Tenue † J’étais remontée. Y’a pas à dire. Emon avait littéralement disparu, il s’était… Volatilisé. Et il n’y vait qu’une réponse possible à cette pseudo disparition. Encore. Une fois. C’était l’autre. Cette connasse de Coréenne. Je savais qu’il ne fallait pas faire confiance à une coréenne. C’est faux comme pas permis. J’allais la renvoyer dans son pays, elle ira cultiver le riz dans les champs boueux de son pays. Contractant la mâchoire, j’attendais que le bus arrive enfin à la Royal. Oh, je savais les études qu’elle faisait, ce n’était pas un souci pour la retrouver. En plus j’avais eu le loisir de les voir ensemble. Alors forcément, je connaissais sa tronche de poupée refaite à la coréenne. Je suis sûre que tout son corps entier est refait. Rien de naturel. Comme quatre-vingt-quinze pourcent des coréens sur cette planète ! Le bus s’arrêtant enfin, je descendais, telle un ogre faisant trembler le trottoir. La moche, à nous ! M’avançant j’entrais dans l’université, pour me diriger tout droit vers sa section. J’allais en faire de la bouillie sur patte. Oh, ça, elle pouvait être sûr que j’allais lui arracher ses faux cheveux et lui enlever la tonne de maquillage qu’elle a sur le visage. Ewww. Pourvu que mes doigts ne pourrissent pas après l’avoir touché ? Je soufflais sur mes mains avant de les frotter. Allez, un peu de courage, je me frotterai trois fois sous la douche ce soir. Finissant par arriver je la cherchais du regard. Quitte à devoir la chercher pendant des heures, je m’en fichais. Je devais la trouver. Et je ne comptais pas abandonner, ni même me cacher. Et c’est au bout de plusieurs minutes voir heures, que je la vis enfin. On dirait vraiment une garce. Mais regardez-moi cette démarche. Je m’approchais d’elle en faisant craquer ma mâchoire. « Hé, la salope là, retourne-toi. » Crachai-je assez fort pour qu’elle m’entende. Rien à foutre qu’on nous regarde. « Je savais que ta venue chez nous serait un massacre. Par ta faute Emon s’est barré. Déjà que tu t’incrustes dans la vie des gens en plus tu le fais fuir. Espèce de sale pute. » La gifle parti toute seule. J’ai jamais été tendre, j’allais pas le devenir avec elle.

Tenue ♔ C’était la cinquième fois qu’elle regardait son téléphone en moins d’une demi-heure. Elle était inquiète. Celui qui avait inventé le proverbe « pas de nouvelles, bonnes nouvelles » était un sombre idiot. Cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas eu de contact avec Emon, trop longtemps, au point de recevoir un appel inquiet de ses parents, chacun de leur côté. Elle avait même pu entendre la traînée de son père geindre en fond à cause des douleurs causées par sa grossesse. Au pire elle n’avait qu’à pas tomber enceinte et on en parlait plus ? Ce n’était pas son jour, elle était à la fois anxieuse, inquiète et sous pression, elle participait à peine à la conversation avec ses amies. Enfin, amies, les filles qui traînaient avec elle par intérêt, parce qu’elle était belle, riche et membre du conseil, elle ne se leurrait pas. Mais elle appréciait cette impression d’être le centre de l’attention parfois, simplement, pas ce jour. Et aux préoccupations de ses camarades, elle expliquait juste qu’elle avait beaucoup travaillé et donc pas beaucoup dormi, l’occasion de recevoir des louanges écœurantes sur ses prestations prodigieuses à l’école. Elle n’avait qu’une hâte, retourner rapidement en classe et avoir la paix. Ses pas s’arrêtèrent net à l’interpellation qu’on lui faisait. Elle n’était peut-être pas au top de sa forme mais elle était toujours réactive face au conflit. Hye Ni fit volte-face et jaugea son interlocutrice, sourcils froncés. Oh. Si ce n’était pas une heureuse coïncidence. Parfait, elle avait besoin d’un punching-ball, cette garce ferait l’affaire. Elle n’eut même pas le temps de répliquer à l’insulte qu’elle se prit une gifle monstrueuse en pleine face, qui lui fit tourner la tête de force. Malgré son maquillage, on décelait clairement la marque rouge du coup sur sa joue. La coréenne redressa la tête, leva le menton, aucunement déroutée par le geste de sa vis-à-vis. Elle avait en avait vu d’autres aux Etats-Unis. Agacée, elle fit claquer sa langue contre son palais, se contenant du mieux qu’elle pouvait. « Tiens donc. Si ce n’est pas la salope du Laos qui vient chercher des ennuis. C’est toi qui viens t’incruster dans ce qui ne te regarde pas. Retourne changer des couches, ça doit être ce que tu sais faire de mieux. », lâcha-t-elle avec un sourire mauvais. Elle savait tout, enfin suffisamment pour savoir qui était cette fille devant elle. Elle avait creusé et usé des ressources familiales pour débusquer cette rivale indésirable. Sakura qu’elle s’appelait, si c’était son vrai nom, elle avait repris les cours récemment après une interruption due à une grossesse mystérieuse. Et elle était bien trop proche d’Emon évidemment. Hye Ni fit un pas vers la demoiselle, un air carnassier au visage qu’elle ne montrait que très rarement, quand on marchait sur ses plates-bandes en l'occurrence. « Franchement, si une de nous deux l’a fait fuir, c’est toi ma pauvre. You’re such an embarrassment you know. Il s’est barré parce qu’il a flippé de devenir père prématurément en t’approchant. ». Ce n’était beau non, peut-être le regretterait-elle mais elle n’était pas d’humeur. Elle fit mine de faire demi-tour avant de revenir de plus belle vers Sakura et de lui administrer à son tour une gifle digne de ce nom, quitte à lui faire choper un torticolis. Peu importait le cours, elle était prête à en découdre pour de bon.

Tenue † LE simple fait de la voir m’agaçait au plus haut point. Il y a des gens, c’est physique, je ne peux pas les voir. Et elle, clairement non, je ne peux pas. Elle avait tout ruiné. Elle a tout ruiné de ma vie, à cause d’elle, j’ai à nouveau perdu Emon. Elle me l’avait enlevé déjà l’année dernière, et voilà qu’à présent, il avait à nouveau disparu. Et c’était sa faute. Il ne voulait pas d’elle, je le savais il me l’avait dit. Et ça, elle ne me fera pas croire le contraire. Cette sale garce. « Tiens donc. Si ce n’est pas la salope du Laos qui vient chercher des ennuis. C’est toi qui viens t’incruster dans ce qui ne te regarde pas. Retourne changer des couches, ça doit être ce que tu sais faire de mieux. » La garce, si elle croyait pouvoir m’atteindre, en me sortant ce genre de chose, elle se trompait allègrement. Ce n’était pas le cas. Elle ne savait rien de ma vie, absolument rien. Et j’étais plus que dégoutée, de voir qu’Emon lui avait raconté ma vie, il n’avait pas le droit de lui avoir tout raconté. Il n’aurait pas dû. « Franchement, si une de nous deux l’a fait fuir, c’est toi ma pauvre. You’re such an embarrassment you know. Il s’est barré parce qu’il a flippé de devenir père prématurément en t’approchant. » Ma mâchoire se contracta sur cette phrase. Elle ne savait vraiment rien, comment pouvait-elle dire ça. J’avais envie de la tuer. Pour autant, la gifle se fit sentir. Ok. Egalité partout. Si elle voulait jouer à ça, on allait jouer à ça, mais il est clair qu’elle allait perdre pour le coup. Je ne comptais pas me laisser faire, encore moins par une coréenne. « Qu’est-ce que tu sais de moi ? De nous ? Rien. Tu parles, sans même savoir. Tu t’immisces dans la vie des gens, de force et tu fais ta belle, tu ne vaux rien. Tu ne sais que voler les mecs des autres, c’est ce qu’on appelle une sale pute. » Crachai-je en attrapant le café d’une personne qui passait par là pour le lui jeter en pleine tronche. Froid ou brulant, je m’en foutais. « Ça te fait quoi de te mettre dans une relation sans amour ? Dans tous les cas, il est clair qu’il t’aurait trompé. Tu n’étais rien pour lui, il m’aimait, et me préférait allègrement. » Et ça c’était un fait. J’ai tout de même grandi avec lui. Je le connais sur le bout des doigts.

Tenue ♔ Cela faisait des jours que Hye Ni s’imaginait cette confrontation, elle en avait même rêvé. Combien de fois avait-elle voulu faire enfin face à cette garce, cette traînée qui avait osé tourner autour de son fiancé ? Elle ne les comptait plus. Depuis qu’elle avait suivi les conseils de Setsuna, qu’elle avait fait enquêter sur cette fille, elle n’avait eu de cesse que de vouloir l’étrangler, l’humilier, la dévaster. Lui rendre la monnaie de sa pièce en somme, parce qu’en se rapprochant d’Emon, elle l’avait terriblement blessée, plus qu’elle ne l’imaginait et plus que la coréenne ne l’avouerait. Elle ne l’avouerait pas du tout d’ailleurs, non, Hye Ni faisait partie du conseil des élèves, elle était forte et digne, il faudrait plus qu’une sale petite laotienne pour la déstabiliser. Du moins en apparence. Au fond d’elle, elle bouillonnait, elle était déchirée mais elle ne pouvait pas se permettre de perdre ses nerfs, pas complètement. Elle s’était autorisée de lui rendre sa gifle, sèchement, c’était déjà ça, on ne lui en voudrait pas. Elle avait l’avantage d’une audience en sa faveur, mais c’étaient aussi des regards attentifs quant au moindre faux pas qu’elle pouvait commettre. La vengeance ne devait pas se transformer en harcèlement collectif, elle en perdrait toute crédibilité. Elle ne cessait de dévisager son ennemie, avec mépris et dégoût. Comment Emon avait-il pu s’enticher d’un tel débris ? Comment avait-il pu la lui préférer ? Il devait y avoir une explication qu’elle ne saisissait pas, sans doute un passe-temps pour s’amuser, voilà, quelque chose comme ça. Certainement pas ce qu’affirmait cette connasse. « Erreur. C’est toi la voleuse. C’est moi qui ai la bague, c’est toi l’intruse. Visiblement, il t’a parlé de moi mais étrangement, il ne m’a jamais parlé de toi. Tu ne devais pas être si importante… », répliqua l’étudiante avec dédain et désinvolture. Cela ne fut pas sans réponse puisqu’elle se prit le contenu d’un gobelet à la figure, du café chaud, forcément. Elle avait cette désagréable impression d’être la dame marieuse à laquelle Mulan avait balancé la théière pleine et ça n’était pas franchement plaisant. Le karma. Heureusement, elle avait du maquillage waterproof, ce n’était si dramatique, mais elle avait crié sous le coup de la surprise, et de la boisson chaude entrée au contact avec sa peau, désormais écarlate. Une des amies de Hye Ni s’empressa d’éponger les dégâts avec un mouchoir, tandis qu’elle serrait les dents, à l’entente des nouvelles accusations de Sakura. Rester calme, surtout. Et puis non. D’un geste de la main, elle écarta la fille venue l’aider, s’approcha de son ennemie et l’attrapa sans ménagement par les cheveux, pour aller lui claquer la tête contre le mur le plus proche. Adieu self-control, bonjour pétage de câble. « Il ne m’aurait jamais fait ça ! Si tu connais si bien Emon, tu sais qu’il ne ferait pas ça ! Il n’en avait rien à faire de toi ! Il voulait juste savoir si tu étais aussi une sale pute comme ta mère ! C’est bien comme ça que vous êtes arrivées ici, non ?! », hurla-t-elle, son corps commençant à trembler sous le coup de la colère. Comment avait-il pu témoigner un semblant d’intérêt pour cette fille ? Ce n’était qu’une moins que rien ramenée sous son toit par son père, que pouvait-il lui trouver ? D’un geste brusque, elle balança la tête de Sakura en arrière, tirant sur ses cheveux de toutes ses forces. Adieu le respect. « On t’a peut-être bien traitée jusqu’ici, par pitié ou bienfaisance, mais here’s the truth : you’re nothing. », cracha-t-elle en repoussant sa victime d’un mouvement sec, l’envoyant quelques mètres plus loin. Hye Ni confia son sac à un membre de l’assemblée, le regard sombre. L’affrontement promettait d’être long, et surtout violent.

Tenue † « Erreur. C’est toi la voleuse. C’est moi qui ai la bague, c’est toi l’intruse. Visiblement, il t’a parlé de moi mais étrangement, il ne m’a jamais parlé de toi. Tu ne devais pas être si importante… » L’intruse, la voleuse et j’en passe. Cette fille, ne manquait vraiment pas de toupet, comment osait-elle pouvoir sortir ça, alors qu’elle s’incrustait de façon forcée dans la vie des gens ? Emon n’a jamais voulu d’elle, de ces fiançailles forcée… Elle est complètement aveuglée. Une vraie pute. Comme dans les dramas Coréen. Le second rôle, qui perd sa dignité, tout ça par amour. Pauvre fille. Elle n’ira pas loin dans la vie. « Normal, il ne voulait qu’une chose se débarrasser de toi. Pourquoi parler de ce qui est précieux, à une meuf qu’on n’aime pas ? Tu ne vaux rien à ses yeux. » Et ça je le savais parfaitement, au vu du nombre de fois, ou nous en avions parlé, car il ne voulait pas d’elle dans sa vie… Il ne voulait même pas l’épouser. Maintenant si ce con avait joué double face… Mais j’en doutais, ce n’était pas le style d’Emon de faire ça… Et ça m’agaçait. Elle m’énervait tellement, que je pourrais la jeter dans la fosse aux lions, sans aucune hésitation. Mais avant même que je ne puisse répliquer quoi que ce soit, elle s’amusa à m’éclater la tronche contre un mur. Si elle croit que c’est ce qui va me faire arrêter, elle se trompe lourdement. Cette pétasse ne faisait qu’envenimer son cas. « Il ne m’aurait jamais fait ça ! Si tu connais si bien Emon, tu sais qu’il ne ferait pas ça ! Il n’en avait rien à faire de toi ! Il voulait juste savoir si tu étais aussi une sale pute comme ta mère ! C’est bien comme ça que vous êtes arrivées ici, non ?! On t’a peut-être bien traitée jusqu’ici, par pitié ou bienfaisance, mais here’s the truth : you’re nothing. » Je me fichais des coups qu’elle pouvait me donner, mais s’il y a bien une chose qu’on ne devait pas toucher, c’était ma mère. Libérée de son emprise, j’essuyais le sang qui coulait sur mon front avant de la regarder et rire. « Qu’est-ce que tu sais de ma mère sale pute ? Moi au moins mes parents ne m’ont pas vendu pour un mariage. C’est ta mère la sale pute. Tout ça pour du fric hein. » Je la regardais avant de souffler fortement. « S’il y a bien quelque chose à laquelle tu dois pas toucher c’est la famille. Mais une chienne de coréenne comme toi, ça n’a aucune éducation. » Sans attendre, je me jetais sur elle pour la plaquer au sol. Rien à foutre. Mains sur son cou, je l’étranglais sans aucune impunité tout en lui fracassant le crâne contre le sol. « Tu sais rien de ma vie, qu’est-ce que tu juges ! C’est toi qui n’es rien. Vendue pour de l’argent, tu vaux rien du tout ! C’est toi la trainée ! »[/Color] Je la lâchais avant de lui coller un coup de poing. Me relevant, je lui crachais en plein visage avant de regarder, la personne à qui elle avait confié son sac. M’approchant, je lui volais le sac, avant de me tourner vers cette pétasse. Sans un mot, je m’approchais pour lui donner un coup de sac en pleine tronche. Qu’elle crève. Rien à foutre !

Tenue ♔ On n’avait jamais vu la Coréenne se mettre dans un tel état, encore moins pour des embrouilles entre filles, qui paraissaient aisément puérile d’un point de vue extérieur. Jamais elle n’avait perdu son sang-froid, pas à ce point, elle avait toujours préféré le sarcasme et le mépris à la violence. Mais cette fois, c’était différent, il était question d’Emon, de son départ plus qu’étrange et soudain, un départ qu’elle n’expliquait et dont elle ne se voyait surtout pas être la cause, peu importait ce qu’affirmait sa rivale. Au fond, peut-être ne saurait-elle jamais pourquoi il était parti sans rien dire, à elle comme à l’autre, alors que toutes deux semblaient persuadées avoir son affection, sinon pourquoi se renverraient-elles ainsi la pierre ? Il était vrai qu’elle ne connaissait pas Sakura, qu’elle ne savait rien de sa vie et qu’elle n’avait pas aucun droit de lui faire des réflexions ou de jouer les donneuses de leçons. Alors ça n’avait peut-être aucun sens, mais Hye Ni voyait là une occasion en or pour se défouler, pour évacuer sa rage, quand bien même un esprit rationnel aurait fait remarquer que ce n’était pas contre la Laotienne qu’elle devait s’énerver, mais bien contre le grand absent à l’origine de leur affrontement. « Il m’appréciait, suffisamment pour se confier à moi sur ses problèmes familiaux. Non, tu n’étais simplement pas digne de faire partie de la conversation », rétorqua-t-elle sèchement, folle de rage. Ça ne pouvait être que cela, jamais elle ne lui avait donné de raison qu’il lui cache quoi que ce soit, c’était pourquoi elle avait été si choquée en apprenant l’existence de Sakura et la nature de leur relation. Enfin, un aspect de cette dernière car cela restait bien flou pour l’étudiante, encore à ce jour. Cela suffisait néanmoins pour qu’elle lui claque la tête contre le mur sans autre forme de procès, un geste qu’elle-même n’avait pas vu venir. Mais son adversaire n’entendait pas se laisser faire et dès que Hye Ni eut lâché sa prise, elle revint à la charge de plus belle. Elle n’eut même pas le temps de répliquer à ses nouvelles injures qu’elle se retrouva plaquée au sol, luttant pour ne pas finir asphyxiée. Elle comprenait mieux désormais pourquoi autant d’étudiants se faisaient harceler en toute impunité, aucun autour d’elles ne bougeait, pas plus que tout à l’heure. Ce n’était rien de plus qu’un spectacle pour eux et nul doute qu’elle en entendrait parler pendant plusieurs semaines tout du moins. Elle se prit le poing de plein fouet et eut tout juste le temps de reprendre son souffle – et de s’essuyer le visage de l’immonde crachat qu’elle avait reçu – qu’elle se prit son propre sac en plein visage. Trop c’était trop. Seule à pouvoir se défendre, Hye Ni réussit à donner un coup de pied bien placé dans le tibia de son assaillante pour lui faire perdre l’équilibre, se relever, saisir son sac et la frapper au ventre avec de plein fouet. Sa respiration était saccadée, elle tenait à peine sur ses jambes et ses cheveux n’étaient plus qu’un amas désordonné où un peu de sang coulait, comme Sakura. Elles étaient belles maintenant. « Tu ne sais rien non plus, souffla-t-elle péniblement, je n’ai peut-être pas eu mon mot à dire mais crois-bien que si je l’avais voulu, j’aurais pu y échapper. Mais non, parce que je tiens à lui. Pas parce que c’est un héritier de renom qui peut m’héberger par charité ou qui peut me permettre de finir autrement que sur le trottoir. Non, parce que je l’estime et qu’il mérite beaucoup mieux, oui beaucoup mieux qu’une sale traînée qui profite de lui ! ». Elle s’était mise à essayer de lui donner des coups avec son sac, de façon grotesque et pas du tout calculée, si bien que la majorité des coups partaient dans le vide. Elle n’avait plus la force de lutter, elle le savait mais elle ne renoncerait pas, jamais. « Pourquoi toi ? Qu’est-ce qu’il a bien pu voir pour t’accord ne serait-ce qu’un peu d’importance ? Tu viens, tu insultes et tu détruis tout. Je ne peux pas croire qu’il ait tenu à toi une seule seconde ! ». Les larmes étaient venues toutes seules mais Hye Ni ne comptait pas faire dans la tendresse pour autant. Elle se résigna à lâcher le sac sur le côté, essuya brièvement son visage à moitié défiguré et se mit à asséner plusieurs coups de poing à Sakura, alternant entre son visage, ses épaules, son ventre, se prenant même à lui donner des coups de pied par moments. Personne ne savait dire quand cela se terminerait, si cela terminait un jour.

Tenue † « Il m’appréciait, suffisamment pour se confier à moi sur ses problèmes familiaux. Non, tu n’étais simplement pas digne de faire partie de la conversation » Je pouffais doucement. Je connaissais ses soucis familiaux par cœur. De quel droit pouvait-elle se permettre de dire ça ? Il m’avait toujours tout dit. Même s’il ne m’avait pas prévenu pour elle, et ce mariage de merde, on avait fini par en discuter et trouver un pseudo terrain d’entente. Mais ça, elle ne le savait pas et j’étais prête à parier, que s’il ne lui avait pas parlé de moi, c’est tout simplement parce qu’il n’avait pas à lui parler de moi. Pourquoi lui parlerait-il de la femme qu’il aime ? Alors qu’elle est sa soit disant fiancé ? C’est tout simplement logique. Mais elle était bien évidemment trop stupide pour le comprendre. Pas grave, j’allais le lui faire comprendre en la tabassant. Je n’avais pas peur. Jamais et ce n’est pas maintenant que ça va commencer, bien au contraire. Elle pouvait me frapper autant qu’elle le voulait, ça ne me ferait pas revenir en arrière, ou fuir. Je n’allais pas lever le drapeau blanc, bien au contraire. Je pouvais finir à l’hôpital, pas de souci. J’étais d’accord ça, elle finirait à la morgue par contre. « Tu ne sais rien non plus, […] Non, parce que je l’estime et qu’il mérite beaucoup mieux, oui beaucoup mieux qu’une sale traînée qui profite de lui ! » Je le regardais avant de m’essuyer la lèvre en soupirant longuement. Je me fichais de ce à quoi je pouvais ressembler, ça n’avait pas vraiment d’importance. « Si j’avais profité de lui, j’aurai dépensé tout son fric. Pourtant, il n’a jamais déboursé un centimes pour moi. Tu ne sais strictement rien. T’es pathétique. » Elle essayait de se justifier, mais si l’une de nous est bien ignorante, c’est elle pour le coup. Et ça se voit clairement. Emon n’aurait jamais dit quoi que ce soit de mal envers moi. J’étais essoufflée, de me battre, mais plus je la fixais, et plus j’avais envie de l’étriper. Donc fallait remédier à tout ça et vite. « Pourquoi toi ? Qu’est-ce qu’il a bien pu voir pour t’accord ne serait-ce qu’un peu d’importance ? Tu viens, tu insultes et tu détruis tout. Je ne peux pas croire qu’il ait tenu à toi une seule seconde ! » J’explosais de rire à cette révélation. C’est justement ce côté-là de moi qu’il adorait. Et puis, j’étais bien différente avec lui. Elle ne pourra jamais savoir. Jamais. Ça ne la regardait pas. Elle n’avait pas le droit de savoir. « T’es curieuse hein ? Tu ne sauras pas. Ca ne te regarde même pas. Comme tu ne connaitras jamais autant Emon que moi. » Que ça lui foute les boules tiens. Cette pétasse méritait de rager pour le coup. Elle n’aura jamais Emon. Pour autant, cette garce n’abandonna pas, m’assaillant de coup de poings. Finissant par me défaire de son emprise je lui donnais un coup de pied dans le ventre pour la faire reculer. Mine de rien, j’avais mal, mais je ne laisserai rien montrer. Qu’elle chiale. Moi, je ne chialerai pas devant sa gueule de pouffiasse. Essuyant la sueur sur mon front, je vis au loin, des surveillants arriver en courant. Je souris longuement avant de ramasser mes affaires. « C’est que partie remise pétasse. J’espère que tu crèveras dans d’atroce souffrance. » Sans attendre, je pris la fuite. Hors de question, que je finisse au poste de police à cause d’elle.

Tenue ♔ Elle le combattait de toutes ses forces, cet horrible sentiment d’être dépassée par la situation. Pourtant, elle pensait arriver avec un avantage, elle pensait que connaître les grandes lignes de l’identité de cette fille suffirait à la briser. Or, il n’en était rien et celle qui suffoquait le plus entre les deux au final, c’était Hye Ni. Elle le cachait comme elle pouvait, aux yeux de son audience qu’elle ne pouvait pas décevoir, mais au fond d’elle, elle agonisait doucement. Plus elle l’écoutait, plus elle avait l’impression que Sakura en savait bien plus sur son fiancé qu’elle, et c’était frustrant et agaçant à la fois. Pourquoi Emon avait-il choisi cette connasse pour se confier ? Pourquoi avait-il décidé de partager son temps avec elle plutôt qu’avec la Coréenne ? Qu’avait-elle de si spécial ? Elle ne comprenait, pire encore, elle ne saisissait pas pourquoi il ne lui avait rien dit. Elle se sentait trahie. Mais elle était incapable de retourner sa colère contre lui, alors forcément, ça ne laissait qu’une seule personne pour porter la faute. Elle refusait de la croire, bien sûr qu’elle n’affirmerait pas qu’elle avait profité de lui, évidemment qu’elle nierait avoir accepté quoi que ce soit de sa part. C’était plus simple de s’imaginer le schéma de la mère de cette fille se répéter, plutôt que songer ne serait-ce qu’une seconde qu’il y ait eu de l’affection sincère entre elle et son fiancé. Ce n’était simplement pas imaginable. Elle la ferait taire à coup de poings, voilà tout. Cependant, elle faiblissait aussi sur ce point, ses attaques n’étaient plus des mouvement fantômes qui s’évanouissaient presque aussi vite qu’ils étaient apparus. « Évidemment que ça me regarde ! C’est mon fiancé. Mon avenir que tu menaces. Tu ne peux pas comprendre, tu n’en as aucun devant toi. », martela-t-elle, dents serrées. Elle esquissa une grimace suite au nouveau coup qu’on lui porta, avant d’arquer un sourcil en voyant son assaillante prendre la fuite. Les surveillants. Parfait, toujours là quand on n’avait pas besoin d’eux. Hye Ni fit des allers-retours visuels entre ces derniers et la Laotienne qui prenait la fuite, avant de ramasser son sac et de suivre ses pas. Tant pis pour le cours, elle sècherait et rattraperait, ce n’était rien en comparaison. Malgré son souffle haletant, elle réussit à rattraper Sakura et la saisit par l’épaule. « On t’a jamais dit que c’était malpoli et lâche de partir sans rien dire ?, lâcha-t-elle sèchement, avec un ricanement essoufflé, je n’ai pas terminé, je peux pas te laisser partir comme ça. On a des comptes à régler. ». Sans attendre de réponse de sa part, elle lui saisit le bras et l’entraîna dans les toilettes des filles sans ménagement. Elles y seraient plus tranquilles et leur échange ressemblerait moins à un spectacle de foire. Hye Ni aperçut son visage dans le miroir et eut un haut le cœur. Elle avait une mine affligeante. Replaçant ses cheveux comme elle pouvait, elle se plaça dos à un mur, bras croisés, l’air toujours aussi remonté. « Tu n’as pas de ses nouvelles non plus hein ? Je me fiche de savoir ou de comprendre ce qu’il y a entre vous. Ou ce que tu crois qu’il y a. Il est engagé auprès de moi, et ça, tu ne peux pas le changer. Même pas en me frappant à me briser les os. ». C’était un fait. Quand bien même Hye Ni aurait concédé à renoncer à ses fiançailles, elle n’avait aucun pouvoir sur celles-ci. Cela dépendait d’enjeux bien plus grands, que cette fille ne pouvait assurément pas comprendre.