TENUE ❖ Presque deux mois c’était déjà écoulé depuis le départ en croisière de mon petit frère. Le temps passe vite et les jours d’été filent à toute vitesse, j’ai parfois l’impression d’être comme ça en ce moment, comme une saison qui bientôt va se terminer, sauf que mon temps ne reviendra pas l’année prochaine. Depuis quelques jours j’enchaine les crises, je me surprends même à avoir « peur » de dormir, c’est la première fois que je me sens comme ça, je n’ai jamais craint quoi que ce soit, depuis tout petit je répète à qui veux l’entendre que je n’ai pas peur de mourir, que je suis préparé et c’est vrai, de toute façon ce n’est pas comme si j’avais le choix, mais peut-être qu’aujourd’hui c’est le genre de jour où tout me semble lourd... L’absence d’Orion, la voix de ma mère qui prie chaque jour pour que je sois en bonne santé, mes amis partis en vacances, il ne me reste pas longtemps à vivre et pourtant je n’ai jamais été aussi seul. Quand je regarde autour de moi je ne vois personne, mon cœur malade est douloureux, j’ai peur... je m’en rends compte, mais je ne veux pas mourir seul et pourtant il n’y a personne. Aujourd’hui je n’ai pas envie de dire que tout va bien, aujourd’hui je ne suis pas en état de sourire et m’exclamer de joie, comme si toutes ses années à positiver et à prendre tout du bon côté me donner tort, que dois-je faire ? Je n’aime pas être dans cet état, je n’aime pas en vouloir à mon cadet d’être parti alors que je suis venue ici pour passer mes derniers jours avec lui, je me bats chaque jour pour ne pas succomber et attendre son retour, les crises que je dois surmonter seul sont douloureuses, il m’arrive de me trainer au sol pour pouvoir attraper mes médicaments, je ne veux pas inquiéter les autres, je ne veux pas être assisté, mais j’aimerai vraiment avoir quelqu’un à mes côtés, simplement pour parler et oublier. Oublier cette douleur, cette peur. J’ai quitté les dortoirs sans trop savoir où aller, je me suis simplement assis là par terre, cognant ma tête contre le mur avant de ramener mes genoux contre mon torse et la fourrer dedans entourée de mes bras.

TENUE ❖ Cet été chauffait vraiment, c'était parfois insupportable. Heureusement que nous avions des potes avec des piscines, c'est le meilleur endroit à squatter quand les températures sont aussi haute. Avec les frères Otsuka, nous nous sommes pointés en short de bain, t-shirt, chez lui, l'air de rien. Les parents n'ont pas tellement apprécié, mais ils ne pouvaient pas vraiment nous virer puis leur fils nous connaissait et a invité plusieurs autres gars. à la fin de cette journée piscine, j'ai piqué l'épuisette pour nettoyer l'eau et je me suis barré avec Saru et Tora, riant sous cape. Les parents n'ont rien vu, nos potes non plus. Ils se doutaient simplement qu'on partait, mais pas avec quoi. Sur la route, nous nous sommes arrêtés à une poissonnerie pour aller pécher du crabe avec notre épuisette, sauf qu'elle est trop plate et droite pour être manier. Le marchand a plus vite fait de nous sortir à coup de pied de son commerce que nous de pécher un crabe. Finalement, c'est Saru qui s'est confondu en excuse devant l'homme tandis qu'on rigolait telle des baleines à l'extérieur. Pour se faire pardonner, le plus jeune n'a rien trouvé de mieux qu'acheter des bestioles à pince au vendeur, se ramenant avec des sachets. Tora s'est moqué durant dix bonnes minutes, jouant avec l'un des crabes, pinçant son frère ou s'amusant à en faire une marionnette. J'ai ris, tellement ris que j'ai eu un point de côté. Après une heure, nous devons nous quitter, Saru me donnant l'un des sachets qu'il a acheté. Qu'est-ce que je vais foutre d'un crabe, sérieux ? Je l'ai quand même accepté, mon crabe d'un côté et mon épuisette de l'autre, façon Tom Sawyer. Eux rentraient à la maison, pendant que je prenais le chemin vers le campus, longeant le mur d'enceinte de l'école. Mon sachet m'a échappé des doigts quand, au détour d'un angle, je suis tombé sur une silhouette recroquevillée par terre, contre la paroi en brique. Lui ? Ramassant mon sachet, je le regarde mais il ne bouge pas. « Tu vas mourir bientôt ? » Demandais-je simplement, de matière naturelle, comme si ça m'importait peu qu'il me dise oui. Je m'accroupis face à lui, sans lâcher mes affaires. « Reste pas comme ça, on va te prendre pour un mendiant. » Sûrement qu'il en a rien à foutre de comment les gens le voient, mais je précise seulement qu'il est bizarre. D'un geste lent, je tape le côté en plastique contre le dessus de sa tête, pour qu'il la relève et me regarde. « Je te parle. » Fis-je brusquement, retirant l'épuisette en soupirant. Il ne peut pas crever sans me faire chier.

TENUE ❖ Je ne pensais à rien, en fait c’était étrange j’avais la tête remplie et en même temps c’était comme si je ne savais pas de quoi, juste de pensées inhabituelles et de sentiments dérangeant, j’étais là, les fesses posées sur le sol en boule contre ce mur me fichant que les passants me regardent, me juge ou s’interroge sur mon état, en fait la seule chose que je ne veux pas montrer c’est ma faiblesse lors de mes crises sachant que les autres seront en difficultés pour m’aider et se sentiraient surement coupable, même si je suis le malade je me suis toujours inquiété de ce que pouvait ressentir les autres plus que ce que moi je pouvais penser. Je réalise que je n’ai pas changé toutes ses années alors pourquoi est-ce que je remets en question toutes ses choses, pourquoi j’ai envie de crier et pleurer, râler et m’énerver, plus le temps passe et plus ça bouillonne à l’intérieur, j’ignore combien de temps je suis resté comme ça, mais ça n’a pas d’importance, jusqu’à ce que j’entende une voix familière. Il est marrant, comme toujours, sauf que je ne suis pas d’humeur cette fois... Je garde le silence, ne bougeant pas d’un centimètre. Peu importe ce qu’il dit, je sais déjà qu’il en a rien à foutre de toute manière, pourquoi perd-il sont temps à me parler. D’un geste brusque je repousse son truc avec laquelle il me tapote lui lançant un regard vide. « Ouai, je vais mourir donc me parle pas. » C’est surement la première fois que je me montre aussi catégorique et froid, il ne peut pas juste m’oublier si c’est pour dire ça. Je suis surement le premier étonné de me sentir aussi agri alors qu'en fait c’est tout le contraire, même si c’est des choses horribles et blessantes, je préfère encore qu’il me parle, qu’il me saoule, qu’il me maintienne face à la réalité, même si c’est lui, ça me va qu’il reste avec moi.

TENUE ❖ En l'espace de deux secondes, il aura ruiné ma journée qui était superbe jusqu'à tomber sur lui. Kellian n'est pas fautif, il n'a rien fait pour m'énerver, c'est juste mon tempérament habituel qui me rend toujours aussi exécrable. Il est là, en boule, sans rien demander à personne et moi je débarque tel un cheveu sur la soupe, pour gâcher ce calme auquel il devait tenir. Ou pas, je m'en fou. Le fait est qu'il fait pitié à rester là, comme un petit chiot abandonné. à l'intérieur de moi, je sais parfaitement pourquoi il est ainsi. Mourir sans son frère, ça doit être triste. ça doit l'être, parce qu'au final, je n'ai pas énormément de compassion pour eux. Du moins, c'est ce que je pense. Je me borne à croire que sa mort ne me fera rien, que je n'y songerai pas une seconde, pourtant je ne peux pas savoir ce qu'il va se passer ensuite, quand il ne sera plus là. Tandis que je lui parle, mon épuisette tapote sa tête de manière à attirer son attention. Extérieurement, on dirait presque que je le bizute. Kellian repousse l'objet et me lance un regard plutôt surprenant. « Oh ? C'est contagieux ? » Me moquais-je, sans pression, sans honte. Un petit rire m'échappe et je dépose l'épuisette par terre, fourrageant dans le sachet pour en sortir le crabe et le déposer sur ses genoux. « Tiens, si ça peut te tenir compagnie. Tu peux même le nommer Orion, ça remplacera très bien ton frangin. D'ici qu'il revienne, ce crabe aura prit plus de place que lui. » Méchant ? Non, juste réaliste. Il sait que je suis honnête tout en étant dégueulasse mais je ne vais pas me défiler et le traiter comme un pauvre animal abandonné. Il veut toujours croire en son frère et lui pardonner ? Quelle connerie. « Il ne sera pas là, n'est-ce pas ? J'ai raison et ça te fait chier ? Vois la vérité en face, ton frère t'a abandonné. » J'ignore pourquoi je suis aussi mauvais avec lui, comme si ça m'amusait de lui balancer ces immondices à la figure. Je ne peux pas utiliser la force physique avec lui, alors je me sers de la force verbale. Kellian est déjà fissuré à cause de sa malade, et moi je suis là pour le briser entièrement.

TENUE ❖ Je sais que Momiji n’a aucun tact, il me l’a déjà montré et j’appréciais vraiment son honnêteté même quand les paroles étaient dures à digérer, j’ignore pourquoi il se sent le besoin d’être cruel envers moi, si j’aurais ri de tout ce qu’il dit hier encore, aujourd’hui c’est différent, mon cœur est oppressé et douloureux en entendant chacune de ses paroles. Je vois se crabe posé sur mes genoux, fixant Momiji sans aucune réaction particulière. C’est seulement la suite qui me percute davantage, me relevant subitement en faisant tomber le crabe au sol, mais je m'empresse de le ramasser aussitôt en soupirant, accroupi au sol en serrant les poings. « Tu as raison... » Frappant le sol brusquement. « Alors quoi !? Oui, ça me fait chier, c’est normal non ? Je vois très bien la vérité en face, pourquoi penses-tu que je suis là ? Tu ne peux pas juste la fermer et faire comme si tu ne me voyais pas pour une fois, tu trouves ça amusant, qu’est-ce qui est drôle là-dedans ? » Je suis en colère, pour la première fois je suis vraiment blessé et frustré. Il doit être content, il vise toujours juste ça doit être facile pour lui. Rageant contre moi-même d’être ainsi, je pourrais pleurer juste des nerfs et de frustration. « AAAAAAAAAA[...]AAH ! » J’ai dû effrayer les passants, mais j’ai juste envie de crier pour extérioriser tout ça sinon j’ai l’impression que je vais vraiment mourir maintenant, je ne comprends pas mon frère... j’ai eu beau dire qu’il a eu raison de profiter, je vais mourir et il part trois mois avec son copain, ne pouvait-il pas attendre que je ne sois plus là ? Je... Me sens tellement mal, suis-je si peu important pour lui ? Je me doute que l’amour passe avant, bien que je n’y comprenne rien, je ne suis jamais tombé amoureux, vu ma maladie c’est surement mieux, mais... Pourquoi ? Je soupire en me laissant tomber en arrière pour reprendre ma place initiale contre le mur. « J’ai peur Momo. » dis-je simplement après quelques instants de silence, me doutant très bien qu’il s’en fiche, mais j’ai vraiment peur.

TENUE ❖ J'ignore moi-même pourquoi je ressens ce besoin d'être cruel avec lui. Satisfaction personnelle ? Aucune idée, je ne me sens même pas « bien » de le faire, mais je le fais quand même. Kellian a toujours été souriant, même la première fois que j'ai levé la main sur lui. Il a ri, il s'en est amusé, même mes potes l'ont prit à la rigolade et jusqu'à la fin, il n'a rien dit sur sa maladie. Quand il est tombé, ils m'ont tous accusés mais j'étais le seul à ne pas me sentir coupable. Aujourd'hui je suis simplement là pour ne pas qu'il oublie sa situation, je lui rappel méchamment où il se trouve. Ce n'est pas un monde de bisounours où il fermera juste les yeux pour s'endormir tranquille, pour toujours. Non, il va souffrir quoi qu'il arrive. Si je prends un malin plaisir à ouvrir mon clapet ? Bien sûr. Je le prends à pleine main ce foutu plaisir, juste pour lui balancer à la gueule. Jusqu'à ce qu'il craque. Peut-être que je voulais seulement qu'il s'énerve, qu'il lâche la corde qui retenait toute cette merde. Il implose, faisant tomber le crabe pour le ramasser, puis il tape le sol en vidant son sac et je souris en coin, fier de mon effet. Voilà, c'est ça que je voulais voir depuis que je sais. Parce qu'il est hypocrite d'accepter sa condition avec le sourire, alors qu'un humain n'est pas fait pour ça. Un humain normalement constitué haït n'importe quel dieu de lui réserver un tel destin, et je vais lui prouver qu'il n'échappe pas à cette règle. Il hurle, je sursaute sur le coup, mais peux facilement lire ce combat à l'intérieur de ses pupilles. Son regard absent n'est qu'une façade. Maintenant que j'ai eu satisfaction, je pourrais me barrer en sautillant, mais non. Je reste là, récupérant le crabe pour le remettre dans son sachet. « étonnant, je croyais que tu allais accueillir la faucheuse les bras ouverts. » Encore à me moquer. Je me redresse, prenant l'épuisette avec moi. On dirait vraiment qu'il va mourir dans quelques secondes, quel crétin. Finalement je lui tends la perche pour qu'il la saisisse et se relève. « Suis-moi. » Ce sera sûrement la première et dernière fois que je lui dirais cela. C'est sa dernière chance de me suivre avec mon accord, sans forcer les choses.

TENUE ❖ Qui l’aurait cru, que je puisse simplement lâcher prise, craquer pour de bon, m’énerver, crier, maudire cette situation, pas moi en tout cas. Je n’ai jamais baissé les bras, ce n’était pas de l’hypocrisie j’avais accepté mon sort, je l’accepte encore, cependant... je suis seul. Ce sentiment me bouffe et me fait me rendre compte que je ne veux pas rester seul, sans personne, je ne pense pas mériter ça et oui aujourd’hui j’extériorise ce sentiment qui me pèse depuis quelque temps. Momo présent, ses mots cruels me font réagir, qu’il prenne plaisir ou non à me blesser je m’en fiche, ça m’a fait exploser et même si je n’ai pas encore tout craché ça ne peut que faire du bien. Finalement je me suis remis contre le mur sans trop savoir ce que je suis censé faire maintenant, avouant à Momiji que j’ai peur. Est-ce que j’ai bien fait ? Je l’ignore, mais à part lui il n’y a personne avec moi, personne à qui je peux me plaindre, personne avec qui rire ou parler, aussi insensible qu’il dit l’être il n’est pas parti et écoute, peut-importe s’il se moque ensuite, au moins il réagit. « Devrais-je le faire ? » Accueillir la mort comme j’ai toujours pensé le faire, en souriant et en l’acceptant. Je ne maudis personne, ni ma famille, ni Dieu, ni ma condition, mais dans mon état actuel j’ignore si je pourrais mourir paisiblement ou si au contraire, je vais souffrir jusqu’à la fin, même si je connais ma date d’échéance je ne sais pas encore de quelle manière je vais mourir et je ne préfère pas le savoir. Les yeux levés sur lui je regarde la perche tendue vers moi, à ses mots je me saisis du bout pour me relever. « Tu vas où ? » ce n’est pas comme si j’avais grand-chose à faire donc le suivre n’est pas un problème sauf que comme si c’était calculé mon téléphone annonce un nouveau message, mes pas se stoppant pour admirer la photo de mon petit frère avec Kaoru, le regard perdu.

TENUE ❖ Qu'il dise avoir peur ou non m'importe peu, mais ça le rend plus humain quand il avoue ce qu'il ressent franchement. Je ne suis pas le meilleur des confidents, je crois même être très peu à l'écoute des gens, mais quand je vois qu'il extériorise ce poids qui pèse sur sa conscience, je me rends compte que ma cruauté n'est pas si mauvaise à prendre. Il a su réagir, voir sa réalité en face et cesser de croire que le départ de son frère était une bonne chose. Perso, je m'en fiche de leurs histoires de famille, de maladie, je ne devrais même pas être là pour lui dire tout ça. Maintenant que c'est fait, c'est fait. Devrait-il faire quoi ? Pour la faucheuse ? Je ricane dans un haussement d'épaule. « ça, c'est ton problème. » Soignons franc, qu'il l'accepte ou pas, ça ne changera jamais ma vie. La sienne est déjà scellée, qu'est-ce que je peux y changer ? Rien, absolument rien. Nous sommes là comme deux clampins, l'un à accuser le coup et l'autre à planter son couteau bien profond. ça se résume à ça, une action qui blesse l'autre. Je ne sais pas ce qu'il me prend à lui tendre cette épuisette mais je lui sommes de me suivre, tirant dessus quand il la saisit pour le redresser sur ses jambes. « Chez moi. Je ne vais pas manger ce crabe tout seul. » Qui pourrait le croire, je l'invite à manger, chez moi en plus. « Considère ça comme un repas d'adieu. » Ce n'est pas moi qui irais déposer de la bouffe sur sa tombe. Ma perche sur une épaule et mon sachet dans l'autre main, je prends le chemin inverse pour rejoindre le quartier où j'habite, mais c'est au moment de marcher que son téléphone sonne, le réduisant une nouvelle fois au mutisme. Quoi encore ? Quel con vient tout gâcher ? Agacé, je lui prends son portable, voyant la photo et le message. De qui se fout-il celui-là ? Sans rien dire à Kellian, je réponds à sa place, toujours plus ironique que jamais. Au pire, je m'en fou. « éteins-le. » Ce n'est qu'un conseil, il fait comme il veut.

TENUE ❖ Au pire qu’il s’en fiche ou non ce n’est pas grave, il écoute, il juge, il rejette, il se moque, mais c’est mieux que rien. Je ne cherche pas la pitié, je lui ai déjà avoué que j’ai peur c’est énorme venant de moi, je n’ai « jamais » eu peur, surement parce que je me sentais prêt et entouré, je me disais que j’allais profiter des derniers moments avec les personnes que j’aime, mais trois mois c’est long. Je pensais presque repartir en Corée pour voir mes parents, ils savent pourquoi je suis venu à Tokyo, pour rester avec Orion, pour garder mon indépendance et avoir une vie normale, ce que j’ai eu au cours de cette année, avec mes amis, mes camarades, mon petit frère. Même Momiji. Alors non je n’ai pas avoué ma crainte pour qu’il se montre gentil ou compatissant, je voulais simplement qu’il le sache et comprenne que même moi, je peux être vulnérable et blessé, peu de personnes le savent, moi-même je l’ignorais avant aujourd’hui, Momo est mon « complice » malgré lui. Me relevant en tenant sa perche, j’accepte de le suivre sans savoir où, jusqu’à ce qu’il me dise qu’on va chez lui. Je ne m’attendais pas à être invité dans sa maison un jour, mais je ne réponds pas, où qu’on aille ça me changera surement les idées. « Merci pour l’attention. » Repas d’adieu, je vais peut-être mourir ce soir donc ça prend son sens, je ne m’offusque pas, surtout que mon attention soit portée sur ce message que je viens de recevoir de mon cadet. Autant son message est mignon, autant je reste les yeux bloqués sur cette photo, est-ce que je le reverrai en personne, je l’ignore, mais il semble bien aller, heureux et en bonne santé. Le regard perdu, Momiji débarque en prenant mon téléphone, écrivant sur le clavier. Je sais ô combien Momo peut-être direct et cruel, je répondrais à Orion plus tard, rangeant mon téléphone pour le suivre de nouveau. « Ne me dis pas que tu l’as péché toi-même ? » Je me moque de lui si jamais... J’imagine bien que non, mais voyait sa tenue, son épuisette et le crabe, pourquoi pas.

TENUE ❖ C'est vrai qu'après nos nombreuses rencontres, il n'avait jamais l'air d'être effrayé ou peiné par son sort, et là tout ressort d'un coup comme la tempète après le calme céleste. Personne ne peut lui en vouloir de réagir ainsi, si je devais donner un avis, je dirais que c'est mieux que continuer à croire que tout ira bien. Qu'il l'accepte ou non, ça ne va pas l'aider à survivre, ni à aller mieux. Enfin bref, il a craqué et voilà tout. Ce n'est pas de la pitié que je lui offre en tendant l'épuisette, ce serait même un geste indifférent venant de moi. Je l'indique seulement de me suivre, l'invitant chez moi, dans l'immense villa de mes riches parents. Ce seront sûrement les dernières images qu'il vera avant de mourir, un luxe sans fin, un repas digne d'un restaurant et moi. Certes, y a mieux que moi à voir et à supporter, puis merde. C'est déjà pas mal que je ne raccourcisse pas sa vie de quelques semaines. J'hausse les épaules à son remerciement, comme si je ne le méritais pas vraiment. Je ne fais pas ça pour lui, plutôt pour moi. Sauf qu'il reçoit un message de son frère et qu'il semble échapper à tout contrôle, redevant cette carpette que j'ai surpris tout à l'heure. Bordel, qu'il m'emmerde son frangin. Je ne me gêne pas pour lui répondre, sans être réellement franc mais avec une pointe certaine d'hypocrisie, mêlé à de l'écoeurement quant à la photo que j'ai pu voir. Je ne rassure pas Kellian, je lui dis seulement d'éteindre son portable. Il le range seulement et je continue de marcher. « Bien sûr, avec mon épuisette. » Il est con ou bien ? Je ne peux rien pécher avec ce truc à la con. « C'est Saru qui l'a acheté pour s'excuser auprès du vendeur. » Lui aussi, quel bon samaritin. Arrivé à un arrêt de bus, je cherche celui qui mène à mon quartier et fais signe à Kellian de me suivre à l'intérieur, prenant deux places. ça ne mettra pas longtemps pour se rendre dans la zone « riche » de Tokyo, avec ces villas luxuriantes. « Tu n'es pas allergique au crabe, au moins ? Tu diras ce que tu crains aux cuisinières. » Parce que je ne compte pas cuisiner moi-même, si c'est ce qu'il pensait.

TENUE ❖ Je ne sais pas comment je vais aborder le reste de la journée non plus, j’ai accepté de suivre Momiji parce que sinon je serais certainement resté là, assis contre ce mur jusqu’à ce que la nuit tombe, je suis épuisé physiquement et psychologiquement. Bien que je ne le montre jamais c’est une maladie souvent lourde à porter, je ne compte plus combien de fois j’ai dû me cacher pour supporter une crise qui aurait pu m’être fatale, imagine ces personnes faisant dès arrêt cardiaque soudainement, moi c’est tout le temps... Je n’ai que vingt ans et j’expérimente cette souffrance depuis si longtemps. Pourquoi ai-je eu besoin de craquer ? Pourquoi je me sens inquiet ou effrayé ? Je l’ignore. Est-ce mieux que de sourire et d’accepter mon sort ? Je l’ignore. Je ne peux pas remettre en question ce que je suis, je sais simplement qu’aujourd’hui j’ai besoin d’avoir quelqu’un avec moi et que ce soit une chance ou non, il se trouve que cette personne est Momiji. Comme si c’était un signe, je reçois un SMS venant de mon frère avec une photo, bloquant de longues secondes les yeux vides et l’esprit pensif jusqu’à ce qu’il me prenne mon portable et envoie un message à ma place. Je devrais l’arrêter, je sais que Momiji va surement envoyer une bombe et je dois le stopper avant... Mais je ne le fais pas, le regardant simplement faire. Récupérant mon mobile, je le range sans lire ce qu’il a marqué, je m’en occuperai plus tard. Me moquant de lui je demande s’il a péché ce crabe. « Forcément. » Ça coule de source. S’excuser ? Qu’est-ce qu’ils ont fait encore ? « C’est sûr que ce n’est pas toi qui aurais fait ça. » Impossible. Montant dans le bus je prends place à côté de Momo restant silencieux tout le long du trajet. « Hum. » Je n’ai pas d’allergies, juste des interdictions, mais au point où j’en suis-je pensé même que cela n’a plus d’importance. Je ne veux pas mourir, mais je me sens tellement las. Le chemin jusqu’à ce quartier entouré de maisons de luxe est rapide, Momiji a annoncé l’arrêt et je le descends à sa suite pour le suivre jusque chez lui, je ne sais pas s’il y a ses parents ou non, je n’ai même pas demandé, mais vu comment il s’entend avec son père j’imagine qu’il sera absent, sinon ça risque d’être animé comme repas.

TENUE ❖ Y a des gens comme lui qui aimeraient sûrement vivre davantage, n'avoir aucune maladie et profiter à fond jusqu'au bout, jusqu'à dépasser la barre des cents ans. Puis tu as ceux comme moi qui en ont rien à foutre, qui pourrisse la vie comme si une seule était déjà suffisante et qui font assez de chose pour terminer les soixante dix ans restant derrière les barreaux. Est-ce le cas B pourrait offrir sa vie misérable au cas A qui désire tant être comme tout le monde ? Je ne pense pas que, cas B, vu comme il est habituellement, ressente de la pitié pour cas A. Pourtant, cas B invite cas A à manger du crabe dans sa maison, sans rien demander en retour. Il y a des choses qui ne s'explique pas, qui ne demande aucune raison d'être, juste de se faire. Kellian ne proteste pas, il me suit simplement, lâchant une petite vanne que j’assimile plutôt facilement. Je ne pêche pas, je n'ai sûrement jamais tenu de canne à pêche de ma vie. Ce n'est pas avec un père flic que je passerai du bon temps à la rivière, ni même avec une mère avocate qu'on ira se faire des pic-nic à la campagne. C'est une vie dérisoire, sans intérêt. Les paroles de Kellian me font poser les yeux sur lui, silencieux et étrangement calme. Non, ce n'est pas moi qui me serait excusé pour la bêtise que j'ai commise. En même temps, je ne vois pas pourquoi je chercherai un pardon quand j'ai voulu être embêtant, ça n'a aucun sens. M'excuser calmerait le partie adverse et ce n'est pas mon but. Prenant le trajet jusqu'à chez moi, le bus nous dépose pile dans le bon arrondissement, à quelques pas de la villa des Usagi. Ce n'est pas bien difficile à la remarquer, y a écrit le nom sur le mur d'enceinte, juste à côté du portail. Les caractères japonais annoncent la couleur. Sans dire un mot, je tape le code du portail sur le petit boitier à côté et celui-ci s'ouvre aussitôt. Que dire ? Je ne crois pas avoir quelque chose à dire dans cette situation-là. Kellian n'a qu'à me suivre, traversant cette allée de fin gravier serpentant entre la belle pelouse verte et ses arbres fraîchement taillé par des jardiniers professionnels. Je déteste cet endroit, pourtant j'y reviens à chaque fois. « Fais comme chez toi. » Comme si c'était possible. Il n'a sûrement jamais vécu dans un lieu pareil, à être accueillit par des majordomes ou des bonniches, s'inclinant à la moindre phrase, au moindre salut. Y a pas un moment où tu peux être tranquille ici, ni seul d'ailleurs.

TENUE ❖ Bien sûr que si j’avais eu le choix j’aurais voulu vivre, ne pas compter les années en me disant qu’il m’en reste tant avant de mourir. Ne pas avoir à mentir quand on me disait « on fera ça l’année prochaine » alors que je savais déjà que ce ne serait pas possible. Pourquoi tout semble lourd alors que jusque-là tout me semblait si léger, ce n’est pas la mort qui m’effraie, j’ai peur de la solitude. Vais-je mourir seul ? Je ne sais pas, mais ça m’angoisse et je n’arrive pas à comprendre mon cadet. J’ai accepté durant deux mois, mais là je n’arrive vraiment pas à savoir pourquoi il a fait ça me laissant derrière alors que c’était les dernières vacances d’été qu’il pouvait passer à mes côtés. Je ne sais pas si c’est une chance, mais le fait d’avoir Momiji est un peu apaisant, au moins malgré sa cruauté il est à mes côtés et c’est vrai que je ne peux pas nier la vérité quand il l’a dit durement sans tact ou pitié, c’est ce que j’ai aimé chez lui, aussi dur soit-il il ne compatit pas et ne pleurera pas, suis-je triste qu’il ne ressente rien ? Je l’ignore, mais au moins ça sera une personne que je ne blesserai jamais en disparaissant et ça me va. Prenant le bus on arrive chez lui, pensif j’ai encore la photo que mon frère m’a envoyée en tête, je suis heureux qu’il s’amuse, mais vais-je le voir qu’en image jusqu’à la fin ? Est-ce que mon cœur tiendra le temps qu’il revienne ? Je ne sais pas. Je ferais tout pour, mais maintenant que ma santé se dégrade à voir d’œil quotidiennement je n’en suis plus si sur. Arrivé chez lui j’observe en silence l’endroit, ça me rappelle un peu chez moi, en Corée, la décoration est a des endroits semblables. Enfant je n’ai pas passé beaucoup de temps chez moi, je ne pouvais pas profiter du jardin, d’une piscine, tout ça je n’étais pas assez solide pour courir comme pouvait le faire Orion, puis ayant passé beaucoup de temps à l’hôpital, c’était comme avoir une maison secondaire où je pouvais me rendre quand j’allais bien. Je souris à ses mots alors que je salue les majordomes. « T’as mère travaille dans quoi ? » Je suis au courant pour son père, mais sinon je ne pense pas qu’on ait parlé vraiment de nos familles. « C’est comique. » Dis-je soudainement en le suivant toujours. « Tu fais des conneries alors que ton père est policier et ma mère qui est un grand médecin ne peut pas me sauver. » Nous avons des destins entrelacés avec l’un de nos parents, bien que lui le cherche et le fasse exprès, je sais que son père doit couvrir ses méfaits, car tout parents ne souhaite qu’une chose, protéger son enfant, même si dans mon cas, personne ne peut rien pour moi, même le talent du meilleur docteur ne me sera d’aucune aide.

TENUE ❖ Le comportement de son frère est incompréhensible, mais je n'ai jamais eu de frère, ni même de soeur, pour savoir ce que cela pouvait faire. J'ai toujours été seul dans cette grande maison, avec des parents toujours occupés, mais j'avais mes meilleurs amis avec moi. Saru et Tora m'ont quasiment suivi depuis que nous sommes gosses, me permettant de fuir cet univers de froideur et de solitude. Jamais à la maison, toujours dehors. Encore aujourd'hui, c'est pareil. Je traîne beaucoup plus à l'école ou dans les rues qu'ici, dans la villa familiale. C'est rare que j'emmène quelqu'un avec moi, surtout quand cette personne n'est pas réellement un ami ou quelqu'un que j'apprécie. De là à dire que je le hais, y a quand même une marge. Disons que je le déteste moins qu'auparavant, mais que je ne l'aime pas pour autant. Kellian salut les majordomes, quant à moi je les ignore. Ils me voient presque tous les jours, à force ils en ont que faire que je sois poli ou désagréable. Ma mère ? « C'est une avocate. » Le comble du comble. Un père flic et une mère avocate, qui se doivent d'élever un petit délinquant. Comique. C'est le mot juste, autant pour nos parents que nos familles. C'est ce qu'on appel l'ironie du sort et étrangement, cela me fait sourire. « Qui sait, ce sera peut-être ma mère qui me condamnera et mon père qui m'enfermera. » Plaisantais-je franchement, pour la première fois avec Kellian. ça n'a pas l'air de me déranger. « Peut-être que ta mère trouvera de quoi te guérir avant la fin. » L'espoir fait vivre, c'est ce qu'il croyait jusqu'à la dernière rencontre, avant de s'écrouler bêtement face à ce mur infranchissable. Je lâche l'épuisette n'importe où dans le hall, avant de passer par le salon. La cuisine est séparée, puisqu'elle est souvent animée. J'amène le crabe à l'une des cuisinières, seulement celle-ci fait attention à moi. « Pour deux personnes, c'est possible ? Faites-en ce que vous voulez. » Tant que c'est mangeable. La femme s'incline et acquiesce, s'en allant avec la bestiole pour la préparer. « Tu veux boire quelque chose ? » Tant qu'on est là, c'est encore possible de se servir. Les gens autour de nous doivent penser que c'est un pote, vu comment je lui parle calmement, sans être agressif. Je n'ai aucune raison d'être explosif pour l'instant, puis il a l'air assez mal comme ça pour que j'en rajoute encore une couche. Pour cette fois, il a de la chance, mais ça peut revenir n'importe quand.

TENUE ❖ Je ne me suis jamais senti seul, ni avec mon frère, mes parents ou encore dans ma chambre d’hôpital, je ne pouvais parler avec les autres patients, je pouvais rire malgré ma maladie et profiter des gens, apprendre en les écoutant. Aujourd’hui c’est surement une première et grâce à « lui » je peux surmonter ce sentiment, bien que mon esprit soit en grande partie torturé par la situation et le manque de présence de mon cadet à mes côtés. Chez lui je suis curieux concernant le métier de sa mère connaissant déjà celui de son père. « Qui sait ? » Mais je pense que bien que ce soit une plaisanterie à cet instant, si ça devait arriver ses parents tenteront de le protéger avant tout, personne n’aimerait devoir à faire une chose pareil que de condamner son propre sang. C’est mon avis, je ne connais pas sa famille, mais ça me paraît tout simplement évident. Tant pis si je suis trop idéaliste dans mes pensées. « Je ne peux pas espérer une chose pareil, ce serait comme se languir de la mort de quelqu’un. » Je ne suis pas une personne avide, il a dû le comprendre au fur et à mesure de nos rencontres. Je l’ai suivi dans les cuisines pendant qu’il donne notre futur repas aux cuisinières. Boire ? « Si t’as du jus de fruits je veux bien. » Je n’ai pas encore bu aujourd’hui, donc je n’aurais aucun problème sur mes apports. Mon téléphone se met à vibrer alors que souriait ayant un peu oublié ce qui me déranger le temps d’un instant. Lisant le SMS, je me rends compte qu'Orion semble déboussoler face au précédent message, n’ayant pas compris que je n’étais pas l’expéditeur, je ne lui en veux pas... Mais je n’aurais jamais envoyé une chose pareil moi-même, ne me connaît-il pas assez depuis toutes ses années ensemble ? Je soupire. « Est-ce que je pourrais vraiment envoyer ça, même pour plaisanter ? » marmonnais-je à voix haute, décidément je ne pige pas, mais je ne vois pas quoi répondre, devrais-je le rassurer ? Attendre un peu ? Lui expliquer ? Je ne sais pas trop, j’ai l’impression d’être un idiot, c’est mon petit frère, pourquoi suis-je ainsi... « Juste, les prévenir qu’ils ne mettent pas de sel dans le plat. » Avant qu’on ne parte de là.

TENUE ❖ Mes parents pourraient être mon salut comme ma perte, ils pourraient vendre corps et âme pour me sauver ou au contraire, ne pas s'en soucier et me condamner. Je sais qu'ils m'aiment malgré mes bêtises, mon père est toujours derrière moi pour me couvrir, ma mère pourrait le faire pour me protéger, quitte à falsifier la justice elle-même. Je ne doute pas d'eux, qu'importe mon tempérament ou ma façon de penser en temps normal. Si je ne peux savoir pour ma famille, lui non plus ne peut pas se douter qu'à la dernière minute, sa mère trouve un moyen de lui sauver la vie. Rien n'est écrit nulle part. « Mais à côté tu espères pas survivre. » S'il était dans un film comme Hunger Games, sûrement serait-il l'une des premières victimes à se faire tuer. à quoi bon ne pas vouloir tuer quelqu'un quand ce quelqu'un n'en a rien à foutre de toi. C'est clair que nous ne pensons pas de la même manière, que Kellian est sûrement blanc comme neige quand je suis noir comme le charbon. Le crabe confié à une cuisinière, je lui propose à boire. « J'ai tout. » Précisais-je simplement, ouvrant l'une des portes d'un des nombreux frigidaires de la cuisine, celui contenant principalement des boissons. Jus de fruit, je prends deux briques de multi-fruits et lui donne celle en trop. Kellian est occupé avec son portable, toujours à méditer sur son frère. Oh, il parle de mon message. Un soupir m'échappe et je me contente de planter la paille dans ma brique. « Laisse-le cogiter. » Encore un conseil, mais ce n'est sûrement pas celui de l'ange. Le sel ? Ah oui, c'est vrai. J'ai l'air exaspéré, mais je le dis quand même à la cuisinière avant de lui faire signe qu'on bouge de là. ça risque de prendre un peu de temps, peut-être une demi-heure pour préparer un plat. « On va dehors. » Le jardin est beaucoup plus intéressant que l'intérieur de la maison, puis il pourra voir la collection de voiture de mes parents, dans le garage. Pour le repas, un majordome nous préviendra quand c'est prêt. Je suppose qu'ils vont même dresser la table dans la salle à manger, juste pour nous deux.

TENUE ❖ Je voudrais vraiment survivre, mais le temps passe et se raccourci, cette période qu’il m’a été donné deviens de plus en plus petite, je ne veux pas me faire d’illusions si c’est pour être déçu, depuis toujours c’est ainsi que je l’ai vu. La seule fois où je me suis fait piéger ce fut à cause de mon envie d’être ami avec Momiji, ignorant ce qu’il faisait je me suis laissé berné et j’ai perdu... Les regrets que je ne voulais jamais ressentir pour la première fois je les ai ressentis, depuis que j’ai rencontré Momo pleins de choses se sont enchainé, même aujourd’hui j’ignore pourquoi je me pose toutes ses questions, mon frère, lui, mon entourage, au cours de ses années tout ce que je voulais c’était laisser une part de moi, égoïstement j’espérai que même si je mourrais j’avais pu accomplir quelque chose et j’ignore depuis quelques heures si c’est le cas. Je le laisse prendre les boissons prenant avec un sourire cette brique de jus de fruit, puis suite à mon commentaire et au sien, je hausse les épaules en le suivant dehors. « C’est simplement qu’il a cru que j’avais envoyé ton message. Je suppose que c’est logique vu que c’est mon téléphone, mais... lui plus que quiconque devrait se douter que je ne suis pas capable de plaisanter de cette manière haha. » Je ne suis pas aussi cruel, mais je ne lui en veux pas, c’est juste que j’ai l’impression qu’il ne voit pas à quel point je souffre et m’inquiète loin de lui, j’imagine que là où il se trouve tout doit le déconnecter de la réalité, mais pense-t-il seulement que je vais bientôt mourir ? En a-t-il conscience ? Je ne sais plus. Soupirant je bois quelques gorgées à la paille sans faire attention où je marche, rentrant dans Momo quand il s’arrête alors qu’on est arrivé à l’extérieur. « Désolé. » Levant les yeux vers le décor, je ne vois pas de suite le garage et les voitures, plus occupé à profiter de son grand jardin et du temps agréable en m’asseyant sur le muret.

TENUE ❖ Nous sommes tous égoïste à notre façon, on croire faire un truc bien mais c'est seulement par profit. Nous le faisons principalement pour nous, qu'importe la raison. Il veut se faire une place dans le coeur des gens qu'il aime, sans se dire qu'elles souffriront ensuite. Quant à moi, je ne pense tout simplement pas aux autres, me fichant pas mal de ce qu'ils ressentent ou pensent. Il ne veut pas vivre les derniers mois en croyant à un miracle, mais au final, il mourra quand même. Qu'il croit ou non à quelque chose, ça ne changera pas le résultat final. Pourquoi ne peut-il pas s'accorder le bénéfice du doute et espérer un tout petit peu qu'un donneur potentiel apparaisse dans sa misérable vie pour la sauver. C'est Kellian, après tout. Il ira sûrement au paradis, tandis que j'irai en enfer quand je partirais les deux pieds devants. Il me parle de son frère et même si je devrais m'en foutre complètement de lui, je l'écoute. « Peut-être qu'il oublie déjà qui tu es. » Ce n'est pas pour le contrarié, quoi que. Je ne l'ai pas dit dans cet intention là, je l'ai juste dit, en fait. Bref, je ne peux pas revenir en arrière et je ne compte pas m'excuser, puisque je ne l'ai jamais fait jusqu'à présent. Son frère est sacrément stupide pour croire que c'est Kellian qui lui a répondu. Buvant une gorgée de ma boisson, je l'emmène à l'extérieur, vers le jardin et le garage. Nous serons sûrement mieux dehors que dedans, sans la masse d'employé qui grouille. Il me rentre dedans, mais je ne dis rien. Je pose juste mes yeux sur lui, pendant qu'il s'assoit sur le muret du jardin. Une idée me vient en tête, je dépose ma brique à côté de lui et lui pique son portable. Son frère est trop débile, il doit avoir besoin d'un petit coup de pouce pour comprendre l'évidence. Le temps que Kellian pige quoi que ce soit, j'ai déjà pris une photo de moi, juste devant les voitures garées dans le garage ouvert. Sur la selca, je souris et affiche un "coeur" avec mes doigts. C'est facile d'afficher un visage différent, surtout pour quelqu'un qui peut paraître innocent comme diabolique. Combien de fois j'ai fait semblant de pleurer pour échapper à quelque chose de déplaisant et chiant à souhait. Cette fois-ci, j'utilise cette capacité pour berner Orion, du moins pour le narguer. Le cliché sous les yeux, je cherche à l'envoyer par mms directement à son frère, avec un beau petit mot pleins d'amour.

TENUE ❖ Les paroles crues de Momo n’ont pas le temps de me manquer, tout ce que je pense tout bas d'une façon détournée et douteuse, lui le dit sans aucune once d’hésitation, je sais qu'Orion ne m’oublie pas, je ne remets pas en question notre relation, notre amour de frères, je l’aime plus que quiconque et ça ne changera pas, je sais aussi qu’il est plus jeune et que ses décisions ne sont pas toujours réfléchies agissant sur un coup de tête, alors oui, je pense qu’il n’a simplement pas pensé à la situation en partant et j’ai peur de ne simplement plus le revoir. « Idiot. » Soufflais-je simplement en évitant de me mettre en colère cette fois, Momo a beau ne pas être gentil ou compatissant, je commence à cerner sa façon de penser et de se comporter. Je lui rentre dedans involontairement avant de m’installer sur le muret et boire ma boisson tranquillement sans penser à tout ce qui peut me perturber, tandis que je ne remarque pas tout de suite ses projets, le voyant prendre mon portable à nouveau, j’ai à peine le temps de tourner la tête pour le voir prendre une photo et tapoter sur le clavier du téléphone, riant un peu en ayant vu sa tête. « C’est dur de te voir faire ce genre d’expression. » Quand on connaît le personnage, ça me fait rire franchement. « Merci. » Je ne me voile pas la face, je me doute qu’il en a rien à faire de tout ça, mais... « Même si ce n’est pas pour moi, le fait que tu répondes à ma place et secoue mon frère me fait du bien, alors que je devrais surement trouver ça stupide ou rassuré Orion, je me demande s’il va comprendre cette fois. » Ricanant en posant mes deux mains sur le muret où je suis assis en me penchant un peu en arrière l’esprit pensif et le regard levé au ciel quelques secondes. « Au fait, tu t’es fais grondé l’autre fois ? » Posant mon regard sur lui. « Quand tu as dit a ta fiancé que tu sortais avec moi, elle t'a pas balancé ? » Je suis curieux tout a coup.

TENUE ❖ Il peut être facile de rencontrer quelqu'un, mais il doit aussi très facile de l'oublier. C'est son frère, ils ont un lien puissant mais qu'il soit son frère, son meilleur ami ou juste un pote de passage, ça ne change rien au fait qu'il puisse le zapper et penser à beaucoup d'autres choses que lui. C'est un comble, fut qu'il est condamné et que le délais se réduit de jour en jour. Je ne cherche pas à savoir ce qu'il a soupiré, ne l'ayant pas réellement écouté. Par contre, je sens quand il me rentre dedans et me contente de lui lancer un regard. Celui-ci s'installant sur le muret pour boire son jus de fruit, j'en profite pour piquer son portable et partir un peu plus loin prendre une photo dans l'intention d'énerver son jeune frère, bien trop loin d'ici pour faire quoi que ce soit. Il va croire que je vais le tuer ou un truc du genre, à tout les coups. La photo prise et envoyé, je reviens vers lui, sans mon sourire photogénique. « Quoi ? Ce n'était pas naturel ? » Mon sourire, je veux dire. Est-ce que j'avais l'air de me forcer ? Pourquoi, je l'ai fait en pensant à la tête de l'autre abruti sur son bateau ou je ne sais où dans le monde. à son remerciement, je fais genre de n'avoir rien entendu, lui rendant son portable pour récupérer ma brique et boire. Pourquoi est-ce que je fais ça ? Pour lui ? Non, clairement pas. Si je ne m'étais pas frité avec Orion, sûrement que j'en n'aurai rien à faire que son frère soit en vacance et lui, au bord du précipice. « J'ai juste envie qu'il se foute en rogne. » Dis-je honnêtement, sans cacher mes réelles intentions à l'égare de son frère. Je ne le porte clairement pas dans mon coeur, et lui non plus, à mon avis. L'autre fois ? Quelle autre fois ? Ah, cette fois-là. Je hausse les épaules. « Ouais, elle a tapé un scandale à mes parents. » Bah, ça n'a pas changé ma vie pour autant. Mon père a essayé de me parler, mais je ne l'ai pas écouté un seul instant. Il a cru que j'étais gay, mais ce n'est pas cela qui le dérange vraiment dans l'histoire. « Mes parents s'en fichent de mon orientation, ils ont déjà assez à faire avec mon comportement pour s'inquiéter d'un truc aussi futile qu'une préférence sexuelle. » Ce n'est pas comme si j'étais intéressé par quelqu'un ou quoi, l'amour, les relations, le sexe, tout ça est loin dans ma liste des choses à faire avant de mourir.

TENUE ❖ Pas naturel ? Je rigole encore en haussant toujours les épaules, continuant de boire ma boisson. « Si, un peu trop ? » Rajoutais-je, c’est juste que pour quelqu’un qui ne connaît pas son sale caractère il passerait presque pour quelqu’un de gentil et adorable, mais quand on est au courant c’est tellement... étrange. Au moins ça m’amuse c’est déjà bien. Je me fiche de savoir pourquoi il fait ça, même si ce n’est pas pour moi ça n’a aucune importance, je n’attends rien de Momiji de toute façon, je profite simplement de notre petit moment ensemble, une fois que je quitterai cet endroit ce sera surement un adieu et pour de bon cette fois, mais qui s’en souci. « Je m’en doute. Orion est encore immature, mais il n’est pas méchant. » Je souffle en rajoutant. « Enfin tu t’en fiche aussi. » Je parle simplement pour parler, il n’en a que faire et l’avantage pour lui, c’est que je le sais. Pas besoin de faire semblant ou de se retenir. Le questionnant sur une autre affaire dans laquelle j’ai était impliqué malgré moi et curieux je me dis que c’est le bon moment pour demandé s’il a réussi à s’en sortir avec tout ça. « Les filles peuvent être quelque chose. » Je l’ignore ne m’en étant jamais intéressé, j’aurais pu, mais avec ma maladie j’ai un peu empêché que ce genre de chose arrive, pas la peine de blesser quelqu’un ou de l’empêcher d’avoir une vie sexuellement active alors que je ne pourrais rien faire de tel. « Ça montre que tes parents sont quand même incroyables, pas tout le monde accepterait ça de leurs enfants. » Moi je m’en fiche, puis Orion semble attiré par Kaoru, donc même là... « Je viens de me rendre compte que mon frère aimé un homme. » Je rigole, sérieux je viens réellement de réaliser et ça me fait rire. « Enfin, ce n'est pas grave. » Buvant une gorgée, je le regarde en biais. « Tu as déjà été amoureux ? J’essaie d’imaginer comment tu pourrais être avec quelqu’un que tu aimes. » Est-ce qu’il serait comme d’habitude ? Je souris en regardant droit devant moi en terminant ma brique de jus.

TENUE ❖ Naturel ou non, ça ne changera pas grand chose. Je sais très bien sourire et rire, c'est juste que peu de personne ont l'opportunité et la chance de me voir ainsi. Kellian aura l'occasion de me voir sourire, que ce soit sincère ou forcé. Quant au pourquoi je fais tout ça, c'est simplement pour foutre la medre avec son frère, sinon je ne le ferais pas. Il s'en doute, tout le monde s'en doute. Je ne fais pas les choses simplement pour les faire, y a souvent un but derrière. Kellian prend la défense de son frère et je me retiens d'ouvrir la bouche pour le contre-dire. Immature ou pas méchant, je m'en fiche. Il reste idiot et inconscient, puis ça ne change pas le fait qu'il m'ait frappé et traité. C'est surtout ça qui me motive à être exécrable, parce que s'il ne m'aurait rien fait, peut-être que je ne serais pas là à parler avec Kellian ou à prendre des photos de moi. Orion est l'élément déclencheur, Kellian est la mèche et je suis la bombe. « Exact, je m'en fiche. » Il le sait très bien, pas besoin de le dire. C'est un bon point pour lui, il peut dire ce qu'il veut sur qui il veut, je m'en foutrais toujours. Y aura pas de représailles, pas de jugement, rien. Le sujet change et je dois me souvenir de la tête de cette fille, soit-disant future fiancée que j'ai réussi à faire fuir grâce à son aide. « à qui l'dis-tu. » La pire espèce qu'il soit. ça piaille, ça boude pour rien, ça fait chier, ça se maquille jusqu'à changer sa tête, bref. Autant je préfère être célibataire toute ma vie ou bien terminer en prison, plutôt que devenir père ou mari. Incroyables ? Je n'ai jamais vu ça ainsi, ce n'est pas comme si je m'intéressai au choix de mes parents, ni à ce qu'ils voudraient. Je ne suis pas un bon fils et je le sais mieux quiconque. « Kaoru, cette gomme. » Ce gamin collant qui cherche toujours à comprendre comment je peux passer d'un visage à un autre, alors qu'il est aussi expressif qu'une pierre tombale. Je manque de m'étouffer avec ma boisson quand il me pose la question fatidique. Amoureux ? Beurk! « Tu rigoles ? » Je n'ai jamais été « amoureux » à proprement parlé, mais j'ai déjà « apprécié » des gens. « J'aime Tora et Saru comme des frères, tu as parfaitement vu comment j'étais avec eux. » Enfin, fallait qu'il me voit dans un contexte où il n'est pas, sinon c'est sûr que tout change. Tora fera attention à lui, Saru le défendra et moi je serais encore plus chiant. « Tu n'es jamais tombé amoureux non plus, je suppose ? »

TENUE ❖ Bien que ce soit chiant qu’il le dise encore alors que je le sais, il ne fait que confirmer mes pensées, il s’en fiche et c’est pas grave, je ne suis pas du genre à attendre qu’il porte une quelconque attention sur moi, mes pensées ou mon entourage. Pas la peine de répondre, je préfère changer totalement de sujet pour parler de cette fille pour laquelle il m’a embrassé me faisant passé pour son copain histoire de brisé ses rêves et ses fiançailles forcées. Je ne juge pas les filles, je suis un gars, surement que si je n’aurais pas été malade je sortirais avec et aurait une vie normal, mais ce n’est pas le cas. Mon cœur m’a empêcher de connaitre ses choses-là, mais je ne pense pas pour autant être pitoyable ou malchanceux.  Je réalise que mon frère colle un homme, Kaoru et qu’il m’a clamer sortir avec  bientôt, quand il m’a dit ça on va dire que j’étais encore somnolant après ma crise et je n’ai simplement pas percuté, après rien ne m’a poussé à m’interroger et je réalise maintenant que mon frère aime un gars, j’imagine que les orientations sexuelles de nos jours ne sont plus ce qu’elles étaient a l’époque, plus de liberté, de choix, moins de jugements, bien que les gens jugeront toujours.  Curieux je demande s’il est déjà tombé amoureux, j’imagine que c’est possible pour lui, mais vu son caractère je ne sais pas comment il pourrait se comporter avec.  « Non ? » J’étais sérieux.  « Je sais. » Je m’en doute, ils ont une relation soudé rien que pour faire ce qu’ils font sans douté ou se balancer faut vraiment avoir confiance.  « Parce que je suis mourant ? » J’aurais pu tomber amoureux sans me déclarer ou ce genre de chose, mais le sourire aux lèvres je secoues  la tête. « Non. Je n’ai jamais eu envie de blesser intentionnellement une personne que je pourrais aimer en sachant que j’allais mourir. »  Mon cœur a beau être mal en point, j’en ai un.

TENUE ❖ Être amoureux n'a jamais été l'un de mes objectifs dans la vie, mais je crois qu'il s'en doute déjà vu mon caractère. Si son coeur ne lui jouait pas des tours, peut-être qu'il serait déjà en couple ou sous le charme d'une quelconque personne, mais ce n'est pas le cas. Son coeur va mal, donc il se refuse à le donner à quelqu'un. Je le devine sans qu'il ait vraiment besoin de me le dire. Quant à moi, je n'ai juste pas l'envie, ni le besoin ou l'intérêt d'être amoureux. Je ne vois pas à quoi ça sert d'être avec une personne, ni d'avoir des sentiments pour celle-ci. Peut-être que ça viendra avec le temps, peut-être pas. Qui sait, je ne peux deviner où je serais demain ou dans les années à venir. Si lui va mourir d'ici peu, moi je serais peut-être dans une cellule à réfléchir sur le sens de ma vie. Il ne rigole pas, je m'en doutais. J'aime mes amis comme des frangins, c'est le plus que je peux faire. J'ai confiance en eux, autant qu'ils ont confiance en moi. à contrario, je lui renvoie sa question en sachant parfaitement la réponse. Mourant, je le savais. « Pourtant ça ne te fait rien de suivre ton frère ? » N'est-ce pas le blesser intentionnellement ? Je souris, haussant les épaules. « J'oubliai qu'il avait un copain, il finira par s'en remettre. » Terminant ma brique de jus de fruit, je la comprime entre mes doigts pour la jeter plus tard à la poubelle. évidement, je me retiens de la jeter dans le gazon, pour celui qui voudra la ramasser à ma place. « Tu comptes laisser un héritage à tes proches ? » Tant qu'à se taper la discute, autant demander quelque chose d'intéressant. Quoi que, je n'y gagne rien, moi.

TENUE ❖ Je ne peux même pas vraiment me demander si j’ai un jour voulu connaitre ce sentiment, je pense que ma maladie est assez cruelle au fond, bien que je ne sois pas du genre à me plaindre ou voir le mauvais côté des choses, je n’ai pas le droit à faire de sports ou ressentir d’émotions fortes, aimé quelqu’un au point de sentir son corps battre la chamade m’est impossible à moins de créer une crise cardiaque, n’est-ce pas injuste ? L’autre fois c’est ce qui s'est passé avec Momiji, la douleur d’avoir été piégé par celui avec qui je voulais être ami m’a fait ressenti trop d’émotion et la crise est venue immédiatement, ce n’est pas le même genre de sentiment certes, mais ça prouve bien mes limites. Alors non, je ne peux pas être amoureux et je n’accepterai jamais les sentiments d’une personne se déclarant, c’est déjà arrivé il ne faut pas croire, mais je ne veux pas les blesser ou leur imposé ce genre de vie que je mène. Mon frère ? Je souris en jouant avec la brique entre mes mains. « Exact, il y aura quelqu’un pour le réconforter, je ne dis pas que je ne vais blesser personne, mais mes parents, mes amis, mon frère, ils ont tous une vie à eux, ils seront capables d’avancer. » Alors que si je partageais ma « vie » avec quelqu’un sentimentalement parlant, je blesserais cette personne avec un amour perdu et je m’y refuse, c’est ce que je veux dire. « Un héritage ? Quel genre ? » Je n’ai pas grand-chose, l’argent ? Non, peut-être un message ? Ce n'est pas très riche, mais c’est surement la seule chose personnelle que je pourrais leur offrir. Je ris en repensant à un truc soupirant ensuite. « Donc, j’étais ton premier baisé aussi ? » Je ne peux pas m’empêcher de rire en y pensant, au moins à lui je laisse quelque chose haha.