Ces dernières semaines avaient été assez éprouvantes (principalement physiquement) pour Aiichirô qui mettait toutes les chances de son côté en s'entraînant encore plus que d'ordinaire. Son désir de mettre l’université de côté et de se lancer professionnellement en tant que compétiteur de MMA devenait plus vif de jour en jour. Il ignorait si c'était car son niveau semblait suffisamment bon pour sauter le pas, ou s'il était tout simplement lasser de traîner sur le campus -car en dehors du sport, et des filles, il ne lui trouvait pas un grand intérêt-. Or, rien ne le retenait de s'entraîner uniquement en salle et de trouver d'autres demoiselles amènes de lui plaire ailleurs. Ainsi, il pensait sérieusement à faire de cette année à la Royal, sa dernière.

Au fond, il n'avait pas vraiment pris le temps d'y réfléchir, ou de se montrer nostalgique à ce sujet. Tout ce à quoi il pensait était ses débuts imminents dans le domaine de la MMA. C'est pour cette raison qu'il avait fini la semaine, crevée comme jamais, et qu'il s'était autorisé une petite sortie tranquille. Après avoir poser ses affaires au dortoir, il avait quitté l'université et s'était rendu à Shibuya en transport (il ne s'entêtait même plus à amener sa voiture à l'université, n'appréciant que modérément afficher sa situation financière plus que raisonnable, malgré qu'elle soit finalement similaire à beaucoup d'étudiant). Il n'y avait pas vagabondé très longtemps toutefois, et se contenta d'acheter une caisse de bière avant de se poser auprès de la statue Hachiko. Contrairement à ce qu'on pouvait, tout comme n'importe qui, il lui arrivait effectivement parfois de passer ce genre de soirée, seul.

Malheureusement pour lui, malgré son désir d'être seul face à lui-même, la réalité lui préparait bien souvent d'autres rebondissements. Il ne fut donc pas surpris de voir la petite Akio débarqué, et se contenta d'un soupir à son attention. « Akio, t'as pas autre chose à faire, franchement ? » lui demanda-t-il sans même plus prendre la peine d'employer un ton contrarié. Ça n'y changerait rien, elle semblait déjà bien trop s'être accoutumé à lui tenir compagnie sans qu'il n'ait rien demander. De tout façon, lui aussi avait commencé à s'habituer à sa présence... un peu trop régulière. De telle sorte qu'il ne se gêna pas pour prendre de ses nouvelles. « Alors, qu'est-ce que t'as à me raconter depuis la dernière fois ? ». La dernière fois ne remontait pas à tant de temps que ça, mais il préférait alimenter la soirée avec les histoires de la lycéenne plutôt qu'avec les siennes. « Oh, et je t'en propose pas, t'es encore trop jeune pour ça » ajouta-t-il en levant sa bière à la hauteur de ses yeux, pour qu'elle comprenne de quoi il pouvait bien soudainement parler.



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Leur salutation se résumait bien souvent ainsi ; lui qui se donnait l'air de râler, et elle qui le saluait jovialement comme elle a pour habitude de faire. Ce contraste l'amusait plus qu'autre chose, ce qui le fit dévoiler un petit sourire, tout comme le sien. Néanmoins, ce qui le fit moins sourire fut la réponse à sa question. Comment arrivait-elle encore à regarder des performances de gymnastique, celles de ses anciennes camarades qui plus est, tout en sachant qu'elle n'avait plus la possibilité de se joindre à eux ? Il fronça les sourcils, et bu tranquillement une gorgée de sa bière en essayant de s'imaginer à sa place. Malheureusement, si cela lui arrivait, il doute qu'il ne puisse s'en relever un jour. « Ça te rends pas trop triste ? ». Il avait finit par poser la question, avec un sérieux et son franc-parler habituel, car il n'aimait pas prendre des pincettes et ne pas obtenir finalement la réponse à sa question. Il savait qu'elle faisait désormais parti du club de volley, mais pour lui qui était un amoureux du sport, il semblait difficile d'envisager d'en cesser un, même pour s'essayer à un nouveau, aussi plaisant soit-il.

Aiichirô en dévoilait effectivement peu à son sujet, non pas car il était peu bavard (même si en soit, il y avait un peu de ça) mais tout simplement car c'était dans sa nature, et que Akio semblait combler les vides à la perfection. Pendant un instant, il donnait même l'impression qu'il était sur le point d'esquiver sa question, mais finalement il y répondit : « Pas grand chose non, c'est un peu la routine, tu sais ». Il ne comptait pas s'étaler davantage sur le sujet, car il se voyait mal aborder avec une gamine de 16 ans son côté de briseur de cœur malgré lui, ou bien même qu'il envisageait de faire ses débuts professionnels dans un sport aussi violent (bien qu'elle n'allait certainement pas s'en offusquer). En dehors de ça, sa vie était effectivement banale. « Tu m'en demandes vraiment pas une ? » demanda soudainement le jeune homme, surpris que la jeune fille n'essaye même pas de transgresser les règles en buvant de la bière, malgré son jeune âge. Ce n'était pas comme si Aiichirô allait chipoter à ce sujet, il semblait même plus surpris qu'elle s'abstienne plutôt de lui en demander une. En y repensant, il devait vraiment être un gosse fauteur de trouble.


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Si on lui avait dit un jour qu'il trainerait de temps à autre avec une gamine de 17 ans, Aiichirô en aurait certainement ri. En dehors de Sumire, il n'avait jamais surpasser des discussions de plus de 5 minutes avec des lycéennes, mais Akio devait très certainement faire aussi exception. Sa compagnie, bien qu'un peu envahissante parfois, n'était en rien dérangeante. « Etirer ton corps ? » répéta-t-il avec un amusement non feint. Il n'était pas gymnaste, alors certainement ne pouvait-il pas comprendre. Mais en repensant à ses propres entraînements, il se dit qu'il s'agissait sûrement d'une sensation qu'on ne souhaiterait jamais perdre. Il fut donc un peu surpris par cette phrase radicale qui avait ensuite quitter ses lèvres, et qui l'informait quant au fait qu'elle n'ait nullement l'intention de reprendre la gymnastique. Car il était beaucoup trop dans un objectif de détente ce soir, et qu'il ne souhaitait pas interférer dans quelque chose qui ne le concernait pas (et aussi car il considérait qu'elle était inévitablement trop jeune pour prendre ce genre de décision), il ne demanda aucune explication, préférant taquiner gentillement son petit côté rebelle. « T'as bien raison, c'est la réponse que je voulais entendre ». C'était tout à son honneur, pensa-t-il alors qu'il tapota affectueusement le haut de sa tête, comme le ferait un parent fier. Au fond, il était juste un peu surpris et amusé.

Le jeune homme continuait de savourer tranquillement sa boisson tandis qu'Akio s'activait devant lui. Une roue, rien que ça. Pourtant, elle n'avait rien des roues douteuses faites par des individus lambda qui finissaient bien souvent de côté. Non, celle ci avait été faite à la perfection et le conforta dans l'idée qu'elle finirait par recommencer la gymnastique, un jour ou l'autre. « Mh, je pense pas ». Il n'allait pas lui mentir. Il revenait rarement sur ses promesses, même si cela lui faisait parfois du mal ; c'était ça son problème. « Je le ferai uniquement si je me sens prêt à fournir les efforts nécessaires pour avoir le même niveau qu'avant ». S'il se sentait capable de se surpasser, même. Mais il ne souhaitait pas mettre trop de pression à Akio. Ce serait déjà bien qu'elle n'abandonne pas définitivement ce dont pour quoi elle est douée, même s'il ne l'avait jamais vu à l'oeuvre. « Tu parles de la gymnastique, hein ? ». Il en était tellement persuadé qu'il n'attendait pas véritablement de réponse à cette question. « Si t'as tellement envie d'en faire, te pose pas de question et fais le, Akio-chan ». Il haussa vaguement les épaules, comme si son raisonnement était une évidence. En quelque sorte, ça l'était, 17 ans n'était pas un âge où on devrait se poser autant de question.

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Le jeune étudiant était bien placé pour le savoir : pour avoir pratiquer plusieurs années les arts martiaux, des petites blessures avaient inévitablement croiser son parcours. Or, qui disait blessure, disait bien souvent repos et interdiction de pratiquer. Honnêtement, toutes les mises en garde ne l'avaient jamais empêché de s'entraîner de son côté, que cela soit raisonnable ou non. Il y avait certaines choses dont on ne pouvait aller à l'encontre, voilà comment il justifiait ce besoin de pratiquer, même lorsqu'il risquait de se mettre plus en danger qu'autre chose.

Lorsqu'il s'agissait de faire ce qu'il aimait, il ne se posait plus autant de question. C'est pour cela qu'à l'interrogation de la jeune fille, il se contenta d'un haussement d'épaule aux airs désinvolte. Il n'y avait qu'un moyen de le savoir : essayer. Il ne se disait même pas ça car il était d'un optimisme à toute épreuve, mais plus simplement par logique des choses. « Peut-être bien, qui sait ? En attendant, t'en seras pas plus en arrêtant ». Franc, comme à son habitude, il lui laissait le choix final.

Aiichirô était plutôt intrigué par la question qui suivit. Pas que ce ne soit surprenant d'avoir besoin de soutien durant une compétition, surtout au vue des circonstances, mais davantage car elle avait posé la question à lui. « Si tu veux, pourquoi pas ». Rien était sûr pour autant ; il pouvait toujours ne pas pouvoir se libérer ou bien ne pas en avoir envie tout simplement, mais sur l'instant, il n'avait pas vraiment l'impression de lui mentir, de construire un mensonge comme il le faisait parfois si bien. Il s'était juste dit que si elle avait besoin de cette réponse pour être motivée à reprendre, alors il pouvait bien faire un petit effort. « Est-ce que ça veut dire que tu penses sérieusement à reprendre ? ». Une fois de plus, la réponse lui paraissait plutôt évidente, ce qui lui fit esquisser un petit sourire satisfait. Tout comme il l'avait fait en la voyant s'exercer le plus naturellement du monde devant lui. « J'espère que tu sais faire plus que des roues et des poiriers, sinon je serai vraiment déçu » la provoqua-t-il gentillement.

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