TENUE † On nous avait indiqué qu’il allait avoir pas mal de vent et de pluie pendant cette journée d’Halloween mais ça ne m’a pas empêché de vouloir sortir en boite. C’était prévu depuis un bout de temps donc je ne voulais pas annuler cette sortie pour un simple orage. De toute façon, que pouvait il nous arriver ? J’ai dit à Nai de se rejoindre directement devant la boite à 22h. Mais c’était aussi vers ces eaux là que je m’apprêtais à partir de chez moi. Après avoir récupéré ma Lamborghini rouge, je file en direction de la boite, pas sans toute indiscrétion puisque je faisais grogner mon moteur. Je m’arrête devant la boite puis descends de la voiture. Un voiturier se rue sur moi pour aller récupérer ma voiture. Bien que ce soit une boite déjà assez réputée et faite pour la haute, il y a déjà la queue pour pouvoir entrer. Mais moi, je n’ai pas besoin de faire la queue. Je jette un coup d’œil rapide de droite à gauche avant de voir Nai. Il était déjà là mais j’ignore s’il vient d’arriver ou pas, mais je m’en fiche un peu puisque le principal était qu’il soit là. Je fais un petit mouvement de la tête pour lui dire de me rejoindre. Ça faisait une période que je n’étais pas venu mais ma réputation était toujours là. De toute façon, le premier qui nous empêche de passer je lui fais avaler ses dents. J’attends que Nai s’approche de l’entrée pour passer la porte sans prêter attention au personnel. Comme attendu, personne ne nous dit rien. Il y a même le manager qui nous accueille avec un sourire commercial. Il nous parle mais je ne l’écoute pas réellement. Il nous mène jusqu’à une table à peu en retrait de la foule mais avec une belle banquette.


J’étais sur la piste de danse quand la coupure de courant avait eu lieu. Je n’avais pas idée de l’endroit où était Nai puisqu’on était assez libre sur nos activés en boite. Un brouhaha général se faisait entendre. Beaucoup demandait ce qu’il se passait mais le personnel aussi n’avait pas l’air de savoir. D’habitude, j’aurai été le premier à gueuler pour avoir des renseignements mais l’obscurité de la grande pièce ne me laissait pas indifférent. En silence, j’ai sorti mon portable pour faire de la lumière et m’éclipser de la foule pour pouvoir mieux respirer. Avec la panne de courant, on n’avait plus la clim et je commençai à ressentir la lourdeur de la salle. Pensant que j’allais dehors, je longe les murs pour trouver la porte d’entrée. Il me semblait qu’il y avait une issue de secours pas loin et c’était vers celle-ci que je me dirigeais. Je pousse une lourde porte et avance dans le noir. Sauf que je m’aperçois rapidement que c’était un cul de sal. Je m’étais retrouvé dans une espèce de réserve. Agacé, je retourne sur mes pas jusqu’à la porte. Je tire sur la poignée pour l’ouvrir mais elle reste bloquée. Je continue à forcer mais toujours rien. Je soupire. Je ne suis pas claustro mais cette obscurité ne me rassure pas du tout. Je tape sur la porte et commence à gueuler pour attirer l’attention mais il n’y a pas de réponse. La première solution qui me vient à l’esprit est d’appeler sur le portable de Nai. Avec un peu de chance, il pourrait m’ouvrir. «  Nai ? T’es où ?   » Je mets le portable en haut parleur pour ne pas faire disparaitre la seule source de lumière de la pièce. «  Je suis coincé dans une pièce. Viens me chercher.   » Par fierté, j’essaye de garder le même ton que j’ai d’habitude.

TENUE † 22 heures, c’était l’heure du rendez-vous. Je savais qu’on finirait par se rendre en boîte étant donné notre conversation sur le sujet lors des dernières vacances, du coup je ne fus pas surpris par la proposition de Gareki et l’est accepté rapidement. Je me suis préparé et est attendu l’heure, bien que je sois partie un peu plus tôt. Devant la boîte j’ai cherché mon ami du regard sauf qu’il ne semblait pas encore arrivé, comme je le pensais j’étais le premier. Attendant qu’il arrive, c’est lorsque je croise son regard et son geste me demandant de venir que je le rejoins. Je ne m’attendais pas à passer les portes aussi rapidement, Gareki monde son influence, mais ça par contre, je la connais. Il est ce genre de mec que je ne vois pas patienté dans une queue durant des heures. « Impressionnant » soufflais-je une fois à l’intérieur d’un ton taquin. Installé sur la banquette j’ai laissé Gareki s’amusait sur la piste de danse, en fait j’ai beau être quelqu’un de très ouvert ou souriant, je préfère le foot à la danse et puis je ne suis pas de ceux qui cherchent à draguer les filles ou à être dragué en retour, préférant observer, boire un verre, écouter de la musique, faire des choses simples et sans conséquence. Puis même après sa mort je suis resté fidèle à Moe, rencontrer quelqu’un d’autre ne m’intéresse pas, rejetant ainsi toutes les invitations que j’ai pu avoir au cours de la soirée.

Lorsque je quitte ma place c’est pour aller aux toilettes ou commander d’autres verres et bouteilles, jusqu’à ce que la lumière s’éteigne subitement, mais pas seulement. Plus rien ne semblait marché, plus de musique, plus rien, en dehors des railleries des uns et des cris des autres. J’étais dans les toilettes, mon téléphone en main, heureusement le flash éclaire bien, si tout le monde fait ça on devrait pouvoir s’en sortir un peu, mais certaines personnes n’ont pas l’idée de réfléchir et préfèrent dramatiser alors que je reste calme. J’ignore où est Gareki, ce qu’il fait, mais mon portable se met à sonner, je pensais ne pas avoir de réseau, mais faut croire qu’il passe. Le nom de mon ami s’affiche, répondant rapidement. « Dans les toilettes. » Dis-je avec un petit rire, au moins je ne suis pas au centre de la foule. « Une pièce ? Quelle pièce ? » Je quitte la mienne en essayant d’éclairer un peu en longeant les murs, voyant une lumière de l’autre côté d’une porte, je suppose que c’est le portable de Gareki et m’en approche. Frappant dessus. « T’es là ? » Je préfère l’interroger et être sûr. Ouvrant la porte de l’extérieur, seul moyen de l’ouvrir apparemment, j’entre pour voir Gareki, il ne semble pas rassuré. « ça va ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Le temps de le questionner la porte s’est refermé, nous bloquant tous les deux à l’intérieur...  

TENUE †Chacun avait ses occupations. Je ne cherchais pas à savoir si Nai s’en sortait bien de son côté ou pas. Je ne me fais pas de souci pour lui. Je n’ai jeté que de brefs regards à notre table mais je l’oublie dès le moment où une belle brune en robe rouge est venu me voir. Elle a les formes là où il fallait et est bonne danseuse. Elle s’est collée à moi le temps de plusieurs chansons. Mais à l’arrêt brusque de la musique, plongeant par la même occasion toute la boite dans le noir, je la repousse immédiatement. Je l’entends se plaindre mais je m’en fou. Elle n’est pas la seule à commencer à me taper sur le système. Ça braille dans tous les sens et ça me fait chier. N’aimant pas du tout cette ambiance obscure, je cherche la sortie en essayant de me souvenir de son emplacement. La lumière de mon portable n’est pas suffisante pour me repérer dans l’espace. Je ne fais que suivre les murs jusqu’à me mener jusqu’à une porte. Croyant qu’il s’agissait de la porte de secours, je l’ouvre sans hésitation puis me retrouve dans un couloir. Ou plutôt dans une pièce car il n’y avait rien au fond de cette issue. Je fais demi tour. Je tourne la poignée mais la porte reste fermée. Je sens les battements de mon cœur s’accélérer, je déboutonne le haut de ma chemise puis appelle le premier qui vient à mon esprit. «  Qu’est ce que tu fous dans les toilettes ?!  » Je soupire mais je ne lui laisse pas le temps de me répondre car finalement, je m’en fou. Il y a des choses plus urgentes à faire. Je lui ordonne de venir ouvrir la porte mais je n’ai pas eu le temps de lui dire de faire attention à la porte que l’appel coupa net. Je n’avais plus de réseau. « Putain !   » J’ai voulu jeter mon portable mais comme c’était la seule source de lumière j’ai réussi à garder mon calme. Je commence à faire les cent pas en l’attendant. Il est long. Trop long. Mes mains tremblent, je me mors le pouce. Puis le bruit sur la porte résonne jusqu’à moi. «  Oué je suis là !  » Ma voix est sèche. Etant dans le noir, je devine qu’il ouvre la porte grace au bruit. Mais celui de la porte qui se ferme suit immédiatement la voix de Nai. Je l’ignore puis me précipite vers la porte. Je tape fortement dessus mais rien à faire, personne n’est de l’autre côté. «  Imbécile ! Tu nous as enfermé de l’intérieur !  » Je continue de frapper sur la porte. «  Merde…  »

TENUE † Même si on est venue ensemble je ne m’attendais pas à ce que Gareki passe la soirée avec moi, il m’a invité en partie pour me montrer qu’il a du succès donc bon. Malgré mon côté social et tout ce qui fait de moi une personne appréciable et souriante, je n’ai pas ressenti le besoin de me mélanger à cette foule, de jouer avec les filles qui viennent m’inviter ou simplement de rentrer dans cette ambiance chaude et folle qui remplit la pièce. Bien entendu, je ne pensais pas en allant aux toilettes que la lumière allait sauter, laissant toute la boîte dans le noir, grâce à un peu de réseau je reçois l’appel de Gareki, il ne me laisse pas le temps de réellement répondre à ses paroles, qu’il m’explique qu’il est coincé, je dois le retrouver dans le noir . C’est un bon challenge tiens. Heureusement je suis assez dégourdi pour atteindre ladite pièce, l’ouvrant de l’extérieur sans me douter qu’elle se referme ou qu’on resterait bloqué à l’intérieur. « Imbécile ? » Je pointe la lumière de mon portable vers lui. « Toujours aussi reconnaissant. » Plaisantais-je. « Pourquoi tu es entré ici ? »  Enfin dans l’obscurité toutes pièces peuvent vite en devenir une autre, c’est simplement qu’il aurait très bien pu rester où il était et éviter cette situation, mais je ne m’offusque pas de son comportement, je le connais depuis le temps et c'est loin d'être mon genre de toute façon. Préférant rester calme pour trouver un moyen de sortir, même si c’est bloqué de l’intérieur, ce qui n’annonce pas beaucoup de chance ou d’opportunités. « Ce n’est pas en tapant dessus qu’elle va s’ouvrir. » Autant le mettre au courant, mais Gareki ne semble pas du tout rassuré, chose que je peux remarquer sans peine à sa façon d’agir. « Ça va ? » Souriant, je m’approche et tente d’ouvrir la porte, mais elle est bloquée, rien à faire.

TENUE †Nai arrive à me retrouver mais cet imbécile s’est retrouvé enfermé avec moi. Ne captant plus du tout, il m’est impossible d’appeler les secours ou la police. Ça m’énerve, je ne comprends pas pourquoi le responsable n’a toujours pas réussi à remettre le courant. Je mets ma main devant les yeux pour éviter le flash dans les yeux puis j’abaisse son portable avec mon autre main. Certes, j’ai peur du noir mais ce n’est pas pour autant que j’aime être ébloui par la lumière. « Je cherchais la sortie. » dis-je naturellement avant de toquer violemment contre la porte. Personne ne me répond. Il n’y a rien qui aille dans ce club. «  Bah t’as une autre idée peut être ?  » Mon ton se hausse sans le vouloir. En même temps j’arrive de moins en moins à garder mon calme. C’est un peu comme le coup de l’avion. Mais pourquoi faut il que Nai soit là les deux fois ? Je vais passer pour le moins courageux des hommes et il en est hors de question. Si je vais bien ? Non, je ne vais pas bien. Nous sommes enfermés dans le noir pour je ne sais combien de temps. «  Ça me fait chier.  » Nai tente d’ouvrir la porte mais c’est sans grande surprise qu’elle reste fermée. Heureusement que j’ai la lumière de mon portable. «  Fais chier.  » Je tape le poing contre la porte derrière moi. «  Pourquoi t’es rentré ? Tu pouvais pas te contenter d’ouvrir la porte ?!  » C'est bas. Je sais que je ne devrai pas m’énerver sur Nai, mais c’est juste que la situation me dépasse et que j’ai juste besoin d’extérioriser en disant n’importe quoi. «  Et qu’est ce que tu faisais aux toilettes ? Tu passes la soirée là bas parce que tu te faisais chier c’est ça ? Si je t’ai emmené ici c’était pour que tu fasses de nouvelles rencontres et que tu oublies ta putain de défunte de fiancée. Mais monsieur s’ennuie ? J’aurai pas du faire mon gentil…  » C’est de sa faute. Du moins, c’est ce que j’insinue sous la peur et la colère.

TENUE † Je suis habitué à être dans le noir, m’installer dans un coin tout en cohabitant avec l’obscurité ce fut mon activité principale depuis la mort de Moe. Cela ne me dérange pas d’attendre qu’on vienne nous ouvrir, seulement ce n’est pas l’impression que me donne Gareki en étant si nerveux. « On peut attendre que le courant revienne, quelqu’un viendra nous ouvrir. » Je ne suis pas inquiet, mais ce n’est pas son sac, il continue de chercher un moyen, s’agaçant, haussant la voix, est-ce seulement de l’impatience ? Je tente d’ouvrir la porte, mais c’est un essai qui n’apporte pas de résultat, au moins j’aurais tenté. « Je voulais m’assurer que tu allais bien. » Dis-je simplement, je suis rentré sans me douter que la porte se referme, j’aurais pu la maintenir sinon, mais je n’ai simplement pas réfléchi et qu’il soit énervé ou qu’il me prenne pour cible ce n’est pas grave, s’il a envie de prendre un bouc émissaire je suis là. Sauf qu’il me donne l’impression de réellement vouloir faire mal avec ses mots, je ne pense pas avoir mérité ça, pourtant je reste calme, s’il veut me faire des reproches rien ne l’en empêche, sauf qu’il va trop loin... ma « putain de défunte fiancée » ça fait mal, je lui avais fait comprendre déjà sur le bateau que je n’étais pas intéressait, je suis venue parce qu’il voulait me montrer sa notoriété, je n’avais pas l’intention de rencontre qui que ce soit ou encore moins d’oublier. « T’as fini ? » Lâchais-je assis sur le sol. « Je ne suis pas venu ici pour ça, j’ai accepté de venir parce que tu voulais me montrer que t’étais populaire, jamais je n’ai dit que je me laisserais tenter comme toi par l’une de ces nanas, alors mêles-toi de tes affaires. » Je crois que c’est la première fois que je suis agacé ou déçut par Gareki au point de répondre sans once de plaisanterie dans la voix. Arrêtant la lumière de mon portable, celle de l’autre garçon suffit à mes yeux, soupirant je croise les bras sur mes jambes en silence, il ne fait pas chaud en plus.

TENUE †«  Attendre que quelqu’un vienne nous ouvrir ?!  » Je répète ses mots avec un ton moqueur. S’il y avait quelqu’un, la porte serait déjà ouverte ! Enfin si, ce quelqu’un était Nai mais il a eu la bonne idée de s’enfermer avec moi ! « J’aurai pu aller beaucoup mieux si tu n’avais pas fermé la porte ! [/b][/color] » Tout m’agace et lui particulièrement. Je n’ai qu’une envie, c’est de sortir d’ici ! Je frappe encore et encore contre la porte. Je pointe du doigt Nai, l’accusant d’être le fautif de l’histoire. Sauf que le ton de Nai montre clairement son agacement. C’est la première fois que je l’entends comme ça. Il part en silence dans son coin, dans le noir. Je soupire d’agacement avant de l’ignorer. Je continue de frapper à la porte. Toujours rien. Je jette un coup d’œil vers le brun. J’ai conscience d’avoir merdé. Je sais bien que ce n’est pas de sa faute et que je suis allé trop loin. Mais c’est juste qu’être dans le noir me fait terriblement peur. Ça me fait penser à quand j’étais dans le lit d’hopital, seul, à attendre la mort. J’ignore Nai un moment, continuant à frapper sur la porte. Mais plus j’y réfléchis, moins je me sens bien par rapport à lui. Abandonnant ce que je fais, je m’approche de plus. Je lui donne des petits coups de pression avec mon pied sur le sien. «  Rallume ton portable… Je te vois pas…   » Je pointe le flash de mon téléphone sur lui. «  Je te trouve bien culotté de me dire de me mêler de mes affaires alors que tu es le premier à fourrer ton nez dans les miennes...  » Dis-je avec un ton plus calme que précédemment. Il ne le sait peut être pas mais il est rare pour moi d’aller voir les autres quand ils m’ont énervé. C’est pour lui que je fais cet effort de « réconciliation ». Je soupire avant de m’accroupir à côté de lui.

TENUE † J’étais sérieux, je pensais vraiment qu’il fallût attendre, de toute manière est-ce qu’on avait un autre choix dans l’immédiat ? Une fois que la lumière serait revenu surement qu’on pourrait même sortir par nous-mêmes, je ne sais pas pourquoi la porte se verrouille de l’intérieur, mais c’est bizarre. Puis bon, on trouvera un moyen si on reste calme, c’est ce que je pensais à cet instant malgré le ton moqueur de Gareki. Je suis venue ici pour passer du temps avec un ami, parce qu’il me l’a demandé, parce qu’il voulait que je voie ô combien il avait du succès, seulement ses mots sont vraiment blessants cette fois, la façon dont il parle de Moe m’a forcé à ne pas le prendre à la rigolade cette fois, c’est rare, mais moi aussi je peux être vexé et blessé et le montrer. Je n’avais jamais dit que je serais en chasse pour « oublier » ma fiancée, le silence règne finalement, n’ayant plus envie de parler je préfère m’asseoir dans un coin et rester tranquille. Normalement je serais plus du genre à le rassurer ou à tenter de comprendre pourquoi il agit de cette manière, mais pas cette fois. Les coups contre la porte finissent par cesser, me doutant que Gareki n’est pas loin, son pied tapant le mien me le confirme. Attrapant mon portable, je n’ai pas le temps d’allumer qu’il a pointé son flash vers moi m’aveuglant au passage. « Baisse ta lumière. » Dis-je en attrapant son poignet pour qu’il arrête de me viser avec. « Je te trouve bien culotté de rejeter la faute sur moi alors que tu es celui qui a pris ce placard pour la sortie. » Répliquais-je en allumant ma lampe de téléphone, laissant la lumière remplir notre côté et donner un peu plus de visibilité. Mes mots ne sont pas une attaque, au contraire, d’ailleurs je ne suis pas doué pour être rancunier. « Qu’est-ce que tu as ? » Demandais-je calmement, mais sérieusement. « Tu as l’air encore plus sur les nerfs que d’habitude. » Petite plaisanterie, mais pas fausse non plus, il doit cacher quelque chose.

TENUE †La faible luminosité de mon portable ne suffisait pas à me rendre paisible. Même si j’avais ce petit halo de lumière devant moi, le reste était dans l’obscurité totale. Il faisait sombre et froid. En fait, c’était la peur qui me glaçait de l’intérieur. Ma main qui ne tenait pas le portable tremblait légèrement. Au moins, l’obscurité rendait mon tremblement invisible à Nai. Et puis ce n’était pas comme s’il avait les yeux rivés sur moi. Il était parti se réfugier dans son coin, me laissant dans un silence pesant quand j’arrêtai de frapper sur la porte. J’avais l’impression d’être seul. Ce moment de blanc me fit réfléchir sur mon comportement. Je savais que ce n’était pas très sympa de gueuler sur lui. Je le savais mais je ne pouvais le reconnaitre. Il n’avait rien demandé et j’avais rejeté toute la faute sur lui. J’étais même aller jusqu’à parler de sa fiancée. Je grimaçai à mon erreur puis je m’approchai de Nai. Je le titillai du bout du pied. J’espérai qu’il aurait une réaction, qu’il ne m’ignore pas. En fait, c’était la première fois qu’il avait haussé la voix ainsi. « J’ai toujours rejeté la faute sur toi. Et tu as toujours pris sur toi.  » Sauf que cette fois ci, j’y étais allé un peu loin dans mes propos. Il alluma la lampe de son téléphone, l’obscurité perdait de la place mais restait toujours dominante dans la pièce. Ayant marre de garder la tête baissée, je m’assis à côté de lui. « Rien.  » Ma voix sèche me trahissait. « Je veux juste sortir d’ici.  » Le plus rapidement possible. Je soupirai. « Pourquoi tu ne t’énerves pas contre moi ? Je veux dire... plus longtemps. » Non pas que je voulais qu’il continue à m’ignorer mais je ne pouvais comprendre son comportement. A sa place, j’aurai frappé quiconque qui m’irriterait de la sorte. Pourtant, il ne l’avait pas fait. Il allait même jusqu’à me demander ce que j’avais. C’était…étrange.

TENUE † J’étais habitué à la façon de parler de Gareki, je ne prenais rien mal de sa part, au contraire je suis plus du genre a en rire ou à répondre de manière imprévisible qu’à me prendre le chou. Ce soir il est allé un peu trop loin pour que je puisse sourire à ses paroles, je ne l’attaque pas, mais n’hésite pas à répondre et à m’éloigner en silence. Moe est mon point faible, encore aujourd’hui elle me manque, le fait de l’entendre parler ainsi d’elle me fait mal, je n’ai aucune envie de la remplacer par l’une de ses filles derrière cette porte, je l’avais prévenu déjà ou en tout cas je lui avais fait comprendre, me parler ainsi n’arrange rien. Pourtant ce n’est pas moi qui reviens vers lui, mais bel et bien Gareki qui fait le premier pas vers moi. « Faut croire que moi aussi j’ai mes limites. » Dis-je simplement à ses paroles, je suis humain, je prends toujours sur moi, seulement avec Gareki je suis franc et honnête, il a su voir sous mes sourires, il connaît ma peine, pourquoi devrais-je faire semblant ? Je suis blessé et le haussement de voix en fut la preuve. Faisant un peu plus de lumière dans la pièce je ne peux pas faire mieux malheureusement, juste assez pour qu’on puisse se voir l’un et l’autre dans cette obscurité. Je finis par l’interroger voulant savoir ce qu’il a, je pourrais le deviner seul, mais je veux qu’il me le dise, qu’il me parle et se confis. « De quoi tu as peur ? » Est-ce le noir ou la claustrophobie ? J’hésite, mais je lui demande simplement en espérant une réponse, bien que je l’imagine déjà nié tout en bloque ce qui me fait sourire avant même qu’il ait ouvert la bouche. « Qu’est-ce que j’y gagnerais ? Est-ce que ça aiderais si j’étais en colère contre toi ? » Je ne pense pas, puis je n’y arrive pas, je sais comment est Gareki et je ne suis pas du genre à faire la gueule pendant des heures non plus. « Mais si tu parles encore de Moe comme ça, je te tue. » Concluais-je en lui donnant un coup de coude.

TENUE † Je ne voulais pas lui dire toutes ces méchancetés. Bien sur, j’aurai aimé qu’il ne reste pas « veuf » et qu’il passe à autre chose mais ce n’était pas ainsi que je voulais ça se passe. J’ai merdé et j’en avais conscience. Etre dans le noir m’avait fait perdre mes esprits mais en voyant à quel point j’ai blessé et vexé Nai, je les ai un peu retrouvés. Je n’étais pas très doué pour me réconcilier avec les gens. Car d’habitude, je n’en avais pas besoin. Si les gens avaient décidé de s’éloigner de moi, je n’allais pas les retenir de partir. Mais là c’était différent. Même si ce n’était pas réellement la réponse que j’attendais, je ne pus m’empêcher de rire jaune. « Alors comme ça, tu es humain aussi.   » Je me moquai de lui. Lui aussi pouvait connaitre la colère mais surtout le montrer. « Rien.  » Je déglutis. Il avait compris que quelque chose m’effrayait. Je l’observais me faire sa menace puis expirais un bon coup. « Fais gaffe, tu commences à me ressembler.  » Ça devrait être à force de me côtoyer. « Tu veux pas me parler d’elle ? Comment tu l’as rencontrée… Tombé amoureux… Et tout ? » Ma voix se fit plus basse et je parlais doucement. Ça m’occuperait les esprits et je ne me focaliserai plus sur l’obscurité de la pièce. Je bougeai mon portable pour avoir le plus d’espace éclairé. « C’était ton premier amour ?  » Mais même si mon but principal était de détourner mon attention, j’espérais qu’il puisse m’en parler. J’étais sincèrement curieux et il n’y avait pas d’arrière-pensée à mes questions. Je voulais apprendre à le connaitre mieux. Je lui avais déjà partagé la plupart de mes secrets, que ce soit sur ma mère, ma maladie et ma peur de prendre l’avion. J’aurai aimé qu’il fasse de même. Après tout, c’est ce qui font les meilleurs amis non ?

TENUE † Est-ce que je pourrais réellement passer à autre chose ? Depuis que je fréquentais Gareki j’étais moins triste, je m’isolais moins, mais mon cœur n’était pas près de supprimer Moe de son centre, je n’avais aucun désir envers ses filles que je voyais, aucune d’elles ne me donnait envie de recommencer une histoire ou de tourner la page. J’ai conscience que même si je vis une nouvelle relation ça ne veutveux pas dire que j’oublierais celle que j’avais avec ma fiancée, mais je ne suis pas prêt pour ça, en tout cas ce n’était pas d’actualité. Comme je lui dis, je suis humain. Je peux me mettre en colère et être blessé. Si j’avais accepté ses mots en riant ça n’aurait pas été logique, je ne suis pas un insensible, au contraire. Même s’il se moque de moi, ça ne change pas le fait que c’était la réalité. Cependant, ce qui m’intéressait c’était de savoir ce qui lui faisait peur, Gareki n’était pas rassuré et je l’avais bien compris. Peut-être est-ce aussi pour ça que je ne peux pas lui en vouloir plus que je ne devrais, sa façon qu’il avait de se comporter semblait l’exprimer à sa place. Rien ? Laissez-moi en douter. « Ne me ment pas. » Il avait le droit de ne pas me le dire, mais je savais qu’il était angoissé, il ne me l’enlèverait pas de la tête. Lui ressembler ? Je lâche un petit rire sans rien ajouter, écoutant ses questions, je suis assez étonné qu’il me demande ça, je n'aurais pas pensé que ça puisse réellement l’intéresser. « On était dans la même classe au lycée. » Pour la rencontre. « Nous étions opposés, Moe était une fille réservée, intelligente, mais tout le monde l’apprécié vraiment. » C’est bizarre de parler d’elle ainsi. « De mon côté tu peux imaginer que je n’avais rien de réservé. » Dis-je avec un petit rire nostalgique. « Ça t’intéresse vraiment ? » De savoir tout ça. J’attendis sa réponse avant de continuer. « Elle a toujours été la seule. » Je n’ai jamais aimé personne d’autre.

TENUE † C’est la honte d’avoir peur du noir. En fait, c’est la honte tout court avec peur de quelque chose. Malheureusement, aussi fort que je pouvais paraitre j’avais quelques faiblesses. Ma peur du noir s’était accentué à cause de mon hospitalisation mais j’avais toujours réussi à la cacher aux autres. Même lorsque j’avais des relations sans lendemain. Personne n’avait jamais cramé ou prenait le temps de le remarquer. Puis il n’aura fallu que de quelques minutes pour que Nai sent que quelque chose ne va pas chez moi. J’ai beau à nier encore et encore il ne veut pas me lâcher. Je grogne dans mon coin avant de changer de sujet de conversation. J’évoque sa fiancée mais dans un ton moins brusque que tout à l’heure. Je l’écoute me parler d’elle avec, étrangement, beaucoup d’intérêt. J’étais curieux du type de personne que pouvait aimé Nai. Certes, il avait l’air de ne détester personne – puisqu’il m’apprécie, mais je voulais savoir comment était sa fiancée. « Si je te le demande ducon !   » Je ne pose pas de questions pour faire joli. Je reconnais que je pouvais être chiant mais je n’étais pas hypocrite. « Qui sait ?  » Peut être qu’il rencontra une fille qu’il aimera de tout son coeur, même si ce n’est pas Moé. « Elle est morte comment ?  » Est-ce qu’elle était comme dans mon ancienne situation, c’est-à-dire malade ? Ou bien accident ? J’ai voulu me redresser à l’aide ma main mais je glisse sans faire exprès. Mon portable me tombe des doigts et atterrit au sol, lampe vers le bas. Je l’ai même entendu glissé sur le sol. L’obscurité a soudainement gagné du terrain. Je me crispe d’un coup puis m’agrippe fortement à Nai. « Ramasse mon portable !   » Mais même si je lui ai dit ça, je l’empêche d’aller plus loin en lui tenant le bras afin de ne pas me retrouver seul dans le noir.

TENUE † Nous avons tous peur de quelque chose, souvent on essaie simplement de le cacher, de le garder pour soi, à mes yeux il n’y a rien de honteux et je ne compte pas juger Gareki sur ses craintes quelles qu’elles soient. Je vois bien qu’il y a quelque chose qui le tracasse dans cette pièce, que ce soit l’étroitesse ou l’obscurité, je sais qu’il n’est pas à l’aise et je lui fais comprendre en lui disant de ne pas me mentir. Même s’il ne veut rien dire j’accepterais son silence, mais pas besoin de mensonge. Je souris en le voyant râler dans son coin, alors que je ne m’attendais pas à l’entendre m’interroger sur Moe. Je ne sais pas trop pourquoi ça l’intéresse et je dois tout de même faire attention à ne pas laisser échapper des informations, bien qu’il ne fera surement pas le rapprochement avec lui et son opération. Je ne sais pas si je pourrais tomber de nouveau amoureux, je n’ai pas encore ressenti le désir de rencontrer une fille ou de retenter l’expérience. Sa question me replonge dans des souvenirs douloureux, je revois cet instant où l’on m’a annoncé sa mort, ce fut le pire moment de ma vie, autant que les jours et les mois qui ont suivis. « Dans un accident... » Ce fut trop brutal. Soupirant. J’ai failli dire une chose que j’aurais pu regretter ensuite, seulement l’agitation de Gareki m’en empêche, voyant qu’il s’affole en perdant la lumière de son portable, se raccrochant à moi. « Et comment je suis censé faire ? » Il me tient si fort que je suis incapable de bouger, cherchant sa main avec la mienne je lui mets mon téléphone entre les doigts, me fichant d’être dans l’obscurité. « Donc c’est le noir. » Qui lui fait peur.  

TENUE † Ce n’est pas la première fois que j’évoque sa fiancée mais c’est la première fois qu’il me parle autant d’elle. D’habitude, il reste assez vague sur le sujet. Mais faut croire que mon ton est trop persuasif pour qu’il puisse changer de sujet. Un accident. C’est la merde hein. Son histoire aurait pu finir en happy end mais à cause d’un accident de merdeux, il a perdu son amour de « toujours ». La vie peut être assez dur. Au moins, Nai a l’air d’en avoir fait le deuil. J’ai oublié s’il m’a déjà dit quand est ce qu’elle était partie. Je comptais lui demander mais mon portable me glisse soudainement des mains. N’ayant plus ma luminosité, je me crispe d’un coup et attrape Nai avec force. Je sais plus où mon portable a volé mais il est trop loin pour moi pour pouvoir le rattraper. Sans que je ne comprenne comment, je me retrouve avec une nouvelle source de lumière dans la main. Je me détends doucement et lache Nai. Je me racle la gorge et me redresse. «  Je ne vois pas ce que tu veux dire.  » Et merde. Il l’a deviné. Même si ça pourrait paraitre évident, j’aurai aimé qu’il fasse comme si de rien n’était. Mais pour éviter qu’il tente de prouver que j’ai peur du noir et me plonger dans la détresse, je prends les devants. «  Oui. C’est le noir. Content ?  » Je soupire. «  Avant, je n’en avais pas autant peur. C’est à cause de mon séjour à l’hôpital qui a amplifié ma peur. » Et donc, ce n’est pas de « ma faute » si je suis faible dans l’obscurité. Ce sont les circonstances qui font que je suis ainsi. En tout cas, c’est ce que je cherche à montrer à Nai en lui disant ça.

TENUE † Il est clair que Moe est un sujet sensible, surement parce que c’est dur de parler d’elle sans avoir la boule au ventre, cette peine qui ne peut totalement s’effacer même avec le temps. Pourtant, je pensais que Gareki serait la dernière personne à qui j’en parlerais, je n’ai pas non plus dit énormément de chose, mais sachant qu’il possède son cœur et que j’ai toujours pensé que cela ne l’intéressait guère, ça me sembler pas la meilleure personne pour entamer le sujet. Lorsqu’il a fait tomber son portable il m’a en quelque sorte sauvé, j’ai failli parler de ses organes et sachant ce qu’il a vécu je n’ai pas envie de parler de ça ou de le mettre sur la voie. Sa façon de se cramponner à moi me fait comprendre que sa peur vient de l’obscurité, j’aurais pu me taire et feindre de ne pas savoir, seulement c’est mieux pour nous deux que je le sache, je n’ai aucune intention de me moquer, juste que je serais plus apte à l’aider la prochaine fois en connaissance de cause. « Pourquoi tu veux que je sois content ? » Il a tendance à tout prendre de façon agressive, je n’ai rien dit. « On a tous peur de quelque chose, pas besoin d’en avoir honte. » J’entends par là qu’il n’a aucune raison de le cacher, du moins pas à moi, je suis son ami non ? « Pourquoi ? » Je suis curieux aussi, est-ce le fait d’avoir été seul là-bas ? Je peux le voir avec la lumière de mon portable, même si mon côté est moins éclairé. « J’ai pris l’habitude de rester dans le noir après la mort de Moe. » Isolé, assis au sol, sans aucune lumière ou aucun son pour venir détruire le silence que j’imposais.

TENUE † « J’en sais rien.  » De toute les personnes, Nai est surement la dernière à se moquer de moi, du moins avec méchanceté. Mais cette situation m’empêche de bien penser. Je n’ai pas toute ma tête et je suis particulièrement irritable et irrité. Je veux juste que la lumière revienne ! « Tu dis ça parce que tu as peur de rien. » Marmonnai-je dans ma barbe. Je me sens tellement frustré à cause de cette situation. Je sais que je peux faire confiance à Nai mais je suis tout simplement pas rassuré. J’en viens même à dire des choses assez personnelles juste pour combler le vide. « Parce que ça me montre à quel point je suis seul. » Mourir dans le noir et dans le silence, sans que personne ne vienne pleurer à ma mort. Voilà ce qui m’horrifie. Je respire fort pour essayer de garder le contrôle sur mon rythme respiratoire. Nai associe lui aussi l’obscurité et le silence à la mort, sauf qu’il l’interprète d’une autre façon. On aurait dit que ça le rapprochait de la défunte. Ce qu’il cherche, je l’évite. Nous sommes vraiment différents. « Tu penses souvent à elle ? » Même si elle n’est plus là, elle vit à travers Nai et j’ai été amené à parler d’elle grâce à lui. Elle continue d’exister d’une autre manière. Alors que moi, j’aurai définitivement arrêté de vivre après ma mort. Ça m’énerve d’avoir ce genre de pensées glauque mais je ne peux pas m’y empêcher, pas dans ces conditions. Je donnerai tout pour sortir de cette pièce sombre et revoir la lumière. Je n’arrive même pas à voir le visage de Nai. Je serre ma prise sur son bras. « Elle a de la chance d’avoir au moins une personne qui pense à elle. Mais je ne pense pas qu’elle voudrait que tu te renfermes sur toi comme ça.  » En fait, j’en sais rien. Mais je me dis que si Moe aime Nai, ça l’attristerait de le voir dépité.

TENUE † Je n’ai aucune raison de me moquer de lui, même si je suis du style à le taquiner ou à être quelqu’un de toujours joyeux en apparence, peu de personnes me connaissent vraiment à part Gareki, le fait que sois capable de donner le change fut difficile au début, ne pas pouvoir pleurer la personne perdue par crainte de montrer ses faiblesses. Je ne pense pas que ce soit approprié de me dire que je n’ai peur de rien... « C’est faux. » Quand j’ai perdu Moe je me suis retrouvé seul, je sais ce que c’est de ne pas savoir ce que sera demain ou si j’aurais la force de me relever un jour. La peur d’être mis à nu aussi m’a suivi jusque-là, mais il a vu au travers et je n’ai finalement plus trouvé de raison de le cacher, mais aujourd’hui je pense qu’à force de l’avoir à mes côtés, ma peur serait qu’il disparaisse un jour... Encore une fois d’une certaine façon. Gareki est Gareki, mais il a aussi une part de celle que j’aime en lui et même si c’est devenu secondaire dans notre relation, ça ne reste pas moins une vérité. « Tu n’es plus seul. » Je suis là désormais et je ne supporte pas l’idée qu’il pense être seul ou n’avoir personne qui tienne à lui, ce serait une grave erreur de sa part. Si je pense à elle ? « Bien sûr. » Je n’ai aucune raison de mentir. Sentant la poigne de Gareki se refermer sur mon bras, je peux le voir grâce à la lumière de mon téléphone proche de lui. « Sa chance aurait été de pouvoir vivre, pas de manquer à quelqu’un tu ne crois pas ? » Je souris tristement, même s’il ne peut le voir. « Tu es vivant et aujourd’hui tu as quelqu’un qui tient à toi aussi. » Soufflais-je avant d’ajouter. « Je vais de l’avant depuis que je te connais, t’es comme un ange gardien apparut pour me sauver. » Plaisantais-je en laissant un rire franchir mes lèvres. « Même si tu es loin d’être un ange. » ça on ne peut pas le nier.

TENUE † Il m’est déjà arrivé de penser si j’ai bien fait d’avoir survécu, rarement certes mais il m’arrive d’avoir ce genre de pensées. Je pensais que j’allais de nouveau pouvoir jouer au hockey comme avant mais c’est faux. Mon cœur supporte moins mes activités sportives en compétition. Je pensais pouvoir retrouver mon cœur d’antan mais je me retrouve à prendre tous les jours des immunosuppresseurs qui ne cessent de me rappeler que ce n’est justement pas mon cœur. Je pensais que j’allais avoir une nouvelle chance de prouver que je suis encore vivant mais je me suis plus souvent retrouvé seul qu’en bonne compagnie. Mon caractère n’y est pas pour rien, je le sais. Mais je n’ai pas envie de changer. Mon comportement repousse les gens alors qu’au fond, je n’aime pas la solitude. Cette nuit, je suis particulièrement émotif et le fait d’être dans le noir n’y est pas pour rien. Ses mots me font rire. « Ne dis pas que tu es là maintenant.   » dis-je sarcastiquement même si je sais que c’est ce qu’il sous-entend. Je ne laisse pas apparaitre mais ses mots me font du bien. « Elle vivra éternellement en toi.  » La vie peut être injuste. Il y a des gens bien comme elle qui meurt et des gens comme moi qui restent en vie. Je ne suis pas la pire des pourritures mais j’imagine qu’elle mérite mieux sa place dans ce monde que moi. Mais qu’on se rassure, même si je pense ainsi, je ne compte pas mettre fin à mes jours. C’est ma vie, aussi insignifiante qu’elle soit, je veux continuer à vivre. Nai redonne un peu plus de valeur à ma vie. Malgré sa dernière phrase, il m’a comparé comme un ange gardien. Il est vraiment bizarre jusqu’à la fin. Bizarre et con. Car l’ange gardien qui est apparu pour sauver l’autre, ce n’est pas moi mais lui. Je réussi à frapper sa tête dans le noir. « T’es con.   » Dis-je avec un sourire sincère. Pour une fois, je suis content d’être dans le noir, car l’obscurité l’empêche de voir mon expression. Celle d’une personne reconnaissante. Finalement, ce n’est pas si mauvais que ça d’être dans le noir.