TENUE ✽ Encore un jour où je me réveille sans personne à côté de moi, allongé dans mon grand lit j’observe la place vide étendant mon bras pour caresser les draps, personne ne viendra, c’est froid, comme son corps enterré dans la terre, elle m’est inaccessible aujourd’hui. « Moe... » Fermant les yeux je peux encore voir son sourire, ses iris pétillants en me regardant, ses mains attrapant les miennes, sa voix s’éloigne, j’oublie doucement son timbre, si les vidéos n’existaient pas j’aurais déjà l’impression de ne plus pouvoir l’entendre aujourd’hui, mais je suis incapable de les regarder, les photos ou les enregistrements sont dans un dossier que je ne suis pas en mesure d’ouvrir, peut-être suis-je encore dans le déni ? Apparemment ça dure longtemps après un décès, mais quand vais-je réussir à ouvrir les yeux sans sentir les larmes couleurs sur mes joues, s’écrasant sur les draps, le tachant de ma douleur. Claquant mes mains sur mon visage humide je n’ai pas le temps de trainer, me relevant, je quitte le lit, la pièce pour me préparer rapidement, moins je passe du temps dans cette maison et moins je me laisse sombrer. Aujourd’hui j’ai d’autres projets en plus, ayant entendu que la personne portant le nom du patient que j’ai gardé en mémoire joue au hockey, je me rends à un de ses entrainements, je veux le voir de mes propres yeux, le rencontrer et voir qui a hérité de son cœur, Moe était si douce, si gentille, si généreuse, si belle... Son cœur ne mérite pas d’être mis à mal, je dois m’en assurer à tout prix. Arrivant sur place je peux voir les joueurs, je n’ai jamais pratiqué ce sport, bien que je sois sportif aussi, je préfère courir sur une pelouse que sur la glace. Quelqu’un semble gueuler sur les autres, je fronce les sourcils en voyant ce sale caractère, ayant une place assez proche, vu que c’est un simple entrainement il n’y a pas grand monde, mais je le trouve un peu injuste envers ses partenaires, enfin... Ça ne me regarde pas, je dois trouver ce... « Gareki ! » Mon regard se tourne sur la personne qu’ils appellent ainsi et ... non, sérieux ? J’avais entendu des rumeurs sur ce type par les infirmières, mais c’est vraiment cet abruti ? Je fais claquer ma langue contre mon palais alors qu’ils obtiennent une pause, m’approchant du gars en question semblant récupéré de cette petite séance d’effort, je le fixe... « Tu es Tetsuro Gareki ? » Je suppose... « Tu as l’air d’être vraiment chiant comme coéquipier non ? » Tout dans la finesse Nai, je suis simplement honnête.

 TENUE ✽ Dans le miroir, je fixe à nouveau ma cicatrice lié à mon opération. Je ne l’aime pas, elle n’est pas belle et fait défaut sur mon corps. En général, les cicatrices rendent viril, mais celle ci dégouterait plus de filles qu’elle n’en attirerait. Ne voulant pas fixer plus longtemps cette marque, j’enfile rapidement mon haut puis m’équipe de ce qu’il faut pour l’entrainement de hockey. Avec mon opération, je peux reprendre le sport mais il faut attendre encore un bout de temps pour savoir si je peux reprendre les compétitions officielles. Mais j’en ai rien à foutre, si je veux faire des matchs, je vais sur le terrain. Il n’y a pas plus simple que ça. Ce nouveau coeur doit me permettre de revivre normalement et non pas me mettre des freins à ma vie. J’ai une « revanche » à prendre alors je dois « m’habituer » à ce coeur le plus vite possible. J’enfile mes patins, attrape ma crosse et me dirige vers la patinoire. Même après tous ces mois passés à l’hôpital, mon corps a facilement repris ses habitudes de sportif. Heureusement car le hockey de glace le seul sport qui me passionne autant et si je ne pourrai plus en faire, je ne pourrai pas le supporter. Je suis un très bon joueur et ce serait un gâchis de ne pas pouvoir continuer à joueur. C’est donc normal que je sois celui qui gueule sur les autres puisque je suis le plus talentueux. L’entrainement a peine commencé que je suis obligé de crier sur les autres. Ils sont pas possibles, je suis celui qui a eu un arrêt maladie et ils arrivent toujours à être aussi nuls ?! Des insultes volent par ci, par là, mais ces cons ne peuvent pas comprendre tant qu’on ne leur gueule pas dessus. Putain, s’ils ne comprennent pas par les mots, je vais leur montrer qu’il faut se réveiller sur le terrain. Je prends de la vitesse avant de foncer dans un joueur avant de le renverser. « Yah ! Réveille toi ! T’as rien bouffé ce matin ou quoi ?  » Putain ça m’énerve. D’habitude je suis plutôt endurant mais à gueuler toutes les cinq secondes mon souffle est vite perdue. « Coach, je veux une pause.  » L’entrainement nous laisse une pause et j’en profite pour aller à l’entrée de la patinoire pour me reposer un peu. J’enlève mon casque et mes gants avant essuyer ma sueur avec la serviette qui était sur le bord. Je prends ma bouteille d’eau et me déshydrate. J’entends mon coeur battre, je plaque ma main contre mon torse, espérant pouvoir reprendre le souffle plus rapidement. Mais une voix m’inconnue m’interpelle. Je me retourne. « Quoi ?  » C’est un gars que je n’ai jamais vu ou que j’ai oublié. Ok, il me soule déjà. « Toi t’es chiant en tant qu’humain. Dégage avant que je m’énerve.  » D’où il me cherche celui là ? Mais comme ces cons m'ont bien essoufflé, je lui laisse une chance de se barrer. 

 TENUE ✽ En venant jusqu’ici j’espérais vraiment rencontrer quelqu’un qui me renvoie l’image que pouvait avoir Moe, je pense que malgré les choses que j’ai entendues sur cette personne j’ai voulu croire que c’était faux, qu’ils avaient mal interprété son humeur, ses paroles, son comportement, que sais-je... Je me suis juste fourvoyé, en le regardant sur la patinoire je pensais voir un homme se battant, prenant une revanche sur le monde, sur la vie, c’est ce que j’aurais vraiment voulu, il a eu une seconde chance grâce à ma petite amie, elle lui permet de patiner, de respirer, de penser, toutes ses choses qu’il fait il le peut encore grâce à ce cœur qu’on lui a arraché, enlevé, en même temps que le mien, bien que ce soit une image dans mon cas je me sens vide comme si les battements avaient cessé cette nuit-là. L’entendant gueuler sur ses coéquipiers, leur rentrer dedans, s’essouffler pour rien, je me rends compte ô combien cet homme est un abruti. Je profite de cette pause de l’équipe pour faire mon entrer, lui parler avec autant de familiarité que je possède, il ne doit pas savoir qui je suis et en vrai je n’ai aucune envie de lui dire, il n’a pas besoin d’être au courant, tout ce qui m’importe c’est le cœur battant dans son organisme et qu’il bafoue sans une once de pitié. « Parce que tu n’es pas déjà énervé ? mince alors, j’avais cru pourtant... » Un peu d’humour voyons, j’ironise la situation, bien que je ne compte pas lâcher l’affaire maintenant. « On dirait que tu vas rendre l’âme surtout, si tu arrêtais de gueuler pour rien tu arriverais mieux à respirer. » La base, je suis sportif aussi, faut savoir gérer son souffle et son endurance. « Tu devrais faire plus attention aux choses qu’ont t’as offert, les secondes chances sont uniques. »

 TENUE ✽ Je ne me suis jamais demandé d’où ce nouveau coeur venait. Je me fiche de le savoir puisqu’il est, maintenant, à moi. Cette opération m’a permis de revivre à nouveau mais n’est ce pas parce que je la mérite ? Je suis effectivement content d’avoir eu cette deuxième chance, mais ce n’est pas pour autant que je vais vivre différemment qu’avant. Au contraire, je vais profiter d’avoir eu un nouveau coeur pour montrer que je suis toujours en vie. Après ce n’est pas de ma faute s’il y a des incapables qui me poussent à gueuler sur eux. Ils me soulent à ne pas savoir jouer correctement et en tant que meilleur joueur de l’équipe c’est mon droit de pouvoir leur critiquer. S’il avait un joueur aussi talentueux que moi, je pourrais éviter de gueuler mais non. Ce sont tous des bouffons qui ne savent que patiner. Nous ne sommes pas là pour faire du patinage artistique mais pour faire du hockey alors qu’ils se bougent le cul. Sinon, je me ferai un grand plaisir de les réveiller en les poussant violemment sur la glace. D’ailleurs, je ne me retiens pas de le faire. Je réclame une pause pour reprendre ma respiration. Je patine vers le bord afin de me reposer un moment mais un gars m’appelle. Je ne suis pas surpris qu’il sache mon prénom alors que j’ignore le sien. Ça arrive souvent lorsqu’on est populaire. Par contre, j’apprécie pas du tout qu’il me parle ainsi. Je claque ma langue contre les dents. Il fait le malin ce qui a le don de m’agacer encore plus. Je lui attrape par le col de son haut. « Je ne me répèterai pas une deuxième fois.  » C’est sa derrière chance de s’excuser avant de pouvoir partir tranquillement. Même si je reste essoufflé, je ne flanche pas du regard. Le seul qui m’empêche de reprendre mon souffle, c’est bien cet abruti. Je suis surpris. Comment un gaillard que je n’ai jamais vu sait pour mon opération ? Les rumeurs courent assez vite à ce que je vois. «  C’est le cas de le dire. » Je lui donne un coup au visage. Les deuxièmes chances sont uniques, il n’a pas profité de partir tant qu’il était temps. Malheureusement, mon poing n’est pas aussi puissant que celui de d’habitude mais assez pour lui abimer ce visage de con. Ne l’ayant toujours pas lâché son col, je le fixe, d’un regard froid. «  J’en ai rien à faire de ta leçon de morale. C’est ma vie alors je fais ce que je veux.  » Je finis par le lacher. Je sens limite mon coeur faire bouger tout mon corps à cause de ses forts battements. Je ne veux pas paraitre faible devant ce connard alors je tiens bon. 

 TENUE ✽ Je sais que je n’avais aucun droit de connaitre le nom de la personne qui a hérité de son cœur, mais sans ça je pense que je n’aurais pas pu me relever, savoir qu’elle vit quelque part me réconforte, même si Moe ne reviendra jamais, si cet homme n’aura pas ses souvenirs, son passé, je m’en fiche complètement de tout ça, j’avais juste besoin d’une chose à laquelle me rattacher, d’un espoir aussi éphémère soit-il. Le voir avec cette aura de violence à gueuler partout me fait bien comprendre que le cœur qu’il possède est comme prisonnier d’un corps qui ne le comprend pas, c’est étrange vu comme ça, mais c’est mon point de vue. il veut que je me casse, le souci c’est que j’en ai aucune envie, je ne suis pas venu ici juste pour lui dire deux mots, il peut bien prendre ses grands airs je suis loin d’être aisé à intimider, de toute manière qu’ai-je à perdre ? Je pourrais être considéré comme un kamikaze, mais il pourrait me menacer que je ne reculerai pas. À ses mots je hausse simplement les épaules sans m’éloigner pour autant, je m’en fiche. Je préfère le mettre au courant pour sa seconde chance, je comprends rapidement que ma tâche ne sera pas facile, ce mec semble croire que tout lui est dû et je repense aux paroles des infirmières, tout est plus clair maintenant. Mais Moe lui a offert cette chance, elle est morte et il a eu son cœur, comment peut-il être aussi bête ?   Je me prends un coup, plus que la douleur je suis surpris par cet impact, je ne m’attendais pas à ce qu’il me frappe aussi soudainement, mais soit. Soutenant le regard qu’il me lance, je souris, ça paraît idiot et pourtant c’est bien ce que je fais. « On ne t’a jamais appris à être reconnaissant hein ? Je vois... » Question/réponse, mais c’est évident. « Désolé, mais je compte bien m’assurer que tu fais bon usage de cette chance, alors va falloir t’habituer à voir mon visage. » Abimé ou non, de toute façon je suis déterminé et ses coups ou ses insultes n’y changeront rien.

 TENUE ✽ Je ne sais pas d’où cette émergumène sort mais il me saoule à faire comme s’il savait tout sur moi. Il se mêle de quelque chose qui ne le regarde pas. Je ne suis pas du genre à répondre calmement aux autres, surtout lorsqu’ils commencent à me taper sérieusement sur le système. J’aurai pu bien l’accueillir s’il m’avait demandé un autographe ou une photo, bien que je l’aurai surement rembarré à la fin, mais là il prends ses airs supérieur et me donne des leçons de morale. Que je sois chiant avec mes coéquipiers ne concerne que moi, que je gueule sur eux aussi, que je doive faire attention au deuxième chance, aussi. Mon point est parti sans qu’il ne se doute de rien. Je suis comme ça, dès qu’un truc ne me plait pas, je le cogne, que se soit humain ou objet. En tout cas, cette pause ne m’aura pas permis de reprendre mon souffle puisque cet abruti m’en en empêche. C’est lui qui m’a forcé à lui donner un coup et ça ne le fait pas plus réagir que ça. Il ose même sourire. Il est maso ou quoi ?! Je grimace à sa « question ». Reconnaissant ? Envers qui ? Aux autres qui sont des moins que rien ? Pourquoi devrai-je l’être ? Ce gars est bizarre, il me parle à nouveau de cette chance. Pourquoi fait il une fixation dessus ? Et puis de quel droit a-t-il pour faire ça ? En quoi ma vie le concerne ?! Tant de questions sans réponses. Je finis par lacher son col devant ce regard déterminé. Ce gars est fou, je ne comprends pas du tout où il veut en venir. « T’es qui pour pouvoir me juger ? » Personne n’a le droit et a le pouvoir de me juger, pas même mes parents alors ce n’est pas lui qui pourra changer ma façon d’être. « Pourquoi devrai-je supporter ta face ? Je suis pas gay alors je préfère voir le visage d’une femme plutôt que le tien. » Et même si c’était une femme, vu comment il est chiant, je n’aurai pas voulu rester avec lui. Parce que bon, un parasite reste un parasite, quelque soit son sexe.  

 TENUE ✽ À ses yeux je dois juste être un emmerdeur, je ne dois pas avoir mon mot à dire sur ses actes et encore moins parler de seconde chance, il peut bien me frapper je garde le sourire simplement parce que les blessures ne m’arrêtent pas, la douleur ne me fait pas reculée, mon cœur souffre plus encore, je pourrais perdre un bras ou être coupé en morceaux que ça n’égalerait pas la souffrance intérieure que je trimballe, la perdre est comme avoir les pieds en enfer sans pouvoir en sortir, mais je me suis trouvé un but pour rester en vie et malheureusement pour lui, Gareki est ce but. Ses actions ne sont en aucun cas respectable, il est arrogant et violent, il n’a pas un dixième de Moe, elle était vraiment parfaite et pourtant elle ne s’en vanter pas, elle était modeste et sa générosité n’avait pas de limite, elle savait faire la différence entre le bien et le mal, pourtant ce gars en face de moi n’a pas du tout cette capacité, il se juge surement comme étant le nombril du monde, mais il n’en est rien, est-ce qu’une personne au moins l’aime ? Ou aime-t-il quelqu’un ? J’ai des doutes et je dois les effacer, avec ou sans son accord je ne vais pas le lâcher. Je garde simplement mon sourire sur mon visage, même s’il savait qui j’étais qu’est-ce que ça changerait, il compatirait ? Non, j’en doute, il s’en foutrait totalement, je préfère ne pas le mettre sur cette piste, de toute manière il n’a aucune raison de le savoir. « Qui sait~ » soufflais-je avec un air évasif, reprenant en haussant les épaules. « Gay ou non tu vas devoir t’y faire, puis je ne suis pas certain qu’une femme arriverait à te supporter, alors tu devrais pas être trop gourmand. » Je ris me moquant ouvertement de lui. « Bien, déjà je compte bien changer ton comportement de merde, tu sais pas que même si dans le jeu tu es meilleur avec ton caractère tu seras toujours le dernier ? Tout le monde peut se passer d’un type arrogant et qui se croit supérieur aux autres, si tu veux jouer perso change de sport. » Là c’est le footballeur en moi qui parle, je n’ai aucune envie de mâcher mes mots et il va bien comprendre le poison que je peux être, mais c’est à lui de voir si je serais un poison mortel ou bénéfique dans sa vie.

 TENUE ✽ Comment je suis sensé bien accueillir un gars qui sort de nulle part et qui veut dicter ma façon de faire ? J’ignore ce qui le pousse à venir à moi. Il en a après quoi ? Mon argent ? Ma réputation ? Mon amitié ?  Quelque soit le cas, je ne laisse pas tout le monde m’approcher. Il faut en savoir être digne car je n’ai nullement envie de trainer avec n’importe qui. Surtout que sa tête ne me dit rien. J’ignore son identité et lui semble connaitre la mienne puisqu’il sait mon nom et que j’ai subi une opération. Je me savais populaire mais au point qu’une tierce personne sache ça… je m’étonne moi même. Faut croire que j’ai bien fait mon retour sur la scène et que j’ai fais en sorte que tout le monde ne puisse pas m’oublier si facilement. Ça a été dur pour moi lorsque j’étais souffrant et je ne veux plus jamais connaitre ça. Enfin, rien n’était plus dur que de ne pas avoir eu des nouvelles de ma mère pendant que j’étais dans le lit d’hôpital. J’ai du la faire peur, c’est pour ça qu’elle n’est pas venu me voir, ne serait ce qu’une seule fois depuis mon hospitalisation. Oui, je suis convaincu que c’est pour ça. L’amour de ma mère est le seul amour que j’ai besoin. Elle seule est capable de me comprendre, les autres ne sont que des moins que rien. C’est ce que la personne la plus importe m’a appris. Alors pourquoi devrai-je écouter cette tête de noeud ?! Il ne me répond pas à mes question et ça me saoule. Il veut se la jouer mystérieux ? Je montre mon mécontentement en claquant la langue contre mes dents. Je lui lance un regard froid, là par contre il fait erreur. J’ai plutôt la côte auprès des femmes. Je reste un connard, mais un connard qui peut savoir être flatteur. Un compliment par ci, un compliment par là et elles oublient presque mon caractère de départ. Je le pousse au loin en même temps que je relâche son col. Je ne veux pas rester une seconde de plus près de lui. « Je préfère rester seul qu’être en ta compagnie. » Ça fait quoi ? A peine une dizaine de minutes que je le connais et il a tout fait pour que je le déteste. Je m’apprête à m’éloigner de lui mais ses paroles me font revenir à ma place d’origine. Il a peut être raison, mais ce n’est pas pour autant que je compte l’écouter. J’ai mon fierté et je passe pour quoi si je me mets à écouter un inconnu ? Mon ton se fait un peu plus fort. « Qu’est ce que tu t’y connais toi ? Hein ?! Un fort reste un fort. Je suis la tête et les autres me suivront. C’est pas au meilleur de s’adapter pour les nuls. » Putain c’est le monde à l’envers.  

 TENUE ✽ Je me doutais déjà qu’il n’allait pas prendre ma présence comme une bonne chose, après tout j’ai pris la décision tout seul de m’imposer dans sa vie, il ignore pourquoi, qui je suis et mes intentions, au final il ignore tout alors que j’agis comme si a son opposé, je savais tout, mais c’est faux. En dehors de son nom et son prénom que j’ai lu sur la porte de sa chambre et le fait qu’il ait le cœur de Moe, j’ignore tout, je découvre et je suppose. Il ne me contredit pas et a dû comprendre que même s’il m’attaque physiquement je n’allais pas abandonner, il peut dire ce qu’il veut, je me fiche d’être un parasite, égoïste ou encore un poids lourd dans sa nouvelle vie, j’ai besoin de cette attache, de m’accrocher à ce qui se trouve dans sa poitrine d’enfoiré, je compte bien le changer, lui faire réaliser la chance qu’il a et prendre en considération les autres plutôt que de se voir comme le nombril du monde en croyant et clamant qu’il est le meilleur, je trouve ça très irrespectueux et même agaçant, le talent est une chose, mais le jeu et la passion ne sont pas en reste, ce mec... Prend-il réellement du plaisir à jouer ? Ou ne voit-il que la victoire quitte à écraser ses propres coéquipiers ? Je dois découvrir jusqu’où va son intolérance. Je souris simplement devant sa rétorquassions, haussant les épaule avant de le regarder de nouveau droit dans les yeux. « En fait t’es juste un sale gosse en manque d’attention non ? » Je ricane un air presque déçu. « Les personnes détestables sont lâchées, il y a toujours meilleurs que nous et ce jour-là personne ne sera de ton côté, tu es peut-être doué sur une patinoire, mais tu n’as rien dans la tête, quelle déception. » Je ne sais pas pourquoi je le provoque ainsi, mais pour être honnête je suis juste agacé et frustré que Moe est sauvé ce type plutôt qu’une personne le méritant, il n’a pas conscience de la chance qu’il a et je ne supporte pas ça, j’ai tout perdu et lui a gagné une nouvelle vie, mais s’entête à ne pas être reconnaissant, dans quel monde on vit au juste, ce n'est pas logique. « Je vais te faire changer, peu importe le temps, tu vas changer. » Je le jure, je vais le faire grandir, de toute façon je n’ai pas l’intention de m’enfuir et il voit bien que je ne mâche pas mes mots, alors même si je suis un « parasite » je lui dirais les choses en face, ses choses là que tout le monde pense tout bas.

 TENUE ✽ Des fous comme lui, c’est bien la première fois que j’en vois. D’habitude personne n’ose venir me chercher des embrouilles mais lui il a l’air aussi tenace qu’un cafard. Ce qui m’énerve le plus c’est qu’il fait comme s’il savait tout de moi et me prend de haut en me dictant ce qu’il faut ou pas faire. Lorsque je lui demande qui il est, il ne me répond par une autre question. Je déteste ces personnes qui se font mystérieux comme ça. Ce ne sont que des lâches qui n’osent pas assumer ce qu’ils font. Et à cause de son putain de comportement, il m’a rendu curieux, pas dans le sens où je cherche à comprendre son but, mais j’ai envie de savoir qui il est, ses points faibles, pour le faire regretter d’être venu me voir. Même le coach ne me dit rien sur ma manière de jouer et ce petit rat se permet de me dire que je devrais changer de sport ? Est-ce qu’il m’a déjà vu jouer ? Est-ce qu’il connait ce sport ?! Ce gars est un imbécile car même un aveugle saurait dire que je suis le meilleur en hockey de glace. J’aime ce sport, et c’est bien pour ça que je n’ai pas arrêté même au péril de ma santé. Je veux continuer à rester le premier et c’est bien pour ça que je gueule sur les autres, pour pas qu’ils me ralentissent dans mon ascension. C’est la goutte de trop. Ma rage bouillonne en moi, j’attrape ma crosse de hockey et tape fortement contre la paroi de la patinoire. L’objet se fracasse en deux. Les gens présents autour nous regardent mais je m’en fiche. Je n’ai pas la tête à m’attarder sur les détails. Je l’attrape par le col assez fort pour que la partie haute de son corps se retrouve de l’autre côté de la patinoire, pointant le bout de ma crosse contre lui. Je sens que mes coéquipiers se ruent sur moi pour m’arrêter de commettre le pire. « Ecoute moi bien petit con. Tu me fais royalement chier. J’en ai plus que marre de voir ta tête ainsi que d’écouter ta voix. Je sais pas ce que tu cherches à faire en voulant me « changer » mais je n’ai pas du tout envie de t’écouter. » Mais sa détermination n’a à peine changer lorsque je l’ai menacé avec mon arme, ce qui me fait soupirer.  «  Mais vu que tu n’as pas l’air de comprendre. Ok, tente ce que tu as à faire, je suis moi aussi curieux de voir comment tu comptes remplir ton objectif. Faudra pas m’en vouloir si mon poing finit par se retrouver contre ta face. » Je jette ma crosse sur la patinoire avant de le repousser. Disons qu’il a gagné cette manche, mais ce n’est pas pour autant que je l’écouterai au doigt et à l’œil.  

 TENUE ✽ Fou ? Je l’étais surement, mais je l’assumais si pour lui je semblais sorti tout droit de nulle part, l’accusant ouvertement sans prendre de pincette, je comprends très bien comment il me voit, une nuisance ou pire. Si les rôles étaient inversés et que quelqu’un me jugé comme je le fais actuellement je pense que malgré ma capacité à rester calme, je pourrais m’énerver aussi, surtout que je ne donne aucune réponse et Dieu sait que je ne suis pas du genre à tourner autour du pot normalement, mais là... C’est un sujet que je ne suis pas prêt à aborder avec lui, de plus le jour où je lui raconterai ce sera surement lorsque je jugerai qu’il est digne de l’entendre, qu’il a changé ne serait-ce qu’assez pour que je ne le vois plus seulement comme un con sans intérêt profitant juste du cœur de ma bien-aimée. Très vite je fais face à nouveau à sa violence, surpris je ne démords pas pour autant, toujours aussi déterminé, il peut me faire mal ou tenter de m’effrayer encore une fois cela n’a aucun impact sur moi, je suis déjà anéanti depuis des mois, quand on a tout perdu c’est dur de tomber plus bas, je remonte la pente et je reste moi-même, mais ma poitrine est meurtri, vide et mes émotions figées. En fait, en l’écoutant et malgré ma position peu avantageuse et désagréable avec sa croisse pointé sur moi menaçant de basculer en arrière, je souris... Oui je continue de sourire, je sais que mon comportement va le mettre hors de lui, mais je n'en peux rien. Quand il me lâche je me redresse en remettant mon haut en place et répond. « Tu l’as déjà fait, ce n'est pas quelque chose qui va m’effrayer, quand je me lance un défi je vais au bout, donc c’est plutôt à toi de te préparer. » Il ne pourra pas se débarrasser de moi, je me suis lancer un objectif à atteindre et je l’atteindrais coute que coute, je veux être fier de voir le cœur de Moe en lui, c’est égoïste car dans un sens c’est comme si je le poussais à devenir quelqu’un d’autre, mais ce n’est pas mon but, j’aimerais juste qu’il soit plus humain et moins nombriliste et je pense être bien placé pour le guider dans cette voie, même si je sais d’avance que ce ne sera pas une tâche aisée vu son caractère et le mien en total opposé.

 TENUE ✽ Ce gars doit s’être échappé de l’asile. Je ne vois pas d’autres solutions possibles. Je ne le connais ni d’Eve ni d’Adam, et se met littéralement à débarquer dans ma vie. Je ne sais pas ce qu’il prépare et ça ne me rassure pas. Pourquoi s’est il mis en tête de vouloir me changer ? Est-ce son passe temps de « rendre meilleur » les autres ? Et pourquoi moi ? Serait ce un pion de la maitresse de mon père ? Un fou envoyé une de mes sœurs ? Ou alors il s’amuse à joueur au justicier parce que j’ai brisé le cœur de la fille qu’il aime et qu’il cherche à se venger ? Il faut dire que toutes les propositions sont possibles. Mais je n’ai pas pour autant peur. Il suffit que je reste sur mes gardes avec lui et il ne pourra rien faire. Je vais le laisser faire tout en gardant un œil méfiant. En fait, je n’ai pas vraiment le choix puisqu’il n’a pas peur de moi. Quelle que soit la raison qui le pousse à agir, je peux facilement dire qu’il est plus que déterminé. J’ai l’impression de me voir lorsque j’étais sur le point de mourir, comme si plus rien ne pouvait nous effrayer. Il me fait chier à tout le temps sourire. Je meurs tellement d’envie de lui arracher cette expression. Mais même si je suis violent, je ne suis pas con. Je ne vais pas risquer mon avenir pour lui. Je jette violemment la crosse sur la glace, vu son état elle ne me servira plus à rien, et je lache ma prise. Ce gars n’a vraiment peur de rien et ça lui donne presque un air ridicule. Pour la première fois depuis le début de la rencontre, je souris, ça n’a rien à voir avec un sourire amical, juste un sourire amusé. Je le fixe droit dans les yeux. « Bon courage alors.   » Je sors de la glace et passe à côté de lui avant de m’arrêter. Tant pis pour l’entrainement, je n’ai plus la tête à sa de toute façon, surtout que je n’ai plus de crosse. « Ton prénom est lui aussi secret ? A moins que tu préfères que je t’appelle petit con ?   » Même si je ne compte pas lui parler si souvent, c’est quand même plus pratique de connaitre son nom.   

 TENUE ✽ Un peu de mystère n’a jamais fait de mal à personne, pour lui je suis une nuisance alors que pour moi il est un espoir, les visions sont complètement différentes et on ne pourra jamais se comprendre, du moins pas tant qu’il aura retrouvé un peu d’humanité, il ne doit pas être si terrible je le sais... Mais sur la balance il est aussi ironique que cela puisse bien, bien en dessous de Moe. Et pourtant c’est elle qui est sous terre. À cette seule pensée mon cœur se compresse, mais je garde indéniablement ce sourire pendu à mes lèvres, comme si la peur, la douleur, toutes ses choses avaient disparu, je suis en quête d’une mission pour laquelle je donneraient tout ce que j’ai, passer pour un lourd, un fou, un égoïste et tout ce qui pourrait s’ensuivre ne m’arrête pas, même si je sais que j’ai mes torts, que ce que ne je ne fais est surement insensé, je m'attache sans hésiter. Au moins il capitule, est-ce que ça marchera ? Je n’en doute pas, je n’ai pas le droit d’échouer, de toute façon je suis un fonceur, je ne cherche pas à le blesser, je ne veux pas faire de lui un ange, même si ça serait bien entre nous... Mais j’ai l’impression que c’est ce que je dois faire, lui rappeler ses chances, je veux qu’il prenne soin de ce cœur qui lui a été offert et pour qu’il prenne conscience de ça je ferai autant de pas qu’il faudra, mais jamais en arrière. Mon prénom ? « Petit con ce n'est pas mal. » Je hausse les épaules imperturbables, je n’ai pas envie de lui faciliter la tâche. « Tu veux déjà qu’on fasse pote-pote Gareki ? » Je ris de bon cœur, je suis suicidaire oui, mais c’est plutôt cool de jouer avec son caractère imposant. « Je suis sûr que même si je te donne mon nom tu ne m’appelleras pas avec. » Je souris en le regardant, tapotant son épaule. « Nai, ça devrait être facile à retenir, même pour toi non ? » Je me moque de lui en m’éloignant de quelques pas, m’étirant comme si j’avais déjà oublié ses « agressions » et tout le reste d’ailleurs.

 TENUE ✽ Je ne suis pas quelqu’un qui tient à absolument tout savoir, mais je n’aime pas quand on se paye de ma tête. Et c’est ce qu’il est en train de faire. Il ne me répond pas à mes questions et laisse planer le mystère. C’est frustrant et rageant. Normal que je le vois comme une nuisance. J’ignore qui il est, d’où est ce qu’il vient et il se met à imposer sa vision des choses. Il est sacrément gonflé pour faire ça, surtout à moi. Il ne doit pas savoir qui je suis pour s’être fixé cet objectif. Quoi que, quelque sa motivation il est déterminé. J’ai beau à le repousser que ce soit par la violence ou par la menace, il ne frémit pas. Son détestable sourire est toujours présent. A cette seconde, je donnerai n’importe quoi pour le lui arracher. Mais que faire si rien ne lui fait peur ? Je n’ai pas envie de continuer à perdre mon temps avec lui. Si « accepter » de façon dérisoire peut me permettre de le faire partir, je le ferai sans hésiter. Après tout, il y a une différence entre dire et faire. Il aura beau à répéter qu’il va me faire changer, ce n’est pas pour autant que je vais réellement changer. Je quitte la glace pour aller rejoindre les vestiaires. Je claque ma langue contre mes dents. Il m’énerve, j’ai envie de lui redonner un autre coup. D’ailleurs, je ne sais pas ce qui me retient. Très bien pour petit con. «  Rêve pas. Je ne serai jamais ton pote. » Si je lui ai demandé comment il s’appelle ce n’est pas pour être son ami, ni pour être amical, mais c’est juste histoire d’avoir un nom à mettre sur sa tête, même si parasite, ou petit con lui vont bien. Il n’a pas faux, même s’il me dit son prénom, pas sûr que je l’utilise. Mais je n’ai pas envie d’être en accord avec lui. « Ce qui est sûr, c’est que tant que tu me le dis pas, je ne pourrais pas t’appeler par ton prénom. » Putain, qu’il arrête de sourire comme ça. Je ne suis pas son pote. Je le fixe du regard. «  Tss…Qu’est-ce que tu insinues là ?! » Que je suis un imbécile ? Ce gars a le don m’énerver. Je me masse discrètement le torse. Ça fait un bon moment qu’on ne m’avait pas énervé comme ça. «  Coach, je me casse. » gueulai-je pour qu’on m’entende, lui, mes équipiers ainsi que ce Nai.