tenue • Amori l'attendait au tournant. Il avait patienté depuis beaucoup trop longtemps, par amour pour Ai, par respect également, parce qu'elle était bien malheureusement amie avec la pire des garces qu'il était donné sur terre... Du moins, l'une des pires. C'était un fait. Et le nippon ne dormait plus sur ses deux oreilles depuis suffisamment longtemps. Il fallait que tout cela cesse un jour avant qu'il ne soit trop tard. Noriko était une bombe à retardement... autant la désamorcer lorsqu'il en était encore possible. Du moins, Amori était persuadé depuis le tout premier jour qu'elle planifiait un sale coup. Il ne pouvait pas en être autrement. Pas avec ce petit air qu'elle se donnait... Pour quelle autre raison s'était-elle rapprochée de sa copine, si ce n'était pour le nuire, lui faire du mal ? Tout ce cirque avait assez duré. S'il était resté en retrait pendant tout ce temps, c'était certes par crainte et par peur qu'elle ne dévoile la vérité à Ai. Mais elle le saurait tôt ou tard... alors au point où il en était, autant entretenir une petite conversation avec la démone en personne ! Il ne risquait très certainement pas de la faire changer d'avis, mais au moins il essaierait. Il était encore assez bête ou naïf pour lui laisser une dernière chance de s'expliquer. Ce n'était pas dit qu'il lui pardonnerait pour ses agissement, tout comme il était persuadé qu'elle ne lui pardonnerait pas non plus... Mais il devait faire quelque chose. Il le devait.

C'est alors qu'il l'attendit, planqué dans un angle du couloir, qu'elle sorte de son cours. Il s'était fait discret plus que jamais, saisissant l'opportunité pour l'attraper de force et la conduire dans un lieu à l'abri des regards indiscrets... Malheureusement pour lui, elle ne ressortit pas seule de la salle d'étude, entourée d'un groupe d'amis qui devaient probablement lui servir d'un intérêt quelconque. Quoiqu'il en soit il fut incapable d'intervenir, un râle exaspéré s'échappant d'entre ses lèvres. Le nippon ne s'estima pas vaincu pour autant, ce pourquoi il s'obstina à la suivre malgré-tout. Cette dernière se dirigeant avec sa petite bande jusqu'à l'extérieur de l'université, puis finalement, jusqu'aux transports en commun ! C'était la première fois qu'il stalkait quelqu'un. Le chanteur avait même du mal à le croire et pourtant il poursuivit la joyeuse troupe qui s'était manifestement décidée à finir cette journée par une séance shopping. Rien de plus légitime lorsque l'on faisait parti de la section mode... Tout cela l'amenant jusqu'au très fréquenté centre commercial 109. De quoi lui étirer une mimique disgracieuse des lèvres... Bon, l'avantage de cet endroit était qu'il était toujours blindé de monde. Cela serait un jeu d'enfant pour passer inaperçu sans se faire repérer. Qui plus est, Noriko n'était pas toujours collée aux basques de ces derniers. Une chance pour lui.

Amori attendit tout simplement le moment idéal pour se rapprocher de manière fatidique de la jeune femme. Elle regretterait sans doute de s'être éclipsée trop longtemps de la bande pour observer les différents étals de vêtements qui s'offrait à elle... Mais plus rapide que tout le reste, le japonais attrapa le poignet de cette dernière avec fermeté, notamment lorsqu'il l'attira contre lui. Son regard se fit noir, presque méprisable. Il ne se fit pas prier pour la traîner jusqu'à l'entrée du magasin, aussi rapidement que possible pour ne pas rameuter la meute. « Toi, tu viens avec moi. Tout de suite. » Il ne lui laissait guère le choix, la traînant encore et toujours au milieu de cette foule bigarrée comme on traînait un vulgaire animal en laisse. Amori priait intérieurement pour qu'elle n'en fasse pas non plus des tonnes, car dans ce cas précis c'était elle seule qui se donnerait en spectacle. De toute manière, il n'en avait rien à faire de ce qu'elle ressentait. Qu'avait-elle a faire des sentiments au juste ? Puis au bout du compte, il la repoussa à l'intérieur d'un ascenseur ; là où elle ne pourrait plus lui échapper. En tout cas, le temps de leur petite discussion. C'était l'occasion idéale puisqu'ils n'étaient plus que tous les deux. Et Amori se fichait d'avoir à bloquer l'accès aux autres riverains. Cela prendrait le temps qu'il fallait ! « Bon, tu m'excuseras si je t'ai fais mal. Je vais aller droit au but. Qu'est-ce que tu manigances de faire à Ai ? » Autant entrer dans le vif du sujet. Il savait qu'elle n'avouerait jamais rien aussi facilement, mais au moins elle était fixée.

Prochain round, bientôt.