L'entraînement avait duré plus tard que d'habitude en raison du gros match qui attendrait son équipe le samedi soir. En faire davantage n'avait, bien entendu, pas déplu au japonais qui était toujours partant pour courir. Alors que les plus âgés étaient déjà sous la douche en train de se délasser, Daiki s'était entretenu avec le coach quelques minutes dans l'espoir de savoir si le recrutement de l'équipe première avait commencé. L'inconnu le stressait un peu dans le cas présent, surtout qu'il jouait sa vie et son avenir. Mais, encore une fois, aucune nouveauté ne fut apportée. Il rejoignit les autres sous la douche, se changea pour enfiler des vêtements chauds, salua ses aînés et quitta le club, bien décidé à  rentrer rapidement.

La musique dans les oreilles, la capuche de son manteau sur la tête, son regard passait de vitrine, à voiture, à bitume, à tout dans le désordre. Ce furent les trombes d'eau qui le rappelèrent à l'ordre en l'obligeant à sortir de son sac de sport son parapluie. Voir quelqu'un passer en courant non loin afin d'éviter d'être trempé le fit avoir une pensée cassante à l'encontre de cette personne. Alors qu'il empruntait enfin la rue qui menait au campus, il remarqua plus loin, dans la pénombre, une silhouette. La prudence le fit se tenir un peu sur ses gardes. Le japonais garda le même rythme de marche, distinguant une voiture parquée non loin de l'autre. Maintenant qu'il était assez près, il reconnaissait des gestes d'agacement, de dépit, et de désespoir. Mais ce n'était pas ses affaires.

Commençant à faire un léger détour pour ne pas déranger l'ombre ou se retrouver mêler à ça, il trouva néanmoins qu'elle avait quelque chose de familier. Plus que familier même. « Reon-san ? » C'était un ami de son sempai, Sasuke, qu'il avait connu grâce à lui et il arrivait qu'ils parlent sports tous les trois pendant des heures. Enfin, ça, c'était avant le sale coup. Certes, il l'appelait donc pas son prénom, mais il ne pouvait pas non plus dire qu'il avait passé autant de temps ensemble qu'avec Sasuke. « Tu es complètement trempé… Tu vas attraper froid à rester planter là dans la rue. » Mais bon, au lieu de faire des conclusions hâtives, il demanda : « Qu'est-ce que tu fabriques ici ? » Faisant un pas de plus, il abrita le plus vieux de son parapluie, même si ça semblait un peu tard vu l'état de ses vêtements. Du regard, il chercha son sempai, qu'il ne trouva nulle part bien évidemment.

Encore une journée épuisante, une journée où je n'en vois pas le bout. étrangement, c'est ce genre de journée où mes élèves coopèrent et font les choses correctement, comme s'échauffer et s'entraîner, sans vouloir me mettre la pression à chaque quart d'heure qui passe sous prétexte que j'ai une tête à être emmerdé de la sorte. C'est difficile d'être respecté dans le milieu du sport quand on mesure un mètre soixante quatre et qu'on a un visage d'ange. Y a beaucoup plus de bas que de haut, mais j'apprécie quand les choses vont bon train et que je peux travailler sérieusement, sans me bégayer dans mes explications ou angoisser à l'idée de devoir réprimander un des garçons de ma classe. C'est ce que j'appelle une journée parfaite, ou presque parfaite.

Quand une chose va bien dans un sens, ça capote forcément ailleurs. Je n'aurai jamais cru que cela arriverait avec la voiture de mon père. à la base, il voulait simplement que je la fasse rouler puisqu'il ne bougeait plus tellement avec le refuge, mais l'idiot que je suis n'a nullement penser au fait qu'elle soit presque vide d'essence... C'est seulement le soir en voulant repartir et rentrer à mon appartement qu'elle se décide à être capricieuse et à ne plus vouloir redémarrer. Superbe. Après avoir perdu cinq minutes à chercher la cause de ce malheur, je n'ai rien trouvé de mieux à faire que téléphoner à Sasuke, mais pour ne pas arranger les choses, il était occupé dans l'immédiat. Maudit pour maudit, j'ai juré contre la voiture, donnant un coup de pied dans le pneu... Ce qui en soit était loin d'être une bonne idée quand on est nul en lutte ou en combat. Qu'est-ce que j'allais faire de ce tas de ferraille ? Mon père aurait pu me prévenir ! Et si ce n'était pas à cause de l'essence ? Une tonne de pensée négative et douteuse m'a traversé l'esprit, jusqu'à faire monter la panique. Je suis comme ça, je me stresse vite pour pas grand chose, alors que je pourrais simplement prendre un taxi ou le bus pour rentrer.

C'est sans compter sur le temps et cette pluie qui tombe par paquet, noyant mon jogging et mes cheveux, me donnant l'air d'être un pauvre chiot perdu. Je suis perdu. Perdu dans le sens psychologique, pas perdu perdu. Dans tout les cas, je ne m'attendais pas à entendre quelqu'un m’interpeller, encore moins cette personne. « Daiki-kun ? » Il m'a surpris, je ne m'attendais pas à le croiser là à cette heure-ci. Est-ce une chance ou pas ? Ah. Il me fait au moins remarquer que je suis trempé jusqu'à l'os, mais je le remercie pour sa petite attention. « Je suis en panne. » Avouais-je, complètement honteux et embarrassé. à croire que c'est entièrement ma faute et que l'on va me juger de stupide. « Elle ne d-démarre pas. » Et je sens l'affolement revenir à grand pas, me serrant la gorge et faisant briller mes pupilles.  

C'était vrai qu'à bien regarder, Reon avait l'air d'un pauvre petit chien perdu sous cette pluie battante. Même s'il ignorait qu'il pensait en ce moment-même la même chose. Son parapluie au dessus de leur tête, le brun se dépêcha de demander la raison de sa présence ici. La réponse tomba quelques secondes plus tard, la voiture stationnée à l'arrache était en panne. « Ah mince… Ce n'est pas moi qui vais t'arranger ça, je ne connais absolument rien aux voitures. » De toute manière, à part son vélo, ses pieds ou les transports en commun, il ne se servait de rien d'autre. Tout comme il ne possédait pas le permis et n'avait pas l'intention de le passer. A quoi ça aurait bien servi en pleine mégalopole ? A rien de son point de vue. En plus, il n'était pas assez riche pour s'en payer une.

Daiki regarda autour d'eux. A cette heure-ci, personne bien entendu. Pas même un passant. C'était trop proche du campus. Les lycéens étaient déjà rentrés chez eux et les étudiants encore actifs, loin en ville à faire la fête. Pourtant, il ne pouvait pas décemment laisser un pote dans le besoin. Il allait attraper la crève à rester là par ce temps. « Pour le moment, on devrait pas rester là. Tu as besoin de te sécher et de te changer et c'est mieux d'être au chaud pour appeler une dépanneuse ou bien quelqu'un. » Les grands yeux du japonais se rivèrent aux siens après qu'il ait baissé la tête pour le regarder. « Viens à mon dortoir. Y a personne ce soir. »

La proposition lancée, il attendit la réponse alors que c'était à nouveau le bruit de la pluie qui s'installa en force autour d'eux. Il n'avait jamais été fan de ce genre de météo. Le soleil était bien plus à son goût, même s'il était du genre à ne pas vraiment craindre le froid. Sûrement parce qu'il passait beaucoup de temps dehors à jouer depuis tout gosse. S'il devait s'arrêter  pour quelques gouttes ou degrés en moins, il n'aurait pas fini… Son téléphone vibra dans sa poche, il le sortit pour lire le message rapidement. Rien d'important. Une notification. Il regarderait plus en détail plus tard. Son attention se reporta à nouveau sur Reon. C'était amusant de penser qu'il enseignait le sport alors qu'il n'était pas très grand. Il n'était pas non plus très impressionnant, mais plutôt carrément doux. Des bruits de couloir disaient qu'il avait un peu de mal avec les élèves. Ça ne l'étonnait pas.

Normalement, je prends le métro pour venir à l'école. Je ne m'embête pas avec une voiture parce qu'il faut la garer et c'est le plus difficile à faire quand on a pas le temps, ni la technique. C'est encore plus catastrophique quand elle tombe en panne et que l'on se retrouve comme deux rondins de bois à attendre un miracle. « Moi non plus.... » Avouais-je bêtement à Daiki. Je n'y connais rien en voiture, ce n'est pas mon truc. Je préfère marcher, prendre mon temps, éviter la pollution et la surcharge. Bref, je suis dans la mouise. Mon permis me sert sur les grands trajets, et encore je ne quitte pas souvent la ville avec mon emploi du temps chargé.

La voiture n'allait pas bouger de si tôt et moi non plus, apparemment. Je pourrais rester dedans et attendre que Sasuke pointe le bout de son nez, mais j'ai bien peur d'être planté là encore trop longtemps. Heureusement que l'étudiant est là pour me tenir compagnie et occasionnellement, trouvé une solution à mon malheur. Je ne peux pas partir dans l'immédiat et je vais tomber malade si je reste dehors trempé. Son dortoir ? Ce n'est pas comme si j'étais un étranger dans cette école, puis je suis un adulte, un professeur. Et je connais bien l'un des surveillants, puisqu'il me donne des cours privés. « Merci. » Soufflais-je, plus timidement que je ne l'aurais souhaité. ça me gêne de le déranger, alors qu'il a sûrement mieux à faire que m'aider.

La pluie choisit pile le bon moment pour tomber à nouveau, jouant de sa mélodie contre le parapluie du japonais. Je n'ai rien contre la pluie, ça n'a jamais été que de l'eau. Courir ou traîner en dessous d'une averse n'a que très rarement été un soucis pour moi, même si je prévois un minimum de protection pour ne pas chopper quoi que ce soit. La proposition de Daiki accepté, j'attendis qu'il se décide à prendre le chemin vers les dortoirs. De toute façon, je n'ai plus rien à faire ici, si ce n'est lorgner la voiture comme un pauvre enfant qui aurait perdu ses parents. Je serais beaucoup mieux en étant au chaud jusqu'à l'arrivée de mon meilleur ami, d'ailleurs je devrais penser à le prévenir après pour qu'il sache où m'attendre. Je ne compte pas passer la nuit dans la chambre d'un étudiant, surtout pas s'il a cours demain et qu'il doit se lever tôt. Je ne serais pas un bon professeur sinon, puis j'ai assez à faire avec les autres enseignants pour que l'on me reproche mon manque de professionnalisme et de sérieux. Un truc dans le genre, comme à chaque fois qu'ils trouvent une chose à redire sur mon boulot ou moi.
 

Puisqu'ils étaient deux à être nulle en mécanique, c'était vite vu. Aimant le vélo, il aurait été bien plus doué à changer une chambre à air ou bien faire un diagnostique de roue voilée. Si la pluie ne s'en était pas mêlée, le basketteur se serait contenté de tenir compagnie à l'infortuné. Mais ce n'était pas du tout le cas et, ses roomates n'étant pas présents, il avait lancé son idée de trouver refuge au chaud au dortoir.  A son merci, il haussa un peu les épaules. D'un signe de la tête, Daiki indiqua la voiture. « Tu devrais prendre tes affaires et la fermer à clé, on ne sait jamais. » Puis il rajouta « Au moins tu as eu le temps de la garer sur le coté, sinon on était bon pour la pousser. »

Une fois que ce point était réglé, le plus jeune fit signe à Reon de le suivre et il conserva le silence durant le court trajet. C'était l'avantage de vivre sur le campus et de s'entraîner pas trop loin. Devant le bâtiment des dortoirs, il referma son parapluie qu'il laissa dans le pot à l'entrée histoire de ne pas tout tremper. Dans les couloirs, personne non plus. Il se hâta donc d'ouvrir la porte du sien, invitant à nouveau l'autre japonais à entrer. A l'intérieur. « Reste-là . » Après avoir déposé son sac de sport sur le sol et abandonné sa veste, il disparut derrière une porte plus loin pendant quelques secondes. A son retour, il lui jeta un drap de bain. « Commence à te sécher. Je te ramène des vêtements secs. » S'éloignant à nouveau, il entra dans sa chambre afin de chercher des vêtements, si possible pas trop grands, pour pouvoir les prêter. Après avoir retourné son armoire, la porte en fut fermée et il revint auprès de celui qui l'attendait. « J'espère que ça ne sera pas trop grand. » Déclara-t-il en lui tendant.

Le brun ne bougea plus ensuite, préférant attendre pour voir si les vêtements convenaient où s'il devait retourner dans sa chambre tenter de cherche plus petit. S'il avait été non-sportif, sa corpulence aurait été toute fine, mais comme il pratiquait le basket pour devenir pro, sa musculature était bien développée. Ses yeux remarquèrent une goutte qui perla sur le visage de Reon que son index récupéra lentement. Restant de goutte qu'il fit disparaître juste après. Maintenant qu'ils étaient à l'abri et au chaud, il pouvait porter plus d'attention à son aspect physique. « C'est que tu serais presque sexy comme ça. » Lâcha-t-il de nulle-part, son franc-parler avait fait un retour non-contrôlé.

Ce n'est pas tant que j'ai eu le temps de la garer avant la panne, mais plutôt qu'elle était déjà garé avant de ne plus redémarrer, mais quelle importance puisqu'elle ne veut pas se rallumer et refuse d'émettre ne serait-ce qu'un bruit rassurant. Quant à mes affaires, je ne peux pas dire que j'ai grand chose à prendre, à part mon sac de sport où sont regroupés ma tenue et mes accessoires pour mes cours, ce que je laisse volontiers à l'arrière. Finalement, je me contente de prendre le plus important comme mon porte feuille, mon portable et voilà tout, le reste est bien camouflé à l'intérieur du véhicule que je ferme à clé avant de suivre Daiki vers les dortoirs. ça ne risque rien, au pire je ne perdrais pas grand chose... Si ce n'est les papiers de la voiture qui n'intéresse sûrement pas des voleurs de passage, sauf s'ils embarquent la bagnole avec eux. « C'est bon. » ça devrait le faire.

Heureusement que l'élève passait par-là pour me venir en aide et m'abriter de son parapluie, sinon je serais seul et trempé, ce que je suis déjà mais le simple fait d'être sous ce parapluie me remonte partiellement le moral. Au moins, je ne suis plus seul à attendre dans le froid. Le campus est étrangement calme, comme si toute forme de vie venait de quitter les dortoirs et de laisser les chambres vides. Les étudiants sont bien silencieux, ou alors ils ne sont pas là. Va savoir, et au final, ça ne me chiffonne pas plus que ça. Aux deux mots de mon cadet, je m'arrête brusquement et ne fais plus un mouvement, ne sachant pas trop si j'ai le droit d'aller plus loin. De retour, je réceptionne le drap et le garde deux secondes entre mes doigts, hébété. Des vêtements secs ? Ah oui, c'est vrai que ce serait mieux que ces tissus mouillés et collants. Le temps qu'il aille me trouver de quoi porter en rechange, je me sèche rapidement, m'attardant sur ma tignasse châtain. La serviette sur la tête, je souris à Daiki qui vient de revenir avec des habits, les prenant doucement. « Ne t'inquiète pas, j'ai l'habitude avec les vêtements de Sake. » Vu le gabarit de mon meilleur ami, tout me va trop grand venant de lui, mais ça ne m'empêche pas de piocher dans ses affaires quand je reste chez lui.

Voyant qu'il ne bouge pas, je rougis et lui lance un regard gêné. Il va attendre là que je me change ? Dans le salon commun ? Et si quelqu'un entrait ? N'osant pas le faire remarquer, je me contente de baisser la tête sans perdre des couleurs et de défaire ma veste. Une fois encore, je ne sais pas où mettre les vêtements imbibés d'eau, les déposant à côté de moi au sol, le temps que je vire le reste part par part. Mon tee-shirt blanc qui me colle à la peau, mais je n'ai pas le temps de le sortir que je sens l'index de Daiki contre mon visage, étonné. Sexy ? Mes joues ne pourraient être plus rouge, presque comme les betteraves. « C'est gênant... » Riais-je doucement, sentant la chaleur me sécher sur place. Je ne vois pas trop où je pourrais être sexy, mais même si je l'ignore, ça me rend subitement timide de l'entendre. Du coup, je me tourne dos à lui pour cacher ma tête et me changer, troquant mon tee-shirt pour un truc légèrement plus large. Je profite que le tissu soit plus long pour sortir mon pantalon et enfiler ce qu'il m'a prêté. Grâce aux cordes, je peux serrer à la taille et le garder malgré tout. « Tu vois, ça me va quand même. » Fis-je en me tournant vers lui, les bras écartés pour montrer que c'est presque parfait. De toute évidence, la plus part de ses affaires seront trop grande pour moi, donc je me contente d'un peu tout.
 

Dans le dortoir, l'étudiant n'avait pas cessé ou presque de faire des allers-retours afin de parer à la situation. Peu gêné de se changer en collectivité avec la pratique du basket, il n'avait pas pensé que ça pourrait être dérangeant pour Reon, bien que sa réaction était plaisante. Ce n'était pas rare dans ce pays les personnes timides, surtout chez les femmes. Les premiers vêtements retirés, ces derniers finiraient plus tard dans le sèche-ligne. Les doigts du brun s'étaient ensuite permis de récupérer une goutte, ses lèvres de lancer quelques mots plus ou moins anodins. Le rouge monta encore d'un cran sur le visage de l'autre. Le rire, éternel bon moyen de se détendre. Ça ne lui donna que plus envie d'en rajouter. « En quoi ? La taille ne fait pas tout bien que tu as l'air d'en complexer. Chacun possède son charme, ses atouts, il suffit d'en avoir conscience et ça rend tout ou presque possible. » Le voir se retourner lui sembla être comme une invitation à poursuivre son offensive. Daiki attendit qu'il ait retiré son t-shirt pour intervenir avant qu'il n'enfile le sien. Son souffle s'était fait caresse sur sa nuque et ses lèvres lâchèrent au creux de son oreille dans un souffle : « Tes oreilles sont toutes rouges... »

Ensuite, il se recula afin de regarder le résultat, comme si de rien n'était. « Je suppose que tu dois avoir l'habitude de nager un peu dans les vêtements avec ceux de Sempai. » Toujours pas si loin, il s'accroupit, récupérant les vêtements humides. Une fois fait, il leva les yeux dans sa direction, vu qu'il était toujours en bas. « Je vais les mettre dans le sèche-linge, comme ça tu pourras repartir avec eux quand il viendra te récupérer. » Se relevant doucement, le linge dans les bras, il fit ce qu'il venait de dire. De retour dans la pièce, il regarda à nouveau l'enseignant. « Je meurs de faim, tu veux te joindre à moi ? » Après tout, Reon ne devait probablement pas avoir mangé non plus. Avant d'entendre sa réponse, il prit la direction du coin cuisine, sortant du frigidaire ce qui l'intéressait, des légumes à éplucher et de la viande à découper. C'était un des avantages à être scolarisé dans une école de riches. Après avoir sorti l'économe, il se lava les mains, enfila un tablier, et prit place derrière le plan de travail pour commencer à éplucher les carottes. Sa voix se fit encore entendre. « Elle te fait souvent ce genre de coup ta voiture ? » Même s'il ne se rappelait pas l'avoir vu avec souvent. Enfin, ils n'étaient pas toujours fourrés ensemble non plus, encore moins depuis le départ de Sasuke de l'école. A bien y réfléchir, ils se voyaient nettement moins. Une certaine nostalgie l'envahit, il ferait changer d'avis à son sempai, quitte à se prendre des coups dans la figure si nécessaire. Il était né pour le basket, tout comme lui. Un talent pareil, ce serait du gâchis.

C'est bien la première fois que l'on me fait un compliment sur mon physique, après tout il n'est pas très avantageux pour un homme, surtout pour attirer des femmes. ça n'a jamais été mon objectif, trop préoccupé par mes études ou mon travail, ou trop réservé aussi. Du coup, je ne sais comment réagir aux mots de Daiki, prenant la première option qui s'offre à moi : rougir. « Tu es très positif. » Je lui accorde, il ne voit pas le mal dans ma taille, au contraire. Pour un basketteur, ce serait une tare de mesurer moins d'un mètre soixante dix. Je suis loin des deux mètres, très loin. Tournant ensuite le dos à l'étudiant, j'entreprends de retirer mon haut pour enfiler le sien, légèrement interrompu par le comportement de mon cadet. ça me gêne à nouveau, mais je ne le rejette pas, ne pouvant calmer mes rougeurs et la chaleur de gagner aussitôt mon corps. Je me retiens de cacher mes oreilles avec mes mains, terminant de m'habiller sans perdre des couleurs. Mon coeur toujours en effervescence, je me tourne vers lui comme si de rien n'était, montrant que ses vêtements me vont plus ou moins bien. Mieux vaut que ce soit trop large que trop petit, non ? « O-oui, Sake est comme toi, plutôt grand. » Plus grand que moi, j'entends. Parce qu'ils doivent être dans la moyenne, tous les deux.

Restant droit sur place, je l'observe se baisser pour récupérer mes vêtements, les sourcils légèrement froncés. Ce n'est pas un signe de mécontentement, mais plutôt d'incertitude. « Merci. » Soufflais-je, ne sachant pas quoi dire de plus. Il m'aide beaucoup, mais je ne saurais comment le remercier en vérité. Manger ? Mon sourire se fait un peu moins timide, hochant doucement ma tête pour acquiescer. ça ne me fera pas de mal de grignoter un morceau, surtout après la scène de panique précédente. Voyant l'élève partir vers la cuisine, je le suis en silence dans l'intention de continuer à l'examiner. Il semble autonome, débrouillard et je ne savais même pas qu'il cuisinait. « Ah, je ne l'utilise quasiment jamais. C'est mon père, de temps en temps, qui veut que je la prenne. » Sinon je m'en passerai bien. Prenant une chaise, je la tire vers le plan de travail et ne cesse de le regarder. « Je ne savais pas que tu faisais la cuisine ? Tu as appris seul ? » Les mots me viennent plus facilement avec Daiki, quand il ne me surprend pas et ne m'embarrasse pas non plus. Mes yeux voyagent de ses mains, au plan de travail, en passant par son visage. La plus part du temps, je le vois jouer au basket, traîner à l'extérieur, mais jamais ici. Comme quoi, ça a du bien de squatter une chambre d'étudiant, même si ça me rappel mon époque où j'étais scolarisé ici. « ça se passe bien pour toi ? » Les études.
 

Plus que positif, le japonais se trouvait réaliste. Si une personne ne commençait pas par s'aimer, personne ne le ferait assez longtemps pour elle. Daiki n'était pas prétentieux, bien qu'il savait parfaitement qu'il faisait partie des gens beaux et qu'il plaisait. Le rendu de l'essayage convenait, Reon ne perdait pas non plus ses vêtements. A sa réponse, il se contenta d'avoir un petit sourire entendu. On ne pouvait pas prétendre devenir basketteur professionnel et ressembler à une brindille.  Il n'était pas si rare que ça de croiser des étrangers très athlétiques dans les équipes pros. Il fallait donc être capable de résister. La technique ne faisait pas tout. Se dirigeant vers la buanderie où se trouvait la machine à laver et le sèche-linge, il lâcha un « pas de quoi » par dessus son épaule tout en mettant le linge à sécher.

Bientôt rejoint par l'autre japonais dans la cuisine, le plus jeune se décida à préparer le repas, tout en posant une question. La réponse le fit un peu sourire. « Vu l'âge et l'état de la voiture, ça ne m'étonne pas qu'il t'envoie la décrasser à sa place. Comme ça il ne peut pas être celui qui tombe en panne avec. » Le fil de la discussion se poursuivit, Reon semblait avoir retrouvé sa capacité à parler habituelle. « Quand on se voyait, on ne parlait que de sport, impossible que tu puisses le savoir. » légère pause. « Mes parents sont fleuristes. Quand ma mère devait aller aider à la boutique, il fallait bien qu'on mange et mon frère aîné étant nul... » C'était comme ça qu'il s'était mis à cuisiner, mais aussi à aimer ça. Il enchaîna sur les autres ensuite. Le regard de son vis-à-vis sur lui ne le perturba pas. « Ca va dans l'ensemble. Il faut bien que j'ai un minimum de résultats, sinon adieu ma bourse. » Il se retourna pour les laver dans l'évier, puis revint du côté du plan pour découper les morceaux de viande. « Je suis plutôt préoccupé par mon avenir sportif. Si je ne suis pas pris dans l'équipe pro, je ne sais pas ce que je pourrais faire. J'étais seulement paré à l'éventualité d'un succès et de devenir entraîneur plus tard, d'où mon choix de faire de la psycho en plus. Sauf que je ne sais pas trop à quoi ça pourrait servir dans le cadre d'un boulot tout autre. Je n'ai même pas d'idées de métier. Puis on en revient à la même chose, plus de statut de sportif de haut-niveau, plus de bourse. » Il termina sur un « c'est galère... » Et oui, ça lui arrivait de se confier aux personnes qu'il estimait et Reon était le meilleur ami de Sasuke, et il s'en sentait un peu proche par extension,surtout que ce dernier ne lui parlait presque plus depuis l'incident...

Le grand couteau était habilement mené, les morceaux de viande laissés les uns à côté des autres dans le plat juste à côté. « Et toi, ça se passe comment au boulot ? » Puis il demanda une autre chose. « Sempai, tu l'as vu il y a longtemps ? J'ai l'impression qu'il m'évite sciemment... » Sortant ensuite un oignon pour l'éplucher et le couper.

Peut-être n'avait-il pas tord ? Mon père n'a sûrement pas envie de tomber en panne pour une malheureuse sortir dont il se serait bien passé. Travaillait chez soi, il n'a pas besoin de faire de trajet comme moi ou comme n'importe quelle personne vivant dans cette ville. à part pour les courses et encore, je l'aide sur ce point-là aussi. Mon père n'a plus l'âge de soulever des sacs de croquette, la principale source de revenu du refuge. Ils ont besoin de leur fils, même s'ils ne veulent pas l'avouer clairement par question de fierté. Pour eux, ils n'ont pas leur âge et ne sont pas proche de la retraite. Pour moi, ils n'ont pas besoin de se casser le dos quand je peux leur prêter main forte.

Prenant rapidement confiance avec Daiki, je ne ressens plus cette gêne dans la voix, ni ce bégaiement qui m'agace dès que je tente de m'exprimer. Ce n'est pas un inconnu, ni un simple camarade d'école. Je le connais davantage, pas autant que Sasuke, mais presque tout autant. « C'est vrai. » Je demande bien pourquoi je ne parlais que de sport à l'époque. Être étudiant dans un cursus sportif ne veut pas dire en vivre à cent pour cent, et pourtant je m'en étonne moi-même. Fleuristes ? C'est sympa comme boulot. « Mes parents tiennent un refuge, ils ont toujours été là. » Puisque le refuge est notre maison à nous aussi, mais je peux comprendre le vécu de mon ami. En dehors de Sake, je ne parle de moi à personne. Daiki est une exception, parmi les rares personne à qui j'ose me confier. Le sujet change à nouveau, passant de la cuisine aux études. C'est bizarre, mais je n'ai pas la sensation d'être un professeur avec lui. C'est comme si je devenais à nouveau un étudiant, avant de me souvenir que ce n'est plus le cas depuis bientôt deux ans. Les paroles de Daiki me prirent de court, je n'ai jamais pensé en le regardant qu'il puisse avoir autant de doute. Beaucoup plus que moi à l'époque où j'étais encore élève à Royal. « Il faut croire en toi. C'est ce que tu semblais dire tout à l'heure. » Sur mon physique, même si c'est différent. Je trouve que ça se ressemble sur quelques points. « Je voulais devenir pro aussi, durant ma première année... Mais avec le temps et les expériences, j'ai compris que ce serait trop de pression pour moi. » Je ne l'aurai pas supporté sur le long terme, déjà qu'être professeur est compliqué, alors joueur professionnel. « Tu as les capacités pour réussir. Tu ne dois pas penser à la perspective d'échouer, ni ce que tu ferais si jamais ça arrivait. » C'est le meilleur moyen de se louper. Daiki n'est pas mon élève, pourtant j'aimerai le voir réussir là où j'ai échoué. Si j'avais son physique, son caractère, son esprit... Sûrement que je serais devenu un joueur professionnel.

Moi ? J'hausse vaguement les épaules et soupire. « Disons que je m'en sors ? » Mieux qu'à mes premiers jours, c'est sûr. « Mes élèves me prennent un peu plus au sérieux. » C'est difficile pour des adolescents d'être « contrôlé » par un gars parfois plus jeune qu'eux. Sempai. Sasuke ? Je secoue doucement la tête, incapable de savoir ce qu'il a en tête. « Je le vois souvent, dès que nous pouvons. » Répondis-je, sans savoir si c'est une bonne réponse pour lui. Je ne veux pas lui mentir, puis j'en suis incapable. « Pourquoi t'éviterait-il ? Il s'est passé quelque chose entre vous ? » Je pourrais en dire autant avec nos récentes disputes, mais Sake ne parvient jamais à s'éloigner bien longtemps de moi, ou moi de lui. Même en apprenant que je lui ai menti et caché la vérité, même après m'avoir dit qu'il me lâcherait, il ne l'a pas fait et ne cesse de me protéger. Je ne comprends pas pourquoi cet idiot éviterait le basketteur.  

Échanger sur leur famille, c'était tout aussi intéressant que de parler sports. « C'est une bonne chose de le savoir. Au cas où je trouverai un animal perdu ou blessé. » Les yeux toujours rivés sur la planche, ce serait idiot de se couper. « J'ai toujours voulu avoir un animal de compagnie, mais j'ai vite renoncé, il ne serait pas heureux avec moi. J'aime déjà trop mon ballon. » Déclara-t-il avec un petit sourire amusé. Mais il trouvait l'idée cool de vivre dans un refuge et s'imaginait bien quelle genre d'enfance devait avoir eu le plus âgé. « Tu as des frères et sœurs ? » Continua-t-il. Avant de se laisser aller à la confidence. Même lui qui était solitaire, ça lui faisait du bien de lâcher un peu ce qu'il avait sur le cœur. Entendre sa phrase lui être retournée, ça le faisait se sentir encore plus idiot sur le moment. Le japonais écouta jusqu'au bout les conseils, se sentant assez vite soulagé. Ses yeux se relevèrent du plan de travail. « J'ai raisonné encore ainsi jusqu'à il y a quelques semaines. C'est bien pour ça que j'ai pas la moindre idée de ce que je pourrais faire d'autres. Mais je me suis mis à me demander si j'étais pas un peu trop présomptueux. Alors que c'était idiot, c'est bien à notre âge qu'on peut se permettre de l'être. Tu as raison sur toute la ligne. » Dit-il, content d'avoir eu des conseils avisés. Daiki avait entendu de Sasuke que Reon avait songé à devenir pro, mais au vue de sa personnalité, cela aurait été très éprouvant, et il pouvait largement l'imaginer.

Concentré sur la viande, il l'interrogea sur son travail et aussi sur son sempai. Le japonais ne fut pas blessé d'entendre qu'ils continuaient de se voir, il avait compris dès la première fois où il les avaient aperçu ensemble, leur amitié était à un tout autre niveau que cette relation qu'il pouvait bien entretenir avec les deux concernés. Daiki s'en moquait, l'amitié ne faisait pas des choses essentielles à sa vie. « Tu devrais tenter d'aller en cours avec une canne en bambou, ça motiverait peut-être les dissidents à mieux t'écouter. » Enfin, l'important était que Reon se sentait mieux à enseigner. Être surdoué ne faisait pas partie des choses enviables selon le basketteur, c'était en permanence se retrouver en décalage avec les autres. « Je suppose que de voir ma tête, ça ne lui rappelle pas que des bons souvenirs. Puis, à chaque fois que j'arrive à le croiser, je le relance sur le fait d'arrêter de s'entêter et de reprendre le sport. Il n'a pas l'air d'aimer que je le fasse, mais je sens bien qu'il en crève d'envie. »

Une idée germa dans son esprit et sa tête se tourna à nouveau dans sa direction. « Et si tu m'aidais ? Ca irait plus vite. » Demanda-t-il en parlant de cuisiner. Mais sans attendre son approbation, il retourna chercher un autre tablier, passa derrière Reon et le lui enfila, se tenant dans son dos pour l'attacher. Sa garde-robe n'était pas énorme après tout. Sa main se posa sur le bord du plan de travail, son corps se pencha pour mettre son visage face à celui du plus âgé et, après l'avoir regardé à nouveau… Il lui vola ses lèvres chastement. « Merci de m'avoir écouté. » Chuchota-t-il à son oreille. Avant de se remettre de son côté comme si de rien n'était. Il sortit les pommes de terre et un autre économe, les autres légumes nécessaires et se remit à éplucher son oignon.

Penchant la tête de côté, je me demande bien pourquoi un animal ne serait pas heureux avec lui. Son ballon ? Veut-il dire qu'il n'est pas capable d'aimer plusieurs choses à la fois ? à moins qu'il soit trop occupé par le basket pour s'intéresser à un chien ou un chat, ou une quelconque bestiole. « Viens quand tu veux. » Au refuge, j'entends. Il pourrait passer un peu de temps avec des animaux quand il le désire, sans devoir spécialement s'en occuper. « Non, je suis fils unique. » à mon grand malheur. J'aurai bien aimé avoir un frère ou une soeur, mais Sasuke rempli très bien ce rôle. Il est prévenant et protecteur comme un grand frère, alors ça me convient parfaitement. Le sujet change du tout au tout, mais je ne suis pas gêné, ni dérangé par la perspective de parler de mes expériences, de mes choix, de moi-même. Daiki est un garçon à part entière, il ne raisonne pas comme tout le monde ou alors il n'en laisse rien paraître. J'ai toujours cru qu'il était sûr de lui, confiant au point de ne voir que la victoire et un avenir radieux, mais je me rends compte qu'il a autant de doute que moi. S'il commence comme ça, sa route sera semé d'embûche infranchissable et ce serait regrettable. Je ne sais pas si j'ai réellement raison sur toute la ligne, mais je suis content de l'entendre raisonner de la sorte.

à une époque, Sasuke était proche de Daiki, mais ce n'est apparemment plus le cas. à cause du sport ? Peut-être parce qu'il a coupé les ponts avec la moindre chose en relation avec ce douloureux passé ? Quant à moi, j'étais là bien avant le sport, bien avant son échec, bien avant nos troubles. Une canne en bambou ? Drôle d'idée, mais ça me fait rire. « Que voudrais-tu que je fasse d'une canne en bambou ? » Riais-je, ne m'imaginant pas menacer mes élèves avec un bâton. Ce sont des ânes parfois, mais même la carotte ne marche pas tout le temps avec eux. Aie. « Je comprends mieux. » ça me désole pour Daiki de se heurter à un mur, mais Sasuke est trop têtu. « Faut savoir se résigner, Daiki. » C'est la seule chose que je peux dire, pour lui, pour son amitié avec Sake, mais aussi pour mon meilleur ami.

L'aider ? Pourquoi pas. Je ne suis pas mauvais en cuisine, mais je n'ai pas pensé à me proposer avant. Hochant positivement la tête, Daiki a déjà filé me chercher un tablier, le passant autour de ma taille. Je ne sais pas ce qui est le plus gênant, qu'il m'enfile ce genre de vêtement ou qu'il soit dans mon dos... Non, le plus embarrassant est d'être bloqué entre lui et le plan de travail, face à face, ses lèvres heurtant les miennes. Le sang me monte aux joues, chauffant mon visage. « Y a-a-a-a pas de quoi. » Bafouillais-je, la gorge sèche et le coeur battant. Saisissant l'économe, j'attrape une pomme de terre et entreprenant de l'éplucher, toujours perturbé par son bisou. « Tu me trouves comment ? » ça m'a échappé, à cause de son geste précédent. Mon cerveau carburait déjà depuis un moment, mais là il fume carrément. « Je-je veux dire ... Enfin ... Hm... » Je tousse, portant le dos de ma main tenant l'économe contre ma joue, gêné.  

La proposition fit plaisir à entendre. « Je n'y manquerai pas. » Enfin, quand il connaîtrait l'adresse et trouverait un moment de libre dans son planning si chargé. De toute manière, il demanderait quand-même à Reon avant, histoire de ne pas déranger ses parents en débarquant à l'improviste. Daiki ne rajouta rien sur la famille, ayant déjà parlé de son frère aîné un peu plus tôt. Ses doutes envolés, ni l'un ni l'autre ne continua sur le sujet. « Comme n'importe quel parent qui se doit de discipliner ses enfants, tu les cognes avec bien entendu. » Cette question l'avait quand-même amusé. A propos de son sempai, c'est toutefois plus délicat. « Je ne compte pas laisser tomber. Quitte à perdre son amitié, quitte à me faire cogner s'il le faut, je lui ferai ouvrir les yeux. » Dit-il d'une voix ferme. Non, il ne changerait pas d'avis. Il se devait de prendre des risques s'il voulait réussir.

Pour ne pas non plus plomber l'ambiance, et parce que ça irait réellement plus vite, il engagea un commis sans trop lui laisser le choix. Son merci provoqua à nouveau un massif afflux de sang au niveau de la tête de Reon. La question le surprit venant du plus âgé, bien qu'elle fasse écho à son trouble. Avant de répondre, il attrapa un biscuit derrière lui, et attendit qu'il ne tousse plus pour lui mettre dans la bouche. « Calme-toi, tu vas nous faire de l'hyperventilation et on va être mal. » Reculant sa main ensuite, il lui remplit un verre d'eau et le déposa non loin. Puis le brun se remit à la tâche. « hm.. Si je réponds que je n'aurais rien contre te mettre dans mon lit, ça risque de ne pas t'aider... » En parlant de sa gêne. Il réfléchit à nouveau tout en continuant à éplucher. « Si je dis que tu es canon non plus... » Au sujet de son physique. Son regard se releva quelques secondes pour se poser sur Reon. « Mais ça m'arrangerait que ça te suffise. » Il n'avait jamais été le genre à faire l'éloge de qui que ce soit, ou quoi que ce soit, pas non plus de tirade au sujet d'un autre. Le plus jeune était davantage à scinder les gens en deux : ceux qui lui plaisent, et ceux qui ne lui plaisent pas. Sans rentrer dans les détails. Surtout que, dans son cas, c'était surtout plaire physiquement parlant.

L'oignon épluché, il passa aux carottes. « Tu n'as pas l'air d'avoir beaucoup expérimenté ça. Ca va sans doute avec l'image que tu renvoies d'être le genre de personne à se donner longtemps à quelqu'un. » A moins qu'il ne se trompe, mais ça, il le saurait très vite. Peut-être. Tout dépendait de la capacité de Reon à arrêter d'être troublé. Et aussi à la sienne d'arrêter de le provoquer.

Cogner mes élèves ? C'est plus probable que ce soit l'inverse. La violence n'arrange pas les choses, avec les enfants, plus tu cries et plus ils crient. Autant rester calme et faire preuve de patience. Daiki est téméraire, mais sa persévérance me fait un peu peur. Quitte à perdre son amitié, quitte à se faire cogner. « C'est un peu extrême, non ? » Le pire, c'est que Sasuke serait capable de s'énerver pour ce simple sujet. Je ne veux pas que les deux garçons se battent, ni qu'ils finissent par ne plus s'adresser la parole. Or, le basketteur est têtu, autant que mon meilleur ami est borné. C'est un combat contre le vent, inutile et perdu d'avance. Mon pessimiste revient me chatouiller la conscience, même si je voudrais croire au retour de son sempai dans le monde du sport.

Je ne m'attendais pas en venant ici à être commis de cuisine pour Daiki, bien que l'idée ne me déplaise pas. C'est juste que je me laisse rapidement envahir par mes émotions et semble perdre la notion entre bas et haut, nord et sud. Sa façon d'agir envers moi me désoriente complètement et mes paroles dépassent ma pensée. C'est embarrassant, ma salive peine à passer et je me retrouve à tousser, rouge comme une tomate. Un biscuit ? J'écarquille les yeux, le gâteau entre les lèvres. Je dois passer pour un idiot à toujours rougir, m'étouffer ou bégayer, même si mon état s'améliore avec Daiki. Avalant ce que j'ai en bouche, je saisi le verre et bu une bonne moitié. ça paraît facile pour lui de dire une telle chose, alors que ça n'a jamais été mon cas. Quand quelqu'un me plait, dans la mesure du possible où ça arrive, je ne sais comment gérer la situation. Puis, c'est la première fois que l'on me dit une telle chose de but en blanc. « Effectivement ... » Souriais-je, mal à l'aise. Je ne sais pas ce qui me dérange le plus, ce qu'il raconte ou ce que je pense ? C'est difficile de ne pas songer à ma maladie quand on parle de relation sexuelle, c'est plus fort que moi. Canon ? Bon, là je ris de bon coeur. « Je ne pensais pas... » Être canon ? Lui plaire ? Donner ce genre d'envie ? J'en sais trop rien, peut-être tout à la fois. « Comment ça ? » Demandais-je, une légère moue sur le visage.

Ah ? C'est vrai que je n'ai aucune expérience là-dedans, la seule que je peux avoir est passé à la trappe. Les souvenirs me font faux bon, pourtant je sais qu'ils sont là. « Tu as peut-être raison. » Pour la dernière partie, du moins. Je me donnerais sûrement à fond pour quelqu'un, jusqu'à mourir. « Mais je l'ai déjà fait une fois. » Est-ce que je peux le dire ainsi ? ça ne semble pas trop louche ? « Ce n'est pas ... D'être expérimenté ou fidèle, mais ... » Je me mordille la lèvre, incapable de placer cet élément dans le sujet. Je suis « malade » et je ne veux pas le partager avec qui que ce soit, même si Daiki me plait physiquement, même s'il me tente, même si j'ai envie. Secouant doucement la tête, je me remets moi-aussi à la tâche, le front plissé par un léger sentiment de contrariété. « Je n'ai rien contre, hm, le fait d'être dans ton lit... » Dire ça en épluchant une patate, ça passe beaucoup mieux qu'en regardant Daiki dans les yeux. à savoir si le message passe mieux, je l'ignore.

C'était à se demander si son vis-à-vis avait bien été élevé comme les autres asiatiques au vu de la tête qu'il faisait. Mais ce n'était pas le plus important dans tout ce qu'ils se disaient, bien qu'il ne s'attendait pas réellement à ce que la conversation tourne ainsi.Le japonais n'avait absolument rien prémédité en l'invitant à venir attendre ici. « Tu le connais mieux que je ne le fais. Pour qu'il revienne sur ses paroles, il faudra prendre des risques. Et il vaudra bien mieux que je sois celui qui s'en charge quitte à se faire détester, plutôt que toi. » De toute manière, avec le caractère de Reon, il le voyait très mal tenir tête à qui que ce soit, encore moins à Sasuke.

Le verre d'eau à moitié vidé par son vis-à-vis qui commençait à reprendre un peu contenance, son rire nerveux l'amusa. Ce n'était toutefois pas son genre d'essayer de le convaincre qu'il l'est. Si Reon n'était pas capable de le faire lui-même, alors peu importe les mots qu'il pourrait bien entendre, ils ne resteraient que du vent au final. Les gestes, voilà sûrement ce qui devaient réellement l'atteindre. Mais ce n'était pas l'important dans l'immédiat. « Je n'ai jamais aimé faire des dissertations sur quelqu'un. Ou la personne me plaît, ou ce n'est pas le cas. Voilà pourquoi ça m'arrangerait que tu prennes pour comptant ce que j'ai dit à ton sujet. » Son explication terminée,  il continua à éplucher.

Le plus âgé se sentit davantage prêt à s'exprimer et le plus jeune l'écoutait. La phrase laissée en suspens l'intrigua. Pourtant il ne s'attendait pas à ce qu'il soit capable de dire ça, même sans le regarder. « Mais… ? » Releva-t-il, ayant bien senti qu'il y avait autre chose derrière. Mais il ne comptait pas insister plus que ça, ce n'était pas son genre de vouloir tout savoir. Toutefois, il ne peut s’empêcher de rajouter. « Fais gaffe, à dire des choses comme ça, c'est là-bas que tu risques de finir... » Reculant doucement sa chaise, Daiki profita de l'attention de Reon sur la pomme de terre pour passer sous le plan de travail. Une fois de l'autre côté, il recula celle du plus âgé en remontant devant lui, les coudes appuyés sur ses cuisses et donc son bassin pas tout à fait entre. Son visage tout proche du sien, son regard ne laissa à nouveau pas l'opportunité à l'autre de se détourner.  « En te laissant bouffer par ta timidité, n'as tu pas l'impression que tu n'es que le spectateur de ta propre vie ? Certains vont trouver ça mignon, mais toi, tu te retrouves à attendre que quelqu'un veuille bien faire un geste vers toi, n'est-ce pas lassant ? Des fois, tu dois affronter le problème et donner aussi à celui qui le fait une réponse en te mettant en mouvement toi aussi. Tu es quelqu'un de très bien, Reon. Ce serait bien que tu le comprennes et l'acceptes. Tu trouveras des gens qui te trouvent à leur goût et puis d'autres non, même si ça te paraît invraisemblable, ça ne l'est pas. Ne suis-je pas la preuve, comme d'autres avant, que tu peux plaire ? On est tous ainsi. » Les mots étaient encore une fois sortis de sa pensée, directs, tout comme sa réelle personnalité. « Là, tout de suite, qu'est-ce que tu as envie de faire ? » Demanda-t-il de sa voix un peu ronronnante.

Il est vrai que j'ai tout autant envie que Daiki de revoir le basketteur faire du sport, mais à mes yeux c'est impossible. J'ai abandonné l'idée de le voir à nouveau jouer sur un terrain depuis bien longtemps. La dernière fois en croisière sur ce bateau de luxe, j'ai tenté ma chance et j'ai échoué. Il m'en a voulu, moi aussi. J'en ai voulu à Sasuke, mais plus encore à moi-même. Je ne veux pas que Daiki suive cette voie et se rende compte que le mur est trop haut à franchir. Secouant doucement ma tête, je n'ajoute rien à ses paroles. Que ça me déplaise ou non, ce n'est pas à moi de lui dire quoi faire. En tout cas, il ne connait pas mon tempérament envers mon meilleur ami, celui avec qui je suis le plus sincère, même quand on se dispute.

Je ne pensais en venant dans sa chambre que nous parlerons de toute ces choses-là, ni que je puisse y songer ou y répondre une seule seconde. Je m'interroge moi-même, intérieurement je me demande de quoi je suis capable. Est-ce que ça me correspond ? Est-ce que je suis si différent ? Je voudrais être comme tout le monde et ne pas me questionner à la moindre impasse. Oh. Je n'avais pas vu les choses ainsi, et ce n'est pas non plus mon genre de placer des gens dans des cases. Certains me plaisent mais me déçoivent, d'autre me font peur mais se révèlent être de bonne compagnie. Je ne suis pas comme Daiki, je ne sais nullement juger quelqu'un du premier coup d'oeil. ça m'aurait sûrement aidé dans la vie, de me décider si la personne est bonne ou mauvaise pour moi. Du coup, j'en reviens à me tracasser sur les gens, ceux que je regarde tous les jours et ceux susceptible de rentrer dans ma vie. C'est compliqué. Autant oublier et passer à autre chose, radicalement.

Mon problème désormais, n'est pas de vouloir ou pas, ni de savoir ou non, mais plutôt de me faire une raison. Que répondre à son « mais » ? Suis-je capable de lâcher l'information sans trembler ou bégayer ? Non. Je me sens déjà gagné par l'angoisse, rien qu'à entendre mon souffle. évidement. Je parle comme si j'avais envie de Daiki, là maintenant. Pourtant, j'ignore moi-même si c'est ce que je veux ou si je peux lui apporter. Le doute s'immisce trop facilement en moi, perdre mes moyens est mon plus gros défaut. Concentré entre ma tâche et ma respiration, je n'ai pas du tout remarqué son mouvement, lâchant mon économe sur la table d'un geste précipité, presque choqué. Je ne m'attendais pas à le voir là, ni à le regarder avec ma tête légèrement inclinée vers le sol. Mes yeux se relèvent quand il fut à ma hauteur, ravalant ma salive. Daiki ne me fait quasiment que des compliments, ou il appuie dessus fortement. C'est vrai, je n'ai été qu'un spectateur dans ma vie. Je l'ai regardé défiler, parfois avec amertume et colère, parfois avec tristesse et peine. à d'autre, je me suis senti heureux et soulagé, mais la plus part du temps, ce n'était pas la joie. Clignant des yeux, je serre doucement mes poings sur mes genoux, proche de ses coudes. « Là ? J'ai p-peur. » Avouais-je, la voix tremblante. « Je ne veux blesser personne ... Je ne suis pas ... Pas quelqu'un à aimer. » Les larmes me viennent aux yeux. Je vais à nouveau tout gâcher. « Je suis désolé, Daiki ... Je ne devrais pas te dire c-ces choses-là. » Pinçant mes lèvres, détournant le regard pour éviter de me mettre encore à pleurer, je porte finalement mes mains devant mon visage pour me cacher. « M-m-merci de c-croire en m-moi... Vrai-ment. » Et pourtant, faut toujours que je pleures pour rien.

La conversation continuait littéralement face à face, autant par les corps que par les esprits. Le plus jeune avait souhaité ne pas laisser à Reon la moindre marge de manœuvre. Il écouta son discours qui aurait sans nulle doute touché et fait réagir n'importe qui par une accolade en guise de soutien et d'autres paroles réconfortantes, mais Daiki n'était pas comme tout le monde. Alors qu'il aurait pu lui dire que ce n'était pas à lui de décider qui pouvait l'aimer ou pas, qu'il aurait pu enchaîner avec d'autres mots forts, les trémolos dans la voix du plus âgé le firent se reculer tout comme il le faisait avec la chaise qui crissa à nouveau sur le bois. Le sportif ne voyait pas l'intérêt de conforter la personne dans ce genre de situation dans ses fâcheuses habitudes, dans le cas présent, larmoyantes habitudes, ce n'était pas l'aider. « Je n'aurais pas dû te dire tout ça. Ce n'était pas mon but de te froisser. » Dit-il d'une voix à nouveau normale.

Sans se faire prier, le basketteur retourna de son côté du plan de travail et poursuivit avec les autres légumes qui se trouvaient là. Le silence s'était installé, probablement pesant pour d'autres, bien qu'il le préférait à parler pour ne rien dire. Ses doigts se chargèrent de déshabiller les autres légumes et de les couper à l'aide du couteau. Une sonnerie se fit finalement entendre, mais ce n'était pas son téléphone qu'il avait dans la poche en mode vibreur. « Tu devrais répondre. C'est peut-être Sempai qui peut venir te chercher plus tôt. » Déclara-t-il. Avant de se tourner pour commencer à faire rôtir la viande. Il analysait dans sa tête tout ce qu'il avait fait un peu plus tôt et qui ne lui ressemblait pas forcément. Certes, faire des avances, ça, c'était lui. Mais il ne s'était pas attendu à ce genre de réactions de la part de Reon et encore moins qu'il puisse lui dire des choses qui auraient pu paraître gentilles. Bien qu'il n'aimait pas ce mot. De toute manière, il décida que cela ne se reproduirait plus vu le fiasco du soir.  

De retour de son introspection, ce fut au tour des légumes coupés d'être rajoutés ainsi que l'eau qui leur permettrait de cuire comme il faut et de concocter un repas chaud digne de ce nom. Il faudrait d'ailleurs aussi qu'il aille voir la machine, si elle avait terminé ou pas. Pas moyen de se souvenir à quelle heure il avait commencé à la faire tourner… Enfin bon, ce n'était pas le plus important pour le moment. Son estomac se mit à gargouiller audiblement.

La situation est compliquée, mais Daiki n'est pas censé savoir pour moi, ni pourquoi je réponds de manière à construire des murs autour de moi. J'ai peur, mais ce n'est pas une simple peur dû à la personne, aux réactions, ou à toutes ces choses qui me terrorisent habituellement. Non. C'est tout simplement dû à la maladie, à cette connerie qui peut se transmettre de corps en corps et le détruire à petit feu. Je ne veux faire souffrir personne avec cette chose, quitte à me condamner moi-même à vivre seul jusqu'à la fin de mes jours. Daiki semble sur le point de s'excuser, mais je n'ai pas pris ses paroles de la sorte. Au contraire. L'espace de quelques minutes, je ne me suis pas senti moi. Ce moi que je déteste malgré tout mes efforts. « Tu ne m'as pas froissé. » Qu'il se sorte ça de la tête, ce n'est pas vrai. « Je te remercie quand même ... De les avoir dites. »

Le silence est revenu brusquement, mais ce n'est pas si désagréable. C'est un silence que je connais bien, que j'apprécie par moment, qui ne m'est plus du tout inconnu. Continuant ma tâche, j'aide Daiki avec ses légumes, me demandant pour combien de personne il cuisine. Cette pensée me fait sourire, avant d'entendre mon portable sonner. J'avais oublié qu'il était toujours dans ma poche, près à se manifester dès que possible. Légèrement déçu, je lâche mon économe et mon légume, m'essuyant les mains à l'aide d'un papier, et récupère mon portable dans ma poche. Effectivement, c'était Sempai. Un soupir m'échappe, tandis que je ramène le cellulaire à mon visage, mes yeux fixés sur Daiki. Sasuke parle de venir me chercher d'ici peu, que je me tienne près. Acquiesçant calmement, je raccroche après un dernier mot et souffle, encore. « Tu devrais l'invite à manger. Ce serait du gâchis. » Il a cuisiné pour plusieurs personnes, me comptant sûrement dans le lot. Ce serait dommage de ne rien en faire, puis je suis triste à l'idée de partir si tôt, si vite. Sasuke tombe au mauvais moment pour une fois. Néanmoins, je ne le force à rien.

La douce odeur se répand rapidement dans la pièce et je regrette davantage d'avoir décroché mon portable au premier appel. Ce que je regrette le plus, c'est que Daiki et Sasuke soient dans cette situation, et de n'avoir aucune solution pour les aider. C'est dommage, ils sont amis et se chipotent pour une histoire de sport, de basket. « Daiki ... » Commençais-je, d'une voix peu puissante. « Promets-moi de ne rien faire de regrettable. » Dans sa vie, que ce soit ses études, avec ses amis, avec Sasuke. Regretter, c'est la pire chose au monde.

Le japonais ne rajouta plus rien sur le sujet. Le silence ne semblait peser personne, ce qui n'était pas un mal. Lorsque le téléphone sonna, il s'empêcha d'écouter la conversation qui ne le regardait pas le moins du monde. Ce n'était pas ses affaires. Concentré dans sa cuisine, au moins, il était redevenu comme d'habitude. Son regard toujours sur ce qu'il faisait, sa voix fendit le silence après la sienne. « Tu n'as qu'à le faire toi-même. » Répondit-il à propos de l'invitation de sempai. « Mais tu perds ton temps, il ne viendra pas. » Il savait déjà. Pourquoi ce serait encore pris un énième vent, un message sans réponse. Lorsqu'il devait le voir, il faisait exprès de débarquer sans prévenir. C'était le meilleur moyen pour le croiser, bien qu'il n'avait pas beaucoup de temps à consacrer à tout ça. Enfin, c'était un combat à mener tout seul. Il n'avait pas à embarquer Reon dans cette histoire.

« J'ai toujours fait ce que je veux. Je ne suis pas non plus impulsif, mes décisions sont réfléchies. Voilà pourquoi les regrets, j'ignore ce que c'est. On ne peut pas non plus tout contrôler, à partir du moment où on l'accepte, les regrets n'existent pas. » Il se retint de dire contrairement à toi. Le plat couvert pour qu'il mijote,le plus jeune alla chercher à nouveau à boire dans le frigidaire et les posa sur le plan de travail. « Je vais voir où en est la machine. » Son dos devint visible alors qu'il tourna les talons pour se rendre dans la buanderie. Comme il s'y attendait, cela ne mettrait pas longtemps à terminer. L' avantage d'avoir du bon matériel. Chose dont il n'allait pas se plaindre. Le sportif retourna de nouveau dans la cuisine ensuite. « Elle est presque terminée. » Puis il se fit à nouveau silencieux.

Ses doigts soulevèrent le couvercle afin de vérifier que tout allait bien dans la casserole et de remuer avec la cuillère. Pour sûr que ça allait être bon. Il en avait l'eau à la bouche d'avance. Il replaça le couvercle et se tourna, appuyé contre le bord de l'évier. « Je sais que tu t'inquiètes pour lui, mais ce n'est pas nécessaire. Au pire, tu le trouveras à nouveau énervé et il se calmera tout seul.   Il est le seul qui restera toujours avec toi. » Contrairement à lui qui partirait un jour. Sa vision de l'amitié, même s'il n'employait pas ce mot, était tellement différente. Il n'en avait pas besoin. Côtoyer certaines personnes ne le dérangeait pas, sauf qu'il ne fallait pas compter sur lui pour quoi que ce soit, il n'en ferait toujours qu'à sa tête. Il n'y avait qu'avec Alak où il était capable de l'écouter, à défaut de le conseiller. Ce qui était déjà un exploit venant de lui.  

Parler subitement à Sasuke alors que je suis avec Daiki me semble étrange, mais je n'en dis rien. à part proposer à l'étudiant d'inviter son sempai à manger avec nous, ce qu'il n'a pas l'air de bien apprécier. Du moins, je le vois ainsi par rapport à sa réponse. Je ne sais pas quoi dire, pinçant mes lèvres en baissant mon regard vers le sol. Que ce soit lui ou moi, Sasuke ne viendra pas jusqu'ici. En vérité, j'ignore s'il a raison ou si mon meilleur ami fera l'effort, mais je n'ai pas tellement envie de tenter le coup et d'être déçu, ou mal à l'aise. C'est une histoire qui les regarde, je ne devrais pas me mettre au milieu ou tenter de raccorder les bouts. Dans le fond, ça me rend triste d'en arriver à cette constatation. La vie est trop courte pour se faire la gueule, qu'importe la raison. Ils étaient amis, ils le sont encore. Je devrais peut-être en toucher deux mots à mon best, pour savoir ce qu'il a à dire ou juste pour comprendre. Parce que je ne pourrais pas rester éternellement le cul entre deux chaises.

Il ignore les regrets ? J'aimerai être comme lui, mais il y a certaines choses, tôt ou tard, qui sont trop lourde à supporter. J'aurai voulu n'avoir aucun regret, aucun remord, vivre comme bon me semble, mais c'est justement en voulant me sentir libre et différent que je me suis piégé. Je ne souhaite rien de mauvais à Daiki, au contraire. J'espère qu'il réussira tout ce qu'il pourrait entreprendre, sans s'interroger, sans vouloir faire demi-tour, sans pleurer sur son sort. Je me doute qu'il dit ça aussi pour moi, et je n'aurai pas la force de rétorquer. La machine, je l'avais oublié. Soufflant doucement une fois plus ou moins libre, je glisse ma main sur mon visage et jure intérieurement. Je devrais me taire, franchement. « Merci. » C'est tout ce que je trouve à lui répondre, retombant dans ce silence que je trouve à présent désagréable.

Silencieux, j'observe un peu le décor autour de moi, l'air morose. La pluie m'a guidé jusqu'ici, sur les pas de mon cadet. Cette même pluie que j'entends parfois battre contre le bâtiment, ou couler contre la fenêtre. La voix de Daiki ramène mon attention sur lui et je le regarde un instant, les lèvres closes. C'est déjà arrivé plus d'une fois que l'on se fâche, Sasuke et moi, et à chaque fois nous nous sommes réconciliés. La dernière a été la plus difficile, parce qu'il n'a pas su assimiler mon mensonge, il n'a pas été capable d'accepter que je lui cache la vérité à mon sujet, et je le comprends parfaitement. « C'est vrai, tu as sans doute raison. » Et je serais sûrement le premier à abandonner l'autre. Cette pensée me rend triste, perdant doucement mon sourire. Nous ne savons pas ce que nous réserve la vie, mais que ce soit Sasuke qui s'en aille en premier ou moi, ça ne change rien. C'est la vie. « Dois-je comprendre que personne d'autre à part Sake ne veuille de moi ? » Parvenais-je à plaisanter, sans me dire une seule seconde qu'il pourrait répondre à l'affirmative, ce qui serait blessant dans un sens. Je veux bien être timide et effrayé, mais de là à dire que je ne pourrais m'entendre qu'avec une seule et même personne ... Ouais, c'est frustrant.

De retour dans la cuisine, l'air semble morose, enfin du côté de Reon. Le plus jeune n'était pas le genre à se ressentir le mal-être. La seule chose qui pouvait bien le déranger était cet sensation d'étouffer qu'il avait toujours ressenti, coincé dans ce carcan qu'étaient les mœurs et les mentalités de son pays. « Ce ne sont pas les autres qui ne veulent pas de toi, mais l'inverse. » C'était assez flagrant ce côté de la personnalité du plus âgé. S'il avait parlé de son sempai qui resterait avec, c'était à cause de cette bulle qui se construisait parfois autour d'eux, une ambiance reconnaissable qu'aucun d'eux ne semblait avoir remarqué. C'était pour cela qu'il ne le dirait pas, ce n'était pas ses affaires. Puis le basketteur n'était pas pour influencer les autres dans leurs histoires personnelles.

Ses mains se glissèrent dans les poches de son pantalon, alors que son regard semblait percer Reon qui se tenait toujours à une distance respectable. Pour une personne qui avait l'habitude de lire le langage des corps, c'était plus un livre ouvert que le contraire. Le brun était aussi doté d'une plutôt bonne intuition, ça l'aidait bien. Son but n'était pas de mettre à mal les autres en les analysant, mais plutôt un sentiment de satisfaction personnelle de pouvoir apprendre des choses tenues secrètes. « Je devine que tu caches quelque chose qui est en train de te bouffer de l'intérieur, Reon. » Commença-t-il. Quelques secondes passèrent. « Tu t'obliges pour je ne sais quelle raison à te tenir loin des autres alors que tu crèves d'envie au contraire d'être proches d'eux et d'être entouré. Tu es  le genre de personne à avoir besoin des autres. » Il rajouta sur un ton un peu amusé car il voulait plaisanter. « Tu ne m'as pourtant pas l'air d'avoir de maladie vénérienne...A moins que tu ne dois un extraterrestre dégageant de la radioactivité mortelle ? »

Le ton de la conversation était un peu plus léger, bien que sérieux. La bonne odeur de nourriture continuait de se répandre dans la pièce. Ca allait bientôt être prêt. Il demanderait plus tard si le plus petit voudrait en emporter pour manger chez lui. Quoi qu'il en fut, pour le moment, son bras se tendit sur la table et se saisit de son verre d'eau. Daiki trouvait qu'elle désaltérait bien mieux qu'une boisson sucrée. Même s'il adorait celles à base de thé froid. Ses yeux se reposèrent sur le visage de Reon.  

Moi, ne pas vouloir des autres ? Je n'ai jamais été associable, mais il est vrai que les autres me font peur. Ce n'est pas pour autant que je ne veux pas d'eux, mais en même temps je pourrais m'en passer sans sentir un sentiment de vide ou de solitude. Il n'y a vraiment que sans mon meilleur ami que je ressens une telle chose désagréable au plus profond de moi. Daiki a raison et en même temps, il a un peu tord. Par contre, je n'attendais pas à ce qu'il parle de secret ou de mystère. à croire que je suis un livre ouvert pour ce garçon. ça doit être le cas, mais je ne sais comment il a deviné. Mon visage ? Mes expressions ? Ma façon d'agir ? J'en sais rien, mais il est fort. « C'est exact. » à quoi bon mentir ? Daiki l'a compris, je ne vais pas dire le contraire et jouer encore au timide. Certes, je ne suis pas super à l'aise comme avec Sasuke, mais je me débrouille mieux avec le basketteur qu'avec n'importe quel autre élève. Un sourire doux s'immisce sur mon visage au son de ces paroles, des mots justes et correctes. Je voudrais être proche des autres, mais si ma timidité m'a toujours bloqué sur un point, cette maladie me bloque sur un autre. J'ai plutôt l'impression qu'elle me fait barrage, beaucoup plus que mon caractère réservé. Vénérienne ? En voilà un mot peu commun. « Peut-être pas un extraterrestre, ni de la radioactivité mortelle. » Dois-je continuer ? J'hausse les épaules, l'air à peine indifférent. « Je croyais que tu allais le découvrir de suite. » Il avait le doigt dessus, mais a préféré faire passer cela pour de la plaisanterie, ce que je préfère.

Le regard de Daiki me donnait envie de me confier, pas de tourner autour du pot. Je me permis de me servir à boire, prenant de l'eau comme mon cadet pour humidifier ma gorge sèche. « Qu'est-ce que tu ferais si j'avais vraiment une maladie vénérienne ? » De base, les gens normaux considèrent ceux porteur du sida comme des parasites capables de les contaminer d'une simple poignée de main. Je suis peut-être malade, mais je ne suis pas radioactif non plus. « J'ai déjà vu des témoignages d'adolescents voyant ce genre de maladie comme un rhume ou une grippe, capable de se répandre par la toux, le touché ou la salive. » Mais c'est faux, c'est bien plus que ça. Il faut d'autres substances que la salive pour avoir la malchance d'être contaminé, ça n'excuse pas le regard ou le comportement des autres. « Je ne suis pas venu ici pour parler de ça ... Ce n'était pas mon but. » Dis-je, un fin sourire aux lèvres. Je ne sais pas encore ce que j'éprouve à aborder le sujet, ni à vouloir l'éloigner. De la frustrant ? De l'agacement ? De la colère ? De la lassitude ? Aucun de ces sentiments n'est positif, et même si je suis plutôt pessimiste, je n'aime pas ressentir autant de négativité à la fois.

Le basketteur n'avait pas prévu que la conversation se fasse bien plus sérieuse à coup de petites touches d'humour, mais ce n'était pas un problème. Après tout, la vie n'était pas toujours faite que joie ou bien rire. Au moins Reon ne tenta pas de trouver un échappatoire ou bien une excuse voire de sortir un mensonge. Puisqu'il avait mis le doigt sur le problème, il n'y avait plus qu'à attendre que l'intéressé veuille davantage en parler ou pas. Ça resterait toujours le choix du plus âgé. L'hypothèse de l'extraterrestre débordant de radioactivité fut vite écartée, ce qui ne manqua pas de l'amuser, bien que ça ne se voyait toujours pas beaucoup sur son visage. « Je ne suis ni devin ni liseur de pensées, comment tu voudrais que je sache une chose pareille ? » S'il avait ce genre de capacités, pas sûr que   Reon resterait dans la même pièce à discuter.

Avoir laissé sorti la bouteille d'eau était une bonne initiative puisque l'ancien footballeur se servit. Ça donnait toujours soif de parler. À sa question, le japonais réalisa qu'il avait vu juste, au moins en partie, dans sa plaisanterie. Prenant un petit temps de réflexion, il répondit : « Tout dépendrait de la maladie en question. Ça ne deviendrait pas une raison pour te fuir, ce n'est pas mon genre, bien que ce ne soit encore que des mots. Je m'arrangerai juste pour que ni toi ni moi on ne prenne de risques inconsidérés, tu ne supporterais pas de la refiler et je ne tiensdrais pas particulièrement non plus à l'attraper. Enfin, toujours dans l'hypothèse où tu en aurais une. » L'exemple pris ensuite par le brun le fit encore réfléchir. Puis son interlocuteur s'excusa à nouveau, ce qui fit légèrement secouer la tête brune. « C'est une sale manie de t'excuser tout le temps. C'est venu dans la discussion tout seul, il n'y a rien à ajouter sur le sujet. Tu le saurais déjà si ça me posait un problème. »  Ensuite, il décida qu'il pouvait revenir sur la partie juste avant sur laquelle il n'avait pas encore pu s'exprimer. « Les personnes ne sont pas toujours bien informées sur pas mal de choses, elles aiment nier l'existence d'autres, et comme certaines parviennent à passer au travers ou n'y sont jamais confrontées, ça les conforte dans leur idée qu'elles n'ont rien à craindre. C'est assez paradoxal dans ce pays si tu réfléchis bien, dès qu'une personne attrape froid, elle met un masque pour ne pas partager ses microbes, alors que sur tellement d'autres choses, elle s'en fiche. C'est à se demander si mettre un masque ce n'est pas juste une habitude, ce qui doit être fait sinon tu passes pour une mauvaise personne, sans qu'elle ne comprenne pourquoi c'est important. » Au final, il décida de se rasseoir sur la chaise. La nourriture pouvait attendre encore un peu, et il se demanda au passage ce que pouvait bien faire son sempai. Ça faisait un moment qu'il avait appelé. Peut-être que sa voiture était tombée en panne ? 

Il aurait pu être devin ou liseur de pensées, comme un superhéro, mais faut être réaliste. Les choses ne s'apprennent pas aussi facilement, il ne suffit pas de voir une personne pour savoir ce qu'elle a. Heureusement, sinon il n'y aurait aucun mystère à faire des nouvelles connaissances. Qu'importe s'il a un don télépathique ou pas, pour une fois, je me sens prêt à aborder un sujet que je déteste. C'est Daiki, je sais qu'il n'ira pas le crier sur tout les toits. Je n'ai pas envie non plus qu'il me prenne en pitié, mais avec un peu de chance, ça sera comme lui annoncer que j'ai un rhume ou la grippe. Rien qui ne vale la peine de s'inquiéter plus que de mesure. Daiki est franc et direct, c'est ce que j'apprécie chez lui. Il n'est pas du genre à se cacher, ni à mentir. Je sens dans ses paroles qu'il dit exactement ce qu'il pense, sans une ombre d'hypocrisie. Je le crois. ça me rassure aussi de savoir qu'il ne me fuira pas à cause d'une maladie. Ce n'est pas parce que je l'ai choppé que je vais la refiler, c'est hors de question. « Vrai. Je ne supporterai pas ça. » Répondis-je, pour répondre plus ou moins à la question qu'il doit se poser. L'ai-je ou pas ? Ce n'est pas qu'une hypothèse.

M'excuser est souvent la plus simple des manières pour ne pas envenimer les choses, mais aussi pour me protéger des autres. Je n'ai rien à craindre de Daiki, ce n'est qu'un malheureux réflexe qui surgit de nouveau à chaque fois. J'allais encore me demander pardon, mais m'arrête avant même qu'un son ne sorte de ma bouche entrouverte. D'accord, admettons que le sujet s'est s'ajouter seul dans notre conversation et que ça ne le dérange pas. J'hoche doucement ma tête, approuvant tout cela. Un masque ? C'est vrai que je n'ai jamais réfléchi là-dessus. Pour moi, quand quelqu'un porte une masque, c'est uniquement pour ne pas refiler ses microbes et contaminer quelqu'un d'autre. Pourtant, il n'y a pas que cela qui protège de la maladie. De toute façon, les gens sont étranges. L'un ne fait pas attention à l'autre en règle générale, il s'en fiche de son prochain, mais dès qu'il commence à se sentir mal, faut qu'il porte une masque pour épargner cette faiblesse. C'est idiot. Lâchant un soupir, je préfère ne pas m'étendre sur le sujet de la maladie. Les gens pensent ce qu'ils veulent, être ignorant ou égoïste, ça ne change rien au final. « Je n'ai pas besoin de porter un masque pour ça. » Concluais-je finalement. Prenant mon portable dans ma poche, je regarde si Sasuke m'a laissé un message ou un appel. Rien. Il doit prendre son temps. « Je te remercie pour ton aide, Daiki. » De m'avoir invité dans sa chambre le temps de me sécher, d'avoir même préparé de quoi manger, bien que je ne vais pas m'éterniser pour le dîner. Je le remercie aussi pour ses paroles, pour toute les choses qu'il a pu dire qui me font désormais réfléchir. Nous sommes tous différent, mais ce n'est pas une raison pour se cacher ou à avoir peur. « La machine doit être terminée. » Je peux toujours revenir demain pour récupérer mes affaires ou Daiki peut me le ramener dans la journée, si jamais la machine n'est pas fini d'ici que mon meilleur ami arrive. En parlant de lui, je reçois un message comme quoi il est là. Apparemment, il ne tient pas à monter si loin. « Il vient d'arriver. » L'informais-je, légèrement désolé de partir si vite.

Avec cette phrase qui aurait pu paraître anodine dans n'importe quelle conversation, Reon avoua enfin de manière plus directe être malade. Qu'il ne dise pas quelle maladie exactement le conforta que c'était une assez sérieuse, pas de celles qui empêchent de se mouvoir ou bien ne se voient, sinon  il l'aurait remarqué bien avant. Mais le plus jeune ne chercha toujours pas à en savoir plus, se rendant bien compte que ça avait dû une certaine épreuve pour son vis-à-vis de le reconnaître. Il n'allait donc pas en rajouter une couche. La tête du plus petit approuva son discours sur certains porteurs de masque et leur hypocrisie. Qu'il ne renchérisse pas sur tout exprimait qu'il devait sûrement être en partie d'accord avec ses paroles. Tout comme Daiki ne le fit pas à sentir la fin de la discussion arriver sur le sujet. À son merci, il haussa les épaules. « Je n'allais pas te laisser dehors sous une pluie battante. » Même s'il aurait été capable de le faire avec d'autres. Mais il ne fallait pas toujours chercher de logique chez lui.

Entendre parler de la machine, il se dépêcha de partager dans un autre plat transportable une grosse portion de ce qu'il avait cuisiné, le refermant avec précaution. « Sûrement. Tu n'auras qu'à aller récupérer ton linge quand tu le voudras. » Le basketteur contourna la table et posa devant Reon leur part. Alors que son aîné reçut un message de son sempai, il se doutait avant qu'il ne l'annonce que ce dernier était devant le campus. Son propre téléphone se mit à vibrer, sur l'écran était indiqué maison. Le plus jeune savait que ça devait être sa mère, qu'il en aurait donc pour un moment dès qu'il aurait décroché. Comme ils étaient encore pas trop loin l'un de l'autre, le sportif se pencha s'en prévenir, son visage partant dans la direction de celui de Reon, mais, connaissant la timidité de ce dernier, il se ravisa de vouloir l'embrasser au dernier moment, saisissant sa main comme lieu final où il déposa un baiser sur le dessus. « Je ne pense pas que tu t'en serais remis si j'avais vraiment visé  tes lèvres ou ta joue. » Lâcha-t-il d'une voix un brin séductrice tout comme le regard qu'il releva dans sa direction. « Bye Reon. »

Les vibrations allaient bientôt cesser s'il ne décrochait pas tout de suite, ce qu'il fit. « Bonsoir Maman. » Commença-t-il par dire, se détournant du japonais pour mettre la table pour lui tout seul. « Ouai je suis en train de mettre la table, l’entraînement m'a creusé. » Dit-il encore à sa mère. Daiki savait que Reon retrouverait le chemin tout seul. Passant une grande partie de son repas au téléphone, il ne se fit pas prier pour aller se coucher plus tard. Une autre journée bien chargée l'attendait dès le lendemain, comme tous les autres jours d'ailleurs.