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TENUE ••• J'ignore ce qui a été le pire: Perdre Shinya ou voir que la vie continue malgré ça ? Au bout d'un mois, je n'ai toujours pas la réponse. Au début, j'attendais qu'il rentre chez lui, m'occupant de ses chiens ou de son appartement, préparant le repas pour deux ou confiant à mes parents que j'allais bien. Je croyais vraiment qu'il reviendrait d'un jour à l'autre, qu'il dirait n'avoir rien senti, ou un truc dans le genre qui ferait qu'il serait là, de retour à la maison. Pourtant il ne s'est rien passé en un mois. De temps en temps j'ai revu -ou plutôt surpris- le gars qui me surveillait à distance, l'invitant à boire un verre dans l'appartement de Shinya, même si ça semblait le déranger. Ce pauvre garçon n'a jamais demandé à me supporter, ni moi, ni mes larmes. Quand il était là, je craquais beaucoup plus facilement qu'en étant seul. Allez savoir pourquoi. Peut-être qu'il me rappelait Shinya ? Peut-être qu'il bossait pour lui et qu'il continue à le faire même sans son patron. Je comprends pas pourquoi il s'obstine à me suivre d'un bout à l'autre de la ville, à m'attendre au bas de la résidence, même quand je vais chez mes parents ou chez moi. D'ailleurs, j'ai songé à partir, à laisser l'appartement de Shinya et retourner dans le mien. Mais qu'allais-je faire de ses chiens ? Ce sont les seuls qui me rattachent à mon copain, tel un lien invisible. Cette idée m'a fait lâcher prise et pleurer à nouveau, jusqu'à tomber de fatigue.

Un jour, je me suis levé avec la ferme intention de me reprendre en main, quitte à prendre les animaux de Shinya et à vivre tous ensemble au même endroit, avec mon Chihuahua et mon perroquet. J'ai cru, durant quelques minutes, que ce serait simple. Hélas, ça ne l'était pas. Partir de chez lui, admettre qui ne reviendrait pas ... ça a été douloureux. J'ai tenu 24h dans mon appartement, avant de repartir chez lui m'enfermer. Comment allais-je faire ? Je ne peux pas vivre sans lui. Le temps a continué de filer, mais je n'allais pas mieux pour autant. Il ne soignait pas la blessure infligé par la disparition de mon copain, cette plaie béante qui sépare mon coeur en deux. « Junya-san. » Relevant mes yeux du sol, je les ai déposé un instant sur l'autre garçon, celui qui assure ma défense. Je ne comprends toujours pas pourquoi il est là, mais lui souris. Il me parle, me proposant de m'accompagner là où je vais et j'accepte, comme si c'était qu'un simple ami. Un ami qui me veut du bien, si puis-je dire. ça n'est pas plus mal, ainsi je me sens moins seul. Nous avons fait les courses, principalement pour les chiens qui manquaient de croquette plus que pour moi qui mange de moins en moins, puis nous avons repris le chemin de retour. En route, il m'a demandé d'attendre cinq minutes devant un commerce avant de s'éclipser. J'ai attendu, jusqu'à voir une silhouette familière. Sur le coup, j'ai pensé à Shinya, sentant mon coeur battre et se serrer si fort. Je l'ai suivi, désespéré à l'idée que ce soit lui, mais au coin d'une rue, il n'y avait personne. Affligé, le coeur en miette, je suis resté là sans savoir quoi faire. Subitement, un van s'est arrêté devant moi, la porte coulissante s'ouvrant avec fracas tandis qu'une poignée de main m'a saisit par mon pull et tiré à l'intérieur.

L'épisode entre le van et l'arrivée m'a semblé si rapide, les yeux bandés et les mains attachées si étroitement que la chaîne me brûlait la peau. Pourquoi ? Je ne pige pas pourquoi je suis là, dans ce noir total, les bras rattachés à une chaîne d'un pauvre mètre relié à ce qu'il semble être un poteau. En vérité, j'en sais rien, ils n'ont pas retirés le bandeau de ma tête. J'ai même l'impression d'être seul dans cette pièce, sans le moindre bruit si ce n'est ma respiration saccadée. J'ai peur. Je ne pensais pas avoir autant peur après la mort de Shinya... Et pourtant j'ai réellement la trouille.

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TENUE ••• Me tuer . C’est loin d’être une tâche aisée. Je ne suis pas immortel, ma chaire n’est pas élastique et mon sang n’est pas doré, mais la chute bien que douloureuse ne m’a pas achevé. Des combats j’en ai connu, des blessures aussi et même si je me suis pris une balle simulant ensuite ma propre mort, je suis bel et bien vivant. Caché dans une planque qu’on contrôle, j’ai ordonné à un de mes sbires de continuer à protéger Junya sans jamais lui dire que je suis en vie, je compte profiter de cette situation pour mettre un terme à cette guerre que semble m’avoir lancer mon père, je savais que j’aurais dû le tuer, mais je ne reculerais pas cette fois. De temps en temps, camouflé sous des capuches et vestes amples j’ai pu apercevoir mon petit ami, la peine sur son visage, le poids qu’il a perdu, c’était dévastateur pour moi aussi de ne pas le prendre dans mes bras en lui disant « je suis là » j’aurais tant aimé le rassurer, lui montrer qu’il n’est pas seul et que je ne suis pas parti dans un endroit inaccessible. Si certains osent croire en ce proverbe qui dit « loin des yeux loin du cœur » je doute que Junya ou moi pouvons calquer nos sentiments dessus. Les jours, les semaines sont passées et mon cœur n’a jamais été apaisé ou soulagé, même en pouvant le regarder, pas une seule seconde il n’a cessé de me manquer.

Habillé d’une tenue sombre, la peau légèrement découverte, j’ajoute une veste et la ferme en mettant la capuche sur ma tête, laissant mon visage invisible à quiconque voudrait me regarder. Mes ordres sont toujours d’actualités, mes hommes obéissent même sans que je sois à leurs côtés, le clan de mon père a tenté de les engager maintenant que j’étais « mort » mais aucun ne m’a trahi, restant fidèle jusqu’au bout. La moindre trahison est synonyme de mort dans notre monde, mais je doute que ce soit à cause de ça qu’ils ont refusé l’offre de cette pourriture. J’ai beau faire partie du même univers que lui, nos méthodes sont loin d’être identique, les yakusas n’agissent jamais de la même façon et heureusement, parce qu’être un lâche comme lui aurait détruit mon honneur depuis longtemps.

Mon seul contact direct est la personne que j’ai laissé auprès de Junya, il n’est censé me joindre qu’en cas de situation grave et c’est le cas. Junya a été enlevé par un van alors qu’il n’a pas pu l’arrêter, je n’ai pas besoin de faire de recherche pour savoir qui est derrière tout ça. Mon ordre est simple. Il doit suivre leurs traces et me communiquer l’emplacement final. Ma blessure est guérie depuis un mois, même si je dois briser ma couverture je ne me pose aucune question quand il s’agit de Junya.

Arrivant sur les lieux je me déplace discrètement, mon accoutrement me permet de passer inaperçu, entrant dans le bâtiment, je suis la piste de mon éclaireur pour tomber sur une pièce, Junya est surement à l’intérieur. Ouvrant la porte en évitant d’être repéré, je ne parle pas, ne montre pas mon visage, restant caché sous ma capuche, je me contente de défaire les liens de mon petit ami, il va surement croire que c’est cet homme qui l’aide depuis ma disparition, mais pour le moment je dois seulement le mettre en sécurité, l’aidant à me lever, toujours en silence je passe devant en le cachant derrière moi, espérant atteindre la sortie avec autant de facilité, mais ce n'est pas le cas. Le patron, c'est-à-dire mon père vient de franchir la porte avec cinq de ses hommes, on dirait que les choses vont se compliquer rapidement.

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TENUE ••• La vie me semblait assez compliqué comme ça pour ajouter un enlèvement à la liste. Les raisons me sont totalement inconnu, pourquoi, comment, par qui, où. Je n'en sais absolument rien et dans le fond, je crois que je n'ai pas envie de savoir. Dans ce noir, je pense à l'homme qui me suit habituellement. Je me demande si il m'a partir ou si il s'inquiète de ne pas me trouver. Dans ce noir, je ne sais pas quoi faire de plus que songer calmement à ma position, au fait que je sois finalement prêt à tout, même à rejoindre Shinya. La peur elle-même n'était pas un problème au début, en sentant les imperfections de la route et de la conduite du chauffeur, puis elle a prise une place différente, plus haute dans mon organisation, puis elle a remplacé mes pensées et envahi mon corps. Des mains m'ont tenus, tirés, poussés, et enfin, attachés. Aucun des voix ne me disaient quelque chose, alors j'ai abandonné, comme si ça ne servait à rien de chercher à comprendre. Pourquoi m'attraper ? Pourquoi m'emmener ici ? Pourquoi m'attacher ? Pourquoi me retenir avec ce bandeau sur les yeux ? Que veulent-ils ? Sont-ils au courant de quelque chose ? à ce moment-là, je ne peux m'empêcher de me dire qu'à part le père de Shinya, personne ne sait. ça doit être ça, son père. Je ne suis pas bête, j'analyse vite, mais même avec une telle information ... Bah, à quoi bon.

Ils m'ont juste laissé là comme un idiot, un idiot qui va sûrement bientôt mourir. J'ai peur, mes mains tremblent tellement que j'entends les chaînes claquer. Mes poignets brûlent, mais ce n'est qu'un détail secondaire dans l'affaire. Pourtant, je ne réfléchis pas à une possible évasion. C'est comme si j'avais déjà abandonné d'avance, laissant ma disparition devenir un lointain souvenir. Qui me pleurera ? Mes parents ? C'est déjà beaucoup à mes yeux... Je ne veux pas les rendre malheureux. Soudainement, le fil de mes réflexions est coupé par un nouveau bruit, tournant légèrement la tête vers là où il me semble venir. Qui est-ce ? Qui peut bien venir jusque là ? Je m'attendais à un traitement violent, quelque chose qui n'a rien de rassurant, mais au lieu d'être torturé, je sens la chaîne se relâcher. Les poignets à l'air, je souffle, soulagé. Mine de rien, ça me fait de plus en plus mal, en plus d'être lourd à porter. « Murai-san ? Pourquoi ? » J'ai l'air encore déphasé, titubant maladroitement sur mes jambes tandis qu'il m'aide à me relever. « Pourquoi être venu jusqu'ici me chercher ? » Demandais-je, d'une voix faible.

« Murai ... ça n'en vaut pas la peine ... Ne risquez pas votre vie pour moi, pitié. » Je me sens défaillir, perdre mon énergie et les larmes monter si vite que je n'ai même pas entendu l'arrivée des autres. Caché dans son dos, je n'ose pas le toucher, ni retirer le bandeau de mes yeux et voir la réalité. J'ai peur. Peur de réaliser que j'ai tout perdu et qu'ils trouvent encore quelque chose à me retirer, sans savoir quoi exactement.

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TENUE ••• Je n’ai jamais voulu mettre en danger Junya, je n’ai même jamais voulut le blesser au point de devoir me séparer de lui en me faisant passer pour mort. Je savais dès le début qu’un jour ou l’autre il pourrait regretter cette vie que je l’ai emmené à vivre à mes côtés, j’ignore ce qu’il ressent à cet instant, s’il regrette tout, s’il se sent abandonné, seul, effrayé, j’aimerais pouvoir le rassurer, mais je me contente de défaire ses liens qui le retiennent prisonnier en silence, cacher sous ma capuche je ne le laisse pas me voir ni m’entendre. Pas tout de suite en tout cas, le plus important est de sortir de là vivant. J’ai mon plan, mais il y a souvent des imprévus. Junya pense que je suis Murai, le type que j’ai mis à sa protection et ça semble normal qu’il croie cela, je suis même rassuré qu’il fasse confiance à un de mes hommes à ce point. Il a beau parler je ne peux rien dire, le mettant debout pour pouvoir le guider vers la sortie, le bandeau sur ses yeux doit le gêner, mais je pense que c’est mieux qu’il le garde pour l’instant, j’ignore ce que je devrais faire pour le sauver, surtout quand j’entends la porte s’ouvrir et vois mon père accompagné de cinq de ses hommes. Il semblait sûr de lui jusqu’à ce qu’il nous remarque, debout et Junya détaché. Me jugeant du regard il ne sait pas qui je suis, il cherche à me démarquer en silence avant d’envoyer des hommes d’un claquement de doigt pour nous choper, poussant Junya a l’écart j’écrase chaque type s’approchant de nous sans pitié, je ne suis pas faible au point de pouvoir me faire avoir par une attaque aussi prévisible. Murai ne doit pas être loin accompagné de certains de mes hommes, je dois gagner du temps. « Qui es-tu ? » Me questionne mon propre père, me faisant sourire sous ma capuche, gardant le silence. « On dirait que ce gamin sait se faire protéger, un mort ne t’a pas suffi. » S’adresse-t-il à Junya. Si mon père voyait mon regard il tomberait surement d’effroi, je le méprise de tout mon être. Le seul coupable c’est lui, mais faut qu’il rendre Junya coupable pour son plaisir de le briser. Quel enfoiré.

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TENUE ••• Regretter est un grand mot. Je ne regrette pas d'aimer Shinya, ni de m'être rapproché de son univers. Je ne regrette pas nos derniers jours, nos derniers souvenirs. Je ne regrette rien, malgré la peine ressentit quand son corps a disparut et qu'il n'est jamais revenu. Si je commence à regretter, alors j'aurai vécu toutes ces choses en vain. Je ne veux pas vivre pour rien ou pour personne, qu'il soit là ou non, je ne veux avoir aucun regret, aucun remord. Certes je suis malheureux et je me sens seul sans lui, mais ça ne veut pas dire que je veux tout changer. Sauf peut-être ce soir-là, quitte à recevoir le coup à sa place et partir avant lui. Attaché à ce pilier, j'ai eu le temps de réfléchir, d'imaginer le pire comme le meilleur, avant que l'homme de Shinya vienne me détacher. Murai, ce fidèle Murai. Il m'a tenu compagnie durant des semaines, sans vouloir m'offenser ou me brusquer. C'est un ange parmi les démons, même si je ne connais rien à son sujet. Il n'est pas bavard, ou du moins pas sur lui. Je ne me doute pas une seconde que l'homme me libérant n'est pas ce fidèle « ami » que m'a confié mon copain, mais mon copain lui-même. Malgré mes paroles, malgré que je lui dise de partir, il ne répond pas, ne bouge pas et ne m'abandonne pas. Pourquoi ? Qu'est-ce que Shinya a pu dire à cet homme pour qu'il risque sa vie pour moi ? Je ne comprends pas bien, regrettant surtout de m'être lié d'amitié avec lui, pour finalement le faire souffrir par la suite. Les personnes face à nous ne semblent pas connaître mon sauver, et avec mon bandeau sur les yeux, je ne peux rien voir de la scène. La peur d'affronter la réalité m'empêche de retirer le tissu, même quand je me sens poussé de côté. ça bouge, j'entends parfaitement les bruis de leurs pas, de leur combat. Un mort ? Mon coeur se serre, un sanglot s'étranglant dans ma gorge. Un mort. Doucement, je ramène ma main à mon visage et arrache le bandeau, recouvrant la vue. Mes yeux se portent sur l'homme qui m'a adressé la parole, le reconnaissant entre milles. C'est son père, cet homme qui m'a traumatisé durant des années. « Vous. » Puis je ramène mon attention sur Murai, ou celui que je crois être Murai. « Tu l'as entendu ? Ne meurs pas. » Je ne dis pas par là de partir et de me laisser derrière, mais de ne pas perdre contre cet enfoiré. Je méprise autant son père que Shinya lui-même, pas parce qu'il m'a fait vivre un calvaire, mais parce qu'il a osé toucher à mon amant. Faut pas croire, je ne suis pas si faible que je voudrais le prétendre.

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TENUE ••• Si je parle il me reconnaîtra sans aucun doute c’est pourquoi je ne peux pas dire un mot, ce n’est pas l’envie qu’il me manque de le rassurer, de lui donner un indice sur ma présence, de le mettre dans la confidence, seulement je ne peux agir de cette manière sans réfléchir. Mon père est derrière tout ça et derrière ma « mort » aussi, c’est pourquoi je ne peux pas divulguer la vérité et permettre à cet homme de prendre la situation en main, avec mes cartes d’avance je suis celui qui gagne le « jeu » et pour l’instant il l’ignore, l’avantage de l’effet de surprise. Murai ne doit pas être loin avec mes hommes, il arrivera surement avant que mon père ait le temps de rameuter toute sa bande ici, le but n’est pas de faire une guerre sur place, je dois seulement sortir Junya de cet endroit, c’est mon objectif et le seul que j’ai en tête à cet instant. Il tente par tous les moyens de faire du mal à mon copain, si c’était de moi je l’aurais tué sur place il y a un moment, il est celui qui a foutu le trouble dans notre couple, l’a éloigné et quand on se retrouve enfin, ça ne semble pas être à son gout, sauf que monsieur le paternel n’a plus son mot à dire sur mes relations ou ma façon de vivre depuis longtemps. Le lien est coupé et je doute qu’on ait un jour été soudé, sauf pour sauvé les apparences. Je souris en entendant la réplique de Junya, il ne se laisse pas démonter et au contraire, il l’affronte en me demandant de ne pas mourir.  Hochant la tête pour guise de réponse, je patiente le temps qu’il m’envoie ses hommes pour les étaler de nouveau, je ne dis pas que je ne prends pas de coup, je ne suis pas invincible, mais contrairement à ses sbires je suis un leader, perdre ou me prendre une raclée n’est pas permis. Mon père s’agite un peu, surement étonné de voir un homme lui tenir tête, mais tant mieux, qu’il craigne mes hommes. D’ailleurs ces derniers viennent surement d’arriver vu le bouquant qu’ils y a à l’extérieur, je profite de leur diversion pour choper la main de Junya et le guider dehors, courant sans nous arrêter à travers les lieux jusqu’à se retrouver à l’extérieur où devrait attendre Murai.

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TENUE ••• Maintenant que Shinya est mort, je ne comprends pas pourquoi son père en a toujours après moi. A-t-il peur que je parle puisque je n'ai plus aucune entrave ? Craint-il que je le balance aux autorités ? Que pourrait faire un garçon comme moi face à une bande entière de malfrat ? Cet homme est fou. Il aurait mieux faire de m'oublier, ça n'aurait pas été difficile après avoir descendu son propre fils. Je déteste cet homme. Qu'importe la culpabilité ou la colère, je ne peux qu'être droit face à cette ordure. Si je courbe l'échine, il aura le dessus et il gagnera. Que Shinya soit là ou pas, ça ne m'empêchera pas de garder la tête froide face à ce sale type. La haine me motive, l'envie de vengeance aussi. C'est mal, je le sais. Mes parents ne m'ont pas élevé dans cette optique, pourtant je ne peux y résister. D'un commun accord, en silence, je m'écarte pour laisser Murai s'occuper des sbires de son père, l'avertissant quand l'un d'eux tente de l'attaquer par derrière. Ils ne viennent pas vers moi, sûrement se doutent-ils que je ne suis pas une menace. S'il faut, je ne me laisserai pas faire. S'il faut, je me battrai. Un bruit retentissant de l'extérieur attire l'attention de l'homme face à nous, donnant l'occasion à mon ami de nous sortir de là. Je vois le décor défiler sous mes yeux à une vitesse démesurée, pendant qu'il me tire vers la lumière. Je me sens revivre l'espace deux quelques secondes, le coeur battant et l'adrénaline coulant à flot dans mes veines. Des ombres sont en mouvement dehors, sûrement là pour aider Murai. J'allais me réjouir, quand je sens une violente douleur dans ma cheville et m'écrase par terre. Qu'est-ce que c'est ? Baissant les yeux, je vois du sang tâcher mon pantalon et ma chaussure, s'écoulant sur le sol poussiéreux du terrain. Quelqu'un m'a tiré dans la cheville ? Où ça ? Qui ça ? Je cherche à travers le bâtiment, en proie à la peur qui me submerge brusquement. Un sniper ? Un complice ? Et s'il tirait sur l'un des hommes de Shinya ? Non ... Je ne veux pas causer une nouvelle mort.

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TENUE ••• C’est quand même frustrant de ne pas dire un mot pour le rassurer, mais il comprendra surement en temps voulu, pour le moment le plus important est qu’il puisse sortir de là vivant et je m’engage clairement à ce que ça arrive, sinon autant confirmer que je suis bel et bien mort. Le combat est de nouveau déclenché et avec le regard de Junya qui m’avertit quand un tente de me piéger par-derrière je finis par tous les repousser, avant qu’un bruit de l’extérieur nous donne notre chance pour nous échapper, chance que je ne laisse justement pas me fileront entre les doigts, chopant Junya pour le tirer hors de la pièce, il faut qu’on se dépêche de sortir d’ici. Nous arrivons à la sortie quand mon petit ami s’écrase au sol « Ju... » Je me tais aussi vite pour qu'il ne reconnaisse pas ma voix, comprenant qu’il s’est fait tirer dessus sans problème, regardant d’un rapide coup d’œil la blessure en soulevant son pantalon, ça a atteint sa cheville, mais l’os semble avoir était épargné, je suis habitué à ce genre de blessure dans ce milieu, arrachant un morceau de son jean en utiliser le trou fait par la balle, je l’entoure autour de la plaie pour arrêter le sang de couler, regardant autour de nous pour voir si je peux débusquer l’enfoiré qui nous chasse comme des gibiers cachés dans l’ombre. Murai choisit ce moment pour entrer dans le bâtiment avec des hommes, je le regarde, sans dire un mot il comprend parfaitement où je veux en venir en relevant Junya pour le mener à l’extérieur pendant qu’on fait barrage aux balles qui pourraient tenter de l’atteindre. Je donne rapidement mes ordres à ce présent pour qu’ils soient prudents, mais trouve le coupable, je compte bien lui faire payer son acte.

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TENUE ••• La sortie est droit devant, là où nous attends sûrement un groupe d'homme armé et prêt à me protéger du danger, même si je n'aime pas trop l'idée de dépendre d'autant de monde. Pourquoi font-ils tout cela ? Sont-ils au courant pour ma relation avec leur boss ? Se doutent-ils d'un truc ou font-il cela sans se poser de question ? Moi, j'en ai des tonnes. Shinya a peut-être donné un ordre à ses hommes, mais pourquoi continuent-ils de le respecter alors qu'il n'est plus là ? Ne sont-ils pas censé élire un nouveau chef ? Donc écouter de nouveaux ordres ? Je ne comprends pas ce milieu, je ne le comprendrais sûrement jamais... Quant à la balle qui vient de me traverser la cheville, elle m'a plus surprise qu'autre chose, mais une fois que je réalise, la douleur remonte à mon cerveau comme un signaux de détresse. Je n'ai rien entendu, rien vu, juste sentis la balle percer ma peau et ma jambe se dérober sous mon poids. Si un ennemi a pu me tirer dessus avec autant de discrétion et de rapidité, il ne gênera pas pour recommencer sur quelqu'un d'autre. C'est surtout cela qui me fait peur, que les paroles de ce taré soient vraies. Que je tue à nouveau quelqu'un qui cherche à m'aider. Murai vient à mon secours, s'occupant de ma cheville blessée du mieux qu'il peut. Les yeux portés sur le jeune homme caché sous sa capuche, je ne m'attendais pas à voir Murai débarquer, ni m'aider à me relever. Murai ? Ici ? Mais alors ... Qui est l'homme qui m'a sortie de là ? Ma tête se tourne aussitôt dans sa direction, écarquillant les yeux. « Ce n'est pas ... » Non, impossible. Si ce n'était pas Murai, c'était sûrement un autre de ses hommes. Alors pourquoi ? Pourquoi j'ai cet espoir qui me brûle le coeur. « Shinya ... » Oui, c'est ça. Il n'y a que lui pour venir me sauver dans ce genre de situation. Murai me retient, me disant d'attendre et de venir, mais j'ai du mal à rester en place. Il était là, sous mes yeux... Et je n'ai rien capté avant qu'il s'en aille à nouveau. C'est comme si je le perdais une seconde fois et c'est douloureux, encore plus douloureux qu'une balle dans la cheville. « Laisse-moi y aller. » Mais Murai n'a pas l'air convaincu, tentant de me persuadé que je serais plus un boulet qu'une aide... Ce qui n'est pas plaisant à entendre.

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TENUE ••• Pour nous les voyous, les mafieux, jouer avec des armes et se prendre des balles ne sont pas quelque chose de rare. Bien entendu ça fait mal et parfois ça tue des hommes, mais avons-nous le choix quand on devient la cible d’un gang prêt à nous exterminer ? Aujourd’hui la cible est Junya et il est bien plus qu’un de mes hommes, il est mon tout, ma lumière et personne n’a le droit de poser la main sur lui. Forcément quand il se prend une balle je vois rouge manquant de me faire remarquer en lui parlant, mais heureusement mes hommes arrivent à ce moment, Murai est parmi eux et je n’ai aucun besoin d’expliquer la situation pour qu’il comprenne où je veux en venir. Tout ce qui importe à cet instant est de mettre à l’abri Junya, ce sont mes ordres. Forcément il pensait que j’étais Murai, alors avec ce dernier sur place les choses se compliquent et deviennent rapidement plus claires pour mon amant qui souffle mon prénom avant d’être emmené dehors. Je n’ai pas répondu car ma mission est d’empêcher que ce tireur tapis dans l’ombre se remette à tirer d’un endroit où il nous serait inaccessible. Ne plus protéger Junya me laisse un vide et un gout amer, mais en même temps je peux bouger à ma guise sans m’inquiéter pour lui, le sachant en sécurité. De ce fait en quelques minutes ont à foutre le bordel, mon père semble avoir décampé par une autre sortie, mais ma cible à moi c’est l’enfoiré, le lâche qui a tiré sur Junya. Les accès sont bloqués et il est fait comme un rat, honnêtement je n’ai pas de cœur, je ne suis pas une âme généreuse, tué c’est coutume chez nous et quand il est attrapé, je lui éclate la tronche sans aucune pitié, ça lui apprendra à viser la personne que j’aime. Le sang a giclé sur mes vêtements, mais je n’ai pas pu me retenir tellement je suis rempli de colère envers ces gars. Les poings serrés, je libère mes hommes, même si je suis vivant je ne peux pas revenir de façon officielle avant d’avoir fait tomber le clan de mon père, mais au moins ils seront tous prêts pour agir, comme je leur ai toujours appris à fonctionner. Soupirant, je ne veux pas que Junya me vois ainsi tâché par le sang, le retrouver pour l’abandonner de nouveau est encore plus cruel, mais je dois m’assurer qu’il aille bien... Sortant du bâtiment je reste à distance, Murai semble gérer la situation ce qui me rassure. Prenant mon portable je l’appelle, préférant rester discret et prudent. « Passe-le-moi. » Dis-je à Murai afin qu’il donne son téléphone au garçon à ses côtés. « Junya... » Dis-je avant tout droit devant lui à quelques mètres seulement nous séparant, mais la capuche toujours sur la tête. « Désolé. » De l’avoir fait souffrir, de l’avoir laissé dans l’ignorance. « Sois patient, tout sera bientôt terminé. » Je vais m’en assurer.

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TENUE ••• Voir cet homme qui me suit partout depuis un bon mois sous mes yeux, alors que je le pensais déjà là depuis plusieurs minutes, me trouble. Je croyais que c'était Murai sous cette capuche, un Murai muet qui a perdu sa langue. Je ne connais pas bien ce garçon, mais je suis persuadé qu'il aurait parlé, dit quelque chose entre ces dix minutes à s'enfuir et échapper au danger. Il a réussi à étaler plusieurs hommes à la fois, mais ce n'était pas si étonnant pour un mafieux formé au combat, non ? J'aurai dû m'en douter que ce n'était pas ce garçon aux allures d'étudiant, de citoyen sans histoire.... J'ai été stupide. J'ai dit à l'autre garçon de m'abandonner, que je n'en valais pas la peine, que ... J'ai dit tout cela à la mauvaise personne. Shinya n'aurait jamais dû entendre mes paroles, croire que je voulais abandonner sous prétexte que j'étais seul de toute façon. Je me sentais seul, c'est vrai. Seul et délaissé. En colère, frustré mais si seul. Quand j'ai compris qui était l'homme sous la capuche, je n'ai pas pu le retenir, à cause de ma cheville, à cause de Murai, à cause de la situation. Je voulais crier, hurler après lui, mais ce n'était pas possible. C'est comme si je le perdais à nouveau, sentant mon coeur se serrer si fort que j'en broie le bras à son complice, qui me retient. Murai m'a éloigné du bâtiment, pour me mettre à l'abri derrière un obstacle suffisamment gros pour nous cacher. J'en veux à Murai. à Shinya aussi, mais surtout à moi-même. Après un temps qui me semble être une éternité, Shinya quitte la bâtiment, ses gars derrière lui. Il ne s'approche pas, le téléphone de l'autre garçon sonnait brutalement. Murai me passe le téléphone et je déglutis, tenant l'appareil proche de mon oreille. Sa voix. Les larmes me montent aux yeux, coulant sans retenue. « T'es vraiment un ... » Je ne trouve pas le mot juste pour le traiter, tellement je le hais. Pourquoi me fait-il tant souffrir ? Je ne peux pas me retenir de pleurer, c'est trop fort pour moi. « Reviens... S'il te plait ... » Ne m'abandonne pas une nouvelle fois. J'ai besoin de lui. Sauf que je ne pourrais pas vivre l'esprit en paix tant que son père sera toujours de ce monde, et dieu sait que je ne souhaite la mort à personne. « Dépêche-toi de revenir ... Avant que je ne t'oublie. » C'est faux, je ne pourrais jamais l'effacer de ma mémoire, il est ancré encore plus loin que mon esprit, ma conscience, jusqu'à mon âme.

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he's gone.

feat. 2nya ♥

TENUE ••• Le blesser n’était pas mon intention, pourtant je n’ai pas le choix si je veux qu’il soit en sécurité. Je ne voulais pas qu’il l’apprenne de cette manière et pourtant même si ça risque d’être encore plus difficile maintenant de résister à le voir, il va falloir tenir le coup et rester fort. Je dois en finir avec le clan de mon père pour qu’il soit tranquille, je ne veux pas prendre le risque que la prochaine fois ils atteignent leur cible, hors de question. J’aurais pu partir, disparaitre en laissant Junya dans l’ignorance ou le doute, mais je ne suis pas sans cœur quand ça le concerne, je n’y arrive pas et finalement je décide d’appeler Murai pour qu’il me le passe, j’imagine bien qu’il pensait ne plus jamais m’entendre et je peux deviner ses larmes au bout du téléphone, écouter ses sanglots et les voir à distance sans pouvoir me rapprocher pour le prendre dans mes bras. C’est cruel, mais c’est la vie que je mène, parfois je suis obligé de faire des concessions, de disparaitre pour protéger la personne que j’aime, c’est dans ce monde-là qu’il m’a suivi. « ... Je sais. » Je me doute qu’à cet instant il me déteste plus que tout pour lui avoir fait subir ça, mais j’espère aussi qu’il comprendra... Ma voix a beau paraître calme, j’ai seulement l’habitude de ne pas montrer mes émotions, car intérieurement je suis vraiment instable, entre mon envie de le retrouver et cette voix qui me rappelle pourquoi je suis « mort » et me retiens. C’est dur d’entendre pleurer Junya sans être capable de répondre à ses demandes. « Junya. » Je souris sous ma capuche à ses derniers mots. « Si tu m’oublies, je ferais en sorte que tu te souviennes de moi. » On a connu ça par le passé, même s’il jouait la comédie. Reprenant mon sérieux je dis simplement. « Attends-moi. Je reviendrai vite. Je te le promets. » C’est sur ses mots que je raccroche, pour m’éloigner de l’endroit et disparaitre dans l’ombre. Si je veux retrouver ce bonheur qu’il m’a offert en restant à mes côtés, je dois terminer cette « mission » et le plus vite sera le mieux.

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MACFLY