tenue ☆ Ce début de soirée commençait super bien pour moi, entouré de mes potes et d'un bon paquet d'herbe. Saru râlait après nous pour ne pas qu'on le termine trop vite mais son frère comptait déjà le nombre de papier pour rouler les joints, quant à moi je rigolais bêtement face à leur comportement. Perdu dans ce parc, tous les trois installés dans ce dédale de corde, le bruit du briquet résonne dans l'obscurité puis une légère lueur s'éclair proche de Tora. Sur trois, nous sommes seulement deux à nous défoncer avec ce petit bâton de cannabis, riant à n'importe quoi, à la gloire d'une équipe de base-ball, à la dernière chanson d'un boys-band connu, à la bombasse de l'école, au délégué à qui j'ai pété ses lunettes l'autre jour. Bref, ça part en live taff après taff et le seul clean de la bande réduite nous surveille de près. Lui, il se contente de boire sa petite canette, nous laissant les bouteilles de bière qui s'échoue une à une par terre. Nous sommes loin d'être bien dans notre tête ce soir-là, mais nous sommes jeunes, libres et cons. J'entends Tora crier une réplique, qui je crois, sort d'un film avant de finir taper trop fortement sa bouteille contre la mienne. Elle explose sur le choc et la bière se répand sur mon pull rouge à capuche. « Putain Tora! » Gueulais-je en manquant de tomber de mon perchoir, le visage rouge, mais allez savoir à quoi c'est dû.

Le joint et le pack de bière terminé, Saru fait un examen rapide de notre état et déclare l'alerte. Il est tard, presque onze heures du soir et demain on doit encore chauffer les bancs. Je lâche un râle, allongé sur ma corde les bras dans le vide, complètement à l'ouest. Mes yeux piquent, mon pull sent le tabac froid et l'alcool à pleins nez mais je n'ai aucune envie de rentrer. C'est forcé par le plus jeune et porté par l'autre béquille dans un état pire que moi, qu'on rentre jusqu'aux dortoirs. La rue n'est pas droite, le sol est tordu et j'ai réussi à louper un trottoir en emportant Tora dans un concert de rire plus fort l'un que l'autre. La route fut périlleuse mais on a réussi à rejoindre le mur d'enceinte de l'école où Saru s'est proposé pour nous faire grimper de l'autre côté. Je suis passé le premier, pour m'écraser dans la cour de l'université et lâcher un cri de mouette. Je me suis fais mal, alors pourquoi je me remet à rire comme un phoque ? Tora me rejoint, puis son frère qui est à deux doigts de se taper la tête contre le mur. Le retour jusqu'à nos chambres est difficile, ils me déposent d'abord discrètement dans la mienne où je m'échoue sur mon lit sans retirer mes vêtements, embaumant la pièce d'une affreuse odeur. Si un surveillant ou pire encore, pense à rentrer ici à onze heures du soir passé... Il risque de me dézinguer.

J'ignore complètement si Tora et Saru sont rentrés dans leur dortoir mais je dormais déjà quand ils m'ont lâchés, partant dans un trip au-delà du réel. J'ai rêvé d'une folle psychopathe qui voulait me faire manger des araignées et des scorpions, puis elle est elle-même devenu un monstre prête à me bouffer et j'ai couru. Couru comme la chanson de Kyo, sans reprendre mon souffle, sans m'arrêter. Si jamais ils m'ont déposés correctement dans mon lit, je dois être dans tous les sens dix minutes plus tard. En sueur, le front plissé dans une expression dérangeante et les doigts crispés à ma couette. Une bonne heure passe et je n'entends pas la porte s'ouvrir, ni la personne butée contre mon lit. Je suis au pays des merveilles, avec l'énorme chenille et sa fumée envahissante, étouffante. Le rêve s'estompe brutalement quand un poid s'écrase sur moi et que j'étouffe un cri de douleur en me réveillant. Je me retourne violemment en poussant la chose par terre, manquant de tomber avec elle. Je suis en nage, nauséeux et putain, j'ai le dos en feu! « C'quoi ce bordel !! » Ma voix tape bruyamment contre les parois constituant ma piaule et en voulant me jeter sur l'interrupteur de ma lampe de chevet, je la fais tomber par terre.... J'ai cassé l'ampoule, génial. « Ai ?! » ça ne peut être qu'elle, personne n'ose m'emmerder à .. Il est quelle heure ? Dans tout les cas, c'est la seule folle de ce bahut à me chercher.

Ai est inconsciente. Elle n'a pas dévaler suffisamment de marche depuis le temps, ni manger assez de casier ou de coup d'épaule. Elle doit avoir un penchant maso, un truc dans le genre qui la pousse à revenir se frotter inlassablement à moi. Elle sait très bien que ses plaisanteries m’agacent, que si cela la défoule, ce n'est pas mon cas... Mais elle continue, sans se soucier de rien. évidement, j'ai beau être con sur les bords, je ne la pousse pas du haut des escaliers, juste de quoi louper cinq ou six marches à peine plus élevée qu'une règle de 30 centimètre. Avec ça, elle peut s'écorcher le genou ou déchiré son collant, peut-être se tordre la cheville si elle est maladroite, mais rien de grave. Si cela n'est rien de grave, bien sûr. C'est à ses risques et périls, elle le sait depuis des années, depuis que j'ai arrêté d'être le super copain protecteur des gamines au caractère merdique. Parce que si je la défendais à l'époque, c'est seulement pour son comportement. Aujourd'hui, cela n'est plus une bonne raison et je me ferme à la différence entre homme ou femme et à la galanterie. Con, tout bonnement con.

Son arrivée fracassante -surtout pour mon dos- est un calvaire infernal qui me tire de mon sommeil agité dans un sursaut à grimper au plafond. En même temps, je la dégage de mon corps et de mon lit, quitte à l'éclater par terre. C'est une fille, elle a soit des seins, soit des formes quelconques pour se rattraper. Comparé à l'homme qui n'a rien là où il faut, mais moi je suis toujours sur mon matelas, à l'abri de cette garce et de son doigt menaçant. Quoi que, je ne le vois pas, ni lui, ni elle. C'est bien le noir, ça cache les monstruosités aveuglantes. évidement, fallait que je pète ma lampe de chevet dans un élan trop brusque et que j'entende sa voix de harpie grincer dans mes pauvres tympans. « Tu parles même pas correctement! » Et c'est le voyou qui dit ça, où va le monde. Ma lampe m'aura fait tombé du lit, mais je m'en rend pleinement compte quand Ai m'éblouit avec la lumière du plafond. Je plisse les yeux en râlant, rabattant ma main sur mon visage pour me cacher de cette agression. Duuure! Je m'en écrase au sol, emportant le reste de couverture avec moi, pendant qu'elle me donne des coups avec son pied. Je vais lui tordre, elle fera moins la maligne. « J'ai bu pour oublier ta sale tronche! » Piaillais-je dans la couverture, à l'abri de ce soleil artificiel. Que dieu me préserve, j'ai envie de commettre un meurtre volontaire. Je retire la couverture pour respirer, tombant sur elle et son regard de merlan frit. Elle n'a jamais vu un mec défoncé ? Quelle cruche.

Mon corps est en pause, il refuse de bouger. Ai en profite pour m'affliger un coup de coussin et je râle en me redressant brusquement, à peine assis. « Toi tu réagis deux jours après, t'pas normal. » Dis-je en récupérant le coussin pour la menacer avec. Ceinture verte de judo ? Quoi, elle plante des choux ? Elle ne me fait pas peur et pour le prouver, je lui place le coussin entre les mains. J'attends juste qu'elle le tienne correctement pour enchaîner deux coups dedans, avec les poings serrés. Quitte à l'envoyer par terre à cause de la force de frappe, mais le rembourrage à amorti le plus gros. « N'oublie pas que je fais de la boxe. » Alors, qui gagne entre ceinture verte et boxe ? Je demande à voir.

Elle est très loin l'époque du bac à sable où je me dressais devant les autres balourd pour protéger la petite Aï. Une époque où j'aimais déjà me battre et où la gamine était un prétexte pour utiliser mes poings. Aï était mon excuse bidon pour frapper mes camarades, surtout ceux qui se croyaient les rois de la cour de récré. Puis j'ai changé de camp et je suis devenu aussi stupide que les petits cons sur lesquels j'adorais me défouler. Aujourd'hui, la demoiselle doit se défendre seule contre son ancien cavalier servant, mais une chose est sûre, je ne pourrais pas vraiment la blesser comme je le fais lors d'une baston sans pitié ou d'un hapslap. De toute façon, elle n'est pas censé savoir que je pratique une telle activité, sinon elle aurait officiellement peur d'être une victime ou une cible parfaite. Sauf qu'elle voit très l'envers du décor quand je rentre aux dortoirs avec une odeur désagréable de tabac froid, une haleine alcoolisé ou les pupilles dilatées. Non, je ne suis plus ce petit garçon au poing levé contre l'injustice des pauvres cloches. « Tu sais quoi ? J'en ai rien à foutre non plus. » Rétorquais-je sur le même timbre qu'elle dans une pauvre imitation ratée. Nous sommes deux à en avoir rien à foutre, alors pourquoi elle me fait encore chier ? J'avais réussi à m'endormir comme un bébé, même sous l'effet de la drogue, et voilà qu'elle ramène sa fraise. Franchement, y a des fois où je regrette de ne pas l'avoir poussé dans une rivière profonde avec un boulet à la cheville.

La lumière m'aveugle, c'est surtout que mes yeux souffrent en silence et qu'ils adoraient la pénombre. Aï vient de tout gâcher, bien évidement. Mon niveau de répondant est proche de celui d'une pré-pubère, d'un gosse qui ne connait rien à la vie, mais cela n'étonne sûrement personne. Je raconte de la merde, bien conscient que ça ne fera pas fuir la peste. Elle manque cruellement de charme cette nana, je me demande comment l'autre franklin a pu en tomber amoureux. Je pige pas, l'amour, les sentiments, tout ce bordel sans nom. « Pauvre Amori, il a pas de chance de t'avoir. » Je cherche mes répliques ailleurs, dans la manipulation, même si Aï est plus forte que ça. Je sais très bien qu'elle ne va pas tout mélanger, ni prendre mes paroles bien au sérieux. Au pire, elle sait que j'ai aussi une dent contre son chéri, mais contre qui n'ai-je pas de problème dans ce bahut ? En dehors de ma bande. Je devrais changer la serrure de ma chambre, mieux! Rajouter une dizaine de loquet pour qu'elle ne rentre plus jamais! Je garde l'idée pour plus tard, si jamais je m'en souviens d'ici là.

Quand on me cherche on me trouve. Aï a voulu jouer de ses talents, j'ai donc usé des miens. Le coussin entre ses mains -parce qu'inconsciemment je n'ai pas envie de la blesser- j'enchaîne quelques coups facile pour la faire tomber en arrière, le fessier sur mon matelas. Je pratique depuis des années, j'en connais un rayon en boxe. Je ne suis peut-être pas fort en arts martiaux, je gère au moins ce sport de combat. J'étais fier de mon coup, jusqu'à la voir se relever -je regrette le coussin d'un coup- et me sauter dessus. Pas le temps de réfléchir, ni de réagir, qu'elle m'entraîne avec elle dans sa chute... Si elle tombe en arrière et moi en avant, je vais forcément me retrouver au-dessus... Elle est inconsciente comme gamin ! « C'est toi qui es débile! » Gueulais-je en faisant exprès de peser tout mon poids sur elle. J'en profite pour récupérer le coussin abandonné sur le côté pour lui foutre sur le visage dans une tentative d'étouffement volontaire. « Je ferais passer ça pour un jeu qui a mal tourné. » Des fois, je fais vraiment flipper. Retirant le coussin, je fixe Aï avec les sourcils froncés et là, c'est le drame.... Mon estomac se tord sous l'effet de la grosse dose de bière ingurgité plus tôt, repoussant brusquement ma camarade pour me relever. Je cours aux toilettes ou je m'allonge par terre ? J'hésite, c'est tellement violent les retours à la réalité après un long voyage hors du temps.

Moi ? Débile mental ? Non mais, elle ne s'est pas vu c'est ça ? C'est qui qui agresse les gens à coup de prise de catch quand ils dorment ? Sûrement pas moi ! Alors de nous deux, je pencherais plus pour elle. « Toi-même. » Restons dans la même mentalité, celle d'un gosse de trois ans sans aucune répartie. ça vole bas, mais je crois qu'on est jamais aller bien haut tous les deux. Ce sont les gens autours de nous qui doivent nous prendre pour des débiles mentales, quand l'un provoque et que l'autre répond au quart de tour. C'est triste de finir ainsi, mais les choses ont doucement évolués pour être ce qu'elles sont à présent. Ai et moi, c'est difficile à décrire, difficile à dire. Je la supporte moins bien qu'au primaire mais je n'aime pas qu'un autre la blesse à ma place. C'est complètement stupide, mais je me permet d'avoir le monopole de ses maux, quitte à subir la haine et la colère de son chéri. Si jamais Ai bloque la porte de ma chambre, je n'hésiterai pas une seconde à passer par la fenêtre à renfort de drap ou de vêtement, tel un prisonnier qui cherche à s'échapper. Je n'ai pas encore tenté le coup mais ça doit être un truc marrant à vivre n'empêche. De toute façon, je retournerai toujours sa vengeance sur elle pour avoir la mienne et le cercle continue inlassablement de tourner jusqu'à que l'un quitte la zone de conflit. Entre nous, c'est une combat de sumo à qui parvient à virer l'autre du tatami.

Amori doit en voir de toute les couleurs lui aussi. Quoi que, elle ne doit pas lui sauter dessus de la même manière et je doute fort qu'elle cherche à l'envoyer à l'hôpital après un coup mal placé. Non, ça c'est seulement avec moi. Amori a de la chance d'être aimé par une furie dans son genre, mais je préfère dire l'inverse parce que je ne porte pas le jeune homme dans mon coeur. Je pourrais lui refaire son portrait plutôt, ça le rendrait sûrement plus beau. Bref, j'attaque à son sujet comme si j'étais capable de compatir à son malheur, faut la supporter la folle! Haha, elle veut vraiment parler des gens qui l'aiment ? « J'suis pas sans ami non plus. Je t'emmerde. » Oh, ça ça venait du fond du coeur. Ouais je suis puceau, ouais j'ai jamais trouvé le temps à ça, mais ce n'est pas son problème à miss clocharde! Je me renfrogne aussitôt sur ce sujet, parce que je n'aime pas qu'on me traite de puceau ou que l'on me pointe du doigt comme si j'étais un paria de la société. Désolé, je baise pas la première venue comme si c'était un vide couille. Je n'ai peut-être pas beaucoup de considération pour les filles, mais de là à jouer la carte du connard qui pense avec sa teub, non merci. Avec mon physique, tout le monde doit penser que c'est la meuf qui me roule un patin et non l'inverse... Ouais, ce n'est pas glorieux pour ma pomme mais bon, je le vis bien.

La boxe était censé me canaliser, retenir la haine en moi, au lieu de cela, ça renforce mes coups et me donne une meilleure attaque. Mon père n'a rien compris, il pense encore que je vais suivre son chemin de policier ou de militaire, mais que dalle. Mes deux coups mettent Ai au tapis qui termine propulsé sur mon lit et si j'étais fier l'espace de deux secondes, mon sourire sournois a vite fait de partir en voyage quand elle m'attrape et me tire vers elle. Je me retrouve au dessus, l'air complètement con. Lourd ? à qui la faute ?! « C'est toi! » Elle n'est pas lourde, je veux dire par là que c'est à cause d'elle que je l'écrase... Puis, je fais exprès de peser mon poids sur le siens. ça la calmera un peu à l'avenir, même si j'en doute fortement. Le coup de l'oreiller était très bien pensé mais je ne tiens pas à être accusé de meurtre, alors j'appuie pas fort dessus pour l'entendre me maudire. Qu'elle fasse, ça ne m'inquiète pas trop. Le coussin hors de portée, je la dévisage méchamment avant que le retour à la réalité se fasse brutalement pour mes entrailles. Aie, c'est une torture quand il se compresse partout et sonne l'alerte. Ai capte de suite le problème et me tire vers les toilettes, tête la première dans la cuvette. Non mais c'est moi qui fait ça normalement ! Bon, elle a de la chance que j'ai envie de vomir, parce que sinon je l'aurai noyé. « Ta gueule... » Je marmonne, pas capable de gueuler pour me faire entendre, puis mon estomac remonte dans ma gorge et je crache la tonne de bière que j'ai ingurgité tout à l'heure. Appétissant, dégueulasse même. Je n'ai pas entendu sa dernière phrase à cause du bruit, mais ça doit être un truc merdique encore. En tout cas, je reste la tête dans les chiottes... Heureusement que des femmes de ménage passe par ici tous les jours, sinon j'aurai encore plus envie de gerber. Je me cramponne au toilette, le teint pâle et les cheveux à moitié dans la figure. Bon bah, je sors le drapeau blanc pour cette fois... Mais elle ne perd rien pour attendre!

L'un comme l'autre, on pourrira toujours l'avenir de l'autre. Que ce soit dans cinquante ans ou demain, nous serrons toujours là pour se chercher des noises et répondre par la vengeance. Même si nous sommes adolescents ou proche de l'âge adulte, ça ne change pas qu'à l'intérieur nous ne soyons pas très mûr et responsable. Je ne supporte pas Ai quand elle me tourne autour tel un oiseau de chasse qui cherche le meilleur angle pour attaquer sa proie. Je ne me sens jamais à l'abri quand elle apparaît dans mon champ de vision, et pour cela je deviens trop souvent agressif ou sur mes gardes, comme si je pourrais fuir avant qu'elle ne me choppe. Malheureusement, elle parvient à chaque fois à ses fins et le lapin est capturé, voir mangé. Là encore, elle me casse les pieds, que ce soit en parlant d'elle ou de son chéri que j'apprécie encore moins que sa copine. Quoi que, le level est différent. Je pourrais boire le thé avec Ai, que je ferais manger la tasse à Amori. Je ne sais même plus pourquoi on se chamaille, mais c'est comme ça et je continue dans la lancée jusqu'à ce que l'un abandonne et laisse l'autre tranquille. Puceau. Ai marque un point, je ne me suis jamais intéressé à une fille pour ça. D'accord ça m'est déjà arrivé d'embrasser mais sous le coup de l'alcool ou de la défonce, jamais par moi-même ou intentionnellement. Puis, je ne respecte pas tant les filles quand on sait que j'ai cassé le nez de cette Noriko, au lycée. Non, je ne suis juste pas assez salaud pour forcer une gonzesse à faire ça. Taper oui, violer non. Ai ne devrait pas trop se fier à ma gueule, je ne suis pas si gentil ou angélique. Sale gueule ... Je lui fais un doigt avec une grimace pour seule réponse, très mature.

Les choses s'enchaînent étrangement et quand elle tombe sur mon lit à la renverse, elle m'emporte avec elle et je termine par l'écraser sans m'en rendre compte. C'est gênant, mais je ne prend pas part à cela bien longtemps avant de faire peser volontairement mon poids sur elle. Sauf qu'elle me repousse et que je recule brusquement, étonné. C'est l'occasion rêvé pour prendre mon oreiller et chercher à l'étouffer en toute discrétion. Je cacherai le corps dans un coin d'herbe de la cour, ni vu ni connu. Blague à part, je m'arrête avant de vraiment l'étouffer, pas trop décidé à la tuer de suite. évidement, faut toujours qu'un truc cloche et mon estomac ne supporte pas d'être secoué ainsi après une soirée de débauche avec les potes. Je me fige aussitôt qu'il se décide à me taper sur le système, passant par toute les couleurs possibles et inimaginables, avant que Ai réagisse à ma place et me tire vers les toilettes. Dans d'autres circonstances, je ne l'aurai jamais laissé faire une telle chose, surtout pas pour me foutre la tête dans la cuvette des chiottes! ça n'arrive pas souvent ce genre de chose, mais faut toujours que ça se passe quand y a une personne qui m'insupporte dans les parages. Je devrais signer une pétition contre ma constitution organique... Même si je sais pas trop si ça se dit, m'en fou. Ce n'est pas ma faute non plus! Comme si je voulais vomir ou être malade. Elle est débile cette nana, franchement!

Je n'ai même pas le temps de me rincer la bouche et de penser à me laver les dents qu'elle me tire à nouveau, vers mon lit où je fini dessus. Bah, je n'ai aucune envie de me battre dans cet état. Elle me menace et je m'allonge sans broncher, juste avec une grimace qui en dit long sur le fond de ma pensée. Fixant le plafond, je la vois revenir dans ma chambre et me donner une bouteille d'eau, fronçant légèrement les sourcils. « J'aurai pu me laver les dents... » Me plaignais-je en boudant, sûrement avec une bouille plus mignonne que je ne le voudrais en réalité. Ma gorge va plutôt bien, merci. Elle chauffe à peine, mais c'est aussi l'effet de l'alcool à haute dose, j'ai l'habitude de mes conneries. Je me redresse pour m'asseoir et ouvre la bouteille, buvant une gorgée. Beurk... Je manque de m'étouffer avec une gorgée de trop, l'eau coulant d'entre mes lèvres. Elle est sérieuse ? Je la fusille de mon regard noir et souffle. « De toute façon, tu n'écouteras rien. Tu serais même capable de m'assommer pour rester. » Je ne dis pas non, mais je n'ai pas envie de dire oui non plus. « Genre, ça t'inquiète maintenant ? Ce n'est pas la première fois que je fais ça et sûrement pas la dernière. » Je bois encore une dernière fois et dépose la bouteille sur ma table de chevet, puis je me recouche. Quoi que je dise, Ai n'en fera qu'à sa tête. Je la connais suffisamment pour affirmer une telle chose à son sujet. Que je l'insulte ou non, que je la vire ou pas, elle insistera et restera. Autant ne rien dire, ça revient à la même chose.

C'est toujours comme ça, faut qu'il y ait une couille quelque part pour que la situation dégénère et change de cap. La minute d'avant je voulais l'étouffer avec mon oreiller, et celle d'après je me retrouve la tête dans la cuvette à rendre les litres de bière que j'ai sifflé plus tôt dans la soirée. J'ai l'air misérable mais ce n'est pas pour autant que je vais me sentir pitoyable ou me confondre en excuse, loin de là.Je trouve encore le moyen et la force de râle, jurant contre la demoiselle qui m'aide un tout petit peu sans que je sache réellement pourtant. à mon avis, elle s'ennuierait si je venais à rendre l'âme, autant me garder le plus longtemps en vie. ça n'empêche que vomir est affreux et qu'intérieurement, je remercie la bouteille d'eau, grippée ou pas. Au pire, j'irai tout refiler aux autres, à charge de revanche. Je dois avoir le cerveau embrumé ou alors en veille, mais je ne pige pas tout. Elle me parle de plastique fondu, de brosse à dents pourrie et de poubelle, mais franchement je suis à dix milles lieux de réfléchir correctement. « Putain ... Tu me redonnes envie d'vomir. » Rien qu'au son de sa voix, c'est magique. Non, je ne la mettrais pas à la poubelle pour son plaisir, je l’enverrais plutôt à son copain avec un petit mot d'amour de sa part dans l'espoir qu'il conserve l'objet comme un trésor. Au nom de Ai, au nom de l'amour, il ne pourra pas le refuser.

Ma soirée était déjà fichu dès l'instant où elle a franchit le pas de la porte, mais je ne pensais pas qu'elle puisse d'être plus catastrophique au fil des minutes. Sa présence m'irrite sans raison, sa façon de parler me donne des envies de meurtre, sans parler de ses regards. Je suis malade rien qu'en sachant tout cela, cette fille est une sorte de répulsif. Franchement, je m'en fiche de son couple ou d'Amori, et cela m'emmerde royalement qu'elle squatte ma chambre et mon lit, mais Ai est pire qu'une sangsue. J'ai beau la virer, elle revient à la charge encore plus forte et imposante qu'auparavant. Ce n'est pas une sangsue, mais une hydre. Coupe une tête et deux repoussent, bah c'est la même chose avec sa persévérance à me faire chier. Allongé sur mon lit, je rêve de l'ignorer et de retourner à mon sommeil loupé, mais c'est sans compter sur sa présence qui me dérange à nouveau. Il est où le bouton stop chez cette guenon ? « Oh fermes-là! Tu me files la migraine! » Non sérieux, j'ai mal au crâne quand elle ouvre sa bouche et m'assomme de parole inutile. Puis si je suis une bête, alors je serais un bel étalon. Le flash de son appareil me fit grimacer mais je ne trouve pas la force de me relever pour la tuer. « Tu n'as pas inté- » Commençais-je à dire en me redressant difficilement, avant d'être poussé par terre et d'embrasser le sol. Putain. Sale garce. Elle prend toute la place sur mon lit... Faut vraiment qu'elle prenne une douche pour comprendre qu'elle me saoule. D'ailleurs, je récupère la bouteille d'eau, l'ouvre et lui vide sur la tête. « Bonne nuit. » Souriais-je dans la pénombre, choppant mon portable en vitesse pour prendre une photo à mon tour, riant de malice. Même dans un piteux état, je trouve la force d'être mesquin et moqueur. Si elle met la sienne sur le net, je ferais de même.

Même ceux qui ne m'ont jamais connu auparavant se demandent pourquoi je suis ainsi, aussi con et turbulent. Moi-même je l'ignore, le changement s'est fait à une vitesse hallucinante sans que je ne cherche à comprendre le pourquoi du comment je me retrouvais à brutaliser les autres plutôt que les aider. J'ai filer du mauvais côté, attiré par les mauvaises personnes et je me suis plu dans cette noirceur, dans ce côté obscur qui a doucement révélé cette identité malsaine et méchante. J'ai oublié qui était mes amis, qui était les gens que je défendais encore en étant enfant, j'ai oublié qui j'étais auparavant ou tout simplement ce que je voulais être plus tard. Mais cela, je n'en avais aucune idée et la question ne se posait pas à certains âge. Trop jeune pour réfléchir, trop jeune pour se dire à quel point tout était mauvais et déloyal. Ceux qui m'entouraient à ce moment-là, ceux qui me dictait la mauvaise route à suivre, ceux qui m'ont chuchotés tant de malfaisance et de nuisance, ceux-là même qui ont crée ce que je suis à présent. Un petit con, un enfoiré, un gros lourd qui ne sait même pas parlé aux filles autrement qu'à travers la violence. Ai l'a vu évoluer ce merdeux, elle a connu l'enfant intenable mais qui possédait encore une once d'humanité et de savoir vivre, avant de plonger entièrement dans un univers diabolique et être lui-même un démon. Je ne pleures pas sur le passé, je ne pleures pas sur ces gens que j'ai perdu en étant réglo, je ne pleures pas non plus sur cette identité fragmenté que j'ai abandonné aux années écoulées. Je suis ce que je suis, en bien ou en mal. évident, ça ne plait pas à tout le monde et Ai doit être de ces personnes qui détestent ceux de mon espèce, surtout quand ils étaient normaux à une époque lointaine. ça doit être cette pensée qui la pousse à me rendre la monnaie de ma pièce à chaque nouvelle attaque de ma part, mais c'est aussi celle-ci qui me ramène toujours plus au devant d'une nouvelle offensive. C'est un cercle vicieux, une histoire sans fin.

Dans le fond, je remercie ma naïveté de me faire vivre et de m'empêcher de faire un meurtre sur cette pauvre fille aux idées tordues. Puis, je n'aurais jamais voulu dormir avec elle dans le même lit, surtout pas en sachant que je ne peux pas la piffer, mais j'ai eu espoir qu'elle se décourage et se barre très loin de ma chambre et de mon lit, or elle est plus folle dingue que je ne le pensais. Ai n'a pas hésité à me repousser de mon lit, quitte à me jeter par terre et me photographier sans gêne à travers quelques menaces de publication sur le net. Très bien, elle déclare une nouvelle bataille comme ça, alors que je m'étais préalablement calmé. C'est mal me connaître si elle croit que je vais rester les bras croisés à ruminer sur le plancher pendant qu'elle squatte mon matelas, mes draps et mes coussins. Je penserais à brûler tout ça plus tard, en un rituel vaudou pour la maudire elle et les générations à venir, puis son copain avec. Elle a osé mettre ma tronche ivre sur le net, sans remord. Ce n'est pas comme si je pouvais pleurer sur mon sort en jurant contre sa cruauté, pas quand il me reste encore quelques cartes en main. Ai peut dire qu'elle n'a rien fait, j'en ferais de même quand ma vengeance sera exécuté. Allongée dans mon lit, l'air innocenté, j'attrape sa bouteille d'eau et lui verse aussitôt sur la tête avec un ricanement sadique. Qui sème le vent récolte la tempête, comme dirait mon vieux. La demoiselle s’esclaffe, jure et moi je ris davantage en sortant mon portable pour la prendre en photo dans un flash très peu discret. à charge de revanche, je la mettrais sur les réseaux sociaux plus tard, au calme. Par instant de protection, je lève mon bras pour éviter de recevoir de l'eau dans la figure et continue de rire, lâchant une remarque bien lourde et bien placée. « Tu peux même pisser dedans, je changerais de lit plus tard. » C'est ça être riche, il n'y a plus aucune limite à la folie et à la jeunesse. Ai peut faire ce qu'elle veut dans cette pièce, je pourrais tout changer en un claquement de doigt. Je n'aurai qu'à demander à un pauvre idiot de refaire mon lit, parce que je ne me casserais pas le dos à faire cela. Bref, un dernier sourire et je rétorque un petit mot doux avant de quitter la pièce. « Ouais, moi aussi je t'aime Ai. » Et je m'enfuis chez Tora, la porte à côté. Je vais lui piquer sa brosse à dent, s'il ne voit aucun inconvénient. De toute façon, soit il dort, soit il n'est pas dans sa chambre, mais dans les deux cas, il n'en saura jamais rien.