─ TELL ME MORE ─
Feat Lee Chaerin (CL)
« j'ai grandi à tokyo, dans une banlieue un peu bruyante mais pas scélérate. j'ai toujours dissimulée, dans n'importe quelle circonstance même quand j'apprenais de manière saugrenue les infidélités de mon père envers ma mère. déjà à cette époque, tout me paraissait théâtrale ; j'étais confronté à un destin déjà écrit, la vie était une tragédie et je m’accommodais bien de cette excuse. enfance trop banale, je n'avais rien d'intéressant à raconter devant la classe quand on me demandait quelle avait été la destination de mes vacances ? (les miennes se résumaient à laisser pendre mes p'tites jambes sur la fenêtre du balcon avec un sorbet au citron dans la bouche.) on ne partait pas vraiment, toute notre vie tournait autour de la petite banlieue. ce lieu où l'intimité et le voyeurisme n'avaient plus de secrets.

j'étais la fille aux converses, cheveux courts, avec la notoriété de ses décolorations et de son style complètement décalé qu'on surnommait la lionne. même à l'école, je feintais en permanence, je détestais les conflits et les formes de jalousies qui tournent aux gamineries. et le seul moyen que je trouvais pour m'exprimer fut à travers les coups. je puisais évidemment la plupart de mes joies dans la musique uniquement. sociable, souriante et fermant la bouche, je pouvais m'adapter aux gens que je croisais sans poser trop de problèmes. alors ouais, j'ai toujours l'air perdue dans une autre planète mais je ne demande rien à personne. je fais ma petite vie. on a beau critiquer les petites banlieues, mais j'ai de bons souvenirs : les soirées assises avec des bières contre le petit muret à s'enfiler un paquet de cigarettes, demander au voisin qui m'avait vu grandir une bouteille de lait pour pouvoir manger mes céréales, des petites choses comme ça.

y'a eu la fois aussi où j'me suis pris la claque sidérale devant les gens du quartier lors de ma première cuite, des choses qui semblent fastidieuses mais uniques. mes parents m'ont éduqué comme ils ont pu, je ne fais honneur à rien, je n'ai pas de titre à sauver. je me suis créée une personnalité ; déjà grâce à l'école, j'étais dans un lieu plutôt ouvert d'esprit. au lycée, je rencontrais un amour inconsidéré pour quelques bouquins conseillés en littérature en plus de la musique. j'ai toujours adoré la nourriture du self, le travail stressant et l'attente des résultats prometteurs. quelque part, j'étais persuadée de trouver une sorte de satisfaction personnelle dans la douleur. avec la drogue, c'était un buffet à volonté, des erreurs de jeunesse en conséquence et je pense qu'à cette époque de ma vie j'étais mal dans ma peau. je pensais être dans l'erreur en permanence, n'assumant pas vraiment mes choix. rien avoir ma réussite scolaire, ça je le devais à ma nature un peu trop perfectionniste et contre l'échec. mais avec du recul maintenant, j'ai l'impression d'être passé à côté de quelque chose. peu de confiance, pas vraiment famille, après le lycée je me suis retrouvé à enchaîner les soirées, sans grande motivation avec la petite bande de gosses qu'on était.

maintenant, j'ai une situation stable dans la capitale. j’entame fièrement ma cinquième année, en jouant souvent le rôle de la nounou pour certains potes toujours sous l'emprise de drogues. on essaye de se rendre service comme à l'époque, et j'peux bien affirmer ma loyauté pour mes potes même si je n'ai pas une grande tendance à me rassurer derrière des bisous ou même des câlins. je n'aime pas vraiment, j'suis plutôt la fille qui va râler et passer un savon, donner des choses peu concrètes sur le fait mais j'serai là. j'ai aussi des projets, comme retourner aux etats unis pour retrouver mon père et ma sœur, mais tout ça me travaille un peu trop. je peux leur en vouloir d'avoir prit les valises pour décoller ailleurs, mais les raisons de leur départ me reste en travers de la gorge. pourtant j'accepte l'argent qu'on me verse, je n'en parle à personne mais voilà je dois arrêter de me plaindre.j'ai beau mûrir, grandir mais cette sensation de manque à ma vie ne cesse de me ronger.  »


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