TENUE ➤ La campagne a été un grand coup, je devrais décerner une médaille à mon père pour la pire idée du siècle. J'ai passé des jours pourris à méditer sur la couleur de l'herbe ou la taille du cerveau de ce mec. Quoi que, nous nous sommes encore quitté en mauvais terme, mais ce n'est pas comme si je voulais qu'il soit bon. Il m'énerve. Plus je le vois agir au quotidien, plus j'ai envie de le frapper sans raison. En rentrant après ces quelques journées à l'air libre loin de la ville, mon vieux n'a rien trouvé de mieux que m'interroger sur mon séjour, comme si nous pouvions avoir une discussion sérieuse ou amusante là-dessus. Non, bien sûr que non. J'étais beaucoup trop en colère contre lui pour lui répondre, je l'ai simplement ignoré en partant m'enfermer dans ma chambre. Peut-être que ce n'était pas la meilleure solution, peut-être que j'aurai seulement dû dire que c'était bien pour une sortie à la cambrousse, mais la positivité n'a jamais été une qualité chez moi. Mon père n'a rien dit, rien fait mais j'aurai dû me douter qu'il manigançait encore quelque chose dans mon dos et cela avec l'aide de ma mère. Pour une fois qu'ils sont tous les deux à la maison, faut qu'ils foutent la merde à monter des plans sur la comète. Bon, je n'ai rien su jusqu'à croiser ma mère dans la cuisine. Chose étonnante en sachant qu'elle ne sait pas cuisiner, ni même se servir du micro-onde. Apparemment, c'est le « bon endroit pour discuter ». Mon cul. « Fils, ton père et moi t'avons trouvés une charmante demoiselle. » Pause. Pardon ? Je la regarde avec des yeux ronds, presque comme s'ils allaient sortir de mes orbites. Elle est sérieuse, ils ont réellement contactés une fille pour moi mais... Même Tora sait que je ne suis pas attiré par ça! Ma mère est nulle, mon père est à chier, le monde m'emmerde!

J'ignore même pourquoi je suis venu jusque là, vêtu sobrement comme si cela allait plaire à la jeune fille en question. Je ne sais même pas à quoi elle ressemble. Ma mère m'a simplement dit un détail de sa tenue pour la repérer, ainsi que le lieu du rendez-vous, mais franchement je ne sais pas trop ce que je fous-là. Les gens ne font pas attention à moi, je dois paraître tellement normal sans casquette, sans vêtement provoquant ou extravaguant et surtout... Sans mes cheveux blonds. J'ai l'air d'une banalité banale, c'est blasant. Un coup d'oeil à l'intérieur du café et je repère le fameux signe sur une demoiselle, attablée seule à une table. Un ruban rouge dans ses cheveux et des boucles d'oreilles en forme de coeur. C'est bien elle. Le stresse monte d'un cran et je me fige au milieu de la pièce, jusqu'à voir ses yeux se porter sur moi. « Momiji-kun! » Non. Je ne veux pas m'approcher d'elle, ni lui parler, ni satisfaire mes parents, mais je la vois déjà se lever de sa chaise pour s'approcher de moi et saisir ma main. Mon coeur s'emballe, j'écarquille les yeux sans la lâcher du regard. Respire momo, tu vas mourir étouffé.

 TENUE ➤ La campagne c’était cool, mais quand je suis revenu j’ai encore une fois dû faire un tour à l’hôpital, la brulure n’était pas grave en soi, j’ai gardé une marque plutôt bien visible, mais la crise que j’ai eue ensuite m’a épuisé et je n’ai pas vraiment profité de mon séjour comme je l’aurais souhaité, avec Momo n’avons plus parlé, il faut dire que je fais des efforts pour le comprendre, mais je n’ai pas beaucoup de temps devant moi, voir que cela ne mène à rien me fait supposé que je devrais arrêter d’insister pour le connaitre, les jours passent et bien que je ne sois pas effrayé par le sable qui s’écoule du sablier il y a encore tellement de choses que j’aimerais faire, je suis positif et extraverti, c’est facile pour moi de respirer la joie de vivre malgré mon état, Momiji est mon opposé, il ne voit que les points négatifs, je ne sais pas réellement comme faire pour qu’il accepte de parler sans se casser parce qu’il est bipolaire à souhait. Après mon examen, on m’a installé un appareil pour mesurer ma fréquence cardiaque au cours de la journée, il est bien entendu cacher sous mes vêtements, mais je dois faire attention, j’avais pour projet de rentrer au dortoir et d’aller voir mon frère ou encore Kaien puis me reposer, mais vu que je me trouvais en ville j’ai décidé de m’arrêter pour m’acheter à boire, j’ai la gorge sèche. Je ne m’attendais pas à tomber sur Momiji, d’ailleurs il a changé de coiffure et sa tenue est différente du caïd auquel j’ai affaire à chacune de nos rencontres...  Je m’apprête à aller vers lui quand je voir une fille le rejoindre, oh. Je comprends mieux, bien que ce genre de sujet me dépasse, je n’ai jamais pu fréquenter qui que ce soit et honnêtement, même si j’en ai déjà rêvé je ne veux pas aimer, je ne veux blesser personne avec ma mort, si c’est pour laisser des larmes après mon passage je préfère être observateur de ce bonheur que les autres peuvent partager plutôt que d’y gouter moi-même. Je souris en détournant le regard, perdu une seconde dans mes pensées, avant de le relever et croiser celui de Momiji, faut croire qu’on est destiné à se croiser dans des endroits improbables...

 TENUE ➤ Les idées de mon père sont souvent nulles et inutiles. Il croit bien agir, mais il ne se rend pas compte ô combien ça m'insupporte et que je déteste quand il interfère dans ma vie. Ma mère s'y met aussi, suivant le même chemin que lui tout en mettant des bâtons dans mes roues. Ils n'aiment pas l'image que je renvois au quotidien et pour cela, ils sont prêt à tout pour que je change. Sauf qu'on ne fait pas d'un âne un cheval de course. Je suis loin d'être un garçon respectable ou respectueux, ce serait plutôt l'inverse. Aujourd'hui, ils m'ont poussés vers une fille mais celle-ci risque de se rendre compte que l'habit ne fait pas le moine et que même si j'ai l'air sympathique, je suis un sale con. Enfin, pour le moment ça me stresse et je ne cache pas que jouer les romantiques avec une inconnue ou une fille en général, ne me plait pas. Celle-ci fait tout pour paraître mignonne et adorable, mais je vois surtout l'ombre qui grandit derrière ce visage éblouissant et cela me fait peur. Peur, oui. Elle me parle, attrape ma main et mon coeur s'affole. Pas parce que c'est une situation digne d'un drama, mais plutôt parce que ça me répugne fortement. Et là, en voulant fuir les yeux de biche de cette fille, je tombe sur ceux d'un garçon familier. Kellian. Il n'est pas très loin de moi, sûrement à deux tables si ce n'est plus ou moins. « Désolé... Mais je n'aime pas les filles. » Lâchais-je subitement en ramenant mon regard vers elle. Je vois de la surprise dans ses iris, puis de l'incompréhension. D'un geste brusque, je récupère ma main et me dirige vers le rose pour attraper son bras et le tirer vers elle. « J'ai déjà quelqu'un. » Son air change et je peux y déceler de la déception, puis du dégoût. Je préfère ça, c'est tellement mieux que son regard mielleux et pétillant à m'en faire vomir de l'intérieur. Je n'ai juste pas calculé le reste du plan, puisque je l'ai inventé à la seconde.

 TENUE ➤ Je n’avais aucune envie de déranger mon ancien « bourreau » alors qu’il semble en si bonne compagnie, je trouve ça mignon pour être honnête, la façon dont la fille le regarde ou même son comportement à lui, je ne connais pas toutes ses choses, je ne m’autorise pas à vivre une telle relation, pas alors que je pourrais m’incruster dans le cœur d’une personne qui devra me voir disparaitre dans quelques mois. Mon cœur n’est pas insensible et je ne suis pas égoïste, je peux vivre des tas d’histoire en observant les autres, je fais marcher mon imagination ou questionne directement les gens sur ce qu’ils ressentent, ce qu’ils vivent, je peux comprendre grâce à des mots, m’en faire une idée lointaine, comme lorsqu’on regarde un film et qu’on s’imagine la suite dans notre tête, pour notre simple plaisir personnel. M’installant à une table je commande un verre, alors que sans m’y attendre Momiji se retrouve face à moi, je le regarde avec un air surpris sans que je ne puisse dire quoi que ce soit il me tire jusqu’à la table où ils étaient installés avec la jeune fille, je n’ai jamais cru qu’il ferait les présentations, j’étais même prêt à me présenter sans souci ne voulant briser quoi que ce soit entre eux, mais mes lèvres s’entrouvrent seulement quand je réalise face au regard de la demoiselle qu’un truc cloche et puis... déjà quelqu’un ? Je regarde Momiji le questionnant du regard, je ne pige rien d’un coup, pour cette fois il m’a carrément largué. « Momo ? »  Murmurais-je pour qu’il m’envoie des signaux, parce que la fille a un regard noir braquer sur nous, passant de moi à lui, de lui à moi avec un froncement de sourcil effrayant...  Faudrait peut-être qu’il m’explique là, je suis censé dire quoi ? J’ai l’impression que je vais me faire frapper à coup de sac bientôt, ce n'est pas rassurant et pourtant intérieurement je trouve cette situation amusante et innovante, c’est cruel. « Ton père est au courant ? » Je suppose que ce n’est pas à moi qu’elle pose la question.

 TENUE ➤ à première vue, j'ai l'air d'un garçon timide qui doit rencontré pour la première fois de sa vie une fille. Un rencart qui l'embarrasse et le rend mignon, mais personne ne peut savoir ce que je pense. Je ne suis pas à l'aise dans ce domaine, encore moins devant une fille. Elles me feraient presque peur... Normalement je les bouscule ou je les tape, parfois que je me moque ou les insulte, rien qui ne soit gentil et romantique. Or là, on me demande d'être clean avec l'une d'entre elles. C'est trop pour moi, je ne pourrais jamais faire l'amoureux transite avec ces trucs-là, c'est bien pour cela que j'ai saisis Kellian pour le ramener vers nous. La fille ne comprends rien, lui non plus. Y a que moi qui planifie tout dans ma tête, en mode crapule. J'avoue clairement être homosexuel, même si je ne me suis jamais questionné là-dessus. L'amour, les sentiments, le sexe, l'attirance physique, tout cela me dépasse. Pourtant, je n'hésite pas à dire une telle bêtise, voyant l'incompréhension chez mon camarade. Il me questionne et je le regarde silencieusement, cherchant quoi dire d'intelligent. Mon père ? Je détourne mes yeux de Kellian pour la scruter elle. « Non, bien sûr que non. » Je m'offusque à moitié, mon père ne doit pas savoir une telle chose! Quoi que, il m'épargnerait bien des soucis... Mais je ne veux pas non plus qu'il me prenne pour un homo, déjà qu'il me voit comme un voyou. Ce que je suis, ne mentons pas. « Tu ne me ferais pas une blague ? » Demandait-elle sans nous lâcher de son regard mauvais et suspicieux. Une blague ... Oui, mais elle ne doit pas savoir. C'est bien pour cela que je me tourne brusquement vers Kellian pour attraper le col de son vêtement et le tirer vers moi, plaquant mes lèvres sur les siennes... Bon dieu, jamais je n'aurai cru faire une telle chose. Tora m'avait fait une leçon sur comment embrasser, je ne pensais pas m'en servir sur lui. Pourtant c'est bien ce que je fais, je n'hésite pas une seconde à utiliser les méthodes de mon meilleur ami pour dissiper les doutes de mon rencart. à peine je recule de mon prétendu « copain » qu'on me jette un liquide bouillant dessus et je me doute déjà que c'est elle. « Tu me dégoûtes, Usagi-kun. » Bah, tant mieux.

 TENUE ➤ Je l’avoue je suis complètement perdu pour le coup, en fait ça ne me dérange pas en soi, mais me retrouvé devant cette fille qui me juge du regard sans que je n’en comprenne la raison, il semblerait qu’un énorme quiproquo se forme... Ou plutôt que Momiji est en train de le créer en me faisant passer pour ce que je ne suis pas, s'il fait ça il doit avoir de bonnes raisons et je ne suis pas du genre à m’énerve, m’offusquer ou aller à contresens, juste que je voudrais comprendre. Son père ? Au courant de quoi ? J’observe, j’écoute, je passe de l’un à l’autre, je pensais que c’était sa petite copine, mais je me suis trompé apparemment. Je souris quand elle se montre sceptique devant cette situation, en même temps moi-même je ne suis pas vraiment dans le rôle que Momo tente de me donner, je n’ai jamais été en couple, je ne sais pas réellement comment me comporter, tout ce que je sais faire c’est ce que j’ai pu voir en regardant les autres ou en lisant des livres, regardant des films, je n’ai pas d’expérience, je ne peux donc pas l’aider dans ses projets, jusqu’à ce que je me sente tiré vers lui, mes lèvres contre les siennes, j’écarquille les yeux, surpris... Ça je ne l’avais pas vu venir non plus. Je ne réagis pas, me laissant seulement faire, je n’ai jamais embrassé personne donc forcément que ça me semble étrange, mais je ne suis pas fermé d’esprit, ce n'est pas la fin du monde. À peine séparée que je vois Momo se prendre du liquide dessus, la fille semble le croire maintenant en l’insultant... « En quoi est-ce un crime d’être gay ? » Je demande ça tellement naturellement qu’elle me fixe un moment me jugeant surement.  Je n’ai jamais compris les préjugés quant au sex et l’amour, je ne connais ni l’un ni l’autre, mais je sais que je ne suis pas du genre à croire qu’on ne peux aimer qu’une personne du sexe opposé, simplement parce que je peux voir autour de moi, les gens sont plus ouvert, il y a toujours énormément d’interdiction, mais ils assument ce qu’ils sont, parce que ça n’a rien de honteux, c’est mon point de vue en tout cas, mais je suis un gars compréhensif aussi. La fille grogne, me jetant son regard noir, puis à Momo, s’en allant comme une furie en râlant après les homos surement. Je soupire en relâchant mes épaules, avant d’attraper un papier sur la table et de le tendre à mon prétendu « copain » un sourire aux lèvres. « Tu m’en dois une pour ça tu n'as pas intérêt à t’en aller. » Moi aussi je peux têtu puis aux yeux de tous autour de nous on est amant, alors autant jouer le jeu et rompre une fois sorti d’ici haha. La comédie n'y a rien de mieux pour me faire tester des trucs sans être sérieux et donc sans conséquence.

 TENUE ➤ Je ne comprends rien à l'amour, aux sentiments ou aux relations. Je ne suis jamais sortie avec qui que ce soit, je n'ai jamais embrassé personne et je ne considère pas non plus les filles comme étant des princesses à respecter. Malheureusement, je ne peux pas taper sur tout le monde qu'importe le prétexte. Cette fille échappe à ma colère, à la place je me sers de Kellian pour lui échapper, racontant le pire bobard au monde. Je ne demande pas son avis, je m'en fiche de ce qu'il peut bien penser pour le coup, je veux juste être tranquille et me débarrasser de cette nana encombrante. Mon père me connait mieux que quiconque, il devrait savoir que rien ne se passerait comme il l'avait prévu. Je ne serais ni fiancé, ni marié, encore moins par obligation ou de force. Elle ne semble pas me croire, je suis sûr que Kellian lui-même ne me croit pas et qu'ils doutent de moi et de ma santé mentale. Je vais très bien, dieu merci je suis assez normal pour vouloir échapper à cette situation qui me dépasse. Pour disperser les doutes, je n'hésite pas à chopper le rose et l'embrasser soudainement, sans trop savoir si cela est bien ou pas. Je suis juste les explications de mon meilleur ami, bien que ses lèvres ne soient sûrement pas les mêmes que sa poupée gonflable. Finalement je dois être fou pour agir de la sorte, mais pas le temps de regretter mon geste que je me reçois la boisson de mon rencard dessus. C'est chaud, mais je ne fais pas attention à ce détail, serrant doucement les poings. Kellian prend ma défense, du moins je crois ? Je ne sais plus quoi penser, détournant le regard en réfléchissant. La pauvre a vite fait de partir en jurant contre nous, abandonnant le navire avant qu'il ne coule. J'ai l'impression de tanguer, fermant les yeux pour passer ma main sur mon visage mais je me rends compte qu'il est humide. Rouvrant les paupières, je vois Kellian me tendre un papier. Je le saisis et m'essuie le visage, les sourcils toujours froncés sous la contrariété. Qu'est-ce que je suis con, franchement. « Oublie ce que j'ai fais. » Dis-je simplement. Je veux juste qu'il oublie ce baiser, ça n'a aucun sens. « Je suis bien obligé. » Je cède, de toute façon je ne peux rien faire de plus. Je l'ai utilisé pour me débarrasser d'elle, je lui en dois une. Maintenant j'ignore ce qu'il attends de moi, je ne tiens pas réellement à le savoir non plus, mais je ne peux pas fuir pour autant. « Pourquoi veux-tu que je reste ? » Il est étrange. Je le malmène depuis le début et il veut que je reste avec lui, que je ne m'enfuis pas à nouveau ? Je ne le comprends pas. Je ne le comprendrais jamais.

 TENUE ➤ Je ne m’attendais pas à être emporté dans quelque chose comme ça en venant ici pour simplement boire une boisson, je m’arrête parfois dans de petites café pour gouter leurs spécialités, les jours passent et il y a encore des tas de trucs que je ne connais pas, j’étais encore entrain de réfléchir à ma commande quand Momiji m’a impliqué dans son histoire. Au début je ne pige rien à ce qu’il attend de moi, je suis ouvert à tout, mais pour le coup je me suis juste retrouvé devant une paire d’yeux me jugeant et me maudissant sans en comprendre la raison, puis ça s’éclaircit et ses lèvres posées sur les miennes en sont la concrétisation, je dois jouer son petit ami, je suis nul à ce jeu, je n’ai pas d’expérience donc je le laisse juste faire, essayant d’être un peu convaincant dans mon rôle, même si je ne sais pas pourquoi il veut lui faire un coup pareil je suppose qu’il a ses raisons et après s’être pris une boisson chaude dessus la jeune fille s’en va, déçu et énervé de ce à quoi elle vient d’assisté. Je tends un papier à Momo pour qu’il s’essuie, il devrait se rincer aussi et mettre de l’eau, mais bon. « Qu’est-ce que tu as faits ? » Je souris en prenant place à la table, lui disant de rester, il m’en doit une après ça. « Si j’étais une meuf je te demanderais de prendre tes responsabilités, tu as de la chance~ » Je ris, le narguant simplement ! Mais il m’a quand même pris mon premier baiser, je continue de rire à cette pensée idiote, je m’éclate avec rien, mais c’est ça quand on vit comme je vis, en voyant seulement les bonnes choses. « Pour me tenir compagnie ? Je compte gouter tous leurs gâteaux et toutes leurs boissons, aide- moi. » Je le fixe, l’air déterminé malgré mon expression amusée, à deux c’est plus amusant non ?

 TENUE ➤ Dans quoi est-ce que je l'ai embarqué ? Pas que cela m'inquiète, pour le moment je ne pense qu'à moi et à ma petite personne. Tant que je parviens à me débarrasser de cette fille, tout va bien. Après j'aviserai pour Kellian et sa trop grande curiosité. Je n'ai pas envie de le supporter toute la fin de journée, même si c'est de ma faute. Je l'ai tiré vers nous, puis embrassé et cela sous les yeux des clients et des employés de ce café. De quoi ai-je l'air, hein ? On dirait un animal de foire, quelle stupidité. Bon, au moins j'ai réussi à faire fuir ma prétendu futur fiancée qui n'aura de cesse de me maudire, moi et Kellian avec. Je m'en fiche de la brûlure, je retire simplement le liquide en jurant mentalement contre l'autre peste. Qu'est-ce que j'ai fait ? Ahah, bien joué. « Je n'ai tué personne aujourd'hui, pourtant. » Ironisais-je en terminant de passer le papier contre ma tempe, comme si rien n'était arrivé. Je m'assois face à lui, prenant ainsi place à la table, contre mon grès. Il plaisante, j'espère ? Je lui lance un regard mauvais et réplique. « Tu n'es pas une meuf et je t'ai pas fait un gosse non plus pour devoir prendre une quelconque responsabilité. » y a que dans ces moments-là où l'homme doit faire quelque chose, à mes yeux. Je ne me doute pas pour son premier baiser ou pour le miens non plus. Je n'ai jamais été attiré par ça et je pense ne pas l'être à l'avenir. J'en sais rien, je n'y pense pas trop. Comme si je n'avais que ça à faire, franchement. Je roule des yeux, agacé puis soupire. « D'accord, je te tiens compagnie mais c'est toi qui goûte. Je n'ai pas très faim... » Mon estomac est complètement noué. Après ce qu'il vient de se passer, ce n'est pas étonnant. J'ai encore la sensation de ses lèvres sur les miennes, c'est désagréable... Je crois que je vais vomir.

 TENUE ➤ En effet dans quoi il m’a embarqué, mais par chance je ne suis pas une personne fermée, en fait je vais mourir donc il m’a permis de « gouter » à quelque chose dont j’ignorais tout jusque-là, même si je n’ai jamais pensé qu’il irait jusqu’à agir ainsi avec moi, mais si j’ai pu l’aider je suis content et loin d’avoir ce sentiment de dégout ou quelque chose dans le genre, ce n’est pas mon style de toute façon, je suis beaucoup trop cool pour ça. Je peux même jouer sur les mots et montrer que je ne tiens aucune rancœur devant son geste soudain et déplacé, même s’il s’en fiche surement, mais les faits sont là malgré tout, en souriant je lui fais un topo si j’avais été une meuf, les responsabilités tout ça... « heureusement. » Puis ce n’est pas comme si je pouvais avoir des gosses, je me suis résigné à une quelconque vie de famille depuis bien longtemps maintenant. Je lui dis de rester et de m’aider à manger et boire tout ce que ce café peut servir, c’est sa punition en quelque sorte haha, puis j’ai besoin de compagnie un peu, donc il tombe bien. Le problème c’est qu’il y a des ingrédients que je ne peux manger sans risque, j’ai aussi un apport liquide limité, mais je ne peux pas lui dire. « Je ne peux pas tout déguster en solo, fais-toi exploser le ventre, tu ne vis qu'une fois et on dirait que t’es toujours constipé avec tes ... » Je ramène mes index sur mes sourcils pour appuyer dessus. Riant simplement en me moquant un peu de lui appelant la serveuse qui nous prends surement elle aussi pour un couple après ce qui s’est passé, mais de mon côté c’est loin de me déranger, je n’y fais même pas attention, commandant une part de chaque gâteaux, du moins une dizaine, je verrais pour le reste après.

 TENUE ➤ Cette situation tourne au dérisoire, ça n'a ni queue, ni tête. Kellian m'a servi d'excuse pour faire fuir l'autre fille, mais maintenant je me coltine le rose et sa joie de vivre qui me donne moi-même l'envie de partir en courant. Quelle ironie quand je parle de joie de vivre, sans savoir qu'il est condamné à mourir. Comment pourrais-je penser autrement en étant dans l'ignorance ? à mes yeux, personne autour de moi n'est prêt à mourir. Personne n'est malade ou malchanceux. C'est égoïste, à croire que je ne vois pas au-delà que le bout de mon nez. Kellin en fait trop avec ses responsabilités, mais je l'arrête de suite. Je ne compte rien faire en échange de son aide, forcé ou pas. Si j'accepte de rester avec lui, c'est juste comme ça. Rien ne m'oblige non plus, je pourrais mettre les voiles sans rien rendre en retour. Or, je me pose avec lui à la table. Monsieur veut goûter la carte entière que propose ce café mais je ne suis pas sûr de pouvoir engloutir autant de nourriture ou de boisson. Il est complètement barge, ma parole. Constipé ? Je vais lui en mettre une s'il continue à raconter de la merde. C'est vrai que j'ai souvent les sourcils froncés, d'ailleurs c'est maintenant le cas. Kellian interpelle une serveuse et commande un peu de tout, m'arrachant un soupir las. « Qu'est-ce qui te pousse à vouloir autant bouffer ? Tu peux revenir ici quand tu veux, ce n'est pas comme si tu allais crever demain. » Râlais-je, encore une fois sans savoir que je tape dans le mille. Enfin, sans savoir qu'il pourrait mourir demain. J'en profite pour commander un lait à la banane avant qu'elle ne s'en aille. Deux minutes après et mon portable se met à sonner, affichant un appel de mon père. Je n'ai aucune envie de discuter avec lui, ni de l'entendre me hurler dessus pour mon incompétence. Je rejette l'appel en tirant la tronche, éteignant finalement mon portable pour le laisser dans un coin de la table. Je verrais ça plus tard en rentrant, si je rentre après évidement. J'hésite à squatter chez un pote pour la nuit, la semaine ou même pour la vie.

 TENUE ➤ Peut-être que j’étais au bon endroit au bon moment pour que ma relation avec Momiji prenne une autre tournure. Honnêtement en revenant de la campagne j’allais surement abandonner l’idée de le comprendre, de m’en approcher parce que je n’ai pas beaucoup de temps et qu’il faut du temps pour que ce gars arrête d’être idiot, mais en l’aidant à faire fuir cette fille, en lui servant de faux petit ami j’ai l’opportunité de le garder à mes côtés, il pourrait fuir, mais il m’en doit une pour ce qu’il a fait et mangé avec moi dans un café ce n’est pas si terrible pas vrai ? Je sais que malgré tout ce que je commande je ne pourrais pas manger la moitié, mais j’ai de l’argent et je veux profiter, ça me laisse du temps... S’il reste le temps que je mange, bois, me tenant compagnie jusqu’à la fin j’arriverai peut-être à avoir une conversation normale avec cet abruti égoïste et ronchon, toujours avec ses sourcils froncés a tiré une tronche... il est jeune, beau, pourquoi faut-il qu’il soit toujours comme ça. « Qui sait~ » Je souris face à ses paroles, je pourrais mourir ce soir, demain, la semaine prochaine ou dans cinq mois, une seule crise peut m’être fatale, j’arrive dans la dernière ligne droite, mon cœur est déjà à sa limite, c’est comme si j’avais débuté un marathon et que chaque pas me mené au bout du voyage... J’ignore simplement combien de temps ça va mettre pour que j’y arrive. « Si tu me vois plus trainer autour de toi c’est que je suis mort~ » Je souris, mais je n’ai pas peur de parler ainsi, certain craindrais surement ce genre de mot, des phrases quand leurs jours sont comptés, mais je suis beaucoup optimiste pour m’arrêter à des détails. La vendeuse ramène ma commande et celle de Momiji, j’attrape un gâteau entre les mains, j’ai oublié de demandé si y avait du sel dans certain... mais normalement tous les gâteaux son sucré non ? Je croque dedans, tant pis au pire, il y a du chocolat sur celui-ci ça devrait aller ! « T’aime les bananes ? » Non ce n’est pas une question bizarre ! Je n'ai pas l’esprit assez développé dans ce sens pour ça, mais c’est en regardant sa boisson que j’ai eu envie de le questionner simplement, malgré l’évidence. « Je t’aurais plus vu avec un jus de carotte~ »

 TENUE ➤ Kellian m'a sauvé la mise, je ne peux donc fuir. Il me retient contre ma volonté mais en même temps, je ne peux pas juste faire l'aveugle et partir quand il m'a sortit d'une mauvaise passe. Du coup je prends sur moi et reste à ma place, m'installant à la table où j'étais avec l'autre fille quelques minutes plus tôt, avant le drame. Pourquoi faut-il que les choses changent à ce point et qu'elles me contrarient ? Ce n'est pas de gaieté de coeur que je reste avec lui. En fait, je ne sais même pas pourquoi il m'agace autant. Depuis qu'il subit sans broncher et avec le sourire, ce gars me donne davantage envie de le blesser pour tester ses limites, voir jusqu'à où il encaisse sans perdre sa joie de vivre. Je le déteste, juste pour ça. Kellian a en tête de commander tout les plats sur la carte pour les manger un à un avec mon aide. Je ne suis pas partant pour faire le gourmet de service, mais que puis-je dire de plus ? Il a toute la vie pour bouffer, pourquoi tout d'un coup ? Je ne cherche pas trop à savoir, haussant les épaules d'un air indifférent. « Enfin une bonne nouvelle. » C'est blessant mais qu'est-ce que je m'en fiche. Je pourrais presque me réjouir de ne plus le voir dans mes pattes le lendemain ou le jour d'après, ni plus jamais. Calme ta colère, Momiji. La mort n'est qu'un passage obligatoire, seul la durée n'est pas bien estimé. ça peut être durant notre jeunesse ou une fois qu'on est vieux. Ce n'est pas comme si je m'en inquiétais, vu ma façon de vivre. La serveuse nous ramène la commande et je regarde Kellian prendre un gâteau pour mordre dedans. De mon côté, je me contente d'attraper une cuillère pour piquer dans la pointe d'une tarte aux fraises avec chantilly. Bonjour les calories. « Quoi ? » Je ne saisis pas de suite là où il veut en venir. « Ce n'est pas parce que je t'ai embrassé tout à l'heure que tu dois penser à ça. » M'emportais-je brusquement, les sourcils de nouveau froncés. Puis je prends ma boisson en main pour boire et capte sa question... Bon bah, merde. « J'te jure que j'vais te le faire manger. » Je le menace, la paille entre mes lèvres. Je choppe une fraise entre mes doigts et lui balance dessus, tâchant son pull blanc. Fallait pas me chercher, je l'avais prévenu pour les lapins, carotte et compagnie.

 TENUE ➤ Je ne suis pas une personne sensible, du moins on ne me blesse pas facilement, j’ai tendance à rester positif et Momiji a déjà pu en faire les frais lors de notre première rencontre, si prendre des coups ne me fait pas courber l’échine, pleurer ou fuir, des mots à côtés me feront sourire aussi dur soient-ils. Mourir ce n’est pas grave, bien sûr que ça fait peur pour la majorité des gens, surtout quand on sait que l’heure approche, mais de mon côté on ne m’a pas laissé le choix. Je suis né avec ce destin, je me suis préparé depuis des années et les jours me seront toujours comptés, chacun d’eux peut-être le dernier, je n’ai pas peur... Peut-être que sur le moment ce sera différent, mais si je commence à appréhender mes crises ou ma dernière heure je vais ralentir et oublier de vivre alors qu’il y a tant à faire, tellement à voir et je n’ai même pas fait le tour encore de ce que j’ai pu écrire sur ma liste des souhaits... Manger de bonnes choses, gouter a tous ses gâteaux qui donnent envie en fait partie, je sais que je ne devrais pas, mais c’est plus fort que moi si je ne prends aucun risque je ne sentirais aucune excitation, je veux juste vivre. Je souris à ses paroles car je connais le gars maintenant, je sais que me voir le dérange, c’est pourquoi je comptais arrêter de lui tourner autour car j’y voyais du temps perdu, il n’est pas enclin à changer et finalement cette situation est arrivée, peut-être que c’est un signe pour que je tente ma chance, que je lui fasse prendre conscience qu’il gaspille son temps avec ses bêtises. Je parle de banane, mais seulement pour la boisson, je n’ai aucun esprit mal placé. « Je vois pas le rapport ? » Je souris, comprenant où il veut en venir, mais je lui fais comprendre par ma réponse que ce n’est pas du tout ce que je voulais dire, de toute façon qu’il soit hétéro, bi ou homosexuel ça ne me regarde pas, moi-même j’ignore ce que j’aurais été si j’avais pu franchir les limites, après ma conversation avec Kaien j’ai dit que je devrais regarder des films gays pour m’instruire un peu plus sur le sujet, mais je n’ai pas encore eu l’occasion de le faire, en contrepartie j’ai eu mon premier baiser haha. Je rigole à sa remarque, je le taquine simplement pour changer, je me prends une fraise sur le pull, la suivant du regard, elle n’est pas tombé, l’attrapant entre mes doigts je la mange comme si de rien n’était. « C’est sucré~ » J’aime le sucre, c la seule chose que je peux manger réellement sans avoir besoin de surveiller mes apports. « Tu ne vas pas avoir de problème si elle raconte que tu sors avec un gars ? » Je me souviens qu’il a des problèmes avec son père, donc je le questionne surtout pour faire la conversation et peut-être essayent de le faire briser un peu ses barrières, même si je sais qu’à la fin il va encore me fuir, autant profiter qu’il m’en doit une.

 TENUE ➤ Ce gars ne verrait pas une vache dans un près, sérieux. Il me parle de banane après que je l'ai embrassé et je ne relève pas de suite pour ma boisson. Dans ma tête, mes mots ont un sens qu'importe le rapport et je secoue doucement la tête quand il me répond par une question stupide. Le rapport est qu'une banane n'est jamais innocente... ça n'a aucun sens. Mes sourcils sont toujours froncés, il a beau m'avoir conseillé d'arrêter, je ne cesse de plisser mon front. « Laisse tomber. » Ce serait mieux pour tout le monde. Je dois avoir l'esprit mal placé, alors que je ne pense jamais à tout ça normalement. Faut croire que ce baiser a fait un court circuit et que maintenant, je me fais des films étonnants mais dégoûtants. Bon, il n'y a aucun rapport entre les deux, d'accord. Passons. Ce serait bien de passer le sujet « sexualité » aussi, puisque nous sommes dans le même navire. J'ai dit à l'autre fille que j'étais gay, mais c'est faux. J'ignore ce détail chez moi parce que je ne me suis pas trop intéressé à cela jusqu'à maintenant, et je ne m'y intéresse toujours pas pour l'instant. Mon père me fait faire n'importe quoi, j'ai bien le droit de ruiner ses efforts. à son commentaire, je lui balance une fraise dessus et le regarde l'a manger, au calme. Il m'agace. Je fais l'indigné, celui qui n'en revient pas, tirant une grimace offusquée. Des problèmes ? Haha, j'en ai déjà des tonnes. Un peu plus ou un peu moins. « Qu'est-ce que ça peut t'faire ? » Lui demandais-je de mon air hautain. Ce n'est pas la première fois qu'il entends parler de mon père, déjà pour la sortie à la campagne. Je souffle, mangeant une nouvelle bouchée de la tarte. « Qu'est-ce ça change à ma vie, franchement. Il ne va pas m'enfermer pour ça, il n'arrive déjà pas à le faire pour le reste. » Je parle des bagarres ou de mon comportement général, mais mon père ignore pour le hapslap. Il sait que des cas sévit dans la ville, mais il n'a jamais mit la main dessus. Sa proie est sous ses yeux mais il ne voit rien, aveuglé par sa paternité à la con. « Et toi ? Qu'est-ce que tu fous là tout seul ? Tu n'as pas d'amis ? » Simple question, je ne juge pas sa vie pour une fois. Ce sont les gens qui mangent seuls qui n'ont normalement pas des masses d'amis. Je suppose que c'est son genre, vu comment il est chiant.

 TENUE ➤ Je n’insiste pas quand il me dit de laisser tomber, simplement parce que de toute façon nous n’avions pas la même vision de la chose, autant ne pas s’éterniser sur cette histoire, tout ce qui est sexualité est un peu « rejeté » par mon esprit, depuis peu je regarde des pornos pour m’instruire plus que ce que je peux imaginer, mais l’excitation peut être à double tranchant pour moi, c’est pour ça que je n’ai jamais franchi le cap, ce n’est pas parce que je ne suis pas intéressé par le sex ou que cela ne m’intéresse pas en soi, quand j’entends mes amis en parler ou même Kaien qui me décrit un peu le sexe entre mecs, je suis curieux, mais à quoi bon, je suis prisonnier d’un corps, d’un organisme qui m’empêche de connaitre certains plaisirs, de toute façon je n’aurais personne avec qui faire l’expérience et ce n’est pas en cinq mois que je vais pouvoir me rattraper, j’ai tellement de choses à faire, j’ai mes priorités et une longue liste de souhait, c’est déjà suffisant pour l’instant. Je le questionne sur son père, si le fait qu’il soit « gay » remonte jusqu’à lui, n’aura-t-il pas des problèmes ? Moi je m’en fiche, je veux surtout faire la conversation et être certain que les conséquences ne seront pas importantes... Surtout si c’est faux. « Je suis juste curieux, ça ne va rien me faire du tout. » Autant être clair, ce n'est pas comme si de mon côté ça allait créer des problèmes, mais je l’ai aidé ce petit con, il peut au moins rassasier ma curiosité et répondre sans être agressif, il est saoulant quand il fait ça... « Sérieux on dirait que t’en veux au monde entier quand tu parles, tu as eu un traumatisme, tu veux en parler ? Je suis médecin je peux t’aider tu sais ? » Je le regarde sérieusement avant de rire, oui c’était une blague, mais pour le fait qu’il donne l’impression d’être toujours sur la défensive c’était la vérité, il semble toujours en colère prêt à mordre comme un chien enragé, il n’est jamais fatigué d’agir ainsi ? Continuant de manger, je commence déjà à ne plus en pouvoir, mais je ne vais pas m’arrêter là. « Je sors d'un rendez-vous, je me suis arrêté en chemin, j’emmène pas mes amis avec moi là-bas, alors je suis seul. » Je souris, je n’ai rien à cacher, il m’a demandé, je réponds, certes il ne sait pas de quel rendez-vous je parle, mais de toute façon je sais que cela ne l’intéresse pas, sinon il demandera. « Puis tu es là, sert moi d’ami et mange. » Je garde mon sourire, j’ai commandé beaucoup, rendons-nous malade à deux.

 TENUE ➤ Le sexe, c'est un sujet tabou pour moi. Pas que j'ai vécu une mauvaise expérience par le passé ou que cela ne m'intéresse pas, mais disons que je ne me suis pas encore penché sur le sujet et que ouais, ça ne m'intéresse pas au final. Je pense trop à me battre, à être un tyran ou à vouloir faire peur aux autres pour être un tant soit peu obnubilé par le désir charnel. C'est un truc qui m'échappe mais que je peux, comparé à Kellian qui se pose des questions mais ne peut pas y toucher. Qu'importe, ça ne change pas ma façon de pensée, qu'importe ce qu'on me raconte là-dessus. Je n'ai pas envie de m'attarder sur une perte de temps et un truc complètement inutile comme procréer ou s'apporter ce genre de plaisir. Moi mon plaisir, c'est frapper. Mon père ? Je m'en fou de lui. Il passe son temps à vouloir un bon fils ou le mieux pour moi, mais je n'ai jamais rien demandé. Ni à lui, ni à ma mère. Il me désespère plus que mesure, c'est affreux. La curiosité est un vilain défaut, ne le sait-il pas ? Il pourrait mourir pour bien peu, croyez-moi. « évite de me parler comme ça. » Le conseillais-je calmement, pendant que je suis encore calme justement. Genre, comme si j'avais besoin d'un médecin, la bonne blague. J'ai toujours été ainsi, aussi loin que je m'en souvienne, j'en ai toujours voulu au monde entier sans aucune raison. Juste comme ça, parce que c'est dans mes gênes, parce que je suis un petit con, parce que je n'aime pas tellement les autres, parce que je ne vaux pas mieux qu'eux. « Un rendez-vous seul ? Quel genre d'attardé irait à un rendez-vous tout seul ? » Bon, je ne suis pas bête, juste ignare. Je ne sais pas pour sa maladie, ni ses rendez-vous à l'hosto, normal que je sois aussi désagréable. Il ramène ça sur le tapis, il m'énerve. « Je ne suis pas ton ami, crève. » Grognais-je en écrasant une fraise sous ma cuillère dans un bruit atroce. Tu parles d'un couple, n'importe qui verrait la supercherie rien qu'avec mon comportement. Je m'enflamme pour rien, rien qui donne l'impression d'être amoureux. D'un geste nerveux, je ramasse mon bouillie de fraise et le mange, terminant ma part avec une moue agacée. La tête du vainqueur, comme qui dirait.

 TENUE ➤ Je ne mâche pas mes mots quand j’ai envie de dire les choses, du coup ce que je remarque c’est que Momiji est constamment en colère, c’est vraiment la chose la plus évidente chez lui et je me demande encore pourquoi, comment quelqu’un peut être ainsi, est-ce qu’il s’amuse, ressens de la joie ? Je me demande vraiment comment ça se passe, il y a forcément une raison à son comportement et je suis curieux de le découvrir, quitte à passer pour un médecin ou un psy, je l’écouterai volontiers haha, mais ça ne semble pas lui plaire, tristesse. « De te parler comment ? » Je souris, faisant l’innocent. Parlant ensuite de mon rendez-vous sans pour autant lui donner de détails, en même temps je ne suis pas sûr qu’il souhaite en avoir, si c’est pour qu’il s’en fiche à quoi bon lui parler de ma santé ou de mes visites hospitalières, malgré tout, il me pose des questions et je ris un peu en croquant dans une part de gâteau. « Moi ? » Je me fiche qu’il me voie comme un attardé, mais en même temps il ignore de quel « rendez-vous » il est question. « C’est le genre d’endroit où on n'aime pas vraiment emmener des proches, mais où tu as dû en envoyé pas mal » petit clin d’œil a sa violence. Continuant de manger comme si de rien n’était, je suis sûr qu’il a compris, mais ce n’est pas grave s’il découvre la vérité, encore une fois je n’essaie pas vraiment de le cacher de toute façon. « On mange ensemble, on s'est embrassé, on a dormi dans la même pièce, tu m’as frappé et tout et tout ! On est amis ! » J’insiste juste pour l’embêter, je suis naturel et têtu, il ne va pas me faire changer d’avis ou de point de vue facilement. « Pauvre fraise. » Il ne pouvait pas la manger normalement, dis-je en la pointant du doigt. « Il y a des gâteaux au chocolat, t’aime pas le chocolat ? » Comment le pousser à manger avec moi.

 TENUE ➤ Je ne suis pas un robot, je peux ressentir plusieurs choses, même la joie ou l'amusement. Sauf qu'on a pas la même manière de s'amuser ou de rigoler. Moi, c'est quand je tape sur quelqu'un ou quand je suis méchant avec n'importe qui. Je suppose qu'il doit s'amuser en courant après un ballon ou en lisant une blague, des trucs dans le genre. Il doit détester la violence, tandis que c'est mon mode de vie. Chacun son truc, je ne peux pas comprendre les gens qui sont en couple et eux ne peuvent sûrement pas comprendre mon comportement. Il y a un gouffre ou un mur entre nous, comme avec Kellian. Il ne peut pas comprendre que je sois heureux à être méchant. Il me prend pour un débile, je lui lance un regard mauvais, mais il doit bien le connaitre celui-là à force de le voir. Je ne réponds pas, sinon je risque de lui envoyer carrément la cuillère dessus. Quand il me parle de son rendez-vous, je ne pense pas à ce genre de rendez-vous là et le soupçonne d'être vraiment à la ramasse. Il l'affirme, mais ça ne me réjouit pas pour autant. Une devinette ? Je n'aime pas ce genre de truc prise de tête. Mon cerveau refuse de réfléchir quand on le sollicite trop durement, c'est un fainéant. Putain, c'est évident son truc mais du moment où il ne dit pas clairement le mot, je me borne à ne pas vouloir décrypter sa phrase à double sens. Je m'en fiche, voilà ce que je me dis en passant à autre chose d'un clignement de paupière. « Non, ta gueule. » Damnation! Fallait qu'il ramène tout ça sur la table, sérieux quel chieur. Le pire, c'est pour le baiser. Je n'aurai pas dû faire le con ... Je m'en fou de la fraise, elle terminera beaucoup plus mal une fois dans mon estomac. Bref. « Non. » ça répond à sa question ? J'aime bien les fruits et les légumes -oui comme un lapin- mais je n'aime pas le chocolat et autres trucs dans le genre. « C'est écœurant. » Comme si j'avais besoin de me justifier. Je bois une nouvelle gorgée de mon lait banane tout en réfléchissant, pensant à un truc complètement fou. « Tu veux être mon ami ? » Ouais, ça sent le coup foireux à des kilomètres, mais je suis sûr qu'il ne se doute absolument de rien. Un sourire sournois aux lèvres, j'attends juste une réponse.

 TENUE ➤ Si je dis que j’essaie de le comprendre c’est peut-être stupide, certes il a toujours dû être ainsi et ce n’est pas moi qui arriverais à le changer, je ne suis personne. Pourtant je ne renonce pas, même s'il ne prend pas de nouvelle résolution je peux toujours en apprendre plus sur lui, je suis curieux de nature et Momiji semble être un spécimen intéressant haha, bien qu’il referme ses portes à chaque fois que je pense en ouvrir une, c’est dommage, je n’ai pas assez de temps pour faire trainer les choses, si je veux savoir je dois être rapide, sinon je vais mourir avant, enfin ce n’est pas un drame non plus. Je savais bien que ça ne l’intéresserait pas d’en savoir plus et d’un côté tant mieux, je ne cherche pas la pitié ou à lui avouer que je suis malade et mourant, si je voulais user de ce détail pour me rapprocher des gens je l’aurais déjà fait depuis longtemps, mais jamais je ne serais comme ça, si je devais disparaitre demain Momiji ne ressentirait rien, ni manque, ni même de question à mon égard et je pense que c’est mieux ainsi, c’est pourquoi je ne tombe pas amoureux ou ne laisse personne réellement devenir proche de moi, sauf ceux au courant déjà, blesser des amis n’a jamais été mon but. « Haha, tu devrais assumer. » J’aime l’emmerder un peu, je sais qu’il déteste ça et qu’il doit avoir envie de me frapper, mais je trouve cette situation amusante, certain devienne « ami » pour moins que ça... « Ok, moi j’adore ça. » oui on s’en fout, mais le sucre étant la seule chose que je peux manger librement -tout en étant quand même prudent- je ne m’en prive pas, malheureusement je ne pourrais vraiment pas manger tout ce que j’ai commandé, du coup je pioche ici et là. « Tu penses que je peux les emporter ? » Qui sait, je mangerai plus tard comme ça. « Quoi, ta pas encore compris depuis ? » Ce n’est pas comme si je l’avais caché non ? Après j’ai des doutes sur ce qu’il compte dire, surement me rejeter de nouveau, mais je n’ai pas vraiment une très grosse fierté, je suis plutôt du genre à suivre le flux.

 TENUE ➤ Assumer, ce n'est pas une qualité chez moi non plus. J'assume jamais rien, surtout quand on me met la faute sous le nez, je nie à chaque fois. Là, il me dit d'assumer mais je le regarde comme si j'allais lui sauter au cou pour l'étrangler. Pas sûr que j'assume son meurtre, ceci dit. Quoi que, ça dépend. Bref, je ne suis pas là pour me poser cette question, il m'a quand même aidé sans rien demandé. Je dois prendre sur moi, répondre à ses questions et prier pour que le temps passe assez vite. Kellian me parle de chocolat mais je suis toujours autant sympathique quand je réponds. Non, je n'aime pas le chocolat, ni rien de ce genre. C'est écœurant, lourd et bref, je n'aime pas. Encore une point qui nous différencie, puisqu'il aime ça. « Tant mieux. » Qu'est-ce que ça peut bien me faire qu'il aime ou non le chocolat, je m'en fiche. C'est vraiment une conversation à sens unique mais cet idiot semble apprécier cela, c'est barbant. C'est lui qui commande la carte entière mais c'est le premier à ne pas pouvoir tout manger... « Pas sûr. » Fis-je en regardant les assiettes, presque toute à moitié entamé. Non, ils ne vont pas s'amuser à faire des petites boites pour nous. C'est au même moment qu'une idée diabolique germe dans mon esprit malsain et je lui pose une seule et unique question. Sa réponse me fait sourire et j'hoche doucement la tête, piochant une part de roulé à la pistache. « Je voulais juste m'en assurer. » Mon sourire ne veut plus partir, ça sonne tellement tordu. « File moi ton portable. » On dirait presque un ordre, non c'est vraiment un ordre. Ma main tendue vers lui, j'attends qu'il me donne son téléphone portable pour échanger nos numéros et les enregistrer. Comme ça, je pourrais le joindre à n'importe quel moment.

 TENUE ➤ Je lui ai fait part de mon gout pour le chocolat, c’est rare de rencontrer quelqu’un qui n’aime pas ça, mais ça ne me choc pas pour autant, j’ai vu pire quand même ! Même s'il s’en fiche je voulais le préciser surement pour parler simplement, puis je suis naturel et spontané, donc même si ça semble inutile si j’ai envie de le dire je le dis. Je vois bien qu’il s’en fiche, mais je le savais déjà donc ça ne fait ni chaud ni froid, gardant mon sourire sur les lèvres, je m’inquiète plus de savoir si je pourrais emmener mes gâteaux avec moi, je sais que je ne pourrais pas tout manger, en même temps je le savais déjà en commandant, mais je me fiche des excès que je semble faire, je préfère profiter et agir comme mes envies me le dicte plutôt qu’être rationnel, c’est ça vivre aussi. Je pense pouvoir les convaincre de me laisser les emporter, mais le commentaire de Momiji me fait douter, je réfléchis en croquant dans le morceau que je tente de finir, je vais me rendre malade à force. Mah, au moins s’il m’arrive un truc il pensera que c’est dû à la faiblesse de mon estomac et non de mon cœur haha. Lorsqu’il me demande si je veux être son ami je pensais que c’était évident jusqu’à maintenant, je me fiche de savoir si c’est un piège ou un jeu ou que sais-je, je n’ai pas de temps à perdre à me poser toutes ses questions, préféré répondre franchement sans hésitation. « Mon portable ? » Je le regarde fixant sa main tendue, avant de sortir l’objet demandé de ma poche et de lui donner, ce n'est pas comme si j’avais des choses à cacher ou une quelconque raison de refuser. « Qu’est-ce que tu as en tête ? » Je ne suis pas dupe et plutôt curieux, il n’a pas changé d'avis comme ça pour rien.

 TENUE ➤ Nous n'avons pas la même façon de vivre, autant que nous n'avons pas les mêmes goûts, mais c'était à prévoir entre lui et moi. C'est comme le jour et la nuit, nous sommes opposés et sûrement très différent. Il tente de me comprendre alors que je m'en fiche de lui, il dit rouge je dis bleu, il va à droite je vais à gauche, bref tout ça pour dire que nous sommes des contraires. Et le premier qui me dit que les contraires s'attirent, je lui claque mon poing dans la joue. De mon point de vue, quand rien n'est fait pour s'attirer, alors autant abandonner et trouver quelqu'un à notre niveau. Kellian pense pouvoir emporter les parts de gâteau qu'il ne parvient pas à manger mais je lâche un argument pour le contre-dire. Pensent-ils vraiment qu'ils vont perdre leur temps pour un simple client dans son genre ? Bien sûr que non. Sinon ils ne finiraient jamais leur journée. J'ignore comment j'en suis arrivé là où nous en sommes, mais je lui prend son portable sans attendre, qu'importe s'il se pose des questions ou non. J'ai changé d'avis, certes parce que j'ai quelque chose derrière la tête mais même quand il me pose la question, je fais genre que ce n'est pas le cas. « Nooon, bien sûr que non. » Genre ça sonne tellement faux que le piège est aussi visible que le nez au milieu de la figure, mais j'assume. Un sourire en coin, je m'envoie un message avec son téléphone pour récupérer son numéro et lui renvoie un autre pour qu'il est le miens. Je sais qu'il va changer mon « usagi » pour un truc du genre « lapin » ou « momo » tandis que j'ai noté « bullshit » pour le définir. Après l'échange, je lui redonne son portable et range le miens dans ma poche. « J'en connais un qui sera content de te revoir, Kellian. » Affirmais-je avec un sourire carnassier. Je parle bien évidement de Tora, celui qui l'a accepté dès la première rencontre. à présent, il peut se faire tout les films qu'il désire, je ne vais pas l'empêcher de rêver.

 TENUE ➤ Je ne m’arrête pas aux différences, je n’ai jamais réfléchi à ce genre de choses ou même pensé que ça pourrait arrêter une amitié, si j’étais comme ça je ne perdrais pas mon temps déjà limité à essayer de parler, de comprendre, de me lier avec Momiji pas vrai ? C’est surement étrange, mais j’ai toujours été une personne généreuse, intelligente certes, mais ma maladie m’empêche d’avoir des a priori quelconque sur une personne, qu’elle soit malfaisante ou angélique, j’aime me faire ma propre opinion et pourquoi pas aidaient ces personnes comme je le peux, quand on est sur le point de mourir on sait ce que ça fait et on voudrait pouvoir avoir la chance de profiter plus, j’aimerais vraiment que lui et tous ceux qui m’entourent puisse le faire vraiment, c’est aussi simple que ça. Je suis un peu déçu si je ne peux pas emmener mes gâteaux avec moi, mais je trouverai bien le moyen d’y gouter à nouveau avant la fin. Il me demande mon portable et je doute de ses intentions, mais plutôt que de douter je préfère faire confiance, de toute façon qu’est-ce que je pourrais craindre en lui laissant inscrire son numéro, je veux devenir son ami alors c’est normal qu’on passe par là, que ce soit vrai ou non, il pourrait finir par être celui qui regrette son geste et se brule les ailes. Aussi démoniaques soient-elles. Je mange essayant d’en finir un ou deux de plus, non sans commencer à me sentir mal, je dois vraiment m’arrêter là... À ses paroles je lève le regard pour l’interroger une seconde, puis comprenant qu’il parle de ses potes je souris. « Au moins il était gentil lui~ » Genre, il m’a invité à rester avec eux avant que je ne doive sentir leurs fumettes embêtantes. « Évite de fumer si tu m’invites, puis ce n'est pas bon pour la santé ! » Et oui.

 TENUE ➤ Être condamné à mourir est-il une raison pour vouloir tout faire et tout goûter avant la fin ? Comment pourrais-je le savoir en étant en parfaite santé ? Je sais que je pourrais faire telle ou telle chose quand je le voudrais, mais j'ignore que ce n'est pas le cas de Kellian. à ce moment-là, je dirais que je m'en fou parce que je ne le considère tout simplement pas comme un ami et que son sort m'importe peu. Est-ce que les choses peuvent changer de ce côté-là ? Y a-t-il un miracle possible pour que la balance penche de l'autre côté ? Gardons le bénéfice du doute, pour l'instant. Ami ou pas, je prends son téléphone portable et note mon numéro dans le siens, puis je m'envoie un texto sur le miens pour avoir son numéro. ça signe un pacte entre nous, un pacte que nous sommes les seuls à savoir. Bon, maintenant qu'il est mon « ami » je peux lui parler des autres, un sourire malicieux sur les lippes. « Ouais, gentil. » Approuvais-je, même si Tora est aussi impulsif que moi, à sa manière. Après je sais qu'il n'ira pas taper Kellian, puisqu'il a prit pour une sorte de chiot la dernière fois. « Qu'est-ce que ça peut te faire ? » ça m'agace son faux semblant, genre il s'inquiète de ma santé. Ce n'est pas un joint par-ci par-là qui va me tuer, qu'il se rassure. « Tu veux être mon ami, faudra bien supporter tout ça. Les autres le font, je le fais et tu risques de le voir plus souvent que tu ne le voudrais. » Faut pas se mentir, toute ma bande tourne dans le mauvais sens et ce n'est pas parce qu'il sera là qu'on va faire autrement. Il n'aura qu'à fermer les yeux, se boucher le nez ou ce qu'il veut, mais de ne pas faire chier son monde. Quant à lui, je lui lance un regard vénère. « Arrête de manger, tu vas vomir. »