs s’il pouvait ne pas remonter ça m’arrangerait, bien que je ne veuille pas rester avec cet idiot... manger avec les deux ensemble, j’en suis déjà agacé.

Il veut gouter, je lui donne une cuillère, le voyant s’abaisser et encore une fois je le préviens pour pas qu’il se brule me donnant des gifles mentalement, bon sang, je n'ai pas eu de mère et pourtant j’agis comme tel, c’est frustrant. Bon il trouve ça bon, c’est déjà ça, la cuisson n’est même pas encore terminée, il a juste eu droit au premier avant-gout du plat final, je goute aussi pour essayer de voir s’il ne manque rien et on dirait bien que tout est ok, parfait. « Rêve. » Je balance en lui jetant un regard sévère. « Tu n'es pas possible comme mec, prends à boire dans le frigo et pose la bouteille sur la table, y a les sauces aussi et le pain, occupes-toi et patiente... sale gosse. » Soufflais-je, j’ai soif d’avoir trop parler maintenant, c’est sa faute ça ! Je vais mettre une encre noire sur le calendrier à la date d’aujourd’hui, ça me parait bien.

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TENUE ✦ Je pourrai fièrement dire à ma mère que j’ai appris à éplucher les légumes ! Bon, ce n’est pas réellement utile dans un CV, et il n’y a pas vraiment de quoi être fier, mais pour moi c’est une nouvelle expérience. Et j’aime expérimenter de nouvelles choses. Je ne suis pas quelqu’un de curieux mais je ne dis jamais non lorsqu’il y a une occasion pour s’amuser. Je suis comme un gamin dont le seul but est de profiter de la vie et de se défouler sans se soucier des conséquences. Il m’arrive parfois d’être mature, mais ça n’arrive que lorsque ça concerne d’autres personnes. Là je suis obligé de penser pour eux avant de le faire pour moi. Mais la plupart du temps, je suis aussi énergétique et insoutenable qu’un enfant. Shion, à côté de moi parait plus calme et plus mature. Je ne sais pas s’il est réellement comme ça ou si c’est à cause de moi qu’il agit ainsi. Mais il a beau prétendre me détester, il me surveille tout de même. Et ça, ça me suffit à croire qu’il a un bon fond et de ne pas abandonner l’idée de devenir son ami. Je suis trop têtu pour renoncer. C’est en mettant la table que je pense au père de Shion. Peut être que je devrais aller le chercher ? Mais je sais qu’il a horreur qu’on le dérange pendant ses expérimentations. En plus, ça doit être assez urgent puisqu’il nous a laissé seuls. Je retourne dans la cuisine et je fais part de mes pensées à Shion. Ce dernier me répond froidement. J’ai l’impression de retourner à la case départ. Je compris à ce moment là que tout comme Kirigaya-san n’aimait pas qu’on parle de Shion, Shion n’aimait pas évoquer son père. J’ai envie que tout s’arrange entre eux, mais ça ne se fera pas du jour au lendemain.

Même si j’ai « participé » à la préparation du plat, je préfère demander si je peux gouter. Je suis tout content parce qu’il ne refuse pas et amène la cuillère jusqu’à mes lèvres. Je relève les yeux au moment où il m’avertie de la chaleur de la sauce. Un sourire se dessine sur mon visage avant que je ne souffle sur la cuillère. Je suis content que le gout soit si bon malgré le fait que j’ai participé à la préparation. Et cette cuillère ne me semble pas suffisant. J’ai réellement faim maintenant. Je tente ma chance en demandant une deuxième cuillère. Mais la réponse est on ne peut plus claire. Je fais la moue, mine déçue. «   Rohhhh…   » Je m’approche du frigo et l’ouvre. Il y a plusieurs boissons et surtout beaucoup de bouteilles remplis d’un jus orange foncé. L’étiquette montre qu’il s’agit de jus de carotte. Je n’ai jamais gouté, mais ça doit être bon s’il y en a pleins. Je sors la bouteille de jus de carotte et la pose sur la surface à côté, le temps que je prenne les sauces. Quoi ? Les sauces ? Quelles sauces ? «   Tu mets de la sauces dans ton curry ?   » Personnellement, la sauce du curry me suffit amplement, mais bon, il existe des gens qui ont des habitudes culinaires particulières. Peut être que c’était le cas pour Shion ? «   Tu prends quoi ? Ketchup ? Mayo’ ? Moutarde ? Soja ? Wasabi ?   » Il aura peut être l’impression que je me moque de lui, que nenni, je veux simplement connaitre ses gouts. Je suis réellement un sale gosse comme il le dit si bien, pourtant on a le même âge. C’est une des rares informations que j’ai su tiré de Kirigaya-san. Cependant, comme je suis né en début d’année, je suis quasiment sur que je suis plus âgé que lui. Je lui demanderai tiens.

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TENUE ✦ Dès que mon père entre dans le sujet je ne peux pas m’empêcher de paraître froid, je déteste même l’idée de me retrouver dans la même pièce qu’eux, si ça venait à se produire surement que je quitterai la table sans attendre sous l’agacement. Maintenant que le repas est sur la dernière ligne droite je me retrouve face à un gosse gourmand réclamant une cuillère, bizarrement je lui accorde sans broncher, mais la suite hors de question ! Il ne faut pas abuser non plus, je lui donne « ça » et il veut « ça » stop. Il peut râler il mangera bien assez tôt pour en profiter, je suis sûr que si je le laisse faire il finirait la moitié de la marmite avant la fin de la cuisson, ok j’abuse un, à peine. Je lui donne une activité pour qu’il ne voit pas le temps passer, ne suis-je pas gentil quand même ? Enfin, voilà qu’il sort le jus de carotte, cette boisson c’est ma source de jouvence, je suis un drogué, c’est trop bon. Et d’ailleurs si je n’étais pas entrain de tourner la sauce et le riz je m’en servirai bien un verre.

Je ne mets pas de sauce dans mon curry, c’était plus pour la forme, s’il en veut il se sert, de mon côté je me contente de celle déjà présente. « Je ne mets rien non plus, c’était pour toi. » Qu’est-ce que j’en sais sur ses gouts en matière culinaire après tout. On s’est pas tué à faire du curry pour le mélanger à un gout différent comme du ketchup ou du wasabi, non merci. Finalement les minutes passent et la cuisson semble terminée, je m’arrête donc, éteignant le feu, pour y déposer un couvercle dessus gardant ainsi au chaud la nourriture. Mon père n’est toujours pas monté. Tant pis. « Apporte deux assiettes. » On se sert directement là, si mon paternel se pointe il aura qu’à se servir une part, il y en a bien assez.

Mettant le riz d’un côté et la sauce de l’autre, le faisant deux fois sur deux assiettes différentes, j’attrape la mienne, laissant Jiro s’occuper de la sienne, je m’installe à la table mise par ce dernier, attrapant un morceau de pain que je coupe en deux pour manger un bout en attendant que le plat refroidisse un peu, me servant un verre de jus, j’hésite, mais je le sers aussi non sans soufflé ça serait trop bizarre sinon. Il peut manger maintenant.

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TENUE ✦ Je comprends maintenant pourquoi lorsque je suis avec Kirigaya-san, Shion n’est jamais là. Ils n’entretiennent pas une bonne relation. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre eux mais je trouve dommage qu’ils ne puissent pas s’entendre. Et même si je ne suis pas le plus intelligent des hommes, je sais qu’il faut avoir un minimum de discrétion, et ne pas poser de questions trop embarrassantes. Enfin, là j’y pense à n’en pas poser mais je ne sais pas si j’aurai ce réflexe la prochaine fois. On verra en temps venu. La maintenant, c’est mon estomac qui parle pour moi. Je veux gouter la sauce, même si elle n’est pas encore prête. La faim me rend impatient alors que je ne le suis pas d’habitude. J’en deviens insistant parce que je réclame une deuxième cuillère. Malheureusement pour mon estomac Shion refuse. Ce dernier détourne mon attention en me demandant de finir de préparer la table. Je m’exécute. En ouvrant le frigo, je choisis de sortir la bouteille de jus de carotte. Personnellement, je n’ai jamais gouté mais ça me tente bien.

«   Oh.  » Alors lui non plus il ne met pas de sauce. Du coup, je ne prends pas de sauce puisqu’aucun de nous deux en avons besoin. Ce serait dommage de changer le gout du curry en y ajoutant une autre sauce. Surtout qu’on avait bien réussi en plus ! Je ramène le pain et la bouteille sur la table à manger. Le temps que je finisse tout ça, la cuisson est finie. «   Yes sir !  » Je me tourne vers les étagères pour sortir les assiettes. Shion les remplie une à une. L’odeur du curry se mélange à celle du riz bien chaud. J’ai eu droit à un avant gout et je sais d’avance que ça va être délicieux. Shion prend son assiette et je m’occupe de la mienne. La vue d’une assiette bien remplie est toujours aussi agréable. Je le suis jusqu’au salon et m’installe en face de l’hôte. Je pense que son père ne viendra pas. C’est dommage parce qu’il m’a invité dans le but de manger ensemble, mais je comprends, son travail est plus important. Je lui ai donné mon cadeau et j’ai quand même pu parler avec lui.

Shion remplie son verre de jus et fais de même avec le mien. «   Merci.  » Je lui fais un grand sourire. «   Itadakimasu !! » Je prends ma cuillère, la plonge dans le riz et le curry avant de la mettre dans ma bouche. Mes yeux pétillent tellement c’est bon. «   C’est délicieux ! Shion tu es trop génial ! » Je reprends une deuxième bouché, sauf que celle ci est plus chaude que la première. «   ‘est ‘haud ‘ais ‘est bon !  »  Je fais mon malin à parler mais je suis en train de me bruler la langue ainsi que l’intérieur de ma bouche. Je lève la tête en l’air et ouvre la bouche. Je fais des battements avec ma main pour « refroidir » ma bouche. Ma langue s’est pris un coup mais si j’avale je risque de le sentir encore plus. Mais sinon, tout va bien.  

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TENUE ✦ Il n’est pas difficile de comprendre que mon père et moi ne sommes pas en très bons termes, le pire dans tout ça c’est que j’ai fait des efforts, je continue d’en faire continuellement, je me suis même intéressé à la science quand j’en ai eu l’âge, je suis devenue un passionné des énigmes non résolu qu’il faut élucidé, mais derrière tout ça je me suis créé une autre vie et je pense parfois que « Moz » prend le dessus sur Shion, le chanteur ou le leader de cette radio pirate c’est là que je me sens le plus vivant. Cette maison est bien trop grande pour nous, on ne fait que se croiser et des fois on ne se voit pas pendant des jours ou des semaines, en fait aussi loin que je me souvienne je n’ai jamais eu droit à des conseils, des sourires ou des surprises par mon paternel, il ne m’a jamais emmené au parc, il ne m’a jamais acheté de petit jouet pour me faire plaisir en rentrant du boulot, il n’est même jamais allé aux réunions de classe ou venu me chercher à la sortir d’école. Ma vie familiale a été un vrai fiasco et je n’ai jamais su pourquoi. Est-ce qu’il ne s’en rend pas compte ? J’ai souffert longtemps de ce manque, mais j’ai grandi ainsi et j’ai fini par y voir une habitude et une routine, ne plus y faire attention, tout était « normal » voilà tout.

Mais depuis l’arrivée de Jiro je me suis rendu compte qu’avec d'autres jeune de mon âge il peut se montrer différemment et j’ai compris. Le problème ce n’est pas que tout ça est dans son caractère ou qu’il oublie, le problème ça a toujours été moi.  Comment je peux accepter ça, c’est douloureux, quand je regarde Jiro je me demande ce qu’il a de plus que moi, je me surprends à être « gentil » avec lui, si ce n’est pas dans les mots c’est dans mes attentions, mais au fond de moi je le déteste pour avoir ce que je n’ai pas, je suis jaloux oui, mais pour une bonne raison, pas parce que je suis un sale gosse pourri gâté, l’argent ne m’a jamais changé et fait devenir hautain, je suis surement l’un des jeunes « riches » les plus banales, j’agis comme n’importe quel gars, je n’ai pas de gout de luxe, sauf lorsque j’ai des projets comme ma pièce spéciale, mais en dehors de ça je ne dépense pas sans compter en usant du nom de mon père dès qu’un problème survient, je me suis toujours débrouillé seul, ça ne changera pas maintenant.

Pour en revenir à nos moutons, le curry est prêt et nous voilà installé à la table du salon l’un en face de l’autre, sans mon père bien évidemment et heureusement. Je remplis nos verres de jus de carotte et j’attends avant de commencer manger, ce qui n’est pas le cas de cet idiot... Ok il me complimente et je souris doucement avant de râler. « Je le savais déjà ! » Mauvaise foi. Mais ça fait plaisir mine de rien, parce que c’est la première fois que quelqu’un goute un de « mes » plats, bien qu’il m’ait aidé bien sûr, mais je ne vais pas le soulever parce que voilà, je n'ai pas envie ! Et j’étais sûr qu’il allait se brûler. Je tape dans mes mains d’un faux air blasé, ou peut-être pas si faux que ça en fait. « Bravo, viens pas pleurer si tu as la peau qui part et pleine de petits boutons sur la langue pauvre idiot. » Toujours aimable. Mais ses gestes restent amusants, je hoche la tête désespérée, capitulant et me levant de table je vais dans la cuisine pour ouvrir le placard et prendre du sucre en poudre et revenir dans le salon. « Avale et mets un peu de sucre sur ta langue... si tu veux éviter les cloques et les douleurs dues à ton intelligence limitée. » Je suis méchant, un peu, mais faut passer outre et voir dessous les mots. « Tu es toujours comme ça ? » Je rirais presque, mais non je tente de rester calme, ça ruinerait mon image -tousse-.

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TENUE ✦ Depuis le début, Shion ne me porte pas dans coeur. Je ne doute pas un seul instant qu’il est en réalité jaloux. Je ne peux pas deviner la raison de sa « haine » lorsque je n’ai aucune information sur lui. Il y a pleins de choses que j’ignore de mon hôte. Je ne connais pas son caractère. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre lui et son père. Je ne sais pas si leur relation a toujours été ainsi ou s’ils se sont fâchés pour x raison. La seule choses que je sais et ce dont je suis sur, c’est qu’ils ne s’entendent pas. Peut être que si j’en connaissais plus sur eux, ça pourrait me mettre la puce à l’oreille mais là, je n’ai aucune hypothèse qui pourrait expliquer que Shion ne m’aime pas. C’est pour ça que j’aimerai passer plus de temps avec lui, pour apprendre à le connaitre. Je veux savoir s’il y a une raison derrière ce masque de glace. C’est triste d’apprendre que quelqu’un ne vous aime pas sans aucune raison apparente. Je ne vais pas en pleurer non plus, mais je trouve ça dommage. Et s’il y a effectivement une raison derrière cette froideur, je ferai en sorte de m’excuser et d’arranger la chose. J’ai envie de bien entendre avec Shion. Malgré ses airs froids, il est une gentille personne. La preuve, il garde un oeil sur moi à chaque fois que je fais quelque chose d’insouciant. Il est toujours là, à m’avertir ou à me crier dessus. S’il me détestait tant que ça, il s’en ficherait complètement de moi. Or ce n’est pas le cas. Il n’est donc pas aussi « méchant » qu’il n’y parait.  Donc je l’aime bien. CQFD.

En plus, il sait faire du curry, ce qui me donne une raison de plus de bien l’aimer. Mon raisonnement peut paraitre aussi simple que celui d’un enfant. Devant cette belle assiette garnie, je ne peux me retenir davantage. Après avoir mangé la première bouchée, je félicite Shion pour son talent. Sa réponse me fait sourire, c’est vrai qu’il doit le savoir. Je m’empresse de prendre une deuxième cuillère. Mais autant la première était refroidie parce qu’elle était en surface, autant la deuxième vient me bruler tout l’intérieur de ma bouche après l’avoir engloutie. C’est fourbe ça. J’ai baissé ma garde parce que j’ai cru que la température était partout la même, mais en fait non. La description de Shion me surprend, pas dans le sens où il ne cherche pas à me rassurer, mais plutôt dans le sens où je n’avais jamais pensé que je pourrai avoir des petits boutons sur ma langue et avoir la peau qui part. Je fais du mieux que je peux pour atténuer la brulure. Finalement j’avale le contenu d’un coup pour ne pas bruler encore plus ma langue. Je ferme les yeux un instant et le temps de les rouvrir, Shion me tend du sucre. Je sors ma langue pour la laisser « respirer ». J’attrape le sucre. «  ‘erci ‘ion.  » A entendre « Merci Shion. » Je me suis fais mal mais je souris encore, avec ma langue dehors. Je fais comme Shion me conseille de faire. C’est drôle, parce que je connais ce que c’est de la langue de boeuf grillée mais là, j’ai l’impression que c’est ma langue qui est grillée. Grâce au sucre, la douleur diminue rapidement. Je suis reconnaissant envers Shion de m’avoir fait connaitre ce petit remède. J’ai l’air juste stupide avec ma langue couverte de sucre, mais ce n’est qu’un détail. «  ‘omment ?  » Ce n’est pas facile de parler avec la langue dehors. Je ne vois pas ce qu’il veut dire mais je pense que la réponse est oui puisque je n’ai pas cherché à faire quelque chose en particulier.

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TENUE ✦ Je dois bien l’avouer, je n’aurais jamais pensé un jour devoir cuisiner pour quelqu’un et encore moins pour Jiro, c’est un peu le dernier à qui j’aurais voulu faire à manger et pourtant c’est fait. Il est bien entrain de manger mon curry, notre curry ok, mais passons. Le plat a l’air bon, en tout cas la sauce goutée plus tôt avait bon gout et dans l’assiette ça donne forcément encore plus envie ! Mais je ne suis pas aussi impatient que lui pour dévorer l’assiette, moi je sais être patient, lui... Il se brule et voilà, un vrai gosse, je vous jure. Depuis le début j’ai vraiment l’impression de jouer le rôle de la maman avec, c’est frustrant, je n’ai rien d’une mère ! D’ailleurs je ne sais même pas si c’est ce qu’une mère ferait vu que je n’en ai jamais eu, mais ça aussi... passons.

Je réagis presque immédiatement devant ses gestes, il est en train de se bruler et c’est autant comique que désespérant, je ne me retiens pas de dire ce que je pense, surtout pas avec lui et finalement je capitule en décidant de lui rapporter du sucre, j’ai appris cette astuce sur internet, bah ouai... J’aime me renseigner sur les choses les plus simples, les petits remèdes de grand-mère comme ils appellent ça, mais quand on est malade et que personne n’est à vos côtés ont apprend à se gérer comme ont peu et on remercie tous ceux qui partagent leurs expériences et leur connaissance sur la toile.  Ça peut toujours servir, la preuve. Je souffle à son remerciement écorché, j’ai bien compris, mais pour l’instant qu’il laisse le sucre sur sa langue un instant et après il a qu’à l’avaler, les petits cristaux feront tout le boulot. Comment ? Je le fixe avec un regard démonstratif, presque accusateur en le monstre du doigt. « Comme ça. » Lui quoi, j’imagine que c’est son comportement habituel, mais c’est un véritable bordel ce gars-là. Je soupire et souris en hochant la tête de droite à gauche, je n’aurais jamais pensé qu’il soit ainsi je dois bien l’avouer, je n’ai même jamais pris la peine de chercher à le connaitre vu que je n’en avais aucune envie, ce qui paraît évident.

« Tu peux frotter ta langue au palais et avaler le sucre, souffle avant de manger idiot, ta mère ne t'as jamais appris ça ? » C’est évident non ? D’ailleurs je prends une cuillère et souffle dessus, goutant ainsi le plat, c’est bon, je suis content. Prions pour que mon père ne remonte pas de suite, sinon je devrais terminer mon repas dans la chambre. Quoique, je devrai être content plutôt ? Mais l’idée de les laisser tous les deux ne m’enchaine pas plus pour autant.

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TENUE ✦ Me bruler la langue en mangeant ça m’arrive bien souvent. D’habitude on a tendance à en rire puis à secouer de la tête. Ma mère me « gronde » encore à cause de ça, car je ne fais pas assez attention. Chacun a ses petits remèdes contre les brulures de langues, ma mère me faisait souvent mettre un glaçon dans la bouche pour atténuer la douleur. Quant à Shion, il me propose du sucre à saupoudrer sur le muscle brulé. C’est la première personne à me proposer cette méthode. A vrai dire, il est même une des premières personnes, avec ma mère et Berry, à prendre au sérieux le fait que je me sois brulé la langue. Je le remercie d’être si gentil avec moi. C’est touchant lorsqu’on croit qu’une personne ne vous aime pas et qui devient « soudainement » amical. Ça me donne réellement envie d’en savoir plus sur lui, de percer ce masque qu’il n’a l’air de mettre qu’avec moi. Shion me montre du doigt comme si j’étais coupable de quelque chose. J’hausse mes sourcils et écarquille les yeux parce que je n’ai aucune idée de ce qu’il veut dire. Comme ça ? Je fais mine de réfléchir en regardant en l’air avant de sourire bêtement mais sincèrement. «  Oui ?  » Je ne vois toujours pas qu’est ce que le « ça » voulait dire car je n’ai jamais réfléchi au comportement que j’avais. J’agis tout simplement selon mes envies, un peu comme tout le monde non ? Ce qui peut me différencier des autres, c’est que mes pensées sont beaucoup plus simples que la plupart des gens.

Je garde ma langue sortie et j’ai soudainement envie de voir l’état de celle. Mon premier réflexe est de loucher pour regarder mais en vain. Ma langue est trop « courte » pour que je puisse voir quelque chose. Shion me donne d’autres conseils. Je hoche la tête avant de faire ce qu’il dit. Frotter ma langue au palais puis avaler le sucre. La sensation des cristaux contre mon palais est étrange. Avec la tonne de sucre que j’ai mis, j’ai l’impression d’entendre les frottements entre les cristaux et mon palais. Bien sur, ce n’est qu’une impression car je doute que Shion entende ce qui se passe à l’intérieur de ma bouche. J’avale ensuite le sucre. Ma langue est encore un peu sensible mais c’est beaucoup mieux qu’au départ. «  Si, mais j’oublie à chaque fois. Mais c’est parce que l’assiette sentait trop bon que je n’ai pas pu attendre.  » Je pioche à nouveau ma cuillère dans l’assiette, souffle un coup parce que bon, j’ai retenu la leçon pour aujourd’hui, et mange. «  Shion, tu es trop fort ! La prochaine fois, tu pourras en refaire ? » Après les pizzas bien entendu. «  Refaire quoi ? » Je tourne la tête pour voir la source de la voix. Kirigaya-san est revenu. Je souris à sa vue. «   Du curry ! Le curry de Shion est vraiment bon ! Je vais vous en chercher. » Je me lève de la table pour filer en cuisine pour préparer l’assiette. C’est en prenant le curry que je me souvins de la relation entre ces deux. J’espère sincèrement que Shion n’a pas profité de ce moment pour filer.

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TENUE ✦ Bon, apparemment il est comme ça au naturel, je ne sais pas si je dois être rassuré ou m’inquiéter pour lui, enfin c’est une façon de parler, qu’il soit idiot ne me regarde pas au fond ! Je me prends la tête tout seul ça aussi c’est désespérant, enfin bon. Il peut avaler le sucre une fois que les cristaux ont empêché la brulure de se propager en créant de petites cloques douloureuse, je me demande si sa mère ne lui répète pas de faire attention en soufflant sur les plats quand ils sont chauds, tout le monde sait ça non ? Enfin je suppose. Je soupire, décidément il est vraiment simplet comme gars, mais je suppose qu’on ne le changera pas, pour ses proches ça doit faire partie de son charme, bien qu’à mes yeux ce soit juste... ennuyant et accablant, peut-être parce que je me force à ne pas voir au-delà des actes préférant le détester plutôt que de le trouver « touchant » dans sa façon d’être, ce serait le pompon, hors de question.

Mangeant une cuillère je suis tout de même content qu’il apprécie le repas et qu’il souffle dessus ! Parce que je ne referai pas un aller-retour dans la cuisine pour récupérer le sucre encore une fois, ça non. En refaire ? je m’apprête à répondre quand la voix de mon père vient se mêler à la conversation... Forcément fallait qu’il arrive maintenant, il me lance un regard distant, malgré les paroles de Jiro il ne semble pas plus emballer que ça devant « mon » plat. Jiro partant dans la cuisine empressement pour servir une assiette à mon paternel, mais tout a coup j’en ai perdu l’appétit, soupirant d’agacement, je me suis levé de mon siège pour jeter un rapide regard dans la cuisine, puis faisant face à l’ignorance de mon père, je préfère disparaître ne supportant déjà pas cette ambiance, je savais déjà qu’une fois Jiro dans la pièce il allait s’empresser de sourire et de parler, mais moi je n’y avais pas le droit à tout ça. Frustré, je laisse mon assiette à sa place et quitte la salle pour monter à l’étage me réfugier dans ma chambre, même si je ne l’avoue pas, c’était marrant avec « lui ». Mais à cet instant je suis de nouveau jaloux, les imaginant partager le repas que j’ai fais dans la bonne humeur alors que de mon côté je suis accablé par la colère et l’incompréhension. Fais chier.

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