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 {Angels} ft. rina

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Anonymous
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Ce message a été posté Dim 17 Juil - 20:29
 
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Rina & Yuto


C’était l’été. Quand Yuto était enfant, il passait son temps à courir à l’extérieur, après Gou qui essayait sans cesse d’échapper au contrôle de Nanami et reniflait tout ce qui passait à proximité, lui y compris. Il avait toujours aimé cette saison, ce qu’elle apportait : les couleurs, la chaleur, même si elle était parfois accablante, et la bonne humeur dans le cœur des gens. Malheureusement, pour lui, cette saison était devenue plus sombre et bien moins accueillante, l’année où sa mère avait rendu l’âme sur le billard. Sa mère qui souhaitait son bonheur, qui avait décidé d’abandonner les réceptions pour s’occuper de lui, enfin, comme toutes les mères l’auraient fait. Il n’avait pas été là.

Chaque année depuis lors, les choses se passaient de la même manière : son père organisait une journée pleine de rendez-vous, des conférences en compagnie de partenaires internationaux qui, en règle générale, occupaient toute la journée. Mais Yuto n’y prenait jamais part. Il s’était déjà attiré les foudres de Seito, mais ne souhaitait pas participer à ces entretiens ennuyeux qui, bien qu’ils concernent des sujets assez importants pour l’entreprise, ne suffisaient pas à lui occuper l’esprit. Alors il se rendait au cimetière, chaque année à la date même du décès de sa mère, pour se recueillir sur sa tombe et la fleurir.

Il se redressa après avoir déposé une petite gerbe de fleurs dans le petit réceptacle de pierre qui se situait juste au-devant, un soupir fuyant ses lèvres. Chaque année, il se sentait seul à aller rendre visite à celle qui lui avait donné la vie, il avait l’impression qu’à part lui, tout le monde avait oublié l’existence de la tombe de Hashimoto Kotori. Une pensée douloureuse qu’il ne parvenait malheureusement pas à oublier. Alors, debout devant cette stèle de pierre, Yuto s’attardait. Une dizaine de minutes, qui devenaient une demi-heure, qui devenaient une heure. Au bout du compte, il ne savait combien de temps il passait là à se remémorer des rares moments qu’il avait pu passer en sa compagnie.

Cependant, il n’était pas seul dans le cimetière ce jour-là. Constatant qu’une personne approchait, il s’écarta du chemin pour la laisser passer et esquissa un sourire poli.

« Bonjour. »

La politesse, une fois encore. Ce jour ne pouvait pas être bon à ses yeux, même des années plus tard.
electric bird.

Anonymous
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Ce message a été posté Dim 17 Juil - 23:54
 
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Rina & Yuto

La tombe de sa mère, Rina n'y allait pas souvent. Une pauvre tombe qui faisait tâche, payé avec un fond de tiroir. Depuis qu'elle vivait à nouveau à Tokyo, elle s'appliquait à venir la nettoyer le plus souvent possible, y déposant des fleurs et des bougies pour lui faire honneur un minimum. Takayuki lui disait qu'un jour, ils auraient assez d'argent pour la faire refaire. L'argent n'était plus vraiment un problème pour elle désormais, elle en gagnait assez, mais trop illégalement pour pouvoir justifier comment elle avait réarranger la tombe si on la soupçonnait un jour. Ses lèvres se pincèrent et elle arracha un peu de mousse qui commençait à faire son apparition sur le côté. Un jour, elle la vengera quoiqu'il arrive. Et elle commençait déjà à trouver un moyen d'y arriver.

Rina peinait à croire que ça faisait déjà dix ans qu'elle était morte. Un bien triste anniversaire qu'elle réalisait à peine. Pourtant, elle lui manquait toujours autant, son sourire était toujours aussi claire dans sa tête même si elle avait l'impression d'oublier sa voix. Sa voix qui lui disait sur un ton autoritaire mais bizarrement doux d'aller ranger sa chambre. Sa mère aurait mérité de vivre. Elle était morte alors qu'il y avait tellement de mauvaises personne sur terre qui méritait de mourir. C'était injuste. Elle avait une véritable rage en elle rien que d'y penser. C'était si injuste. Mais elle allait réparer ça. C'était sa mission.

Se relevant doucement, elle se courba devant la tombe de sa mère, laissant une dernière prière à cette dernière. Elle espérait qu'elle serait fière d'elle à  l'avenir. Jusque là, il n'y avait pas grand chose pour qu'elle puisse l'être. Tournant les talons, l'étudiante commença à se diriger vers la sortie, s'arrêtant en croisant le regard d'un jeune homme. Qu'elle connaissait. Très bien. Son cœur s'emballait un peu en le voyant si près. La dernière fois qu'ils s'étaient parlés, il était à peine plus grand qu'elle, avait une toute petite voix pénible à écouter, et il était loin d'être aussi beau. Le fils Hashimoto était devenu incroyablement séduisant. Rina avait une photo d'eux deux enfants, elle n'avait pas de risque d'oublier son visage. Il ne semblait plus savoir qui elle était et c'était tant mieux.

« Bonjour. » Elle lui sourit, s'inclinant doucement. Il avait perdu sa mère il y a quelques années, sans doute était-il ici pour elle. « C'est rare que je croise quelqu'un qui doit avoir mon âge ici. » Même lui, c'était la première fois qu'elle le rencontrait depuis le temps qu'elle venait. En général, elle faisait attention à qui se trouvait près d'elle. « Je ne t'avais jamais vu avant. »

Le tutoyer, ils avaient presque le même âge. Elle savait que ça ne se faisait pas dans son milieu à lui, mais elle n'était pas de son milieu. Il était si grand qu'elle avait déjà l'impression de se déboiter le cou à le regarder. Sa mère serait si fière de voir qu'il était devenu un si beau jeune homme. Cette pensée lui décrocha un sourire un peu plus grand. Oui, elle serait tellement fière de Yuto, mais sûrement toujours aussi inquiète, comme elle l'était les moins suivant son renvoie. Ce renvoie qui lui avait été fatal. Yuto ne devait même pas savoir tout ça, et Rina ne comptait pas lui apprendre. Elle n'était pas là pour ça.

electric bird.

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Ce message a été posté Lun 18 Juil - 13:41
 
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Rina & Yuto


Il n’y avait personne, sa mère ne pouvait pas discuter avec lui d’où elle était, mais Yuto ne parvenait jamais à abandonner cette stèle sans un pincement au cœur. Il avait l’impression de la laisser derrière lui, de ne plus lui accorder l’attention qu’elle méritait, l’attention qu’il n’avait jamais pu lui donner, quand bien même il avait essayé. Même après qu’elle avait décidé d’arrêter de travailler, Kotori n’avait jamais réussi à se hisser au stade de Nanami, dans le rôle de la mère aimante et présente. Il l’aimait énormément, mais cela n’avait pas été suffisant. Pas avec un père comme le sien, prêt à tout pour en faire un chef d’entreprise d’exception, un membre de l’élite nipponne défiant toute concurrence, y compris sa petite amie de l’époque.

Un soupir s’échappa d’entre les lèvres de l’étudiant en droit, alors que ses yeux se reposaient sur les caractères gravés dans la pierre. Il ne pouvait pas oublier, il ne voulait pas. Tout ce qu’il s’était passé aurait pu être évité, mais il n’avait rien faire. Si cet homme avait été moins bien placé, s’il avait été un peu moins protégé, il n’aurait sans aucun doute pas été acquitté. Il n’en disait rien, habituellement, mais cela le révoltait, le plongeait dans une colère folle. Ils n’étaient rien. Juste des hommes comme les autres, qui pouvaient crever à cause d’une erreur médicale. Cette pensée douloureuse à l’esprit, il pinça les lèvres et leva les yeux au ciel. Il était désolé. Tellement désolé de ne pas avoir été là pour la protéger.

De toutes les choses qui avaient eu lieu dans sa vie, c’était son plus grand regret. La perte de sa mère, une impuissance flagrante face au comportement de son propre père qui repoussait sans cesse les limites de l’admissible. On ne volait pas. On ne trichait pas. N’était-ce pas la base de toute son éducation ? Au bout du compte, il était un voleur, un menteur, un tricheur. Son nom portait ce signe à ses yeux. Il le détestait. Cependant, il ne pourrait rien y changer tant que Seito serait de ce monde. Saluant brièvement la visiteuse du cimetière, il s’écarta du chemin, tout comme il chassa les pensées qui lui polluaient l’esprit en ce moment de recueillement.

Il leva les yeux vers cette même visiteuse en l’entendant prendre la parole, et il chercha dans un premier temps à déceler la présence d’un troisième individu, sans jamais le trouver. Son regard retrouva rapidement la jeune femme.

« Peut-être parce que je ne viens pas souvent… »

Pas assez à son goût, en tous cas. Il rendait visite à sa mère plusieurs fois par an et, lorsqu’il n’y avait personne, se livrait à un petit monologue. Ses propos s’abandonnaient aux herbes qui poussaient çà et là, mais il s’en moquait. Il ressentait un profond besoin de s’exprimer, de dire à sa mère disparue ce qu’il avait sur le cœur, même en n’obtenant aucune réponse. Son père était un monstre, pas lui. Lui, il rêvait de justice. Sa justice. La vengeance qu’il avait en tête depuis des années déjà.

« Qui viens-tu voir ? »

Une grand-mère, sans doute. Il ne souhaitait à personne de souffrir de l’absence qu’il connaissait. Une mère, un empire, il n’y avait qu’un pas de différence, et il n’était pas difficile de savoir lequel des deux se trouvait à la meilleure place. Yuto scruta du regard la nouvelle arrivante, interpelé par ses traits pour une raison qu’il ignorait. Cette raison, il ne la trouva pas même après l’avoir observée, et il se contenta de reposer les yeux sur la stèle qui se trouvait à ses côtés. Il pouvait faire tout ce qu’il voulait, il restait un garçon qui avait été privé de sa mère bien trop tôt. Un enfant perdu.
electric bird.

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Ce message a été posté Jeu 21 Juil - 23:59
 
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Rina & Yuto

La mère Hashimoto était morte quand elle avait treize ans, il lui semblait. Elle tentait à l'époque de suivre l'actualité, de savoir ce qui se passait là-bas, pourquoi elle était morte, de quoi, ce que faisait le père Hashimoto, le fils. À l'époque, elle n'avait accès à aucune information et elle était horriblement frustrée. Takayaki l'avait aidé à avoir accès à plus d'informations, il n'avait jamais compris son obsession pour cette famille, mais il n'avait pas besoin de comprendre. Rina avait ce but depuis toujours. Les retrouver, le tuer. Tuer celui qui avait fait souffrir sa mère, prendre soin de celui qu'elle avait tant aimé, qu'elle avait sans doute aimé autant qu'elle. Ce petit garçon qui était désormais devant elle. Il était si grand, il devait faire une tête de plus que Takayuki, il avait l'air plus lisse, comme un Price. Oui, un vrai Prince.

Yuto ne venait pas souvent. Forcément, sinon elle l'aurait remarqué. Rina venait quasiment une fois par semaine. Elle n'avait jamais croisé Yuto auparavant. Ça la rassurait de voir qu'il venait encore se recueillir sur la tombe de sa mère, qu'il n'était pas encore aussi pourri que son père. Rina était persuadée que Yuto était quelqu'un de bien, du moins, qu'il l'était resté. Petits, elle voulait toujours être plus forte que lui, le plaquer par terre et parfois, il la laissait faire, pour lui faire plaisir. Et elle était vraiment contente de pouvoir le faire. Un peu trop contente. Sa mère lui disait toujours qu'elle était contente de voir qu'ils pouvaient s'entendre tous les deux, même s'il était plus grand, que parfois,  elle l'ennuyait, il acceptait quand même qu'elle rester jouer avec lui.

Sa question lui fit lever les yeux vers lui. Devait-elle dire la vérité ? Elle n'y avait jamais pensé. Abe Rina, se souvenait-il seulement de ce nom ? Plus que de se souvenir d'elle, la demoiselle espérait que Yuto se souvienne de sa mère, de cette femme qui l'avait aimé comme s'il était son propre enfant, qui prenait soin de lui, qu'il ne souhaitait que le meilleur pour lui. Rina espérait qu'il ne l'ait pas oublié, que parfois, il pensait encore à elle.

« Ma mère. » Ses lèvres se tordirent un peu avant de sourire. Elle n'aimait pas réellement en parler, mais elle s'était dit que pour se rapprocher de lui, elle n'avait pas forcément le choix. « Elle est morte il y a dix ans cette années. En octobre, ça fera dix ans. » Son regard se détourna de lui. Déjà dix ans. « Je viens la voir presque toutes les semaines. »

Quand elle ne venait pas, elle avait l'impression de la laisser de côté, elle avait peur que sa mère, d'où elle était, pense qu'elle l'oubliait. Alors qu'il n'y avait pas un seul jour où elle ne pensait pas à lui, où elle ne souhaitait pas qu'elle soit là pour assister à tel ou tel chose. Elle devait passer tout les événements de sa vie, seule, sans elle, et encore aujourd'hui, elle trouvait ça terriblement injuste.

« Et toi ? »

Rina ne pouvait pas savoir, elle ne devait pas montrer qu'elle le connaissait. Un sourire doux orna ses lèvres. Qu'il n'ait pas peur, qu'il lui parle. Hashimoto Yuto, enfin, après des années, elle lui parlait à nouveau. Et ça lui réchauffait le coeur qu'elle pensait quasi-mort.

electric bird.
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Ce message a été posté Lun 25 Juil - 1:05
 
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Rina & Yuto


Le regard de Yuto continua à passer de la stèle à ses environs, inlassablement, jusqu’à ce qu’il tombe sur la jeune femme qui se trouvait à ses côtés. Il savait qu’il n’était pas le seul tokyoite à fréquenter ce cimetière, mais il avait tellement l’habitude d’être seul lors de ses visites qu’il n’imaginait pas s’y trouver en même temps qu’une autre personne. Lorsqu’il se recueillait, il se sentait rassuré, apaisé à l’idée de ne pas être observé, surveillé par une personne qui aurait pu se servir de ce moment de faiblesse afin de lui nuire. Il regrettait tant de n’avoir pas été le fils dont sa mère avait rêvé, de n’avoir su se montrer présent pour elle au moment où elle en avait le plus besoin, quand elle était malade.

Tous ces remords ne pouvaient malheureusement rien changer et il avait parfaitement conscience de son incapacité à faire demi-tour. Sa mère était morte, ses cendres reposaient quelque part et lui, comme il l’avait toujours fait, il accompagnait son père de réunion en réunion en affichant le sourire figé qu’on lui avait appris à montrer. Mais pas ce jour-là. Pas le jour où sa mère avait trouvé la mort. Il était hors de question qu’il accepte de renoncer à ce petit moment qu’il passait avec elle, chaque année à la même date. Cela ne pourrait jamais la ramener, il en avait conscience, mais il se convainquait : tant qu’une personne rendait visite à sa mère, tant qu’il y allait, elle serait en vie d’une certaine manière.

« Oh… Je suis désolé. »

Son ton se fit plus bas et il inclina doucement la tête, les yeux fermés. Lui qui aurait souhaité que personne ne connaisse la situation qu’il vivait, lui qui avait si souvent pensé que personne ne pouvait le comprendre. Il avait l’impression d’avoir commis la plus grave des erreurs en pensant de cette façon. Si seulement il avait pu avoir raison. Un soupir lui échappa et il se contenta de reposer les yeux sur la stèle qui se trouvait auprès d’eux et, lorsque l’inconnue lui retourna la question, il lui adressa un sourire quelque peu forcé, ne sachant trop s’il avait envie de répondre ou préférait éluder la question. La seconde option aurait certainement été la meilleure.

« Ma mère. Elle est morte des suites d’une erreur médicale, il y a quelques années. » Il gardé les yeux figés sur le bloc de pierre gravé, se retenant de sourire à nouveau. « J’ai l’impression qu’hier encore elle était là, à me parler et à me poser des questions et à me demander comme j’allais. »

Mais cela faisait tellement, tellement longtemps désormais. Lorsqu’il rentrait à la maison, il la revoyait encore, assise dans le canapé où elle passait son temps à lire ou à se charger de la paperasse que son père ne souhaitait pas traiter, à donner des ordres aux différents domestique avec la sévérité maternelle, dure mais pas seulement, qu’elle avait toujours possédé et qui faisait d’elle une femme plus que respectée de son vivant.

« Quel âge as-tu ? Enfin, si ça ne te dérange pas. »

Elle paraissait jeune. Si sa mère était morte dix ans plus tôt, il n’osait qu’à peine imaginer l’âge auquel elle l’avait perdue. S’il avait pu, il aurait annulé ce genre d’événements, mais un simple garçon ne pouvait pas ramener les morts, pas même avec tout l’or du monde.
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Ce message a été posté Lun 1 Aoû - 19:36
 
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Rina & Yuto

Doucement, elle secoua la tête, souriant un peu. Non, il n'avait pas à s'excuser, pas lui. Son père devrait. Son père devrait être mort à la place de sa mère. Elle sentit sa haine remonter en elle mais elle garda son sourire malgré tout en le contemplant. Une douce chaleur la gagnait paradoxalement en regardant Yuto. C'était comme retrouver une partie de sa mère, un élément qui la rattachait à elle. Est-ce qu'il se souvenait, de combien elle l'avait aimé ? Sans doute pas. Cela remontait à si longtemps, Yuto ne devait plus savoir, il ne devait pas se rappeler d'elle. De sa mère si, forcément, mais pas de la petite fille qui l'embêtait souvent. Non, il ne devait pas s'en souvenir.

Bien qu'elle connaissait la réponse, elle lui demanda en retour qui il était venu visiter. Sa mère, elle n'avait qu'un souvenir vague de cette dame. Elle l'avait toujours trouvé agréable, gentille. Ce n'était pas elle qui aurait du mourir non plus. Le monde était si injuste, on ne tuait jamais les bonnes personne. Une erreur médical, c'était difficile. Elle avait envie de serrer Yuto contre elle, de lui dire qu'elle ressentait la même chose avec sa mère, mais elle ne pouvait pas. Il ne comprendrait pas.

« On ne se remet jamais de cette absence. » Rina ne se remettrait jamais de cette disparition à laquelle elle pensait encore chaque jour. Sa mère, la personne la plus importante. « C'est difficile de reprendre sa vie quand on perd sa mère jeune. »

Il paraît que ça laisse des séquelles, et chez elle, il y en avait clairement, elle le savait. Ce besoin de danger, cette soif de vengeance, cette impression d'être toujours seule, quoiqu'il arrive. Yuto ressentait-il cela, lui aussi ? Ça devait être difficile pour lui.
Sa question l'étonna un peu. Elle espérait qu'il n'ait pas de toute sur son identité. Non, sans doute pas. Elle espérait que non.

« J'ai eu vingt ans le mois dernier. Tout juste majeur. » Un petit rire lui échappa. Cela faisait déjà quatre ans qu'elle l'était, officieusement. « Et toi ? »

Le 27 mars 1994. C'était écrit dans un des calepins de sa mère. Avec des petites idées de cadeaux qu'elle voulait lui faire à l'époque. Vingt-deux ans. Mais elle ne pouvait pas faire comme si elle connaissait tout de sa vie. Pinçant les lèvres, elle baissa le regard un instant avant de le plonger dans celui du jeune homme.

« Tu veux bien venir boire un café avec moi, dis ? Je te l'offre. Je sais que c'est bizarre de demander ça mais... » Il fallait qu'elle trouve un moyen de se rapprocher de lui. « Je crois que je me sens un peu seule. »

C'était un prétexte, mais ce n'était pas totalement faux. Yuto devait accepter. Elle savait bien que son temps était compté par son cher père mais il pouvait bien s'absenter quelques minutes de plus. Au pire, il dira qu'il était plus longtemps sur la tombe de sa mère.

electric bird.

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Ce message a été posté Ven 5 Aoû - 22:12
 
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Rina & Yuto


Les années passaient et se ressemblaient, mais rien ne paraissait vouloir effacer la douleur que Yuto ressentait. Sa mère n'était plus là, on lui avait arrachée d'une façon plus qu'odieuse, en prétendant qu'on allait la sauver, et maintenant il ne savait que penser. Son père se moquait totalement de ce qu'il avait sur le coeur. En vérité, il se demandait parfois s'il l'avait un jour aimée, cette femme qui méritait mieux que finir en un tas de cendres oubliées. À force de le voir passer sous silence ce jour, celui où son père aurait dû venir se recueillir sur la tombe de sa défunte épouse en compagnie de leur fils unique, Yuto avait fini par penser que non. Ce n'était pas important pour Seito Hashimoto.

Pour lui, en revanche, c'était capital. Il ne comptait plus les fois où il s'était attardé alors qu'il avait promis de ne mettre que quelques minutes. Tant que cette stèle serait là, il allait continuer à venir chaque année, même si ce n'était que quelques instants, même s'il devait emmener ses enfants afin de leur présenter une grand-mère qu'ils n'auraient pas connue. Lui, contrairement à son père, aimait tendrement cette mère, même si on l'en avait privé pendant longtemps.

Tout cela, il s'en rappelait. Il se souvenait du visage de Nanami, qui lui souriait et lui proposait de faire quelque chose pour s'occuper au lieu de trainer sur le sol de la maison en se couvrant des poils de Gou. Il n'était jamais d'accord, toujours turbulent. Un jour, il s'était même perdu au cours d'une promenade. Là, cette deuxième maman avait été renvoyée. Elle lui avait tellement manqué, une fois qu'elle était partie. Gou aussi. Le reste était flou : il n'était encore qu'un enfant, après tout.

« Jeune ou pas, en vérité. » Il soupira malgré lui, avant de reprendre la parole. « Je n'étais pas si jeune lorsqu'elle est morte, mais ça reste ma mère. »

L'avantage, s'il pouvait le nommer ainsi, était que contrairement à beaucoup, sa vie était déjà toute tracée. Il n'avait qu'à travailler, étudier sérieusement, obtenir les meilleures notes, comme il l'avait si souvent fait par le passer, et au bout du compte il deviendrait le nouveau leader des affaires Hashimoto. C'était prévu, programmé, comme un mardi suit un lundi. Il fallait juste que son père accepte de mourir pour simplifier les choses.

« Oh, je vois. La liberté ? »

Quelle liberté ? Ce n'était qu'un leurre. Certains étaient bien plus libres avant d'être majeurs, d'autres ne l'étaient jamais.

« Vingt-deux ans depuis mars. »

Il trouvait ça bizarre, faire la conversation au beau milieu d'un cimetière, mais cela ne le dérangeait pas plus que ça. À force, il se demandait s'il n'était pas en train de devenir aussi bizarre que Satoshi. Le visage de l'étudiant se fendit d'un sourire amusé quand il releva les yeux vers la demoiselle à sa question.

« Plus bizarre que discuter ici ? » Il s'en amusait, mais il la comprenait. Sa solitude, il pensait la connaître, et c'est ce qui le poussa à hocher la tête. « Je veux bien, mais ça me dérangerait que tu me l'offres... »

L'argent, il l'avait. Ce n'est pas comme s'il avait besoin qu'on lui paie quelque chose. Enfin, si cela changeait quelque chose à la proposition, il la laisserait payer. Sur le moment, l'idée d'avoir de la compagnie l'intéressait plus que se battre pour une histoire de boisson.

« J’en profiterai sûrement pour manger également. »

Il s’était hâté afin de ne pas croiser son père, ce matin-là, et n’avait pas pris la peine de déjeuner en sa compagnie, alors nul besoin de s’étonner de la faim qu’il ressentait désormais.

electric bird.

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Ce message a été posté Dim 14 Aoû - 23:00
 
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Rina & Yuto

Il avait raison, jeune ou pas. Mais plus on est jeune, plus on a besoin d'elle. Du moins, c'était ainsi qu'elle voyait les choses. Elle pouvait comprendre Yuto. Elle le comprenait définitivement. Ils n'avaient pas du le vivre de la même façon, mais ils avaient certain ressenti ce même sentiment d'abandon, d'injustice. Elle avait encore besoin de sa mère, elle en avait toujours besoin, même à vingt ans. Sa vie ne plairait pas à sa mère tel qu'elle était, elle désapprouverait sans doute chacun de ses choix, mais Rina estimait n'avoir pas le choix au fond. Elle devait sans doute se taper la tête contre les murs du paradis, mais que pouvait-elle faire d'autres ? La vengeance n'était pas une solution et Rina le savait. Certaines personnes ne méritaient pas de vivre, et elle n'avait jamais tué quelqu'un de bien, elle s'en était toujours assurée avant.

La liberté, oui. Celle qu'elle s'était déjà autorisée à prendre pour suivre Takayuki. Elle hocha la tête en riant un peu. Certainement. Même si c'était subjectif. Rina fit semblant de ne pas avoir l'air de savoir son mois de naissance. Elle en savait déjà tellement qu'il prendrait probablement peur s'il l'apprenait. Elle suivait sa petite vie depuis toutes ces années, un peu plus depuis qu'elle vivait à Tokyo cela dit.

Rina n'avait jamais été timide, toujours un peu trop entreprenante, c'était tellement naturel pour elle de lui proposer d'aller boire quelque chose. Parler à Yuto après toutes ces années lui faisaient vraiment plaisir. Se renseigner sur lui était une chose, mais ça ne valait pas une conversation directe avec lui. Vraiment pas.

« On paiera chacun sa part dans ce cas. » Un petit rire quitta ses lèvres tandis qu'elle passait distraitement ses doigts dans ses cheveux. « Ah je vais manger avec toi alors. » Un petit hochement de tête déterminé ponctua sa phrase avant qu'elle ne lève le regard vers lui. « J'ai déjà mangé mais j'ai toujours faim de toute façon. »

Gaiement, elle se plaça à ses côtés pour y aller. Ils ne s'étaient pas présentés pour l'instant et c'était tant mieux. Elle n'avait pas envie de lui dire comment elle s'appelait, qu'il sache qui était sa mère. Non, ce n'était pas le moment et ça ne serait sans doute jamais le moment. Elle trouvera bien quelque chose plus tard, un faux nom, une fausse identité. Elle n'avait pas envie de se remémorer des souvenirs avec lui, mais de créer une nouvelle relation, tout simplement.

« T'es vraiment grand. » Elle leva la tête pour le regarder avant de pouffer. « Je vais bientôt me décrocher le cou tellement t'es grand. » elle fit mine de se déboiter un peu le cou avant de rire à nouveau. « Bon, j'ai jamais eu un très bon sens de l'humour, on arrête pas de me le dire. » Et ça la désolait parce qu'elle faisait de son mieux. « Tu peux rire par pitié si tu veux, j'aime bien. » Elle prenait ce qu'elle pouvait avoir.

Continuant d'avancer, elle s'arrêta en apercevant un salon de thé. Il avait l'air intéressant, avec un peu de tout. Elle avait envie d'un chocolat chaud, et d'un gâteau. Et d'un sandwich. S'approchant, elle fixa à l'intérieur avant de se tourner vers Yuto. « Y a des trucs salés aussi, on peut aller ici ou dans un restaurant ? Comme tu veux. » Ce n'était pas elle qui devait manger pour survivre, il pouvait choisir.

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Ce message a été posté Jeu 18 Aoû - 23:36
 
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Rina & Yuto


Plus les années allaient passer, plus Yuto allait peiner à se remémorer les moments les plus simples qu'il avait pu vivre en compagnie de sa mère. Un jour, le son de sa voix s'effacerait, puis son sourire, son visage tout entier ne serait qu'un souvenir que les photos qu'il avait conservées viendraient raviver. Dans sa mémoire, il ne resterait que le sentiment de désolation qu'elle avait laissé à son départ, que la tristesse qu'il ressentait à chaque fois que la pensée lui venait à l'esprit. Un homme avait mis fin à l'existence de la personne la plus importante qui soit à ses yeux, il ne pouvait rien y changer. Il ne pourrait jamais, et même ses études de droit n'allaient jamais lui permettre de devenir un héros qui ramène les morts à la vie. Il resterait Yuto Hashimoto, à moitié orphelin, et, tout ça, son père s'en moquait bien.

Il n'y avait que dans ce cimetière qu'il se sentait apaisé, comme si toute la colère qu'il ressentait et la pression qui pesait sur ses épaules étaient soudainement soulagées, arrachées à son esprit par l'environnement dans lequel il se trouvait. Un havre de paix, s'il osait le nommer ainsi, qu'il devait aujourd'hui partager avec cette fille arrivée par hasard alors qu'il se recueillait, et avec qui la conversation était facile. Facile au point d'échanger des banalités sans nom, comme leurs âges respectifs et une proposition d'aller prendre un verre, mais également des informations plus importantes, comme les raisons de leur venue dans un cimetière. Rien de joyeux, quand on y pensait, mais pour quelle autre raison aurait-on pu venir dans un lieu pareil?

« Ça me va.  »


Il hocha la tête avant de regarder autour d'eux, comme si sa mère avait été là pour les observer et les écouter. Qu'en aurait-elle pensé? Cette pensée lui arracha un sourire : oui, son fils avait changé, il était moins renfermé qu'à une époque, lorsqu'il ne faisait qu'étudier pour devenir le meilleur. Il avait appris à relâcher cette pression que lui imposait son père, ne serait-ce que pour se préserver. Tant que Seito n'était pas au courant, tout allait pour le mieux, de toute façon. Il reposa les yeux sur l'inconnue en souriant.

« Oui, autant en profiter alors. Je meurs de faim.  »

Elle aurait pu être n'importe qui, il s'en moquait. Toutes ses pensées se tournaient vers une seule et unique personne : sa défunte mère. Les problèmes qu'il pouvait rencontrer durant la journée ne changeaient rien à ça. De mauvaise humeur, triste ou débordant de joie, il ne pouvait s'empêcher de songer à elle, et il laissa un sourire étirer ses lèvres en songeant une fois de plus que, peut-être, elle était là à ses côtés, pour veiller sur lui, comme un ange gardien.

« Si tu veux, je peux plier les genoux, ça te fera moins de mal.  » Proposa-t-il en riant, avant de s'exécuter et de plier les genoux à moitié, afin de se retrouver à sa hauteur. « Oui, non, je vais me faire mal au dos en fait.  » Son rire s'enfuit discrètement. Il allait falloir prendre des mesures draconniennes. « On va arrêter les blagues, je crois.  »

Ils quittèrent ainsi le cimetière où Yuto avait passé des heures, à la recherche d'un endroit où ils pourraient manger et boire. L'étudiant en droit fronça les sourcils en levant les yeux vers l'enseigne, songeur. Pendant un instant, il resta planté là, à observer l'établissement avant d'accorder plus d'attention à la jeune femme dont la question lui fit hausser les épaules.

« Ça me va bien ici, ça a l'air tranquille. Pas besoin d'en faire des tonnes non plus. » Répondit-il en un sourire discret, avant de s'approcher de la porte de l'établissement pour l'ouvrir et la maintenir en place, désignant l’intérieur d’un petit geste théâtral. « Après toi.  »

Il se redressa ensuite, posant le regard sur les quelques tables qui se trouvaient à proximité des fenêtres, et il désigna l’une d’entre elles, puisqu’elle était libre, ni trop loin, ni trop près de la porte.

« La table là-bas est libre, si tu veux. »
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Ce message a été posté Ven 19 Aoû - 12:27
 
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Rina & Yuto

Des affaires d'enfance, c'était bien tout ce qui restait à Rina de sa mère. Quelques clichés éparpillés, des vêtements, des écrits, des souvenirs qu'elle peinait parfois à rassembler pour leur trouver un sens. À force, ses propres souvenirs s'estompaient et elle tentait de se raccrocher à ce que sa mère avait laissé derrière elle, que ce soit pour sa famille, ses racines, tout ce qui s'y rapprochait. Elle pouvait savoir d'où venait sa famille paternelle, elle n'avait qu'à demander à Mizuki, lui en parler, mais au final, cela n'intéressait pas Rina. Seule la vie de sa mère avait de l'importance, son père n'était qu'une partie inintéressante, qui avait servi à l'aider à naître, rien de plus.

Yuto mourrait de faim et c'était tant mieux. Peut-être qu'ils allaient pouvoir rester un peu plus longtemps ensemble. Au loin, elle voyait la tombe de sa mère et elle espérait que, où qu'elle soit, elle puisse les voir et être heureuse. Après tout, elle l'avait probablement souhaité, qu'elle retrouve Yuto, s'assure qu'il allait bien. Cependant, pour cela, elle serait sans doute déçue. Rina était sincèrement persuadée qu'il n'allait pas bien. Après tout, comment le pourrait-il avec un père pareil. Elle avait envie de le rassurer, lui dire qu'elle était sur le coup, qu'un jour, il n'aurait plus à s'en inquiéter, à s'en faire. Il sera parfaitement libre.

Plier les genoux. Bêtement, Rina se mit à ricaner en l'imaginant se mettre à sa hauteur. Il avait pas mal d'état à descendre, le pauvre, il allait se casser les genoux à force. Elle râlait un peu sur sa taille mais elle avait toujours aimé les hommes grands, même si Takayuki dépassait à peine le mètre soixante dix, on ne choisit pas de qui on tombe amoureux, ça venait comme ça.

« Ah, ça me rassure de voir que tu as autant d'humour que moi ! » Il avait l'air encore moins drôle, merveilleux. Rina avait toujours voulu être la comique du groupe sans n'y être jamais parvenue. « Si j'avais mis des talons ce matin, ça aurait été une solution. »

Mais elle aimait bien trop ses baskets pour s'embêter avec des talons. Féminine seulement quand c'était nécessaire, elle arborait la plupart du temps un maquillage léger et une tenue confortable. Rina n'était pas forcément un garçon manqué, les grands décolletés et les tenues trop moulantes, ce n'était juste pas pour elle.

Arrivant près du salon de thé, elle attendit sagement l'avale de Yuto qui ne semblait pas contre l'idée d'aller ici. Elle lui sourit, riant un peu face à son geste et elle l'imita en se courbant face à lui. « Thanks, Sir ! » et d'entrer presque en sautillant dans le salon de thé. Tellement de choses à manger. Elle avait envie de tout dévorer mais elle resta sage, se dirigeant vers la table que désignait Yuto un peu plus loin. Rapidement, une serveuse vint leur demander ce qu'ils souhaitaient mager et elle opta pour un simple sandwich au thon. Et un fraisier. Forcément. Et un chocolat. Tout allait parfaitement bien ensemble. Attendant qu'elle s'éloigne son regard se reporta sur lui.

« Tu es étudiant ? » Oui, en droit. C'était vraiment pénible de devoir poser des questions dont elle connaissait déjà la réponse. « T'en as l'air en tout cas. » Oui, bon, c'était écrit sur son front ? Un peu. « On t'a déjà dit que tu ressemblais à un idole de kpop ? »

Parfois, elle-même se demandait si, entre tout ce qu'elle racontait, il y avait un sens quelconque, une logique. Et la réponse était probablement non.




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Ce message a été posté Ven 19 Aoû - 15:24
 
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Rina & Yuto


Même s'il évoluait dans le présent et tentait d'avancer dans ses études, Yuto restait bloqué dans un passé qu'il regrettait, un passé qu'il aurait aimé pouvoir modifier, ne serait-ce que pour profiter davantage de la femme qui lui avait donné la vie. Durant les premières années de son existence, il avait été entretenu par une nourrice, une mère de remplacement qu'il avait appris à connaître mieux que Kotori elle-même, une femme qu'il avait aimée en retour, à qui il avait donné toute l'affection dont il aurait normalement dû témoigner à sa propre mère, sa véritable génitrice qui, à l'époque, était simplement un objet décoratif que son père emmenait partout avec lui. Il s'en rendait compte, maintenant, avec le recul. Désormais, c'était lui, celui qui faisait bonne figure, se montrait souriant face aux partenaires commerciaux et traitait avec lui des affaires familiales. Comme il était un homme, il était bien plus impliqué dans les discussions. Par chance, il adorait le sujet dont il fallait traiter, sans quoi il aurait été dans un état encore plus déplorable que l'actuel, déjà passable. Il avait simplement besoin de plus de liberté et, si c'était possible, de la disparition de cet homme qui avait osé profiter de sa famille comme il l'avait fait, et qui aujourd'hui encore continuait à peser sur son existence. Cela n'allait pas l'empêcher de vivre pour autant.

« Hm, j'essaie, mais il faut croire que je n'ai pas assez de talent pour ça. » Une tristesse, pour celui qui aurait voulu être le premier dans tous les domaines. « La prochaine fois que tu viens, songes-y, sait-on jamais. »

Comme ça, s'ils se recroisaient l'année suivante, ils auraient à peu près la même taille. Sa phrase lui arracha un sourire et un rire fuit entre ses lèvres. Il ne venait qu'une fois l'année, les chances qu'ils se recroisent réellement étaient rares. Parfois, il se demandait s'il n'aurait pas mieux fait de se rendre plus fréquemment au cimetière, histoire de renouveler les plantes du réceptacle et de se retrouver un peu en paix, mais il ne le faisait jamais. Pas de temps, trop de choses à faire pour les cours ou le travail, comme il était malheureusement obligé d'accompagner son père à certains meetings qui concernaient l'avenir de l'entreprise et leurs affaires courantes. Il baissa de nouveaux les yeux vers l'inconnue pour lui sourire, puis ils abandonnèrent cles lieux et les âmes qu'ils pouvaient abriter.

L'énergie que cette fille dégageait impressionnait Yuto, même s'il ne faisait aucun commentaire sur le sujet. Elle avait perdu sa mère, mais semblait étonnamment enthousiaste, pétillante. Il ne pouvait s'empêcher de comparer, de réaliser à quel point, à ses côtés, il n'était qu'une coquille vide qui passait son temps à étudier et sortait parfois pour arrêter de penser. Quel était donc son secret pour agir de cette façon ? Sans doute l'absence de responsabilités ? Elle était plus jeune que lui, ne devait pas faire face aux mêmes difficultés. Une conclusion hâtive qu'il tira volontiers pour cesser de se questionner.

L'étudiant s'installa confortablement dans le fond de la chaise et laissa son regard glisser sur la serveuse qui s'approcha d'eux et qu'il gratifia d'un sourire avant de commander à son tour : un café et quelques viennoiseries, puisqu'ils en proposaient et qu'il ne souhaitait pas mélanger les saveurs. Il la laissa repartir en la suivant des yeux, puis les reposa sur la fille du cimetière en un hochement de tête.

« Oui, j'étudie le droit à l'université de la Royal Private School. » Répondit-il avec tout le sérieux possible.

Il aimait ses études, même si elles lui prenaient du temps et qu'il détestait parfois l'établissement et ses étudiants qui exigeaient de lui qu'il se montre parfait sous tous rapports. Obligé d’être souriant et poli quand il voulait les envoyer à la merde. Ici, c'était différent, cette fille n’était pas méchante.

« Et toi ? Tu étudies ? »

La dernière question le fit tiquer et il fronça les sourcils en se redressant légèrement. Une idole de k-pop ? Il connaissait bien certains groupes, de nom plus qu'autre chose puisqu'il ne s'intéressait pas à grand-chose en dehors des cours et des affaires familiales, mais il n'avait jamais fait attention.

« Non, c'est la toute première fois qu'on me le dit. À qui ? »

Il joignit les mains sur la table qui se situait entre eux, tendant l'oreille alors qu'il surveillait du regard le retour de la serveuse, comme il était habitué à la rapidité et impatient de nature.

« Après, je t’avoue ne pas m’y connaître énormément dans le domaine, alors je risque de ne pas voir de qui tu parles. »
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Ce message a été posté Mar 23 Aoû - 11:50
 
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Rina & Yuto

Étrange que ce matin, elle ne voyait là rien de particulier et la voici désormais installé dans un café avec Hashimoto Yuto. Au fond d'elle, elle aurait envie de sourire comme une idiote et de sautiller un peu sur sa chaise. Comme un événement qu'elle avait tellement attendu, qui se réalisait. Revoir son ami d'enfance qui n'était pas réellement un ami. Le garçon que sa mère gardait et affectionnait autant que sa propre fille. Rina n'avait jamais été jalouse du lien qui unissait sa mère et Yuto, plus jeune, elle comprenait. Yuto n'avait pas de Maman comme la sienne donc il pouvait bien en profiter. Elle pouvait partager sa mère si exceptionnelle avec un garçon qui en avait besoin. Rina était heureuse au final, qu'il ait pu la connaître lui aussi, même si elle ne pouvait pas en parler avec lui.

Le droit, à Royal Private School. Fabuleux. Elle le savait déjà mais elle aimait bien faire croire qu'il s'agissait là d'une nouvelle à laquelle elle ne s'attendait pas. Elle prit même un petit air surpris en posant sa main sur sa poitrine. Oh ! Dis donc ! Du droit ! A Royal Private School ! Oui, bon, elle le savait, elle savait pratiquement tout de lui, à force d'enquêter, de suivre ce qui se passait chez les Hashimoto. C'était bien là sa principale motivation. Quand il lui retourna la question, elle resta un instant interdite, hésitante, avant de finalement répondre.

« Eh bien, justement, j'étudie là- bas aussi ! En photographie. » Rina elle-même se demandait pourquoi elle avait pris cette section. Elle ne regrettait pas, mais au fond, elle avait pris ça par défaut parce qu'elle aimait la photo et qu'elle voulait avoir un diplôme correct. « J'hésite à arrêter en réalité. Je ne suis pas très motivée, et c'est un peu cher pour moi. »

Ce qui n'était pas faux. Évidemment, tueuses à gage, ça payait bien, mais elle n'avait pas non plus un nombre colossale de client puisqu'elle n'acceptait que les missions engageant une personne mauvaise à abattre, quelqu'un de nuisible, qui faisait le mal autour de lui. Comme le père de Yuto. Rina s'interdisait de tuer gratuitement, quelqu'un qui méritait de vivre, quelqu'un de simplement gênant pour une personne. C'était compliqué, sa vie était un peu compliquée. Souriant à Yuto, elle remercia la serveuse qui ramenait leur commande, prenant sans trop attendre son sandwich entre ses mains pour mordre dedans. Elle mâcha lentement, bien qu'excité par sa question. À qui, à qui ! Vraiment, il ne savait pas ? Pourtant, la ressemblance était frappante !

« Ah, c'est pas grave si tu t'y connais pas, attend, je te montre une photo ! » Après tout, la kpop, c'était surtout un truc de fille, encore plus pour les boysband. Quand elle l'avait vu pur la première fois, elle avait tout de suite pensé à Yuto et s'était demandé si quelqu'un le lui avait déjà dit. On dirait son frère ! Trouvant une photo qui lui plaisait, elle tourna l'appareil vers Yuto, tout sourire. « Jaejoong oppa !! » Et elle allait se calmer. Non, vraiment, y avait un truc, fallait pas se mentir. Entre Jae Joong et Yuto, c'était l'évidence même. Le nez au milieu de la figure, tout ça. « Tu trouves pas ? Bon il est un peu vieux maintenant, il a presque 30 ans. Enfin, même, je crois qu'il les a déjà. En plus, il est grand comme toi. Je l'avais vu une fois, genre je l'ai rencontré par hasard à Shibuya ! J'ai été tellement surprise que j'ai renversé mon bubble tea ! Puis j'ai chouiné à cause de ça et quand j'avais fini, bah Jaejoong était plus là. » Et encore maintenant, elle en parlait avec le cœur brisé. « Bon je veux pas t'ennuyer avec ça... » C'était mieux. « Tu as des passions ? » Autre que Jae Joong oppa.



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Ce message a été posté Mer 24 Aoû - 20:58
 
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Rina & Yuto


L'humour n’était hélas pas un point fort pour Yuto. D’un autre côté, aurait-il pu en être autrement ? Son père était un imbécile né qui ne riait qu’aux plaisanteries faites aux dépends d’un autre, avec modération cependant, il ne fallait laisser paraître une faille dans la merveilleuse réputation qu’il possédait. La seule personne avec laquelle il avait pu véritablement plaisanter au cours des dernières années, avant cette fille, c’était Satoshi. Et encore, ses blagues possédaient le petit arrière-goût moqueur que Seito lui-même y mettait : c’était une bien triste hérédité. Cet instant d’égarement serait à placer sur le compte de l’émotion qu’il ressentait, de la joie éphémère d'avoir rencontré une personne capable de comprendre ce qu’il ressentait, ne serait-ce qu'en partie. Quelqu’un comme lui, en quelque sorte. Rien que pour cela, il était prêt à discuter plus longtemps avec elle.

« Oh, vraiment ? » Un rire lui échappa sous le coup de l’étonnement et il se redressa doucement sur son siège. « J’avais oublié qu’ils y proposaient ce type de cours… » Il était bien trop habitué à la section scientifique et politique, comment aurait-il pu s’en rappeler ? Son regard reste un instant posé sur les décorations qui se trouvaient à quelques mètres de lui ; pourtant, il l’écoutait. « Tu n'as pas obtenu une bourse de la part de l’Université ? J’ai entendu dire qu’ils en proposaient. »

Il n'en avait pas besoin, lui. Les affaires familiales étaient florissantes, encore plus depuis le malheureux décès de sa mère. Les articles à répétition au sujet de la défunte et de l’entreprise de son mari avaient changé les larmes en autant d'or liquide, non sans étonner Yuto qui, face à cette médiatisation exacerbée, n’avait pas su comment agir. Sa mère était morte, on lui demandait des explications inutiles. Encore aujourd’hui, il ne pouvait rien faire contre ceux qui cherchaient à ‘informer’. Il était une bête de foire. Comme à chaque fois qu’il se rendait à l’Université et était désigné comme le fils Hashimoto. Il détestait ce rôle qu’on lui avait donné.

Yuto leva les yeux vers la serveuse quand celle-ci vint apporter leurs commandes, puis il souleva sa tasse et l’assiette de pâtisseries pour les placer devant lui, prenant soin a ce que la hanse du petit récipient lui fasse face. Posant les yeux sur l’étudiante, il attendit qu'elle lui montre la photo en question tout en préparant son café avec soin. Pas de sucre, une bonne dose de lait. Il n’avait jamais réussi à le boire noir, de toute façon.

Quand ses pupilles se posèrent sur le téléphone de la jeune femme, des sourcils se froncèrent presque imperceptiblement. « Tu trouves que je lui ressemble ? » La question était sérieuse, tout comme le ton qu’il avait employé. « Enfin, j’imagine que c’est une bonne chose. » Il préférait s’attarder sur les groupes féminins, plus intéressants à ses yeux. De toute façon, il était mieux que les hommes qu’on à l’écran.

À la question suivante, il se fit plus pensif et continua à tourner dans son café avec sa cuillère, s’appliquant à ne pas la faire heurter les bords du petit récipient. « J’adore l’économie et les mathématiques. » C’était la vérité en plus. Un sourire parait ses lèvres quand il y porta la tasse pour en prendre une gorgée. « J’étudie énormément, ça ne laisse pas beaucoup de temps pour le reste. » Affirma-t-il calmement. « Et toi ? À part la photographie et les trentenaires ? »

Il saisit l'une des viennoiseries pour y mordre, mâchant calmement avant de boire une autre gorgée de café. Depuis combien de temps n’avait-il plus parlé aussi facilement avec quelqu’un ?
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Ce message a été posté Mar 30 Aoû - 11:44
 
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Rina & Yuto

La photographie n'était pas le cour le plus prestigieux de la Royal Private School mais Rina s'en foutait bien du prestige, c'était ce qui l'intéressait le plus parmi tous les cours qui ne l'intéressaient pas. En réalité, elle voulait juste suivre un cursus normal d'une fille de vingt ans, même si ça l'ennuyait. Au fond, elle pensait à arrêter mais elle avait peur de décevoir sa mère. Encore et toujours, cette crainte l'obsédait. Elle avait besoin que sa mère soit un peu fière d'elle, où qu'elle soit, mais la demoiselle ne se faisait pas d'illusion, ce n'était pas le cas.

Comme ses revenues n'étaient pas en banque, elle avait droit à cette bourse. Elle ne rapportait pas tant que ça, Rina se disait qu'une personne devait indubitablement travailler à côté pour joindre les deux bouts. Souriant à Yuto, elle le fixa quelques secondes. Il ne devait pas savoir ce que c'était, de ne pas avoir d'argent. Il ne devait même pas soupçonner une chose pareille.

« Elles ne sont pas suffisantes. Mais ce n'est pas grave, au fond, pour moi, les études ne servent pas à grand chose. » Elle ne faisait pas partie de cette société, elle n'en ferait jamais partie. « Je trouverai autre chose. »

Evidemment, elle avait déjà trouvé autre chose mais inutile d'aborder cette conversation avec Yuto. Pouvait il comprendre ? Sans doute que non. Ils avaient passé une parie de leur enfance ensemble, en réalité, de sa naissance jusqu'à ses huit ans, elle avait vécu avec lui. Pourtant, ils étaient comme séparés par des univers différents. Elle ne comprenait pas tout à fait son système, son milieu, comme il ne comprendrait pas le sien.

Changer de sujet, parler de Jaejoong. Une brillante idée de la part de Rina. C'est vrai que Yuto lui ressemblait un peu, même si le plus jeune était quand même plus mignon. Moins sexy, mais ça viendra avec l'âge, elle n'en doutait pas une seconde. « C'est une bonne chose ! » Elle aurait pu le comparer à Kim Jong Un-oppa, il pouvait bien s'estimer heureux que ce soit Jae Joong.

Économie et mathématiques. Elle grimaça un peu. C'était chiant rien que de dire les mots, comment pouvait-on en être passionné ? Est-ce qu'il mentait ? Ce n'était pas possible d'avoir ce genre de passion, c'était inhumain d'aimer ce genre de chose, vraiment.

« Il n'était pas trentenaire quand j'ai commencé à m'y intéresser. » Elle fronça les sourcils avant de mordre sans son sandwich, faisant mine d'être vexée. « Rien de particulier. J'aime la musique, j'étais dans un groupe avant. Je chante parfois. » Souvent, même, mais inutile d'aller jusqu'à lui préciser. « C'est bizarre, d'avoir les math et l'éco comme passion. Il n'y a vraiment rien d'autres que tu aimes ? Tu peux pas vivre que pour tes études ! »

Ça lui paraissait absurde mais au fond d'elle, elle savait qu'il ne vivait réellement que pour ses études, elle l'observait depuis assez longtemps pour ça. C'était tellement triste, elle voudrait pouvoir l'aider. Elle allait l'aider. Oui, un jour, elle l'aidera. Et Yuto n'en saura rien. Calmement, elle attrapa sa tasse, la portant à ses lèvres. Il n'en saura rien et il sera bien plus heureux.



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Ce message a été posté Ven 2 Sep - 22:46
 
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Rina & Yuto


Aux yeux de Yuto, les bourses qu’offrait l’université n’étaient qu’un peu d’argent de poche que l’on donnait à des étudiants un peu plus méritants que les autres. De l’argent de poche dont il n’avait pas besoin, au vu du montant affolant qu’affichait le compte en banque de son père. Une somme énorme qui semblait croître sans interruption et qui, un jour, serait sienne. Il ne fut pas étonné d’apprendre que lesdites bourses ne suffisaient pas ; il s’y était même attendu.

En revanche, quand elle affirma que les études ne servaient pas à grand-chose, les sourcils de l’étudiant se froncèrent et il secoua doucement la tête. « Bah, c’est pas totalement inutile non plus. Ça aide à trouver un job stable par la suite… Et bien payé. Même si son poste à lui était assuré de naissance. Il le savait, on l’avait préparé pour ça et, avec ce qu’il savait désormais, il allait prendre la place qui lui revenait de droit, lorsque son père accepterait de passer l’arme à gauche. « Enfin, j’espère que tu trouveras quand même. »

De toute façon, l’art n’avait jamais trouvé grâce aux yeux de Yuto. Il n’était pas forcément cultivé, ne passait pas son temps à errer dans les galeries, et à choisir il préférait encore se ruiner le foie au cours d’une soirée bien arrosée plutôt que discuter du dernier courant artistique à la mode. Quand on s’éloignait de l’économie et du droit, difficile de vraiment l’intéresser, cet enfant à la recherche de ses limites.

Au final, c’est un peu ce qu’il était, après tout. Il cherchait à savoir jusqu’où il pouvait aller avant de s’attirer des ennuis. Il voulait comprendre comment faisaient les autres pour ne pas se faire prendre, pour esquiver les problèmes. Peu mature, certes, mais il avait grandi dans un cocon couvert de velours, alors il n’était pas habitué à fouler la terre ferme, la vie réelle. En y songeant, son sourire s’étira légèrement ; la vie qu’il vivait était tellement plus intéressante que celle qu’il avait avant d’oser franchir le pas. Sans ça, il serait certainement puceau, à attendre un omiai. Très peu pour lui.

La cuillère faisait doucement tinter les bords de la tasse. Prenant une gorgée de boisson chaude, Yuto suivit la jeune femme sur la pente trouble de la k-pop, à la recherche de cet homme qu’on nommait JaeJoong. Qui ne lui ressemblait pas le moins du monde, au passage, il le criait haut et fort ! M’enfin, si on l’assimilait à une personne qui mettait la foule en émoi, il n’allait pas s’en plaindre, évidemment. « Quand même plus vieux que nous… » Beaucoup plus vieux, même. Il aurait préféré pouvoir rester jeune, mais sa raison lui rappelait que ça ne fonctionnait pas comme ça. Tristesse.

« Un groupe de quoi ? De Kpop ? » Il plaisantait, même si son ton possédait les teintes de la moquerie. La tentation était trop forte. « Désolé. » À la question suivante, il haussa les épaules en mordant dans sa viennoiserie, plaçant une main sous son menton pour éviter que la pâte ne se brise et ne tombe sur ses vêtements.

Il n’en savait rien. Parfois, il se demandait lui-même s’il avait d’autres passions que ses études. Après tout, il passait son temps perdu dans ses cours ou assis sur le siège d’une salle de réunion, et lorsqu’il n’y était pas, il se trouvait à faire le mur pour s’échapper du quotidien. Pas de réel loisir, donc, mis à part les chiffres. Sauf si l’alcool en était un. « J’aime bien ça, je n’y peux rien. [/color] » On ne le croyait pas. Déplorable. Il allait encore argumenter quand une pensée lui traversa l’esprit. « Ah, si ! [/color]»

Il reposa sa viennoiserie et porta la tasse de café à ses lèvres avant de continuer son aveu. « J’aime beaucoup les animaux. Enfin, je ne sais pas si ça compte comme une passion… J’avais un chien avant. »

Gô. Il s’en rappelait comme si c’était la veille, de cette boule de poil. Il était toujours là, avec Nanami. Le souvenir de sa nourrice arracha un sourire à l’étudiant, qui se remit assez rapidement à manger. « Mon père a jamais aimé les bêtes, alors on ne l’a pas gardé. » Il n’aurait pas pu dire si ce chien leur appartenait ou non. Il était trop jeune, à l’époque, pour y prêter attention.

Un silence tomba alors, durant lequel Yuto vint à bout de quelques viennoiseries. Il releva ensuite les yeux vers la jeune femme qui l’accompagnait, soudainement piqué par la curiosité. « Au fait, j’y pense seulement, mais tu t’appelles comment ? »

Car « la fille du cimetière » c’était plutôt moyen, pour se rappeler d’elle.

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Ce message a été posté Dim 25 Sep - 17:13
 
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Rina & Yuto

Les études, c'était pour les faibles, ceux qui aimaient perdre du temps. Rina se faisait sa propre philosophie, apprenait les choses sur le terrain. Rester assise à écouter un professeur l'ennuyait profondément et au fond, elle avait juste hâte de se lever, de bouger, de s'en aller. Yuto ne devait pas comprendre. Comment le pouvait-il ? Il n'avait jamais vécu la vraie vie, celle qu'il y avait hors de sa jolie cage et elle comptait bien le libérer en détruisant l'être qui l'empêchait de vivre sa vie librement. Elle ouvrirait sa cage et le laisserait s'envoler. Découvrir le monde libre. Au fond d'elle, elle espérait sincèrement pouvoir être là au moment où il réalisera que le monde est plus beau que ce qu'il peut imaginer.

Rina secoua simplement la tête en guise de réponse. Bien payé. Pas besoin d'étude. Des personnes pouvaient faire des années et des années d'études pour au final tomber sur un salaire de misère. Yuto n'aurait pas besoin d'étudier qu'il serait riche comme Crésus de toute façon. C'était assez ironique au final, Rina ne savait pas si le beau Japonais se rendait tout à fait compte de ce qu'il racontait mais elle préférait couper court à la conversation. Ils y reviendraient plus tard. Peut-être.

Forcément, la pique ne manqua pas et elle sourit légèrement en le regardant. Elle avait envie de lui expliquer que la kpop, comme son nom l'indiquait, était de la musique populaire coréenne mais elle allait s'abstenir de le prendre pour un idiot. Pour l'instant.

« Ton humour est toujours aussi... Ravageur ? » Elle lui sourit, amusée, haussant les épaules. « C'était un groupe dans le genre pop/rock. Japonais, souvent anglais. » Il aurait aimé. Tout le monde aurait aimé si ça avait continué. Cependant, elle se focalisa davantage sur lui et ses passions vraiment bizarre.

A son exclamation, elle redressa les yeux, bien plus intéressé. Il s'était retrouvé une passion un peu moins chiante ? Malgré elle, un doux sourire orna ses lèvres en l'entendant parler d'animaux. Oui, ils parlaient souvent d'animaux petits, ils en voulaient plein. Elle se rappelait de son chien. Gô. Elle voulait souvent jouer avec lui mais Yuto l'accaparait toujours, il l'aimait tellement. Le chien était vraiment mignon cela dit. Ses sourcils se froncèrent néanmoins à la suite. Comment ça, ils ne l'avaient pas gardé ? Ils avaient viré tout d'un coup, la gouvernante et le chien ? Elles auraient pu le garder dans ce cas !

« Oh... Il en a fait quoi ? » Le sort de Gô l'inquiétait pas mal. Après tout, les adieux avec lui furent déchirants également. Elle l'aimait beaucoup. En parler lui donnait envie d'adapter un chiot. Elle allait y penser.

Sa question le prit un peu de court. Son prénom, oui. Elle ne pouvait pas dire le vrai. Les retrouvailles, l'air de rien, ce n'était pas pour elle. Elle ne voulait pas qu'il sache, elle ne voulait pas reparler de ces années en arrière, quand ils jouaient ensemble, la douce odeur des pâtisseries de sa mères qu'ils sentaient plus loin. Revoir Yuto lui faisait plaisir mais tellement de choses avaient changé et elle avait désormais une mission à accomplir.

« Je m'appelle Ayumu. » Comme la fille dans LIFE, parce qu'on lui avait dit qu'elle lui ressemblait. Qui plus est, elle trouvait ce prénom vraiment mignon, elle aurait préféré s'appeler Ayumu à Rina. Restant silencieuse un instant, elle se souvint qu'elle n'était pas censée connaître le prénom de Yuto, elle reprit: « Et toi ? » Perte de temps, oui, mais il fallait bien jouer la comédie un peu.



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Ce message a été posté Mar 27 Sep - 0:21
 
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Rina & Yuto


Yuto vivait dans sa bulle depuis des années. Son père le menait avec lui comme un maître promène son chien, convaincu que l’enfant qu’il avait éduqué était parfaitement en accord avec sa façon de penser, même s’il n’en était rien. Peu importait à ses yeux de savoir si son fils était véritablement d’accord avec lui, tant que l’entreprise parvenait à engranger des bénéfices monumentaux. Seito avait toujours été particulièrement insensible à ce que son enfant pouvait penser, notamment par rapport à la mort de sa mère. Ce n’était pas nouveau, Yuto avait fini par s’y habituer, à mesure que les années passaient. Son ressentiment avait grandi avec lui.

Aujourd’hui encore il avait été seul pour rendre visite à sa mère, pour déposer quelques fleurs dans le réceptacle réservé à cet effet sur sa tombe. Son père n’avait pas souhaité se libérer, il agissait comme si rien n’avait jamais eu lieu, comme si la femme qui lui avait donné un fils n’était rien. Pour Yuto, Kotori était une femme dont on pouvait dire bien des choses mais, avant tout, elle était une femme solitaire, contrainte de suivre son mari à chaque réunion qu’il lui imposait, jusqu’à ce que Yuto lui-même soit assez grand pour le faire à sa place. C’était parce qu’il n’avait pas pu être présent pour elle qu’elle était morte. Même si c’était faux, il se jugeait coupable de ne pas avoir été là.

« Je n’ai pas beaucoup d’humour. » On ne l’avait pas remarqué ? Il ricana en regardant ailleurs, conscient qu’il n’aurait peut-être pas dû se moquer d’elle aussi clairement. Enfin, elle ne semblait pas froissée, c’était déjà ça. « Tu connais l’anglais ? »

Les préjugés qu’il avait au sujet des étudiants d’art lui poseraient problème un jour, mais il ne parvenait à s’en défaire. Contrairement aux sciences et aux mathématiques, ils semblaient détachés du monde dans lequel il évoluait, ce qui le dérangeait profondément. Malgré lui, il ne parvenait à considérer ces étudiants comme tous les autres, et le statut de ceux qu’il fréquentait habituellement n’était pas enviable. Des imbéciles, des enfants qui vivaient de ce que leurs parents offraient. Des gosses comme lui, somme toute, mais il se trouvait meilleur qu’eux : ses notes suivaient, il avait l’argent et la position nécessaire pour réussir dans la vie. La comparaison n’était même pas permise.

Pourtant, malgré ces préoccupations un peu trop professionnelles pour un jeune homme de vingt-deux ans, Yuto demeurait humain. Il ne s’intéressait pas à grand-chose, si ce n’était à ses études et aux domaines qu’elles concernaient. Les animaux étaient une passion d’enfance, une passion qu’il avait mise de côté car elle n’aurait pu le mener nulle part. Seito n’avait même pas souhaité garder leur chien, Gô, lorsqu’il avait renvoyé la nourrice.

« Je ne sais pas… » Connaissant son père, il pouvait l’avoir vendu, abandonné, noyé. Cette dernière option lui fit froncer les sourcils. « Tout est possible, mais je crois qu’il est parti avec ma nourrice. »

Dans sa logique d’enfant, c’était le plus évident. La femme qui s’occupait de lui et le chien s’en allaient en même temps, ils devaient être partis au même endroit. Maintenant, il commençait à douter de cette théorie pourtant évidente. Yuto troqua finalement son expression préoccupée contre un léger sourire, reprenant avec une question qui le taraudait depuis quelques instants.

Ayumu ? Il pinça les lèvres malgré lui en l’entendant. « C’est… » Moche, rond… « C’est joli. » Ce n’était pas son prénom préféré, mais on ne demandait pas son avis. « Il s’écrit en Hiragana ? » C’était une mode, qu’on ne vienne pas lui dire le contraire.

« Yuto. » On ne le retenait jamais, mais ça n’était pas grave, il était habitué à ce qu’on l’appelle par son nom, de toute façon. « Je suis le fils de Hashimoto Seito, en fait. Je sais pas si tu connais. » Celui qui avait perdu sa femme, celui qui possédait cette firme qui valait des millions et qui voulait étendre ses activités. Encore. Toujours. Se présenter par rapport à son père était devenu une habitude, mais il rêvait du jour où il allait pouvoir oublier cet homme qui avait construit un empire sur des dépouilles.

Un doux sourire aux lèvres, Yuto reposa les yeux sur la nourriture qui se trouvait sur l’assiette et termina tranquillement ses viennoiseries, jetant par moment un œil à sa montre qui lui rappelait à quel point l’heure tournait vite. Il allait devoir partir d’un moment à l’autre, il s’y attendait. Un appel de son père suffisait. Cette pensée lui fit sortir du fond de sa poche le téléphone portable qu’il emmenait partout avec lui. Il en ouvrit l’écran pour vérifier qu’aucun message n’était arrivé et, avant qu’il ne le referme, il reposa les yeux sur Ayumu.

« Tu as un portable ? » Pas qu’elle semblait provenir de l’ère des hommes des cavernes, mais bon. Il ne pouvait pas tout savoir non plus. « Promis, j’envoie pas de conneries. » Sa compagnie était agréable et il ne voyait pas grand monde. Seito ne saurait pas que son fils frayait avec les gueux.

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Ce message a été posté Dim 23 Oct - 1:47
 
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Rina & Yuto

Forcément, avec une éducation comme la sienne, il ne pouvait être autrement qu'extrêmement hautain. Si en général, c'était le genre d'attitude qu'elle avait en horreur, chez lui, elle trouvait ça terriblement amusant. Il se moquait d'elle, avec son air supérieur, mais elle savait que l'année de ses neuf ans, il avait encore fait honteusement pipi au lit et rien qu'en sachant ça, il perdait toute crédibilité à ses yeux. C'était un accident isolé, sa mère l'avait grondé pour qu'elle arrête de se moquer de lui mais encore aujourd'hui, ça l'amusait en y pensant. Monsieur Parfait. Qui, à l'époque déjà, ne voulait pas que l'on en informe son géniteur. Il pouvait bien prendre ses grands airs de petit géni, ça ne prendrait jamais avec elle.

Laissant sa joue reposer contre la paume de sa main, elle continua à le fixer. Pas beaucoup d'humour. Breaking news. A la distribution de l'humour, il avait du passer son tour pour aller faire des mathématiques, le pauvre petit chou. Et il n'avait visiblement pas fini de la surprendre en se moquant encore d'elle. « Non, j'apprenais les paroles en katakana. Ai rabu yu. Taku mi homu. Tu vois. » Pinçant ses lèvres elle leva le menton pour essayer de le toiser à son tour. « T'es vraiment... Comment on dit en anglais ? Ah oui. Riteru pisu of shitu. » Et montrer à quel point on est mature en lui tirant la langue. Elle allait lui apprendre l'anglais, il allait voir.

Cette ambiance bonne enfant aurait pu continuer, mais évoquer Gô l'avait un peu calmé. Elle se souvenait parfaitement de ce chien et que Yuto lui en parle confirmait bien qu'elle devait en finir avec le vieil Hashimoto. Il l'avait probablement fait piqué, il en aurait été capable. Elle baissa les yeux à sa conclusion, souriant tristement malgré elle. « Oui, j'espère. » Non, elle savait. Elles n'avaient pas pris Gô avec elles à l'époque, il avait du s'en débarrasser en même temps qu'il s'était débarrassé d'elles. Il aurait pu leur laisser Gô. Sa mère l'aurait adopté, Rina n'en doutait pas une seule seconde. Rina préférait ne pas en parler, ne pas montrer que ça la touchait excessivement. Il ne devait pas savoir qui elle était. C'était bien pour ça qu'elle avait changé son prénom.

Et une fois encore, sa réaction l'amusait. Il n'aimait pas ce prénom. Elle devrait se vexer, vraiment, mais il était trop drôle. "Tu sais pas vraiment mentir, si ?" Il pourrait au moins se forcer un peu, si déjà il voulait lui faire croire qu'il trouvait ça jolie. De base, elle aurait été tenté de ne pas s'embêter, lui dire que ça s'écrivait en hiragana, mais le ton condescendant qu'il employait lui déplaisait. "Non, ça ne s'écrit pas en hiragana. Ça s'écrit comme ça, attend." Prenant un morceau de papier, elle écrivant le kanji d'Ayumu avant de le tourner vers lui. "Comme ça." C'était plutôt joli. Mais oui, elle préférait largement Rina.

A son tour, il se présenta et elle ne put même pas lui dire qu'elle savait déjà. Yuto. Le fils de. Comme si ça avait une quelconque importance. Pouffant un peu contre sa main, elle le toisa malicieusement. « Doucement, doucement, tu veux déjà me présenter ton père ? Je sais pas si je suis prête, ça va trop vite entre nous. » Une mauvaise habitude qu'il devait avoir, se présenter via son père. Elle ne répondit pas pour lui apprendre savoir si elle le connaissait ou pas. A ses yeux, ça n'avait pas d'importance. « Yuto, alors. » Hochant la tête dans le vide, elle détourna le regard en feintant une grimace. « C'est... Joli. » Elle se moquait, mais elle trouvait ça vraiment joli. Sauf qu'il n'avait pas besoin de le savoir.

Sa question la dérouta un peu. Son numéro de téléphone ? Rina posa son regard sur lui, comme pour voir si c'était encore une blague. « Pas de connerie ? Ahw, dommage. J'aurais bien aimé que tu me spammes. » Le rêve de toutes femmes, se faire harceler. Reprenant le bout de papier sur lequel elle avait écrit son faux prénom, elle nota son numéro en dessous avant de lui rendre le papier. « Pas de photos de pénis, c'est la seule exigence. » Elle prit son air le plus sérieux, sa main levé. « Non, ça m'est déjà arrivé, et quand ça commence ça s'arrête plus. Y a un type en soirée, je lui ai laissé mon numéro parce que j'avais trop bu, bah je sais plus à quoi il ressemble mais je reconnaîtrais son pénis entre mille !" Prenant un air songeur, elle hocha la tête pour elle même. « Je pourrais mettre ça sur mon CV. » Capable de différencier des pénis. Une belle avancée. « Tu m’appelleras ? Ou tu m'enverras un message ? » Elle l'attendait de pied ferme et son sourire un peu trop joyeux la trahissait probablement.


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Ce message a été posté Ven 28 Oct - 19:45
 
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Rina & Yuto


Dès sa plus tendre enfance, on avait enseigné à Yuto les bases même de la politesse. L’amusement et la distraction n’étaient réservées qu’aux personnes dont les vies étaient insignifiantes, peu prometteuses, il n’avait pas l’autorisation de faire un pas de côté ; s’il le faisait, il encourait des punitions qui allaient bien au-delà de ce que son esprit puéril pouvait imaginer à l’époque. C’est ainsi qu’il avait plusieurs fois été contraint de rester dans sa chambre, à recopier les mêmes phrases sur un stupide morceau de papier. Je ne mentirai plus. Je ne répondrai plus à la domestique. Je dois toujours dire bonjour à Madame Wakiya quand elle vient à la maison avec son mari. Toujours les mêmes phrases, inutiles, répétitives, gravées dans son esprit comme les règles qu’il fallait suivre et auxquelles il ne pouvait pas déroger.

S’en souciait-il désormais ? Plus vraiment.

Les années avaient passé, il avait compris nombre de choses au sujet de l’homme qui l’avait élevé et, petit à petit, il essayait de se défaire de l’étau de métal qui le suffoquait. Un soir, il se permettait une sortie non-autorisée ; un autre, c’était en compagnie d’une personne que son père détestait qu’il se rendait au restaurant. Un ami, un collègue, une fille du voisinage que son géniteur ne considérait pas comme respectable. Tout était bon pour attirer la colère de Seito, s’il venait à apprendre que son fils prenait autant de libertés. Pourtant, aucune de ces actions n’empêchait Yuto de respirer : il savait que l’essentiel, c’était de ne pas se faire prendre. Les meilleurs menteurs, les meilleurs voleurs, étaient ceux dont on ne connaissait jamais les agissements. Être majeur avait de nombreux avantages, après tout.

Malheureusement, cette existence semi-princière avait également un coût. Les règles et principes ancrés dans son esprit n’étaient restés sans effet et, malgré lui, il avait assimilé l’idée que les Hashimoto étaient supérieurs au reste du monde. Pas forcément son père, cette ordure sans nom qui osait se servir des autres afin d’atteindre ses objectifs, mais bien lui, Yuto, l’enfant qu’ils avaient élevé et qui travaillait d’arrache-pied afin d’obtenir un diplôme qui, peut-être, lui permettrait de mettre à mal le statut de son père, de tourner les choses à son avantage.

Car c’est précisément cette volonté de voir Seito sombrer qui le motivait à continuer. À la perte de sa mère, l’étudiant avait songé à arrêter. Comment pouvait-on laisser un criminel en liberté ? Le feu de colère qui brûlait en lui n’avait cessé de flamber depuis lors, crépitant violemment lorsque survenait un événement causé par les agissements de son père, comme la mort d’un ami qui comptait beaucoup à ses yeux. Ce n’étaient rien de plus que des menaces, un signe que tout pouvait arriver, s’il n’était pas prudent.

Malgré cela, Yuto continuait à agir comme bon lui semblait, en dehors de la vue de son père. Cette petite sortie en était la preuve.

Ayumu n’était pas, à proprement parler, le genre de personne que Seito aurait aimé le voir fréquenter. Une fille étudiant l’art, un domaine qu’il considérait comme inutile, et qui faisait partie d’un groupe de musique. L’intérêt qu’elle portait à ce Jae Joon était une raison de plus de s’en éloigner. Pourtant, Yuto avait trouvé en elle l’écho des sentiments qu’il ressentait en ce jour sombre qu’était celui de la mort de sa mère. Il ne connaissait pas la mère de cette fille, mais il la comprenait, au moins à ce niveau.

« Je ne te permets pas. » Reprit-il en fronçant les sourcils, quand elle osa l’insulter. Un ricanement lui échappa malgré lui et glissa un index sous le lobe de son nez, détournant le regard un instant. « C’est mignon, ton accent. »

Le sien n’était pas parfait, mais il était déjà bien meilleur que certains. Évidemment, ce n’était pas un hasard : aurait-il pu se permettre d’être mauvais, avec un professeur particulier, natif de surcroît ? Il se rappelait des heures qu’il avait passées à se lamenter dans sa chambre, tout ça parce qu’il n’était pas capable de réaliser un véritable « th ». Ces sons ne lui semblaient pas naturels, qu’y pouvait-il ? Il s’en était plaint souvent, très souvent, mais jamais Seito n’avait abandonné. S’il souhaitait être un bon chef d’entreprise, il devait maîtriser l’anglais. Son regard se perdit un instant dans le vague quand il songea à ces heures passées à étudier et répéter les mêmes mots pour les assimiler. Heureusement, cela avait porté ses fruits.

C’était de toute façon plus agréable que se rappeler de ces personnes qui étaient parties. Le souvenir de Nanami et de Gô furent suffisant pour lui ramener en mémoire la mère qu’il avait perdue. Il en avait souvent douté, de cette maternité, à force de vivre avec deux femmes qui s’occupaient de lui tour à tour, l’une plus que l’autre. Le petit garçon qu’il était alors ne savait où donner de la tête. Était-il l’enfant de la première, celle qui préparait à manger et lui contait des histoires, le soir venu, ou de celle qui l’observait d’un air sévère et lui demandait s’il avait été nourri, quand elle revenait d’une longue soirée. Ce n’est que bien trop tard qu’il avait réussi à faire la différence ; lorsque les jours qui restaient à sa mère étaient comptés.

Pris sur le fait de son propre mensonge, il reposa les yeux sur elle, forçant un léger sourire. « Pourquoi ? » Hors de question d’avouer, on lui avait appris à ne pas contrarier. De toute façon, cela ne rendrait pas le nom de cette fille plus plaisant, il poursuivit d’ailleurs sans attendre. « Je t’imaginais juste avec un autre prénom. » Il baissa les yeux vers le morceau de papier qu’elle lui montrait, mais ne s’y attarda pas, reprenant sur sa propre présentation.

Là, la réaction d’Ayumu le surprit quelque peu. L’habitude des rencontres formelles et des rendez-vous d’affaires était si grande que ce flot d’informations inutiles lui semblait presque essentiel. Ce n’était visiblement pas le cas pour elle.

« Tu peux m’appeler Hashimoto, si ça ne te plaît pas. » Reprit-il en constatant sa grimace. Au moins, ils étaient à égalité, si elle n’aimait pas son prénom. « Tout le monde le fait de toute façon. »

Mais si elle avait pu éviter, cela ne l’aurait pas dérangé. Hashimoto, c’était ainsi qu’on l’appelait lors des rendez-vous officiels, Hashimoto fils, celui à qui il fallait s’adresser lorsque son père n’était pas là. Il était devenu comme une référence dans l’entreprise, alors qu’il n’était même pas encore à sa tête. Un statut qui, parfois, lui donnait l’impression d’être coincé à cheval entre le monde de l’enfance et celui des adultes. Un pied dans la cage, l’autre dans l’arène. C’était intimidant.

Les yeux rivés sur l’écran de son téléphone, il attendait une réponse de la part d’Ayumu, s’apprêtant mentalement à sentir l’appareil vibrer au creux de sa paume pour lui indiquer qu’il devait l’abandonner. Seito ne supporterait pas bien longtemps l’absence de son fils, lui qui souhaitait faire oublier l’absence tragique de sa mère en ce jour. Yuto, de son côté, aurait préféré passer des heures en compagnie de cette artiste un peu perdue plutôt qu’aller rejoindre l’homme qui constituait sa seule famille proche. Il n’en avait pas le choix, hélas ; il en allait de sa liberté.

« La seule chose dont je pourrais te spammer, c’est de mes notes de cours. » Avoua-t-il en un rire presque honteux. Au moins, on ne lui reprocherait pas d’ignorer qu’il était profondément ennuyeux. Un ricanement plus franc se fit entendre la seconde suivante, quand il lut le numéro et l’encoda rapidement dans son téléphone. « T’aurais aussi pu le dicter, tu sais. » Il leva les yeux vers elle, comme elle parlait encore, riant malgré lui de l’explication qu’elle venait de donner. « T’en fais pas, tu n’auras pas à essayer de différencier le mien. » Affirma-t-il en essayant de retrouver son sérieux. « Je verrai. Sûrement un message, ça va plus vite. Après je crois que … »

Sa phrase resta en suspens, interrompue par le symbole qui venait de s’afficher à l’écran. Hashimoto Seito. Un profond soupir franchit les lèvres de l’héritier, qui jeta un regard coupable à la jeune femme qui l’accompagnait. Plaçant un index devant ses lèvres, il l’invita au silence avant de décrocher, échangeant quelques mots avec son géniteur, pour finalement raccrocher en laissant un second soupir lui échapper.

« Je vais devoir te laisser, mon père m’attend chez nous. » Encore. Toujours. Il l’en maudissait. « C’était un plaisir de discuter avec toi. »

Avec ce respect tout nippon qu’on lui rappelait chaque jour, il s’inclina assez bas, s’assurant qu’il avait bien payé sa part de l’en-cas avant de disparaître du café où ils venaient de passer un moment.

Une fois de retour chez lui, son père ne manqua pas de lui poser mille questions sur l’endroit où il s’était attardé. Il lui reprocha de ne pas avoir été présent aux réunions et s’empressa de lui en faire un résumé plus ennuyeux qu’un jour de pluie. Résumé qu’il n’écouta pas, attendant simplement que Seito le laisse tranquille afin de faire ce qu’il avait à l’esprit depuis le moment même où il était rentré. « Merci Ayumu. Désolé d’être parti aussi vite. » Mais ce n’est qu’après l’avoir envoyé qu’il réalisa qu’il n’avait pas signé.

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Ce message a été posté Mar 1 Nov - 17:16
 
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Rina & Yuto

Elle parlait mieux anglais habituellement, mais là, pour se moquer de lui, elle pouvait bien prendre cette accent horrible. Il était tellement prétentieux. Son nouveau surnom lui allait à merveille. Little piece of shit, c'était fait pour lui, surtout avec son air de petit dieu vivant. Le pauvre, il ne réalisait pas que ça pouvait paraître ridicule. Que dirait sa mère si elle le voyait ? Elle exploserait de rire, probablement. Et s'approcherait de Yuto pour lui ébouriffer les cheveux, se cassant le bras pour atteindre le sommet de son crâne. Elle voyait très bien la scène, elle imaginait très bien sa mère faire ça. Parfois, elle essayait d'imaginer sa génitrice dans des moments du quotidien, ce qu'elle ferait, comment elle agirait. Elle aurait sans doute été ravi de retrouver le garçon qu'elle avait presque élevé comme son fils. Actuellement, elle serait ravie de le voir. Ravie de savoir que Rina l'avait retrouvé, même si au fond d'elle, elle nourrissait des ambitions que sa mère n'aurait jamais approuvé.

A choisir entre Ayumu et Rina, elle gardait son prénom sans hésitation. Ayumu, c'était trop long, ça ne sonnait pas assez féminin. Rina, c'était mignon. Ça lui allait bien. Elle leva son regard vers lui quand il reprit, ajoutant qu'il l'imaginait avec un autre prénom. Elle avait envie de lui demander lequel, mais resta simplement planté là, à le regarder silencieusement. Et s'il lui répondait son véritable prénom ? Non, elle ne se ressemblait plus. La dernière fois qu'ils s'étaient vus, elle devait avoir huit ou neuf ans. Il ne pouvait pas se souvenir. Peut-être avait-il même oublié son prénom, avec le temps. Il avait tellement d'information inutile à conserver là-haut, comme une liste d'argument expliquant sa supériorité face au monde ou comment essayer d'être drôle, c'était indubitablement saturé là-haut, elle ne se berçait pas d'illusion.

Elle pouvait l'appeler Hashimoto. Oh, qu'il était gentil. Une bonté sans pareil ! Elle fronça un peu le nez en le jaugeant de haut en bas. « Ecoute... Je passe déjà mon temps à gaspiller ma vie à faire des trucs inutiles... La vie est trop belle et trop courte pour la perdre à dire Hashimoto. » C'était long. Si elle se trouvait un vrai boulot, elle devrait poser des jours de congé juste pour appeler Yuto par son nom de famille. Il ne pensait vraiment à rien. Et après, ça se vantait de faire de grandes études !

Comme si on était de son côté pour une fois, elle fut ravie de 'entendre lui demander son numéro. Même si elle aurait probablement du se la fermer et éviter de raconter ses anecdotes. Il n'avait pas besoin de savoir. À l'ancienne, elle nota sur un morceau de papier. Le dire à voix haute pour lui dicter, très peu pour elle, on ne savait jamais qui était autour, après tout. Pinçant les lèvres à sa réponse, elle hocha la tête avec compassion. Ça devait être difficile d'être lui, vraiment. « J'aurais pas pensé devoir dire ça, mais des photos de pénis, ça semble bien plus intéressant d'un coup. » Elle grimaça légèrement. Elle commençait à se demander comment était le sien. Elle allait arrêter de se poser la question. Et de regarder ses mains. « Oh, dommage. » Elle haussa les épaules, tentant de prendre un air embêté, reprenant rapidement son sérieux. Un message, oui. Ça lui allait très bien. « J'attendrai alors. » Elle espérait vraiment qu'il n'enverrait pas de photos de ses notes.

Comme un rappel à l'ordre, le téléphone du garçon vibra et elle n'eut pas de mal à comprendre de qui il s'agissait. D'un geste, elle mima le geste de se zipper les lèvres, suivant attentivement la conversation. Hochant la tête quand il raccrocha et expliqua, elle sourit à ce qu'il ajouta en dernier. « Oui, j'imagine bien. » C'était toujours un plaisir de parler avec elle. Le problème de Yuto, c'était qu'elle ne pouvait pas lui retourner le compliment. Il avait la tête si grosse et les chevilles si enflées, c'était risquer de devoir l'emmener aux urgences si on gonflait davantage son égo. Se courbant brièvement, elle le salua avant de quitter le café. Rina se demandait s'il allait lui envoyer un message au final. Chez elle, elle se laissa tombé sur son lit, repassant cette entrevue en boucle dans sa tête. Elle ne savait toujours pas si elle aurait du lui dire qui elle était réellement. Non, sans doute pas. C'était mieux comme ça. Fermant les yeux un moment, elle les rouvrit en entendant son téléphone sonner. Souriant en lisant le message, elle se redressa pour y répondre.

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