TENUE ▬ On aura le temps d’en parler plus tard, de toute façon j’ai au moins conscience qu’il faut qu’on le fasse, mais pas maintenant. Pour l’instant on est plutôt occupé à nous détendre et moi à vouloir absolument lui remonter le moral, car je sais que Loukas n’est pas aussi « bien » qu’il veut le montrer, je ne suis pas idiot, j’ai été à sa place bien plus souvent. Il me défit tout en sachant que je vais gagner, mais ce n’est pas ce qui va m’arrêter pour autant et Loukas le sait très bien. Enfin autant que je sais qu’il est du genre à tricher, ce n’est pas comme s’il ne le faisait pas à chaque fois et pourtant il arrive encore à m’avoir, dommage que je puisse rattraper mon retard avec cette petite avance que je lui laisse ou plutôt qu’il prend à mais dépend. Je gagne de toute façon, un capitaine ça montre l’exemple ! Keke. Mais je me venge tout de même de son petit coup bas en le coulant rapidement et le gardant prisonnier entre mes longues jambes musclées. Je ne confirme pas qu’il va mieux, seulement il en donne l’impression, je souris quand il m’en donne le mérite, secouant doucement la tête. Lent ? « Et ta connerie. » Crachais-je, non mais ! « Je me dis que tu mérites un peu d’avance, sinon ce n’est pas fairplay. » Me moquais-je à mon tour. Plus il tente de me convaincre et moins je le crois, en réalité je n’ai pas besoin qu’il me le dise, il devrait prendre conscience que je le connais au moins aussi bien qu’il me connaît et l’avoir vu abattu à ce point, pleurer ainsi, je ne crois pas qu’il puisse aller mieux si vite. Je ne lui ai même pas demandé ce qu’il c’était passé, surement parce que c’est encore « frais » et que j’attends qu’il m’en parle de lui-même, tout ce que je sais c’est que ça concerne sa mère. Soudainement je cogne mon front contre le sien sans douceur, comme pour bien lui faire entrer dans le crâne ce que je m’apprête à dire. « Tu n’as pas à sauver la face devant moi. N’oublie pas qui je suis. » Son petit ami et par conséquent je compte bien partager ses douleurs avec lui et ne pas le laisser seul. « T’es vraiment un idiot. Heureusement que j’aime ton sourire sinon ça fait longtemps que je te l’aurais fait ravaler à te cacher toujours derrière. » Je lui tire la langue et le libère de mon « piège », même si je préfère un million de fois le voir sourire que pleurer, il a le droit de craquer, il l’a fait ce soir, mais j’ai l’impression qu’il veut « effacer » ça, je ne suis pas convaincu que ce soit la meilleure solution, quand je vais mal je pleure, quand je suis jaloux je râle, j’ai trop d’expression et de différents changements d’humeur à côté de lui.

TENUE ▬ ça m'amuse toujours autant de prendre quelques secondes d'avance dans la course, surtout contre mon petit ami de dauphin. Il nage vite, je sais qu'il va me rattraper en moins de temps qu'il ne faut pour dire « ouf ». La preuve, il me passe devant et touche l'autre côté bien avant moi, et cela en crânant comme un beau gosse. C'est autant un cas désespéré que moi, c'est bien pour cela que s'entend à merveille. Il me réprimande à sa manière, me coule puis me colle. Difficile à suivre, entre avoir la tête sous l'eau ou bloqué dans ses bras. London ne lâche pas, m'accusant de tricherie tandis que je le traite de lent. « Elle va très bien. » Ma connerie. Genre, j'ai besoin d'avance pour qu'il ait bonne conscience. « La prochaine fois, je ferais semblant d'avoir une crampe pour t'empêcher de gagner. » M'offusquais-je, comme s'il allait revenir en arrière pour me sauver la vie. London ne me laissera jamais me noyer suite à une crampe, que ce soit pour de vrai ou pour de faux. Quand il m'interroge, je réponds positivement. Du moins, je cherche à me convaincre moi-même que ça va mieux, grâce à lui. Sauf qu'il me cogne le front, m'arrachant une plainte mi-surprise, mi-douloureuse. Sauver la face ? Qu'est-ce qu'il raconte encore ? Je ris à sa remarque, sans trop comprendre où il veut en venir dans l'immédiat. Ah, il veut dire que je me cache derrière ce sourire et ce visage joyeux ? Je comprends mieux son « sauver la face » et cela m'afflige malgré moi. Que veut-il que je fasse alors ? Pleurer ? Crier ? Taper ? Je regarde mon reflet dans l'eau une fois qu'il m'a lâché et souffle. « Tu as raison, ça ne va pas si bien que je voudrais le faire croire... Je suis bien avec toi, mais je sais dès que je serais seul, ça ne sera plus le cas. » Avouais-je, pour ne plus me cacher derrière des bonnes paroles et des sourires idiots. Nageant vers le bord, je me hisse sans difficulté et m'assois, les jambes dans l'eau. « Ma mère n'est pas venu jusqu'ici pour me voir. » Je pense que j'ai suffisamment évacué ma colère et ma peine pour en parler avec lui. J'attends simplement qu'il se rapproche pour continuer, histoire de l'avoir à portée de main et des yeux. « Je ne sais pas quoi penser de tout ça ... Ni qui a tord ou qui a raison dans l'histoire. »

TENUE ▬ De toute manière on est toujours entrain de s’amuser et de se chercher, ça ne changera pas avec le temps je crois. Loukas tentera toujours de me battre ou en tout cas de me lancer des défis et moi de les relever, on se taquine sans arrêt et c’est justement ça qui montre à quel point on s’entend bien. « J’avais remarqué ! » Ronchonnais-je, je ne laisse pas le dernier mot, mais niveau connerie il est certain qu’il marque des points. « Dans ce cas-là tu ne gagneras pas non plus. » J’aimais jouer avec Loukas, s’il venait à avoir une crampe ou autres je me foutrais totalement de la victoire, même s’il fait semblant je ne prendrais jamais le risque... Il en ferait autant de son côté, pour ma part même si je déteste me faire avoir, je préfère me venger ensuite que regretter de pas avoir agi comme il fallait. Cependant, je remets un peu le sujet « délicat » sur le plateau en parlant de son humeur, je connais mon petit ami et je peux voir derrière ses sourires, je peux imaginer comment il se sent, pleurer fait du bien, mais ça ne guérit pas instantanément, il a beau s’amuser avec moi, on a beau rire, au fond il est toujours torturé et blessé, même si j’ignore pourquoi j’en suis sûr. Le lâchant après avoir dit ce que je voulais, il finit par confirmer, j’aurais préféré avoir tort, mais je savais que ce n’était pas le cas. Je le regarde sortir pour s’asseoir sur le bord, avançant en écoutant ce qu’il raconte, ce n’est qu’une fois qu’il a terminé que j’attrape ses jambes dans l’eau et me colle à lui en ayant juste la tête levée pour que nos regards se rencontrent. « Je ne comptais pas te laisser seul. » S’il faut que je reste collé à lui jusqu’à ce qu’il affronte cette histoire ou aille mieux, alors je le ferais, jour et nuit ça m’est égal, au contraire. « C’est un peu vexant que tu me pense capable de te laisser ruminer dans ton coin. » Baragouinais-je avec une petite moue, toujours aussi taquin.  Je reprends mon sérieux en soufflant à mon tour, sortant de l’eau pour m’asseoir à côté de lui. « Une mère reste une mère, autant que tu restes son fils, seulement vous avez été séparé longtemps, donc j’imagine qu’elle pense à toi à sa façon. » Je ne sais pas si je peux vraiment le réconforter, vu ma relation avec mes parents... « Tu devrais lui dire ce que tu ressens, je risque pas d’être de bons conseils dans les histoires familiales, mais je sais que garder les choses en nous peut vite devenir étouffant. » Attrapant sa main pour entrelacer nos doigts. « Ne comptes pas sur moi pour jouer le rôle de ta mère, mais si t’es en manque d’amour je suis là. » Plaisantais-je. « Puis il y a ton père aussi. » Loukas n’est pas seul et il ne l’a jamais été, car quoiqu’il ait pu entendre, sa famille est géniale, son père et ses grands-parents sont formidables, peut-être qu’il a simplement besoin d’éclaircir la situation avec sa mère.

TENUE ▬ Si nous nous cherchons pas comme nous le faisons à l'instant, ce ne serait pas nous. Depuis que je connais London, depuis la première fois où je l'ai rencontré dans notre dortoir et qu'il m'a donné cette mauvaise image des Japonais -alors qu'il n'est pas totalement Japonais-, nous n'avons pas cessé de nous chamailler, de nous taquiner et de se lancer toute sorte de défi. Là encore, nous ne pouvons pas nous en empêcher, mais c'est justement cela qui me fait rire. « Je m'en fiche de gagner ou de perdre, ce n'est pas moi le champion du club. » Lançais-je d'un air taquin. J'aime bien le ralentir, lui mener la vie dure, rendre son parcours semé d’embûche. C'est London le champion, pas moi. Quand il me questionne, mon sourire revient. Il s'inquiète beaucoup, je le vois à sa manière de m'interroger, de me regarder, d'insister parfois. Pourtant, je vais mieux, c'est vrai. Je n'ai plus envie de pleurer ou de m'énerver, c'est comme si la tempête était déjà passé et qu'elle laissé place au calme, au silence. Même si cette dernière a sûrement fait des dégâts sur son passage. Sortant de l'eau, j'avoue finalement ce que je ressens, ce que j'en pense. Il n'a pas tord, ce n'est pas la forme. London se rapproche et se colle à moi, m'écoutant parler de ma mère. Je ne peux pas le garder pour moi, ni supporter l'idée de me renfermer et de jouer le mec qui va bien, à qui tout sourit. « Tu comptes m'accompagner aux toilettes ? » Plaisantais-je. Je pourrais ruminer à ce moment-là, à me questionner sur ma vie, même si ça ne dure que deux minutes. Je sais qu'il a raison, qu'une mère est une mère et que je reste son fils, mais ... Je ne sais pas. J'attendais sûrement beaucoup trop de sa part. Peut-être que me voir n'était pas suffisant pour faire le voyage ? Peut-être que son problème d'argent est une excuse pour partir si loin de chez elle ? Comment savoir. Sa remarque me fit rire, comme si il pouvait être ma mère. « Parle pas d'horreur, non merci. » Par contre, je veux bien qu'il reste avec moi. Mon père. Oui, exact. Mon père est toujours là, il m'a apporté bien plus que je n'aurais pu souhaiter. « Merci London. Je sais ce qu'il me reste à faire maintenant. » Même si ça me tue de l'avouer, je dois parler avec ma mère, mettre carte sur table et vider mon sac. Après tout, j'ai surpris des brides, et on m'a toujours dit que c'était mal d'écouter aux portes. J'ai dû surprendre un mauvais passage, mais ne pas connaître la suite. Je ne peux pas rester sur une mauvaise impression ou sur ce que j'ai entendu en douce. « J'irai lui parler. Et si elle est vraiment venu jusqu'ici pour une seule raison ... Bah, j'sais pas. » Je verrais à cet instant-là.

TENUE ▬ Il marquait un point encore une fois, mais ce n’est pas parce que je suis le champion et capitaine du club que je n’accepterai pas de perdre face à lui, bien sûr ma fierté en prendrait un coup si cela arrivait, mais Loukas a réussi à me faire avoir une vision différente du sport et de la compétition. Avant je ne vivais que pour ça, vraiment que pour ça... Alors forcément je mettais tout en œuvre dedans, le moindre faux pas et je me mettais en colère, aujourd’hui encore je suis toujours aussi stricte et sérieux dans l’entrainement du club, mais j’ai légèrement levé le pied. Je m’accorde des vacances, je me mets moins la pression inutilement et m’amuse dans l’eau plus que de raison. « tu devrais être plus ambitieux » dis-je avec une petite moue. Par la suite il finit par me parler de l’histoire avec sa mère après que je lui ai fait comprendre que je savais parfaitement que ça n’allait pas autant qu’il voulait le faire croire ou encore qu’il n’était pas obligé de forcer, de toute façon je suis là et je compte le rester. « Si je dois en arriver là pourquoi pas ? » Le pire c’est que je l’avais dit sérieusement. « Tu prends ton tel et je te parle aux toilettes sinon ! » Genre l’idée du siècle, mais il y avait toujours des solutions et puis bon, je ne pouvais pas coucher avec lui, je voulais au moins faire tout ce que je pouvais et qui m’était accessible en dehors de ça, parce que j’en avais envie et parce que je me sentais important pour lui, il m’arrive encore de douter même si notre relation est sérieuse aujourd’hui. Je ris avec lui suite à ma remarque, je préférais être clair sur le sujet haha. « Tu vas faire quoi alors ? » Vu que j’ai pu l’éclairer j’aimerais savoir ce qu’il en est. Je souris, fier qu’il prenne cette décision, il ne doit pas le regretter et la laisser partir sans obtenir des réponses. « Tu pourras toujours compter sur moi. » Si elle le blesse de nouveau je serais là, encore et encore. « Mais je suis sûr que tu te trompes, même si elle est venu pour une raison différente, je suis sûre qu’elle voulait te voir aussi. » Je le rassure, je n’imagine pas d’autres réponses. Même moi avec mes parents, bien qu’on ne soit pas « proche » ça reste mes parents, faut garder en tête qu’ils pensent à nous, à leur manière c’est certain, mais malgré ce qu’à faire mon père ou la mésentente actuelle, je ne peux pas les détester. « On rentre ? » Hors de l’eau il ne fait pas si chaud.

TENUE ▬ Le club devait être bien triste avant mon arrivée, ou avant que le capitaine et moi se mettent en couple. London a toujours prit l'entraînement au sérieux, mais je n'ai jamais été un gars sérieux. Du coup, je ne me donnais pas à fond dans une discipline que je savais peu importante pour ma vie, ma carrière, mon avenir. Il vit pour ça, pour être champion. Ce n'est pas mon cas. Je préférerai surfer, sur l'eau ou la neige. Or, ce n'est pas une matière qui s'apprend dans cette école. Les paroles de mon petit ami décrivent assez bien ma façon d'être, peu ambitieux. J'en ris, bien évidement. « Pourquoi faire ? » Le taquinais-je, sachant qu'il voudrait plus de ma personne que ce que je donne déjà. J'en viens à parler de ma mère, peut-être que ça me fera du bien de lâcher le morceau et d'avoir un avis là-dessus. Parce qu'à part ruminer dans mon coin, je n'ai rien fait de plus. Sérieux ? London réussi facilement à me rendre le sourire et à me faire rire. « Tu es barge, ma parole. » J'ai besoin de mes deux mains pour pisser et je ne tiens pas à ce qu'il m'écoute faire ma grosse commission, pudeur ou pas pudeur. Un jour, quand nous vivrons ensemble, j'irai aux toilettes la porte ouverte. En attendant, je vais me contenter d'un peu d'intimité. Parler avec lui semble être une bonne idée, j'en ressors des conseils judicieux et un objectif précis. J'irai parler avec ma mère, même si ça m'en coûte de ravaler ma rancune et passer ma colère sous silence. D'un côté, je veux savoir et comprendre. « C'est bien pour cela que je t'aime. » Parce que je peux toujours compter sur lui, même dans les moments difficiles. « J'espère que tu as raison et que je me trompe vraiment. » C'est ma mère après tout, je ne veux pas la perdre à cause d'une telle excuse, ni lui en vouloir éternellement. Elle doit avoir ses problèmes, mais aussi ses raisons. Souriant à nouveau, je me relève et tire London par la main pour l'aider à faire pareil. « Rentrons. J'ai faim. » Toute cette histoire m'a ouvert l'appétit, bonne nouvelle. Je n'en tire pas que des mauvais côtés, ça c'est sûr.