La maladie me clouait au lit d’une telle force que j’étais obligé de plier l’échine, de renoncer à me rendre au travail. Une douleur terrassante au niveau de l’estomac m’empêchait de m mouvoir sans me tordre de douleur et la fièvre faisait que j’étais prise de vertiges, lorsque j’essayais de me lever. Souffrante, mais déterminée à ne pas appeler l’homme à la blouse blanche, à supporter irrationnellement la douleur en me disant que j’étais capable de vaincre ce mal. Plus que tout, l’idée de dépendre de quelqu’un, de quelque chose faisait m’épouvantait. Soif d’indépendance, d’autonomie, des mots et du vent pour dissimuler mon entêtement. Refuser des soins ne voulait pas pour autant dire que je me laissais mourir, bien au contraire. J’étais juste… un cas désespéré en la matière. Passant ma matinée au lit après avoir téléphoné au bureau pour prévenir de mon état, je finis par le lever et m’installer dans le salon non pas pour profiter de la télévision mais juste pour ne plus avoir à descendre les marches si jamais je suis trop sonnée et avec une envie oppressante de boire. Dans un état léthargique, pour vaincre le silence troublant auquel je n’étais pas habitué, je pris mon ipod pour tenter de me changer les idées. Pas de musique, juste une voix qui me faisait la lecture d’un roman, l’écume des jours. J’oubliais presque ma douleur, et le fait que j’avais laissé la fenêtre de ma chambre mi-ouverte. Je n’entendis pas de cette façon, l’intrus pénétrer le loft. Du moins, jusqu’à ce qu’un bruit d’objet fracassé se fit entendre. Sursautant, je me redressais subitement, laissant tomber sur le sol, ma couette, couette que j’attrapais. Silencieusement, je me dirigeais vers l’endroit où semblait provenir les bruits. J’aurais voulu prendre mon téléphone, pour avertir la police, jamais manque de chance, il était pas sur mon chemin. Patientant, j’attendis que la personne descende les marches pour lui balancer ma couette dessus. « YAH ! Tu vas mourir de mes mains. »