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 Rencontre etonnante ♦ ethan

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Anonymous
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Ce message a été posté Lun 4 Avr - 19:45
Cela faisait peu de temps que j’étais arrivée, mais déjà je ressentais cette envie de sortir me promener. J’avais beau avoir étudié le japonais durant de longues années, et ainsi développé un niveau plus que correct, chaque sortie était une nouvelle épreuve à passer, une nouvelle découverte à rencontrer. J’avais profité de l’absence de Fu Hai, et de mon emploi du temps léger pour m’éclipser et partir à la conquête de la si fameuse capitale nipponne. J’étais déjà habituée aux grands immeubles et à la dense population des grandes villes, car Tianjin était bien loin d’être le petit village de pêcheur qu’il était au départ. Toutefois, il régnait à Tokyo une ambiance peu commune qui mêlait en moi des sentiments de sérénité et d’angoisse peu justifiés.

Ma curiosité avait fini par m’amener au quartier de Chiyoda, non loin de large parc bordant le musée des arts. Je marchais paisiblement, tenant de mes deux mains les lanières fines aux couleurs pastel de mon sac à dos qui reposaient tranquillement sur mes épaules. Un peu dans la lune, j’observais le monde. Mon regard allant des bourgeons qui pointaient doucement sur les branches des arbres bordant le trottoir où je me déplaçais, filant ensuite sur des passants attendant le bus non plus, puis revenant sur le ciel où des nuages quelque peu menaçants teintaient l’horizon. J’engageais alors mon pas en direction du parc, d’où je ne remarquais aucunement la présence d’un petit groupe d’étudiants à la posture dégingandée.
Je finis par m’assoir sur un banc, sortant de mon sac un livre purement touristique sur la vie japonaise et sur les endroits intéressants de la capitale. Plongée dans mon ouvrage, je remarquai que bien trop tard que ce petit groupe d’inconnus avait décidé, sans trop savoir pourquoi, à s’intéresser à ma petite personne. Une main se saisit de mon livre, alors qu’un des jeunes hommes s’assit à mes côtés sans aucune gêne. Mon regard allait et venait entre les deux individus, puis se posa sur les deux autres qui me bloquaient le passage. En soi, ils n’avaient pas l’air terriblement mauvais. Mais, je sentais un malaise monter en moi alors que, toujours silencieuse, posais la main sur la couverture de mon livre pour le reprendre.

« Alors, on visite ? On pourrait p’t-être te montrer quelques coins sympas ! »
« Arrêtes Shun. J’suis sûr que t’lui fais peur ! »
« Les gars, elle parle p’t-êt’ pas japonais… »


Leurs regards insistants me firent baisser les yeux. Je tirais alors mon livre à moi, l’arrachant des mains de sn voleur. D’un mouvement vif, je me levais, bousculant l’un d’eux pour m’extirper de ce cercle où je me sentais bien trop mal à l’aise. Je réfléchissais à des paroles. A quoi dire. A comment les esquiver sans avoir à leur en mettre une ; ils étaient quatre, faisaient bien deux têtes de plus que moi, et en plus, ils n’avaient pas été violents… rien de quoi justifier un geste de ma part. Alors, je me contentais de filer, pressant le pas en espérant qu’ils comprennent le message. Une main saisit alors mon épaule, je crispai mes paupières fermées. Le livre serré tout contre ma poitrine, j’arrêtais mes pas. L’un d’eux souffla alors quelques paroles à mes oreilles. Paroles que j’aurais bien aimé ne jamais avoir à entendre. Alors que je préparais tout mon courage pour leur faire face, un cinquième personne se joignit à nous pour me sauver la mise.

Anonymous
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Ce message a été posté Lun 4 Avr - 20:56
Quand il ne bossait pas, Ethan profitait du peu de temps libre qu'il s'accordait pour s'aérer l'esprit et courir. Mais alors qu'aujourd'hui on ne l'attendait pas au bureau, il avait malgré tout passé une bonne partie de sa journée là bas et, finalement, au milieu de l'après-midi avait réussi à décrocher. Il s'octroyait ainsi le droit de se balader un peu avant de rentrer chez lui et de se replonger dans des dossiers tous plus barbants les uns que les autres. On ne classait pas l'anglais dans la catégorie des férus du travail, même s'il était vrai qu'il se donnait à fond, simplement s'il s'acharnait autant ce n'était que pour plaire et satisfaire les attentes de son géniteur. Il n'avait en effet pas le droit à l'erreur. Tout devait être parfait. Et c'était pourquoi il se tuait à la tâche. La pression qui pesait sur ses épaules l’écrasait de plus en plus et l'amenait parfois à retrouver ses anciens démons. Des soirées sulfureuses aux fréquentations douteuses. Il filait un mauvais coton. Encore plus depuis sa dernière découverte. Pour se changer les idées et pour oublier, il consommait à nouveau. Tant que ça lui permettait d'effacer l'image de ce type qui clamait partager le même sang, ça lui convenait. Rien que songer à tout ça lui procurait un mal de crâne terrible. Les rayons du soleil printanier qui l’éblouirent lorsqu'il quitta l'immeuble n'arrangèrent rien du tout. Il plissa les yeux en grognant puis abandonna son sort à la bonne volonté de ses pieds.

Ethan déambula un long moment dans les rues et avenues de Tokyo avant de finir dans le quartier Chiyoda. Il se maudit même de n'avoir emporter que des cigarettes. Un petit joint sous l'ombre d'un arbre lui aurait fait le plus grand bien. En poussant un soupir, il dégaina un bâton de nicotine qu'il glissa entre ses lèvres puis partit à la recherche d'un endroit tranquille. Il dépassa un groupe de jeunes sans trop s'attarder sur leur cas. Après quelques mètres, il leur jeta un regard par-dessus son épaule et seulement à ce moment là stoppa sa course. Il fronça les sourcils puis pivota pour mieux les observer. Il connaissait la proie de ces énergumènes. Pour une raison inconnue, il en était persuadé. Il ne parvenait néanmoins pas à la replacer alors peut être se trompait-il ? À qui ressemblait-elle dans ce cas ? Intrigué par la demoiselle, il constata que celle-ci peinait à se débarrasser de ce troupeau de mâles écervelés.

L'héritier n'appartenait pas à cette classe de personnes qui se jetaient volontiers au milieu d'une bagarre pour mériter une médaille. Il ne tenait pas du super-héros et se faire passer pour ce qu'il n'était pas ne l'intéressait pas. Pourtant, après avoir lissé un peu les plis de sa veste et rangé sa cigarette, il se dirigea vers le petit groupe décidé à se débarrasser de ces idiots. Il tapota sur l'épaule de celui qui venait d'attraper la jeune fille et il se retourna. Ethan le dominait d'une bonne vingtaine de centimètres. Il avait les mains dans les poches, ce qui lui donnait un air nonchalant et dégageait suffisamment de charisme pour l'intimider rien qu'en le dévisageant. « Ce sont des amis à toi ? » Demanda-t-il à la brune en désignant les mecs avec une expression de dégoût sur le visage. De toute évidence, il connaissait déjà la réponse. « De quoi tu te mêles mec ? » Ethan haussa les épaules. Son attitude semblait perturber les étudiants. Il se déplaça du côté de la plus jeune et passa son bras autour de sa taille. Interloqués, ils reculèrent face au regard sombre qu'il leur adressait. « C'est ma petite sœur et je crois qu'elle n'a pas envie de venir avec vous. » Ironie du sort ou non, Ethan ignorait à cette instant qu'il s'approchait de si près de la vérité. « Tss, venez les gars, on s'tire. » Avec un grand sourire faux, l'anglais leur adressa un signe de la main puis attendit qu'ils se soient suffisamment éloignés pour reprendre ses distances avec la jeune fille.

À nouveau, il bloqua sur les traits de son visage qui lui semblaient si familiers. « Tu devrais faire plus attention. » Lui conseilla-t-il incapable de détacher ses yeux d'elle. Qui était cette fille ? Il l'avait déjà vu quelque part, il en était certain. Penchant la tête sur le côté, il fouillait dans sa mémoire pour tenter de trouver des réponses. Le mieux n'était-il pas encore de lui demander ? « Est-ce qu'on se connaît ? » Peut être se trouvait-elle dans la même situation que lui et qu'elle réfléchissait autant ? « Je m'appelle Ethan, Ethan Beckford. » Donner son nom à une inconnue comme ça n'était pas la meilleure des idées mais il le sentait, il la connaissait.

Anonymous
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Ce message a été posté Mar 5 Avr - 19:01
Ma respiration en suspens, je regardais la scène se dérouler sous mes yeux sans piper mot. Un nouvel inconnu se joignit à nous. Son image jurait totalement contre celle des quatre énergumènes qui me tournaient autour depuis de longues minutes. « Ce sont des amis à toi ? » Je me contentais de nier d’un faible mouvement de la tête alors que mon regard scrutait son visage à la recherche d’un quelconque déjà-vu. J’observais ses traits, l’expression de son visage qui me criait un souvenir sur lequel je ne parvenais pas tout à fait à mettre un mot sur. Il s’approcha, glissant avec une grande douceur sa main autour de ma taille ce qui minimisa grandement le sursaut de surprise que j’avais, tant bien que mal, essayé de cacher. Se présentant alors comme mon frère, je gardais mon calme en esquissant un simple sourire à l’attention des jeunes inconnus qui semblaient terriblement incapables de garder leur déception pour eux.

Alors qu’ils s’éloignaient, le jeune homme en fit de même et je laissais s’échapper d’entre mes lèvres un soupir de soulagement, me souvenant soudainement qu’il était important de ne pas oublier de respirer… chose que je semblais avoir très légèrement omis jusqu’à peu.

« Merci beaucoup. Vraiment. »

Je m’inclinais très légèrement pour montrer ma gratitude. S’il n’avait pas eu idée de venir m’aider, j’aurais très pu bien parcourir tout le quartier avec ces garçons sur mes talons avant de pouvoir m’en débarrasser. « Est-ce qu’on se connait ? » J’affichais une légère moue de réflexion à sa question, et lorsqu’il enchaina avec son nom je ne pus cacher ma surprise. Beckford. Ethan Beckford, disait-il. Soudain, un souvenir vint vivement toucher ma mémoire ; évidemment, Beckford ! Cette famille avait une telle renommée qu’il était plutôt difficile d’éviter d’en avoir entendu parler au moins une fois. Cette impression de déjà-vu venait sans aucun doute du fait d’articles survolés en ligne où certains clichés du digne héritier avaient dû apparaître.

« Enchantée, je suis Jiao Li. She Jiao Li. »

J’éprouvais une certaine confiance envers cet inconnu. Enfin, cet Ethan, plutôt. Cela venait-il du fait qu’il venait de me sauver la mise ? Je n’en étais pas tout à fait sure. C’était, comme si au plus profond de mon être quelque chose me reliait à lui. Quoi ? Je n’en avais pas la moindre idée. Il émanait de lui une intrigante sensation qui attisait ma curiosité. Ainsi, je n’avais craint de me présenter. J’avais fait cela le plus naturellement du monde avec l’espoir surprenant que notre conversation ne s’arrêterait pas là.

Anonymous
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Ce message a été posté Mer 6 Avr - 19:49
Il n'offrait pas son sourire à n'importe qui ou pour n'importe quoi. En apercevoir l'ébauche relevait du privilège. Même s'il dégageait beaucoup de charisme et qu'on remarquait toujours son arrivée dans une pièce, il gardait une expression neutre. De manière générale, on devinait difficilement le fond de ses pensées. Il cachait ses sentiments par réflexe, pour se protéger bien sur, mais aussi parce que pour avancer dans ce milieu il valait mieux se parer d'une armure plutôt résistante. On attendant de lui qu'il se tienne inébranlable devant les concurrents et qu'il ne flanche jamais. Ce qu'Ethan appliquait à la perfection depuis son arrivée au Japon. Son père veillait à ce qu'il marche droit et n'autorisait aucun écart. Il vivait avec cette pression depuis près de deux ans. Il travaillait en plus pour et avec un homme qu'il détestait mais surtout qui le détestait. Comme si ça ne suffisait pas, ses propres employés cherchaient à lui mettre des bâtons dans les roues. Il évitait donc de s'intéresser aux autres, de se mêler à la masse et restait à l'écart. Jamais en temps normal, il serait intervenu pour sauver une demoiselle en détresse. Ça ne lui ressemblait pas. Mais cette petite brune déclenchait en lui quelque chose de particulier. Elle lui rappelait quelqu'un. Il la fixait avec intensité dans l'espoir de découvrir pourquoi elle lui paraissait si familière.

Elle le remercia et comme dans un effet miroir, soudain un peu embarrassé par sa reconnaissance, il s'inclina lui aussi. Il n'avait pas l'habitude. Il ne comprenait pas cette tradition chez les asiatiques. Parce qu'elle le troublait, il choisit de lui dire son nom ce qui représentait aussi une entorse à sa conduite. La marque Beckford possédait une renommée quasi internationale et, même si elle brillait bien plus dans son pays d'origine, Ethan veillait à la développer ici au Japon. Crier sous tous les toits qu'il en était le digne héritier ne lui servirait pas. Il espérait donc ne pas commettre d'erreur et obtenir en échange l'information qu'il attendait.

Jusque là détendu, il se crispa dès qu'elle énonça son identité. She, le nom raviva aussitôt des souvenirs. Son échange musclé avec le mannequin étant encore relativement récent. Se pourrait-il qu'elle soit sa sœur ? Enfin du coup, sa demi-sœur. Ce serait un comble tout de même. Soudain, il se rembrunit. Son visage affichait une expression beaucoup plus froide et on sentait qu'il élevait les barrières pour la garder à bonne distance. « She ? » Répéta-t-il sur un ton tranchant. « Comme dans She Fu Hai ? » Il comprenait maintenant pourquoi elle lui rappelait quelqu'un. C'était le portrait craché de sa mère. Leur mère ? La même douceur, la même grâce. Il se sentait alors bête d'avoir posé la question. Évidemment que c'était la sœur de Fu Hai. Aucun doute là-dessus. Il bascula alors au chinois comme si de manière inconsciente il voulait faciliter la communication. « Ton frère a appelé du renfort ? C'est parce que je ne veux pas aller passer ses tests à la con ? » Sur la défensive, il n'éleva néanmoins pas la voix. Il se sentait incapable de s'énerver devant elle alors qu'elle le regardait avec ces yeux là. Et puis, qu'est-ce qu'elle y pouvait dans cette histoire ? Ethan s'était toujours imaginé que sa mère avait dû refaire sa vie, il ne pensait juste pas qu'en partant elle avait sauvé un enfant du cauchemar pour en abandonner un autre derrière.

Même si son chinois n'était pas parfait, qu'on entendait l'accent britannique derrière, il continua. « Vous n'auriez jamais dû venir ici. Vous auriez dû rester là-bas, chez votre mère. Elle n'aurait pas dû vous parler de moi » Quand il parlait de sa mère, il ne disait plus 'ma' pas plus qu'il n'avait dit 'notre' frère et dire 'notre' mètre était carrément inimaginable pour lui. Il faisait la distinction car à ses yeux il le fallait. « Nous n'avons rien à nous dire toi et moi. » Il ne voulait pas de Fu Hai dans sa vie, et encore moins de Jiao Li.

Anonymous
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Ce message a été posté Mer 6 Avr - 21:34
Tout semblait se passer pour le mieux, j’avais bon espoir d’avoir rencontré une personne sympathique loin de l’image que dégageaient souvent ces fils de grandes fortunes. Toutefois, je sentis rapidement l’atmosphère entre nous prendre un tournant rapide alors que je venais à peine de donner mon nom. Je restais pantoise, dans l’attente de comprendre ce qui avait bien pu se passer dans sa tête pour que son humeur change aussi soudainement. « Comme dans She Fu Hai ? » Je fronçais légèrement les sourcils. Avait-il rencontré mon frère ? En tout cas, il semblait bel et bien que leur rencontre n’avait pas fait que des heureux ! Il n’était pas la première personne que Fu Hai se mettait à dos, et il ne serait sans doute pas la dernière. Mais, je ne voyais vraiment pas où était le problème.

La conversation changea de ton. Il n’haussait aucunement la voix en parlant, mais c’était tout comme… cela laissait, à vrai dire, une sensation sans doute encore pire. Son intonation froide glissait sur ses mots, alors qu’il parlait maintenant chinois. « Ton frère a appelé du renfort ? C’est parce que je ne veux pas aller passer ses tests à la con ? ». Le livre que je tenais toujours entre les mains m’échappa tant la surprise fut grande. J’ouvris grand les yeux, sans même prendre la peine de réagir à la chute de mon ouvrage qui alla s’écraser en un bruit sec sur le sol. Il y avait plus important : mon frère se tenait devant moi. Pire encore : il était clair que l’état de santé de son cadet lui passait bien au-dessus de la tête. Cependant, mon esprit se retrouvait maintenant face à une telle révélation que j’avais bien du mal à organiser mes idées et points de vus.
Alors qu’il continuait sur sa lancée, mes yeux se posèrent sur le sol. J’étais dépitée par ce que j’entendais, mais, je comprenais également l’amertume avec laquelle il s’exprimait. Toutefois, je ne pouvais nier le léger agacement qui commençait à naitre en moi alors qu’Ethan se noyait en conclusion hâtive sans même prendre la peine de savoir pourquoi j’étais ici. Je ressentais cette envie de m’expliquer, d’avoir une conversation digne de ce nom. Il était hors de question que je le laisse partir maintenant, sans avoir eu mon mot à dire. Alors, je relevais les yeux pour maintenir son regard et d’une voix calme j’entrepris de m’expliquer.

« Alors, selon toi, lorsque Fu Hai a découvert qu’il était mourant et qu’aucun membre de la famille ne pouvait le sauver, nous aurions simplement dû rester naïf et ne pas se poser de question ? »

Je laissais s’échapper un léger soupir, pesant mes mots du mieux possible pour ne pas hurler en plein parc la colère que j’éprouvais à l’égard de ma mère.

« Nous avons été élevés par un mensonge. Aimés par une femme qui, sous ses airs chaleureux, cachait en réalité une mère incapable de protéger son enfant. Crois-tu réellement qu’il m’est encore possible de la regarder en face ? »

Je baissais les yeux, trouvant alors un fort intéressement à mon livre écrasé sur le gravier. Je m’accroupis pour le reprendre, perdue dans mes pensées et luttant contre mes émotions. Je me redressais, époussetant la couverture de l’ouvrage. Puis, je reportais mon attention sur lui.

« Que tu ne veuilles pas entendre parler ni de moi, ni de Fu Hai est ton choix. Mais, ne crois pas que je vais rester les bras croisés à regarder la seule personne qui compte réellement pour moi mourir sous mes yeux sans rien faire. »

Mon regard s’embruma peu à peu, et je ravalais mes larmes. Je ne voulais pas pleurer, alors je tenais bon, à soutenir son regard. Je ne voulais pas qu’il me déteste. Je voulais simplement une ouverture. Une toute petite ouverture, pour m’accrocher à un espoir futur.

Anonymous
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Ce message a été posté Jeu 7 Avr - 13:52
En prenant sa défense quelques instants plutôt, Ethan ne s'imaginait pas s'approcher à ce point là de la réalité. Maintenant qu'il la regardait avec plus d'attention et qu'il disposait de nouvelles informations, il comprenait pourquoi elle lui paraissait si familière. Lui qu'il pensait croiser une simple connaissance se retrouver face à quelqu'un qui partageait le même sang. Il n'en croyait pas ses yeux. Il pensait qu'apprendre l'existence d'un frère constituait son unique mise à l'épreuve et que désormais on le laisserait tranquille. Il se disait qu'il suffisait de l'envoyer sur les roses pour reprendre un train de vie normal. Mais apparemment le destin lui réservait bien des surprises. Ainsi, comme il se le représentait depuis des années, sa mère avait refait sa vie. Elle devait s'être trouvé un homme meilleur que son père, ce qui n'était pas difficile. Elle se sentait assez bien avec lui pour fonder une famille. Tandis qu'Ethan ne connaissait le privilège de s'entourer d'une famille aimante, Jiao Li venait d'un foyer chaleureux crée par sa mère et son nouveau compagnon. D'ailleurs, il remarquait à présent toutes les similitudes. Il ne gardait pourtant que peu d'images de sa mère. Il était si jeune lors de son départ. Mais il y avait cette photo qu'il gardait, la seule qui était encadrée et qui trônait dans son appartement, et Jiao lui ressemblait tellement.

Cela le troublait mais malgré tout son réflexe fut de se placer sur la défensive. Il l'attaquait parce qu'il s'agissait de la seule réponse qu'il maîtrisait. Heureusement pour elle, il tenait sa langue bien mieux que face à son frère. Il se montrait moins virulent. Il essayait en tout cas. Même si l'expression crispé de son visage dévoilait assez bien ce qu'il ressentait au fond de lui. Il n'avait sans doute pas le droit d'en vouloir à cette gamine. Il n'était pas idiot. Il savait qu'elle ne méritait pas qu'il réagisse ainsi et qu'elle n'y était pour rien dans tout ça. Mais comme pour Fu Hai, il avait l'impression d'avoir devant lui une voleuse. Jiao Li avait eu tout ce dont il avait manqué au courant de sa vie. Quelque chose de précieux que l'argent et le luxe ne pouvaient pas remplacer. Alors qu'il croisait une nouvelle fois son regard, Ethan fronça les sourcils d'incompréhension. Elle lui tenait tête et ne paraissait pas effrayé. Mais surtout, elle ne l'observait pas avec le même mépris que Fu Hai. Il s'attendait pourtant à ce qu'elle le déteste au moins tout autant. « Parce que débarquer comme ça juste pour me demander ma moelle osseuse c'est mieux ? Vous n'avez pas un peu l'impression de vous foutre de ma gueule tous les deux ? » Ethan était étrangement calme. Lui qui perdait en temps normal son calme dès qu'on le contrariait ne levait même pas la voix. « Oh hourra, maman s'est rendue compte qu'elle avait oublié quelque chose en arrivant en Chine, coup de chance, il peut nous être utile finalement. » Cela ne l'empêchait pas d'être ironique et sarcastique. Le meilleur moyen de préserver ses sentiments et d'établir de la distance entre eux. Le gouffre du sarcasme brouillait toujours la communication, Ethan aimait se cacher tout au fond.

Mais alors qu'il s'attendait à la voir défendre leur génitrice, il découvrit pour la première fois qu'on ne le défiait pas. Jiao Li ne se tenait pas contre lui. Elle n'était pas de son côté non plus mais ne le considérait pas comme le méchant de l'histoire, ou l'erreur dans leur tableau de petite famille parfaite. Malheureusement, il était plus facile pour Ethan de camper sur ses positions que de montrer l'élan d'empathie qui l'envahissait. « Et tu crois que je peux vous regarder dans les yeux ? Toi ou Fu Hai ? »

Bien sur qu'elle ne voulait pas voir son frère clamser. Évidemment qu'ils tentaient le tout pour le tout. Ethan était comme leur dernier carte dans ce jeu d'échec morbide. Mais se résoudre à les aider revenait pour lui à accepter la trahison de sa mère. Il voyait son regard humide et Ethan n'y était pas aussi insensible qu'il l'aurait souhaité. Mais il ne souhaitait pas lui ouvrir la porte de sa forteresse, c'était hors de question. Il colmatait les failles qu'elle parvenait à créer juste en le regardant dans les yeux comme ça. Et ça l'énervait. « Alors quoi ? Le deal c'est que je lui sauve la vie pour que vous puissiez retourner chez vous et retrouver votre petite vie de famille parfaite ? C'est trop facile ça. » Cette fois, il avait haussé le ton et presque crié. « Je n'ai pas pitié de vous. Tout comme vous n'en avez pas pour moi. Vous êtes juste là par égoïsme. » Et c'était par égoïsme aussi qu'il refusait d'entendre ce qu'elle avait à lui dire. « Tu crois pas que ta mère avait une très bonne raison de ne pas te parler de moi, ou de mon père, ou de son passé ? Tu ne penses pas que si elle est partie c'était pour le bien de ton frère ? Je suis certain qu'elle vous a supplié de rester, de ne pas me rencontrer. Et elle pense peut être que je suis comme lui. Elle a raison d'ailleurs. Nos vies n'auraient jamais dû se croiser ! » Jamais au grand jamais, ils n'auraient dû se connaître ou se parler. Ils étaient sensé continuer à vivre chacun de leur côté. Et éventuellement, s'il avait croisé Fu Hai au détour d'un défilé, il serait passé à côté de lui sans le regarder. À présent, tout était si différent.

Anonymous
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Ce message a été posté Jeu 7 Avr - 19:09
Plus ses réactions se dégradaient, plus je me demandais quel genre d’échange il avait eu avec Fu Hai. Ce dernier avait voulu faire les choses dans son coin, sans me faire part de bien des détails. Et, même si je me trouvais à présent au Japon, les discussions à ce sujet n’étaient pas faciles. Ainsi, j’étais curieuse. Craintive aussi de savoir de quelle façon le sujet avait pu être abordé pour qu’Ethan le prenne aussi mal. Je comprenais sans difficulté le fait qu’il déborde de rancœur quant à l’apparition de son cadet, et à présent de moi, lui qui avait grandi sans sa mère. Toutefois, je me demandais sincèrement ce qui avait pu le pousser à être autant coléreux sur le sujet… Je savais que j’en saurais plus un jour, de sa bouche ou de celle de Fu Hai. L’un des deux m’expliquerait plus amplement leurs précédents échanges, j’en étais certaine. Mais, ce n’était pas pour tout de suite. Là n’était pas le bon moment.

« Je ne suis pas sure que t’en prendre à moi pour ce que Fu Hai a fait ou dit est la meilleure des choses. Si tu crois que je suis venue ici simplement pour une question de don, et rien d’autre, tu te trompes royalement. »

C’était la vérité. Je voulais faire sa connaissance ; c’était la moindre des choses. Je voulais apprendre à le connaitre, savoir ses goûts, ses manies, quelle vie il avait pu avoir. C’était sans doute très naïf de ma part d’avoir pu penser que le retrouver se passerait sans mal… Toutefois, je m’accrochais à l’idée que ce n’était pas impossible. Je ne pourrais effacer sa rancœur, car lui seul en serait capable, mais, peut-être qu’il me serait possible de rattraper les quelques mauvais départs de mon aîné pour le calmer un peu.

« Non. Je ne te demande pas de ne rien ressentir, d’effacer tous ces mauvais souvenirs d’un revers de la main. Je sais bien que c’est impossible. Mais, ne va pas croire que cela est simple pour nous aussi. »

La situation s’envenimait doucement. Alors que je campais sur mon calme, je sentais qu’Ethan voguait sur une toute autre vague. Il n’était pas à blâmer. Je le laissais faire, en répondant d’une voix posée pour empêcher que la situation empire. Sa voix s’éleva alors, m’arrachant un soubresaut. Inconsciemment, mes doigts s’étaient crispés sur le rebord de la couverture de mon ouvrage, que je cornais légèrement à présent. Ses paroles étaient terribles. J’avais une certaine difficulté à comprendre pourquoi il crachait là tant de haine… Sans doute parce que me mettre entièrement à sa place m’était impossible. Je m’étais sentie trahie lorsque j’avais découvert la vérité, mais cela n’était sans aucun doute pas comparable avec ce qu’il devait ressentir lui, et ce, depuis des années.

« Arrête, et écoute-toi parler un peu ! »

Ma voix était beaucoup plus sèche cette fois-ci. Je ne pouvais en entendre d’avantage. C’était dur, trop dur. Non pas parce qu’il disait des ignominies, mais parce que ma compassion à son égard était trop grande pour que je me taise, et tourne les talons sans rien ajouter.

« L’égoïste dans l’histoire est cette femme, et personne d’autre. Il est hors de question que je sois mise dans le même sac qu’elle. Rien ne sera plus jamais comme avant. »

Je lâchais un rire, léger et un peu nerveux avant de reprendre.

« Ce qu’elle a fait est ignoble, et qu’importe les excuses ou autres supplications qu’elle aurait pu avoir face à la situation, cela n’a aucune importance. Tout ce qui m’importe en ce moment est simple : j’ai un second frère. »

Je le regardais, laissant couler de longues secondes de silence sans le lâcher d’un cil. J’entrepris de ranger mon livre dans mon sac à dos pastel. D’un geste lent je replaçais celui-ci sur mes épaules, avant de reprendre parole calmement.

« J’aurais aimé que la vérité soit découverte bien plus tôt, et, d’une autre façon aussi. J’aurais aimé grandir avec deux frères. Traite-moi d’idiote. Sois en colère si tu le veux mais, je suis ravie d’avoir pu te rencontrer Ethan. C’est la vérité. »

Je ne pus m’empêcher d’esquisser un léger sourire à son égard. Je voulais tant avoir une ouverture, et pourtant, je savais aussi qu’insister ne servirait à rien. Toutefois, je tiendrais bon. Je le connaissais à présent. Je pourrais le revoir, même si son désir le plus profond était de nous éloigner. J’étais plutôt imposante comme petite sœur, il le saurait bien assez tôt.

Anonymous
Invité
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Ce message a été posté Sam 9 Avr - 20:42
Ce qui ennuyait Ethan dans cette histoire relevait une fois de plus du jugement que l'on portait sur lui. Dans les cas possibles, on le mettrait à part. La situation présente le plaçait dans le rôle du méchant, de l'égoïste mais possédait le mérite de s'accorder avec l'avis général. Alors que s'il avait accepté dès le départ, on aurait fait de lui la pauvre petite chose abandonnée par sa mère, le laissé pour compte sur lequel on s’apitoie ou au pire il serait devenu une sorte de médicament ambulant. Et ce qui l'énervait le plus, c'était la façon dont Fu Hai et Jiao Li débarquaient dans sa vie sans avoir réfléchi aux conséquences ni à ce qu'il pourrait ressentir. Ils ne semblaient pas avoir considéré un seul instant les sentiments de leur aîné ni ses volontés. Peut être aurait-il préféré ne jamais découvrir leurs existences ? Avaient-ils pensé à ça ? Plutôt que de venir bouleverser son quotidien, ne s'étaient-ils pas imaginé qu'il aurait souhaité continuer sa route sans qu'on vienne lui mettre des bâtons dans les roues ? Mais là où Fu Hai avait merdé en balançant clairement au visage d'Ethan qui ne le voyait que comme le monstre présenté par la presse, Jiao Li s'avançait sur un autre terrain. Par réflexe et à la recherche d'une façon de fuir, il esquissa un mouvement de recul. Si elle attendait plus qu'un don, de quoi s'agissait-il exactement ? Pour Ethan, il ne pouvait y avoir qu'une seule chose. Depuis son plus jeune âge, on ne s'intéressait à lui que pour ça et il avait l'habitude.

« Si c'est de l'argent, j'ai déjà proposé à ton frère. Je peux pas faire plus. » Il ne comprenait pas où souhaitait en venir sa cadette. Il n'imaginait pas qu'on puisse désirer apprendre à le connaître. Ces gens là n'existaient pas dans sa vie. On ne se préoccupait pas de lui, de qui il était ou de ce qu'il ressentait.

Jiao Li essayait de le tempérer. Elle gardait son calme autant que possible face à un Beckford sur le point d'exploser. Le sang chaud ? Il le tenait de son père. Fu Hai réagissait de la même manière. Il avait eu tout le loisir d'observer ce phénomène lors de leur entrevue. Ils se ressemblaient bien plus qu'il ne l'aurait souhaité. Mais parce que Jiao Li ne lui renvoyait pas la même image, il parvenait bizarrement à se contenir un peu. Oui, il bouillonnait à l'intérieur mais non, il ne pouvait pas lever la voix sur elle. Quelque chose le retenait. Une main invisible lui tenait le bras et une petite voix lui chuchotait que cette gamine n'y était pour rien, qu'elle ne méritait pas qu'il s'acharne sur elle.

Il sursauta néanmoins quand elle le coupa dans sa lancée et referma la bouche, enfin prêt à l'écouter, à l'entendre. Pour la première fois, on se plaçait de son côté, on se mettait à sa place. C'était presque comme si Jiao Li prenait sa défense. En vérité, elle énonçait juste les faits et semblait partager son point de vue ce qui l'étonnait. Elle voulait sauver Fu Hai, c'était certain. Mais en plus de ça, elle avait eu envie de rencontrer son deuxième frère. Sans qu'il le réalise, un cadenas sauta au plus profond de son âme et cela le libéra d'un poids pour aussitôt le charger d'un autre. Si elle le connaissait, si elle tendait un peu l'oreille, elle ne voudrait pas d'un frère comme lui. « Crois-moi, ce que vous avez, Fu Hai et toi, vaut bien mieux que ce que je possède. Ta mère a fait le bon choix. Elle voulait juste vous protéger. Me connaître ne vous aurait rien apporté et je préfère que ça reste ainsi. » Il secoua la tête, presque désolé de ce qu'il lui disait alors qu'il sentait que cette petite débordait de sentiments sincères à son égard. Mais c'était plus fort que lui, il préférait repousser les gens. Il n'arrivait pas à les laisser s'approcher. « Et ça ne veut pas dire que je ne la déteste pas ou que je ne vous déteste pas. Juste que tu n'as pas à regretter de ne pas m'avoir à tes côtés. Je ne suis pas quelqu'un de bien. » Il haussa les épaules et baissa alors les yeux vers le sol, ne se sentant plus vraiment capable de soutenir le regard si intense de sa petite sœur.

« Fu Hai ne me veut pas dans sa vie et il sait pourquoi. Tu devrais l'écouter. » Il n'aimait pas donner raison à ce morveux mais si ça pouvait convaincre Jiao Li de garder ses distances alors pourquoi pas. « Et moi, je ne veux pas faire partie de la votre. Que Fu Hai soit mon frère ou pas. Qu'il soit en danger de mort ou pas. Que nous partagions tous les trois la même mère ne change rien. Je ne suis rien pour vous et vous n'êtes rien pour moi. Tu comprends ? » Ethan parlait sur un ton calme. Il essayait lui-même de se convaincre de ce qu'il disait. Mais surtout, il ne se rendait pas compte que ses paroles pouvaient être blessantes alors même que les prononcer le heurtait lui même.

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Ce message a été posté Lun 11 Avr - 8:50
De l’argent ? Venait-il réellement de proposer de l’argent ? Je sentais ma main se crisper contre ma veste, en saisir le pan si fortement que mes doigts auraient pu le traverser. Une façon comme une autre d’empêcher ma main de voler jusqu’à lui pour gifler sa joue. A dire de pareilles choses, au final, il ne méritait que guère mieux. Peut-être était-ce pour cela que sa rencontre avec Fu Hai s’était mal terminée ? Voire, même mal commencée d’ailleurs. J’étais une jeune fille impulsive et caractérielle, mais, j’avais la chance de réfléchir un peu plus avant d’agir. Alors, je ravalais mon envie. J’étais blessée, mais n’en ferais rien. J’attendrais que notre intermède se termine et irais dépenser ma colère en rentrant ce soir, pas avant. Ce moment entre nous était si précieux, le gâcher par un simple geste brusque et irréfléchi n’arrangerait aucunement les choses. Alors, je contenais le ton de ma voix du mieux possible.

« Je vais faire comme si je n’avais rien entendu, c’est préférable. »

Il disait ne pas avoir pitié, mais, au final il agissait comme si c’était le contraire qu’il pensait. J’avais soudainement l’impression d’être regardée de haut, et, c’était un sentiment très désagréable. Un sentiment qui ramenait en moi un bon nombre de souvenirs que j’aurais préféré oublier. Nous ne croulions pas sur l’or ; la preuve principale en étant que j’étais au Japon grâce aux bienfaits d’une bourse. Toutefois, je n’enviais pas ceux qui en avaient, tout comme je n’enviais pas cette pratique de penser que tout pouvait s’arranger, s’effacer avec un simple chèque bien rempli. C’était idiot.
Je l’écoutais, sentant une douleur pointer dans ma poitrine alors qu’il sous-entendait des détails à son sujet. Je ne savais pas vraiment s’il espérait me faire baisser les bras en disant tout cela. Ces dires pouvaient-ils réellement fonctionner ? sur qui que ce soit ? Ou alors, était-ce moi qui étais bien trop têtue et pas assez peureuse pour tourner les talons ? Pour le moment, je n’en savais rien. Alors, je me contentais d’écouter en cherchant mes mots pour ma future réponse. Etait-il un homme si terrible que cela ? Ou bien, s’était-il persuadé qu’il en était un ?

« Je serai la seule juge de cela. Tu te dis mauvais mais, il y a quelques minutes j’ai vu tout le contraire. Alors, laisse-moi juger par moi-même. »

C’était la vérité. S’il n’avait pas une once de bonté en lui, alors, il m’aurait laissé dans le pétrin sans prendre la peine de jeter ne serait-ce qu’un seul regard en ma direction. Pourtant, il avait bougé. Il était venue vers moi. « Fu Hai ne me veut pas dans sa vie et il sait pourquoi. Tu devrais l’écouter. » Je fronçais les sourcils, dubitative. Il n’avait pas dit grand-chose à propos d’Ethan. Le fait qu’il soit peu fréquentable était-elle une des raisons ? A dire vrai, je n’en avais aucune idée. Toutefois, je n’en avais étrangement que très peu à faire. Ce n’était pas dans mes habitudes ; Fu Hai était une personne que j’écoutais avec une grande attention, et que je respectais grandement. Cependant, avec la situation dans laquelle nous nous trouvions tous les trois actuellement je laissais légèrement de côté son image rassurante d’aîné pour imposer mon point de vue.

« Je comprends. Mais, laisse de côté cette histoire un instant, veux-tu ? Oublions cette soi-disant mère pour le moment. Evitons de nommer Fu Hai, et discutons… tout simplement. »

Je ne voulais bien évidemment pas que le sujet soit effacé à jamais, mais, je sentais bien que nous n’avancerions pas en continuant ainsi. Alors, j’esquissais un sourire à son égard avant de reprendre.

« Je suis ma propre personne. J’écoute mon frère, c’est vrai. Mais, j’ai toujours appris à me faire mon propre avis sur les situations. Peut-être que nous ne serons jamais une famille, c’est vrai. Peut-être que tu n’agiras jamais en notre faveur, soit. Mais je ne suis ni ma mère, ni mon frère. Quoi que les gens crient à ton sujet, ou quoi que tu penses sur ton propre comportement, je resterai présente pour tisser mon opinion sur tout ça. »

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Ce message a été posté Mar 12 Avr - 13:39
Ethan leva les yeux au ciel presque exaspéré de ne pas réussir à la convaincre. Certes, il venait très probablement de lui éviter des ennuis mais il n'intervenait jamais en temps normal. Il s'agissait d'une exception. Il atteignait un point où il aurait préféré l'ignorer et continuer sa route. Il pensait réellement qu'elle ne méritait pas un frère comme lui et surtout qu'elle se fourvoyait en songeant qu'il n'était pas aussi mauvais qu'il le disait. Ethan avait l'habitude d'entendre les gens le dénigrer et lui donner cette image de bad boy. Depuis son adolescence les médias s'arrachaient les images de sa débauche. On murmurait un tas de choses à son sujet et forcément une partie renfermait la vérité. Son casier judiciaire n'était pas vierge. Il avait passé un certain temps en cure de désintoxication. Et oui, on le qualifiait à juste titre de mec instable. Il ne comprenait pas Jiao Li qui refusait de se ranger du même côté que les autres. Il fallait qu'elle accepte la réalité ou bien elle serait vite déçue.

Et bien sur, il choisissait quelque part de la décevoir. Il espérait ainsi la repousser. Il n'était pas prêt à lui laisser une place dans sa vie. Il ignorait tout du concept de 'famille' et ne possédait pas les épaules pour assumer ce rôle auprès de Jiao Li. « Je n'ai pas pour habitude de me mêler de ce qui me regarde pas. Je me fiche des autres. C'était une... exception ? » Dans le fond, Ethan avait fini par embrasser le mauvais rôle qu'on souhaitait lui donner. Il répondait aux attentes des mauvaises langues en se comportant en prince pourri gâté.

Quand il regardait Jiao Li, comme Fu Hai, d'une certaine façon il voyait aussi une voleuse. Pourtant, elle ne lui avait rien pris. Elle était totalement extérieure à toute cette histoire. Elle n'aurait jamais eu à subir ce qu'il avait subi. Peut être que c'était pour ça qu'inconsciemment il lui en voulait. En plus d'avoir grandi auprès de sa mère, la même personne qui l'avait abandonné aux mains du monstre qu'était son paternel, Jiao Li avait eu la chance d'être aimée. Mais quoi qu'il dise, Jiao Li ne lâchait pas l'affaire. Elle s'accrochait fermement à son idée et à sa volonté d'apprendre à le connaître. Même s'il refuserait de l'admettre, cela touchait Ethan et le chamboulait un peu. Mais pour le bien de la demoiselle, il ne pouvait pas laisser ses sentiments l'affecter. Avoir un lien avec lui ne lui apporterait rien de bon. « Je crois que tu ne comprends pas. Je ne m'intéresse pas à ce que tu veux. Je n'ai pas l'intention de te laisser mettre ne serait-ce qu'un seul pied dans ma vie. Je n'ai pas envie de te connaître. Est-ce que c'est clair ? » Il se surprenait à réussir à autant garder son calme. Peut être qu'il n'arrivait pas à lever la voix sur elle parce qu'elle ressemblait trop à leur mère ? En tout cas, Jiao Li le désarmait. Il osait espérer qu'elle ne l'avait pas remarqué.

Une goutte s'écrasa alors sur son nez et Ethan leva les yeux vers le ciel devenu gris. Il ne manquait plus que ça. Il pensait que ça ne serait qu'une petite averse mais en quelques secondes à peine un torrent se déversa sur eux. Sans réfléchir, l'anglais retira la veste de son costard et la plaça au-dessus de sa tête ainsi que celle de Jiao Li. Le bras autour de ses épaules, il l'entraîna jusqu'à un petit préau en courant.Une fois à l'abri, il lui abandonna sa veste pour lui tenir chaud et croisa les bras sur sa poitrine. « Ne te fais pas d'idée. » Juste parce qu'il venait d'agir une nouvelle fois pour la 'protéger' ne signifiait pas qu'il avait changé d'avis. Ethan était du genre à camper sur ses décisions. En particulier lorsqu'il s'agissait de mettre des barrières entre lui et le reste du monde.

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Ce message a été posté Mar 12 Avr - 15:51
Les relations humaines n’étaient pas forcément mon fort, et je me surprenais presque à tenir autant le coup face à un Ethan qui campait sur ses positions. Il semblait être aussi têtu que moi. Il pouvait nier autant qu’il le voulait notre lien du sang, il ne pourrait nier que nos deux caractères se rejoignaient parfois en quelques points. « C’était une… exception ? » Ah oui ? Une exception ? J’arquais légèrement un sourcil à l’entente de ces mots. Je voulais bien le croire, toutefois je ne pouvais m’empêcher d’être légèrement dubitative. Mais, au lieu de douter haut et fort de ses paroles et de risquer de le relancer sur la piètre opinion qu’il portait sur sa personne, je contournais le sujet.

« Soit. Si tu le dis. »

J’haussais très légèrement les épaules pour allier geste et parole, montrant mon peu de conviction sans pour autant en rajouter une couche. Je commençais à comprendre qu’entreprendre de longues conversations pour le faire changer d’avis ne serait pas une mince affaire. Etait-ce pareil pour moi ? Lorsque je me décidais sur quelque chose et que je ne voulais pas changer ma façon de voir les choses ? C’était étrangement épuisant, je ne l’aurais pas cru ! Peut-être que cela me ferait réfléchir à mon comportement lors de mes prochains débats sur un quelconque sujet… Ou pas. J’y penserais plus tard.
J’avais fini par lui dire clairement que je prendrais tout le temps nécessaire pour faire sa connaissance, qu’il le veuille ou non d’ailleurs. J’essayais, presque désespérément, de me faire comprendre. Une partie de moi me criait que c’était vain, et, une autre partie remarquait que son ton s’était calmé, que ses paroles étaient – bien que toujours distantes – bien moins dures. S’en rendait-il compte seulement ? Ou bien, était-ce juste qu’il n’en pouvait plus d’entretenir cette conversation sans fin avec moi ? L’un comme l’autre, j’espérais que cette once d’évolution n’était pas le fruit de mon imagination.

« C’est très clair. Mais… je crois que c’est trop tard. »

Je le regardais, décrochant un petit sourire en coin innocent. Même si au plus profond de lui il voulait faire en sorte d’oublier cette journée, d’oublier le simple fait d’avoir croisé ma route, je doutais fortement qu’il en soit capable. Plus quelqu’un souhaite oublier quelque chose, et moins il y parvient.
Le temps prit soudainement un virage rapide. Je n’avais même pas remarqué l’assombrissement du ciel. Ainsi, je fus surprise de sentir les gouttes d’eau effleurer ma peau. Je suivais le regard d’Ethan, alors que celui-ci leva les yeux au ciel ; la pluie s’accéléra rapidement. D’un simple réflexe je baissais la tête, portant une main en visière au-dessus de ma frange pour protéger mon regard des gouttes violentes. Je n’eus même pas à penser à un refuge, car bien vite Ethan nous abrita tous les deux sous sa veste. Il me guida jusqu’à un préau, et mon regard se posa furtivement sur sa main posée sur mon épaule. Ce même geste doux qu’il avait déjà eu de longues minutes auparavant. Sa veste laissée sur mes épaules, j’en saisis les revers pour la resserrer délicatement contre moi. « Ne te fais pas d’idée » disait-il en croisant les bras. J’esquissais un sourire, relevant les yeux vers lui.

« Oh, bien sûr que non. Ce n’est qu’une exception après tout. »

Je laissais échapper un petit rire, que le vacarme de la pluie n’avait peine à couvrir. Puis, je tendais une main à la limite de l’abri, laissant la pluie me la tremper sans en avoir qu’à faire.

« J’espère pour toi que tu ne crois pas au diction disant « jamais deux sans trois » sinon, nos chemins seront obligés de se recroiser. »

Je baissais ma main, laissant de fines gouttes perler de mes doigts sans en porter attention. Puis, je me tournais pour lui faire face, un sourire toujours peint sur le visage. La malice digne de toute petite sœur de ce nom pétillant dans mes yeux.

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Ce message a été posté Mer 13 Avr - 11:47
Visiblement, ils partageaient tous les trois l'incroyable qualité d'être borné. Ils campaient sur leurs positions sans jamais lâcher le morceau. Dans le fond, cela ennuyait Ethan de trouver des points communs avec eux. Cela rendait comme plus difficile de les rejeter et lui imposait d'accepter la réalité ce dont il n'avait vraiment pas envie. Il pensait avant qu'il devait son mauvais caractère et tout ce qui s'y rapportait à son père mais plus il échangeait avec Jiao Li, plus il se disait que le fait d'être aussi têtu venait peut être de leur mère. Il ne se souvenait pas suffisamment d'elle pour le confirmer. Il ne gardait en mémoire que le son de ses sanglots et la peur qu'il lisait de manière constante dans ses yeux. Il n'arrivait pas à se rappeler de son caractère. Il peinait déjà assez à garder en tête les traits de son visage. D'elle, il ne possédait qu'une seule photographie. Celle qu'il traînait avec lui depuis son départ. Petit, il s'endormait même en la serrant contre son cœur pour y imprimer son image. Si bien que sans l'identité de Jiao Li, il n'aurait probablement jamais pu deviner à qui elle ressemblait.

Le sourire de Jiao Li le désarmait à cause de tout ça. Cela devenait de plus en plus compliqué de mettre des barrières entre eux. Peut être aussi parce qu'elle ne s'en préoccupait et qu'à chaque fois qu'elle tombait face à l'une d'elles, elle l'escaladait sans crainte. Mais Ethan avait un milliard de raisons de ne pas vouloir d'eux dans sa vie. Du moins, il en était persuadé.
Et elle marquait un point. Agacé, Ethan tourna la tête pour ne plus supporter cette malice qu'elle dégageait. Il avait conscience qu'il ne pouvait plus revenir en arrière. Ils venaient de tout chambouler dans son quotidien et à moins d'une baguette magique rien ne changerait ça.

A l'abri du temps capricieux, l'anglais regardait droit devant lui. Il était surpris par sa propre attitude. En fait, il n'avait pas réfléchi avant d'agir. Un espèce d'automatisme s'était déclenché. Qu'elle se moque de lui l'amusait un peu. Il essayait de ne pas lui montrer en cachant ses fossettes de sa vue. Elle ne manquait pas de cran. Si seulement elle le connaissait, elle n'oserait sans doute pas se comporter ainsi. « La dernière exception. Il n'y aura plus d'occasion. Je n'ai pas l'intention de te revoir. » Il essayait encore de la repousser mais réalisait peu à peu que ça ne servait à rien.

« Je ne crois en rien. » Il haussa les épaules et posa enfin ses yeux sur elle. « Cela évite bien des déceptions. » Voyait-elle où il voulait en venir ? Par là, il tentait de lui faire comprendre qu'il n'avait pas envie de croire en elle non plus. Pas envie de lui faire confiance. Pas envie de lui laisser de la place à ses côtés. Car qu'adviendrait-il de lui si une fois de plus on l'abandonnait ? Il pourrait dire qu'il était habitué mais en vérité se voir destituer d'une personne précieuse à son cœur représentait une douleur si forte que probablement aucun être humain ne le supportait.

Poussant un long soupir et frissonnant à cause de l'humidité, il serra un peu plus ses bras pour essayer de garder le plus de chaleur possible. Il regardait le ciel avec l'espoir que l'averse se termine très vite. « Au fait, tu as quel âge ? » Quoi ? Oui, il avait dit qu'il ne voulait rien savoir mais en même temps demander son âge ne signifiait pas grand chose. Il ne faisait qu'assouvir une partie de sa curiosité. Soudain, autre chose lui traversa l'esprit. Comment allait-elle rentrer ? Oh non, voilà qu'il s'inquiétait pour elle. Il n'arrivait pas à le croire. Lui qui ne se souciait normalement de personne se faisait du mouron pour une gamine dont il ignorait tout. « Tu habites loin ? Tu... vis avec Fu Hai ? » Il se mordit la lèvre conscient de son erreur. Montrer son intérêt n'était pas une bonne chose et qu'il se préoccupe d'elle représentait un bien mauvais signe.

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Ce message a été posté Jeu 14 Avr - 10:29
Cela, je l’avais bien compris ; qu’il ne voulait pas me revoir. Il y avait de grandes chances pour que cela se passe ainsi. De grandes chances qu’après cette après-midi pluvieuse, nos chemins se séparent sans se recroiser. Jamais. La capitale nipponne était tellement grande et bondée de monde, que se croiser, même par le plus grand des hasards, était presque impossible. Presque, bien évidemment. Au fond de moi, je cultivais cet espoir que je le recroiserai sans avoir à chercher. Je laisserai passer du temps avant d’aller à sa rencontre une nouvelle fois. Je pouvais me fondre dans la masse, mais Ethan en était incapable de par son statut… Le retrouver serait bien simple.

« Parfois, le hasard aime se jouer de la vie des gens. »

Dis-je simplement, presque plus pour moi que pour lui. « Je ne crois en rien. » Je croisais son regard, à l’entente de ces mots. C’était une bien triste phrase à entendre, et sans doute une bien triste phrase à prononcer également. Je ne le prenais malgré tout pas pour moi ; nous avions eu des vies si différentes, mais s’enfermer dans une certaine solitude, bon moyen de ne pas souffrir, ne m’était pas inconnu. N’étais-je pas la première à m’être murée dans mes études, à lire des bouquins à longueur de journée pour ne pas avoir affaire aux commentaires des autres ? Nous agissions tous deux différemment, mais, l’idée restait la même.

« Je pense que même en disant ne croire en rien, inconsciemment, on s’accroche toujours à quelque chose. Se l’avouer est juste plus difficile que de l’ignorer. »

C’était ainsi que beaucoup d’entre nous fonctionnions. C’était ainsi que je pensais en tout cas. Je ne savais pas vraiment si je faisais entièrement partie de ces gens qui se murent dans l’ignorance d’une situation ou pas. Je ne m’étais jamais réellement posée la question. J’aimais quand les problèmes étaient réglés clairement, mais, quand la crainte est trop forte… L’histoire est bien différente.
Un léger silence s’installa entre nous, et je reportais mon attention sur la pluie diluvienne qui se déversait devant nous. C’était si paisible. J’appréciais beaucoup la pluie. Je la trouvais calmante, et je me surprenais à me perdre dans mes pensées à l’observer ainsi. Alors, Ethan reprit parole et j’ouvris de grands yeux ronds en entendant sa question. Pour quelqu’un qui n’avait cesse de me dire qu’il ne s’intéresserait jamais à moi, ni à rien d’autre concernant la famille She de près ou de loin, il venait d’engager un sujet bien étrange ! J’esquissais un sourire, ne pouvant cacher mon contentement.

« J’ai dix-huit ans. Je vis avec Fu Hai, à Shibuya, le weekend surtout, sinon je suis au dortoir de l’école. »

C’était encore très récent. J’aurais préféré vivre tous les jours sous le même toit que mon aîné, mais, j’avais fini par me dire que ce n’était pas la meilleure des solutions. Je ne savais pas encore si j’arriverais à me faire à la vie en communauté. Je savais qu’il me faudrait faire des efforts, mais j’avais malgré tout bon espoir que cela se passe au mieux.

« C’est plus pratique ainsi. A vrai dire, j’ai débarqué sans le prévenir… mon arrivée a dû chambouler son quotidien. »

Je me revoyais sonnant à sa porte, valises sous le bras et large sourire. Cela avait été une véritable épopée que de venir jusque-là.

« Et toi ? Vis-tu tout seul dans un grand appartement ? »

C’était ainsi que je l’imaginais en tout cas. Il ne m’avait pas renvoyé l’image d’un homme qui apprécie être entouré, et, étant donné sa situation il devait vivre dans un lieu faisant bien plus que cinq ou six tatamis.

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Ce message a été posté Ven 15 Avr - 14:38
Le hasard se foutait bien de sa gueule ces derniers temps alors. Il ramenait sur sa route non seulement un frère caché mais aussi une petite sœur. Il se souvenait encore du casting où Fu Hai avait été sélectionné. Quand il l'avait vu, Ethan avait tout de suite ressenti un truc particulier et contre l'avis de certains qui jugeaient le chinois trop jeune l'avait choisi. De la même manière, cette force étrange qu'on aimait nommer hasard ou destin, l'avait amené à croiser la route de Jiao Li et à agir d'une certaine façon. On le tirait hors de ses sentiers battus. On le conduisait pour qu'il sorte de sa zone de confort. Ethan se demandait ce que la vie lui voulait à déposer ces personnes sur sa route. Qu'attendait-on de lui exactement ? Ethan ne savait plus comment réagir. Il avait envie de fuir. Il préférait les rejeter. Il n'aimait pas qu'on s'introduise de la sorte dans son intimité. Il se sentait envahi. Il avait l'impression qu'on attaquait ses remparts qu'il avait mis tant de temps à construire. Car après tout ce qu'il avait déjà subi, cela ne suffisait visiblement pas pour qu'on le laisse tranquille. Une nouvelle fois, on le mettait à l'épreuve. « Je ne suis pas d'accord. Quand on arrête de croire, c'est juste qu'on a été trop déçu. » Il haussa les épaules, conscient que cela ne signifiait sans doute rien pour la demoiselle mais ne réalisant pas qu'il lui dévoilait aussi un peu ses blessures.

S'il cherchait à repousser ces deux jeunes gens, c'était qu'il avait une bonne raison. Il refusait de souffrir une nouvelle fois. Il refusait l'attachement. Il n'avait pas envie de s'investir pour qu'une fois de plus on l'abandonne ou qu'on retourne sa veste juste sous son nez. Ethan ne se sentait pas prêt à prendre ce risque. À chaque fois qu'il l'avait pris, il l'avait payé cher.
Mais en même temps, alors qu'il prétendait ne pas les porter dans son cœur, il ne pouvait s'empêcher de se poser des tas de questions. Une part de lui avait envie de les connaître. Il essayait de la refouler, bien sur, mais c'était difficile. Surtout avec Jiao Li. Parce qu'au milieu de tout ça, elle était la plus innocente de toute. Il avait beau essayé de se convaincre qu'elle était aussi une voleuse, qu'elle avait eu ce qu'il aurait dû avoir, il savait que c'était faux. Contrairement à Fu Hai, Jiao Li avait eu ce qu'elle méritait. Elle n'aurait jamais eu à vivre ce qu'Ethan avait vécu, n'aurait jamais pu prendre sa place ou diviser sa peine. Et parce qu'elle ressemblait tant à leur mère, il n'arrivait pas à rester aussi insensible que face à Fu Hai.

Dix-huit ans, elle était si jeune. Pourquoi était-elle venue ici ? Il ne comprenait pas. Elle partait loin de ce qu'il y avait de plus précieux, de ce qu'il avait toujours désiré mais n'avait jamais connu. À son âge, il entrait tout juste en cure de désintoxication. Le savait-elle ?
Surpris qu'elle lui retourne la question, il s'éclaircit la gorge et s'efforça de continuer à regarder droit devant lui. « Non, euh, je vis avec ma fiancée. » C'était toujours aussi étrange de présenter les choses ainsi. « Mariage arrangé. » Précisa-t-il. Il n'avait pas envie que soudainement Jiao Li l'imagine avec un cœur. Il en était dépourvu, elle devait se faire une raison.

Un nouveau silence. La pluie se calmait peu à peu. Ils allaient bientôt pouvoir reprendre chacun des chemins différents. Peut être était-ce la dernière fois qu'il la croisait ? Au fond, il espérait que ça soit le cas. Il sentait que la revoir l'empêcherait d'établir des barrières entre eux. Dans cet optique, il lui posa la question qui lui brûlait le plus les lèvres. « Pourquoi tu es venue ici ? » Comme avant, il ne la regardait pas. Il fixait un point inexistant droit devant lui. Il était raide sur ses jambes. Les bras bien croisés sur son torse pour retenir les frissons provoqués par l'humidité. Il sentait que rien que la regarder pourrait lui faire baisser sa garde alors il évitait tout contact visuel.

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Ce message a été posté Sam 16 Avr - 10:45
C’était si triste de penser ainsi ; de voir les choses avec tant de négativité, au point même de ne pas être capable de donner sa confiance. J’avais un léger mal à me mettre à sa place pour comprendre la situation, et sa façon de penser. Toutefois, j’imaginais qu’il était tout à fait naturel de vouloir se protéger après une déception trop grande et trop douloureuse. J’avais moi-même préféré quitter l’habitation familiale afin d’éviter de faire face, chaque jour, à une personne qui me rappellerait encore et encore un souvenir, un secret trop longtemps caché et bien trop douloureux à supporter. Malgré cela, j’étais de ces personnes qui voient le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide. J’aimais relativiser, et chercher le bon côté à chaque situation. C’était ainsi que je gardais la tête hors de l’eau.

« Je vois… Mais, je reste certaine qu’il est possible de changer. Il est possible de rencontrer une personne qui fasse changer d’avis, même si cela peut prendre une éternité. »

Nous sommes en constante évolution après tout. Rien n’est acquis. Il suffit de vouloir changer pour que cela se fasse ; même si le processus est en soi long et douloureux. Après, je ne parlais qu’en idéalisant une situation que je n’avais pas vraiment vécu. Je parlais de point de vue par pure théorie. Mon expérience de la vie était encore bien trop maigre pour pouvoir donner de grands conseils ; et, Ethan ne les écouterait sans doute pas, même s’ils étaient les meilleurs au monde.
Non sans me surprendre, je fus ravie qu’il réponde à ma question retournée. J’en apprenais un très léger plus à son sujet, et cela m’apportait un peu de joie ; je ne pouvais ainsi me retenir de sourire doucement à sa réponse. « Mariage arrangé » avait-il ajouté. J’espérais que la jeune femme soit patiente, en vue du caractère d’Ethan. J’aurais aimé faire la remarque à voix haute, mais me résignais à temps. J’étais de ceux qui avaient bien du mal à comprendre le concept si antique du mariage arrangé. C’était comme mettre ses propres enfants dans une petite boite ne représentant plus que de l’argent. C’était penser au profit de son entreprise, à l’image dégagée dans les médias avant même de penser au bonheur de ses enfants… Une bien étrange façon de faire. Une chose révoltante à laquelle j’étais ravie ne jamais avoir affaire à.

« J’espère que vous vous entendez pas trop mal. »

Etait tout ce que je rajoutais finalement. Je ne voulais pas en demander d’avantage, sentant que ce n’était peut-être pas la meilleure des idées. Ma remarque était sincère en tout cas. J’espérais que cette personne, qui qu’elle soit, soit agréable pour contrer les remarques, qui devaient sans doute être cinglantes, du jeune homme. Je me demandais si j’en viendrais à la rencontrer un jour !
Alors que la pluie calmait doucement sa chute, et que le ciel se grisait tranquillement en plus clair, Ethan reprit parole. A sa question, je quittais mon observation du paysage humide pour reporter mon attention sur lui. Je me laissais quelques secondes pour réfléchir, pour chercher mes mots… Car au final, il y avait tant de raisons qu’il était délicat de faire simple.

« Je ne pouvais pas rester là-bas, pas avec elle à mes côtés chaque jour. Et puis, avec Fu Hai au Japon, j’ai pensé que cela pouvait être une bonne idée de partir. »

Oui, j’avais su qu’en arrivant ici je ne serais pas toute seule. C’était la première fois que je partais si loin, et qui plus est : seule. Alors, arriver dans un pays où, certes je parlais la langue, mais en restais malgré tout une étrangère, était plutôt angoissant. Me dire qu’en arrivant ici j’avais un pied à terre où me réfugier était rassurant.

« Et puis, j’ai reçu une bourse pour venir étudier dans une école… Royal, tu connais ? Alors, je suis venue. »

Sans ajouter que, bien évidemment, cela me permettait de garder un œil sur mon aîné dont je ne supportais plus d’être séparée de. Bien sûr, la rencontre avec Ethan m’avait effleuré l’esprit, mais je n’aurais jamais cru pouvoir réaliser ce plan si tôt.

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Ce message a été posté Sam 16 Avr - 16:10
À présent, Ethan fixait ses pieds et se mordait l'intérieur de la joue, une manie lorsque la nervosité le gagnait. Il n'assumait pas cet intérêt qu'il portait pour la jeune fille. Aussi, il refusait de la regarder parce que son visage lui rappelait bien trop celui de leur mère et il sentait son cœur se serrer à chaque fois qu'il y pensait. Mais il n'arrivait pas à s'empêcher d'essayer d'imaginer à quoi aurait pu ressembler sa vie s'il avait grandi à ses côtés. Aurait-il pu être un bon grand frère ? Serait-il plus heureux ? En tout cas, il savait qu'aujourd'hui, tel qu'il était, il n'avait rien à apporter à ses cadets qui mériteraient un aîné plus stable et meilleur. Il ne les rejetait pas par plaisir mais bien parce qu'il trouvait toutes les raisons du monde de le faire. La vengeance, la colère, la déception, le regret mais aussi la sensation de ne pas mériter ce rôle ainsi que la peur de souffrir, d'être abandonné à nouveau, toutes ces choses l'obligeaient à mettre des barrières entre eux. Malheureusement, ces barrières n'étaient pas si solides.
Voilà qu'il posait des questions et qu'il répondait aux siennes. Un premier pas dangereux. Il se promettait néanmoins de ne pas trop creuser. Il jurait aussi que c'était la première et la dernière fois qu'ils se voyaient. De ce fait, il avait envie d'en profiter un peu. Juste le temps d'assouvir un peu sa curiosité. Il eut du mal à retenir un petit sourire à la remarque de Jiao Li. Si elle savait combien il était difficile de cohabiter avec lui. Néanmoins, Uriyel faisait preuve de beaucoup de patience depuis le début et cela commençait à payer. « On a eu des débuts compliqués. » Au fond, il mourrait d'envie de tout lui raconter. Une sensation étrange qu'il n'avait jamais ressenti. Ethan n'éprouvait jamais le besoin de se confier à quiconque. Il ravala donc tout ça et leva les yeux vers le ciel. Leurs chemins allaient bientôt se séparer.

Il l'interrogea donc une dernière fois et prêta un oreille attentive à sa réponse. Il perçut la pointe de rancœur dans sa voix. Jiao Li semblait avoir bien du mal à comprendre sa mère. Au contraire d'Ethan qui, même s'il lui en voulait de l'avoir abandonné, avait bien saisi que c'était pour le mieux. Ainsi, elle s'était construire une vie meilleure ailleurs et avait pu au moins sauvé un de ses enfants des griffes du monstre qu'était son ex-mari. Un jour peut être aura-t-il la force de lui demander pourquoi elle ne l'a pas pris avec lui. Pour l'instant, il n'était pas prêt. « Tu ne dois pas lui en vouloir. Je pense qu'elle a fait ce qu'il y avait de mieux. » Il haussa les épaules pour donner l'impression d'être indifférent à tout ça quand, clairement, il ne l'était pas. « Tu ne le réalises sûrement pas mais je t'assure qu'elle a sauvé ton frère en faisant ça. Elle s'est sauvée elle-même aussi. Et j'espère qu'elle est heureuse maintenant. » Il glissa les mains dans les poches de son pantalon puis baissa les yeux. « Elle a eu raison de partir et elle a bien fait de vous cacher la vérité. Elle voulait juste oublier le reste, ce que je comprends. » Enfin, après tout ce temps, il tourna la tête vers Jiao Li pour la regarder. « Tu ne serais pas là sinon. » Il se pinça les lèvres, cette discussion ravivait des blessures qu'il essayait pourtant d'oublier. Il préférait ne pas continuer sur cette voie, et c'est pourquoi il s’éclaircit la gorge puis se remit à regarder droit devant lui.

Jiao Li guida la conversation sur un autre sujet et Ethan hôcha la tête à sa question. « Ma fiancée y étudie encore. » A l'idée qu'elles puissent se croiser, le cœur de l'héritier se serra un peu. « Et tu étudies quoi ? » Promis, c'était la dernière chose qu'il lui demandait après ça il fallait qu'il retourne derrière ses remparts et vite.

Anonymous
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Ce message a été posté Dim 17 Avr - 11:08
Des débuts difficiles, qu’il disait. D’un côté, sa réponse me semblait tout à fait naturelle. Non pas parce qu’il semblait avoir un caractère un peu trop trempé, quoi que je ne niais aucunement le fait que cela ne devait pas aider dans son relationnel. Mais plutôt parce que c’était un mariage arrangé. Dans mon imaginaire, il était tout bonnement impossible, ou alors vraiment très rare, qu’une telle union commence parfaitement bien. Bien sûr, je n’avais aucune idée de ce que pouvait être une relation amoureuse saine, étant donné que j’étais une éternelle célibataire et que je ne portais que très peu d’intérêt à l’amour. Cependant, je savais que ce n’était pas facile tous les jours ; j’avais bien déjà vu mes parents se disputer çà et là pour des raisons plus ou moins graves. Alors, l’idée de se retrouver, toute la journée durant, et ce, jusqu’au restant de sa vie, avec une personne que nous n’avons pas choisi devait être délicat.

« Tant que cela va en s’arrangeant, c’est le plus important. »

J’espérais en entendre plus, mais me freinais à en demander d’avantage. J’attendrais qu’il m’en dise d’avantage de lui-même. La prochaine fois que nous nous reverrions, peut-être ? Oui, j’avais bien dans l’idée de le revoir. Cela n’avait pas changé. Cette envie s’était peut-être même renforcée, maintenant qu’il posait un peu plus de questions. Il était comme… moins sur la défensive, et, c’était plus qu’agréable. Bien évidemment, je ne m’enthousiasmais pas trop à cette idée, car je savais que cela ne durerait certainement pas bien longtemps. Alors, je décidais de simplement en profiter, sans trop en dire.
Le sujet vira à nouveau sur notre mère, et je ne pouvais empêcher une moue agacée de se peindre sur mon visage à son souvenir. Je l’écoutais, mais ne pouvais que faire « non » de la tête en entendant ses mots. Une certaine émotion monta en moi, et je crispais mes doigts contre le tissu de sa veste, toujours présente sur mes épaules, pour la renier. Ce n’était pas le moment de refaire jaillir cette colère et ce dégoût, alors je fermais simplement les yeux quelques secondes, tandis qu’il continuait ses dires. « Tu ne serais pas là sinon. » J’ouvris les yeux, et croisa son regard. Comme par un réflexe que je n’avais prévu, je fis un pas rapide en sa direction pour poser ma main sur son bras.

« Mais, elle n’aurait jamais dû te laisser derrière. »

Ma voix avait été plus froide qu’escomptée, et alors qu’il s’éclaircit la gorge, je ramenais ma main à moi ; soudain consciente du geste que je venais d’avoir. J’avais toujours été une personne très tactile avec Fu Hai. C’était naturel entre nous de nous prendre dans les bras ; de nombreuses fois j’étais montée sur son dos, ou bien m’étais assise sur ses genoux. Bien sûr, je savais pertinemment que cela ne pouvait être possible avec Ethan mais… sans savoir pourquoi, ma main s’était posée sur lui, avec douceur. C’était étrange. Je ne comprenais pas pourquoi.
J’ouvris de grands yeux, surprise par sa remarque. Soudainement, la curiosité de savoir qui elle pouvait bien être me piqua à nouveau. Si elle étudiait également à cette école, peut-être la croiser ne serait pas si compliqué que cela finalement ?

« L’astronomie. A vrai dire, je ne sais pas encore ce que je veux faire plus tard. Mais, j’étais intriguée par ce sujet alors, je l’ai choisi. »

Choisir un sujet d’étude n’avait pas été une mince affaire. Mes résultats me permettant d’entrer dans beaucoup de sections différentes, j’avais finalement choisi un sujet que je n’avais pratiquement pas étudié auparavant. J’avais sans doute besoin de cette nouveauté pour me faire oublier mes soucis. Un fin rayon de soleil perça au travers des nuages, ce qui attira mon attention. La pluie s’était grandement calmée, et les seules gouttes visibles à présent étaient celles perlant des timides feuillages des arbres. Je retirais alors la veste de mes épaules, la tenant par le col, je la tendis à Ethan avec un sourire.

« Merci pour tout. »

Je ne voulais pas que nos chemins se séparent. J’avais peur de le quitter à présent. Toutefois, je savais aussi que c’était inévitable. Je le reverrai, qu’il le veuille ou non. Nos chemins se recroiseraient, car le lien que nous partagions à présent était bien plus fort qu’il ne le laissait croire.

Anonymous
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Ce message a été posté Lun 18 Avr - 18:35
À Ethan se crispa à ce contact. Ses épaules se raidirent et il esquissa un mouvement sur le côté pour chercher à l'éviter. Après quelques secondes pourtant, il baissa les yeux sur la main de Jiao Li puis les releva à son visage. L'expression qu'il déchiffra le toucha. Il voyait cette colère dans son regard et n'arrivait pas à s'empêcher de trouver ça mignon quelque part. La jeune fille le chamboulait. Elle se retrouvait mêlée à cette affaire sans le mériter. Elle ignorait sûrement tout ce que cela impliquait vraiment. Mais quand il l'observait, la seule chose dont il avait envie était bien de la convaincre de ne pas en vouloir à sa mère, enfin leur mère, il ne savait plus. Il souhaiterait tellement qu'elle comprenne son point de vue, qu'elle accepte son choix. Ethan avait beau détester cette femme, il savait aussi qu'elle méritait le bonheur. Alors même s'il lui en voulait, il avait toujours souhaité qu'elle réussisse à se reconstruire. Qu'au moins un d'eux y parvienne.
L'héritier s'éclaircit la gorge alors qu'il sentait qu'un nœud s'y formait. Il posa ses doigts sur la main de Jiao Li et la retira en douceur. Peut être que ça lui faisait du bien d'entendre ça dans le fond mais il n'attendait rien de sa cadette. Pour la bonne et simple raison qu'il ne comptait pas prendre part à sa vie et qu'il préférait s'éloigner, la laisser avec son quotidien parfait, sa jolie petite famille. « C'est fait. Il est trop tard pour que tu lui en veuilles. Tu ne devrais pas rester fâchée avec elle. Hm ?» L'écouterait-elle ? Il en doutait. Elle n'en avait ni le devoir ni le besoin. Il n'était pas son frère. Pas vraiment tout cas. Il ne voulait pas de ce rôle ou de ces responsabilités. Pas plus qu'il n'avait envie de contrarier ou de bouleverser la nouvelle famille de sa mère. Il n'en faisait pas partie après tout.

Mais ils semblaient partager un trait commun. Aussi têtue que lui, il pouvait sentir qu'elle ne lâcherait pas aussi facilement. C'est pourquoi il choisit de changer de sujet et de ne plus s'aventurer sur ce terrain glissant. Car il était très clair pour lui, c'était la dernière fois qu'ils se parlaient. Les détails qu'elles lui livraient, il les imprimait dans un coin de sa mémoire pour les chérir plus tard. Il hôcha simplement la tête quand elle mentionna ses études en astronomie. Il soupira lorsqu'il constata que la pluie s'était arrêtée et se surprit à penser : 'déjà'. Il récupéra sa veste désormais humide et fit face à nouveau à Jiao Li. « C'est ici que nos chemins se séparent, tu l'as compris j'espère ? » Il lui fallait à présent étouffer sa propre envie d'apprendre à la connaître, effacer son souvenir et remettre des barrières entre eux. « Je ne veux plus te revoir. Et je ne veux plus entendre parler de ton frère non plus. » Il délivrait ses consignes avec l'étrange sentiment de parler à une sourde.

Et alors qu'il allait se retourner pour la planter là, il lui adressa un dernier mot. « Fais attention à toi. » Il ne voulait ni reconnaître qu'il se souciait d'elle ni qu'il était déjà trop tard et que malgré lui, il laissait à Jiao Li une des clés de sa forteresse. Mais cette fois, il ne se retourna pas et s'éloigna d'elle d'un pas qui se devait d'être décidé. La tête remplie d'une multitude de pensées et de sentiments contradictoires.

Anonymous
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Ce message a été posté Mar 19 Avr - 18:36
J’haussais les épaules à sa remarque. Il était plutôt mal placé pour dire ce genre de choses, même si, au final je comprenais parfaitement où il voulait en venir. Bien sûr que cela n’apporterait rien de bon de couper les ponts ainsi avec notre mère. Je le savais pertinemment. Toutefois, là. Maintenant. Tout de suite. Je n’étais pas prête. Le simple souvenir du son de sa voix qui pourtant m’avait rassurée pendant de longues années me mettait en colère. Ce n’était pourtant pas dans mes habitudes d’être colérique, surtout pour aussi longtemps. C’était un sentiment très désagréable. Mais, ce qui l’était encore plus était le sentiment d’injustice qui allait de pair. C’était être en colère pour quelque chose qui est déjà fait, et sur lequel il est impossible de revenir. J’étais frustrée, et dégoutée que la seule femme que j’avais pris en modèle pendant toutes ces années était finalement une femme fragile, qui, sans doute déroutée et effrayée avait fait un sacrifice bien trop énorme… Sacrifice qu’elle avait réussi à cacher trop longtemps. Alors, voilà pourquoi j’haussais simplement les épaules à sa remarque. Il faudrait du temps, tout comme il lui fallait du temps pour accepter cette nouvelle situation dans laquelle nous nous trouvions à présent.

Finalement, nous devions nous quitter. Je gardais un léger sourire accroché à la commissure de mes lèvres, même si au final je n’étais pas du tout ravie de cette séparation. J’osais espérer qu’Ethan, malgré son bel « Je ne veux plus te revoir. Et je ne veux plus entendre parler de ton frère non plus. », avait quand même, au plus profond de son être, envie de recroiser mon chemin. Il était inutile de lui crier haut et fort que je le reverrais. Le débat était terminé pour aujourd’hui. Je nourrirais mon espoir sans lui en faire part. Pas tout de suite. Non, une prochaine fois.

« Rentre bien, et… à bientôt. »

Je me contentais de cela, alors que ses pas l’éloignèrent. Mes yeux mirent un certain temps à se décrocher de sa silhouette, puis, avec une grande inspiration je tournais à mon tour les talons. Je replaçais mon sac pastel sur mes épaules, plus par réflexe que par nécessité et entreprit de sortir du parc. Je ne savais pas encore de quelle façon j’allais aborder cette rencontre avec Fu Hai. Il faudrait que je lui en parle, c’était certain. Mais, il me faudrait bien réfléchir à mes mots tant la rencontre entre les deux jeunes hommes avait été tourmentée. D’un pas décidé, je retournais vers la bouche de métro la plus proche, l’esprit très occupé par toutes ces histoires de famille qui ne faisaient que commencer.


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