tenue du jour - Télécommande en main, je zappe les nombreuses chaînes insignifiantes à mes yeux. Je n'ai rien de spécial à faire aujourd'hui puisque, contre toute attente, je n'ai ni émission à tourner, ni concert, ni une quelconque apparition à faire dans les médias aujourd'hui. Ce n'est pas habituel pour moi de rester assis sur mon canapé, les pieds plantés dans mon tapis en fourrure, un plaid sur mes épaules...non, moi je vis une vie bien plus mouvementée que ça! J'ai de nombreuses choses que je pourrais faire aujourd'hui et pourtant la seule personne à laquelle je pense c'est Kat. C'est en pensant à elle que je repense à notre rencontre. Il faut dire que ce n'était pas une rencontre anodine, je sens d'ici votre curiosité malsaine et je la comprends tout à fait...qui n'aurait pas envie de connaître les potins d'une nouvelle idole tout juste embauchée ? bon, beaucoup diront qu'ils s'en fichent mais je sais bien qu'au fond, une petite information croustillante vous plaît bien plus que vous ne le penser.
Qu'à cela ne tienne, je n'aime pas particulièrement raconter ma vie mais cette anecdote étant passionnante, je vous la partage. C'était un samedi, à l'époque je n'étais pas encore idole et je passais mes week-end dans les bars avec des potes, je travaillais déjà comme un fou toute la semaine alors quel mal y avait-il à se faire du bien les deux seuls jours de repos que j'avais ? bien sûr, je ne faisais pas que boire un petit coup mais ce jour là, ramener une fille dans mon lit n'était pas mon intention. Pourquoi ? parce que c'est en faisant défiler d'un geste rapide plusieurs photos de mon iphone que j'étais tombé sur une photo de ma princesse, décédée d'une tumeur au cerveau. A la base je cherchais simplement un selfie qu'un ami m'avait demandé, accro à instagram, ce gars ne manquait jamais de s'afficher avec ses potes...à croire qu'il voulait absolument prouver qu'il avait une vie sociale épanouie alors qu'en réalité c'est un casanier qui ne sort de chez lui qu'en cas exceptionnel. M'enfin, ce n'est pas lui l'objet de mon intérêt là, mais plutôt cette demoiselle aux cheveux ébènes, aux courbes parfaites qui me rendaient fou, à ces yeux envoûtants....je ne me rappelle plus du temps que j'avais passé à fixer cette photo ce soir-là mais une chose est sûre, j'étais nostalgique au point de laisser mes larmes couler le long de mes joues, chose bien rare chez moi!
Rester chez moi, seul à m'apitoyer sur mon sort n'était pas la plus judicieuse des façons de passer mon temps libre, j'avais donc décidé de boire un coup dans un bar, parce que quitte à déprimer, autant que ce soit fait dans les règles de l'art. « Ah m*rde, toi non plus tu peux pas ? bah tant pis, merci quand même, à plus! » Je raccroche puis soupire. Visiblement ce soir ce sera un tête à tête avec moi-même...bah, pas grave! je ne suis plus à ça près de toutes manières, au point où j'en suis. La nuit semblant loin d'être froide, je ne pris pas la peine de mettre une veste et restait donc en t-shirt et en jean troué, tout ma tenue était noire...ce qui reflétait plutôt bien mon état d'esprit du moment.
« Salut! »
Une fois arrivé je saluais le barman, que je connaissais plutôt bien vu que je fréquente son bar régulièrement. Assis sur un tabouret en face de ce dernier, je commandais "la même chose que d'habitude" ce qui signifiait en fait, un bon petit cocktail bien alcoolisé comme il faut, ni trop fort, ni trop amer, légèrement fruité...oui, j'ai des goûts plutôt féminin, même si je ne le reconnais pas. « Pfff...» Je laissais sortir un énième soupir, démoralisé et honteux d'en arriver à boire seul dans un bar un samedi soir...moi qui pensait avoir un minimum de fierté, je me respecte de moins en moins. Ceci dit, il est trop tard pour faire demi-tour et visiblement je n'étais pas le seul dans cet état puisqu'une jeune femme (très belle au passage) avait soupiré en même temps que moi. Surpris, nous nous sommes regardés tous les deux.
« Bonsoir...»
Me contentais-je de dire. Être déprimé n'empêche pas d'être poli, puis elle semble également seule...engager la conversation avec elle m’offrira une contenance positive...j'imagine.
Tu te sentais déprimée, mal, voire presque insignifiante. Non, pathétique voilà le mot juste. Tu savais qu’il ne fallait pas que tu t’attache à lui. A ce sociopathe qui n’a fait qu’une chose : se jouer de toi et te traiter comme sa vulgaire marionnette. Un putain de syndrome de Stockholm… Amoureuse ? Non, non tu ne serais pas tombée aussi bas de t’être aussi bas en laissant ton coeur s’emballer pour une telle mascarade qu’était l’amour. Et puis merde. Pourquoi penser a lui ? L'italien est sorti de ta vie alors pourquoi y penser maintenant.
Je ne peux pas penser à lui maintenant bordel criais-tu, en balançant un coussin a travers à la pièce. Il fallait que tu penses a autre chose. Vraiment. Il fallait que tu passes a autre chose, que tu te changes les idées. C’était plus qu’urgent désormais. Tu ne te voyais pas aller voir ta meilleure amie a cet instant pour vider ton sac. Tu la voyais déjà te lancer d'innombrables piques pour se moquer de toi et ta faiblesse. Non, tu n’étais pas d’humeur a jouer a ce petit jeu-là. Non, tu allais prendre une des meilleures thérapies. Sortir faire la fête. Enfin bon, dans l’immédiat, tu voulais juste oublier avec un bon verre. Tu te voyais mal fréquenter tes bars et clubs habituels. Tu ne voulais pas revoir les mêmes têtes que tous les soirs. Non, tu préfères quelque chose de plus discret loin des regards courants. Tu décidais de te rendre dans le quartier de Shinjuku, quartier dont tu détestais les bars… Ironique en soit. Finalement, tu en choisissais un au hasard avant de t’installer au comptoir, commandant un saké bien fort, alcool que tu n’as plus touché depuis que tu avais arrêté de jouer les hôtesses. Tu savais que tu serais surement hors service avant la fin de la soirée vu que ton foie n’accepte pas totalement cette liqueur. Je poussais un lourd soupir, observant le liquide, comme pour voir le fond de ton verre. Mais tu sortais rapidement de ta torpeur à l’entente d’une voix masculine t’interpellant et t’obligeant a lever les yeux sur ce jeunes inconnus
« Bonsoir…»
Tu accompagnais cette faible parole d’un mince sourire. Non pas ce sourire de séductrice que tu arborais quand un homme venait vers toi. Un simple sourire de politesse. Il était mignon… Typiquement, le mec sur lequel tu aurais sauté sans aucune hésitation. Mais ce soir, tu ne voulais pas jouer les allumeuses. Tu avalais le contenu de ton verre cul sec. Après avoir grimacé quant au goût de ta boisson, tu redemandais une nouvelle tournée. Tu regardais a nouveau ton collègue, enfin plutôt son poison a lui
« Laisse moi deviner…. A la vue de ta boisson, tu es venu a décidé de noyer des souvenirs dans l’alcool, j’ai tord ? »
Les personnes avaient souvent toutes sorte de motivations pour venir boire seul. Mais tu avais cette impression que lui aussi semblait aussi lasser de cette vie qui savait être une chieuse
« Une femme, un ami pas loyal, une famille compliquée ? »
Demandais-je nonchalamment avant de boire tranquillement ton verre. Tu commençais à faire la conversation avec un inconnu, sur sa vie ; chose quasiment inhabituelle. A croire que l’alcool faisait déjà son effet
tenue du jour - Elle est belle. Je dirais même plus, sexy! Ses vêtements dévoilant beaucoup de chair ne me rendait pas insensible, si je n'avais pas été aussi nostalgique du temps où Aoi était encore en vie, pour sûr que je l'aurais dragué. Je sentais déjà le regard du barman s'arrêter sur nos deux âmes tristes, il devait se dire qu'il avait des clients bien négatifs ce soir. Et oui mon ami, tout n'est pas rose dans la vie et j'en ai fais les frais. J'ai lutté pour ne pas pleurer pendant 5 ans...et oui 5 ans déjà...je devrais être passé à autre chose depuis le temps, non ? alors pourquoi je ne parviens pas à faire le deuil de ma belle ? pourquoi devais-je me faire subir tout ce mal ? Je ne sais pas si j'arriverais à surmonter ça un jour mais je refuse de supprimer tout les souvenirs que j'ai d'elle...parce que oui, c'est ce que m'avait suggéré une amie à moi, du supprimer toutes traces de son existence. Que ce soit les photos ou bien sa pince sur la petite table du salon qu'elle mettait tous les jours à la maison afin que sa frange ne la gêne pas. Même si je jetais tout ça, rien ne pourra supprimer tout les souvenirs que j'ai d'elle...à moins que je n'ai une tumeur au cerveau à mon tour qui me fasse oublier tout cela, je doute pouvoir y parvenir. Du moins pas tout seul.
Oui, ce verre va m'aider. L'alcool n'est pas un remède certes, mais il aide non pas à oublier mais à mettre notre tristesse de côté pendant une soirée...c'est déjà ça...en tout cas moi ça me convient. « Laisse moi deviner…. A la vue de ta boisson, tu es venu a décidé de noyer des souvenirs dans l’alcool, j’ai tord ? » J’arquais un sourcil et un sourire en coin se dessine sur mon visage. Perspicace la demoiselle! En même temps pas bien difficile d'analyser la situation, on ne peut pas dire que j'arbore un grand sourire. Ce n'est d'ailleurs pas non plus le cas de mon interlocutrice. « Une femme, un ami pas loyal, une famille compliquée ? » Bingo. La première réponse est la bonne. Elle va certainement penser que je me suis fais rejeté par la personne que j'aime, bien, ça ne me dérange pas plus que ça, je n'aime pas me plaindre.
« Bingo, une femme.»
Dis-je avec un sourire amer. Je levais mon index pour signaler au barman que j'en voulais un second puis pose mon coude sur le bar, la tête posé contre la main et le regard fixe vers la jeune femme. Oui, elle semble être dans le même état que moi. Faut croire que je ne suis pas le seul à noyer mon chagrin ce soir. C'est bête à dire mais je me sens un peu moins seul.
« Et vu ce long soupir , j'imagine que tu ne viens pas là par plaisir. -je tends mon verre pour "faire tchin" et pose ce dernier une fois ceci fait- pour que tu ais l'air aussi triste, c'est que ce doit être un homme! »
Surtout qu'il y a qu'un homme pour rendre une femme désespérée au point de boire toute seule dans un bar un samedi soir...à croire qu'elle n'est pas consciente du danger! Les loups rôdent partout ici!
« Besoin d'une épaule pour pleurer ? Ou bien tu préfère parler de ta vie sentimentale avec un parfait inconnu ? »
Franchement, toi qui pensais que tu te bourrerais la gueule seule, comme ta première cuite, afin de tomber dans un coma assez profond, voire éthylique et oublier tous tes tracas, il semblerait que tu aies trouvé un compagnon de beuverie. Il avait l’air aussi morose et désemparé que toi. Tu étais bien curieuse de savoir ce qu’il l’amener à venir ici, et tu avais fait mouche du premier coup. Il n'y a qu’une femme pour rendre homme aussi faible. Un mince sourire venait orner tes lèvres quant à sa suggestion de ta présence ici. Lui aussi avait vu juste. Tu tendais ton verre près de celui du jeune garçon, laissant ces derniers clinquer. C’était comme s’il signait une sorte de pacte, montrant très bien que vous étiez dans le même bateau. Mais voulais-tu vraiment “pleurer sur son épaule” ? Tu t’abreuvais une nouvelle fois de ta liqueur avant de redemander au serveur de remplir ton verre. Toi qui pensais qu’il faudrait bien plus pour que tu puisses te bourrer a cause d’un homme… Tu avais l’impression d’être tombée bien bas...
« Triste, c’est un bien grand, tu sais. Mais ouais, c’est bien a cause d’un mec»
Suis-je si limpide que ça ?.Toi qui d’habitude faisait pour paraître forte et ne jamais laisser ne serait-ce qu’une émotion qui te fragilisera. Peut-être qu’il était enfin tant que tu relâches la pression. Ça devenait éprouvant a force. Il ne semblait être le cliché commun du mec “qui fait semblant de te comprendre” pour mieux t’attirer dans ses filets. Tu ne savais pas si l’alcool commençait a agir ou non, alors bon, pourquoi pas…
« Une vie sentimentale ? C’est pas pour moi ça… Je suis une éternelle célibataire »
Tu calais un peu plus contre le dossier avant de regarder le plafond. Un ricanement t’échappait.comme si tu t'amusais de cette potentielle situtation. Une vie amoureuse… Tu ne te voyais pas te poser, espérer qu’un homme ne se consacre qu’a toi. Tu savais que c’était un mythe. Ta mère a souffert à cause de l’amour en point d’en devenir naïve et se retrouver mère célibataire a peine 19 ans passé. Tu sais que tu n’es pas faite pour l’amour. Alors autant que tu profites au max.
« A dire vrai je ne sais pas si j’appelerais ça de la tristesse. Je suis disons plutôt frustrée et en colère. Et tout ça contre moi-même… J’en ai assez d’être conne et d’avoir été prise pour une conne. J’en ai marre de m’être laissée berner par l’empathie et toute les conneries de ce genre. »
Il faut dire que quand tu sens que tu t’attaches un peu trop au gens, tu fais tout pour les dégager et ne pas te sentir blessé. Tu as fait une fois cette erreur et te retrouve a recoller les morceaux de ta carapace fragilisée.
« Putain, je parle trop. »
Beaucoup trop a ton goût. Portant le verre une fois de plus à tes lèvres, tu observais le jeune inconnu du coin de l’oeil
« Mais toi alors ? Ne me dis pas que tu as été plaquée par une nana. Parce que la seule raison pour qu’elle te laisse tomber, c’est qu’elle a trouvé un mec fortuné »
C'est vrai, il était plutot mignon alors pourquoi partir...
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