De retour à Tokyo... Je me demandais encore pourquoi j'étais dans cette maudites ville... A l'époque quand ma mère m'y a envoyé, je comprenais. Il était vrai que ma jumelle et moi, ensemble, étions de véritable cas de la société. Au point que nous soyons mêlés à un homicide. Enfin bon quoi qu'il en soit, l'air d'Osaka était une bouffée d'oxygène pour moi.

Arrivée à la gare, je descendais du train. J'avais vraiment envie d'un bon saké. Je savais exactement où j'allais boire un verre. Je n'étais pas un adepte des bars. C'était souvent les ivrognes qui stagnaient, mais il fallait dire qu’il y avait aussi de jolies filles de temps en temps, et pas que des désespérer. Bon, je me suis quand même dit qu’il le fallait un vers pour noyer mon mal du pays. Après quelques minutes dans le taxi, j’arrivais à destination. J’entrais à l’intérieur et reconnu une silhouette qui me laissait pas indifférent aux premiers abords. Puis rapidement j’ai su de qui il s’agissait. Mandy. Je poussais un lourd soupir avant de me diriger vers elle, la détaillant du regard d’un air presque désespéré.
 

« Mandy ?? »

Ça ne fait que quelque mois que je suis tombée sur cette fille dans ce même bar. Vu la réputation qui me précède, pas besoin de dire pour quelle raison je l’ai approché dans un premier temps… Il faut dire aussi qu’elle est canon et il est difficile de résister. Mais j’avais pour principe de ne pas profiter des filles un peu trop pompette. Je ne suis pas un enfoiré à ce point. Et elle, elle avait dépassé ce seuil. Enfin bref, depuis ce jour, je me suis dit qu’il était de mon devoir de veiller sur elle. Je jetais limite mon sac au sol avant de m’asseoir à côté d’elle.
 

« Qu’est ce que tu fais ici ? Et tu peux me dire combien de verre tu t’es enfilé ? »

La soirée ne faisait à peine que commencer. À vrai dire, le jour était encore présent et la nuit ne semblait pas pointer le bout de son nez. Et pourtant, Mandy était déjà affalée à un bar, un verre presque vide devant elle. C'était peut-être son troisième ou son quatrième. Ou juste son deuxième. Mandy et l'alcool, ça faisait deux. Vraiment. Pourquoi s'obstinait-elle à boire alors qu'elle savait pertinemment qu'elle n'allait faire que des bêtises ? Habituellement, elle était toujours accompagnée de Naizen lorsqu’elle buvait. Il gardait un œil sur elle et lui évitait de trop se ridiculiser en public, voire même de se retrouver dans la cave d’un inconnu avec aucun souvenir de la veille. Enfin, on dit habituellement, mais cela ne fait seulement que quelques mois qu’ils se connaissent, et pourtant Mandy a l’impression que leur petite routine irrégulière marche depuis un bon bout de temps. Mais Naizen n’est pas là, il a quitté la capitale pour quelques jours ou quelques semaines, Mandy ne sait pas. Elle sait juste que, lorsqu’elle lui a demandé s’il était à Tokyo prêt à boire un verre l’autre jour, il lui a répondu qu’il n’y était pas. Alors, ça avait un peu freiné Mandy à aller boire et elle avait patienté. Mais revoir son père était quelque chose qu’elle aurait vraiment voulu couler dans de l’alcool et elle ne pouvait pas attendre le retour de Naizen.

Alors, elle était venue dans ce bar. Il existe des centaines de bars à Tokyo mais c’était dans celui-là qu’elle avait choisi de se bourrer la gueule. Et surement était-ce un coup du hasard ou une coïncidence du tonnerre pour que Mandy entende son prénom et se retourne, faisant face à Naizen. Déjà pompette, un sourire béat s’afficha sur son visage. « Dis, je te connais ? Pourquoi tu connais mon prénom ? » Elle tendit les bras en face d'elle, comme si elle voulait l'enlacer, mais ils tombèrent dans le vide et elle se rattrapa au comptoir. « Je crois que j'ai rêvé de ton visage. » Elle avala une gorgée d'alcool tout en regardant Naizen s'assoir à côté d'elle. Elle avait tendance à confondre réalité et illusion et à ne se souvenir de rien lorsqu'elle était sous l'emprise de l'alcool. « Et toi, qu'est-ce que tu fais ici ? T'existes pas puisque t'étais dans mon rêve. Allez, pfiou pfiou. » dit-elle tout en essayant de le chasser du revers de la main comme on aurait fait pour un chat qui s'attarde près d'un barbecue.

«P

utain mais tu n’es pas sérieuse Mandy. »

En entendant le flot de choses incohérentes sortir de sa bouche, j’avais une brève idée du nombre de verre qu’elle s’est enfilée. Je sais que les mecs comme moi peuvent faire à des filles comme elle quand elles ont un coup de trop dans le nez. J’ai vécu ce genre de chose. Quand j’ai vu a quelle vitesse Mandy pouvait se saouler, j’ai exigé a ce qu’elle ne boive qu’en ma présence. Au moins, j’étais sûr qu’elle pouvait rentrer saine et sauve avec moi et non le tordu du coin. Je pensais que le mannequin aurait attendu que je revienne d’Osaka avant d’enfiler des verres. Mais je pense que je devoir l’embarquer dans mes valises la prochaine fois. Je la voyais apporter un autre à sa bouche que je m’empressais de retirer de sa main.
 

« Tu sais que je n’aime quand tu bois comme ça »

Mon ton s'élevait un peu plus, comme si je grondais ma petite soeur ou mon enfant. C’était littéralement ça. Elle s’était comportait presque comme une gamine. Je poussais un lourd soupir. Je n’aimais pas me comporter comme ça, cependant je pense qu’elle n’a pas conscience que ses actes peuvent avoir aussi bien pour elle que pour moi.. Heureusement que j’ai eu cette bonne idée de venir ici. Je tapais violemment le verre sur le comptoir, commençant a fusiller du regard le barman.
 

« Et vous, vous auriez pu arrêter au bout du deuxième verre ! C’est quoi de servir des nanas seules qui ne tienne pas l’alcool. »

Il fallait bien que je commence a pourrir quelqu’un avant de me défouler sur la jeune fille et sa connerie. Le pauvre - même si le terme n’était pas approprié - n’a pas su ou regarder… J'espérais qu’il comprendra. Je reportais mon attention sur Mandy. La voyant essayer de me faire fuir d’un geste la main, je perdis facilement patience. Je soufflais un ricanement avant de récupérer mon sac et la jeune fille au passage. J’agrippais sa taille et je passais mon bras autour de mon cou
 

« Allez, lève-toi. Je te ramène chez moi, tu vas décuver et sortir de ton rêve à ma façon »

Peut-être que Mandy serait honteuse le lendemain d’avoir bu autant et de s’être ridiculisée devant Naizen et les autres du bar. Mais il y avait 80 % de chance qu’elle ne s’en souvienne plus. Comme elle ne se souvenait plus de grand chose maintenant, alors qu’elle est assise sur un des tabourets, un verre plein devant elle et Naizen à côté d’elle. D’ailleurs, celui-ci dit quelque chose, mais ça ressemble plus à un bourdonnement dans l’oreille de Mandy. Sans y prêter attention, elle tendit la main et attrapa son verre. Mais au moment où ses lèvres touchèrent le verre, celui-ci disparu de sa vue et de son toucher. Elle grogna et se tourna vers le jeune homme à côté d’elle. « T’es quel genre de mec pour gâcher le fun comme ça ? Dégage. » Parfois, Mandy pouvait s’avérer être vulgaire, voire très vulgaire, lorsqu’elle était bourrée. Et si on l’énervait assez, il arrivait qu’elle commence à vouloir vous faire des prises de karaté ou autre, bien qu’avec son esprit embrumé, cela ressemblerait plus à un clown essayant de danser le hip-hop.

Mandy sursauta légèrement lorsque la poigne de Naizen tenant le verre retomba brutalement sur le comptoir. Elle porta ses mains à ses oreilles et fit une petite moue, comme si le bruit avait été bien trop fort. Elle ressemblait à une enfant. Et à ce moment, elle redevenait une enfant dans sa tête, elle était encore chez elle, entourée de son père et de sa mère. « Papa, arrête ! » Ses deux mains s’agrippèrent au bras de Naizen. « J’aime pas quand vous vous engueulez avec maman. » Mandy semblait avoir perdu ses esprits, retombant dans l’enfance, mais cela fut de courte durée. En levant son regard sur le jeune homme, elle lâcha son bras et son visage se fit un peu plus dur. D’un geste de la main, elle lui fit signe de partir, comme s’il était un être indésirable. Mais son geste n’eut pas l’effet voulu. Au lieu de s’en aller et de la laisser tranquille, Naizen la prit par la taille et le bras de Mandy se retrouva autour du cou du jeune homme. « Wow. Je savais pas qu’on était aussi proche pour que tu me prennes par la taille. » dit-elle avec un demi sourire. Elle pouvait changer d’humeur et de comportement en quelques secondes à peine lorsque l’alcool la contrôlait. Elle approcha sa tête de l’oreille de Naizen et lui chuchota. « Dis moi, on est pas marié au moins ? Ce serait vraiment un trop beau rêve si j’étais marié à un beau mec comme toi. »

Je n’ai jamais supporté de voir une femme un peu trop bourré. Elles étaient déjà toutes à 80 %  vulnérables et leur manière de raisonner n’était pas mieux quand elle n’avait pas les yeux en face des trous. Mandy a adopté cette mauvaise habitude qui, pour l’avouer, commençait à m’exaspérer de plus en plus. Je n’écoutais pas sa complainte lorsqu'elle grommeler ses mots. Dans un autre contexte, ça m'aurait plutôt fait rire, mais ce n'était pas le cas. J'avais une certaine colère en travers la gorge par son comportement puéril.

Sa réaction lorsque j'ai balancé ce verre m'étonnait beaucoup. La pression qu'elle exercer sur mon bras me rappelait beaucoup l'enfant que j'étais enfant. Je suis moi-même un enfant du divorce et mon père a longtemps était un salaud avec ma mère. Je pense que c'est sûrement de lui je tiens ce côté. Mais contrairement à lui, je ne rabaissais à frapper une femme. Je soupirais doucement. Je n'aimais pas la voir aussi vulnérable. Je m'en foutais totalement qu'elle ne veuille pas que je l'aide parce que je ne lui laissais pas le choix. Je m'emparais de mon amie, soupirant une énième fois devant sa connerie.
 

« Ouais… T'imagines même pas la proximité qu’on a tous les deux »

Ma voix se voulait dur et sarcastique. Je n’aimais pas le fait qu’elle tienne ce genre de propos. Heureusement que c’est moi qu’il l’ait récupéré. Un mec à l’esprit bien plus tordu que le mien aurait pu en profiter et abuser de ces charmes parce qu'elle est en position de faiblesse. Et ca… Je ne laisserais jamais se reproduire, tant que je suis dans les parages.
 

« Crois-moi, si tu étais ma femme, l’idée de venir ici ne t’aurait même pas traverser l’esprit »

Je n’allais pas mentir, j’avais un petit coté macho jaloux. Si ma potentielle femme existait, je refuserais qu’elle traine dans ce genre d’endroit. J’avais déjà ce côté jaloux avec mes ““copines”” Mais bon, heureusement que je ne croyais pas à l’amour et encore moins au mariage qui ont une happy end. Ils suffisaient que je repense à mes parents pour comprendre pourquoi j’étais volontairement célibataire - du moins officieusement - J’attrapais le premier taxi à porté de main, exigeant au chauffeur qu’il m’emmène chez moi.


Arriver devant mon immeuble, je pris la jeune demoiselle sur mon dos étant donné qu’elle n’était pas en état de marcher. J’étais vraiment heureux que mon immeuble soit muni d’un ascenseur, car je ne savais vraiment pas que ce que j’aurais fais pour monter les escaliers avec elle. Et heureusement qu’elle était aussi légère. En entrant dans mon appartement, je remarquais que mes colocs n’étaient pas là. Tant mieux. Je n’osais pas imaginer ce qu’ils diront en me voyant débarquer avec une nana bourrée sur le dos. Je me débarrassais de toutes mes affaires sur le palier avant de me diriger vers ma salle de bains. Je glissais la métisse dans la baignoire, soupirant.
 

« Bon, aller, tu risques de me détester, mais tu te vengeras plus tard. »

Laissant l’eau froide s’abattre sur elle, j'espérais qu’elle puisse retrouver un semblant d’esprit. La voir ainsi… Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ma soeur et ce fameux jour où j’ai dû la débarrasser de tout ce sang sur elle. Je secouais la tête de gauche à droite. Ce n’était pas le moment de ressasser le passé, encore moins cette partie de ma vie. Je coupais l’eau avant d’aller cherche une serviette et lui mettre sur les épaules. Je m’accroupissais sur le rebord de la baignoire, la regardant avec attention
 

« Tu te sens un peu mieux ? Tu vas pouvoir me dire ce qu’il t’ait passé par la tête »

Titubant sur ses jambes, elle s’accrochait fortement à Naizen, un sourire coquin s’installant sur son visage. C’était sûr, elle regretterait d’avoir bu le lendemain matin, que ce soit à cause de son mal de tête ou de ses actions. Son visage se rapprocha encore plus de celui de Naizen et elle posa ses lèvres sur la joue du jeune homme, pour descendre son visage dans son cou. Sa respiration se répercutait contre la peau de son ami. Elle ne releva pas les remarques de Naizen, et se contenta de garder cette position alors qu’il la sortait du bar.

Ses yeux se fermaient progressivement et ses pieds s’entremêlaient sur le sol alors qu’elle tentait de s’accrocher au haut de Naizen. Mais l’air frais de la nuit caressant la peau de Mandy fut comme un choc électrique et soudainement, alors que le taxi arrivait à leur niveau, Mandy retrouva toute son énergie. Et elle resta lorsqu’ils furent dans le taxi, certainement au plus grand malheur de Naizen - et surement du chauffeur - bien que la jeune femme n’en avait que faire, l’alcool contrôlant pratiquement tous ses faits et gestes.

Le trajet fut court pour Mandy qui avait passé son temps à raconter des histoires sans queue ni tête, ne formant de sens que dans son esprit, sa voix résonnant dans l’habitacle du véhicule. En sortant de la voiture, Mandy faillit se retrouver à genou sur le goudron si ce n’était pas pour Naizen qui la tenait par le bras. Se retrouvant sur le dos du jeune homme, Mandy mit une main dans ses cheveux et commença à jouer avec les mèches blondes. Elle reposa sa tête sur son épaule, soufflant avec un sourire innocent dans son cou, s’amusant de ses réactions. Mais Mandy poussa un râle de mécontentement lorsqu’elle se sentit descendre du dos de Naizen et poser contre une paroi bien plus froide et moins agréable.

L’eau froide se déversa soudainement sur Mandy et un cri aigu s’échappa de sa gorge pendant qu’elle essayait de se protéger vainement de ses mains. Ses pieds battaient dans l’air pendant qu’elle continuait de crier, ordonnant à Naizen d’arrêter lorsqu’elle se rendit compte qu’il avait arrêté l’eau. Elle laissa ses membres retombaient contre son corps dans la baignoire, la tête basse, les yeux fermés et une grimace déformant son visage fin. La serviette posée sur ses épaules, elle releva la tête et son regard rencontra celui de Naizen. Mandy se contenta d’hausser les épaules. "J’en sais rien." Elle avait envie de s’énerver contre Naizen pour l’avoir trempé d’eau glacée, mais elle n’en avait ni la force, ni le droit. Elle savait qu’elle devait le remercier de s’être occupée d’elle - se demandant d’ailleurs comment il avait fait pour la trouver - parce que dieu seul sait où elle serait à ce moment même s’il n’était pas intervenu. "J’avais un mauvais moment à oublier, je suppose." Elle ne supposait pas, elle savait que c’était vrai, mais elle n’avait pas vraiment envie d’en parler avec Naizen. Elle agrippa la serviette de ses mains et commença à se frotter les cheveux pour les sécher. Ses vêtements étaient trempés et c’était assez désagréable. Elle regarda Naizen. "J’ai pas vraiment envie de rester des vêtements trempés."

J'avais presque l’impression de me sentir impuissant. La trouver dans cet état ne faisait que confirmer le sentiment d’inutilité auprès de ce que j’aimais. Je tenais beaucoup trop à Mandy pour qu’il lui arrive quelque chose. Peut-être que ceci soulevait un côté parano sur protecteur, mais je m’en foutais. Je ne voulais pas laisser une fille se faire abuser par un mec qui ne sait pas conclure avec une nana sobre. En parlant de sobriété, j’avais l’impression que la petite métisse commençait à retrouver peu à peu ses esprits. Mais ses paroles ne plaisaient pas pour autant. Je soupirais puis je l’aidais à sortir de la baignoire prudemment. Pas question en plus de faire un séjour à l’hosto.
 

« Attend je vais te donner quelque chose de sec. »

Je lui fais signe de me suivre jusqu'à ma chambre avant que je puisse lui donner t-shirt dans lequel elle sera plus à l’aise. Je farfouillais dans mon armoire afin de trouver quelque chose qui pourrait lui convenir puis je trouvais un pull qui serait sûrement trop grand pour elle, mais qui ferait sûrement l’affaire. Je lui balançais avant de quitter les lieux pour lui laisser un peu plus d’intimité. Je m’éclipsais dans la cuisine afin de lui faire couler un café, histoire d’éponger les restes d’alcool dans son sang. Une fois tout ça fait, je toquais au préalable à la porte avant d’avoir son feu vert pour pouvoir entrer. Une fois la demoiselle changée, je lui tendais la tasse avant de m’asseoir sur le lit
 

« Qu’est-ce que je t’ai dit quand tu te sentais pas bien. Hein ? C'est pas parce que je ne suis pas en ville que tu ne peux plus compter sur moi. »

Mandy savait que je n’aimais pas qu’elle se bourre la gueule. Mais cette fille était une tête de mule. Je me suis toujours portais garant pour être son oreille attentive si besoin, donc ça me frustrait qu’elle n’en profite pas. Je sais que je peux être con, mais quand même.
 

« T’imagines si je n’étais pas passé là-bas ? Tu serais avec je ne sais quel pervers à l’heure qu’il est. Tu as même cru qu’on était marié bordel… »

J’étais bien obligé de lui passer un savon. N’importe quel tordu aurait pu profiter de la situation. D’ailleurs, je préférais épargner le moment où elle a profité pour me donner quelques baisers. On en rigolera un autre jour.
 

« C’est… C’est à cause de ton père ? »

Je ne savais pas si c’était un sujet sensible… Mais je tentais quand même de la comprendre.