Tenue - L'heure passe et défile sur l'écran de mon portable, sous mes yeux à un temps que je ne peux pas contrôler. Je le range dans la poche de mon jean comme si j'attendais quelque chose. Bon c'était le cas, j'attendais un événement qui allait me divertir. Le vent doux et légèrement frais caressait ma joue en cette douce après midi d'été, il allait commencer à faire super chaud et le besoin d'hydratation allait se faire ressentir pour les mômes avec ce début de canicule qui pointait le bout de son nez. Soudain un véhicule ressemblant à un camion à glaces venait à ma direction, je n'ai pas besoin de regarder mon téléphone pour savoir que c'était pile l'heure du rendez-vous qu'on s'était donnés au préalable avec l'homme dans le camion.

- Pile à l'heure. Je n'aurais pas eu besoin d'attendre. Disais-je en montant dans le véhicule à glaces en ornant mon visage d'un sourire innocent cachant un fond d'amusement plutôt malsain. Tu as déjà préparé des glaces ou on doit le faire ? Demandais-je en examinant le stock.

Cet homme ne m'était pas inconnu, bien au contraire, je le connaissais depuis l'année dernière, depuis Noël exactement. C'était Zeno, on va dire que j'ai vu en lui une sorte de compagnon d'amusement, rien qu'à Noël, le tour était grandiose, depuis on se refait ce genre de divertissements de temps en temps, devenant le cauchemar des parents et des enfants. Au moins ça les invite à plonger dans le réalisme de la société actuelle plus vite, et ça les rend beaucoup moins naïf. Je prends une glace au hasard dans la sorte de congélateur qu'il y avait dans le camion, ne sachant pas trop s'il avait déjà été empoisonné ou rendu infâme par mon collègue, je tourne mon visage vers ce dernier en haussant un sourcil d'un air interrogé.

- Tu y as pas touché à celle-là ? Je peux la manger sans que je finisse avec une mine dégoûtée ? Demandais-je en me disant qu'il pouvait très bien me faire une farce et me faire bouffer une glace dégueulasse. Faudrait qu'on aille près d'un parc, les enfants doivent être là-bas avec leurs parents, pour la plupart. Y aura plus de proies là-bas. Tu conduis ? Enonçais-je avec un air examinateur sur mon visage, pour mieux déployer la situation afin de la mettre à notre avantage, histoire que notre plan ne se retourne pas contre nous, ce serait nul qu'on s'ennuie. Mais bon y a pas de raison avec nos deux cerveaux, on risque bien de faire tourner Tokyo en bourrique. L'heure de la récréation a sonné en route, bon pas vraiment pour les enfants pour une fois, plus pour nous mais pourquoi les adultes ne se dédouaneraient pas de responsabilités de temps en temps pour endurcir les générations futures ? Ou juste pour leur plaisir de jouer et être satisfait de gagner, ça reste à voir.

Tenue - Sifflotant au volant de mon super camion à glace, je me dirige vers le point du rendez-vous établit. Je ne fais pas réellement attention à l’heure, me contentant juste de conduire à l’allure que je souhaite. Je suis de bonne humeur, enfin comme à mon habitude, mais je suis impatient de retrouver ma partenaire. Il suffit que je tourne la prochaine à droite et je serai arrivé à l’endroit convenu. Je jette le bâtonnet de ma glace finie à travers la fenêtre avant d’entamer la dernière ligne droite. Obtenir ce véhicule n’a pas été bien difficile, un simple coup de fil et c’était dans la poche. Même si cette requête pouvait paraitre anodine, on ne me demandait jamais les raisons pour lesquelles je les donne. Pourtant, si on me le demandait, je me ferai un plaisir de répondre. Enfin, ça me donnerait surtout une occasion supplémentaire de leur rire au nez. Bref, apercevant la charmante demoiselle, je m’arrête deux secondes pour la laisser entrer. Un sourire, tout aussi révélateur que le sien orne mes lèvres. «  Quelques-unes sont prêtes. » Après tout, lorsqu’on exécute un plan, le avant est tout aussi amusant que le pendant et après. Alors autant laisser Kayla participer au plan de A à Z, la vérité étant que je me suis vite lassé de ma tâche de sabotage.

Arrêté sur le côté de la rue, je me fiche de ce que les autres peuvent penser. On a la parfaite couverture pour qu’on puisse s’arrêter au milieu de la route. Je quitte la place du chauffeur pour aller vers l’arrière du camion où Kayla est partie chercher sa glace. Je hausse les épaules, sourire toujours présent. «  Si je te dis qu’elle n’a rien, me croirais tu ?  » Je laisse deux petites secondes de réflexion à ma partenaire avant d’éclater de rire. « Je te déconseille juste de la prendre. Après tu fais comme tu veux. [/b][/color]  » J’ouvre le congélateur et prends une glace au citron. Celle là n’a pas été touchée puisque je voulais pouvoir prendre mon parfum préféré sans tomber dans mon propre piège. «  Je t’ai demandé de venir ici parce qu’il y a un parc à quelques mètres.  » Evidemment, je prévois tout dans les moindres détails. Je retourne à mon siège de conducteur en guise de réponse.

« Hé, écoute ça.  » Je tourne la tête vers Kayla avant d’appuyer sur un bouton. La fameuse chanson de marchand de glace se fait entendre grâce aux hauts parleurs de notre camion. Avec ça, nous sommes parfaits. « Termine de préparer les glaces pendant que je me dirige vers le parc.  » disais-je après avoir croqué dans ma glace. Un frisson nait à cause du choc thermique, mais cette sensation n’est rien comparé à l’amusement que je vais avoir. Je ne penserai pas que c’est à Tokyo que je trouverai quelqu’un qui puisse avoir les mêmes « centres d’intérêt » que moi. Il faut l’avouer que c’est diablement amusant.

Tenue - Il arrive ainsi avec le camion dans lequel je grimpe par l'arrière, c'était le plus simple et le moins chiant à faire après tout, j'ouvre la sorte de congélateur où il y a différentes sortes de glaces, demandant au préalable à mon collègue si ce dernier avait piégé toutes les glaces où s'il y en avait qui étaient sauvés. Il me rejoint en me disant que pour ma glace, il ne savait pas trop et que j'avais qu'à vérifier mais qu'il me le déconseillait vivement avec un petit rire. Je roule alors des yeux avant de secouer la tête avec un air calme mais souriant d'un air faussement innocent, j'étais surtout amusée à l'idée de voir des enfants traumatisés par des glaces, leur pauvre enfance.

- Je vais laisser ce plaisir aux enfants de découvrir ça.. C'est pas ma surprise après tout. Rétorquais-je en faisant un léger sourire calme qui cachait une terrible vérité narquoise.  Ingénieux ! On aura pas trop de trajet à faire. Tu as bien prévu le coup. Disais-je en remettant la glace que je venais de prendre dans le congélateur rempli de glaces sabotées ou sur la voie du sabotage. Mon camarade m'invite à écouter ce qu'il lance avec une interpellation en se tournant vers moi. Un sourire satisfait orna alors mes lèvres en découvrant le son assimilé au camion de marchand de glace. Douce mélodie qui introduisait la future satisfaction. T'es génial. Lançais-je spontanément en souriant lorsque j'écoutais le son du camion de glace j'hochais la tête par la suite à sa requête, dirigeant mon attention sur le bac de glaces, prenant une glace à la fois pour les saboter, histoire de donner une jolie surprise aux enfants gourmands tandis qu'il nous dirigeait vers le parc c'est sûr qu'avec nos airs angéliques personne pouvait se douter qu'on aimait piéger les gens pour nous délecter de la pièce.

On arrive alors quelques minutes plus tard devant le parc en question, on pouvait entendre des rires d'enfants, des cris, des bavardages entre parents, sûrement des commérages ou du racontage de vie "ouais le boulot, oh tu sais c'est dur d'être mère et de travailler je suis débordée" bref des cas classiques à berner. Je venais de finir une dernière glace que je venais de saboter pour mon plus grand plaisir, tirant légèrement la langue d'un air satisfait, je sifflote avant de regarder mon camarade d'un air tranquille.

- Il y a l'air d'avoir du monde aujourd'hui. On met les glaces à combien ? Demandais-je comme si c'était un sujet important, enfin non ça l'est pas mais bon, faut être crédible, on pourrait les faire gratuites mais bon, autant en profiter jusqu'au bout, de leur naïveté.

Tenue - C’est pour éviter de perdre une des glaces déjà préparées que je préfère déconseiller ma partenaire de manger la glace. Comme elle le dit si bien, ce n’est pas sa surprise. Voir son air dégouté serait drôle mais ce n’est surement pas aussi amusant que de voir la surprise puis le dégout de l’enfant piégé puis de voir l’incompréhension suivi de la colère des parents. Bref, j’ai beaucoup plus à gagner à arrêter ma partenaire avant la catastrophe que de la laisser plonger le nez dedans. Et puis chacun sa surprise, si jamais je devrais taquiner ma camarade, je ferai en sorte que la sienne soit adaptée pour elle, rien de très méchant, juste de l’affection…façon Zeno. Un jour peut être, mais ce ne sera pas pour aujourd’hui. Chaque chose en son temps donc autant me concentrer à notre tâche.

Il est normal pour moi de bien prévoir le coup. Derrière mes airs de gars léger, je ne laisse pratiquement rien au hasard. Si je nous ai donné rendez vous ici, ce n’est pas pour rien. Et puis même le design de la camionnette n’est fait à la va vite. J’ai pris un vrai véhicule de marchand de glace pour être le plus crédible possible. Autant vous dire que même si c’est un jeu, je le prends bien au sérieux. C’est pourquoi, j’ai hâte que ma camarade découvre ces petits détails. Elle pourra surement apprécier le prix de mes « efforts ». Son sourire après l’écoute de la musique de la camionnette prouve que j’ai raison. Je suis plutôt satisfait de sa réaction. « Je sais. » dis-je avec un sourire confiant. Un peu de compliment ne me fera jamais de mal, surtout si celui-ci est on ne peut plus sincère. Et autant vous dire que ce n’est pas tout le monde qui me complimente avec ce genre d’expression. Bref, ego flatté, je donne les instructions à ma partenaire. Elle s’occupera des glaces tandis que je nous amènerai au parc.

Après quelques virages, on se retrouve devant le parc. Je nous stationne juste sur le côté, dans une place assez stratégique, plus près de l’aire de jeu des enfants que les bancs des parents. Après tout, ce sont les enfants qui sont nos clients. Je jette un coup d’œil à l’arrière pour y voir la saboteuse terminer les glaces. Timing parfait ! Je crois que je ne pourrai trouver de meilleure partenaire dans ce rôle. « Tant mieux. Hum…325 yens ? » Il ne faut pas que nos glaces soient trop chers pour que les parents refusent mais ni trop bon marché pour éviter les soupçons. En soi, je me fiche complètement de l’argent gagné, ce n’est pas après cette petite somme que je fais tout ça, mais si on peut les avoir jusqu’au bout, autant le faire bien comme il le faut. « On part sur du 50/50, t’as vu comment je suis généreux. » Je suis celui qui a fourni les glaces et le camion donc si on n’était des associés en commerce, je serai certainement pris pour un imbécile, mais nous ne sommes pas vraiment à cela de près. C’est plus pour plaisanter que je disais cela.