Le nom était exactement le même. Pas besoin d’être intelligent pour faire l’association. Je connaissais cet enfant, depuis un moment à présent et je m’entendais même plutôt bien avec. Certainement parce que malgré moi je voyais en lui mon fils et que j’ai toujours adoré les enfants. J’étais tellement différent avec eux qu’avec d’autres bien que même avec Ihn Ja, je bloquais au début et je n’aimais pas trop lorsqu’il voulait que je le prenne dans mes bras. Le temps avait fait son cours puis j’avais pu m’entendre correctement avec lui à un point que j’adorais passer du temps avec lui lorsque je voyais Nam Hee. D’ailleurs cela faisait un moment que je ne l’avais et inconsciemment, j’étais gêné parce que c’était le fils de mon ami. J’avais peur de sa réaction quant il apprendrait que je connaissais mieux son fils que lui... Le monde était tellement petit... Je baissai machinalement ma tête parce que je n’avais pas envie qu’il se doute de quoique ce soit rien qu’en regardant mon visage, même si je ne montrais aucune expression, j’étais plus vulnérable ces derniers temps alors j’avais peur que cela puisse se voir.

Cela me fit quand même plaisir qu’il s’excuse bien que je ne pensais pas de lui, cela me rassurait qu’il me le dise, qu’il pense encore à moi dans ce genre de moments. Mon fils... Qu’est-ce que j’aimerais le retrouver ? Je ne pouvais pas dire que ma vie était un véritable cadeau alors jalousement, à mon tour, j’aimerais pouvoir vivre ce miracle dont parlait Sehen. Cela signifierait certainement que la roue aura tourné également de mon côté. Je ne pense pas que j’étais malheureux, à présent j’avais des personnes autour de moi, j’avais fait de belles rencontres qui m’effrayaient quand j’y songeais certes néanmoins je ne supportais plus mon métier, ce que je vivais là-bas et comparé à ça, tout le reste me semblait tellement infime.
Je secouai ma main devant mon visage ainsi que ce dernier pour lui faire comprendre que ce n’était rien, que je ne lui en voulais pas et qu’au contraire, j’étais sincèrement heureux pour lui. Parce qu’il le méritait, parce que lui aussi avait le droit au bonheur et même si j’étais quelque peu jaloux, j’étais content que ce miracle soit tombé sur Sehen. Et puis, je connaissais l’enfant, avec un peu de chance cela nous permettrait de nous rapprocher encore bien que cela pouvais nous éloigner et ça me terrifiait.
Je fus surpris lorsqu’il dévia le sujet sur moi et je ne pouvais que conclure qu’effectivement, ça devait se voir que je n’étais pas comme d’habitude. Et je n’avais pas le courage de mentir, je n’en avais même pas envie. Parce que non je n’allais pas bien, j’avais peur de retourner à l’entraînement et j’en tremblais rien qu’en me souvenant de cet instant. Cependant, je ne lui répondis pas de suite, me contentant d’hausser les épaules comme pour dire que ça n’avait pas vraiment d’importance puis je le contemplais dans les yeux, sans jamais le quitter du regard. Avant toute chose, je désirais être franc avec lui comme il l’avait été avec moi. Je voulais lui parler de Ihn Ja.

- Je... Je connais ton fils, Avouais-je avant de détourner mon regard, pas à l’aise, Et je connais sa mère aussi...

Je ne pus retenir un faible rire, un peu triste causé par la peur que j’avais quant à sa réaction, ajoutant un « le monde est vraiment petit... » Puis je lui rendis la photographie, n’osant rien dire d’autre. Pourtant il le fallait...

- Je ne le savais pas. Je n’ai même pas vu la ressemblance et on ne parlait jamais de son père... Maintenant que je le sais, ça me paraît évident et je repense à des allusions... Je ne peux m’empêcher de m’en vouloir. Parce que je le connais, que je l’ai vu souvent et... Je suis désolé.

Je n’arrêtais pas ce rire qui franchissait mes lèvres, positionnant mes doigts devant. Il n’y avait rien de drôle et ce n’était pas dans mes habitudes rigoler ainsi. Cependant il était un peu nerveux et je trouvais cela tellement absurde, que je ne pouvais cesser ce geste. Je suis le parrain du fils de mon camarade... Il ne pouvait pas y avoir plus petit comme monde que celui-là.

- Enfin bref, Repris-je en me grattant nerveusement les cheveux, Je voulais savoir, tu sais te battre toi ? J’aimerais essayer d’apprendre, tu aurais pas des contacts ?

J’avais sorti cela de but en blanc, les mots s’échappant de ma bouche sans que je ne puisse les retenir, c’était en partie pour dévier le sujet néanmoins c’était aussi en partie vraie. Je voulais me défendre, je voulais être plus fort et je n’avais pas idée de ce que je devais faire pour ça. Je voulais faire face aux Giants, pouvoir protéger mes proches et pas que cela soit le contraire. Je ne voulais plus faire pitié et être un homme. Vraiment, un homme.

Le monde était vraiment petit c’était certain. Qui aurait pu croire que j’étais le parrain du fils de mon ami dont lui-même ignorait l’existence ? Evidemment que j’étais surpris et je m’en voulais de n’avoir rien remarqué avant, de ne pas avoir demandé plus d’information sur le père à Nam Hee non plus. Je me sentais stupide mais je trouvais Sehen vraiment formidable, malgré ça il ne me reprochait rien et semblait même heureux pour moi. Alors qu’égoïstement, moi à côté, j’étais incroyablement jaloux de tout ça. Il rencontrait un fils alors qu’il ne savait même pas qu’il en avait un et de mon côté je savais que j’avais un enfant quelque part et il n’y avait pas moyen que je le retrouve. Je ne pouvais qu’en être jaloux bien que j’étais aussi content pour lui. Seulement il avait raison sur un point, c’était tout de même une histoire assez étrange et si on l’observait de plus près, elle se rapprochait quand bien même de la mienne. Alors j’hochais la tête avec un petit sourire afin pour dire que j’étais d’accord avec ça. Nos vies étaient plus que liées au bout du compte, si on ajoutait que je connaissais son fils depuis longtemps. Il n’était même pas né que je le connaissais déjà en réalité. J’avais rencontré Nam Hee par hasard, sur un terrain de baseball le soir alors que je m’entraînais. Je me rappelle qu’elle pleurait et maladroitement j’avais essayé de l’aider. Sans que je n’ai eu besoin de dire quoi que ce soit elle s’était expliquée vite fait, évitant de trop en avouer mais j’avais compris qu’elle avait été contrainte de quitter celui qu’elle aimait et qu’en plus de cela, elle attendait un enfant. Je me rappelle en avoir voulu à cet homme à l’époque de ne s’être rendu compte de rien et de ne pas avoir fait quelque chose pour empêcher tout ça mais en grandissant j’avais compris que j’ignorais énormément de l’histoire de Nam Hee donc je ne pouvais pas juger. Après tout, elle avait fait ce choix d’elle-même non ? Donc je n’avais pas mon mot à dire là-dessus. Je suppose que le fait que Natsuki soit parti avec mon fils sans me laisser le connaître avait joué sur mon jugement et je m’en voulais de ne pas m’en être mêlé à ce moment là, de ne pas lui avoir dit que son père aurait certainement souhaité le savoir tout comme moi j’attendais mon fils depuis des années à présent.

Cependant, je n’arrivais pas à rire des blagues de mon ami, je souriais à peine mais le coeur lui n’y était pas. Je n’étais pas bien. Vraiment pas bien. Mon esprit était complètement tourmenté et même en cet instant précis, je n’en restais pas moins effrayé. C’était la raison pour laquelle, j’avais fini par lui demander pour des cours, comme ça subitement. Parce que j’avais envie de pouvoir me défendre, de tous les mettre à terre et d’être tellement plus fort. Hors, j’aurais du me douter qu’en posant une telle question, cela allait intrigué mon camarade. Ce n’était pas dans mes habitudes de faire des interrogations comme celle-ci et encore moins de parler comme je le faisais non plus. Par contre quand il avait proposé Yu Jin, je n’avais pu retenir la grimace qui s’était affichée sur mon visage. Je détestais ce mec alors c’était évidemment hors de question.

- Tu t’inquiètes pour rien ! Dis-je subitement en me tournant vers lui et secouant ma main devant ma figure, Ce n’est pas ce que tu crois ! En fait, j’ai rencontré une fille et je...

Mais qu’est-ce que je racontais ? Du n’importe quoi ! Bon c’était en partie pour ça même si je ne savais pas encore ce qu’il en était avec elle, elle était devenue quelqu’un d’importante pour moi et je ne voulais pas qu’il lui arrive quoi que ce soit. Je me grattais nerveusement les cheveux, détournant mon regard mal à l’aise alors que j’avais envie de me gifler pour être si maladroit même dans mes paroles. J’avais juste envie d’être plus fort parce que c’était évident qu’en me voyant ainsi, j’étais quelqu’un de pitoyable n’est-ce pas ?
J’égarai à nouveau mes yeux vers lui, le fixant d’une lueur détachée avant de souffler légèrement. Je n’avais pas envie de m’expliquer... Parce que peu importait ce que l’on pouvait dire, j’avais honte. Si honte.

- On a voulu me casser le bras et... J’ai vraiment eu peur...

J’en tremblais encore aujourd’hui rien qu’à l’idée d’en parler. Machinalement je me le frottais de ma main comme pour m’assurer que je l’avais toujours et qu’il n’était pas brisé. C’était la première fois que je me sentais ainsi et ça se remarquait probablement à mon comportement aussi. Mon ton n’était même plus froid et ma peur se reflétait dans le creux de mes pupilles.

- Alors je veux pouvoir me défendre, Expliquais-je en baissant mes yeux, C’est ce que j’ai réalisé... Être plus fort, pas seulement pour moi mais pour les autres aussi...

J’avais envie de changer, d’être meilleur et surtout de ne plus me laisser faire. Même si j’en étais énormément terrifié, je me disais que les choses ne pouvaient pas rester ici sinon j’allais finir par me détruire pour de bon. C’était comme l’avait dit Shota. Je ne pouvais pas subir de tels acharnements toute ma vie...

Devenir plus fort... Je le voulais. Vraiment. Il y avait une partie à l’intérieur de moi qui bouillonnait de rage et qui n’avait qu’une seule envie : se rebeller. Je voulais vraiment pour tous les étaler à terre, les détruire, leur faire subir tout ce qu’ils m’avaient subir, leur montrer qu’en réalité je pouvais faire très mal. Après tout, mentalement, je les avais déjà tués des milliers de fois. Un jour, j’y croyais, je saurais me défendre correctement et ils ne pourront plus rien pour moi. Parce qu’il était hors de question qu’ils me touchent à nouveau. J’avais peur de devenir trop violent ou complètement fou mais je ne pouvais pas rester ainsi. Je devais arrêter de me laisser battre, je devais savoir être meilleur qu’eux et les faire retomber dans leurs propres pièges. Sauf que je n’étais pas assez stratège pour cela. Ni assez courageux non plus. Je suppose qu’avec le temps et de la volonté, le courage finit par s’obtenir. Je l’espérais. Je considérais déjà le fait d’oser en parler à un ami comme un pas en avant. Parce que, habituellement, je ne dis jamais rien et je prends toujours sur moi. J’accepte les critiques, je subis, totalement. J’ai toujours été comme ça... Je pensais que c’était mieux ainsi, que je ne voulais déranger personne et surtout je me disais qu’on ne me comprendrait pas. Néanmoins, je savais que malgré tout ça, non, je ne pourrais pas l’appeler si j’avais des ennuis. Je ne voulais pas qu’on soit blessé par ma faute. Je remerciais déjà énormément assez Shota pour m’avoir sauvé à ce moment mais c’était suffisant. Je n’avais envie de blesser personne. Quitte à me retrouver à moitié mort à l’hôpital, peu importait. Il s’agissait de mes propres problèmes et si mes amis intervenaient à leur tour, ils finiraient par être visé eux aussi. J’hochais simplement la tête en guise de réponse cependant je ne le ferais pas. C’était un mensonge et je pense que Sehen le devinait également parce qu’il me connaissait et qu’il savait que jusqu’ici, je n’avais jamais compté sur qui que ce soit alors ça n’allait pas changer. Non pas parce que je n’avais pas confiance mais parce que je m’estimais déjà heureux et chanceux d’avoir des gens aussi formidables près de moi que je n’avais pas le droit d’en demander plus.

- Je veux changer, Déclarais-je d’une voix déterminée, hochant ma tête de plus bel, Tu sais, ça m’a fait réaliser plein de chose... J’ai toujours été comme ça, à me laisser faire... Mais mon bras... J’ai cru que je ne pourrais plus jamais joué et rien qu’y penser, ça me terrifie...

Même si le baseball m’agaçait, inconsciemment, je savais que je l’aimais toujours autant. J’étais juste blasé par tout ce qui m’était tombé dessus à cause de ce sport.

- Alors, disons que, ça m’a réveillé... Je ne veux de mal à personne tu sais mais... Je veux juste être plus fort.

Egoïstement, pour moi mais aussi pour mes proches, pour être capable de les protéger sans qu’il ne culpabilise. Un peu naïf et rêveur, j’aimerais être un de ses héros qu’on finit toujours par admirer. Au moins une fois dans ma vie, j’aimerais être ça. Bien que ce n’était qu’un rêve impossible. Je détournai mon regard vers lui, le fixant tandis que je réfléchissais à une question qu’il m’avait posé et à laquelle je n’avais pas répondu.

- Mon équipe.

J’avais répondu cela soudainement, d’un ton plus froid que je ne l’aurais pensé alors que mes poings se compressaient de plus en plus quand je pensais à eux. Je les détestais tellement. Tous, autant qu’il soit.

- Cela ne se passe pas bien, Sehen. Je ne me suis jamais entendu avec eux.

Mais je lui avais toujours avoué le contraire, mentant merveilleusement bien pour qu’il y croit jusqu’au jour où à force, je n’avais plus été capable de jouer cette comédie. Dans ce bar l’autrefois, même s’il ne savait pas ce qui s’en écoulait, il avait aussitôt remarqué que quelque chose n’allait pas. Je suppose qu’on pouvait dire que c’était ça aussi, un véritable ami.

J’ignorais si Sehen comprenait. Les Giants étaient des êtres stupides, abjectes et tellement plus encore. Plus qu’au bien-être de leur équipe, il ne pensait qu’à leur jalousie alors qu’ensemble, on pourrait être encore meilleur s’ils finissaient par m’accepter. Mais à présent, je n’avais plus envie qu’ils m’acceptent. Je leur en voulais trop pour cela. Comme mon ami l’avait dit, je n’avais rien fait de mal. L’unique chose que j’avais fait, c’était vouloir faire partie des professionnels et de me lier d’amitié avec mes coéquipiers, ne serait-ce que m’entendre avec eux. Cela n’avait jamais fonctionné malheureusement et ma rancune était des plus fortes. Je n’étais pas très courageux et j’étais une personne assez faible néanmoins je refusais de me faire encore marcher sur les pieds. J’avais des gens autour de moi que j’aimais énormément et qui me soutenaient, qui croyaient en moi. Et surtout, le baseball restait un sport qui m’avait apporté beaucoup de bien pendant longtemps. Je refusais de le perdre en n’ayant plus l’usage de mon bras. Hors de question.

Je ne cessai de me le frotter, angoissé alors que je repensais à tout ce qui s’était passé et j’en étais terrifié. Il fallait que je trouve à quelqu’un capable de m’aider pour me sortir de là, pour que j’apprenne à être un vrai homme et que j’arrête de fuir comme un lâche à chaque occasion.

- Merci, Dis-je alors dans un soufflement.

C’était un mot que je ne sortais pas souvent cependant j’estimais que pour Sehen, je pouvais bien le lui dire au moins une fois durant notre vie. Il faisait tellement de choses pour moi, j’ignorais comment je pourrais lui rendre la pareille un jour. Peut-être que si j’arrivais à changer, c’était moi qui serait capable de le protéger et non le contraire.

- Je ne peux rien faire contre eux tu sais ? Ils sont juste jaloux, je ne pourrais pas les changer mais ne t’en fait pas, j’ai nullement l’intention de quitter l’équipe. Et ce quoi qu’il arrive, ce serait leur faire trop plaisir.

J’espérais simplement qu’un jour, ils finissent par se lasser de tout ça et qu’ils me laissent tranquilles. Peu importait si on ne se parlait pas ou si on n’était même pas collègues, je demandais juste à ce qu’on arrête de me faire du mal alors que je ne leur ai rien demandé. Dans tous les cas, je me défendrais à présent. Je devais me forger de moi-même et arrêter de me fier à ce que racontait mon entourage.

- Ils sont cons, Déclarais-je en haussant les épaules, J’aurais certainement pu les tuer si j’en avais eu la force mais je ne suis pas comme ça. J’ai eu du mal à comprendre aussi et je me suis toujours laissé faire mais c’est fini... Je ne veux plus être aussi pitoyable.

Un soupir se libéra de mes lèvres tandis que je m’installai plus correctement contre le dossier du banc, closant mes paupières afin d’apprécier les rayons de soleil qui venaient choyer mes joues. Peut-être devrais-je aussi lui parler de cette « fille » en question ? Mais je n’étais pas assez ouvert pour oser mentionner un tel sujet. Pour sur qu’il se moquerait de moi... Seulement, c’était aussi compliqué. Enfin, je crois.