TENUE ღ Suite à cette perte de mémoire, ce qui n’aurait dû être qu’un mauvais coup s’est avéré beaucoup plus dévastateur. Je ne me souviens pas de celui qui partage ma vie, je pensais qu’après m’être reposé j’aurais pu m’en rappeler et le voir sourire loin de cette peine, ses larmes, cette peur que je lis dans son regard, j’ai beau ne pas savoir je ressens ses émotions et il se transmette en moi comme des échos, une contamination. Dans mes souvenirs je n’ai aimé que des personnes sans que cela ne dur bien longtemps, relation sur relation, je passais plus de temps dans mes occupations qu’à réellement faire attention à mes fréquentations amoureuses, surtout depuis mon accident je n’ai pas vraiment eues d’histoire, pourtant Hyuk est là et de ce que j’ai entendu on vit ensemble et c’est solide... Comment une telle relation peut avoir disparu du jour au lendemain de mes souvenirs ? Je ne comprends pas... Les médecins sont venu me voir, apparemment le coup que j’aurai pris aurait pénalisé une partie du cerveau et l’opération qui a suivi pour soigner l’hémorragie aurait pu être la cause, ça peut être passager comme prendre du temps, mais d’après eux je ne dois pas forcer car si j’ai oublié il y a une raison... Je ne vois aucune raison là-dedans, je veux me souvenir et je dois me souvenir.

Aujourd’hui je sors de l’hôpital après des jours d’examens, je rentre chez Mo... nous, je sais que cela va être bizarre d’être ensemble, mais je me dis que si je dois retrouver la mémoire Ji Hyuk et le seul qui peut m’aider et les endroits visités, notre maison, tout ce qui a un sens dans notre histoire pourra peut-être me revenir comme des flashs et recréer cette partie oubliée. Hyuk m’a emmené des affaires, ses mêmes affaires que je viens de terminer de ranger dans le sac, je dois aller signer les papiers de sortie, je suppose que je vais le croiser en route, je doute qu’il ne vienne pas aujourd’hui, dès que je sors d’ici mon but initial n’est pas d’avancer comme je l’ai toujours fait jusque-là, mais bel et bien de reculer, revenir en arrière pour reconstruire ma vie, notre vie... Mais nous le savons tous les deux, il n’y a aucune garantis et ça pourrait être plus douloureux pour lui que ce qu’il a dû endurer jusqu’ici.

 TENUE ღ Durant ce laps de temps, je n'ai pas été mit de côté. Chaque jour je passais voir Kyann pour m'assurer qu'il aille bien, je lui ramenais de quoi manger comme des fruits principalement même si j'aurai été tenté de lui ramener un taiyaki à la pâte d'haricot rouge mais ce serait forcer sur sa mémoire pour qu'il se rappel simplement d'un truc. Ce fut des journées plutôt calme et silencieuse, sans que je ne cherche à le ménager sur quoi que ce soit, sachant parfaitement qu'il devrait découvrir lui-même les ombres dans sa mémoire pour les dissiper et retrouver la lumière. Le médecin m'a aussi prévenu d'être clément, de ne pas le fatiguer avec tout ça même si c'est important et cruel à la fois. Il m'a parlé des examens, des résultats, du fait que ça pourrait prendre du temps et j'ai espéré qu'il ne dise jamais ce que je ne voulais pas entendre... Par contre, il n'a pas parlé de raison quant à la perte de mémoire, sûrement Kyann est-il le seul au courant pour cela. Finalement, les jours ont défilés bien plus vite que prévu et le dernier fut le plus stressant pour moi. Le retour de Kyann à la maison, là où j'ai dû rester seul pendant un certains temps, sans l'avoir à côté de moi. Manger seul, dormir seul, regarder la télé seul, étudier seul, prendre un bain seul, toute ces choses que j'ai fait tout seul, sans lui. à plusieurs reprises j'ai hésité à appeler Kyota pour en lui parler et surtout, pour avoir de la compagnie dans cette épreuve mais... Je me suis juste refermé en attendant des bons résultats. Qui ne sont pas arrivés malgré tout.

C'est aujourd'hui qu'il sort, j'ai attendu ce jour depuis le départ, depuis toujours même. Je n'ai pas perdu de temps pour quitter la maison, habillé à l'arrache et filant rapidement à l'hôpital pour récupérer mon petit ami. Il le sait, il se doute que je vais venir puisque j'ai été là quasiment tous les jours de la semaine. Puis, c'est la dernière fois que je met les pieds dans ce genre d'endroit que je déteste tant. Les hôpitaux me rappellent trop ma soeur et le fait qu'ils n'ont pas pu la sauver, même si elle était morte bien avant son entrée aux urgences. Je déteste ce lieu, pourtant je suis venu encore et encore pour surveiller ce sale macaque, qu'importe s'il se souvient ou non de moi. Pour ne pas le louper, je reste au rez-de-chaussée proche de l'accueil, là où il devra signer les papiers de sa sortie. Au moins, je ne risque pas de passer à côté de lui ou de le chercher partout. Comme prévu, je le vois s'approcher après quelques minutes d'attentes, un sourire se formant sur mes lèvres. « Tu as l'air d'aller mieux. » Constatais-je d'un rapide coup d'oeil, avant de me décoller du mur pour réduire la distance entre nous. « Tu veux que je t'accompagne pour t'occuper de tes papiers ou tu préfères que je t'attendes là ? » Je préfère lui demander, plutôt qu'il se sente envahi et écrasé par la pression que je pourrais lui mettre à force. Ce n'est pas ma faute, je n'ai pas perdu la mémoire, moi.

 TENUE ღ Je ne dirais pas que la présence de Ji Hyuk m’a été pesante ou encombrante, au contraire je voulais vraiment me souvenir et j’espère à travers ses visites qu’un ou des flashs me reviennent, que je puisse lui sourire et dire que je me rappelle de lui, mais ça ne s’est pas encore produit et aujourd’hui je sors de l’hôpital. Retourner chez moi, chez « nous » est assez étrange, dans mes souvenirs je n’ai qu’une silhouette qui apparaît, mais là je vais être tous les jours avec et vivre ensemble sans que je ne sois le Kyann qu’il a connu, ça sera plus une épreuve pour lui que pour moi qui ne me souviens pas. Je compte sur le retour au quotidien pour y chercher des réponses, mais pour le moment je dois quitter cet endroit, ma tête est soignée et seul ma mémoire est défaillante, tout le reste est comme avant, je devrais pouvoir m’en sortir maintenant. Me rendant à l’accueil pour signer les papiers de sortie je croise Hyuk plus loin, lui souriant simplement en hochant la tête, je vais mieux en effet. Le laissant se rapprocher je regarde si y a du monde au bureau, avant de reposer les yeux sur mon « petit ami ». « Viens, ça ne me dérange pas. » C’est mon copain non ? Je l’ai accepté même sans m’en souvenir, je ne veux pas le blesser alors qu’il est surement inconsciemment la personne que j’ai aimée et que j’aime toujours. Prenant les devants en me dirigeant vers l’endroit en question, je lui fais signe que je dois signer et elle me sort le papier que je dois remplir, lisant rapidement les questions, ça me rappelle lorsque je me suis fait broyer la jambe, mais à cette époque mes parents s’étaient occupés de remplir cette feuille. Le passage à l’âge adulte haha. Signant après avoir tout marqué, je regarde le brun. « On rentre ? » J’attrape mes affaires, un sac sur l’épaule et l’autre tenu dans mes mains, ce n’est pas lourd. « On rentre à pied ou on prend le bus ? » Ou autres je ne sais pas, je n'ai pas le permis, regardant Hyuk. « Tu n’as pas le permis hein ? » Il me semble que non, on a le même âge en plus.

 TENUE ღ C'est un bon en arrière que j'ai vécu durant ces quelques jours, comme à l'époque où je vivais seul dans mon ancien appartement. Je sais que ce n'est que pour un temps et que les choses s'arrangeront forcément tôt ou tard mais je ne peux m'empêcher d'imaginer le pire. Dès que je suis seul, mon cerveau fait le plus gros boulot et les films se succèdent sans que je puisse calmer mon angoisse. Aujourd'hui c'est l'instant de vérité, je vais pouvoir voir comme réagir Kyann en revenant chez lui. L'avoir auprès de moi me manque énormément et ces jours n'ont jamais été aussi long et éprouvant, sans lui. Le voyant arriver, je prend la parole en premier et l'observe rapidement. Il va mieux, c'est déjà ça. Physiquement, il est presque complètement guéri, mais je ne pourrais pas en dore autant de sa mémoire défectueuse. Je l'interroge pour savoir si je l'accompagne ou si je reste là, mais cela ne le dérange pas et je souris en hochant la tête. Tant mieux, je n'aurai pas voulu être recalé. Sans un mot de plus, je le suis vers l'accueil et le laisse faire sans le perdre des yeux. Il est capable de se débrouiller comme un grand, je ne suis pas sa mère pour le border. Kyann s'occupe de ses papiers et je jette un coup d'oeil autour de nous avant de ramener mon attention sur lui. « Oui, rentrons. » Approuvais-je d'un fin sourire. Bus ou à pied ? J'opterai plus pour le bus, histoire de ne pas le fatiguer davantage. « J'ai le permis coréen, mais il ne fonctionne pas ici avant ma majorité japonaise. » Expliquais-je, mais je sais conduire une voiture, bien que je n'en possède aucune. D'ici que je fasse les démarches officielles et que j'ai l'argent suffisant, j'irai m'acheter une voiture. « Prenons le bus. » ça ira plus vite, je ne veux pas traîner trop longtemps dans les rues, puis c'est long et éreintant à pied. Une fois dehors, j'attrape le sac qu'il tient à la main et le devance jusqu'à l'arrêt de bus de l'hôpital, où je m'assois sur un bout du banc, attendant qu'il me rejoigne à l'autre bout à côté de moi.

 TENUE ღ Je ne peux pas savoir comment les choses vont évoluer entre nous, comment on va se sortir de ça, quand mes souvenirs vont revenir et si je m’en rappellerai, mais si nous partons avec une idée négative on ne serait pas ici tous les deux à croire que les choses peuvent s’arranger. Je ne veux pas le voir souffrir, je sais qu’il a mal de voir que contrairement à lui je n’ai aucune idée de tout ce qu’on a pu vivre jusqu’ici, mais s’il m’aide je suis certain que ce temps oublié peut reprendre sa place dans mon esprit et remettre les cases en ordre. Aujourd’hui je rentre chez nous, cet endroit où on vit ensemble, j’ai bien cerné la chose, mais vivre ensemble sera forcément différent, pour moi ce sera une nouvelle étape, un nouveau recommencement, alors que lui a déjà vu cette vie à deux. Une fois que j’ai signé les papiers je ne souhaite qu’une chose c’est rentrer, quitter cet endroit, je ne sais pas par quel moyen cependant, le questionnant sur ses préférences. « Ah, mais t’es majeur. » Oui il a vingt ans donc c’est bon. Je souris en le suivant jusqu’à l’arrêt de bus prenant place à ses côtés, il m’a pris mon sac au passage, j’ai un petit ami serviable on dirait. Regardant les voitures passées, espérant que le bus arrive assez vite, pas que je ne sois pas patient, mais bon. « Tu vas bien ? » Je continue de regarder la route avant de poser mon regard sur lui, je veux qu’il soit franc, je ne sais pas comment il se sent de me voir rentrer aujourd’hui. Au bout de quelques minutes le transport arrivé et j’attrape mon sac, laissant l’autre à Ji Hyuk, faisant signe au brun de passer le premier, je le suis à quelques centimètres seulement le collant pour prendre un ticket, puis prenant place sur deux sièges libres, maintenant en route, j’ai hâte de rentrer.

 TENUE ღ Nous nous posons sûrement beaucoup trop de question, mais ce n'est pas une raison pour arrêter de vivre ou pour devenir pessimiste. Je veux croire en nous, mais surtout en lui. Il est le seul capable de se souvenir, de retrouver la mémoire et même si je reste à ses côtés, ce n'est pas à moi de faire le plus gros effort. Kyann y arrivera, je sais qu'il est suffisamment fort pour cela. En attendant, il signe les papiers pour sortir et nous pouvons nous éloigner de l'accueil, tandis qu'il me questionne sur notre moyen de rentrer. « Oui, depuis le 24 décembre. » ça remonte à quelques mois, mais je n'ai pas eu le temps de penser à mon permis, puis faut dire que la ville est bien équipé pour ceux sans voiture. De toute façon, je n'ai pas l'argent suffisant pour m'acheter un véhicule, je dois d'abord penser à mes études qui coûte un bras quand on vient de se faire virer de son boulot. évidement, Kyann a dû l'oublier. L'arrêt de bus est désert, nous permettant de nous asseoir sur le banc sous l'abri. Son sac déposé entre mes pieds, j'attends tout en regardant les voitures défiler, imitant sûrement mon copain. « Hm oui, pourquoi n'irais-je pas bien ? » L'interrogeais-je en tournant ma tête dans sa direction, oubliant la circulation. Que veut-il savoir par là ? Je n'ai pas l'air d'aller mal, juste un peu stressé de rentrer avec un petit ami amnésique, mais sinon tout va bien. Le bus arrive et nous montons à l'intérieur, prenant place sur des sièges libres. « Je me demande juste comment les choses vont se passés à la maison. Si on va dormir ensemble dans le même lit ou si je vais devoir squatter le canapé du salon. » Un soupir m'échappe, mes yeux portés à travers la vitre, toujours à observer le trafique routier défilant sur mon côté. « Je suppose que tu ne te souviens pas de ma cuisine ? » Une question comme une autre, simple curiosité. Mais je sais qu'il ne se souvient pas non plus de ça et qu'il va sûrement le redécouvrir au prochain repas.

 TENUE ღ Je ne suis pas celui qui se pose de questions en général, je prends les choses telles que ça vient, mais cette fois c’est une chose trop « énorme » pour que me la joue insouciant et nonchalant, je ne suis pas le seul dans l’histoire et ne serais-ce que pour ce « passé » commun que j’ai oublié, je veux faire un effort, tout tenter pour me rappeler et me souvenir à quel point je peux l’aimer. Il est majeur, ça je m’en souviens vu que nous nous sommes présenté dans la chambre, bien qu’il fût le seul à le faire pour moi, j’ai une bonne mémoire en général, ce qui est contradictoire avec cette situation. Assis a l’arrêt de bus pendant qu’on attend qu’il arrive je lui pose une simple question, curieux de savoir s’il va bien, c’est normal non . Les yeux toujours rivés sur la circulation je l’entends me répondre et un sourire se dessine sur mes lèvres, discret, mais présent. « Tant mieux. » Soufflais-je rassuré, s’il va bien c’est le principal, même si je doute qu’il me dise tout ce qu’il pense ou ressens, mais ici ce n’est pas l’endroit pour creuser et voir peut-être une peine enfouie ou un surmenage de sa part. Le bus arrive et on monte, cherchant des endroits où s’installer. « Si l’un de nous doit squatter le canapé ça sera moi. » Je suis celui qui ne me rappelle pas, je ne veux pas qu’il en paie les conséquences, reprenant en le regardant cette fois alors que je me suis assis à ses côtés. « Mais ça me va qu'on dorme ensemble, qui sait il pourrait se passer un truc~ » Je ris un peu sans me souvenir que notre rencontre officielle était un peu de se style là au final. Nous avions dormi ensemble alors qu’on ne se connaissait pas, je l’ai même embrassé, tout avait commencé à cet instant sans qu’aucun de nous n’en prenne conscience, mais aujourd’hui même ça est sorti de mon esprit. « Hum. » Je ne suis pas fier de ne pas me souvenir de ce genre de chose, adosser au siège je ferme les yeux, j’aimerais vraiment me rappeler et vite. « Je sais que je ne mets pas les pieds dans une cuisine déjà, mais j’ai hâte d’y gouter. » Peut-être que mes papilles elles, s’en souviendront pour moi. Je le fixe sans rien dire, avant de prendre sa main pour l’entrelacer à la mienne un instant. « Est-ce qu’on faisait souvent ce genre de chose ? » Se tenir la main, s’embrasser, le reste, tout, même si c’est « nouveau » dans mon esprit, je dois déclencher les choses pour me souvenir, même si le médecin m’a dit que ça prendrait du temps, je n’aime pas être dans l’ignorance, quand je le regarde, mon cœur et ma conscience semblent être en total désaccord, je dois être capable de faire resurgir ce qui s’est caché après l’accident pour retrouver la réalité et la cohésion de mes propres sentiments. Et pour le retrouver lui.

 TENUE ღ Ce serait bête de dire que j'ai vécu pire, bien que cela soit vrai. J'ai déjà perdu ma soeur et mon père est trop difficile pour que je puisse nouer des liens avec lui, si en plus mon petit ami pour qui j'ai tout abandonné m'oublie, c'est la cerise sur le gâteau. ça me rend triste de n'être presque rien à ses yeux, je pourrais même être un gamin menteur qui veut juste se faire remarquer en profitant de la cécité d'un pauvre gars. Dans le fond, je ne vais pas super bien non plus mais je préfère qu'il ne s'inquiète pas. Je vais bien, il est toujours vivant, même s'il lui manque quelque chose. C'est mieux que rien, il aurait pu rester un légume toute sa vie si le coup avait réellement touché une zone sensible. Il m'a juste effacé de ses souvenirs, rien de grave. Dédramatiser ne m'aide pas autant que prévu, je n'ai pas la sensation de me sentir moins malheureux à penser ainsi. Finalement, expose l'une de mes craintes à mon copain, celle de devoir cohabiter avec un garçon qui me pense être un étranger. « C'est toi qui a payé la maison. » Rétorquais-je comme pour avoir le mot de fin. Ce n'est pas à lui de squatter le canapé, puis j'ai bien profité de notre lit durant son absence. C'est le genre de phrase qui me rend faible et que me donne envie de pleurer, mais je prends sur moi et souris faiblement. Oui, qui sait ce qu'il peut se passer. « Tu n'as pas peur que je t'attaque dans ton sommeil ? Après tout, tu es mon petit ami. » Je plaisante, quoi que. La première fois que nous avons dormi ensemble, ça été le début de quelque chose entre nous. Un premier baiser, un lien qui s'est formé puis consolidé. Je voudrais retrouver ça. Le siège du bus n'est pas tellement confortable mais j'évite de gesticuler, gardant mon attention dehors tandis qu'il me parle, suite à ma question sur la cuisine. Il ne se souvient pas, évidement, mais il sait qu'il ne cuisine pas. ça me fait sourire malgré tout, avant que le coin de mes lèvres s'abaissent sous la surprise, sentant sa main dans la mienne. Qu'est-ce qu'il fait ? étonné, je tourne mon visage vers lui et l'observe avec stupéfaction, ne m'attendant pas à ce genre d'interrogation. « Oui, avant. » Répondis-je simplement en baissant mes iris vers nos doigts entremêlés. Nous avons fait bien plus que ça, beaucoup plus que de se tenir la main, mais je ne veux pas le brusquer avec mes souvenirs, surtout s'ils ne sont pas en commun. Lentement, sans prévenir, je me renferme un peu plus sans savoir si je dois toujours tenir sa main dans la mienne ou la lâcher. ça fait mal, j'ai vraiment l'impression de me blesser à vouloir lui redonner la mémoire... Mais je ne dois pas perdre espoir, ni baisser les bras.

 TENUE ღ Je me fiche de savoir une chose pareil, que j’ai payé ou non cette maison je ne peux pas le mettre dehors où lui imposer des choses inhabituelles, certes notre situation n'est clairement pas banale, mais s'il doit m’aider à me souvenir il doit agir naturellement avec moi, peu importe ce que le médecin a dit, je n’ai aucune intention de rester dans l’ombre de mes souvenirs éternellement, s’ils existent alors je veux les trouver. Et tout tenter pour me rappeler. « Je ne me souviens pas, mais lorsqu’on l’a acheté, je t’ai surement dit un truc du genre, « c’est notre argent, c’est chez nous » non ? Enfin c’est ce que je dirais aujourd’hui, si c’est vraiment sérieux entre nous au point que je veuille vivre avec toi ce n’est pas pour entendre des choses comme ça. » Il me connaît non ? Il doit savoir comment je pense ou comment je vis. Je ne peux que supposer ses instants passés étant donné que ma mémoire m’a fait faux bond. Dormir ensemble, c’est surement une chose qu’on faisait alors pourquoi aurais-je peur ? Je le fixe sans répondre de suite, souriant finalement. « J’ai l’impression que je suis plus un prédateur que toi non ? » Je ris un peu, j’aimerais vraiment voir comment c’était entre nous et lire au-dessus de cette douleur qu’il trimballe sous silence. « Je t’ai demandé de m’aider à me souvenir, je ne vais pas reculer. » C’est bien pour ça que je n’ai aucune gêne à attraper sa main soudainement, le questionnant simplement. Regardant nos doigts entrelacés je suis le mouvement en refermant l’étreinte de mon côté. « Je veux me rappeler. » C’est soufflé doucement, mais sérieusement et assurément. J’en ai vraiment envie et besoin, ce vide ne me plaît pas, ce sentiment m’oppresse, je veux qu’il disparaisse. « Je t’ai fais confiance, alors ne me lâche pas. » J’ai cru en ses paroles, maintenant c’est une nouvelle épreuve qui nous attend, mais c’est ensemble qu’on doit l’affronter, c’est comme ça que je le ressens.

 TENUE ღ Je suis la preuve même que ses souvenirs existent réellement. Moi je sais qu'ils sont là, quelque part. Même s'il a oublié, il peut compter sur moi pour les retrouver. Je ne lâcherai pas de si tôt, puis je n'ai plus rien à part lui et cette maison. Y a aucun moyen pour que je partes et baisses les bras. Il n'a pas tord, mais c'est bien le genre de morale qui me fait étrangement sourire. Qu'il se souvienne ou pas, Kyann reste fidèle à lui-même. « C'est vrai, tu m'as dit un truc dans le genre, même quand je me suis fait virer de mon boulot et que je ne pouvais plus aider à payer. » Ce jour-là, je croyais que c'était la fin du monde, mais mon copain m'a prouvé le contraire. « T'es vraiment un sale macaque. » Lâchais-je sans perdre mon sourire amusé, ravi qu'il soit toujours pareil. Je l'ai connu comme ça, je l'ai aimé pour ça et je veux que ça continue jusqu'à la fin. Quand on parle de dormir ensemble, je fais de l'humour pour l'embêter mais il dit un truc intéressant. « Comment peux-tu savoir si tu as oublié ? » Un haussement de sourcil provoquant et je ris à mon tour. ça fait bizarre d'être si à l'aise avec lui, d'un seul coup, comme s'il n'avait pas oublié. Qu'est-ce qu'il entend par là ? Qu'il doit faire comme je lui dis qu'il faisait ou ? Je veux bien l'aider à récupérer sa mémoire, mais cela ne veut pas dire que je dois le brusquer pour autant. Chaque chose en son temps, comme disait ma mère. « Très bien, prépares-toi. » à vivre l'enfer, haha. Non, je plaisante. C'est un morceau de paradis chez nous. Finalement, c'est lui qui fait le premier pas en attrapant ma main et même si ça me surprend, je le laisse faire. « ça va revenir. » Dis-je en serrant délicatement mes doigts, mon sourire se faisant plus doux. Comme si j'allais le lâcher! De ma main libre, je viens lui pincer le poignet. « Idiot, je ne lâcherai jamais! » Non mais sérieux, c'est ma propriété, hors de question que je le délaisse. Le bus continue de filer vers Shibuya et en quelques minutes, nous atteignons notre arrêt. « Nous arrivons. » Fis-je valloir en me redressant pour appuyer sur le bouton, annonçant notre arrêt.

 TENUE ღ Je ne me souviens pas non plus de cet épisode qu’il énonce concernant son boulot, mais ce n’est pas une surprise, je me demande seulement pourquoi, encore et encore je me questionne sur les raisons qui ont poussé mon esprit à effacer ce qui semble compter le plus pour moi ? Il a dû se passer quelque chose pour que cela arrive, mais j’ignore quoi, tout ce que je sais c’est que cette mémoire n’aurait jamais dû disparaitre, cette période ensemble doit retrouver sa place pour que je puisse me souvenir de tout ça et le lui dire, le rassurer et me rassurer aussi, comprendre les choses, réalisé de nouveau combien il est important ou les choses qu’on faisait, les projets qu’on avait, tout m’est à cet instant inexistant, mais si j’arrête d’y croire parce que ma mémoire joue à cache-cache je pense que je ne serais pas fidèle à moi-même, j’irais au bout pour découvrir la vérité. Sale macaque ? Je souris, étrangement je suis certain que je l’appelle par un surnom aussi, mais il est indisponible pour le moment, faudra attendre un peu plus tard. Je n’ai pas peur qu’on dorme ensemble, il devrait savoir comment je suis avec le temps. « Une intuition. » Dis-je en le taquinant du regard, je ne peux vivre que de ça pour l’instant, sans certitude c’est juste ainsi que je le vois. Je ne sais pas combien de temps cela prendra pour que je puisse redevenir celui qu’il connaissait à part entière, mais peu importe, je suis prêt à tout tenter, ma détermination est inébranlable quand j’ai décidé quelque chose, sensé ou non, je me fiche que les docteurs me l’aient déconseillé, rester passible et voir les jours défiler sans rien tenter s’avère être une tâche compliqué pour moi. Hochant la tête a son affirmation, réponse à ma propre volonté, je souris, il a raison et je n’en doute pas, ça va revenir. On ignore juste a quel moment. J’expose mes craintes, il pourrait en avoir marre d’attendre si cela dure trop longtemps, mais je ne veux pas passer à côté, alors il doit être patient et ne pas me lâcher, parce que même si dans mon esprit c’est un « étranger » ou plutôt maintenant une connaissance, je ne l’abandonnerai pas et il sait surement que si je n’étais pas « moi » un autre l’aurais surement fait, mais les doutes ne sont pas faits pour moi, je ne doute jamais et j’avance la tête haute, si j’avais tourné le dos à Ji Hyuk je sais que je l’aurais regretté. Je le laisse appuyé sur le bouton avant d’attraper mon sac et de me placer devant les portes, attendant qu’elles s’ouvrent pour descendre. « Déjà faut que tu me fasses gouter ta cuisine, j’ai la dalle, la nourriture de l’hôpital ne s’est pas amélioré depuis mon dernier séjour. » Riant à nouveau, je suis toujours optimiste, même si à cette époque c’était bien plus dur que je le laissait paraître.

 TENUE ღ ça me rend triste de savoir qu'il ne se souvient même pas de nos surnoms. Macaque, chaton, tout cela ne doit plus avoir de sens pour lui à présent. Je regrette tellement qu'il est pu oublier, qu'il se soit fait blesser par ma faute. Si je n'avais pas suivi ce gars à l'extérieur du club, si je n'avais pas voulu la bagarre avec lui, sûrement qu'il n'aurait jamais rien eu. C'est de ma faute, quand ça concerne les règles de compte, je suis le premier à foncer mais aussi le premier à le regretter. La perte de mémoire de gagne est la preuve, mais aussi ma punition. Pourtant, même avec ce trou dans ses souvenirs, il reste le même et plaisante sans avoir aucune raison de le faire, juste parce qu'il est lui-même. Une intuition. D'après lui, il est le prédateur et moi la proie. Saleté, il n’oublie pas ça, par contre. à croire que son corps, son esprit, ou tout ce que vous voulez, se souvient au moins de ce petit détail. « Donc, tu admets qu'on est vraiment un couple ? » Jusqu'à présent il m'a fait confiance, mais jusqu'à quel point est-ce le cas ? Sa conscience sait, comparé à son cerveau. Elle se doute d'un truc mais ne parvient pas à faire le lien avec la base de donné, c'est toujours défectueux. Si Kyann venait à abandonner, je lui en voudrais toute ma vie. Je sais qu'il va se souvenir, quand je l'ignore mais c'est sûr qu'il va retrouver la mémoire. J'ai confiance en lui, en nous et même en tout ce qu'il voudra. Je le rassure, mais des deux je ne sais pas lequel en a le plus besoin. Je me fais du soucis pour lui, pas pour moi. J'ai peur que la situation perdure et qu'il ne veuille vraiment pas se souvenir de moi. Ce serait triste, je ne veux pas. Notre arrêt n'est pas loin et j'en profite pour prévenir le chauffeur, me rasseyant sur mon siège en attendant. Kyann parle de ma cuisine et je souris franchement, ma main venant caresser doucement sa tête. « Je ferais tout ce que tu voudras. » Pour la cuisine, même si le reste ne me dérange pas du tout, mais c'est Kyann et là, il n'est pas le Kyann que je connais si bien. Enfin si, mais tant que je ne suis pas dans sa tête, ce ne sera pas le même. Finalement le bus s'arrête et je le force à descendre avec moi, ne lui laissant pas deux secondes de repit. Une fois dehors, je garde ma main dans la sienne et le tire vers notre maison. « De quoi as-tu envie ? » Je parle toujours de nourriture mais je suppose qu'il s'en doute déjà, puisqu'on est resté là-dessus avant de descendre du véhicule.

 TENUE ღ Ce qui n’a pas de sens aujourd’hui en aura peut-être de nouveau demain, je ne peux malheureusement pas forcer les choses, même si je le voudrais et même si je n’attends que ça, je ne suis pas en mesure de répondre à ses attentes tout comme aux miennes. Inconsciemment, je dis des choses que je ne comprends pas, l’intuition ou autres, je ne sais pas ce que c’est, mais ça s’immisce dans notre conversation. « Pourquoi, tu penses que j’en doutais encore ? » Je lui ai dit que je lui faisais confiance, je le crois quand il dit que nous sommes ensemble, un part de moi le sait, alors que ma mémoire me le fait oublié, je ne sais simplement pas comment relier les deux, la conscience, les souvenirs, c’est comme si ça c’était dissocier et je dois trouver un moyen de les rassembler. Nous arrivons bientôt à destination et je le laisse prévenir le chauffeur de notre arrêt, lui parlant de sa cuisine dont j’aimerais vraiment me rappeler, en la goutant qui sait... J’ai faim et c’est la meilleure opportunité. « Je pourrais profiter fait attention. » Je ne veux pas qu’il fasse aveuglément ce que je veux, je voudrais surtout qu’il agisse comme avant que je ne l’oublie, c’est surement le meilleur moyen pour que je me souvienne, il n’a pas à avoir peur je ne l’abandonnerai pas, je suis sûr que ma mémoire reviendra, ce n’est qu’une question de temps. Le bus s’arrête et je descends avec Ji Hyuk, nos mains toujours liées je le laisse me guider, me tirer jusqu’à notre maison. « Hum. » Je réfléchis, mais je ne sais pas trop. « Attrape ce que tu as sous la main, je suis sûr que tu pourras en faire quelque chose de délicieux. » Un sourire amusé, je ne suis pas compliqué, je le laisse gérer. Poussant le portail de la maison je vois les chiens fêter notre retour, je ne les ai pas vus depuis un moment et pareille pour Billy. « Chat ingrat, il n'est même pas là pour saluer son maitre. » Je rigole bien entendu, marchant jusqu’à l’entrée, je dépose le sac contre le mur et lève les yeux pour faire face au dessin peint dessus, fronçant les sourcils, j’ai des flashs étranges, j’avais oublié ses « tableaux ».

 TENUE ღ Je ne veux pas non plus forcer les choses si Kyann ne s'en souvient pas. J'ai peur qu'en insistant sur notre relation, cela se passe mal et apporte des mauvaises conséquences. S'il est plutôt confiant sur « nous », moi je garde ma crainte d'affecter une partie de ses souvenirs avec les miens. Pour simple réponse, je secoue doucement ma tête de droite à gauche. Non, je n'en doute pas mais... Mais je ne sais pas. C'est étrange, je ne pourrais pas dire. Le bus arrêté, nous descendons de celui-ci pour rejoindre notre quartier, tout en parlant nourriture. Je ne sais pas encore quoi lui cuisiner, alors je le questionne directement. « ça ne me dérange pas. » Qu'il profite, il peut faire ce qu'il veut. Comme tenir ma main et ne pas la lâcher, même une fois dans la rue. J'aime ce contact, je l'ai toujours aimé et je suis content que même inconsciemment, il le fasse. En route, je l'interroge toujours sur ma cuisine, voulant surtout savoir ce qu'il veut manger. Kyann n'est pas difficile, il mange tout ce que je fais, mais ça me donne matière à réfléchir. Je n'aime pas trop avoir le choix, c'est la meilleure solution pour me perdre et perdre du temps au passage. « D'accord, je regarderais ce que j'ai dans le frigo. » Tant que ça lui plait, je pourrais faire n'importe quoi. Le portail ouvert, Ben et Nuts nous accueillent joyeusement, rendant nos pas plus lents et incertains. Je dois les calmer un peu, pour ne pas qu'il fasse mal à Kyann dans leur agitation. « C'est un chat, pas un chien. » Ils ne font pas la fête à leurs maîtres, eux. Billy reviendra pour l'heure du repas, comme à chaque fois. La porte ouverte, je garde le sac en main dans l'intention d'aller directement le déposer dans notre chambre mais je m'arrête en voyant Kyann regarder le dessin sur le mur. « Tu l'avais oublié ? » Demandais-je simplement, les yeux rivés vers le mur peint. J'adore son talent, je pourrais passer des heures à observer son oeuvre mais ce n'est pas le moment pour cela. Finalement je laisse le sac dans le salon et indique la cuisine à Kyann. J'ai de quoi faire dans le frigo. « Bibimbap, ça te dit ? » Je sais qu'il va dire oui, mais je pose quand même la question pour être sûr qu'il ne regrettera pas sa grande confiance en moi.

 TENUE ღ Les choses pourraient en effet mal tourné, je pourrais ne jamais me souvenir, c’est un risque, du cinquante-cinquante comme on dit, mais si Ji Hyuk n’y croit pas comment pourrais-je y croire ? Au final j’avance dans le flou total, je ne sais pas ce que nous sommes, ce qu’on a pu faire jusque-là, je me souviens même pas de notre rencontre, de nos premiers baisers ou que sais-je encore ce qu’on a fait, mais... Parce que je lui fais confiance, parce que j’ai cru en ses larmes, en sa douleur a mon réveil, je veux aussi croire que tout ça est réel et me forcer à m’en rappeler, je veux me souvenirs sans savoir si je le pourrais, mais j’y crois, parce que sans ça tout est perdu d’avance. Je me fiche que les médecins me disent d’y aller doucement, de ne pas forcer, quand j’ai « perdu » ma jambes lors du tremblement de terre j’ai reçu de nombreuses mises en garde aussi, mais j’ai fait à ma façon et tout va bien, je ne suis pas faible, je suis solide et capable d’encaisser les vérités quelle qu’elle soit, ça c’est moi. Je force déjà les choses en lui tenant la main, le questionnant sur « nous », je ne suis pas du genre curieux normalement, mais étrangement là ça me concerne aussi et je veux tout savoir, petit à petit je veux qu’il me raconte, comme des histoires, un passé oublié qui doit reprendre sa place. Je ne comprends pas pourquoi j’ai oublié seulement mon « couple », mais je ne regarde pas en arrière, je ne vois que ce que j’ai sous les yeux et pour l’instant il est là. Niveau cuisine je suis une catastrophe, apparemment il a l’habitude de cuisiner et j’ai hâte d’y gouter, peut-être que le côté culinaire réveillera mes babines haha. Je le laisse voir ça. Marchant jusqu’à chez nous, je suis accueilli par les bêtes, sauf mon chat.   « Il pourrait quand même venir me voir. » Ce Billy. À l'intérieur je pose mes affaires et remarque la peinture sur le mur, je ne sais pas pourquoi ça me fait me sentir bizarre, les flashs rapides me donnent mal à la tête. À sa question je le regarde un instant et repose mes yeux sur le dessin. « Apparemment. » Le modèle est la raison, on l'a surement fait ensemble. C’est la seule déduction que j’arrive à tirer, s’il n’y avait pas un lien avec lui je ne l’aurais pas oublié et puis j’ai l’impression de me rappeler de chaque trait que j’ai faits sur ce mur, au final ils sont un « preuve » que « nous » existe vraiment et je me sens mal, tellement mal. Pourquoi j’ai oublié, je me souviens pas, pourtant ma poitrine me brule, l’évidence est plus dure que je le pense. « Hum. » Répondis-je simplement, perdu dans mes pensées, tout me va. Je m’assieds simplement sur un siège, silencieux.

 TENUE ღ Je crois en lui, je ne compte pas abandonner avant qu'il se soit remit de son mal. Quoi qu'il puisse advenir de sa mémoire, je resterai à ses côtés. Cette maison est la notre, ce toit nous a accueilli, ces murs renferment tellement de souvenir agréable. Je ne veux pas croire qu'il ne puisse jamais retrouver ces brides du passé, celles que l'on partage ensemble. Quand ma soeur est morte, je n'ai pas voulu l'accepter et je suis doucement tombé plus bas que terre, mais ce ne sera pas le cas avec lui. Je ne vais pas simplement attendre et voir mon monde s'effriter sans tenter de reconstruire nos barricades. Je ne serais pas un perdant cette fois-ci, je monterais que je peux être plus costaud qu'il ne paraît. Kyann peut s'appuyer sur moi, je ne flancherai pas. Nos mains liées sont une preuve qu'on peut le faire, qu'on peut se soutenir mutuellement et croire l'un en l'autre. Il a déjà tant de fois goûté à ma cuisine, ça a été la première raison de nos retrouvailles à chaque jour qu'il s'écoulait, mais là... Il a simplement oublié le goût de mes plats et l'odeur qui s'en dégage. Je ne peux pas lui en vouloir, c'est lié à moi. A-t-il vraiment ressenti le besoin d'oublier ou éprouvait-il de la colère envers moi ? Il y a bien une raison pour que son cerveau est sélectionné que nos souvenirs et rien d'autre. J'aurai beau m'interroger, je n'aurai jamais de réponse là-dessus. Les chiens nous accueillent et Kyann se plaint de Billy qui n'est pas là. Pauvre chat. Mon copain me fait rire et je lui donne une légère bousculade dans le bras, avant d'entrer dans la maison. « Idiot. » Lâchais-je sur le pas de la porte. à l'intérieur, Kyann bug sur les peintures et je me doute qu'il ne se souvient pas d'elles. C'est blessant, mais je commence à y prendre goût. On s'habitue à tout, apparemment. Même aux oublies de son petit ami. Je n'en perds pas mon enthousiasme, le questionnant sur le repas mais Kyann est déjà loin, perdu dans ses songes. Soucieux, je me rapproche et m'accroupis face à lui, observant son visage. « Tu es sûr que ça va ? » Les sourcils légèrement froncés, je cherche à lire dans son regard mais c'est difficile. Généralement, c'est lui qui parvient toujours à lire en moi, pas l'inverse. Ma main posée sur son genou, je le frotte doucement avec un tendre sourire aux lèvres. « Ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave si tu ne te souviens pas pour l'instant. Laisses-toi du temps. » Je tapote mes doigts sur sa jambe et me redresse ensuite, sans le perdre du regard. ça fait mal de le voir comme ça, si seulement il savait à quel point c'est douloureux. Je me penche vers lui pour embrasser son front, caressant lentement ses cheveux pour le rassurer. « Continue à croire. » Soufflais-je proche de son oreille.

 TENUE ღ Tant pis pour Billy je le verrai plus tard, il doit surement être en train de gambader quelque part, de toute façon je suis plutôt affamé et impatient de rentrer à l’intérieur, Ji Hyuk me traite d’idiot et cela me fait simplement sourire alors que je passe la porte d’entrée pour poser mes affaires, là tout s’enchaine assez vite. Je reconnais notre maison, mais il y a des choses qui avaient totalement disparu avec ma mémoire, comme ce tableau peint sur le mur, je ne suis pas idiot je sais que c’est moi qui l’ai fait, je peux me souvenir dans des flashs de chaque trait que j’ai pu incruster sur la peinture, mais c’est tellement flou, ça me donne une migraine que je contiens au mieux, c’est plus difficile qu’on ne pourrait le penser, mon inconscient m’envoie des signaux, mais je n’arrive pas à les réceptionner, je me retrouve totalement démunie devant cette situation et ma bonne humeur s’efface peu à peu, troublé par ce mémoire oublié, c’est effrayant. Sans un mot je reste perdu dans mes pensées, essayant tant bien que mal de trouver une solution, de ne pas sombrer sous cette situation, ce n’est qu’en sentant la main de Ji Hyuk sur mon genou et en entendant sa voix que je tente un sourire rassurant. « Ça va. » Pas si grave ? Bien sûr que ça l’est, je me rends finalement compte que je ne suis pas complet, je suis un mec très positif et il est difficile de me voir perdre espoir ou autres du genre, mais en voyant ce mur entre autres je me rends compte de cette absence en moi, je n’aime pas ça. Cette perte de mémoire m’a arraché mes souvenirs et je sais qu’ils sont le plus important de mon existence, je n’arrive pas à comprendre pourquoi et au fond j’ai vraiment peur de ne pas retrouver la mémoire, de ne plus jamais être « moi » complètement. Pourtant je ne veux pas inquiéter Ji Hyuk avec mes troubles et je me contente de sourire en hochant la tête. Quand il est proche de moi, embrassant mon front, soufflant à mon oreille d’y croire je remonte mes mains pour l’agripper et poser ma tête contre lui, tout ce que je peux faire en effet c’est y croire, croire que tout ça va revenir, que je serais capable de me rappeler de nous.

 TENUE ღ En rentrant à la maison, je n'aurai jamais cru que Kyann puisse se sentir mal en voyant la peinture sur le mur. C'est son oeuvre, la preuve qu'il tenait à moi et à notre couple. Ce dessin représente énormément pour nous, mais il l'a oublié avec son accident. Je ne peux toujours pas lui en vouloir et cela semble le blesser affreusement de ne pas se souvenir alors que les faits sont sous ses yeux. Attristé par la situation, je me suis rapproché de lui pour le rassurer, chuchoter à son oreille ou embrasser son front. Je ne veux pas qu'il sombre dans le désespoir, ni qu'il pense que ce sont des souvenirs perdus qu'il ne pourrait retrouver. Faut qu'il croit en lui, qu'il croit en ce qu'il veut tant qu'il croit. Je sais qu'il ne peut pas faire autrement pour l'instant et qu'il va devoir affronter bien des épreuves avant de s'en sortir et de me revenir, mais j'ai confiance. Kyann me tire vers lui et je sens sa tête se poser contre moi, un fin sourire ornant tristement mes lèvres. Ma main remonte vers ses cheveux que je caresse doucement, comme pour le réconforter. « Tu viens m'aider ? ça ira plus vite à deux. » Je le sépare délicatement de moi, mes mains sur ses épaules et plonge mes yeux dans les siens un court instant. C'est affligeant, mais nous ne pouvons rien faire contre cela. Attrapant sa main entre mes doigts, je tire dessus pour qu'il se relève, le motivant à venir m'aider en cuisine. C'est le bon moment pour apprendre à se servir d'un couteau, surtout qu'il a dû oublier les choses que je lui ai enseigné durant notre période de couple. « Tu vas pouvoir t'occuper du riz et de la viande, pendant que je découperais les légumes en lamelle. Tu pourrais aussi m'aider pour ça! Tu verras, ce n'est pas bien compliqué à faire. » Tant que je reste persuasif et enthousiasme, Kyann ne devrait pas trop se démoraliser. J'espère, sinon je ne saurais quoi faire pour l'aider à mieux se sentir dans sa propre maison. Une fois dans la cuisine, je lâche sa main pour fouiller le frigo et sortir les ingrédients, comme la viande hachée, l'ail, la sauce soja, piquante, les huiles, le riz ou les légumes, puis du sucre et du sel aussi. Je met le tout sur la table, avec une planche à découper et deux couteaux.

 TENUE ღ Je ne pensais pas non plus que cela puisse m’atteindre ainsi, mais en même temps cette maison dont je me souvenais en détail me montre des choses que j’ai oubliées de manière si évidente que je ne peux qu’être troublé, je fais face à un passé dont j’ignore tout, je regarde le mur en ayant cette impression que c’est moi qui l’aie fait et en même temps c’est comme si ce n’était pas le cas, comment être de marbre et sain d’esprit devant tout ça ? Je ne peux pas simplement me dire que ce n’est rien, je suis optimiste c’est sûr, mais ça reste frustrant et agaçant, j’aimerais comprendre, tout comprendre, pourquoi c’est arrivé et pourquoi je ne peux pas me rappeler. Je pose ma tête contre Ji Hyuk, même si je ne me souviens pas il semble le seul pilier dans cette histoire sur lequel je puisse compter, même si je l’ai oublié j’ai la sensation d’avoir besoin de lui plus que quiconque et c’est surement suffisant pour l’instant. L’aider ? Je le regarde pas très rassuré, il aurait perdu la mémoire lui aussi ? Je suis un vrai bordel dans une cuisine. « T’es sûr de toi ? » S'il fait ça pour me changer les idées il risque de le regretter par la suite, donc s’il veut se rétracter c’est le moment, mais on dirait que ce n’est pas le cas vu qu’il attrape ma main pour me tirer avec lui dans son sanctuaire. J’écoute, mais je ne sais pas trop. « Pas bien compliqué ? » Je ris en attrapant un légume et en le jugeant du regard. « Tu m’en diras tant. » Je me moque de moi-même et de mes compétences culinaires désastreuses, pourtant ça ne m’a jamais arrêté donc je suis plutôt motivé à l’aider. Faire la cuisine avec mon petit ami, je devais vraiment adoré ça. « Tu es vraiment doué pour les tâches ménagères non ? » Je vois comment il organise tout ça et puis la maison n’est pas en bordel, je suppose que c’est lui qui s’occupe de ranger, si c’était de moi ça serait surement un vrai dépotoir haha.

 TENUE ღ ça me brise le coeur à chaque fois que je regarde Kyann et perçois cette lueur de tristesse dans ses yeux, ce trouble qui apparaît malgré lui dans ses iris. Il ne se souvient pas de ses dessins sur les murs, même si la maison lui revient en mémoire dans le moindre détail. Je comprends sa frustration, mais je n'ai pas beaucoup de manière de le rassurer ou de lui changer les idées. Ainsi l'un proche de l'autre, je lui chuchote des paroles rassurantes pour qu'il ne perde pas sourire trop longtemps et reprenne une meilleure mine. Il y a bien un moment de lui occuper l'esprit, ça peut paraître fou, mais je sais qu'il va venir quoi qu'il sache faire. « Oui, j'ai confiance. » Confiance en moi, en lui, en tout. Tant que je reste à côté de lui, il ne mettra pas le feu à la maison et s'il se coupe, je le soignerais avec tout l'amour que je possède pour lui. Sans lui laisser le choix, j'attrape sa main et le traîne en cuisine, où je manque de vider les placards et le frigo, juste pour un bibimbap. Le mettre à l'aise dans une cuisine est plus facile à dire qu'à faire. Je connais bien mon copain, il n'est pas doué pour cela, mais j'ai espoir qu'il sache faire un truc simple comme rincer du riz. « Il ne risque pas de te dire grand chose. » Dis-je en indiquant le légume d'un coup de menton, la mine consternée. Faut juste le bousculer un peu, je suis sûr qu'il est capable d'un truc qu'il pensait impossible jusqu'à présent. « Hm, plutôt ouais. C'est grâce à ça qu'on s'est rapproché. Tu m'as vraiment prit pour ta bonniche au début, à vouloir que je te fasse le ménage et le repas. » ça me rappel tellement de souvenir que je ne peux m'empêcher de sourire, nostalgique et amusé à la fois. C'est une époque que je voudrais retrouver, ça et nos sous-entendus. « Tiens, prends ça et ça. Tu n'as qu'à vider le sachet de riz dans la passoire et rincer jusqu'à qu'il soit blanc. » Ce n'est pas bien compliqué, même lui peut le faire. Attrapant un gros couteau, je le manipule avec aisance et facilité, comme si je ne craignais aucune erreur. Les légumes sont déjà sur la table et propre, prêt à être découpé sur la planche en bois que j'ai déposé sur la table. ça va être rapide, le temps de tout enchaîner et nous aurons notre repas. Le temps qu'il s'occupe du riz, je découpe quelques légumes en lamelle et les positionne séparément sur un plat, pour ne pas qu'ils se mélangent. « Tu t'en sors ? » Demandais-je à Kyann en tournant ma tête vers lui, m'assurant qu'il ne fasse pas de gaffe. Je ne vois pas trop ce qu'il pourrait faire de bien méchant juste avec de l'eau, mais sait-on jamais.

 TENUE ღ Le fait que Ji Hyuk croit en moi et en nous me remonte le moral, pas que je puisse douter, mais ne pas me souvenir est frustrant, je suis perdu parfois devant ses choses que je découvre sans pouvoir me remémoraient les instants où ils ont été créé, comme cette peinture sur le mur et surement tellement d’autres chose encore. Je veux me rappeler et à force de le vouloir je me sens juste mal, triste et totalement troublé, mais je dois prendre mon mal en patience, celui qui souffre le plus avec moi c’est bien lui... Je l’ai oublié et je n’ose même pas imaginer sa souffrance, sa douleur qu’il dissimule ou son inquiétude, pour lui, pour nous je veux me rappeler le plus rapidement possible, me souvenir de tout, de vraiment tout, cependant le vouloir ne semble pas encore suffisant. Dans la cuisine je ne suis pas certain de pouvoir lui être réellement utile, mais vu qu’il m’a emmené jusqu’ici je peux bien faire de mon mieux pour lui rendre service et l’aider, c’est plutôt plaisant d’être ensemble finalement, même dans cette pièce où je suis une catastrophe ambulante. « Tu te moques de moi ? » Quand il prend son air consterné devant mon face à face avec le légume, je peux rire devant cette situation, avant de le questionner sur le fait qu’il soit doué avec les tâches ménagères. « T’es sérieux ? » Je ne pense pas être du genre à prendre les gens pour des bonniches, ça semble assez dingue. « Je suppose que ta nourriture devait être vraiment bonne pour que je trouve un moyen de te faire revenir, je ne vois pas d’autre raison. » Même si je ne me souviens pas, je me connais. « Pourquoi tu as accepté ? » Soufflais-je curieux. Il aurait pu refuser non ? Je ne comprends pas. Attrapant la passoire et le riz, je pense que je peux faire ça sans tout casser. Ouvrant le sachet quelques grains s’éparpillent à droite et à gauche avant que je ne le vide dans le « plat » et fasse couler l’eau dessus. Les retournant avec ma main, c’est plutôt simple, même si je perds toujours quelques riz ici et là, ce n’est pas bien grave. Par contre un mauvais mouvement m’a totalement arrosé, fallait bien que je fasse une couille. « J’ai pris une douche rapide, mais le riz est blanc ! » C’est toujours ça ! Lui de son côté à gérer comme un chef, c’était impressionnant, car je l’ai regardé faire pendant ma « tâche ». « On en a déjà mangé ensemble ? » Du bibimbap bien sûr.

 TENUE ღ Kyann n'a pas à douter, que ce soit sur moi, sur nous ou sur n'importe quoi. Ni même sur ses possibles capacités culinaires. Doit bien y avoir quelque chose à tirer de ce boulet, quoi qu'il en dise. Il n'est pas assez idiot et maladroit pour être un incapable, ou alors je lui apprendrais un truc facile à faire, même pour lui. évidement que je me moque, d'ailleurs je souris d'un air amusé et innocent. « Juste un peu. » Affirmais-je, riant avec lui avant de raconter une nouvelle anecdote. Est-ce que nous nous serions autant rapprochés si j'étais nul en cuisine et pour le ménage ? Je ne me suis jamais posé la question, parce que ça n'avait aucun intérêt pour moi. Ce n'est qu'une plaisanterie, le prend-t-il au sérieux ? « Ou alors tu me trouvais trop beau pour me laisser filer ? » Je le nargue, appuyant sur le bout de son nez en sentant mon sourire s'étirer. Toutes les excuses étaient bonnes pour se revoir, même faire à manger. « Pourquoi ? Je l'ignore. » Sais-je moi-même pourquoi j'ai voulu revenir à chaque fois ? Parce qu'il était attirant ? Parce qu'il me faisait pitié ? Parce qu'il savait beaucoup trop de chose sur moi ? Je ne sais pas. J'avais simplement envie de le faire, malgré ma situation délicate et inconfortable au quotidien. Pendant que Kyann s'occupe de rincer proprement le riz, je découpe les légumes de mon côté sans les mélanger. Quel idiot, même ça il trouve le moyen de faire une bêtise. « Tu n'es pas croyable. » Dis-je en déposant mon couteau pour prendre une serviette et venir lui essuyer le visage. « Oui, on a mangé beaucoup de plat différent ensemble. » Pas seulement du bibimbap, mais bien d'autres encore. J'ai déjà cuisiné du coréen, du japonais, du chinois, de l'occidental, un peu de tout. Reprenant ma tâche, je termine de découper les légumes après lui avoir dit de faire cuire le riz dans le cuiseur. J'ai aussi prit le temps pour lui expliquer comment arranger la viande avec la sauce, et ainsi de suite jusqu'à avoir tout les éléments de notre plat. « Il ne faut pas tout mélanger, juste les placer séparément. » Le riz en dessous, la viande et les légumes par dessus, en dernière un oeuf bien blanc et fondant. « Voilà. »

 TENUE ღ Redécouvrir une partie de sa vie qu’on a totalement oubliée est assez étrange, mais excitant aussi, même si je veux rapidement me souvenir de tous les détails c’est comme entendre Ji Hyuk me raconter la synopsie d’un film dont nous sommes les acteurs. J’ignore quand l’histoire reprendre son court, mais je ne compte pas abandonné, même si ce long-métrage doit durer des jours, des semaines, des mois ou des années, il n’y aura pas de fin, jamais. Il se moque de moi et on finit par rire ensemble avant qu’il ne me raconte une anecdote qui me surprend un peu. « C’est vrai, ça doit être ça. » Je suis sérieux le pire, j’ignore ce que j’ai pensé à cet instant, mais même sans mes souvenirs, même sans ma mémoire, mon coeur conscient de mes sentiments ne se prive pas pour me les rappeler, même si mon esprit joue les murailles. Au final ni moi, ni lui ne savons pourquoi les choses ont débuté ainsi, mais le principal c’est que ce soit arrivé. Par la suite je m’occupe de rincer le riz comme il me l’a demandé, mais le faire parfaitement c’était trop me demandé, même ça je ne peux pas, mettant de l’eau partout et surtout sur moi, mais ce n’est pas grave, le riz est blanc comme ça ! Je ris un peu a sa remarque, frottant l’arrière de ma tête, le voyant s’approcher avec une serviette pour essuyer mon visage, je le regarde simplement sans un mot. Beaucoup de plats hein ? Il va falloir en manger encore plus à l’avenir, mais je garde cette pensée pour moi, affichant un simple sourire. Une fois qu’il se remet à sa tâche je me remets à la mienne, il m’a montré quoi faire et je devrais être capable de le faire sans casse cette fois. Après quelques minutes il ne reste que les derniers arrangements à faire, je laisse Ji Hyuk s’en occuper en le regardant attentivement, lui et son talent, inconsciemment mes yeux le détaillent encore. « On peut manger maintenant ? » J’ai faim haha.

 TENUE ღ Même sa mémoire, je peux facilement plaisanter avec lui et retrouver cette entente qui nous collait bien à la peau. Pas besoin de savoir que nous nous aimions ou qu'il ressente quoi que ce soit pour moi, pour qu'on puisse rigoler et bien s'entendre. évidement, il accepte ma blague et je me retrouve pris au dépourvu avec sa tête sérieuse. Pense-t-il vraiment que ce soit pour ça s'il m'a demandé de revenir à chaque fois ? étrangement, je sens mes joues rougir contre mon gré. « Et maintenant... ? Tu me trouves toujours beau ? » ça me rappel nos premières conversations, quand nous nous cherchions encore. C'est comme ça que nous avons dérapé aussi, à force de trop plaisanter et rire de la situation. Est-ce qu'on pourrait recommencer sans s'en rendre compte ? Haha, quel idiot je suis. Kyann se contente de rincer le riz en prenant une douche, quant à moi je continue de couper les légumes, avant de m'interrompre pour venir sécher son visage. Il est beau, même amnésique. ça me brise le coeur de ne pas pouvoir me laisser aller et l'embrasser, sur un coup de tête ou juste par envie. Une fois essuyé, je retourne à ma tâche et la termine aussi rapidement que possible. Ensemble, nous parvenons à finir le plat et une fois arranger, je peux me sentir fier. « Bien sûr. » J'attrape un torchon pour prendre le bol bouillant et le porter jusqu'à la table. « Prends des baguettes. » Lui dis-je du salon, en déposant le plat sur un support en bois, pour ne pas brûler le meuble. J'attends qu'il arrive pour m'asseoir sur une chaise, prendre une paire de baguette et saisir une lamelle de carotte que je lui tends. « Goûtes, et dis-moi si ça te rappel quelque chose. » Je suis cruel à vouloir lui ramener des souvenirs, mais j'ai toujours espoir que cela lui fasse un déclic. Le mur a bien marché, l'espace d'un court instant qui l'a rendu perplexe et troublé, alors pourquoi pas ma nourriture ? ça reste à voir.

 TENUE ღ Je suis peut-être trop direct ? Je l’ai toujours été, le fait que Ji Hyuk soit beau n’est pas un secret, bien qu’actuellement j’ai oublié le fait qu’il soit mon petit ami, je ne suis pas aveugle. C’est donc possible que j’ai craqué sur lui dès le début ? Je ne sais pas qu’est-ce qu’il s’est passé et au fond ce n’est pas important car lorsque je retrouverai la mémoire je m’en souviendrai, de tout, je m’en souviendrai... Je souris devant sa question en le regardant sans répondre tout de suite, le détaillant doucement. « Aussi beau que mignon. » Je garde mes lèvres étirées, tournant la tête pour me concentrer sur mon riz, bien que cela n’ait pas été d’une grande aide vu que je me suis mouillé juste en le rinçant. Le brun vient s’occuper de m’essuyer et je le laisse faire volontiers, en le remerciant, on termine rapidement de tout préparer et le repas est enfin prêt. J’ai faim, je ne perds pas une minute pour lui demander si on peut manger maintenant. À sa demande je prends deux paires de baguettes et le rejoins dans le salon, prenant place sur une chaise en face de Ji Hyuk. Louchant sur le morceau de carotte qu’il me tend avec ses baguettes je m’approche pour le prendre en bouche et le manger. J’ignore si ça va m’aider à me souvenir, mais je veux tout tenter, même si ce n’est pas tout de suite, je vais y arriver, je le dois. Pour moi, pour lui et pour nous, il faut que je m’en rappelle rapidement. Avec mes baguettes je pioche pour gouter au reste, c’est super bon, ça me réchauffe de l’intérieur, je n’arrive pas à me souvenir, mais j’ai la sensation d’être heureux malgré tout, c’est assez étrange. « En tout cas je comprends pourquoi j’aime ta cuisine. » Un sourire sincère sur les lèvres, en plus de me rendre « heureux » ça me rend triste aussi, comme un sentiment que je sens intérieurement, mais qu’il m’est impossible d’évacuer. Je continue de manger en silence, mon estomac se régale en tout cas.